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  • il y a 6 jours
Avec Maurice Signolet, commissaire divisionnaire honoraire, auteur de "La police ne peut plus rien pour vous" éd. L'Artilleur

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##LE_FACE_A_FACE-2025-04-15##

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Transcription
00:00Léo Bercov dans tous ses états, le face-à-face.
00:05Le face-à-face, on a failli mettre, Maurice Yonnellet, la chanson de Renaud,
00:11« J'ai embrassé un flic entre Bastille et République ».
00:16Un face-à-face, effectivement, avec un livre, vraiment, que j'ai lu avec beaucoup, beaucoup d'intérêt, plus que ça.
00:25Maurice Yonnellet, vous êtes commissaire divisionnaire honoraire, 40 ans dans la police,
00:31et vous venez de sortir un livre qui s'appelle, et déjà le titre interpelle, bien sûr,
00:38« La police ne peut plus rien pour vous ».
00:41Un titre qui, c'est pas un titre, je dirais, sans couleur, c'est pas un titre indifférent.
00:51Et vous racontez, dans cet ouvrage, vos 40 ans, effectivement, de métier.
00:58Je crois que vous racontez, d'ailleurs, à la fin, le 31 décembre 2013,
01:02vous avez rangé la clé dans la boîte aux lettres, la clé de votre bureau,
01:07et vous parlez, vraiment, dans ce livre, de toute votre expérience, etc.
01:12Mais ce qui est intéressant, notamment, et je ne dis pas que le reste n'est pas intéressant,
01:16mais vous ne faites pas les grands exploits, des grands flics avec qui j'ai eu telle ou telle arrestation,
01:21tel ou tel exploit, tel ou tel...
01:24Vous parlez, et justement, ça nous concerne tous, la police.
01:29Comment la police a changé en 40 ans et plus ?
01:33Comment le système fonctionne aujourd'hui ?
01:36Beaucoup de questions à vous poser.
01:38Et d'abord, effectivement, comme vous dites, vous êtes à la retraite,
01:42et ça vous donne la liberté de ne plus être dans l'obligation du devoir de réserve, bien sûr.
01:51Alors, Maurice Signolet, au fond, d'abord, vraiment, vous demandez, pourquoi ce titre ?
01:58Pourquoi ? Parce que c'est quoi ? C'est un constat d'échec ?
02:01C'est un constat de se dire, bon, c'est fini, vous n'êtes plus protégés, les citoyens,
02:06alors que c'est le devoir premier de l'État régalien de protéger ces citoyens.
02:12Je rappelle que c'est pour ça que la police et l'armée a la violence légitime et le port d'armes.
02:16Donc, pourquoi ce titre ?
02:18D'abord, je vous remercie de m'avoir invité,
02:20et puis, comme vous l'avez dit, je suis à la retraite,
02:24c'est le privilège de l'âge, on a une liberté d'expression.
02:27J'ai voulu que le titre soit percutant, c'est un peu un cri d'alerte,
02:31ce n'est pas du tout nostalgique non plus,
02:35c'est simplement pour expliquer que la police est l'un des vecteurs essentiels
02:39de la lutte contre la criminalité,
02:41et qu'il faut savoir comment elle fonctionne,
02:44pour savoir si elle est vraiment adaptée à la situation d'aujourd'hui.
02:48Tout le monde parle de l'ensauvagement,
02:51d'insécurité,
02:53c'est dans tous les événements que l'on connaît aujourd'hui,
03:00c'est une litanie de faits divers terribles,
03:03mais personne ne s'interroge pour savoir si les forces de police,
03:07de gendarmerie, sont en adéquation avec les attentes de nos concitoyens.
03:13Alors ?
03:14Apparemment, on en parle quand même,
03:16parce que beaucoup disent qu'elles ne sont plus en adéquation,
03:20à temps de avoir raison.
03:21Ce que je veux dire, c'est que jusqu'à présent,
03:24la grande majorité de mes collègues,
03:25lorsqu'ils prenaient la plume,
03:27c'était pour relater des faits divers tragiques,
03:30toujours en se mettant en scène d'ailleurs,
03:32on avait l'impression que c'était grâce à eux que l'affaire sortait,
03:34c'était toujours grâce à leur implication.
03:37J'aurais pu faire ça,
03:38j'ai été à la brilade criminelle,
03:40j'ai été à la brilade des stupéfiants,
03:41j'ai été beaucoup en police judiciaire,
03:44mais également beaucoup en sécurité publique,
03:46dans le 93, en l'occurrence,
03:49où l'on est sous bois, au Bervilly,
03:50vous voyez, des grandes villégiatures,
03:55je pourrais dire.
03:57Et je me suis bien gardé de tout ça,
03:59parce que je trouve que, d'abord,
04:00c'est un peu impudique,
04:01et que je pense qu'il faut avoir de la retenue.
04:04Par contre, je me suis dit
04:06que si je relatais au quotidien,
04:08d'ailleurs mon ouvrage,
04:10du premier jour où je suis rentré dans la police,
04:12jusqu'au dernier jour,
04:13je relate à peu près tout.
04:14Mais ce qui se passe dans les commissariats,
04:17comment ça fonctionne,
04:18cette dimension affective que l'on doit avoir,
04:22qui est absolument nécessaire dans ce métier-là,
04:25et je me suis dit,
04:26peut-être que les gens, petit à petit,
04:28au fil de la lecture,
04:30au lecteur, en fin de compte,
04:32de décrypter ce changement sociologique
04:34qu'il y a eu dans la police nationale.
04:36C'est une institution qui est en perpétuelle évolution,
04:38mais là, elle s'est vraiment calquée
04:42sur l'évolution,
04:44dans le mauvais sens du terme,
04:46de la société,
04:48et a perdu un petit peu de son âme.
04:51Alors justement,
04:52je voudrais qu'on fasse le bilan et l'inventaire,
04:54et surtout pour parler d'aujourd'hui et de demain.
04:56Mais c'est très important,
04:58très intéressant,
04:59parce que vos témoignages,
05:00vous avez été homme d'action,
05:01vous avez été sur le terrain,
05:03pendant 40 ans,
05:04et à tous niveaux,
05:06d'abord,
05:06vous avez gravi les échelons,
05:08jusqu'à devenir commissaire divisionnaire,
05:11vous avez commencé à la base,
05:13et au fond,
05:14si je vous demandais vraiment,
05:16qu'est-ce qui a fondamentalement changé
05:18entre les commissariats des années 80,
05:2173, 80,
05:24puisque vous êtes allé,
05:26grosso modo,
05:26sur en 13 à 2013,
05:28si on reprend les 40 ans.
05:30Qu'est-ce qui a été,
05:33qu'est-ce qui s'est fait,
05:35et qu'est-ce qui s'est perdu,
05:37Maurice Ignolet ?
05:39Auparavant,
05:41la mission primait,
05:45et tout s'organisait autour de la mission.
05:47Si vous voulez,
05:47c'était la mission qui dictait
05:49les impératifs de fonctionnement.
05:5140 ans plus tard,
05:52c'est l'inverse qui se passe.
05:54Alors la mission, c'est quoi ?
05:55La mission de sécurité,
05:56avec ses impératifs,
05:58de disponibilité,
06:00de dévouement,
06:00on ne comptait pas les heures,
06:03par exemple,
06:03vous voyez,
06:04il y avait un investissement
06:05qui était énorme,
06:05avec très très peu de moyens.
06:07Justement,
06:08je pense que le manque de moyens
06:10nous forçait à nous adapter
06:12et à nous investir humainement,
06:14beaucoup plus qu'aujourd'hui.
06:15Aujourd'hui,
06:16la différence,
06:17elle est notable,
06:18c'est-à-dire qu'on va moduler
06:19la mission
06:20en fonction des velléités
06:22des fonctionnaires.
06:23Et en définitive,
06:25il y a une disparition
06:27de l'investissement
06:28qui est notable.
06:30Justement parce que,
06:32avec l'évolution de la société,
06:34les impératifs des fonctionnaires
06:36vont primer sur la mission.
06:38Et on va finir par la moduler.
