Léo Ferré/ Baudelaire-La beauté

  • il y a 10 ans
Encore un autre extrait de Ferré chante Baudelaire volume 2 (sorti en 1967) Cette fois-ci il s'agit d'un sonnet en alexandrins « la beauté », extrait des fleurs du mal plus précisément de la première section intitulée « spleen et idéal »
Baudelaire a toujours été amateur d'art : ses parents étaient peintres amateurs et très tot son père lui fait découvrir les statues dans le jardin du Luxembourg Critique d'art il préférait la peinture (De Delacroix à Boudin en passant par Courbet et Manet dont il a découvert les premières œuvres) mais dans ce poème évoque plutot la sculpture Il aurait peut-être été crée à une époque ou Baudelaire exaltait la sereine beauté de l'art antique
Il y décrit une statue impassible, symbole de pureté et de noblesse d'une femme inaccessible et hautaine En fait c'est une allégorie : cela évoque cet idéal de la beauté que s'efforcent d'atteindre les artistes,ici les poètes au prix de souffrances, d'efforts parfois vains...
Ferré a utilisé ici une musique avec un grand crescendo qui évoque un peu le boléro de Ravel (un de ses deux musiciens fétiches avec Beethoven !) Difficile vocalement en s'accompagnant soi-même au piano, j'avoue que j'ai du augmenter un tout petit peu le tempo pour être à l'aise

Je suis belle, ô mortels! comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Eternel et muet ainsi que la matière.

Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris;
J'unis un coeur de neige à la blancheur des cygnes;
Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.

Les poètes, devant mes grandes attitudes,
Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d'austères études;

Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles:
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles!

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