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00:00 On retrouve maintenant Julie Dungelhoff.
00:01 Vous êtes aux côtés de la 1re adjointe au maire de Nanterre.
00:05 -Oui, tout à fait, je suis avec Zahra Abou-Djemaï,
00:10 qui est donc la 1re adjointe au maire de Nanterre.
00:12 Merci beaucoup d'être avec nous ce matin sur France 24.
00:15 Alors tout d'abord, peut-être une 1re question.
00:16 Quel bilan tirez-vous de cette 3e nuit de violence ?
00:21 -Malheureusement, un bilan qui continue d'augmenter.
00:23 C'est-à-dire qu'on est passé à un certain nombre d'actes
00:27 dans quelques quartiers de la ville,
00:28 et puis, au fur et à mesure, malheureusement,
00:31 peut-être par une organisation un petit peu plus radicale,
00:35 aujourd'hui, on a un certain nombre de quartiers
00:37 qui n'étaient pas touchés jusque-là
00:38 et qui, aujourd'hui, comme celui-ci, par exemple,
00:40 ne l'avaient pas été et, ce soir, a fait l'objet, effectivement,
00:43 d'une très, très grande violence.
00:46 -On est sur cet esplanade Charles de Gaulle.
00:48 Derrière nous, il y a le Crédit Mutuel
00:50 qui a été pillé et incendié hier.
00:52 On peut voir les différents magasins
00:54 qui ont été vandalisés.
00:56 Comment réagissez-vous quand vous voyez ça ?
00:58 -Comme toute la population qui habite ce quartier,
01:01 on est en sidération, vraiment en sidération.
01:05 Cette place Charles de Gaulle est une place de rencontre,
01:07 est une place où, justement,
01:09 les gens qui travaillent dans les bureaux
01:10 derrière, sur la Défense, les gens qui habitent dans le quartier,
01:13 c'est un lieu où, normalement, on s'y rencontre.
01:14 D'ailleurs, normalement, aujourd'hui,
01:15 il devait se tenir une séquence de marché,
01:17 forain, marché ouvert, qu'on n'a pas pu faire, évidemment,
01:20 compte tenu de ce qu'il en est, des résultats.
01:23 Très surprise, quand même, parce que, jusque maintenant,
01:27 vraiment, dans l'ensemble des lieux,
01:29 ce quartier-là n'a jamais fait partie des quartiers
01:32 pour lesquels un soupçon de violence
01:34 pouvait être imaginé.
01:36 -On suit pour France 24 ces événements
01:38 depuis la première nuit.
01:39 On a pu parler à des jeunes, à des mères de famille.
01:41 On sent beaucoup de colère.
01:44 Comprenez-vous cette colère ?
01:45 Vous êtes première adjointe depuis 15 ans, maintenant,
01:48 dans la ville.
01:49 Voilà, qu'est-ce que ça vous évoque ?
01:52 -Alors, évidemment, quand il se passe ce qui s'est passé,
01:54 la colère, on la comprend.
01:56 Il n'y a pas de "je le suis moi-même",
01:58 un très, très, très, très, très en colère.
02:00 Mais il y a un moment donné où cette colère,
02:02 il faut qu'on soit en capacité de la contrôler
02:04 et de la retourner vers ce qui nous met en colère,
02:08 mais surtout pas, surtout pas notre vivre ensemble,
02:12 surtout pas le lieu où on partage nos solidarités,
02:15 surtout pas le lieu où, oui, on est là pour construire
02:19 et bâtir des choses ensemble.
02:20 Et ça, vraiment, c'est difficile de le comprendre.
02:23 Je pense que, là, maintenant, il va falloir
02:25 qu'une réponse construite, complète, intelligente
02:29 soit proposée, parce que sinon, ça va prendre
02:33 ou ça continue de prendre des proportions
02:35 qui, pour le coup, à un moment donné, nous dépassent.
02:38 -Justement, c'était une des questions
02:39 que je voulais vous poser.
02:41 Vous connaissez très bien, évidemment,
02:43 cette ville de Nanterre.
02:44 Quelles sont les solutions, selon vous ?
02:47 -Alors, la première des solutions, c'est que, d'abord,
02:48 nous, toutes et tous qui sommes des habitants de Nanterre,
02:51 on se démarque sur ce qui aurait pu être, par exemple,
02:54 les éléments extérieurs.
02:55 Il faut absolument qu'on se démarque de ça.
02:59 Ca, c'est indéniable.
03:01 Que nous occupions l'espace public,
03:04 je pense que c'est une chose que je dis souvent,
03:06 quels que soient les endroits où se passe de la violence,
03:09 que nous-mêmes, nous occupions l'espace public
03:11 par nos terrasses, par nos rencontres,
03:13 par nos échanges, par nos discussions,
03:15 qu'on s'installe et qu'on discute ensemble,
03:17 et qu'ensemble, quartier par quartier,
03:21 petit village par petit village,
03:22 parce que, finalement, Nanterre, c'est aussi un ensemble
03:25 de 10 quartiers, qu'ensemble, on regarde des solutions
03:28 pour reconstruire, mais pour se reconstruire d'abord soi-même
03:31 et puis reconstruire la ville.
03:32 Alors après, il y a une chose qui est sûre,
03:33 c'est qu'il faudra que l'ensemble des institutions,
03:37 le département, l'Etat, la région,
03:41 soient aux côtés de toutes ces villes
03:43 qui, malheureusement, ont souffert de ces violences cette nuit.
03:45 Nous ne sommes pas les seules.
03:47 C'est pas ce qui nous fait du bien, mais par contre,
03:48 c'est ce qui va peut-être nous réparer, un temps soit peu.
03:51 -Alors, une dernière question très brièvement.
03:54 Quel message adressez-vous à cette jeunesse en colère
03:56 de Nanterre aujourd'hui ?
03:59 -Alors, j'ai envie d'adresser un, voire deux messages.
04:01 D'abord, je m'adresse à des jeunesses,
04:03 et pas à la jeunesse de Nanterre, comme aux jeunesses en général.
04:06 Je m'adresse à ces jeunesses qui sont tellement capables,
04:10 justement, de faire des propositions
04:13 de ce que moi, j'avais appelé,
04:14 et d'ailleurs, ils le trouveront dans le Nanterre Info
04:16 à venir du mois prochain,
04:19 "Bouge ta ville, mais bouge ta ville ensemble.
04:21 Venons ensemble.
04:22 Venons par l'intermédiaire des réseaux sociaux.
04:24 Vous savez les utiliser, vous savez être force de proposition.
04:27 Et faisons des choses d'abord et avant tout
04:29 au pied des bâtiments, au pied des lieux dans lesquels vous vivez.
04:33 Et je suis sûre qu'ensemble, on pourra reconstruire
04:35 et donner une autre image.
04:36 -Merci beaucoup, madame Boudjeimaye.
04:38 Merci beaucoup d'avoir été avec nous sur France 24.
04:42 -Et merci à vous, Julie Dungelhoff. Merci à vous.