06:40Et au bout du compte,
06:41on va s'apercevoir que
06:42la mission,
06:43je ne veux pas dire
06:43qu'elle devient accessoire,
06:45mais qu'elle perd dans sa qualité.
06:47Vous voulez dire qu'en fait,
06:49avant,
06:49on était prêt à se sacrifier,
06:51enfin se dévouer
06:53je dirais un peu
06:54corps et âme à la mission,
06:55à la mission de sécurité,
06:56à la mission de remplir,
06:59d'avoir les coupables,
07:00enfin de rendre,
07:01je dirais,
07:02la justice sur le terrain
07:03parce que c'est vous aussi
07:04qui quelque part,
07:06en tout cas,
07:07intervenez.
07:08Et maintenant,
07:08c'est quoi ?
07:09Qu'est-ce qui a fait
07:09ce changement ?
07:11C'est quoi ?
07:12C'est le chiffre ?
07:13C'est la fonctionnalisation ?
07:16C'est la normalisation ?
07:17C'est les normes ?
07:18C'est quoi ?
07:19Tout est lié.
07:20Il y a eu un changement
07:21sociologique profond
07:22dans le recrutement.
07:25Le gardien de la paix
07:26d'il y a 40 ans,
07:27c'est quelqu'un
07:28qui n'avait pas fait d'études.
07:30C'est-à-dire que
07:30la nuance est importante,
07:32il n'avait pas pu
07:32faire d'études.
07:33Vous voyez ?
07:34C'est tout à fait différent.
07:35Donc,
07:36pour lui,
07:36entrer dans la police,
07:38il voulait quitter
07:38l'usine,
07:40les champs,
07:41voir les dom-toms.
07:42J'ai connu beaucoup
07:42d'Antillais et Guadeloupéens
07:44qui venaient.
07:45Il y avait donc
07:45une élévation
07:46au niveau social
07:48qui était...
07:49Il n'avait pas fait d'études ?
07:50Il n'avait pas pu faire d'études.
07:51Ce qui ne voulait pas dire
07:52qu'il n'y avait pas
07:52une intelligence sous-jacente.
07:54C'est tout à fait différent.
07:56Et donc,
07:56entrer dans la police,
07:58c'était une élévation sociale.
08:00Une promotion sociale.
08:01Oui, une promotion sociale.
08:03Qui plus est,
08:04c'était un métier d'homme.
08:05Je suis désolé
08:06de devoir le dire.
08:07Mais quand je suis rentré
08:08dans la police,
08:09les affiches étaient
08:09la police,
08:10un métier d'homme.
08:12Avec en plus,
08:13tout le monde avait fait...
08:14Alors qu'aujourd'hui,
08:15ce serait sexy,
08:16c'est-à-dire ça.
08:16Ah oui,
08:17je pense que là,
08:18je vais faire bondir
08:19beaucoup d'auditeurs.
08:20Mais en plus,
08:22tout le monde avait fait
08:23son service militaire.
08:24Donc on avait un sens
08:25de la hiérarchie
08:26très prononcé.
08:28Et comme il y avait
08:28un manque de moyens terrible,
08:30dans un commissariat parisien,
08:32il y avait un quart police secours.
08:34Vous voyez,
08:35c'était...
08:35En tout ?
08:36Oui, bien sûr.
08:37Ce qui fait que
08:38énormément de déplacements
08:40se faisaient pédestrement.
08:41Et ça donnait une visibilité
08:42des forces de l'ordre
08:43qu'on ne connaît plus aujourd'hui.
08:45j'ai l'habitude de dire
08:47que la police aujourd'hui
08:49n'occupe plus l'espace public,
08:51elle l'emprunte.
08:52D'ailleurs,
08:52il suffit de le voir.
08:53Ça passe à fond la caisse
08:54en deux tons gérophards.
08:56Alors qu'auparavant,
08:57avant qu'il y ait
08:58ce fameux oise,
09:00il suffisait de chercher
09:01un gardien de la paix.
09:02Visuellement,
09:03on en voyait un.
09:04Il vous sortait son bitumard
09:05qu'on disait à l'époque
09:06et il vous donnait
09:07l'adresse que vous cherchiez.
09:09Donc vous voyez que...
09:10Oui,
09:10on nous met en Aways GPS.
09:12Voilà, c'est ça.
09:13Il n'y a plus de ci, quoi.
09:13Voilà, c'est ça.
09:14Exactement.
09:15Donc il y a eu
09:16un changement sociologique profond.
09:18Petit à petit,
09:18tout s'est délité.
09:19Et dans mon livre,
09:21je mets également énormément
09:22en cause la hiérarchie.
09:25Il y avait auparavant,
09:26lorsque je suis rentré,
09:27on avait un commissaire de police,
09:29on appelait ça un patron,
09:30un taulier.
09:31C'était quelqu'un
09:32qui savait de quoi il parlait.
09:34Il faisait autorité.
09:36Vous voyez ?
09:37Sa compétence n'était pas...
09:40L'autorité était là,
09:41était présente.
09:41Il faisait autorité.
09:43Toute la hiérarchie faisait autorité.
09:45Du brigadier-chef
09:46à l'officier,
09:48à l'inspecteur divisionnaire,
09:49au commissaire,
09:50on savait d'emblée
09:52qu'il y avait une compétence derrière.
09:55On est passé
09:55d'une hiérarchie de compétence
09:57à une hiérarchie d'obéissance.
09:59Et ce n'est pas du tout
10:00la même chose.
10:01On voit bien que
10:01le sens du service public,
10:03c'est d'éliter
10:04au profit d'enjeux de carrière
10:06pour les uns,
10:07pour les autres,
10:08et tout ça est bien dommageable.
10:09Mais alors,
10:10qu'est-ce qui a fait ça ?
10:11C'est intéressant,
10:12parce que vous parlez,
10:14en quelques mots,
10:15vous avez mis le décor,
10:16enfin le décor,
10:17la réalité,
10:18et vous disiez,
10:19il y avait vraiment un dévouement,
10:20on était...
10:21Maintenant, c'est quoi ?
10:22C'est devenu un travail comme un autre ?
10:24On pense d'abord aux avancements ?
10:26Au parcours de carrière ?
10:27Etc ?
10:28C'est un peu ça.
10:29D'ailleurs,
10:30moi je ne connaissais pas
10:32ce terme fonctionnaire de police.
10:33Vous voyez ?
10:34Quand je suis rentré à police...
10:35Ça n'existait pas ?
10:36On ne disait pas fonctionnaire de police.
10:37Je connaissais des gardiens de la paix,
10:38il n'y a pas plus beau titre
10:40que cette appellation
10:42de gardien de la paix.
10:43Aujourd'hui,
10:43on parle de fonctionnaires de police
10:45qui font des vacations.
10:46Vous vous rendez compte ?
10:47Mais même les syndicalistes
10:48disent oui,
10:49nous autres fonctionnaires.
10:50Ah, les syndicalistes.
10:52Vous savez,
10:53la police est syndiquée
10:54à 80%.
10:55Quand on compare
10:56avec le reste des Français
10:59qui doit être
10:59aux alentours de 6 ou 7%,
11:01c'est absolument incroyable.
11:02Et donc,
11:03on en est arrivé...
11:03Pourquoi ?
11:04Excusez-moi.
11:04Ça m'intéresse.
11:05Pourquoi à 80% ?
11:06Parce qu'ils interviennent
11:07dans les CAP d'avancement,
11:08dans les CAP de notation,
11:10dans les CAP de mutation,
11:13etc.
11:13On ne fait rien
11:14sans les syndicats.
11:15Absolument rien.
11:16Il y a une co-gestion,
11:19quelque part.
11:19Il y a une co-production
11:21de commandements
11:22qui est permanente.
11:23Alors que moi,
11:25je me souviens
11:25d'un grand flic
11:27qui donnait
11:29une définition
11:30du management
11:31d'une façon très simple.
11:32Il disait,
11:33le management,
11:34c'est savoir
11:34qui on doit engueuler
11:35quand il y a une connerie faite.
11:36Vous voyez,
11:36bon,
11:37ça peut paraître
11:37un peu dérisoire.
