Léo Ferré/Baudelaire-L'albatros

  • il y a 10 ans
Dans « ferré chante Baudelaire » volume 2 sorti en 67 chez Barclay , figure aussi la mise en musique d'une des plus célèbres poésies de Baudelaire : l'albatros,
toujours extraite des fleurs du mal mais dans son édition de 1861 qui rajoute plusieurs poèmes, ici dans la section « spleen et idéal »
Un poème qui a peut-être été inspiré à Baudelaire quand il a été envoyé à 20 ans pour mauvaise conduite par son beau-père le général Aupick à bord d'un navire devant se rendre en Inde Il n'ira finalement que jusqu'à l'île Bourbon (actuellement ile de la Réunion) mais a du sans doute croiser le vaste oiseau des mers australes (on le capturait autrefois et il avait mauvaise réputation auprès des marins)
Il détesta cette expérience parmi les hommes d'équipage mais fut marqué probablement par ce grand voyage
"L'albatros" est un poème qui traduit la conscience d'être différent des autres: Baudelaire compare l'oiseau majestueux sur mer mais maladroit dès qu'il se pose sur la terre au poète à l'aise dans son idéal mais nullement parmi les hommes ou il se sent seul, incompris dans la société...
Pour mettre en musique ces mers australes, Ferré a su trouver encore une fois le ton juste avec un rythme ensoleillé et une atmosphère un peu exotique qui invite à l'évasion, au voyage...
A noter que le compositeur français Ernest Chausson avait aussi repris ce poème dans une de ses mélodies

Souvent pour s'amuser les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers
Qui suivent indolents compagnons de voyage
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les a-t-on déposé sur les planches
Que ces rois de l'azur, maladroit et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui naguère si beau, qu'il est comique, et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime en boitant l'infirme qui volait.

Le poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer.
Exilé sur le seul au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.