Léo Ferré/Baudelaire-Recueillement

  • il y a 10 ans
Dans Ferré chante Baudelaire (1967) « Receuillement » est un sonnet extrait des fleurs du mal dans la section « spleen et idéal » et qui baigne dans un climat apaisant contrastant avec d'autres poèmes plus désespérés On y trouve bien sûr le thème de la douleur cher aux romantiques: Le poète ne vit plus avec Jeanne Duval, Mme Sabatier ou Marie Daubrun. Il est seul, en détresse et en plus malade.Mais il exprime cette fois sa tristesse sans déchirement C'est ici une douce plainte : il s'adresse à sa douleur comme à une confidente, un peu comme à un enfant pour le calmer
Il s'éveille aux souvenirs et connaît le plaisir esthétique d'un magnifique coucher de soleil sur les bords de la Seine (le paysage urbain de Paris était cher au poète) qui l'apaise
Pour ce poème d'une douce mélancolie, ferré a su une nouvelle fois trouver l'accompagnement qu'il faut pour illustrer cette atmosphère paisible de fin de soir

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir; il descend; le voici:
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.
Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma Douleur, donne-moi la main; viens par ici,
Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant;
Le soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.