11:38Non, non,
11:39c'est pas dérisoire.
11:39C'est du bon sens.
11:41Si on y réfléchit,
11:42ça veut dire,
11:43j'ai mis les bonnes personnes
11:44aux bonnes places
11:44et si une connerie
11:45a été faite,
11:46il faut qu'il me rende les comptes.
11:48Donc, si vous voulez,
11:49tout a énormément évolué.
11:51auparavant,
11:53on avait une arme de flic.
11:56Vous voyez,
11:56moi,
11:56je suis rentré dans la police
11:57dans une démarche romantique.
12:00Je voulais arrêter des voleurs,
12:01des Arsène Lupin,
12:02etc.
12:03Je suis dans une démarche
12:04un peu maigretiste.
12:05Je ne parle pas
12:06de l'homme politique,
12:06je parle du commissaire maigret.
12:09Donc, avant,
12:09on était des flics,
12:11on était des poulets.
12:12Et j'ai envie
12:13qu'aujourd'hui,
12:14tout cela revienne.
12:15Alors maintenant,
12:16l'institution
12:17n'est pas la seule coupable.
12:19il y a eu une évolution
12:21du code de procédure pénale,
12:22du code pénal
12:23qui a vraiment restreint
12:25de façon drastique
12:26l'autorité policière.
12:28Alors,
12:28on va en parler,
12:29on va en parler,
12:30Maurice Signolet,
12:30c'est très très intéressant,
12:32du code pénal,
12:34de tout ce qui a fait
12:35que cette profession
12:36a évolué
12:37comme elle évolue,
12:38que cette fonction,
12:39je dirais,
12:40essentielle,
12:41régalienne,
12:41a évolué
12:42juste après cette petite pause.
12:44Et je vous rappelle
12:44que si vous voulez interroger
12:45Maurice Signolet,
12:47c'est passionnant
12:48quant à son livre
12:49sur justement
12:50l'évolution
12:51du métier de policier.
12:530826 300 300
12:550826 300 300
12:57A tout de suite.
13:00Sud Radio Bercoff
13:01dans tous ses états
13:02midi 14h.
13:03André Bercoff.
13:05Avec Maurice Signolet,
13:06Signolet pardon,
13:08commissaire divisionnaire honoraire,
13:09la police ne peut plus rien pour vous.
13:11Et justement,
13:12on parlait de l'évolution.
13:14Et vous dites dans votre livre,
13:15Maurice Signolet,
13:15juste,
13:17je parle comme ça
13:18parce que ça va faire rêver
13:19tous les millions,
13:21enfin je dirais
13:22les dizaines,
13:23les centaines de milliers,
13:23voire les millions de gens
13:24qui nous écoutent.
13:26Un simple voleur d'autoradio,
13:28par exemple,
13:29écopé,
13:29vous parlez d'un temps
13:30que les moins de 20 ans
13:31ne peuvent pas connaître,
13:32et même les moins de 30 ans,
13:33écopé d'un an de prison,
13:35un voleur d'autoradio,
13:36un voleur de voiture
13:37de 18 mois,
13:38un clandrioleur
13:39de 3 ans.
13:41C'est impensable aujourd'hui.
13:43Oui, c'est pour ça que,
13:46quelque part,
13:46d'ailleurs dans mon livre,
13:48on le voit en filigrane,
13:49il ne faut pas non plus
13:50accabler totalement
13:51l'institution policière.
13:53L'institution policière
13:54n'a fait que s'adapter
13:55à une situation déliquescente,
13:58surtout dans le domaine
14:00de la justice.
14:01Mais on ne peut pas,
14:03il n'est pas non plus question
14:04que j'accable la justice.
14:07Montessieu disait
14:08la justice est la bouche
14:09de la loi.
14:10La justice n'a fait qu'appliquer
14:12les lois que le Parlement
14:14a promulguées.
14:17Oui, attendez,
14:18vous dites la chaîne,
14:18la chaîne,
14:19mais enfin,
14:19il y a quand même,
14:21reconnaissez-le,
14:22est-ce qu'il n'y a pas
14:22un laxisme judiciaire
14:24par rapport aux sanctions
14:26qu'on peut donner
14:27à un certain nombre de gens ?
14:29Oui et non,
14:29il faut chercher
14:30la généalogie des choses.
14:32D'ailleurs,
14:33c'est pour ça que
14:34mon livre,
14:35j'aimerais que
14:37tous les gens
14:38qui travaillent dans l'humain,
14:39qui travaillent sur l'humain,
14:40que ce soit dans l'éducation nationale,
14:42que ce soit en médecine,
14:44etc.,
14:45lancent ces cris d'alarme,
14:46comme je veux le faire
14:48pour l'institution.
14:49Vous voulez faire groupe
14:49pour la police.
14:49Exactement.
14:50C'est-à-dire que
14:51tous ces gens
14:51qui se sont totalement investis
14:53dans l'humain
14:53fassent le bilan
14:54et puis disent
14:55on s'est trompé.
14:57Comme disait Cocteau,
14:59le progrès peut être,
15:01peut se révéler une erreur,
15:03peut être le déroulement
15:04d'une erreur.
15:05Et donc,
15:07et puis d'un autre côté,
15:09j'aime bien toujours
15:09citer les philosophes,
15:11Platon disait
15:12apprendre,
15:13c'est se resouvenir
15:14de ce qu'on a oublié.
15:15Alors peut-être
15:16qu'il serait temps
15:16de dire
15:17voilà comment c'était avant
15:18et pas d'histoire
15:19de nostalgie.
15:20Vous ne voulez pas revenir
15:21au temps d'avant ?
15:22Non, il n'est pas question
15:23d'avoir une nostalgie
15:23mais d'expliquer
15:24la généalogie des choses.
15:26Mais concrètement
15:27expliquer là ?
15:28Il faut reprendre
15:29très loin,
15:30il y a eu un courant
15:31existentialiste
15:32après mai 68
15:34qui a amené
15:35tout doucement
15:35par ruissellement
15:36et massification
15:38la théorie de l'excuse.
15:40C'est-à-dire que,
15:41je ne sais pas,
15:42je vais vous citer
15:42une anecdote marrante
15:44qu'on se racontait toujours.
15:46Un psychiatre
15:47entend des cris
15:49depuis sa fenêtre,
15:50il descend,
15:51il voit une victime
15:52gisant dans son sang
15:53par terre,
15:54il se penche
15:55et puis il dit
15:55celui qui a fait ça
15:56a vraiment besoin d'aide.
15:57et ça a l'air de rien
15:59mais par ruissellement
16:00ça a donné
16:01ce que le philosophe
16:03Claude Lipovetsky
16:04appelait
16:05le procès de personnalisation
16:06c'est-à-dire
16:07qu'une espèce
16:08de personnalisation
16:09de tout
16:10et la norme
16:11baignée par l'existentialisme
16:13d'André Breton
16:14etc.
16:15la norme
16:15il fallait la rejeter.
16:16Petit à petit
16:17ça a influencé
16:18le système pénal
16:20ça a influencé
16:21le système normatif
16:22on a accepté
16:23les différences
16:24les particularismes
16:25les étrangetés
16:26etc.
16:27et la police
16:28qui est là pour rappeler
16:29qu'il y a des normes
16:30qu'il ne faut pas
16:31transgresser telle ou telle chose
16:32s'est retrouvée
16:33complètement désarmée
16:35quelque part.
16:36Il y a eu des évolutions
16:37très fortes
16:38du code de procédure pénale
16:39on est passé
16:40brutalement
16:41d'une procédure
16:43inquisitoriale
16:43qui avait fait ses preuves
16:45depuis la nuit des temps
16:46à une procédure
16:47contradictoire
16:48avec un envahissement
16:50du contradictoire
16:52avec la présence
16:52de l'avocat
16:53dès la première heure
16:54de garde à vue
16:54la présence
16:55de l'avocat
16:56au moment des perquisitions
16:57maintenant
16:58etc.
