Léo Ferré/Baudelaire-L'invitation au voyage

  • il y a 10 ans
Un an après « Pauvre Rutebeuf » Ferré met en musique en 1957 12 poèmes des fleurs du mal pour les cent ans de ce grand classique de Baudelaire
Il avait mis du temps avant d'oser s'y coller car d'autres compositeurs avant lui avaient mis en musique des poèmes de ce recueil comme « Henri Duparc » dans l'invitation au voyage
Ce poème fait justement partie de ceux repris par ferré et que j'interprète ici dans la version piano-voix que l'on a pu entendre en avant-première lors d'une interview par Luc Bérimon (elle a été conservée dans le disque)
Une superbe chanson écrite sur un air de valse que Ferré affectionnait tant
Le poème est extrait de la première partie des « fleurs du mal » intitulé « Spleen et idéal » Une poésie sur l'envie d'ailleurs à travers l'exotisme et qui a été inspirée par une de ses muses Marie Daubrun Mais il s'agit ici plus d'un voyage idéalisé, rêvé qu'un voyage à entreprendre...
Ferré sortira plus tard deux autres albums sur des poèmes de Baudelaire, un en 1967 et un autre qui ne verra jamais le jour du vivant de Ferré mais sera édité en 2008 simplement en version piano et voix sous le titre « Ferré Baudelaire, les fleurs du mal suite et fin »

Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde ;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
- Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or ;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

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