Fini de demander si “quelqu’un a un chargeur d’iPhone” ou “USBC” : tout le monde sera logé à la même enseigne. Depuis décembre 2024, l’Union européenne exige que tous les appareils de petites et moyennes tailles comportent tous un port USBC. Imposer le chargeur universel devrait permettre d’éviter 11 000 tonnes de déchets par an.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00L'invité de Smart Impact, c'est Stéphane Bobod. Bonjour.
00:10Bonjour.
00:11Bienvenue. Vous êtes le fondateur d'Innovate Group. Quel est votre métier ? C'est quoi votre business ?
00:16Alors, l'activité d'Innovate, c'est un spécialiste de la distribution de produits connectés initialement, que j'ai fondé il y a maintenant une douzaine d'années,
00:24et qui a cette vision de la maison du futur, une maison connectée, et donc d'apporter auprès du grand public toutes ces nouvelles marques qui arrivent avec des produits connectés pour cette maison du futur.
00:36Alors, on va beaucoup parler de chargeurs de téléphone ou de device en général et de chargeurs universels, mais quand on dit objet connecté, ça peut être tout dans la maison ?
00:47Oui. Alors, en fait, c'est tout ce qui est connecté à un téléphone. Le téléphone devient une télécommande universelle. Autour de ce téléphone, on a plein de produits connectés, des caméras, des robots aspirateurs connectés, des drones.
00:58Et Innovate est le distributeur de toutes ces nouvelles marques qui arrivent sur le connecté. On réalise un peu plus de 250 millions d'euros de chiffre d'affaires avec 200 collaborateurs.
01:08Et il y a quelques années, on a décidé aussi de passer du métier de distributeur à fabricant parce qu'on s'est dit que dans notre métier, une de nos missions, c'était aussi d'accompagner cette transition écologique avec des produits plus vertueux qui font du sens pour la planète.
01:26Et alors, justement, on va en parler de ce chargeur universel à base de matériaux biosurcés. Mais d'abord, il y a le contexte général parce que toute marque confondue est enfin devenue obligatoire en Europe.
01:37Depuis là, il y a quelques semaines, c'était la fin de l'année 2024. Qu'est-ce que ça change ?
01:43Alors, vous saviez, historiquement, dans chaque boîte de téléphone portable, vous aviez un chargeur qui, souvent, était différent d'une marque à l'autre. Il y avait des connecteurs qui étaient sans arrêt différents.
01:54Donc, on se retrouvait à avoir des dizaines et des dizaines de chargeurs dans les tiroirs avec une surconsommation, justement, de produits.
02:01Et cette nouvelle réglementation que, justement, Thierry Breton avait poussée à la Commission européenne était dans la direction de créer ce chargeur universel pour que toutes les marques s'accordent à utiliser les mêmes normes.
02:16Entre autres, un câble USB-C. Donc, maintenant, tous les produits nomades, que ce ne soient pas simplement les smartphones, mais également les écouteurs audio, tous les produits électroniques nomades, en fait, vont disposer du même connecteur et avoir un bloc chargeur qu'on appelle chargeur rapide, de l'ordre de 30 watts, pour pouvoir recharger rapidement ces produits.
02:40Et donc, maintenant, dans tous les produits, il n'y aura plus le chargeur qui sera fourni. On considère qu'il vous suffira d'un seul chargeur pour pouvoir alimenter tous vos produits électroniques.
02:52– Quel que soit leur marque, on le rappelle, c'est très important. Ça va prendre combien d'années ? Parce que là, c'est sur des produits neufs qui seront adaptés. Donc, est-ce que le renouvellement se fait rapidement ?
03:03– Alors, le renouvellement des smartphones, qui est un peu le produit phare de cette réglementation, on a aujourd'hui des durées de vie qui s'allongent, mais qui restent quand même de l'ordre de 24 mois à peu près, où on change de téléphone portable.
03:19Donc, on a quand même un renouvellement qui est rapide. Les fabricants avaient anticipé aussi ce changement de réglementation. Et donc, ça fait déjà maintenant près de deux ans qu'on a tous, en fait, des USB-C sur les nouvelles générations de téléphones.