16:59le juge des libertés
17:00de la détention
17:01et partout
17:01dès que la police arrive
17:03le contradictoire
17:04et là
17:04on aurait pu
17:05et tout ça
17:07ça remonte
17:07à Marc Ancel
17:08un magistrat
17:10qui lui-même
17:11s'inspirait
17:12de Saint-Fargeau
17:13vous savez
17:13Saint-Fargeau
17:14l'histoire
17:15ne retenut que son nom
17:16pour lui donner
17:17le nom d'une station
17:18de métro
17:18mais si on reprend
17:20c'était
17:21un des constituants
17:23qui déjà
17:24à l'époque
17:24disait
17:25bon bah
17:26il ne faut plus
17:26la peine de mort
17:27attention
17:28il n'est pas question
17:29pour moi
17:29de défendre
17:30la peine de mort
17:31mais à l'époque
17:32en 1789
17:33dire il faut supprimer
17:34la peine de mort
17:34il faut aller vers
17:35la réinsertion
17:36et non plus
17:37l'expiation
17:38de la faute
17:39ça a l'air de rien
17:40mais par huissellement
17:41bah on est passé
17:43de 700 000 criminels
17:44délits
17:44quand je suis rentré
17:45dans la police
17:45dont 200 000
17:46chèques sans provision
17:47qui ne sont plus
17:48poursuivis aujourd'hui
17:49donc disons 500 000 faits
17:51de délinquance
17:52sévèrement réprimés
17:54après 10 millions
17:55de faits aujourd'hui
17:56selon les enquêtes
17:57de victimation
17:57voilà ce que ça a donné
18:01avec des taux de récidive
18:02absolument incroyables
18:04et donc
18:04on a oublié
18:06on a oublié
18:07je ne voudrais pas polémiquer
18:09mais dans les prochains jours
18:10Balinter
18:12un illustre
18:13ministre de la justice
18:14va entrer au Panthéon
18:16soit
18:16soit
18:17mais
18:18d'ailleurs
18:19qui pourrait nous nommer
18:21celui qui a
18:22permis l'abolition
18:23de l'employeur de mort
18:24en Espagne
18:25en Allemagne
18:26etc
18:26qu'est-ce que je voudrais
18:28moi je vous pose la question
18:29quand même
18:29brute de décoffrage
18:32quand même
18:32commissaire Signolet
18:34vous savez
18:36qu'il y avait
18:36un ameuriste français
18:37très célèbre
18:38qui s'appelait
18:38Alphonse Carr
18:39et qui disait
18:40moi je suis absolument
18:41contre la peine de mort
18:42à une condition
18:43que messieurs
18:43les assassins commencent
18:45oui certainement
18:46mais ce que je voulais vous dire
18:48c'est que
18:48souvenons-nous
18:49de l'emphase oratoire
18:51appelant à la fin
18:54de cette peine de mort
18:55que je ne remets pas du tout
18:56en cause
18:56cette dramaturgie
18:58oratoire
18:59auquel les avocats
19:00sont habitués
19:01nous on passe des concours
19:02de compétences
19:03ils passent des concours
19:03d'éloquence
19:04vous savez
19:04c'est complètement différent
19:06mais il ne s'est pas rendu compte
19:07que c'était pas la fin
19:08de la peine de mort
19:09mais c'était la mort
19:10de la peine
19:11petit à petit
19:12par ruissellement
19:13expier une peine
19:15expier un acte délicant
19:17devient absolument
19:19insupportable
19:20l'emprisonnement
19:20devient insupportable
19:22etc
19:22on est
19:23moralité
19:24ça explose de partout
19:25les policiers
19:26qui se retrouvent
19:28phagocytés
19:29par en fin de compte
19:30cette omniprésence
19:31du contradictoire
19:32petit à petit
19:33ils s'en détachent
19:34c'est tout à fait légitime
19:36il n'y a plus
19:36ils abandonnent
19:37enfin en quelque sorte
19:38il n'y a plus
19:38cette légitimité
19:40d'autorité
19:40je peux vous assurer
19:41qu'à mon époque
19:42on faisait une perquisition
19:44à deux
19:44dans une cité
19:45pourrie de banlieue
19:46jamais on n'aurait eu peur
19:49on entrait dans une boîte
19:50de nuit
19:50où il y avait 100 personnes
19:51à deux
19:52on disait
19:53éteignez la musique
19:54allumez la lumière
19:55et il le faisait
19:57bien sûr
19:57il n'y avait pas un bruit
19:58aujourd'hui
19:59voilà ce que ça a donné
20:00voilà ce que cette société
20:01disruptive
20:03je sais que
20:04c'est très à la mode
20:06mais le problème
20:07c'est qu'on en est arrivé
20:08à une situation
20:09qui est totalement
20:10invraisemblable
20:11mais attendez
20:12comment on peut arriver
20:12pardon
20:13Maurice
20:14comment on peut arriver
20:16à une situation
20:16on a tous vu ça
20:17sur les réseaux sociaux
20:18et ça a été
20:19dans toutes les télévisions
20:19vous avez vu
20:20c'était
20:21en Seine-Saint-Denis
20:23deux voitures
20:24de la police municipale
20:25obligées de fuir
20:27avec 20 personnes
20:28qui les caillassent
20:29et je prends un exemple
20:30il y en a eu
20:31des tas comme ça
20:32comment on peut arriver
20:32que la police arrive
20:34quelque part
20:34et on dit à la police
20:35casse-toi
20:35t'es plus chez toi
20:37parce que c'est ça
20:37aujourd'hui
20:38mais à la suite
20:39de tout ce que je viens
20:39de vous expliquer
20:40par ruissellement
20:41par démocratisation
20:43de cet état d'esprit
20:44qui a mis l'individu
20:45au centre de tout
20:47alors que l'homme
20:48n'est que consubstantialité
20:49on ne peut vivre
20:51que par rapport aux autres
20:52par rapport aux dimensions
20:53qu'on a
20:54et donc il y a des règles
20:55normatives
20:55qui peuvent aller
20:56jusqu'à des règles
20:57de bien-séant
20:58de courtoisie
20:59d'élégance
20:59etc.
