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  • il y a 3 jours
À l’instar de plusieurs dispositions de la loi Agec (anti-gaspi), la réglementation en France et en Europe devient de plus en plus exigeante sur la question de la traçabilité. Afin que la mode s’adapte, Trace For Good permet aux entreprises du secteur de remonter plus facilement leur chaîne de valeur. La marque Chantelle s’est emparée du dispositif pour améliorer sa transparence.

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Transcription
00:00Générique
00:00C'est le débat de ce Smart Impact, on parle de traçabilité dans le secteur de la mode avec Léa Gillet, bonjour.
00:12Bonjour.
00:12Bienvenue, vous êtes cofondatrice de Trace for Good, Grégory Darcy, bonjour.
00:16Bonjour.
00:16Le directeur du développement durable de Chantel, on va commencer par quelques mots de présentation.
00:21Trace for Good, c'est une plateforme de traçabilité, c'est ça ?
00:25Exactement.
00:25On existe depuis trois ans maintenant, on est une plateforme de traçabilité,
00:30donc un logiciel qu'on vend aux marques de mode et aux distributeurs.
00:35Et finalement, on est un catalyseur d'écosystèmes de confiance entre les marques et l'ensemble de leurs parcs fournisseurs,
00:41fournisseurs directs et indirects, et dans un second temps, les marques et les consommateurs finaux.
00:46Avec quels outils, si on rentre un peu plus dans le détail, pour éclairer à la fois les marques et les clients ?
00:52Oui. Donc on vend globalement un logiciel qui permet à la marque de suivre la récolte d'informations auprès de son parc fournisseur.
01:01Et donc il y a une deuxième plateforme qui est utilisée à titre gratuit par les fournisseurs en tant qu'invités.
01:06Globalement, c'est assez similaire à vous quand vous signez un document sur une plateforme comme DocuSign,
01:11de signature en ligne, sauf qu'en tant que fournisseur, on va demander à rentrer des audits de sites,
01:16des informations et non pas juste signer un document.
01:18Et la marque peut suivre ça en temps réel.
01:21Ça permet de remonter la chaîne de valeur d'une certaine façon.
01:23Exactement. Et ça se fait de manière récursive et automatique.
01:25On gagne beaucoup de temps. Je pense qu'on reviendra là-dessus.
01:28Et ensuite, on a différents modules que la marque peut décider de prendre ou pas,
01:32qui sont effectivement des fiches produits, des passeports digitaux,
01:34qui vont permettre de communiquer cette information aux consommateurs.
01:38Chantel, marque iconique. Grégory Darcy, tiens, qui existe depuis combien de temps ?
01:42La marque devrait fêter ses 150 ans dans pas très très longtemps.
01:48Le groupe, en fait, c'est encore un groupe familial.
01:51Donc ça, c'est un point extrêmement important, en fait, dans le microcosme du textile amiement mondial.
01:56On est une marque qui englobe différents segments,
02:00qui sont portés par la marque Ombrelle Chantel, au travers des marques Chantel X, Chantel Pulp, Chantel Easy Film, etc.
02:07Mais aussi d'autres réseaux de distribution en France, comme Darjeeling, aux Pays-Bas comme l'Ivera,
02:13ou au Danemark comme Feminette.
02:15On est aussi fortement vendeurs au travers de réseaux wholesale,
02:20c'est-à-dire les grands magasins, par exemple, ou les distributeurs en ligne.
02:24Et la dernière particularité du groupe, c'est que nous sommes un groupe industriel.
02:29Nous détenons encore des usines qui nous permettent de fabriquer, en fait, la Corset.
02:33J'ai vu huit filiales industrielles, c'est ça ?
02:35Tout à fait. On est présent au Maghreb, en Tunisie, au Maroc, on est présent en Thaïlande,
02:39on est présent au Vietnam, mais aussi, historiquement, dans une usine qui se situe à Épernay,
02:44donc à côté de Reims, où on continue à employer une centaine de collaborateurs.
