On est en ce moment en octobre, en pleine saison des prix littéraires. Si je vous dis, qu’est-ce que pourrais être l’inverse de cette littérature, vous pensez peut-être à la lecture populaire. On pourrait se dire qu’il s’agit de l’inverse de la vraie littérature et des classiques. Mais alors, ce n’est pas de la bonne lecture si on lit un roman fluide pour se divertir ? Faut-il forcément se casser la tête avec un style pompeux et une réflexion profonde ? Le mépris de ces lectures populaires et de ces lecteurs et lectrices est-il justifié ? Pour ça, je vous propose un petit retour dans le passé ainsi que des experts qui ont bien voulu répondre à mes questions. C’est parti, suivez l’guide !
⭐️ Cette vidéo est réalisée en collaboration avec le Label Verso : https://www.instagram.com/verso_romans/
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00:00Au moment où je filme cette vidéo, on est en octobre, au plein milieu de la saison des prix littéraires.
00:04Parmi les grands prix, on retrouve par exemple le prix Goncourt, le Renaudot, le Fénumina, l'Interallier.
00:10Et si je vous parle de tous ces prix littéraires, en général, il y a un genre qui manque.
00:14Et ce genre, vous l'aurez peut-être deviné, c'est la littérature populaire.
00:17Ou alors vous êtes grave concentré, vous avez lu le titre, certez que ça fait plaisir, n'hésitez pas à vous abonner.
00:21Et on pourrait se dire que finalement, c'est l'inverse de ce que représente la vraie littérature, les classiques.
00:26Les classiques, j'en ai déjà parlé plus longuement dans une autre vidéo si ça vous intéresse.
00:30Mais concrètement, c'est ce qui va forger notre capital culturel en tant que bon français.
00:35Un exemple là, comme ça, qui me tomberait sur le coin du nez, Germinal d'Émile Zola.
00:39Il est paru en 1885 et est aujourd'hui considéré comme une oeuvre phare.
00:43Un grand succès qui a traversé les époques.
00:45C'est ça, la littérature avec un grand L, messieurs dames.
00:48Sauf que quand il est sorti, bah, c'était pas tout à fait la même histoire.
00:51Les élites ont complètement snobé Germinal, considéré justement comme de la littérature populaire.
00:56On disait même que Zola appauvrissait la vraie littérature.
00:59C'était de la littérature pour le bas peuple, pour les ouvriers.
01:01Où on dénature complètement la littérature, on représente l'alcoolisme, les prostituées, les pauvres.
01:06Et en plus, avec leur manière de parler.
01:08Et ça, donc culturellement, à l'époque, ça fait honte à la France.
01:11Alors, quand dans une interview, Macron dit ne pas aimer lire les mauvais romans, les romans faciles,
01:16que ça ne le détend pas du tout, et qu'il préfère se délecter d'un Camus ou d'un Stendhal,
01:20moi, je suis à deux doigts de canner.
01:21Déjà, ça continue de perpétuer des énormes clichés.
01:24Et puis, il faudrait qu'on puisse mettre chaque petit livre, voilà, dans sa petite case,
01:28chaque petit genre, et que rien ne dépasse.
01:30Alors que ça se trouve, bah, il y a des livres qui, aujourd'hui, sont complètement snobés.
01:33Ce sera les classiques de demain.
01:34Mais alors, est-ce que si on est en train de lire un livre de manière complètement fluide,
01:38qu'on est emporté dedans, c'est de la littérature facile ?
01:40C'est pas un bon roman.
01:41Vous savez, ce genre de livre qu'on n'arrive pas à lâcher,
01:43qu'on a envie de terminer en un seul trajet de train.
01:45Faut-il forcément toujours se prendre la tête avec des livres qui peuvent parfois avoir un style pompeux
01:49et une réflexion hyper profonde ?
01:51Je dis pas qu'il faut pas les lire, mais en fait, on peut lire de tout, hein, voilà.
01:54On n'est pas obligé de bouffer du Proust matin, midi et soir, hein.
01:56Le mépris de ses lectures populaires, et donc par extension de ses lecteurs et ses lectrices,
02:00est-il vraiment justifié ?
02:01Pour ça, comme d'habitude, j'ai venu ma petite enquête,
02:03je suis allée interviewer différents experts pour répondre à cette question,
02:06et on va ensemble faire un petit tour historique de la littérature populaire.
02:10C'est parti, c'est le guide !
02:11La littérature populaire, c'est un peu le McDo,
02:13et la grande littérature, c'est le 5 étoiles ou le 3 étoiles.
02:16Prenez les feuilles de Marc Lévy, essuyez-vous les fesses.
02:18Ah, moi j'achète pas, je mets même à la poubelle, carrément.
02:21Mets ton équipe à la poche.
02:25Bonjour et bienvenue, ici votre beau vieux Jeannot.
02:28Aujourd'hui, j'avais envie de dédier une vidéo à la littérature populaire,
02:32comprendre un petit peu d'où elle vient, et si le terme est encore aujourd'hui d'actualité.
02:35Cette vidéo est réalisée en collaboration avec le label Verso, des éditions du Seuil.
02:39On aura d'ailleurs la chance d'avoir Glenn Tavenek pour nous en parler un petit peu plus tout à l'heure,
02:43mais il s'agit d'un label avec beaucoup de publications, les unes très différentes des autres.
02:48J'en ai lu quelques-unes, à chaque fois j'ai beaucoup aimé,
02:50donc forcément j'étais ravie qu'ils viennent me voir pour qu'on puisse construire ce documentaire ensemble.
02:54Le lien avec Verso s'est fait de manière assez naturelle,
02:58puisque c'est un label qui revendique publier de la littérature populaire sur des genres divers,
03:02comme par exemple le roman historique, le cosy ou la romance.
03:05Bon, déjà, petit cours rapide d'étymologie, Mathilde Jeanneau, revenons sur le mot peuple.
03:09Issu du latin populus, il désigne un ensemble de citoyens.
03:12Ce sont les personnes qui n'appartiennent pas à la classe dominante,
03:15que ce soit culturellement, économiquement ou socialement.
03:18La littérature populaire, ça pourrait être des textes qui émanent du peuple, qui sont écrits par lui.
03:22Ensuite, ça pourrait être les livres qui sont destinés au peuple, à la populace.
03:25Et enfin, en tout dernier, on pourrait imaginer que ça concerne les livres appréciés par le peuple.
