Les ingérences étrangères et les risques de manipulation de l’opinion, notamment pendant les périodes électorales. C’est d’une cyberguerre dont on parle, beaucoup de pays y participent, notamment la Russie, avec un pays en première ligne, l’Estonie. Audrey Vuetaz s’est rendu dans la capitale Tallin, où elle a pu accéder à un centre de cyberdéfense de l’OTAN. Ce jour-là, 3000 personnes participent à un exercice grandeur nature, pour contrer une attaque venue d’un pays imaginaire
Année de Production : 2022
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00:00Les visages sont fermés, les regards concentrés.
00:11Plusieurs centaines de personnes sont à pied d'œuvre, 39 nations engagées, ici à Tallinn
00:17en Estonie, pour faire barrage à une cyberattaque en cours.
00:22Sur ce plateau nous avons une vision sur différentes centrales électriques et leurs positions.
00:28Quand les hackers réussissent, le courant est coupé dans un quartier.
00:33Ce jour-là, c'est une nation fictive qu'il faut défendre, Beryllia, car nous sommes
00:39en réalité au milieu du plus grand exercice de cyberdéfense au monde, le Lock Shield,
00:45développé par le Centre d'excellence de cyberdéfense coopérative de l'OTAN.
00:49Parmi les forces en présence, la France.
00:52Dans le cyberespace, on est en permanence sous attaque, il faut bien se rendre compte.
00:58Il faut être capable de comprendre ce qui se passe, il faut être capable de se protéger,
01:02il faut être capable de se défendre, avec ses alliés notamment.
01:05Et ce n'est pas un hasard si tout se passe en Estonie.
01:08Le pays d'1,4 million d'habitants est devenu un des leaders mondiaux en la matière,
01:13après s'être relevé de la toute première attaque d'ampleur de l'histoire.
01:18En 2007, notre pays a subi la première cyberattaque d'ampleur nationale.
01:23C'était la première fois qu'une nation entière était attaquée,
01:26en l'occurrence l'Estonie par la Russie.
01:29Une attaque causée par cette simple statue de bronze.
01:33Un soldat, symbole de l'occupation soviétique du pays jusqu'en 1991.
01:38En 2007, les autorités décident de la déplacer dans un cimetière militaire.
01:43C'est l'émoi chez les 30% de russophones du pays.
01:47Des manifestations dégénèrent en émeute,
01:50encouragées par les médias russes et les fake news.
01:53Dans la foulée, les sites officiels, les services bancaires,
01:57les médias sont interrompus après une cyberattaque imputée à des hackers russes.
02:03Aujourd'hui, le temps est passé.
02:06C'était horrible d'assister à ça à l'époque.
02:08Heureusement, je n'ai rien vu de tel depuis.
02:11On aurait même dû retirer cette statue beaucoup plus tôt.
02:14Mais l'État frontalier de la Russie se sait toujours en ligne de mire.
02:17Récemment, Vladimir Poutine a affirmé que l'Estonie n'était pas un vrai pays.
02:22Les fake news sont quotidiennes, les trolls se déchaînent,
02:25alors les citoyens eux-mêmes interviennent.
02:29Andrés Lambert est l'un d'entre eux.
02:30Sur son temps libre, il gère depuis 2014 le site Propastop,
02:35qui surveille et démonte les fake news qui ciblent l'Estonie.
02:40On regarde les chaînes russes.
02:41Oui, on fait beaucoup ça.
02:44On relève ce qui ne va pas, ce qui est faux, et on l'explique aux gens.
02:47Là, par exemple, on a un blogueur russe qui estime que les drones ukrainiens
02:50sont trop performants pour que ce soit honnête.
02:54Quand on vit en Estonie, à la frontière est de l'Union européenne,
02:57c'est important de se rendre compte que la liberté est fragile.
03:01Nous devons nous souvenir de notre histoire,
03:03parce que l'histoire a la sale habitude de se répéter.
03:06On le voit en Ukraine, on doit se défendre,
03:08et pas que physiquement, psychologiquement aussi.
03:12Se défendre, c'est aussi prévenir et mieux intégrer
03:15la minorité russophone du pays,
03:17pour éviter qu'elle ne soit manipulée par Moscou.
03:23Même si l'état de notre planète est préoccupant,
03:25sachez tout de même qu'aujourd'hui, c'est le jour de la Terre.
03:28Tout de suite, un reportage à Tallinn.
03:31Depuis 2015, la chaîne publique ETV Plus
03:34diffuse quotidiennement 3h30 de programmes en russe.
03:37En Estonie, la télévision reste pour beaucoup un moyen de divertissement.
03:42L'objectif, c'est d'éviter que la minorité russophone
03:45ne regarde les chaînes russes officiellement interdites,
03:49mais toujours disponibles en ligne.
03:53Une partie des téléspectateurs russes sont habitués au point de vue russe.
03:57Donc c'est un challenge de proposer une autre interprétation des événements.
04:01Et puis en Russie, il y a beaucoup de programmes de divertissement
04:04qui coûtent cher et pour nous, c'est compliqué de lutter.
04:08Néanmoins, la chaîne trouve petit à petit son public.
04:11L'Estonie entend conserver sa longueur d'avance.
04:14Dès cette année, les cours sur l'influence des médias
04:17et la lutte contre les fake news
04:18deviennent obligatoires dans toutes les écoles du pays.