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00:00Je voudrais qu'on revienne avec Georges Fenech, avec Nathan Devers, sur cette affaire incroyable, à peine croyable, je le disais.
00:07Les voyous n'ont décidément plus de limites. Vous disiez hier soir, dans ce studio, Georges Fenech, que vous aviez connu des hommes qui étaient des voyous, certes, qui étaient jugés, et vous les jugiez pour ça, mais qui étaient des personnes qui avaient un code d'honneur.
00:19Oui, c'est vrai que dans le grand banditisme de l'époque que j'ai connu particulièrement, c'est-à-dire les années 80, même avant, en 70-80, c'était pas des gens avec beaucoup de morale, attention.
00:29Non, non, on n'a pas dit ça.
00:30Mais il y avait une espèce de code, quand même, moral. C'était des grands voyous, mais qui envoyaient leurs enfants dans les meilleures écoles, qui fréquentaient les meilleures tables de restaurant, qui blanchissaient leur argent des hold-up, vous voyez.
00:42C'était d'ailleurs, c'était assez romanesque, tout ça, le gang des Lyonnais.
00:47Oui, bien sûr, vous avez connu.
00:48Ils ne touchaient pas la drogue, ils ne touchaient pas, c'était les hold-up, mais pour ce qui concerne les prises, les enlèvements avec demande de rançon, on n'en a pas vu depuis très longtemps.
00:58C'était cette époque-là aussi.
00:59Non, mais là, je voudrais expliquer aux auditeurs d'Europe 1, si vous le permettez, Georges et Nathan, je vous entendrai aussi.
01:04Là, c'est en fait pour faire pression sur un convoyeur de fonds, qu'on enlève sa femme et sa fille, et qu'on les séquestre pour avoir des informations,
01:13parce que le convoyeur de fonds transportait des sommes substantielles.
01:17C'est quand même dingue.
01:18C'est-à-dire qu'on n'attaque pas le fourgon, on s'en prend directement à la famille, maintenant.
01:21On a passé un cap.
01:23Oui, ça revient au même, même si c'est gravissime.
01:27Voilà, c'est ce genre de choses.
01:28Moi, je me souviens des enlèvements, si on remonte plus loin, le baron en peinte, on s'en souvient.
01:33L'affaire du petit Mérieux, qui avait été enlevé de la grande famille Mérieux de Lyon en 1975.
01:40Alors, ça s'est arrêté. Pourquoi ?
01:43Parce que la police judiciaire a émis une règle intangible, c'est-à-dire qu'il s'immisçait dans le rapport entre les preneurs d'otages et les victimes.
01:54Il ne laissait pas la transaction se faire, il ne laissait pas la rançon se livrer, voyez-vous ?
01:59Et ça, c'est effectivement, ça a beaucoup eu de l'effet, puisqu'il n'y a plus, pendant toutes ces années, de demandes de rançon.
02:06Là, on voit réapparaître cette forme de grand mandatisme, avec des enlèvements de personnes, de la famille.
02:11Il y a, au mois de janvier dernier, c'était le patron de Ledger, c'est de la crypto-monnaie aussi, qui a fait fortune rapidement,
02:19et qui a été séquestrée, qui a été libérée par le GGN, voyez-vous ?
02:22Donc, ça ne va pas au bout non plus, même cette affaire, on ne sait pas pourquoi, d'ailleurs, ils y ont renoncé.
02:27On ne sait pas ce qui s'est passé, on le saura, l'enquête nous le dira.
02:30Mais ça ne paye pas vraiment, voyez-vous ?
02:32Parce que la police, la gendarmerie interviennent pour empêcher que ça puisse produire des effets.
02:38Oui, mais effectivement, c'est très inquiétant, il y a un enfant qui est dans l'histoire.
02:44Je disais, il n'y a plus de limite, on découvre tous les jours une affaire différente, mais c'est vrai, non ?
02:51Oui, je crois que, quand on parle de la très très grande délinquance ou de la criminalité organisée, il y a un phénomène massif en France,
03:00alors là, ce n'est pas exactement le même sujet, mais c'est qu'aujourd'hui, on voit clairement en France apparaître et grandir des mafias,
03:06essentiellement autour du trafic de drogue, il y a aussi d'autres phénomènes de criminalité, mais des mafias au sens presque italien du terme.