03:29C'est un terme extrêmement large qu'on utilise aujourd'hui, surtout pour parler de livres qui fonctionnent.
03:34Mais je vous propose d'écouter Glenn Tavnek.
03:36Il est éditeur depuis plus de 20 ans, donc il a de la bouteille.
03:39Et il y a quelques mois, il a créé le label Verso au sein des éditions du Seuil.
03:43Un Victor Hugo, quand il écrit Les Misérables, il n'a pas l'impression d'écrire de la littérature populaire.
03:48Mais il est lu par le plus grand nombre, et surtout par une population très variée.
03:52En âge, en classe sociale, disons-nous, sans recherche vraiment d'un genre en particulier.
04:02Donc je dirais que la littérature populaire, c'est avant tout une littérature qui touche le mot peuple, simple,
04:08qui touche de façon large et en profondeur son lectorat.
04:14Donc c'est quelque chose qui a une démarche véritablement généreuse et démocratique.
04:18La notion de littérature grand public, c'est quelque chose qui est plus marketing, même marketing ou commercial,
04:26puisque grand public, vous le voyez bien, c'est un terme de cible, contrairement à une cible élitiste ou une cible ceci ou cela.
04:34Donc je dirais, le grand public, ça peut être utilisé à tort et à travers.
04:41La littérature populaire se détache de tout ça.
04:43Je dirais qu'au final, il ne faudrait plus dire, et c'est ma mission aussi depuis des années et des années,
04:49comme quand je le faisais pour la littérature dite à dos ou la littérature polar,
04:54c'est de me dire qu'en fait, il n'y a qu'une seule et même littérature.
04:57C'est pour ça qu'on appelle ce label verso, parce que pour moi, c'est le verso d'une même chose.
05:04Littérature, littérature populaire, c'est la même pièce, les mêmes faces.
05:08Il y a deux faces, mais c'est la même pièce.
05:10On va donc essayer de remonter un petit peu à l'origine de ce terme, littérature populaire.
05:13La littérature populaire, elle est de la tradition des littératures orales.
05:17Sans système d'écriture, ni même sachant écrire,
05:19c'est les peuples qui racontent leur folklore par des histoires narrées.
05:22Il est difficile de remonter à la source, mais par exemple, de nombreux penseurs n'ont jamais rien écrit.
05:27On utilise ce terme pour la première fois au 19e siècle,
05:30pour parler des contes, des chansons et des proverbes
05:32qu'on transmettait à l'oral parmi les paysans en milieu rural.
05:36Au Moyen-Âge, ça se diffusait grâce aux travers et troubadours.
05:39Vous avez déjà vu des troubadours ?
05:40Oyez ! Oyez !
05:41Je vais vous en montrer.
05:42Qui sont parfois considérés comme les pères de la littérature nationale.
05:46Ils racontent l'histoire des mœurs, de la société civile et privée des français,
05:49et c'est ça qui a donné naissance à la poésie.
05:51Et c'était à peu près, bah, ce à quoi avait accès le peuple.
05:54Parce qu'à l'époque, les livres, ça coûtait une sacrée blinde.
05:56C'était vraiment pour une élite qui avait les moyens de se les acheter,
05:59et puis, en fait, ça concernait surtout les moines et les scribes.
06:02Je peux vous dire qu'à l'époque, les paysans, leur priorité,
06:04c'était pas mettre de la thune de côté pour acheter un bouquin.
06:06Non, non, non.
06:07Surtout que c'est sympa, les lecteurs à voix haute.
06:09Moi, je continue grave de kiffer ça.
06:10Sur ce sujet, je vous propose d'écouter Cécile Barth-Rabeau,
06:13qui est sociologue de la lecture.
06:14Vous avez publié un livre qui s'appelle
06:15La lecture, valeur et déterminante d'une pratique,
06:18publié aux éditions Armand-Colin en 2023.
06:21Et je me permets de vous citer,
06:22dans votre livre, vous dites
06:23« La lecture a progressivement été érigée
06:25en symbole d'une culture humaniste,
06:27posée comme indispensable à toute pensée,
06:30et donc à l'existence de l'humain. »
06:31D'une part, il y a la lecture et la valeur
06:34prêtée à la lecture.
06:36Et dans ce cas-là, c'est la lecture sans complément.
06:39C'est pas la lecture de tel genre,
06:42tel livre, tel auteur particulier,
06:44mais la lecture de manière absolue.
06:48Et donc, il y a une valeur prêtée à cette pratique.
06:52On encourage la lecture.
06:54Alors, ça n'a pas toujours été comme ça.
06:55Et ce qui va changer tout ça,
06:56et le rapport au livre, c'est l'alphabétisation.
06:59Au XVIe siècle, avec la réforme protestante
07:01et la contre-réforme catholique,
07:03où l'Église va chercher à diffuser la religion
07:05dans les classes inférieures.
07:06L'école devient un instrument de la christianisation
07:08et de la moralisation,
07:09et ça a donné lieu à une alphabétisation de masse.
07:12Les parents les plus aisés envoyaient même
07:13leur gamin au collège,
07:15et ont trouvé de plus en plus de livres
07:16dans les maisons des domestiques et des artisans.
07:19Qu'on a pu mesurer avec les inventaires
07:21des dépouillements après décès.
07:22C'est glaucasse.
07:23Ensuite, au XVIIe siècle,
07:25les livres sont diffusés dans les campagnes
07:27sous forme de petites brochures illustrées
07:28de gravures de bois.
07:30On appelle ça les romans de colportage,
07:31puisqu'ils sont vendus de porte à porte.
07:33La collection la plus connue
07:34reste celle de la Bibliothèque Bleue.
07:36C'était l'une des principales sources de culture
07:38des masses populaires françaises.
07:40Forcément, puisque ça plaît aux paysans,
07:42c'est méprisé par la bourgeoisie.
07:43Hein, voilà.
07:44Vraiment, c'est des cycles qui se répètent,
07:45ça ne s'arrête jamais.
07:46Pour l'historien Robert Mandoux,
07:48cette littérature,
07:48elle a même été vue comme
07:50un instrument de propagande
07:51et d'aliénation des masses.
07:53Alors forcément, il faut garder du recul,
07:54faire attention, voilà,
07:55ne pas projeter avec nous
07:56notre société actuelle.
