Agressé par un jeune patient lundi après-midi, ce généraliste de 64 ans qui exerce à Drancy a fermé son cabinet « jusqu’à nouvel ordre ». Sans être sûr de le rouvrir un jour.
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00:00Il m'a mis le coup de tête, et la chaise était ici.
00:04Donc quand je suis tombé, je suis tombé comme ça.
00:06La chaise est partie.
00:08Et s'il n'y avait pas la chaise, j'aurais pris la tête ici,
00:10ça aurait été autre chose.
00:13C'est juste dans les minutes qui ont suivi le coup, vous voyez ?
00:16Un coup de tête, oui.
00:17Donc vous voyez la cloison nasale, elle est complètement de l'autre côté.
00:21Excusez-moi, les lunettes, je les mets un peu,
00:23parce que ça tombe pile poil sur là où j'ai mal.
00:26Et donc je suis obligé de les décaler.
00:30À l'entrée du cabinet médical du Dr Oulmeki, c'est une affichette qui interpelle.
00:34Depuis mardi, les patients qui arrivent découvrent le visage tuméfié de leur médecin
00:38après l'agression dont il a été victime.
00:40Et deux jours après, les stigmates restent impressionnantes.
00:44J'ai une triple fracture du nez,
00:46avec un déplacement de la cloison de plus de 6 millimètres.
00:50Comme je ne sens plus, ils ne sont pas sûrs que je retrouve l'odorat.
00:54J'ai un œil qui ne voit pas très bien,
00:56alors on ne sait pas si c'est l'œdème,
00:58ou si c'est après l'opération qu'on va avoir une idée des séquelles définitives.
01:03Lundi après-midi, sur fond de différents concernant des remboursements de soins,
01:06un jeune patient s'en est pris violemment au Dr Oulmeki.
01:09Atteint physiquement et moralement, ce dernier, 64 ans,
01:12a décidé de fermer son cabinet jusqu'à nouvel ordre.
01:15Je suis angoissé déjà de reposer les pieds ici.
01:19En tout cas, je ne vais plus continuer dans ce cabinet sous cette forme-là.
01:22Soit on va fermer, mais je pense que jusqu'à la fin de l'année,
01:26je ne vais pas reprendre mon activité.
01:28Soit je vais partir à la retraite anticipée,
01:31soit je vais trouver un poste de salarié dans un centre encadré
01:36pour éviter ce genre de trucs.
01:38Mon sentiment, c'est de l'écœurement.
01:41Parce que vous faites tout du mieux que vous pouvez.
01:44Il y a des gens qui sont adorables,
01:46on les sent touchés dans leur chair par rapport à ce qui vous arrive.
01:49Mais pour une poignée d'irresponsables,
01:51qui vous poussent, ils obtiennent ce qu'ils veulent,
01:53parce que je vais partir.
01:55Si l'épouse de Mohamed Oulmeki, également médecin,
01:57dans leur cabinet médical continue d'assurer des consultations,
02:00lui est arrêté pour 15 jours,
02:02mais son absence pourrait se prolonger bien au-delà.
02:04Alors qu'il exerce depuis 1997 à Drancy,
02:07et depuis 2010 dans ce cabinet en particulier,
02:09il déplore une situation qui ne cesse de se dégrader.
02:12Quand c'était des crachats, des trucs,
02:14je me lavais le visage, je recommençais.
02:16Là, c'est une fracture compliquée.
02:18Je risque de retrouver un ensemis total jusqu'à la fin de mes jours.
02:21La prochaine fois, il aurait eu un couteau, il m'aurait planté.
02:24La dernière année, à peu près,
02:26j'ai subi plus d'agressions verbales et physiques
02:30que les 26 années que j'ai passées à Drancy.
02:33Quand je me suis installé,
02:35il y avait encore un minimum de respect,
02:37il y avait encore quand le médecin disait des trucs et tout ça.
02:39Maintenant, le mec qui arrive, il dit,
02:41« Voilà, j'ai vu sur Internet, alors tu fais ça, ça, ça et ça. »
02:46Vas-y.
02:47Si on ne tire pas la sonnette d'alarme, ça va faire quoi ?
02:49On va toujours camoufler le truc et se dire,
02:51« Bon, chacun, vous êtes livrés à vous-même dans votre cabinet,
02:54quand vous vous agressez. »
02:55C'est au fait, essayer de faire réagir.
02:57S'il y a des gens qui ont un minimum de bon sens
03:02et qui peuvent faire quelque chose,
03:04pour voir comment on peut résoudre ça.
03:07Un cas qui n'est pas isolé.
03:09En 2023, en France, le Conseil national de l'ordre
03:11déplorait une hausse de 27% par rapport à 2022.
03:14Des incidents allant contre des médecins,
03:16dont des agressions verbales, mais aussi physiques.
03:18Mercredi, dans son cabinet médical,
03:20Médoul Mekki a en tout cas pu compter sur le soutien des patients présents.
03:23Merci beaucoup de votre soutien.
03:25Je sais que ça m'a touché.
03:27N'importe quoi, on est là.
03:29Je sais.
03:30Ça va avec vous ?
03:31Écoutez, je suis arrivé jusqu'ici.
03:33Je n'avais pas entendu.
03:34J'ai vu.
03:35J'ai vu la photo.
03:37Sur le devant, visage tuméfié, coupé au niveau du nez.
03:41Donc, j'étais choqué, bien sûr.
03:43Merci de votre soutien.
03:45Je sais que c'est sincère.
03:47Merci beaucoup.
03:50C'est émouvant, franchement.
03:51J'ai des larmes aux yeux.
03:53Tous, ils sont désolés.
03:58Donc, c'est ça qui fait mal, en fait.
04:03De se dire qu'on est obligé
04:07de laisser les gens comme ça,
04:09à cause d'abrutis qui ne respectent rien.
04:14Et d'un autre côté, vous dites,
04:16la prochaine fois, ça sera quoi ?