21:00qui régnaient
21:01pendant les Trente Glorieuses
21:02qui régnaient
21:03lorsque je suis rentré
21:03notre quotidien
21:06était l'extraordinaire
21:08des autres
21:09vous voyez
21:09on vivait avec les truands
21:10on avait nos codes
21:11à nous
21:11on avait même
21:12de la sympathie
21:13parce que le truand
21:14de l'époque
21:15c'était quelqu'un
21:16qui voulait vivre
21:17champagne et gonzesse
21:18c'était ça
21:19il avait ses règles
21:20il y avait des règles
21:21aujourd'hui
21:22il y a une anomie totale
21:23qui fait que
21:24les policiers
21:25les gendarmes
21:26qui sont là
21:26pour rappeler
21:27que quand même
21:28il y a des choses
21:28qu'il ne faudrait pas faire
21:29mais ils en prennent
21:30plein la gueule
21:30c'est comme ça
21:31maintenant
21:32je voudrais mettre aussi
21:34formellement en cause
21:35le politique
21:37qui a une part
21:38de responsabilité
21:39énorme
21:40parce qu'au-delà
21:41de ce courant philosophique
21:43qui est un peu désastreux
21:45d'une manière
21:46beaucoup plus pragmatique
21:47et c'est pour ça
21:48que moi je défendrais
21:49toujours la justice
21:50la justice a commis
21:51une énorme erreur
21:52au milieu des années 80
21:54elle a commencé
21:55à s'intéresser
21:56aux politiques
21:56elle a commencé
21:57à s'intéresser
21:58aux malversations
21:59qu'il y avait
22:00dans les partis
22:01ou alors
22:02même dans les milieux
22:03économiques
22:04financiers
22:05etc
22:05et donc
22:06le politique
22:07s'est dit
22:07oh là là
22:08il va m'arriver
22:08des bricoles quand même
22:09un jour
22:10je vais me retrouver
22:10en garde à vue
22:11et on va me demander
22:12de retirer mes lacets
22:13et ma ceinture
22:13et donc
22:14ils se sont dit
22:14il faut verrouiller
22:16et cette débauche
22:18d'aménagement
22:19du code de procédure pénale
22:21vers le contradictoire
22:22maximum
22:22pour se protéger
22:25les politiques
22:25se sont protégées
22:26c'est évident
22:26je ne voudrais pas
22:27faire de parallèle
22:28avec des affaires judiciaires
22:29qui touchent des éminents politiques
22:31en ce moment
22:31mais on le voit bien
22:32on voit bien
22:33qu'on veut remettre en cause
22:35parce que
22:35parce que ça commence
22:36à sentir le roussi
22:38et donc
22:39toujours pareil
22:41j'aime bien ce mot
22:41terme de ruissellement
22:42par ruissellement
22:43ces aménagements procéduraux
22:45qui permettaient
22:46par exemple
22:47à la défense
22:48non pas
22:49d'aider la justice
22:50mais de l'égarer
22:52la nuance est importante
22:54à bénéficier
22:55à toute la délinquance
22:57et aujourd'hui
22:58vous retrouvez
22:58la procédure pénale
22:59je me mets à la place
23:00il faut savoir
23:01qu'aujourd'hui
23:02alors que
23:03la police judiciaire
23:04c'était le sommet
23:05dans le temps
23:05on rêvait tous
23:06d'être à la brille
23:07est-ce qu'on peut dire
23:08si je vous écoute bien
23:10les racailles d'en haut
23:11ont protégé
23:11les racailles d'en bas
23:12oui par ruissellement
23:13par effet boumang
23:14si vous voulez
23:14ils ne se sont pas bien rendu compte
23:16ils ne se sont pas rendu compte
23:18des catastrophes
23:18que ça allait donner
23:19mais toutes ces voies de recours
23:20toutes ces possibilités
23:22de vices de procédure
23:23qui fait la fortune
23:25des avocats
23:26l'advocatus
23:27celui qui vient
23:28à votre aide
23:29vous savez qu'à l'origine
23:30l'avocat
23:31c'était un membre du clergé
23:32et sa robe
23:33ça contenait
23:3433 boutons
23:35l'âge du Christ
23:36et ils avaient vocation
23:37à devenir juge plus tard
23:38et très vite
23:39on s'est rendu compte
23:40que
23:40la vénalité
23:42l'emportait
23:43sur le sens de la justice
23:44et on a dit
23:45bon bah
23:45on n'émettra plus
23:46on n'émettra plus juges
23:48mais
23:48alors je ne leur en veux pas
23:49c'est le jeu
23:50mais il ne faut pas s'étonner
23:52il ne faut pas s'étonner
23:53si après
23:54vous avez
23:55un monde
23:56où on parle
23:56d'ensauvagement
23:58de société
23:59avec une insécurité terrible
24:00puisqu'on a
24:01tout détruit
24:02je crois que
24:03c'est Joseph Demet
24:05qui disait
24:06le glaive de la justice
24:07n'a pas de fourreau
24:08toujours
24:09toujours
24:10il doit menacer
24:11et punir
24:12c'est la monnaie
24:14qui disait
24:14dans un pays
24:15quelquefois
24:16c'est la liberté
24:16qui opprime
24:17et c'est la loi
24:18qui protège
24:18exactement
24:19à condition qu'il y ait
24:20une loi
24:20on va tout de suite
24:21continuer avec vous
24:23Maurice Yonelle
24:24c'est passionnant
24:25après cette petite pause
24:270826 300 300
24:29pour ceux qui sont
24:30voilà
24:31qui ont envie
24:31de poser une question
24:32à Maurice Yonelle
24:33la police ne peut plus rien
24:35pour vous
24:35est-ce qu'elle peut
24:37encore quelque chose
24:37est-ce qu'on a envie
24:38est-ce qu'on a envie
24:39de se substituer à elle
24:41c'est une question
24:41qu'on va poser
24:42Sud Radio
24:44Parlons Vrai
24:45Parlons Vrai
24:46Sud Radio
24:47Parlons Vrai
24:48Sud Radio
24:49Bercoff
24:50dans tous ses états
24:51le face à face
24:53alors est-ce que la police
24:55ne peut plus rien
24:56pour vous
24:56en tout cas
24:57c'est l'outil
24:57d'un livre
24:58passionnant
24:59passionné à lire
25:00de Maurice Yonelle
25:01commissaire divisionnaire
25:02honoraire
25:03c'est aux éditions
25:04de l'artilleur
25:05et vous parlez aussi
25:06alors on parlait
25:07de justement
25:08d'un passé
25:09mais qui n'est pas lointain
25:10qu'est-ce que c'est
25:1140 ans 50 ans
25:12c'est un clin d'oeil
25:13dans l'histoire
25:14et vous dites
25:15pour l'époque
25:17il n'y avait pas
25:185 semaines de congés
25:19les 35 heures
25:20les RTT
25:21c'était un avantage
25:22dont il ne fallait pas
25:23abuser
25:23parlons de cela
25:26vous dites
25:26tout à fait
25:27et qu'aujourd'hui
25:29on ne pense plus
25:29qu'à ces RTT
25:30ces vacances
25:31c'est l'une des raisons
25:33aussi de ce
25:34désengagement policier
25:35je vous ai parlé
25:36tout à l'heure
25:37des réformes
25:38du code procédé
25:39qui nous a amené
25:41à cette situation
25:42mais il y a également
25:43eu des réformes
25:44structurelles
25:45très fortes
25:46dans la police
25:47qui ont donné
25:48une orientation
25:48tout à fait différente
25:49alors par exemple
25:50moi je suis rentré
25:51comme inspecteur de police
25:52vous voyez
25:52en 1995
25:54un gouvernement de droite
25:56d'ailleurs
25:57a supprimé purement
25:58et simplement
25:58le corps des inspecteurs
25:59de police
26:00il y avait 23 000 inspecteurs
26:01de police
26:01entièrement supprimés
26:02qui étaient en civil
26:05qui n'avaient qu'une seule
26:07vocation
26:08c'était le judiciaire
26:09ou le renseignement
26:09c'est clair
26:10net et précis
26:11et il y avait un corps
26:12de gardiens de la paix
26:13qui était chargé
26:14de l'exécution
26:15de la voie publique
26:16etc.
26:17donc en 1995
26:19on supprime
26:20ce corps
26:21purement et simplement
26:21et on dit
26:23maintenant
26:24le corps des gardiens
26:25de la paix
26:25viendra
26:26prendre tout le panel
26:28des missions
26:28de police
26:29du maintien de l'ordre
26:31jusqu'à l'antiterrorisme
26:33ça sera les gardiens
26:33de la paix
26:34qui traiteront ça
26:35donc le glissement
26:36de la qualité
26:36d'officier de police judiciaire
26:38qui était à mon époque
26:39uniquement du niveau
26:40d'un inspecteur principal
26:41c'est à dire
26:42d'un capitaine de police
26:43aujourd'hui
26:44et encore
26:45par concours
26:45il fallait passer un concours
26:47pour être officier
26:47de police judiciaire
26:48à l'époque
26:50aujourd'hui
26:51le gardien de la paix
26:52en sortie d'école
26:53va être nommé
26:53officier de police judiciaire
26:54je ne sais pas
26:55si vous vous rendez compte
26:56en plus à mon époque
26:57la procédure pénale
26:59était simple
26:59aujourd'hui
27:00elle est extraordinairement
27:00compliquée
27:01il y a des risques
27:03de vices de procédure
27:04énormes
27:04etc.
27:05il faut avoir
27:06un sens particulier
27:07de la procédure
27:08on a donc donné ça
27:10au corps des gardiens
27:11de la paix
27:11en commettant
27:12en omettant
27:13quelque chose
27:14d'extraordinairement important
27:15les gardiens de la paix
27:17ont la culture
27:18de la récupération
27:19c'est à dire que
27:20les gardiens de la paix
27:21fonctionnent par vacation
27:22à mon époque
27:25ils travaillaient en 4-2
27:26dans les briades de roulement
27:27et donc dès qu'ils passaient
27:28d'un quart d'heure
27:29et bien
27:30ils récupéraient
27:31on dépasse d'un quart d'heure
27:33on récupère le quart d'heure
27:34on dépasse un quart d'heure
27:35on a droit à une heure
27:36imaginez-vous
27:37ce que ça a pu faire
27:38dans le monde de l'investigation
27:39qui par définition
27:40est chronophage
27:41moi il m'arrivait
27:42il est 6h
27:44il n'y avait pas d'heure
27:45il n'y avait pas d'heure
27:46c'est l'événement
27:47qui crée votre travail
27:50si vous preniez
27:50à 18h
27:51une affaire de meurtre
27:52vous appeliez chez vous
27:53en disant
27:53je ne rentre pas
27:54je passe à l'univers
27:56et ça c'est fini ?
