Avec Patrick Martin-Genier, enseignant à Science Po et à l'Inalco, spécialiste de l’Europe.
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##ON_DECRYPTE_LE_MONDE-2024-02-03##
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00:00 (Générique)
00:04 Un autre chiffre, 50 milliards, 50 milliards d'euros, c'est ce sur quoi les 27 pays européens ont finalement
00:10 réussi à se mettre d'accord cette semaine pour aider l'Ukraine.
00:14 On en parle avec notre autre invité, Patrick Martin-Jeunier, bonjour à vous.
00:17 - Bonjour.
00:18 - Enseignant à Sciences Po et Anne-Line Alco, spécialiste de l'Europe.
00:22 50 milliards d'euros décidés d'un coup par les 27 dont on dit pourtant qu'ils n'arrivent jamais à se mettre d'accord.
00:27 Est-ce que c'est la preuve que l'Europe s'est finalement réveillée et qu'elle a décidé d'aider l'Ukraine durablement ?
00:33 - Oui, alors quand on dit que ça s'est décidé d'un coup, c'était quand même extrêmement laborieux.
00:38 C'est vrai que l'Europe s'est réveillée, l'Europe aide l'Ukraine, mais vous savez que c'était de 50 milliards,
00:46 une trentaine de milliards, de près 17 milliards d'euros de dons.
00:50 Tout ça, c'est important, mais vous savez que la Hongrie était contre jusqu'au dernier moment.
00:55 Jusqu'au dernier moment, ce pays a menacé de mettre son veto, mais bien évidemment,
01:00 face à la pression, à l'exaspération de l'ensemble des autres pays, effectivement,
01:04 au Conseil européen de Bruxelles cette semaine, à l'unanimité, les chefs d'État et de gouvernement ont accepté de voter cette aide de 50 milliards.
01:12 C'est donc quelque chose de très important qui montre une fois de plus que l'Europe est capable d'être unie pour aider l'Ukraine,
01:19 malgré les divisions que l'on a mises en évidence.
01:22 - Alors où iront précisément ces 50 milliards d'euros ?
01:24 - Alors ces 50 milliards d'euros, naturellement, ce n'est pas une aide militaire,
01:30 l'aide militaire c'est différent, c'est une aide qui est destinée à aider l'économie ukrainienne,
01:35 mais surtout à maintenir cette économie, à maintenir le budget ukrainien.
01:39 C'est une aide qui ira essentiellement pour la construction des infrastructures, des réparations,
01:44 le paiement des salaires des fonctionnaires, des infirmières, des instituteurs,
01:51 donc c'est quelque chose qui est là pour maintenir la vie civile en Ukraine et pour maintenir l'économie ukrainienne,
01:57 en tout cas pour faire en sorte que le budget de l'État ukrainien ne s'écroule pas
02:02 et qu'il permette aux gens de vivre et de payer le salaire des fonctionnaires.
02:07 C'est quelque chose de très important car la vie continue en Ukraine malgré la guerre.
02:11 - Malgré la guerre, effectivement. On a beaucoup parlé des divisions européennes avant cette décision,
02:16 on a aussi beaucoup parlé des divisions américaines. Est-ce que l'aide globalement à l'Ukraine des pays occidentaux,
02:21 donc américains également, marque le pas en cette année 2024 ou est-ce que finalement les occidentaux tiennent le choc ?
02:29 - Non, effectivement, vous avez raison, cette aide marque le pas en ce sens qu'il y a des grandes difficultés politiques.
02:36 On le voit bien récemment aux États-Unis où l'aide qui devait être votée,
02:40 on parle de 100 milliards de dollars globalement dont 60 milliards pour l'Ukraine,
02:47 cette aide n'a toujours pas été votée, le Congrès des États-Unis n'a pas réussi à se mettre d'accord
02:52 car vous savez que la principale préoccupation interne aux États-Unis c'est le problème migratoire,
02:57 notamment avec le Mexique, donc les républicains ont bloqué tant qu'il n'y aurait pas d'accord sur les crédits pour l'immigration.
03:05 Donc on voit bien effectivement que là il y a des difficultés aux États-Unis,
03:10 il y a également des difficultés en Europe, il y a cette semaine également,
03:13 le chancelier Olaf Scholz a signé avec d'autres premiers ministres notamment du Danemark, des Pays-Bas,
03:19 une tribune dans le Financial Times pour appeler l'attention de l'Occident, notamment sur l'Europe,
03:25 sur le fait que si les crédits supplémentaires n'étaient pas votés, effectivement cela entraînerait des difficultés.
03:32 Ça montre bien qu'il y a des difficultés aujourd'hui, qu'il y a un risque de division
03:37 et que cette aide risque de marquer le pas et de nature à affaiblir l'Ukraine,
03:42 c'est ce qu'a rappelé récemment Volodymyr Zelensky.
03:44 Et en tout cas les combats continuent, ils sont toujours sanglants en Ukraine
03:48 et il faut bien le dire le front n'avance pas beaucoup, en tout cas n'évolue pas beaucoup.
03:52 Merci Patrick Martin-Jeunier, enseignant à Sciences Po et Aline Nalco, spécialiste de l'Europe.
03:57 Il est 8h26 sur Sud Radio.