02:47Et donc cet enjeu de la traçabilité, pourquoi il est majeur pour vous ?
02:51Alors, pourquoi il est majeur ?
02:53En fait, c'est parti d'un constat d'abord d'honnêteté.
02:56On est une société qui a une histoire.
02:59Pour être honnête, en fait, il faut être transparent.
03:02Et on ne peut pas imaginer la transparence sans traçabilité.
03:05On ne peut pas imaginer travailler sur deux piliers qui sont, en fait, au cœur de notre stratégie,
03:11qui sont les piliers sur la culture, sur la nature, donc la réduction d'impact environnemental,
03:15ou la connaissance des conditions de travail sur notre chaîne d'approvisionnement,
03:19sans pour autant être en capacité d'être traçable.
03:22On peut travailler avec notre sphère d'influence, c'est-à-dire les fournisseurs avec lesquels on a nos contrats directs,
03:26nos fabricants de matériaux, nos fabricants, en fait, confectionneurs,
03:30lorsqu'on n'est pas en capacité technique de faire le produit.
03:32Mais derrière, on a besoin de leur aide et de l'outil Trust for Good pour remonter la chaîne
03:37et s'assurer, en fait, de ces conditions tout au long de cette voie.
03:40Quels sont les agilés, les risques, si on inverse, à ne pas mettre en place ce processus de traçabilité ?
03:46Le risque principal pour une marque, ça va vraiment être le risque d'image.
03:49S'il y a un scandale social, environnemental ou sanitaire qui a lieu,
03:53ça crée une grande défiance chez les consommateurs,
03:55qui peut avoir ensuite des conséquences à long terme sur l'image de marque et les ventes.
04:01Il y a aussi un risque de non-conformité réglementaire.
04:04Il y a pas mal de réglementations qui sont entrées en vigueur en France,
04:07qui arrivent en France, dans l'Union européenne, ailleurs dans le monde.
04:11Et aujourd'hui, il faut savoir que les sanctions financières liées à ces réglementations
04:14s'expriment de plus en plus en pourcentage du chiffre d'affaires.
04:17Donc on commence à parler de sommes qui sont potentiellement importantes.
04:21Et sans parler, au-delà de ces sanctions, de ces amendes,
04:24il y a aussi des restrictions commerciales possibles,
04:26comme le retrait de produits, le blocage à l'export.
04:30Donc voilà, ce sont les risques principaux pour les marques.
04:32Qu'est-ce qui vous a poussé à investir sur la traçabilité ?
04:35Et en quoi l'outil Trace for Good vous facilite la vie, en quelque sorte ?
04:39Alors, ce que Léa a évoqué juste avant, on a le socle.
04:43Le socle, c'est la réglementation. Mais ce n'est pas suffisant.
04:47Il y a la manière avec laquelle, potentiellement, nos parties prenantes vont l'interpréter.
04:51Alors, quand je parle de parties prenantes, par exemple, si je prends une directive au niveau européen,
04:54chaque état brand est en capacité de le transposer dans son droit national avec certaines petites variantes.
05:00Avec des subtilités dont il faut tenir compte.
05:02Exactement. Et puis, comme je l'évoquais juste avant, on est vendeur en B2B.
05:09Derrière, chacun des clients va construire sa propre stratégie,
05:12avec peut-être une partie de ce socle, mais aussi des valeurs ajoutées.
05:16Et donc, on construit à partir de la réglementation.
05:19Et ensuite, on va tirer, notamment sur le calcul d'empreintes environnementales dans notre cas.
05:25Et puis, peut-être qu'on reverra en détail plus tard ce à quoi ça correspond.
05:29Et puis, cette notion de risques sociaux sur notre chaîne d'approvisionnement.
05:34Sans outils, en fait, comme celui de 134Good, on est un peu en incapacité de le faire à chaque récurrence,
05:41c'est-à-dire à chaque collection. Chaque six mois, en fait, on renouvelle au moins 50% de nos produits.
