Léo Ferré/Baudelaire-Ciel brouillé

  • il y a 10 ans
Retour à Baudelaire mis en musique par Ferré (1967) avec un autre poème des « fleurs du mal » dédié à Marie Daubrun qui l'a ensorcelé par son regard mystérieux qu'il compare à un paysage au ciel changeant Un hommage, une fascination mais pas seulement car il souligne aussi son humeur capricieuse, sa froideur dans les derniers vers du poème Et on sent bien que son admiration se tourne vite en frustration, en désillusion à son égard...
Un poème nostalgique mais aussi amer pour lequel Ferré a écrit une bien belle musique qui baigne dans un climat de rêve et qui évoque les sortilèges de la maîtresse de Baudelaire
Une chanson difficile à interpréter vocalement parlant (la tessiture est très étendue), d'autant plus quand il s'agit de s'accompagner au piano et de devoir malgré tout mettre en valeur chacun des mots du poème Elle m'a donc donné du fil à retordre et j'avoue que j'ai multiplié plus que jamais les prises pour arriver à ce résultat!

On dirait ton regard d'une vapeur couvert ;
Ton œil mystérieux (est-il bleu, gris ou vert?)
Alternativement tendre, rêveur, cruel,
Réfléchit l'indolence et la pâleur du ciel.

Tu rappelles ces jours blancs, tièdes et voilés,
Qui font se fondre en pleurs les cœurs ensorcelés,
Quand, agités d'un mal inconnu qui les tord,
Les nerfs trop éveillés raillent l'esprit qui dort.

Tu ressembles parfois à ces beaux horizons
Qu'allument les soleils des brumeuses saisons...
Comme tu resplendis, paysage mouillé
Qu'enflamment les rayons tombant d'un ciel brouillé !

Ô femme dangereuse, ô séduisants climats !
Adorerai-je aussi ta neige et vos frimas,
Et saurai-je tirer de l'implacable hiver
Des plaisirs plus aigus que la glace et le fer?