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00:00A 9h moins 10, j'accueille maintenant Emmanuelle Ducrot. Bonjour Emmanuelle.
00:03Bonjour Alexandre, bonjour à tous.
00:05Qu'est-ce qu'être une femme au Royaume-Uni ?
00:07Il a fallu aller jusqu'à la Cour suprême pour voir cette question apparemment banale, trouver une réponse.
00:13Oui, je vais décevoir les auditeurs d'Europe 1 ce matin, pas de révélation ici, la réponse est incroyablement terre à terre.
00:20La décision de cette Cour est que les termes « femme » et « sexe » se réfèrent à une femme biologique et au sexe biologique.
00:26C'est ce que dit la décision de justice britannique.
00:28Autrement dit, une femme est un humain adulte biologiquement femelle et rien d'autre.
00:33C'est tout simplement la définition du dictionnaire Emmanuelle.
00:37Pourquoi la Cour suprême du Royaume-Uni a-t-elle dû se prononcer sur cette question ?
00:41Ça paraît fou effectivement qu'on dépense des ressources publiques, du temps et de l'argent pour une question dont la réponse semble tomber sous le sens.
00:48Mais le moment est important au Royaume-Uni parce qu'il clôt un conflit violent entre le gouvernement écossais et des associations de femmes qui durent depuis 2018.
00:56La jeunesse de cette histoire, c'est qu'en 2010, l'Écosse avait promulgué une loi sur l'égalité de genre.
01:02Et ce texte posait que si une femme transgenre, c'est-à-dire un homme biologique, se déclare en femme, avait obtenu un certificat de reconnaissance de genre,
01:10il était considéré comme une femme et il avait les mêmes droits et les mêmes protections que les femmes de naissance.
01:16De quoi révolter toute une partie des féministes écossaises, britanniques.
01:22Oui, parce que l'apparent progressisme de la loi écornait concrètement les droits des femmes biologiques dans beaucoup de domaines.
01:29Elles voyaient des hommes biologiques devenus femmes leur ravir des espaces, des places, des formations, entrer dans leur vestiaire au motif qu'ils se déclaraient femmes.
01:37Et ça avait fini par effacer les femmes de leur combat au profit de ce qui était en fait un combat de militants trans.
01:45Un cas avait particulièrement choqué, celui d'un violeur condamné qui avait fait reconnaître qu'il était une femme pour intégrer une prison pour femmes,
01:53ce qui mettait en danger les femmes biologiques qui s'y trouvaient.
01:56La Cour suprême britannique a dit stop.
01:58Elle explique que la loi écossaise provoque trop d'incohérences et qu'elle ne permet pas de protéger spécifiquement les femmes.
02:05La décision a été expliquée comme un recul des droits des personnes trans.
02:09Oui, notamment dans la presse française qui a choisi cet angle un peu étrange plutôt que d'y voir la défense du droit des femmes, sujet devenu tabou voire transphobe.
02:17Alors la Cour suprême rejette ce recul du droit des trans.
02:20Les lois antidiscrimination qui les protègent, du harcèlement ou qui garantissent leur droit à la transition continuent de s'appliquer.
02:26Simplement, pas au détriment des femmes.
02:28La chef de l'opposition écossaise a eu cette formule.
02:31Dire que les femmes trans sont des femmes, ça n'a jamais été vrai dans les faits et ça ne l'est plus non plus en droit.
02:39Et c'est énorme parce que cette simple phrase aurait pu, il y a peu, lui valoir une condamnation.
02:44Est-ce qu'on sait ce que ça peut changer concrètement ?
02:45Oui, en fait, beaucoup de choses sont clarifiées.
02:47Ça va changer des choses dans les hôpitaux, les services de santé, notamment reproductives.
02:52Dans les refuges pour femmes victimes de violences, les prisons dont j'ai parlé,
02:55les juges affirment qu'il est légal d'en exclure les femmes transgenres si c'est proportionné.
03:01Ça aura aussi une influence sur les conseils d'administration soumis à parité.
03:05Nommer une femme transgenre, ce n'est pas, selon la Cour, comme nommer une femme.
03:09Typiquement, une situation où la lutte contre les inégalités qui touchent les femmes
03:13entrait en contradiction avec la loi pour l'égalité des genres.
03:18L'arrêt mentionne aussi l'armée.
03:20Les clubs unisexes, c'est important au Royaume-Uni comme champ d'action de sa décision.
03:23Et ça pourrait aussi mettre un terme à la participation des femmes transgenres
03:27dans les événements sportifs féminins, tout au moins au Royaume-Uni.
03:31Emmanuel Ducrot, signature Europe 1. Merci Emmanuel.