La lutte contre le trafic de drogue porte ses fruits à Valence avec des saisies nombreuses. Mais si les gros points de deal disparaissent, les méthodes de vente évoluent et deviennent plus mobiles. Le trafic est "fortement déstabilisé mais pas éradiqué" dit le préfet de la Drôme.
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00:00Jusqu'à 9h, ici Matin.
00:03Quasiment 8h moins le quart, matinée spéciale narco-trafique ce matin dans votre radio ici Drôme Ardèche.
00:09On en parle, Emmanuel Champal avec notre invité, c'est le préfet de la Drôme.
00:12Bonjour Thierry Devimeux, depuis un an et demi, d'énormes moyens sur le terrain pour lutter contre les trafics de drogue à Valence,
00:19notamment avec la Force d'Action Républicaine.
00:22Est-ce qu'aujourd'hui, vous dressez un bilan positif, vous dites que ça va mieux, que ça a reculé le trafic de drogue ?
00:28Clairement, le trafic de drogue a reculé. On ne l'a pas éradiqué, mais on l'a fortement déstabilisé.
00:34C'est très dur d'éradiquer le trafic de drogue, mais ce que je constate, moi, en particulier dans la ville de Valence,
00:37mais pas qu'à Valence, Romand, Montélimar et toute la Drôme est touchée par ce phénomène.
00:42On s'aperçoit que les points qui étaient très installés, les fameux points de deal, ont quasiment disparu.
00:48Maintenant, c'est des petits groupes qui sont très mouvants, qui se déplacent, qui font de l'ubérisation,
00:52c'est-à-dire qui font de la livraison à domicile. Ils se sont adaptés à notre pression.
00:56Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que, finalement, le trafic est toujours là ?
00:59Ça veut dire que le trafic est déstabilisé, et il est plus compliqué pour les trafiquants d'arriver à vendre de la drogue.
01:04Ils y arrivent malgré tout, mais c'est plus compliqué. Et on continue à les pilonner.
01:09L'objectif donné aux forces de l'ordre, c'est qu'il n'y ait plus de points de deal dans les villes de Valence, Romand ou Montélimar,
01:14pour les forcer à se réorganiser. Et d'ailleurs, nous-mêmes, nous nous réorganisons aussi pour lutter contre cette nouvelle forme qu'est l'ubérisation.
01:22Alors, l'ubérisation, Thierry Levimeux, ce que j'ai dans la main, là, c'est de la drogue.
01:25Le reporter d'ici Dromardèche l'a trouvé hier, en deux minutes, montre en main, dans un quartier des Hauts-de-Valence.
01:31Ça vous inspire quoi ?
01:33Eh bien, ça m'inspire, ça me montre qu'effectivement, nous n'avons pas éradiqué le trafic de drogue.
01:37Mais pour être complet, votre reporter a rencontré des jeunes dans la rue.
01:42C'est comme ça qu'ils le font maintenant. Il n'y a plus de points installés fixes.
01:45Et vous faites comment, justement, pour lutter contre cette nouvelle méthode de vente ?
01:49Alors, on continue à les harceler, pour éviter que les points de deal se repositionnent, déjà, premièrement.
01:55Pour moi, ce qui est très important, c'est aussi que les habitants réinvestissent l'espace public.
01:59Les points de deal, c'était clairement du kidnapping de l'espace public.
02:03Vous savez, ils étaient sur des fauteuils, ils mettaient des barrières en travers de la route, et puis ils filtraient tout ce qui rentrait ou sortait des quartiers.
02:08Ça n'existe plus. Par contre, il y a toujours de la vente.
02:11Donc là, effectivement, nous mettons une grosse pression avec l'ensemble des partenaires.
02:15Vous avez peut-être vu que le maire de Valence avait pris un arrêté anti-trottinette.
02:19C'est aussi pour ça. Parce que cette livraison de la drogue se fait essentiellement en trottinette.
02:24Nous essayons d'adapter nos façons de travailler pour éviter que ce trafic de drogue se propage.
02:30On travaille sur les petits dealers de quartier, ceux qui ont vendu la drogue à votre portaire,
02:34mais on travaille aussi sur les têtes de réseau.
02:37Et ça, c'est quelque chose d'un petit peu nouveau.
02:39On va modifier d'ailleurs notre approche. Je ne vais pas tout vous détailler parce que sinon,
02:43ils seront trop au courant de ce qu'on va faire.
02:45Et on va travailler sur des cibles,
02:47et on va faire l'environnement de ces personnes-là,
02:50pour essayer de déstabiliser les têtes de réseau, comme d'ailleurs les petits trafiquants.