07:58Mais en tout cas,
07:58ce qui est intéressant de voir,
07:59c'est que parmi ces récits,
08:01on avait surtout des choses courtes
08:02qu'on pouvait lire comme ça,
08:04un peu à l'arrache,
08:05quand on n'avait pas forcément
08:06beaucoup de temps.
08:06Et surtout, après une longue journée de travail.
08:08Ces brochures,
08:09elles ont donc été un support de lecture
08:10hyper important pendant deux siècles.
08:12Puis, à la fin du XVIIIe siècle,
08:14on a enfin, enfin Dieu merci,
08:16la promotion de la littérature
08:17et de la lecture.
08:18Ça se propage donc jusque
08:19dans les milieux populaires
08:20et il y a une demande d'instruction.
08:22Ce projet, il est géré par
08:23l'aristocratie et la bourgeoisie éclairée,
08:25vouée à scolariser et promouvoir
08:27la lecture de façon contrôlée
08:28et réduite à l'utilitaire
08:30religion, civisme, moral, profession.
08:32Ah ouais, merde,
08:33on n'y est pas encore.
08:33C'est donc finalement
08:34une nouvelle manière
08:35de contrôler leur lecture.
08:36Mais en tout cas,
08:37il y a une bonne chose
08:37qui se passe à ce moment-là,
08:38c'est qu'il y a beaucoup
08:39d'ouvertures de bibliothèques.
08:40Et vous savez à quel point
08:41je les aime la biblique, hein ?
08:42Et donc dans les foyers populaires,
08:43il commence à y avoir
08:44cette pratique de la lecture
08:45qui se transmet
08:46de génération en génération.
08:47Puis on va remarquer un changement
08:48à partir de l'Empire
08:49et de la restauration.
08:51Une élite prolétarienne apparaît
08:52qui lit des romanciers
08:53contemporains, classiques
08:54et philosophes
08:55et assimile les valeurs de culture
08:57que les classes sociales favorisées
08:59estimaient leur être réservées.
09:00C'est le début des tensions
09:01puisque culturellement,
09:02le peuple s'élève petit à petit.
09:03Puis ensuite,
09:04on a un tournant majeur,
09:05c'est la révolution industrielle
09:07où l'accès aux livres
09:08pour tout le monde
09:08est beaucoup plus simple
09:09et coûte beaucoup moins cher.
09:11Les livres sont produits en masse
09:12à moindre coût,
09:13le prix du roman est en baisse
09:14et on remarque aussi
09:15le développement de la presse.
09:16Et la lecture s'est démocratisée
09:17avec l'apparition de temps
09:18pour les loisirs.
09:19Au XIXe siècle
09:20et dans la première moitié
09:21du XXe siècle,
09:23il y avait des bonnes lectures
09:24et des mauvaises lectures
09:26et on encourageait
09:27à lire les bonnes choses
09:28mais à se retenir
09:31de lire les mauvaises.
09:32Voilà, c'était quand même
09:33très compartimenté.
09:34Il y avait des guides d'ailleurs,
09:37par exemple un guide
09:38qui s'appelle
09:39Romance à lire
09:40et Romance à proscrire
09:42qui était d'un abbé
09:43qui s'appelait
09:43l'abbé Bethléem
09:44et un guide
09:45qui a été énormément réédité
09:47qui était un best-seller.
09:49Ensuite, si on continue
09:50notre petit chemin historique,
09:52on se retrouve
09:52à l'apparition du roman feuilleton.
09:54Ça se passe dans les années 1830
09:56et à l'époque,
09:56les rubriques en pas de page
09:57des journaux
09:58montent de plus en plus
09:59d'extraits de romans.
10:00Ça devient petit à petit
10:01des publications morcelées
10:02dans la section
10:03feuilleton des journaux
10:04que lisent les gens tous les jours.
10:05On joue donc sur le suspense
10:06des interruptions
10:07et le but, ça va être
10:08de fidéliser le lecteur.
10:09C'est un peu le Netflix
10:10de l'époque en fait
10:11où on nous met un petit suspense
10:12et on n'a qu'une envie,
10:13c'est d'aller voir la suite
10:14ou de lire la suite.
10:15Là, en l'occurrence.
10:16Le populaire, c'est aussi
10:18une grande tradition du feuilleton.
10:19Début du XXe siècle,
10:20encore une fois,
10:21et jusqu'au début
10:22de la Seconde Guerre mondiale,
10:24la France était parmi
10:25les leaders occidentaux
10:26en termes de littérature populaire
10:29ou de littérature feuilletonante
10:31ou de littérature grand public,
10:32ce que vous voulez,
10:33de littérature de plaisir,
10:35d'émotion.
10:35Ça n'a pas été
10:36la même chose après.
10:38Et c'est là où la France,
10:40selon moi,
10:41a perdu son rang.
10:43C'est qu'après,
10:44il y a eu un raidissement
10:45et où, je dirais,
10:47la peur de l'invasion culturelle
10:49par les Américains
10:50et le plan Marshall
10:51a fait qu'on s'est dit
10:53« Ouh là, il faut protéger,
10:54il faut protéger ».
10:54Et donc, on s'est,
10:56soi-disant,
10:57anobli.
10:58On est allé plutôt
10:59vers une littérature
11:00dite expérimentale
11:03ou autre.
11:04Et on a vraiment mis
11:05dans des cases
11:06ce qui devait finalement,
11:09ce qui était censé y rester.
11:11Ce n'est pas quelque chose
11:12qui est très bien vu
11:12à l'époque par les élites.
11:13Vraiment, ils ont du temps.
11:15On va perdre.
11:16Et pourtant,
11:16il y a plusieurs livres
11:17qui sont devenus des classiques
11:18qui ont d'abord été publiés
11:19en roman feuilleton.
11:21Et parmi les plus connus,
11:22on a par exemple
11:22« Les Trois Mousquetaires »
11:23d'Alexandre Dumont.
11:24Et pour la petite anecdote,
11:25le tout premier livre
11:26publié en roman feuilleton,
11:28c'est un livre d'honoré de Balzac
11:29qui s'appelle « La vieille fille ».
11:30Et à côté de ça,
11:31Elie Zola a lui aussi publié
11:33pas mal de ses livres
11:34en roman feuilleton.
11:34Certains de ses romans
11:35sont accusés de manquer de style,
11:37de faire du sensationnalisme.
11:38Mais une chose est sûre,
11:39ils sont lus
11:39et ils plaisent.