03:35Donc, ça va faciliter la passation à ce nouveau typologie de produit.
03:41– C'est vrai aussi pour les ordinateurs ? Ou alors, je crois qu'ils ont eu un délai de mise en œuvre, c'est ça ?
03:46– Exactement. Les ordinateurs aussi passent à l'USB-C, mais avec des puissances de charge qui sont supérieures. Il faut avoir des chargeurs à plus de 65 watts, voire 100 watts, pour pouvoir alimenter un PC portable.
03:58Et donc, pour tout le petit électronique nomade, aujourd'hui, avec le chargeur universel, on va être en capacité de les alimenter.
04:06– Oui, et c'est quand même un gain environnemental majeur, puisqu'il devrait permettre d'éviter 11 000 tonnes de déchets par an.
04:16Et donc, vous allez encore plus loin avec Innovate en proposant ce chargeur universel biosourcé. Alors, expliquez-moi déjà de quels matériaux on parle ?
04:26– Alors, c'est une vraie innovation, une vraie révolution même dans les produits électroniques. On s'est associé avec le groupe Arkema, un grand groupe français.
04:36– Spécialisé dans la science des matériaux, on va dire ça comme ça.
04:39– Exactement. Pour mettre au point une matière 100% biosourcée, à partir d'huile de ricin, qui permet de respecter à tous nos cahiers des charges techniques.
04:49Vous savez, un chargeur, ça reste un produit électronique avec énormément de normes, CE, à respecter.
04:56Et donc, on a travaillé avec le groupe Arkema pendant près de deux ans pour la mise au point de cette matière.
05:02Ce qui nous a permis de créer, et c'est une première mondiale, un produit qui n'utilise plus de plastique issu de la pétrochimie.
05:10– Plus du tout.
05:11– Exactement. On est 100% biosourcés, et c'est en cela que c'est une révolution.
05:16C'est qu'on montre qu'il y a une nouvelle voie pour les produits électroniques,
05:20de pouvoir utiliser justement des plastiques qui sont plus nocifs pour la planète.
05:25Et utiliser des ressources naturelles, comme l'huile de ricin, pour pouvoir se substituer au plastique issu de la pétrochimie.
05:33– Alors pourquoi l'huile de ricin ?
05:35– Parce que c'est une matière qui est cultivée dans des zones plutôt très faibles en nutriments,
05:44sur lesquelles on ne va pas utiliser des terres pour pouvoir faire de l'alimentaire,
05:49qui sont souvent dans des zones comme l'Inde par exemple,
05:54où justement Arkema est très soucieux de cet écosystème,
05:59de s'assurer que les agriculteurs sont rémunérés au bon prix.
06:03Et donc pour pouvoir extraire ces graines qui sont ensuite transformées en huile.
06:10Et cette huile est rapatriée ensuite en France sur lesquelles s'opère cette transformation.
06:15Et donc on a cette matière qui est ensuite transformée en France directement.
06:19– Avec quel défi technologique a relevé ?
06:21Vous avez dit deux ans de travail, de recherche et développement.
06:25La filière, vous l'avez trouvée j'imagine grâce à ce partenariat Arkema,
06:31mais quel défi vous avez dû relever ?
06:33– Le fait de pouvoir en effet supporter l'ensemble des tests,
06:37des tests et des certifications et surtout passer l'ensemble des certifications.
06:40Donc on a eu énormément de mises au point, des centaines de prototypes qu'on a dû tester,
06:45éprouver pour pouvoir avoir ces certifications.
06:49Et puis le deuxième gros challenge, ça a été de vouloir faire une fabrication en France.
06:53Parce que c'est un produit qui est certifié, origine France garantie.
06:58Et donc on a fait le choix de la certification,
07:00parce que vous savez que c'est aujourd'hui le seul label qui nous permet d'avoir une audite,
07:06de s'assurer que le produit prend bien ses origines en France sur la fabrication.
07:13Et donc on a à la fois utilisé des matériaux éco-responsables, bio-sourcés,
07:19mais aussi on a tenu à faire cette production, cette relocalisation industrielle en France.
07:25– Et alors ces produits où ?
07:26– Alors ces produits dans un ESAT, on a aussi une composante sociale qui est importante.