02:53Vous avez les moyens en force de l'ordre pour vous attaquer aux têtes de réseau ?
02:57On a toujours les moyens en force de l'ordre. Vous savez que Valence était très écoutée par le ministère de l'Intérieur.
03:01L'année dernière, 38 journées de CRS dédiées à Valence pour occuper le terrain.
03:07Création d'une brigade qui s'appelle une BST de proximité dans les quartiers.
03:12Le ministre de l'Intérieur est venu l'annoncer.
03:157 policiers en plus. Oui, on a les moyens.
03:17Vous parlez de Valence. La drogue, il y en a aussi à Montélimar, il y en a aussi à Romand.
03:21Je parle de Valence, de Montélimar, de Romand.
03:23Et pour ces villes-là, il n'y a pas d'effectifs supplémentaires ?
03:25Si, il n'y a pas d'effectifs supplémentaires.
03:27La CRS, quand on la déploie dans la Drôme,
03:30elle vient, c'est vrai, souvent à Valence, mais elle vient aussi dans les autres villes.
03:34Et puis l'effort de gendarmerie déploie aussi des opérations dans le reste du territoire.
03:38Thierry Devimeux, vous êtes préfet de la Drôme.
03:40Quand je vous dis 25 kilos d'héroïne saisi entre 2023 et 2024,
03:4451 kilos de cocaïne, 154 kilos de résine ou d'herbe de cannabis,
03:49vous me répondez quoi ? On cherche mieux, donc on trouve mieux, ou le trafic est en hausse ?
03:54Les deux. Malheureusement, les deux.
03:56On cherche mieux, on trouve mieux.
03:58Preuve est les 800 kilos de cocaïne qui ont été interceptés sur l'autoroute A7 il y a quelques jours, ce week-end.
04:04Donc on cherche mieux. On a plus de renseignements.
04:07Le travail inter-service est mieux organisé, et donc la formation circule mieux, donc on travaille mieux.
04:12Mais malheureusement, il faut aussi reconnaître qu'il y a beaucoup de trafic de drogues.
04:16Alors, la drogue, c'est différentes drogues, certaines plus dures que d'autres.
04:20Le week-end dernier, c'était de la cocaïne sur l'autoroute.
04:23Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que là aussi, le trafic évolue,
04:27et que les drogues plus dures arrivent encore plus, désormais ?
04:31Je ne suis pas sûr.
04:34Les drogues comme la cocaïne, ce n'est pas tout à fait la même clientèle.
04:37La cocaïne est plutôt consommée en récréatif.
04:40Le cannabis est consommé comme de la cigarette.
04:45C'est vrai que ça nous incite une réflexion, c'est qu'il faut qu'on continue de travailler sur les consommateurs.
04:50En fait, tout ça existe parce qu'il y a des consommateurs.
04:52Je l'ai martelé depuis plusieurs semaines, plusieurs mois.
04:55Vous avez lancé une campagne, d'ailleurs, qui culpabilisait en quelque sorte les consommateurs,
04:59en disant que si vous consommez, c'est vous qui alimentez les trafics, et c'est à cause de vous qu'il y a des morts.
05:03Quelques mois après, vous vous dites quoi ?
05:05Que cette campagne a quand même porté ses fruits ? Vous avez eu des retours ou pas ?
05:08Alors d'abord, cette campagne a été extrêmement suivie dans la Drôme, grâce aux médias locaux,
05:13mais aussi au niveau national.
05:15Et puis, le ministère de l'Intérieur a repris d'ailleurs cette idée,
05:17puisqu'il vient de lancer une grande campagne qui reprend la même thématique,
05:19pour stigmatiser les consommateurs,
05:21parce que clairement, c'est eux qui alimentent le trafic.
05:23S'il n'y avait pas de consommation de drogue, il n'y aurait pas de marché de la drogue,
05:26et donc pas la violence qui va avec.
05:28Parce que la drogue, ça génère des phénomènes de bandes,
05:30de guerres de territoire, de violence,
05:32de trafic d'armes, de tout ce qu'on veut comme tous les trafics.
05:34Et donc, si on arrivait à assécher,
05:36ou à faire comprendre aux consommateurs
05:38que ce qu'ils font est illégal et dangereux pour notre société,
05:40peut-être que nous arriverions
05:42à mieux traiter le trafic de drogue.
05:44Trafic de drogue, qui est déstabilisé,
05:46mais pas éradiqué,
05:48voilà ce que vous nous avez dit ce matin, Thierry de Vaumeux.
05:50Et on va continuer à travailler avec intensité sur le sujet.