11:40En matière de littérature populaire
11:42et dans l'acception
11:44qui pour moi fait sens,
11:47je reviens toujours,
11:47moi, sur Dumas.
11:49C'est bien,
11:49c'est à la mode.
11:51Mais c'est à la mode
11:51comme je ne sais pas
11:53combien d'adaptations
11:53il y a eu de Montecristo.
11:55Mais c'est un bon exemple.
11:56On dit « C'est incroyable,
11:58ce film fait revendre à nouveau
12:00énormément
12:00le conte de Montecristo,
12:02ce grand classique
12:03de la littérature
12:04et tout ça ».
12:05Enfin,
12:06ce n'est pas de la littérature.
12:08Je suis désolé,
12:09ce n'est pas de la littérature.
12:12Dumas lui-même
12:12ne parlait pas de ça.
12:14Dumas,
12:15alors je ne saurais pas le citer,
12:17mais disait qu'en gros
12:18le style ne compte pas,
12:20si je résume,
12:21ce qui compte uniquement
12:23c'est la machine.
12:25Ce qu'il propose,
12:26quand on lit
12:26le conte de Montecristo,
12:27on ne trouve pas de style.
12:29Je ne vais pas me faire
12:29d'ennemis avec les universitaires.
12:33J'aurais dit ça de Balzac,
12:34je pense qu'il m'aurait tué.
12:35Mais Balzac faisait aussi
12:36du feuilletonnage
12:37puisque les deux feuilletonnaient.
12:40Mais dans Montecristo,
12:41ce qui est intéressant,
12:41et c'est pour ça
12:42que c'est peut-être
12:43l'oeuvre la plus puissante
12:44à la française,
12:45c'est que c'est
12:46un roman de vengeance.
12:48C'est très bien,
12:48c'est un roman de vengeance.
12:49Très bien.
12:49Alors,
12:50ce serait ça,
12:50ce genre ?
12:51Non,
12:51ce n'est pas ça.
12:52C'est un roman d'aventure ?
12:53Pas que ça.
12:54Est-ce que c'est un roman
12:55de la victime,
12:57ce qui est un grand genre
12:57au 19e siècle ?
12:59Ce n'est pas que ça.
13:01Est-ce que c'est un roman policier ?
13:03Parce que c'est possible.
13:04Ce n'est pas que ça.
13:06C'est tout ça
13:06et pas que ça.
13:08Mais c'est avant toute chose
13:10un immense feuilleton.
13:12Un immense feuilleton,
13:12quand on voit
13:13la longueur même du livre,
13:15capable de ne pas nous perdre pourtant.
13:17C'est ça,
13:17la littérature populaire.
13:19Mais c'est de la littérature populaire
13:20qu'il faut désormais
13:21bien comprendre
13:22que ça a été ça
13:24pour tous les titres
13:24de littérature,
13:26je dirais,
13:27par le passé
13:28et le siècle passé.
13:30On ne veut pas dire
13:33que c'est pour tout le monde forcément.
13:34On veut dire
13:35que c'est forcément supérieur à...
13:38À toutes les époques,
13:39les élites vont essayer
13:40de s'extirper de la masse.
13:41Au début de l'ère industrielle,
13:42par exemple,
13:43on va retrouver des cercles,
13:44des casinos,
13:45des salons littéraires
13:46pour la bourgeoisie
13:47avec donc des notables,
13:48des fonctionnaires,
13:49rentiers, commerçants
13:50qui se réunissent
13:51pour lire
13:51et pour causer.
13:52Il y a aussi
13:52des associations de lecture
13:54réservées à un certain rang social
13:55comme par exemple
13:56la Société de lecture de Lyon
13:58créée en 1862.
13:59Ces bibliothèques
14:00n'admettent pas
14:01le public populaire
14:01qui ne pourrait d'ailleurs
14:02pas acquitter
14:03des cotisations fixées
14:04à un taux élevé.
14:0512 francs à Dijon
14:06et à Moulouse
14:06et 30 francs à Lyon.
14:08On a alors l'apparition
14:08d'un discours ouvrier
14:10sur la condition prolétarienne.
14:11Eux, ils sont autodidactes
14:12et ils cherchent
14:13leurs propres moyens d'expression.
14:14Les premiers livres
14:15et journaux
14:15écrits par des ouvriers
14:16apparaissent dans les années 1830.
14:18Et en tout cas,
14:18avec l'ouverture des bibliothèques,
14:20même si certaines sont
14:21réservées à la bourgeoisie,
14:22on remarque vraiment
14:23cet engouement
14:23pour la littérature
14:25et la lecture populaire.
14:26Sauf qu'après ça,
14:27il y a encore un autre tournant.
14:28Ça n'arrête pas,
14:29ça tourne dans ma tête
14:29puisqu'après 1850,
14:31on a l'alphabétisation
14:32des femmes
14:32et après la Seconde Guerre mondiale,
14:35la lecture est considérée
14:36comme une activité
14:37plutôt pour les femmes.
14:38Je ne vous refais pas
14:38tout le discours
14:39sur les bibliothèques militantes,
14:41etc.
14:41Si ça vous intéresse,
14:42j'ai fait un documentaire
14:43à ce sujet.
14:44Donc je vous renvoie
14:45vers cette vidéo.
14:46En tout cas,
14:47ce que je trouve intéressant,
14:47c'est que la littérature
14:48dite populaire,
14:49elle est à la fois vue
14:51comme marginale
14:52et pourtant,
14:52elle est produite en masse.
14:53En fait, à l'époque,
14:54c'est une vraie guerre des classes
14:55pour s'approprier
14:56les valeurs de culture.
14:57Mais est-ce que c'est encore
14:58le cas aujourd'hui ?
14:59J'avoue le demande.
15:00Ça renvoie à tout
15:01ce qu'on appelle
15:02la hiérarchie des biens culturels
15:03où Bourdieu,
15:05dans La Distinction,
15:06qui est un livre
15:07qui date un petit peu,
15:08mais dont les manières
15:09de réfléchir
15:10continuent d'être pertinentes,
15:13Bourdieu disait
15:14les goûts classe
15:16et classe ceux qui classent
15:18ou quelque chose comme ça.
15:19Dites-moi,
15:19est-ce que vous aimez ?
15:20Je vous dirai
15:21où est-ce que vous êtes
15:22positionnés dans la société ?