07:31Donc on a fait le choix de faire travailler un ESAT dans la région d'Annecy.
07:36– D'accord, et avec un enjeu d'éco-conception, d'éco-responsabilité,
07:42comment vous liez cet impératif-là à celui de la durabilité du produit ?
07:48Vous m'avez dit qu'il y a des certifications évidemment,
07:50ce n'est pas pour que ce chargeur universel dure moins longtemps que les autres.
07:53– Alors il se trouve que ce nouveau matériau est révolutionnaire,
07:58pas simplement en effet par son origine qui est bio-sourcée,
08:03mais aussi par ses capacités de résistance,
08:06parce que c'est un produit qui est encore plus résistant qu'un plastique traditionnel,
08:10plus léger, avec une meilleure densité,
08:14et donc il a des caractéristiques qui le rendent encore plus performant
08:19d'un point de vue mécanique et technique.
08:21Donc on arrive à démontrer qu'en effet l'innovation qui part,
08:27je dirais, d'une volonté écologique,
08:30de se dire qu'on veut réduire notre dépendance aux énergies fossiles.
08:35Et donc dans les recherches que l'on va faire,
08:37on est arrivé, avec bien sûr le travail d'Arkema sur ce matériau,
08:42à avoir des performances techniques qui sont encore meilleures.
08:45– Et sur le prix ?
08:48Avec toutes ces qualités, il coûte plus cher qu'un chargeur entre guillemets classique ?
08:52– Alors ça c'est notre challenge personnel que j'ai eu dans le groupe,
08:57ça a été de toujours mettre le prix au centre de notre stratégie,
09:03à savoir à faire des produits qui soient accessibles au plus grand nombre
09:07et qui soient compétitifs par rapport à l'Asie.
09:10Et de démontrer qu'il est possible de relocaliser en France
09:13des produits de grande consommation sans en faire payer le surcoût consommateur.
09:17On l'a fait par le passé avec les coques de téléphone,
09:21la coque transparente que tout le monde a,
09:25on l'a relocalisé depuis 2019.
09:29Aujourd'hui c'est notre produit best-seller,
09:31elle est vendue au même prix qu'une coque chinoise historiquement,
09:35à 19,90 euros.
09:37On en a déjà vendu plus de 2 millions, c'est un vrai succès commercial.
09:40– Et alors comment vous faites avec un coup du travail qui n'est pas tout à fait le même ?
09:45– Il faut repenser complètement la chaîne de production,
09:48et on part justement de la matière,
09:51repenser le sourcing de cette matière première,
09:55retravailler le process de fabrication,
09:59mettre de la robotisation,
10:01donc on a des chaînes de production qui n'ont rien à voir
10:04avec certaines chaînes qu'on connaît en Asie,
10:08où on a mis énormément d'innovation dans tout le process.
10:11Le packaging est intégré aussi directement sur site,
10:15et donc on a intégré toute la chaîne pour avoir des économies
10:18et des gains de productivité qui nous permettent d'être compétitifs.
10:21Et donc ce chargeur est au même prix qu'un chargeur chinois à 29,90 euros.
10:26– Effectivement le défi est tenu.
10:29Est-ce qu'on parlait des ordinateurs,
10:31est-ce que vous travaillez aussi sur un chargeur adapté aux ordinateurs
10:34ou est-ce que vous dites c'est un autre marché, on ne va pas aller dessus ?
10:36– Non, non, on est en train de travailler en effet pour cette marque Moovit,
10:40toute la gamme de chargeurs du produit 20 watts jusqu'à un produit 100 watts,
10:45et donc on va avoir toutes les gammes de produits utilisant la matière Biophénix,
10:50et donc maintenant c'est un vrai mouvement qu'on souhaite poursuivre,
10:54c'est de transformer progressivement l'ensemble de nos produits
10:57avec ces matériaux biosourcés.
10:59– Biophénix c'est le nom que vous avez donné à ce matériau créé avec Arkema.
11:03Merci beaucoup Stéphane Beaubotte et à bientôt sur Be Smart For Change.
11:07On passe tout de suite à notre débat, le gaspillage alimentaire au programme.