27:57ça n'existe plus ?
27:57c'est terminé
27:58c'est terminé
27:59vous voulez dire
28:00qu'aujourd'hui
28:00un policier d'aujourd'hui
28:01enfin un investigateur
28:03il dira
28:03attendez
28:04oui
28:04je reprends demain
28:05parce que
28:06il va le faire
28:07mais il va compter ses heures
28:08lorsque vous entendez
28:09les syndicats vous dire
28:10il y a 30 millions d'heures
28:12supplémentaires
28:12impayées dans la police nationale
28:14oui mais parce qu'on les compte
28:16ça ne montre pas du tout
28:19un investissement
28:20beaucoup plus supérieur
28:21à ce qu'il y avait
28:22il y a 40 ans
28:22l'investissement
28:23est exactement le même
28:24simplement
28:25on les compte
28:26et donc ça a des répercussions
28:28absolument catastrophiques
28:29et
28:29ce que je vous disais
28:31tout à l'heure
28:32c'est qu'on a fini
28:33par
28:33structurer la mission
28:35par rapport
28:36au désir
28:37des fonctionnaires
28:38donc on a
28:39acclimaté
28:40on a rangé
28:41les horaires
28:41etc
28:42ça m'a fait bondir
28:44l'autre jour
28:45j'ai appris que
28:45dans ce même courant
28:48d'état d'esprit
28:49on allait mettre
28:50en police judiciaire
28:51des semaines
28:52de 4 jours
28:53moi je mangeais
28:55je dormais
28:57j'étais un flic
28:59un poulet
29:00donc quand j'ai appris ça
29:03ça m'a rendu fou
29:04tout comme quand j'ai appris
29:05qu'on avait supprimé
29:06la police judiciaire
29:07pour la mettre
29:07sous la coupe du DDPM
29:09la police
29:10c'est une multitude
29:11de métiers
29:12les renseignements
29:13ce n'est pas le judiciaire
29:15le judiciaire
29:15ce n'est pas la PAF
29:16la PAF
29:17ce n'est pas
29:18la police du quotidien
29:20de quartier
29:20c'est des métiers
29:21totalement différents
29:23qui nécessitent
29:24un investissement particulier
29:26une formation particulière
29:27un goût particulier
29:29on ne peut pas passer
29:30alors pour rendre
29:31pour rendre service
29:32aux fonctionnaires
29:33pour rendre service
29:33aux syndicats
29:34et bien on dit
29:35bah tiens
29:35il y a une poste de brigadier
29:36en PJ
29:36je vais y aller
29:37oui mais
29:38est-ce que t'as le bout
29:38mais t'as été formé
29:39à la PJ
29:40on se rend compte
29:42aujourd'hui
29:42ça a l'air de rien
29:43mais mis bout à bout
29:44toutes ces petites choses là
29:45font qu'à un moment
29:46le service qu'on attend
29:48de la police
29:49dans toutes ces sphères
29:50multiples de compétence
29:51est difficile à rendre
29:53voilà
29:53alors qui plus est
29:54on a bien senti
29:56que l'état
29:56se désengageait
29:58de ces grandes missions
30:00régaliennes de sécurité
30:01qui aurait pensé
30:02à mon époque
30:03qu'on verrait
30:03une telle multiplicité
30:05des polices municipales
30:06partout
30:06on voit bien qu'aujourd'hui
30:08l'espace public
30:09c'est la police municipale
30:10ça n'est plus la police nationale
30:11il y a 40 ans
30:12la police municipale
30:13ça n'existait pas
30:14ça n'existait pas
30:15c'était des gardes champettes
30:16à droite à gauche
30:18mais il n'y avait pas
30:19de police municipale
30:19vous vous rendez compte
30:20qu'aujourd'hui
30:21je crois qu'il y a plus
30:21de policiers municipaux
30:22à Nice
30:23que de policiers nationaux
30:24on le voit bien
30:25alors en plus
30:26le recrutement
30:27et c'est venu
30:28parce qu'il y avait
30:29un besoin
30:29c'est venu
30:30parce qu'il y a eu
30:30un désengagement
30:31volontaire de l'état
30:33de se désengager
30:34de ses missions
30:35régaliennes de sécurité
30:37et puis après
30:37ben voilà
30:38ça suit son cours
30:39et puis quelque part
30:40c'est plus facile
30:41de dire
30:41c'est la faute
30:42du maire de Lyon
30:43c'est la faute
30:43du maire de Bordeaux
30:44plutôt que de dire
30:45c'est la faute
30:45de la police nationale
30:46oui c'est beaucoup
30:47plus facile
30:48le pire
30:49j'ai appris
30:49que des sociétés privées
30:52un peu comme les Uber
30:53bientôt allaient se créer
30:54pour vous raccompagner
30:55chez vous le soir
30:55on est compte
30:56on a envie de dire
30:58mais la blague
31:00que fait la police
31:00parce que justement
31:02parce que le sentier
31:03alors c'est très intéressant
31:04ce que vous vous dites
31:05Maurice Inélie
31:06parce qu'on vous dit
31:07oui mais vous avez vu
31:08c'est pas le sentiment
31:09d'insécurité
31:09comme disait un certain
31:10ministre de la Justice
31:11qu'il n'est plus là
31:12qu'il n'est plus ministre
31:13bien sûr
31:14mais l'insécurité
31:15c'est qu'aujourd'hui
31:16les gens
31:17voilà ils entendent
31:18du matin au soir
31:18c'est plus des faits divers
31:19c'est des faits de société
31:20ils se disent
31:21l'ensauvagement
31:22et compagnie
31:23et il dit
31:23bon on peut pas avoir
31:25un policier
31:25derrière chaque habitant
31:26ça en revient à l'art
31:28si vous voulez mon livre
31:30bien sûr
31:31c'est un peu provocateur
31:32mais comme je vous l'ai dit
31:33tout à l'heure
31:34il serait grand temps
31:36que l'on redécouvre
31:37le sens de la vertu
31:38et que la vertu
31:40je suis sûr
31:41qu'il en existe
31:41dans l'éducation nationale
31:42dans le monde hospitalier
31:44etc
31:44tous ces gens
31:45qui travaillent sur l'humain
31:45à nous de dire
31:46il faut arrêter vos conneries
31:48maintenant
31:48parce que ça va
31:49beaucoup trop loin
31:50ça n'est pas bon
31:51pour nos concitoyens
31:52on va dans le mauvais sens
31:54il faut reprendre les choses
31:55dans le domaine
31:56de la sécurité
31:57pardon excusez-moi
31:58c'est pas vertu
31:59c'est l'état
32:00pourquoi l'état
32:01ne fait pas preuve
32:04d'autorité
32:04parce qu'on va pas
32:06enseigner la vertu
32:07je veux dire
32:08oui l'école primaire
32:08ça va prendre 15 ans
32:09je veux dire
32:10mais la vertu
32:11ça s'enseigne
32:12mais aussi la vertu
32:13ça se
32:14par l'état
32:16réétablissement
32:17de l'autorité
32:17ça s'impose
32:18et qui l'impose
32:20mais parce que l'état
32:21est devenu très
32:22saint-simonienne
32:23c'est-à-dire qu'elle croit
32:24à l'élite
32:25on le voit bien
32:26elle croit à l'élite politique
32:28à l'élite culturelle
32:29à l'élite intellectuelle
32:30etc
32:30moi ce qui m'intéresse
32:31c'est les gens
32:32les plus faibles
32:32les plus simples
32:33il faut des élites aussi
32:35mais il faut les deux
32:35que ces élites
32:37soient perclus
32:38qu'elles soient imprégnées
32:40qu'elles soient imprégnées
32:42des problèmes
32:43des petits gens
32:44des gens simples
32:44parce qu'on m'en compte
32:45aujourd'hui ils s'en foutent
32:47complètement
32:47les gens ordinaires
32:50les gens ordinaires
32:51c'est la vraie noblesse
32:53d'un autre peuple
32:54parce que c'est des gens
32:55dont on n'entend jamais parler
32:56ils ne représentent rien
32:57et pourtant ils représentent
32:58ce qu'il y a de meilleur
32:59parce que
33:00le socle de la
33:01de la respectabilité
33:03de l'aménité
33:05de la courtoisie
33:06il est chez les gens ordinaires
33:08il faut les préserver
33:09que demain
33:10un futur ministre
33:12de la police
33:15de l'intérieur
33:15se souvienne
33:16de ce que disait Clémenceau
33:17le seul devoir
33:19d'un gouvernement
33:20est de faire en sorte
33:21que les honnêtes gens
33:23soient en paix
33:24et que les autres
33:25ne le soient pas
33:26point
33:26que
33:27nous hommes politiques
33:28redécouvrent la vertu
33:30et le sens de l'autre
33:31et non pas
33:32ce goût
33:34pour
33:35des divisions
33:36apocalyptiques
33:37on est tous d'accord
33:39avec vous
33:39donc on est loin de la police
33:40et pourtant pas tant que ça
33:41non non mais je veux dire
33:42aujourd'hui on est tous d'accord
33:43qu'on découvre
33:45qu'on découvre
33:45tout le monde est d'accord
33:47avec ça
33:48mais
33:48en pratique
33:50comment ?