15:25Tout ce qu'on peut dire,
15:25c'est qu'effectivement,
15:26la valeur,
15:27elle se construit.
15:28Elle ne dépend pas
15:30que des propriétés
15:32des livres eux-mêmes,
15:33mais elle dépend aussi
15:34de tout ce qu'on va faire
15:35avec eux.
15:38Donc, ça nous invite
15:39en tout cas à être prudents.
15:40Dans les faits,
15:41il y a une littérature
15:43qui est essentiellement commerciale,
15:46c'est-à-dire dont les ambitions
15:47sont de capter un lectorat
15:50le plus large possible
15:52en proposant quelque chose
15:54d'assez conforme aux attentes,
15:57d'assez lisse,
15:58des bons sentiments,
15:59éventuellement,
16:00une trame narrative
16:02qui est plutôt satisfaisante,
16:04enfin, je veux dire,
16:05une histoire qui finit bien,
16:06par exemple,
16:07des choses qui résonnent aussi
16:08avec l'air du temps,
16:10mais quelque chose
16:12qui va être finalement
16:13assez attendue,
16:14assez conforme aux attentes,
16:16qui fait que finalement,
16:17on arrive assez bien
16:18à le vendre,
16:20à le défendre.
16:20Donc, cette littérature-là,
16:21elle existe.
16:23En général,
16:25ce n'est pas celle-ci
16:26qui marque l'histoire littéraire.
16:28Voilà.
16:29Il y a un chercheur allemand
16:32qui s'appelle Jauss,
16:33Hans Robert Jauss,
16:34qui s'est intéressé
16:36à la construction
16:37de l'histoire littéraire,
16:38justement,
16:39à quels sont les ouvrages
16:40et les auteurs
16:41qui ont marqué
16:42l'histoire littéraire.
16:43Et il montre
16:44que les ouvrages
16:46qui marquent l'histoire littéraire
16:47ou les auteurs
16:47qui marquent l'histoire littéraire,
16:48ce sont plutôt
16:49ceux qui innovent.
16:51Il faut quand même
16:51qu'au moment
16:52où un auteur propose ce texte,
16:56il trouve un éditeur
16:57qui accepte
16:59de publier cette chose
17:01un peu bizarre.
17:02Si ça innove,
17:04peut-être que ça paraît
17:04un peu bizarre,
17:06un peu étrange
17:06et un peu déroutant.
17:08Peut-être que l'éditeur lui-même
17:10va se dire
17:10mais qu'est-ce que c'est
17:10que cette chose
17:11est-ce que vraiment
17:12c'est publiable cette chose
17:15et est-ce que par ailleurs
17:16je vais la vendre
17:17s'il a cette préoccupation-là
17:18de trouver lui-même un public.
17:20Les questions de légitimité,
17:22ça renvoie
17:22à ces questions
17:23de production de la valeur,
17:25ça renvoie
17:25à la manière
17:26dont les institutions
17:27se saisissent
17:29de tel ou tel type de texte.
17:31Et donc forcément,
17:33il y a des hiérarchies
17:35de valeurs.
17:36à partir du moment
17:37où on considère
17:38que tout ne se vaut pas,
17:40il y a des choses
17:41qui sont plus hauts
17:42situées dans la hiérarchie
17:43et d'autres plus basses.
17:46Après, je ne suis pas sûre
17:47que ça se situe
17:48forcément au niveau
17:49de genre tout entier
17:50puisque finalement,
17:53dans chaque genre,
17:54on va trouver
17:55une part plus créative
17:58et une part plus confort.
18:00Bon, malheureusement,
18:01si vous me suivez
18:02depuis quelques temps ici,
18:04vous le savez,
18:05il y a des restes
18:06quand même
18:06de cet héritage
18:07bien français
18:08pour la littérature classique.
18:10Si vous pensez
18:11qu'on n'était plus du tout
18:11à l'époque
18:12où on aimait descendre
18:13gratuitement des best-sellers
18:14quand on est un universitaire
18:15pour peu...
18:16Non, non, non,
18:16détrupez-vous,
18:17ça existe encore !
18:18Yes !
18:19Il y a par exemple
18:19un article
18:20qui est ressorti en particulier
18:22qui s'appelle
18:22Guillaume Musso et Marc Lévy,
18:24lequel des deux est le plus nul ?
18:26C'est sympa,
18:26ça fait plaisir.
18:27C'est dans le Figaro,
18:27donc c'est quand même
18:28parmi l'un des journaux
18:29les plus lus par les français.
18:30Et on utilise le terme
18:31donc qui est le plus nul ?
18:32Consternant.
18:32Tous les bons petits dos d'oiseau
18:33et je me dis
18:34je trouve ça tellement nul
18:35parce qu'en fait
18:36qu'est-ce que ça peut vous faire
18:38si quelqu'un appréciait lire
18:39Marc Lévy ?
18:40Je me dis
18:40si quelqu'un est en train
18:41de développer un peu
18:41son amour pour la lecture,
18:43la littérature, etc.
18:44et commence par lire
18:45un peu des Marc Lévy
18:46et kiffe machin
18:47et en fait,
18:48lit un papier
18:48où il y a écrit
18:49non mais en fait
18:49c'est consternant,
18:50c'est nul,
18:50c'est pas de la vraie littérature.
18:52Potentiellement,
18:53si la personne
18:53elle est en train
18:54de se forger
18:54au tout début
18:56de son expérience
18:57de littérature,
18:58elle va peut-être se dire
18:59ah je ne suis pas en train
19:00de lire les bons livres
19:01et en fait,
19:02ça va complètement
19:02casser un élan
19:03et moi je trouve ça nul
19:04en fait,
19:05genre vraiment
19:05c'est un des trucs
19:06qui m'énerve le plus
19:07et puis
19:08c'est comme si en plus
19:10on pouvait lire
19:11soit Marc Lévy et Musso
19:12d'un côté
19:13et de l'autre
19:14tu aurais les classiques.
19:15Enfin moi je lis
19:15des deux par exemple,
19:16enfin je peux kiffer
19:17lire un Marc Lévy
19:18et je peux kiffer
19:18lire un je sais pas
19:19un Hemingway
19:20et tout se passe très bien
19:21dans ma vie.
19:21Je suis sous antidépresseur
19:22mais sinon ça va.