03:14Par exemple, j'ai été très frappé, il y a quelqu'un qui s'appelle Roberto Saviano, qui est le grand écrivain de la mafia italienne,
03:21et ce n'est pas seulement un écrivain, ce n'est pas un romancier qui imagine des histoires, c'est un enquêteur qui connaît parfaitement ce sujet de la mafia,
03:28notamment à Naples. Il a dit récemment que, selon lui, il faisait le parallèle entre ce qui se développait en France
03:35et ce qu'il avait observé, témoigné, documenté en Italie.
03:39Ça, c'est un facteur qui doit vraiment nous inquiéter.
03:42Et deuxièmement, alors, vous m'arrêtez si je me trompe, mais je crois que tout ce qui est braquage, hold-up, etc.,
03:48a quand même diminué pour des raisons technologiques liées aux caméras de surveillance.
03:52Oui, c'est vrai.
03:53Et voilà, mais en tout cas, c'est vrai que là, on a affaire à des gens qui n'ont pas ce code d'honneur,
03:59cette, entre guillemets, morale du brigand, même si c'est un oxymore.
04:02Alors, moi, je ne connais pas le terrain, mais ça me fait penser,
04:06il y a un texte très célèbre dans La République, au livre 1,
04:10où Socrate dit à Trasimac, même les brigands doivent avoir une certaine forme de morale.
04:15Il prend l'exemple de sociétés de piratrie.
04:16C'est ce que disait Georges Pénéca.
04:18Je rebondis sur ce que vous disiez.
04:20Vous ne vous souvenez pas, le film Le Parrain,
04:23tous ces grands films, on voit Le Parrain qui protège sa famille,
04:28qui vit dans la bonne société, vous voyez ?
04:30Et en même temps, il fait exécuter ses adversaires.
04:34Exactement.
04:34Et c'est un passage central, c'est ce qui permet à Platon de dire
04:36que la justice, ce n'est pas seulement l'intérêt du plus fort.
04:38Oui, vous avez dit Socrate, c'était un petit peu...
04:40Enfin, c'est Platon qui fait dire ça à Socrate, mais à Socrate de dire ça.
04:43Pourquoi ? Parce que même des brigands qui, par exemple, vont commettre un braquage,
04:46je l'explique avec un anachronisme,
04:48après, ils vont devoir se partager le butin.
04:50Et pour fonctionner, ils sont obligés de le partager équitablement.
04:52Donc, ils sont obligés, même eux, d'inclure une certaine conception de la morale.
04:56Mais en tout cas, il est vrai que s'en prendre à de la famille,
05:00à des proches, à une épouse, etc.,
05:02c'est des comportements de gens qui n'ont absolument...
05:05Ça ressemble tellement, effectivement, à l'histoire de la mafia italienne,
05:10la N-Greta et Camorra sicilienne, etc.,
05:14que le ministre de la Justice, M. Darmanin, est allé sur place
05:18pour s'inspirer du modèle des prisons, du modèle des repentis, voilà.
05:22Donc, on voit bien qu'effectivement, on sent qu'on est en train de basculer
05:27dans une mainmise de groupements, comme ça, de groupes qui se font la guerre,
05:32d'ailleurs, entre eux, on voit bien les règlements de compte,
05:34sur tout un marché colossal qui va de la drogue à d'autres activités criminelles.
05:40Ça peut être le racket, la prostitution, tout ce que vous voudrez.
05:42C'est essentiellement la drogue.
05:44Mais on est dans un système, voilà, de nature mafieuse, effectivement,
05:47qui est quand même une grande nouveauté.
05:49Mais la drogue, elle existait avant, Georges Fénèque ?
05:51Vous disiez, les grands bandits ne touchaient pas à la drogue.
05:54Non, elle a commencé, la drogue, ça a commencé vraiment...
05:57Bon, si on met de côté l'histoire de la Fconnexion,
05:59moi, dans les années...
06:01Oui, mais c'était pas structuré comme ça, quoi.
06:02C'était des petits dealers, vous voyez, des petits réseaux.
06:06Là, vous voyez un peu ce qui se passe,
06:07c'est commander des gens qui s'évadent des prisons avec des tueurs,
06:11des jeunes de 14 ans qui sont commandités de la prison.
06:15Les attaques contre les établissements pénitentiaires,
06:17on est passé à autre chose.
06:19C'est une capacité de commettre des attentats multisites
06:23à six endroits, même moment contre des établissements pénitentiaires
06:26ou des agents pénitentiaires.