05:46Ces obligations réglementaires, il y en a des nouvelles. En quoi elles pèsent ?
05:50Ou d'ailleurs, ça peut être un aiguillon de progrès. On n'est pas forcément négatif.
05:53Alors, effectivement, on entend beaucoup de détracteurs qui disent « elles pèsent ».
05:57On a vu, en fait, le rapport de Mario Draghi à la fin de l'été dernier.
06:02On a vu, en fait, la manière avec laquelle les représentants au niveau européen ont validé dans les paquets Omnibus
06:09un report de la réglementation sur le reporting CSRD, c'est-à-dire le reporting extra-financier.
06:14La même chose pour le devoir de vigilance.
06:17Malgré tout, en fait, on ne peut pas s'arrêter.
06:19Nous, dans notre cas, on est soumis au reporting extra-financier depuis sept ans ou huit ans.
06:24Nos parties prenantes, par exemple, les investisseurs et les banques avec lesquelles on travaille
06:28ne seraient pas en capacité de comprendre pourquoi.
06:31Parce que la réglementation a arrêté.
06:33Je ne suis plus transparent.
06:35Et donc, je ne partage plus mes avancées sur mes ambitions de réduction d'impact environnemental ou social.
06:41Il y a un risque pour la marque employeur ou la marque vis-à-vis des clients qui est trop important, finalement.
06:48Les deux, effectivement.
06:48On peut dire les deux.
06:51C'est une masse, parce qu'on a fait beaucoup de débats sur la CSRD, le bilan extra-financier ici,
06:55mais c'est une masse d'informations qui est vraiment importante, nécessaires pour les marques, pour les entreprises de la mode,
07:05pour se conformer, finalement, à ce bilan extra-financier.
07:07Oui. Donc, effectivement, on permet de collecter une grande quantité d'informations.
07:12C'est pour ça qu'on a besoin de systèmes qui automatisent ça et qui a un vrai sujet de traitement de données à grande échelle
07:18et que ça ne peut pas se faire manuellement.
07:19Globalement, il y a deux types d'informations qu'on va collecter pour des besoins complémentaires, mais quand même distincts.
07:25Il va y avoir des données extrêmement granulaires sur chaque référence produit, voire chaque bond de commande,
07:30puisqu'on peut avoir du multisourcing ou des réassorts.
07:35Et donc, cette information, ça va être de l'information granulaire au niveau du produit.
07:38Les différentes usines dans lesquelles ont eu lieu chaque étape de transformation,
07:43l'origine de chaque fibre qui compose le produit, chaque composant du produit,
07:47ça, ça va servir plutôt pour des obligations réglementaires.
07:51La loi AGEC aujourd'hui en France, demain, le passeport produit digital au niveau européen.
07:55Et ça va permettre d'avoir des fiches produits accessibles aux consommateurs.
07:58Il faut savoir que ces fiches produits, c'est une méthodologie nécessairement restrictive
08:02et que le consommateur, il passe 3 à 4 secondes.
08:05Donc ensuite, il y a un niveau d'information qui est plutôt au niveau de l'entreprise
08:10qu'on va chercher à obtenir et non pas du produit,
08:13et qui va être le résultat d'une analyse un peu plus systémique.
08:15Par exemple, l'étude de tout le parc fournisseur et quels sont mes risques principaux.
08:20Et c'est vraiment ce niveau d'information qui va être intéressant pour le consommateur
08:24et qui va permettre de donner de la consistance au discours de la marque
08:28et de lui permettre de ne pas tourner vers le greenwashing.
08:31Est-ce que ça permet aussi de lever des lièvres ?
08:33Vous voyez ce que je veux dire ?
08:34En quoi cette traçabilité, ça vous a permis d'être peut-être plus précis dans votre stratégie RSE,
08:41de se dire « Ah ben tiens, là, il y a quelque chose qu'on peut améliorer ».