33:51je veux dire en pratique
33:52comment ?
33:53je veux dire comment je vais faire
33:54qu'un policier ne se dise pas
33:56moi ce qui m'intéresse
33:56et on sait
33:57et ils sont beaucoup plus exposés
33:59que d'autres
33:59y compris que nous
34:00un policier
34:01il est en permanence
34:03enfin ceux qui sont sur le terrain
34:04je parle
34:04il y a la violence
34:05il y a tout ça
34:05vous connaissez ça tout beaucoup
34:06mais le problème
34:08c'est que si vous n'avez pas
34:09des vertueux
34:10qui sont prêts à appliquer
34:11la vertu
34:12et à avertir l'autorité
34:15et les sanctions
34:16il ne va rien se passer
34:18oui
34:19redécouvrons
34:20je vous dis le sens de la vertu
34:21et mettons
34:21à la tête dans la hiérarchie
34:23je critique beaucoup
34:24la hiérarchie
34:24que des gens vertueux
34:27et non pas des carriéristes
34:28vous savez
34:29la base
34:29la base
34:30les gardiens de la paix
34:31voient très bien
34:32comment ça se passe
34:32ils voient très bien
34:33que les commissaires de police
34:35leur rêve c'est de devenir préfet
34:36et non pas d'acquérir des compétences
34:38que les commissaires de police
34:40tiennent tête
34:41au ministre de l'intérieur
34:43et dire
34:43ça va pas
34:44ça ne marche pas
34:45comme ça
34:46ça ne marchera pas
34:47cessons
34:48cessons
34:49d'être dans la démagogie
34:52et essayons
34:53d'être le plus
34:54intelligemment possible
34:56de faire ce qu'il faut faire
34:58et tendre vers ça
34:59et ça
35:01je crois que
35:02je fais un appel
35:03quelque part
35:04à mes collègues
35:05mes anciens collègues
35:06commissaires de police
35:07essayez de dire non
35:08maintenant
35:09essayez de dire
35:10ça va pas
35:10c'est le bordel
35:11vous savez
35:12à un moment donné
35:13j'étais responsable
35:14de
35:14tous les phénomènes de bande
35:17sur l'île de France
35:18et
35:19mon directeur
35:20ça m'avait passionné
35:22j'avais trouvé
35:23des garants de la paix
35:24qui traitaient ça
35:25de manière extraordinaire
35:26et donc
35:27ça interpellait
35:28le ministre de l'intérieur
35:29et tous les mois
35:30mon directeur
35:32était convoqué
35:32chez le directeur
35:34de cabinet du ministre
35:35pour faire le point
35:36sur les phénomènes de bande
35:37et donc
35:38comme il n'y connaissait rien
35:39et que moi
35:40j'y connaissais un petit peu
35:40quelque chose
35:41il m'emmenait à chaque fois
35:42avec lui
35:42pour donner un peu
35:47de vérité
35:48à ce qu'il était là
35:49j'ai été abasourdi
35:50toutes ces réunions
35:51j'étais abasourdi
35:52parce qu'il ne faut surtout pas dire
35:54que ça va mal
35:55il ne faut surtout pas dire
35:59que ça va mal
35:59que tout va mal
36:00etc
36:00alors que moi j'étais là
36:01je disais
36:02mais attendez
36:02c'est pas possible
36:03on voyait très bien
36:04après on apartait
36:05les uns les autres
36:05ils allaient voir
36:06le directeur de cabinet
36:08pour savoir où on était
36:08leur promotion
36:10pour la légion d'honneur
36:11etc
36:12mais c'est fou
36:13quand on est chef
36:15quand on
36:16prend des responsabilités
36:18il faut se donner
36:20à fond
36:21et pour les autres
36:22et s'oublier
36:24de sa zone de confort
36:25et s'oublier
36:26quelque part
36:26et penser à tous ceux
36:27qui sont placés
36:29sous votre autorité
36:30et qui sont
36:31dans le mauvais chemin
36:32si j'avais un appel
36:34ou un cri annoncé
36:35du fond de ma retraite
36:38réapprenez à dire non
36:41et dites
36:42je sais ce qu'il faut faire
36:44et ce qui se passe
36:45en ce moment
36:45c'est pas comme ça
36:46qu'il faut
36:46et bien écoutez
36:47on va en parler
36:48apprenez à dire non
36:49et savoir ce qu'il faut faire
36:51on va continuer
36:51à en parler
36:52avec vous
36:530826 300 300
36:55et puis avec
36:56évidemment
36:57Maurice Nulé
36:58avec son livre
36:59provocateur
37:00mais de bon sens
37:02la police ne peut plus rien
37:03pour vous
37:04à tout de suite
37:04Sud Radio Bercoff
37:08dans tous ses états
37:09midi 14h
37:10André Bercoff
37:12avec toujours
37:13avec Maurice Nulé
37:14commissaire divisionnaire honoraire
37:15on a parlé de tout cela
37:16et vous avez parlé
37:18de vertu
37:18vous avez parlé
37:19de courage
37:19vous avez parlé
37:20effectivement
37:21de ce qui est en train
37:21de se passer
37:22dans cette transformation
37:24où on a vu
37:24où on a oublié
37:25l'humain d'un côté
37:26et puis on a oublié
37:27on a travaillé
37:29la culture de l'excuse
37:30plus que la culture
37:31à la fois
37:32je veux dire
37:33du courage
37:34et on a parlé
37:35de la culture
37:35du chiffre
37:36et du résultat
37:37plutôt que la culture
37:38justement
37:39de l'effort
37:40et du risque
37:42est-ce que
37:43alors Maurice Nulé
37:44vous dites
37:44
37:45que les gens
37:47se sont retrouvés
37:48dans
37:48comment dirais-je
37:49moi je suis très frappé
37:51par ça
37:52on parle
37:52vous savez
37:53on regarde des images
37:54etc
37:54et on voit
37:56effectivement
37:57mais quand on reçoit
37:58souvent des commissaires
38:00ou des
38:00ou des représentants
38:02syndicaux
38:03parce que
38:03effectivement
38:03la police
38:04parce que
38:04ceux qui sont en fonction
38:05doivent parler
38:06j'ai remarqué
38:07les choses
38:08ils ne peuvent pas parler
38:09il n'y a que les représentants
38:10syndicaux
38:10qui sont avisés
38:12à parler
38:12alors certains
38:13d'ailleurs
38:13ils vont
38:14dans l'alignation totale
38:16mais surtout
38:17est-ce que
38:18vous auriez pu
38:19imaginer vous
38:19il y a 40 ans
38:20de voir
38:21effectivement
38:22des policiers
38:23on le voit
38:23presque chaque jour
38:24c'est devenu presque quotidien
38:26je ne dis pas partout
38:26se faire humilier
38:28se faire cracher dessus
38:29se faire traiter
38:30comme n'importe quoi
38:33dans un certain nombre
38:34et pas seulement
38:35en Seine-Saint-Denis
38:36mais ailleurs
38:36dans divers endroits
38:38du pays
38:38et je ne parle pas
38:40effectivement
38:40des territoires
38:42perdus de la république
38:43où ce sont
38:44les narco-trafiquants
38:45qui font des
38:46on n'a plus de frontières
38:47à l'intérieur de l'Europe
38:48mais on a des frontières
