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00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro. Bonjour Alexis Brézet.
00:04Bonjour Alexandre, bonjour à tous.
00:07Entre la France et l'Algérie, la crise est donc repartie de plus belle.
00:10On l'examine évidemment sous l'angle de ses conséquences diplomatiques.
00:14Mais est-ce que vous pensez, Alexis, qu'elle aura également des conséquences politiques ?
00:18Évidemment Alexandre, elle ne peut pas ne pas en avoir.
00:22De la même façon qu'aucun sujet en Algérie n'est plus politique que la relation avec la France,
00:28aucun sujet en France n'est plus politique que la relation avec l'Algérie.
00:33Parler de la France à un Algérien, il vous répondra aussitôt colonisation.
00:37Parler de l'Algérie à un Français, il entendra immigration.
00:41Pas seulement parce que l'Algérie est la première source d'immigration dans notre pays,
00:45mais aussi parce que du fait de l'histoire et de la tournure des événements récents,
00:49l'Algérie concentre, symbolise, résume toutes les angoisses collectives
00:55et par contre-coup les attentes politiques qu'une immigration incontrôlée
00:59et culturellement éloignée fait naître chez les Français.
01:02Donc, tout ce qui concerne l'Algérie a et aura des conséquences politiques.
01:09Alors lesquelles ? C'est trop tôt pour le dire, l'histoire n'est pas finie.
01:12Selon que l'opinion aura le sentiment que la France est enfin respectée
01:16ou bien qu'elle est une fois encore passée sous le tapis,
01:19les répercussions politiques ne seront évidemment pas les mêmes.
01:23Mais enfin, on peut déjà en tirer une conclusion provisoire.
01:27S'il en est un, pour l'heure, à qui la citation profite, c'est Bruno Retailleau.
01:31Parce que la ligne qu'il incarne, celle de la fermeté, a triomphé ?
01:34Disons plutôt, Alexandre, que la ligne qu'on lui opposait,
01:38celle de la conciliation, laquelle Emmanuel Macron et Jean-Noël Barrault
01:41ont longtemps cru ou longtemps voulu croire,
01:44eh bien, elle a spectaculairement échoué.
01:47Il y a une petite semaine, Bruno Retailleau, reconnaissons-le,
01:51était dans une situation politique délicate.
01:53Critiqué dans les médias, marginalisé par l'Elysée,
01:56jugé trop dur par la gauche, trop mou par la droite,
01:59il était à la merci d'un accord mal taillé avec l'Algérie
02:03qui, en contrepartie d'une libération de Boalem Sansal,
02:08aurait cédé sur tout le reste,
02:10les OQTF, les visas, l'immigration.
02:13Par humanité, le ministre de l'Intérieur aurait bien dû le soutenir,
02:16mais enfin, le bénéfice de cet arrangement aurait été inscrit à l'actif d'Emmanuel Macron,
02:21tandis que les concessions auraient été vécues par les électeurs de la droite
02:25comme autant de trahisons.
02:27Bon, il est clair que ce scénario n'est plus à l'ordre du jour.
02:31Alors, malheureusement pour Boalem Sansal,
02:33serait-on tenté de dire,
02:34enfin, même si sa libération qui n'était pas garantie hier n'est pas impossible demain,
02:39et on pourra dire alors que c'est à la fermeté de Bruno Retailleau qu'on la doit.
02:44Pour le ministre de l'Intérieur,
02:45d'ores et déjà, le gain politique est évident.
02:49Puisque l'Algérie, dans l'esprit des gens, c'est l'immigration,
02:51le simple fait qu'il soit la cible officielle du pouvoir algérien,
02:55fait mécaniquement de lui le porte-drapeau de la lutte anti-immigration.
02:59Et pour la suite des choses, et chacun pense à l'élection présidentielle,
03:03c'est un argument qui peut compter.
03:05A condition, bien sûr, qu'un nouveau revirement d'Emmanuel Macron
03:09ne vienne pas tout ruiner d'ici là.
03:11Mais parce que vous pensez, Alexis, que le président peut encore changer d'avis ?
03:15On a bien compris qu'il ne s'était converti à la politique de fermeté
03:19que contraint et forcé,
03:21sans doute lorsqu'on lui a mis sous le nez le CV des diplomates,
03:25entre guillemets algériens, que nous avons finalement expulsé.
03:28Mais bon, il rêve toujours d'une miraculeuse réconciliation.
03:32Donc il va devoir choisir.
03:34Soit il assume l'épreuve de force jusqu'au bout.
03:37Depuis les restrictions sur les visas,
03:39jusqu'à la suspension du traité franco-algérien de 1968,
03:43en passant, s'il le faut, par la rupture des relations diplomatiques.
03:47Soit, comme tant de fois,
03:49il retombe dans les petites combinaisons, les grandes illusions,
03:53et s'accommode une pseudo-réconciliation qui ne changera rien à rien.
03:58Si c'est le cas, Bruno Retailleau, alors,
04:01n'aura d'autre choix que de claquer la porte du gouvernement.
04:05Et il pourra remercier Emmanuel Macron
04:07de lui avoir offert le plus beau des motifs de rupture.
04:11L'édito politique sur Europe 1.
04:13Merci Alexis Brézé.
04:14La une du Figaro ce matin.
04:16Crise avec l'Algérie.
04:18La ligne Retailleau s'impose à Macron.
04:20Merci.
04:21Merci.
04:22Merci.
04:23Merci.
04:24Merci.