19:23Vous l'aurez compris
19:23on est donc sur des propos
19:24condescendants
19:25aussi bien pour les auteurs
19:27que pour leurs lecteurs
19:28alors que si on regarde
19:29un petit peu le background
19:30en plus,
19:31ils sont loin d'être teubés
19:32ces auteurs
19:33mais ils écrivent des genres
19:34qui ne sont pas vus
19:34comme des grands genres
19:36de la littérature.
19:37Ça va être des thrillers,
19:38du policier,
19:39du polar,
19:39de la comédie
19:40voire parfois même
19:41de la romance
19:42ou de l'horreur.
19:43Et ça la littérature noire
19:44elle a été méprisée
19:45pendant très très longtemps.
19:48c'est vraiment intéressant
19:49parce qu'il fait partie
19:50de ces genres
19:51qui ont vraiment changé
19:52de statut au fil du temps.
19:54Dans les années 1960
19:56vous alliez dans une bibliothèque
19:58une bibliothèque de lecture publique
20:01parce qu'aujourd'hui
20:01ce qui serait l'équivalent
20:02d'une médiathèque
20:03il n'y avait pas de romans policiers
20:05ou s'il y en avait
20:07ils étaient mis à disposition
20:09des lecteurs
20:09dans un coin,
20:10dans un carton
20:11enfin c'était quelque chose
20:12de vraiment pas du tout
20:13convenable
20:15ou pas sérieux.
20:17Petit à petit
20:17ce genre a changé
20:19de statut
20:21ça veut dire
20:21qu'on s'en est occupé
20:23beaucoup plus
20:24déjà les éditeurs
20:26ont publié ça
20:27avec beaucoup plus
20:28de soin
20:30ils ont fait plus attention
20:33aux traductions
20:34à la manière d'éditer ça
20:36etc.
20:38Ça s'est aussi diversifié
20:39et il y a des institutions
20:40qui s'en sont apparrées
20:42il y a eu des associations
20:43il y a eu des bibliothèques
20:44il y a eu la création
20:46par exemple
20:46de la bibliothèque
20:47des littératures policières
20:48à un moment donné
20:49voilà
20:49ça veut dire que
20:50le genre tout entier
20:51a changé de statut
20:52il y a des gens
20:53qui ont commencé
20:53à faire des thèses
20:54sur le roman policier
20:55etc.
20:56Donc ça s'est
20:58ça a suscité
20:59des intérêts plus larges
21:00et ensuite
21:02enfin en parallèle
21:03de ça
21:04ça s'est
21:04hiérarchisé
21:06à l'interne
21:07entre
21:08une partie
21:09qui reste
21:10de la lecture courante
21:11pour le plaisir
21:12qui n'a pas
21:13prétention
21:13à faire réfléchir
21:16ou à créer
21:18des formes innovantes
21:19ou je ne sais quoi
21:19et une partie
21:20un peu plus
21:21originale
21:23un peu plus exigeante
21:24avec un peu plus
21:25de contenu
21:25un peu plus
21:26éventuellement
21:27une dimension politique
21:29une dimension sociale
21:30ou
21:31une réflexion
21:33autour de
21:34l'écologie
21:35l'environnement
21:35en opposition
21:36à la littérature
21:37dite noire
21:38on a la littérature blanche
21:39donc là ça va être
21:40plutôt des choses
21:41assez classiques
21:41ça vient des éditions
21:42Gallimard
21:43et de sa collection blanche
21:44parue en 1911
21:45et qui a été récompensée
21:47de 32 prix concours
21:48et 27 grands prix
21:49de l'académie française
21:50on y retrouve
21:51des romans contemporains
21:52des récits autobiographiques
21:53de la non-fiction
21:54et de la littérature
21:56qui abordent
21:56des thèmes
21:57de la vie quotidienne
21:58dans un style
21:59moderne et réaliste
22:00et en tout cas
22:01il y a toujours
22:01une opposition
22:02entre ces deux
22:02formes de littérature
22:03il y a un exemple
22:04je trouve
22:04qui est assez marquant
22:05c'est Pierre Lemaitre
22:07qui a gagné
22:07le prix concours
22:08en 2013
22:09avec son livre
22:10Au revoir là-haut
22:11et il dit
22:11après avoir gagné ce prix
22:12quand on a un auteur
22:13qui écrit des polars
22:14il arrive un moment
22:15dans notre carrière
22:16où on a envie
22:17de sniffer de la blanche
22:18d'écrire des romans
22:19et de devenir
22:20enfin un écrivain
22:21je ressentais ce besoin
22:22aussi d'être reconnu
22:23par mes pères
22:24je trouve ça dingue
22:25d'insinuer
22:25que si t'es genre
22:26auteur de polars
22:27t'es pas un vrai auteur
22:28bref
22:29ces derniers jours
22:30j'ai regardé
22:31beaucoup d'interviews
22:31de Marc Lévy
22:32et c'est fou
22:34de voir à quel point
22:34il a été méprisé
22:35enfin rien que dans le générique
22:36vous l'aurez peut-être entendu
22:37il y a des choses
22:39pas très sympas
22:39à son sujet
22:40et en fait
22:41au début
22:42ça lui a fait mal
22:42et surtout
22:43à ses enfants également
22:44et puis il a fini par se dire
22:45en fait
22:46tant pis
22:47mais c'est fou de se dire
22:48que c'est lu par
22:49beaucoup beaucoup de gens
22:50et en fait
22:51dès que c'est lu par
22:52beaucoup beaucoup de gens
22:52et donc la masse
22:53on considère forcément
22:54que c'est mauvais
22:55vous l'aurez donc compris
22:56le terme de littérature
22:57populaire
22:57il veut plus dire
22:58grand chose aujourd'hui
22:59même si malheureusement
23:01on continue d'avoir pas mal
23:02d'élitisme dans la littérature
23:04ce qui est intéressant
23:04de remarquer
23:05c'est qu'aussi
23:05les prix littéraires
23:06ils naissent en général
23:07en opposition à une certaine culture
23:09dite plus classique
23:11c'est ce qui est arrivé
23:12avec tous les prix littéraires
23:13qu'on a aujourd'hui
23:13qui sont devenus classiques
23:16le prix concours
23:17dont je vous parlais tout à l'heure
23:18etc
23:18et là on remarque aussi
23:20cette tendance
23:21où on va avoir
23:22de plus en plus
23:22de prix littéraires
23:23qui sont décernés
23:24par les lecteurs