38:49à l'intérieur des villes
38:51où on fait
38:51est-ce que ça
38:52ça existait
38:53ça de
38:53quand vous étiez
38:55vous savez
38:57les frontières
38:57les douanes
38:58à l'intérieur des quartiers
38:59non non
39:00ça n'existait pas
39:01mais la situation
39:03n'est que la résultante
39:06de tout ce qu'on a évoqué
39:07tout précédemment
39:08d'accord
39:08c'est l'élitement
39:09de la société
39:10etc
39:10et les gardiens de la paix
39:11aujourd'hui
39:12le prennent en pleine figure
39:13ça aussi
39:14une dimension
39:15sur laquelle
39:17je voudrais attirer
39:18l'attention
39:18de mes collègues
39:19en exercice
39:20l'affectif
39:21dans la police
39:22est extraordinairement important
39:24les gens sont placés
39:25sous votre autorité
39:26c'est pas du tout péjoratif
39:27ce que je vais dire
39:28ils ont besoin
39:29d'une considération
39:30énorme
39:31et ils ont surtout besoin
39:32de voir en leur chef
39:33cet intérêt
39:37qu'on doit leur porter
39:38mais ça
39:39ça s'apprend pas à l'école
39:40vous savez
39:40il faut avoir ça
39:42au fond de son coeur
39:43il faut avoir été
39:45à l'issue
39:46d'une longue expérience
39:48enrichie
39:49avoir les temps
39:51un peu chenus
39:51et puis
39:52avoir de la considération
39:55quand j'étais à l'école
39:55des commissaires
39:56la psychologue de l'époque
39:59m'avait qualifié
40:00de directif affectif
40:01et
40:02elle m'avait expliqué
40:03que c'était très très mauvais
40:04c'était même le pire
40:05alors je lui ai dit
40:06ah bon
40:07elle m'a dit non non
40:08pour être bon
40:09il faut être assertif
40:10alors assertif
40:12c'est quoi assertif
40:13pour être ?
40:13je me souviens plus très bien
40:14de la définition
40:15c'est les gens qui sont
40:16impassibles à l'émotion
40:18vous voyez par exemple
40:19si vous êtes chef de service
40:20quelqu'un vient vous dire
40:22voilà je suis tombé malade
40:24j'ai un cancer
40:25la réponse que vous devez lui faire
40:27c'est ah merde il va falloir
40:28je vous remplace quoi
40:29c'est ça être assertif
40:30alors moi si vous voulez
40:31je ne suis pas assertif du tout
40:33je suis un directif affectif
40:35j'ai de l'affection
40:38j'avais de l'affection
40:40pour les gens avec qui je travaillais
40:43vous aviez de l'empathie
40:44c'était pas des robots
40:46c'est pire que de l'empathie
40:47j'avais de l'affection
40:48pour moi un gardien de la paix
40:50c'était un collègue
40:51c'est avant tout un collègue
40:53et ça a l'air de rien
40:54mais quand vous arrivez
40:54dans un service
40:55je ne sais pas
40:56comme on est sous boîte
40:57vous avez 300-400 policiers
40:59les gardiens de la paix
41:00dans le quart d'heure
41:01qui suit votre affectation
41:02ils vous sentent déjà
41:03il ne faut pas se tromper
41:05un gardien de la paix
41:06il a un sens
41:07de la morphopsychologie
41:08très développé
41:09et en l'espace d'un quart d'heure
41:11il sait
41:11sur qui il va pouvoir compter
41:13et il sait après
41:14comment il va
41:15comment il va se comporter
41:16et ça aussi
41:17le gardien de la paix
41:19il est en contact
41:20avec le vice
41:22le mensonge
41:23la brutalité
41:24c'est son quotidien
41:28je ne sais pas
41:28si vous vous rendez compte
41:29je pose mes mots
41:29c'est son quotidien
41:31s'il n'y a pas
41:32au sein d'un commissariat
41:34un sens de l'humain prononcé
41:36s'il n'y a pas un sens
41:37de la solidarité prononcée
41:39je parle de la solidarité affective
41:42sincèrement
41:43là il sera vraiment malheureux
41:45il y a quelque temps encore
41:47oui c'est un métier
41:48on a besoin d'un affect
41:49on comptait
41:50on comptait les suicides
41:51dans la police
41:52il arrive un moment
41:53ça devient
41:54la gendarmerie est touchée
41:55pareillement
41:56donc si vous voulez
41:57c'est un cri d'alarme
41:58que je donne
41:59c'est pas du tout
41:59une attaque
42:00contre l'institution
42:01ce que je veux dire
42:02c'est qu'on a été
42:02dans le mauvais
42:03dans le mauvais sens
42:05dans le mauvais chemin
42:06et il est temps de dire
42:07stop
42:08arrêtons-nous là
42:09oui il est temps
42:10effectivement
42:10de ne pas prendre
42:11cette fonction
42:12avec un tableau Excel
42:13et des modélisateurs
42:14surtout pas
42:15c'est ça
42:16bah écoutez
42:17ce qu'on espère
42:18en tout cas
42:18je dois dire
42:20que votre livre
42:21vraiment
42:22encore une fois
42:23je le redis
42:23il faut le lire
42:25parce que
42:26si on veut comprendre
42:27pourquoi la police
42:28est dans l'état
42:29dans lequel elle est
42:30pourquoi on se sent
42:32de moins en moins
42:33protégé
42:34pourquoi
42:35il y a
42:36de haut en bas
42:37de l'échelle
42:37une espèce de
42:38il faut le dire
42:39non pas de démission
42:41mais de découragement
42:42et bien je crois
42:44que c'est très important
42:46de rappeler
42:46non seulement l'humain
42:47non seulement l'autorité
42:48non seulement
42:49et vous en parlez aussi
42:50dans votre livre
42:50mais on aurait pu
42:52en parler pendant deux heures
42:53aussi
42:54de cette espèce
42:55d'avalanche de normes
42:56de conduite
42:57de
42:58vraiment
42:59de code
43:00qui avant
43:01avait dix pages
43:02enfin je caricature
43:03mais maintenant
43:04on a deux mille
43:05de bureaucratie
43:07qui s'est installée
43:08moi je dirais
43:09enfin je ne sais pas
43:10est-ce qu'au fond
43:11on ne peut pas dire
43:11qu'aujourd'hui
43:12on est plus en bureaucratie
43:13qu'en démocratie
43:14certainement
43:15de toute façon
43:17même moi
43:18je m'interroge
43:19sur les racines grecques
43:21de la démocratie
43:22à Demos et Kratos
43:23le peuple
43:24et de l'autre côté
43:25le gouvernement du peuple
43:27et donc
43:28je m'interroge
43:29s'il est toujours
43:30d'actualité
43:31de faire la liaison
43:32et oui on peut se demander
43:33si ce n'est pas
43:34un despotisme éclairé
43:35je dis bien éclairé
43:37qui ne jouerait pas
43:38Mauricie Néon
43:39merci
43:40encore une fois
43:40la police ne peut plus rien
43:42pour vous
43:43mais vous
43:43pouvez quelque chose
43:45pour la police
43:46et pouvez quelque chose
43:46pour vous même
43:47à demain

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