06:27Ça montre qu'il y a une structure, une organisation, une coordination.
06:31À laquelle on n'arrive pas à toucher ?
06:33C'est très compliqué.
06:34C'est mon grand étonnement.
06:35Ah, Georges Fenec, vous êtes comment, on est étonné.
06:37Je fais déjà cinq jours de ça.
06:38C'est le cinquième jour, on ne sait toujours pas d'où ça vient, quoi.
06:42Est-ce que c'est purement ou simplement du narco-trafic
06:45comme le laisse-entendre notamment M. Retailleau ?
06:48C'est probablement ça.
06:50Est-ce que c'est les milieux d'ultra-gauche ?
06:52Est-ce que c'est une ingérence étrangère ?
06:53On ne sait pas.
06:54Pour l'instant, on ne sait pas.
06:55C'est quand même un problème, ça c'est le secret de l'enquête.
06:57C'est peut-être le secret de l'enquête, Georges, non ?
06:59Je pense qu'ils ont été surpris.
07:01Et surtout, comment ils ont pu échapper au radar, comme renseignements.
07:04Des renseignements qu'ils n'ont pas vus parce qu'il y avait ce groupe WhatsApp.
07:07Bien sûr.
07:08Les DPFs qui fonctionnaient sur un groupe WhatsApp.
07:10Ça a échappé à tous les contrôles.
07:12Oui, ça, ce n'est pas normal, ça.
07:13Non, c'est un peu inquiétant même.
07:15On voit effectivement, Nathan Devers, monter une nouvelle forme de grand banditisme.
07:21Une cognition ou pas ?
07:22On est en train de voir, montrer une forme de grand banditisme qui nous fait très très
07:27clairement savoir, jour après jour, qu'ils n'ont pas peur de l'État.
07:31L'État peut faire n'importe quoi.
07:34Ça, ça n'affecte en rien la confiance qu'ils ont dans leur business criminel.
07:40Que l'État prenne une stratégie laxiste, alors évidemment, ils ne vont pas avoir peur.
07:43Mais même si l'État rentre dans le répressif, donc par exemple, une opération CRS-8 dans
07:48un quartier, bon, pendant huit jours, ça permet au quartier de revivre, de retrouver un semblant
07:53de sécurité.
07:54L'opération s'arrête.
07:5524 heures plus tard, tout revient.
07:57Ça fait 10 ans, ça fait 15 ans, 12 ans que les choses se passent exactement comme ça.
08:02Un point de deal qui ferme.
08:03Enfin, tout ça est documenté.
08:04Soit il rouvre 50 mètres plus loin.
08:06Soit il rouvre le lendemain de sa fermeture.
08:08Un vendeur qui est mis en prison, le lendemain, il est remplacé par quelqu'un d'autre.
08:13Un grand mafieux qui est mis en prison, sauf avec le plan de M. Darmanin dans les deux
08:18prisons de Condé et de Vendin-le-Vieille, mais en tout cas, pour l'instant, il pouvait
08:21continuer de bosser sans aucun problème depuis sa cellule.
08:24J'avais rencontré quelqu'un qui m'avait expliqué qu'il faisait cela.
08:27Incroyable.
08:28Je n'étais pas en tant que client.
08:30Oui, bien sûr.
08:30C'était dans un contexte absolument légal.
08:34Etc.
08:35Et donc, la question, à mon avis, qu'il faut se poser.
08:37Quand on est confronté à des actions de criminalité qui viennent de ces gangs, avec
08:43quel argent ces actions ont-elles lieu ?
08:45Mais c'est ça la question que je pose.
08:46Avec l'argent de la consommation, c'est-à-dire de gens qui viennent de toutes les classes
08:49de la société.
08:49Vous n'allez pas encore nous faire la promotion de la légalisation des stupéfières ?
08:53Non, mais je ne dis pas ça dans cette logique.
08:57Dans un pays où la vente de drogue est illégale, ce qui est le cas aujourd'hui en France,
09:01quelqu'un qui achète de la drogue en l'état actuel des choses, même s'il ne s'en
09:05rend pas compte, ils financent.
09:06Mais c'était l'objet de la campagne, d'ailleurs.
09:09Oui, le joint, le goût du sang.
09:11Exactement.
09:11Pour l'instant, c'est vrai.

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