23:25comme le prix FNAC par exemple
23:26on a de plus en plus
23:27de prix amateurs
23:28et où en fait
23:29ils font pas mal de ventes
23:30pour autant des prix très classiques
23:32et très reconnus
23:33comme le prix concours
23:34s'adaptent
23:35il y a par exemple
23:35le prix concours des lycéens
23:37qui existe depuis maintenant
23:38à peu près 15 ans
23:39si je dis pas de bêtises
23:40et un petit peu moins connu
23:42puisque c'est sa troisième édition
23:43le prix concours des détenus
23:44dont on parlera
23:45dans une autre vidéo
23:46très prochainement
23:47je vous fais un teasing de fifou
23:49mais en tout cas
23:49petite anecdote
23:50que je trouve rigolote
23:51quand on parle de classique
23:52qui en lit le plus
23:53et bien c'est la tranche d'âge
23:55des 15-24 ans
23:56d'après le CNL
23:57probablement parce qu'il y a
23:59les petites lectures obligatoires
24:00à l'école
24:00mais voilà en fait
24:02on lit pas forcément
24:02plus de classiques après
24:03ça me rappelle une intervention
24:05que j'ai fait une fois
24:06auprès de bibliothécaire
24:07qui disait justement
24:08les jeunes lisent pas de classiques
24:09et tout
24:09et j'ai eu mon côté
24:11un petit peu piquant
24:12un petit peu
24:12allez provocateur
24:13et j'ai dit
24:14vous monsieur
24:14c'est quand même la dernière fois
24:15que vous avez lu un classique
24:16et là énorme blanc
24:17donc en fait
24:18c'est vraiment
24:19que des trucs comme ça
24:20c'est que des
24:21un imaginaire
24:22qu'on se crée
24:23la littérature
24:24il faut lire des classiques
24:25et en fait juste
24:26lisez ce que vous avez envie de lire
24:28qui est-ce que ça va déroger
24:30enfin je sais pas
24:30vous êtes dans votre salon
24:31tranquille
24:32faites ce que vous avez envie de faire
24:33s'il y a un type de littérature
24:34qui est peut-être vue à la marge
24:35aujourd'hui
24:35ce serait la littérature
24:36Young Adult
24:37ou en tout cas
24:37c'était il y a quelques années
24:38aujourd'hui
24:39ce serait plus la New Romance
24:40et la Dark Romance
24:41les éditeurs l'oublient
24:43mais c'est uniquement
24:44le lecteur qui décide
24:45et c'est le lecteur
24:46qui définit la littérature
24:48puisque des livres
24:49qui ne vont pas se vendre
24:50même si ce sont des chefs-d'oeuvre
24:51il y a peu de chance
24:53voire
24:54sauf pour un Octave Mirbeau
24:55qu'il soit lu
24:56150 ans ou 100 ans après
24:57mais
24:58donc
25:00là ce qui est important
25:01c'est qu'on a une population
25:02de lecteurs aussi
25:04moi aussi
25:05j'essaie de me rajeunir
25:07mais qui
25:08justement
25:09est en train de redéfinir
25:10la proposition
25:12qu'il y a en librairie
25:13en rayon
25:13dit adulte
25:14puisque je ne parle plus
25:16Young Adult
25:16mais qui est en train
25:17de tout redéfinir
25:18par ses codes induits
25:21ses attentes
25:22en termes de
25:23tradition populaire
25:25et ça c'est
25:27à mon sens
25:28quelque chose
25:28qui est irrémédiable
25:29ça va s'étendre aussi
25:30et ça s'étend déjà aussi
25:32sur
25:32les succès
25:34ou les livres
25:34de littérature générale
25:36qui
25:36depuis quelques années
25:38sont en train de percer
25:39même dans des maisons
25:40je dirais
25:41très élitistes
25:42il y a ça
25:43il y a cette reconnaissance
25:44aujourd'hui
25:44par les lecteurs
25:46désormais
25:47il n'y a plus
25:49de distinguo
25:49pour eux
25:49ils ne distinguent plus
25:50la littérature
25:51dite noble
25:53ou générale
25:53de la littérature
25:55populaire
25:55ce qu'ils veulent
25:56maintenant
25:56c'est uniquement
25:57ce que
25:58Dumas voulait
25:59une machine
26:00une machine à rêve
26:01une machine à émotion
26:02mais en tout cas
26:03ce serait assez réducteur
26:04de dire que le livre
26:04est devenu un objet
26:05de distraction
26:06comme les autres
26:06puisqu'en fait
26:07comme on le voit
26:07dans les études
26:08les français
26:08les premières choses
26:09qu'ils vont lire
26:10ça va être
26:10pour s'instruire
26:11donc ça va être
26:11des lectures pratiques
26:12pour apprendre
26:13se cultiver historiquement
26:14ou scientifiquement
26:16et bien j'espère
26:16que cette vidéo
26:17vous aura plu
26:18et qu'on a largement
26:19exploré le sujet
26:20même s'il y a encore
26:20pas mal de choses
26:21à en dire
26:21mais voilà
26:22j'essaye de pas faire
26:23trop de redites
26:24avec d'autres vidéos
26:24que j'ai pu faire
26:25parce que sinon
26:26je vais rouler en boucle
26:27de dire juste
26:28lisez ce que vous voulez
26:29lire c'est bien
26:30c'est donc tout ce que j'avais
26:31pour vous aujourd'hui
26:32n'hésitez pas à vous abonner
26:34à la chaîne
26:34si c'est pas déjà le cas
26:35de mettre un petit like
26:37et de la partager
26:38c'est comme ça
26:38que ça se propage
26:39et en mode fin
26:40je dirais qu'il faut surtout
26:41savoir évoluer avec son temps
26:42on lit plus vraiment
26:43des classiques religieusement
26:44le terme de littérature populaire
26:46il ne fait plus vraiment sens
26:47mais avant de se quitter
26:48on va parler un petit peu
26:49chiffres avec Gled
26:50la première stratégie
26:51qui était de miser sur
26:52non pas un genre
26:54une monothématique
26:55et d'être sur une grande variété
26:57de genre et de population
26:58de lecteurs
26:59c'est un succès
27:00puisque nos quatre titres
27:02sont reconnus
27:04comme tels
27:05comme succès
27:05ou comme très bon texte
27:07par chaque communauté
27:09mais pas que
27:09parce qu'on voit aussi
27:10certains qui ne lisaient jamais