08:44Alors là aussi, on a une certaine particularité au sein du groupe Chantel,
08:48c'est qu'on est industriel.
08:49Donc on a déjà une sphère d'influence qui est plus lointaine qu'une partie de nos confrères.
08:54Quand je parle de sphère d'influence, je parle des fournisseurs avec lesquels on travaille.
08:57Quand on confectionne les produits, on achète directement nos matériaux,
09:00ce qui correspond déjà au rang 2 de la traçabilité.
09:03On a appris en fait par ces processus à identifier potentiellement les loups dont vous parlez,
09:09à savoir la teinture n'est pas faite par mon fournisseur,
09:12elle est faite par un sous-traitant et je le découvre a posteriori.
09:16Ça en fait, on a pu le tester.
09:18On a pu le tester notamment avec notre parc de fournisseurs,
09:22mais ensuite on l'a déployé avec notre parc de confectionneurs
09:25qui eux-mêmes sont allés chercher l'information auprès de leurs fournisseurs.
09:28Et là, on s'est rendu compte en fait que c'était extrêmement lourd
09:31parce qu'on travaille avec des tableaux Excel, parce qu'on travaille avec des e-mails,
09:34parce que même si on engage nos fournisseurs,
09:36et ça c'est une étape extrêmement importante,
09:38leur faire comprendre quand ils sont de l'autre côté de la planète,
09:41pourquoi on va leur demander ce niveau d'information
09:43et pourquoi on est aussi intrusif en fait dans leur quotidien d'industriel,
09:48on va avoir un niveau d'information qui va être lourd à traiter.
09:54Et donc sans la possibilité d'avoir une plateforme
09:56qui va nous permettre de réitérer rapidement en fait ces requêtes auprès de nos fournisseurs,
10:01on peut passer à côté, on peut passer à côté de loups,
10:04on peut passer à côté de risques donc extra-financiers
10:07qui pourraient être pointés par quelle association,
10:10quelle ONG ou quel autre parti.
10:12– Ça veut dire que cette numérisation ou digitalisation de la traçabilité,
10:19c'est un outil d'accélération de la transformation de l'univers de la mode aujourd'hui ?
10:25Vous le ressentez vraiment ça ?
10:26– Effectivement nous notre mission c'est de donner les moyens aux professionnels engagés
10:31comme Grégory de vraiment changer leur entreprise.
10:35Donc Grégory le disait, sans solution de traçabilité,
10:38on a des améliorations ponctuelles de processus,
10:41des petites améliorations incrémentales mais pas de vraie vision de la data gouvernance.
10:46Donc c'est des heures passées pour chaque collection
10:48sur des tableaux Excel hyper volumineux,
10:52des relances manuelles auprès des fournisseurs
10:54et finalement beaucoup de temps perdu et d'énergie par les équipes.
10:57Nous ce qu'on va permettre de faire c'est d'automatiser toutes ces requêtes
11:01que ce soit plus simple pour les marques et pour les fournisseurs.
11:03– Ça veut dire qu'il faut qu'elles l'intègrent totalement à leur processus de fonctionnement quotidien en fait,
11:10c'est ça ce que je comprends.
11:11– Oui tout à fait, ça c'est une contrainte quand même.
11:13– Ou alors c'était déjà plus ou moins intégré chez certaines de ces fournisseurs.
11:19– Il y a une transformation à mettre en place,
11:21de même qu'il y a 10 ans il y a eu un vrai sujet sur la data client pour les sujets marketing,
11:26aujourd'hui il y a une vraie révolution avec la data fournisseur
11:29et les marques qui seront leaders, c'est celles justement qui maîtrisent cette information
11:34et peuvent faire de la traçabilité un élément qui a un retour sur investissement intéressant
11:39et pas seulement un peu ce deux coups.
11:40– Merci beaucoup, merci à tous les deux et à bientôt sur Be Smart for Change.
11:45On passe tout de suite à notre rubrique « Prêt pour l'impact ».
11:48– Sous-titrage Société Radio-Canada

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