27:12par exemple
27:12de thrillers d'espionnage
27:14qui ne lisaient que de la romance
27:15et j'ai pu voir passer
27:16plusieurs avis
27:17qui disent
27:18ça me tente bien
27:19et qu'ils y vont
27:20donc je dirais que ça
27:22et notre diffusion
27:22nous le dit aussi
27:23par les retours des libraires
27:25ça c'est gagnant
27:26l'autre point
27:27c'est on va dire
27:28tout simplement
27:28est-ce que les livres se vendent
27:30les livres se vendent
27:32dans un marché très compliqué
27:33aujourd'hui
27:34on ne voit que
27:35les arbres qui cachent la forêt
27:36les titres qui vendent
27:37énormément énormément
27:38mais en fait
27:39de façon très générale
27:40il y a un tassement des ventes
27:42même sur tous les auteurs
27:43ultra best-sellers
27:44là nous
27:45en démarrant
27:46on a déjà
27:47je vais vous dire les chiffres
27:48pas de secret
27:49pour la petite histoire
27:51pour les lecteurs
27:51il faut savoir qu'il y a
27:52deux types de chiffres
27:53quand on est éditeur
27:54vous avez
27:54le chiffre qui paraît plus grand
27:56qui est le chiffre
27:57des livres qu'on a vendus
27:58aux libraires
27:59et qui sont sur le marché
28:01par exemple
28:02pour
28:02Butcher et Blackbird
28:04on en est à plus de 25 000
28:05voire 30 000 exemplaires
28:07et on a déjà vendu
28:09le livre s'est déjà vendu
28:10à plus de 15 000 net
28:12ça veut dire net sortie caisse
28:14je ne compte pas les e-books en plus
28:17qui se vendent bien aussi
28:19donc je dirais
28:20que pour un texte
28:22qui est un achat de droits étrangers
28:25différent de ce que l'on a
28:28c'est un succès
28:29les ventes sont constantes et stables
28:31pareil pour
28:32pour l'espionnage
28:34on est à plus de 15 000
28:36sur la facture
28:39en France
28:39pour le livre
28:40même presque 20 000 je crois
28:42et on est en train d'atteindre
28:44les 8 000 net déjà
28:45alors je le dis
28:47en moins de 4 mois
28:48et on est à plus de 1 500
28:49je crois en e-book
28:50je sais que les éditeurs
28:52n'aiment pas parler de chiffres
28:53et on leur dit toujours
28:54de ne pas parler des chiffres
28:55mais ça peut vous donner
28:57un peu l'arrière boutique
28:58et puis pareil
28:59le cosy lui
29:00alors lui
29:00explosion
29:01il est à plus de 8 000
29:03déjà
29:04il fonctionne tout seul
29:05il y a une grosse attente
29:06sur la suite
29:07je m'attendais
29:08à ce que ça fonctionne
29:09mais là ça fonctionne
29:10même mieux
29:11que certains
29:11je ne vais pas les citer
29:13certaines séries cosy
29:14que j'ai pu lancer
29:15au préalable
29:15qui sont des succès
29:17et alors
29:18pareil pour les petits secrets
29:20de Fabrique
29:21les éditeurs n'aiment pas trop
29:23les offices de début juillet
29:24parce qu'en fait
29:25la presse n'est plus là
29:26pour aider
29:27et on se dit
29:28c'est déjà fini
29:29c'est l'été
29:31en contraire
29:32moi je mise sur ça
29:33parce que je pense
29:34que les libraires
29:35attendent aussi
29:36ils se retrouvent
29:37sans nouveauté forcément
29:38et sans livres
29:39sur lesquels peut-être
29:40miser pour l'été
29:41j'ai fait ça
29:41pour Santa Montefiore
29:43pour le secret de Devereal
29:44et là
29:45en un mois
29:46je dirais
29:47que sur le mois de juillet
29:48on en a vendu
29:49plus de 4 500
29:50net
29:51pour on va dire
29:53des livres
29:54à plus de 15 000
29:55en France
29:56et ça continue
29:57évidemment
29:58il y en a plus
29:58désormais
29:59et ça se poursuit
29:59donc voilà
30:01pour vous donner
30:01la température
30:02la photo
30:03à l'instant T
30:04d'un label
30:06qui vient de se créer
30:06qui est tout frais
30:07parce que généralement
30:09dans
30:10quand on crée
30:11une ligne
30:12on se donne
30:13généralement
30:14un an au minimum
30:15pour commencer à voir
30:17si on est plutôt bien
30:18ou pas
30:19moi
30:19j'ai commencé
30:20à partir de juillet
30:21déjà à demander
30:22des bilans
30:23à me positionner
30:24en me disant
30:25qu'est-ce que j'ai mal fait
30:26qu'est-ce qui peut être améliorable
30:27est-ce que j'ai fait
30:28des bons choix
30:28pour les textes
30:29et autres
30:30et je voyais que tout s'alignait
30:31donc ça c'est des retours aussi
30:33que la diffusion nous dit
30:34les représentants
30:35les retours des libraires
30:36que je remercie ici aussi
30:37en même temps que les lecteurs
30:39mais
30:39mais oui
30:41maintenant
30:42c'est pas une science exacte
30:43l'édition
30:44on le voit
30:44même avec des grandes maisons d'édition
30:46il peut y avoir des grandes années
30:47et puis après des années moins fortes
30:49mais pour le coup
30:51je tiens à remercier
30:52profondément les lecteurs
30:54qui ont adhéré
30:56à cette idée un peu folle
30:58au départ
30:59de se dire
30:59qu'on pouvait faire autrement
31:01publier autrement
31:01la littérature populaire
31:02mais une chose est sûre
31:03c'est qu'il y a des livres
31:04qui vont traverser des époques
31:06parce qu'ils prennent des risques
31:07comme le disait Cécile
31:08et je pense que c'est potentiellement
31:09ces livres-là
31:10qui seront les classiques de demain
31:11merci infiniment
31:12au Label Verso
31:13d'avoir sponsorisé cette vidéo
31:14rien n'aurait été possible
31:15sans eux
31:16et j'ai été vraiment ravie
31:17de faire ce documentaire
31:18à leur côté
31:19donc n'hésitez pas
31:20il y a toutes les infos
31:21comme d'hab dans la description
31:22et puis moi
31:23je vous dis à très vite
31:23pour une prochaine vidéo
31:24allez salut