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Tous les vendredis, samedis et dimanches à 19h17, Pascale de La Tour du Pin reçoit un invité au cœur de l'actualité politique pour un moment d'échange franc sur les dossiers brûlants du moment. Ce soir, Emmanuel Razavi, grand reporter et spécialiste du Moyen-Orient et auteur d’une enquête pour Atlantico "Révélations sur la stratégie d'infiltration de l'extrême-gauche française par la République islamique d'Iran".
Retrouvez "Les invités d'Europe 1 Soir week-end" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-europe1-week-end

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Transcription
00:00Bonsoir Emmanuel Razavi, merci d'être avec nous en direct sur Europe 1 dans Europe 1 Soir Week-end.
00:05Merci beaucoup, grand reporter spécialiste du Moyen-Orient, vous couvrez notamment l'actualité iranienne pour Paris Match.
00:10Vous êtes l'auteur de l'ouvrage « La face cachée des molas » et vous sortez une enquête très fouillée.
00:16On vient d'en parler un peu avec Rachel Khan et Raphaël Stainville ici dans ce studio.
00:21Enquête très fouillée pour le site Atlantico, intitulée « Révélation sur la stratégie d'infiltration de l'extrême gauche française
00:28par la république islamique d'Iran ». Alors d'abord pour les auditeurs d'Europe 1, est-ce que vous pouvez nous expliquer comment est née cette enquête ?
00:36Alors vous le savez, j'enquête en fait sur la république islamique d'Iran depuis des années, notamment vous l'avez rappelé en fait pour Paris Match et Atlantico.
00:47Et du reste, au fur et à mesure de mes enquêtes, je me suis rendu compte à quel point, comment dire, il y avait en fait des proximités surprenantes
00:55entre certains élus d'extrême gauche, mais ce n'est pas vrai qu'en France, c'est vrai dans plusieurs pays, et des protocoles en fait qui semblent,
01:02quand je dis des protocoles, des protocoles pour les approcher, pour les retourner, qui semblent être identiques si vous voulez, que ce soit en Espagne, en Italie, en France.
01:09J'ai beaucoup échangé avec des confrères aussi, parce que je ne suis pas le seul à enquêter en fait là-dessus.
01:13Il y a des journalistes aujourd'hui en Espagne, en Italie, aux États-Unis, au Canada, qui travaillent aussi, qui font des investigations sur la façon dont la république islamique d'Iran
01:22fait de l'antrisme, si vous voulez, au sein de mouvements politiques, mais aussi en fait au cœur des associations d'extrême gauche en milieu universitaire.
01:31Et donc si vous voulez, moi j'ai la chance, puisque je suis d'origine iranienne, vous le savez, j'ai la chance en fait de connaître énormément de gens au sein des oppositions iraniennes,
01:39c'est une réalité, mais aussi au sein du régime iranien. Il ne vous aura pas échappé que depuis quelques temps, le régime iranien quand même est un peu à bout de souffle.
01:47Il y a beaucoup en fait d'informations qui parviennent aux journalistes, alors bien sûr il faut les vérifier, il y a un temps de travail qui est phénoménal,
01:52mais on a ces informations qui nous sont aussi en fait confirmées par des gens qui sont à l'intérieur du régime aujourd'hui, et qui je crois, alors c'est mon analyse, je ne dis pas que j'ai raison,
02:01mais qui, parce qu'ils pensent que le régime iranien est condamné à terme, à moyen ou long terme, aujourd'hui veulent s'acheter aussi une deuxième vie,
02:10et voilà, ils commencent à parler en fait, et encore une fois, je ne suis pas le seul auquel ils parlent. En général, c'est vrai qu'ils choisissent très souvent des journalistes comme moi qui sont binationaux.
02:18Alors voilà, le décor est planté, c'est très important, bien sûr, le décor est planté, c'est très important pour les auditeurs d'Europe 1 de comprendre dans quelles circonstances vous avez mené votre enquête.
02:27Je voudrais vous poser une question très simple, on va en venir à la France, est-ce que vous pouvez nous expliquer la stratégie d'infiltration de l'extrême gauche française par la république islamique ?
02:38Par exemple, vous dites que le parti communiste français, entre 2013 et 2018, a ouvert ses locaux parisiens à plusieurs personnalités proches du courant réformateur en Iran. Que s'est-il passé ? Racontez-nous.
02:52Alors, ce que je raconte là, c'est étayé, très précisément, et la justice le tranchera très certainement, c'est étayé par des séries de photographies,
03:02qui ont été prises au sein même des locaux du parti communiste, en tout cas de sa section du 13ème arrondissement, en présence de gens qui appartenaient soit au FPLP,
03:14le FPLP c'est une organisation palestinienne qui est sur la liste des organisations terroristes de l'Union Européenne, et que je sache, on est en France, donc un pays de l'Union Européenne, très clairement,
03:24des gens comme Salah Amoury, qui ont été condamnés en Israël, pour actions terroristes, d'accord, et j'ai publié d'ailleurs un, par ailleurs, des photographes...
03:32Pardon, excusez-moi Emmanuel Razzani, on l'a vu effectivement lors d'une manifestation cette semaine pro-palestinienne, avec Marine Tondelier, avec quelques figures de LFI, Rima Hassan, Jean-Luc Mélenchon,
03:45on était là Salah Amoury, voilà, et embrassé chaleureusement...
03:49Je vous rappelle que l'organisation à laquelle il appartient, encore une fois, est une organisation terroriste. Lui dit souvent qu'il n'est pas lié au FPLP, c'est un problème, parce qu'il pose, et on a les photos de ça,
04:02on en a publié certaines, où on le voit posé à côté des principaux cadres du FPLP, et le site internet lui-même du FPLP le mentionne comme un de ses membres, donc il y a un vrai problème là-dessus.
04:13Et si vous voulez, aujourd'hui, le problème auquel on fait face en France, clairement, c'est que le Parti Communiste, comme LFI, la France Insoumise, ont banalisé le fait de se montrer à la télévision, de se montrer lors de conférences,
04:25de se montrer, si vous voulez, lors de manifestations, aux côtés de Jean-Comme Salah Amoury, encore une fois, qui est membre d'une organisation terroriste, le FPLP.
04:33C'est pas parce qu'on cherche à banaliser, si vous voulez, le terrorisme, qu'il devient banal et légal pour autant.
04:40Et c'est important, parce que j'entends dire, en fait, depuis quelques jours, oui, mais bon, tout ça, on le savait, mais après tout, il faut l'étayer.
04:46Mais c'est étayé, juridiquement. Les photographies font foi. Il y a des témoins, d'ailleurs, vous avez parlé de l'enquête que j'ai publiée, en fait, dans Atlantico,
04:53il y a des gens qui ont été témoins très directement de ce qui se passe dans les locaux du Parti Communiste, à plusieurs reprises, parce que ça se passe sur plusieurs années, entre 2013 et 2018.
05:03Et voilà, c'est des gens, en fait, qui nous ont parlé. Alors, je dis nous, encore une fois, parce que c'est moi qui signe l'enquête, qui travaille dessus.
05:08On est une équipe, réellement, de journalistes, aujourd'hui, à travailler sur le sujet.
05:12— Emmanuel Razavi, vous citez notamment trois personnes. Là, on est sur LFI. On a parlé du Parti Communiste, on a parlé sur LFI.
05:19Rima Hassan, députée européenne, et les députés Ercilia Soudé et Thomas Porte, donc, qui ont des liens très clairs, justement, avec la mouvement.
05:30Alors, je parle du Hamas, je parle du Front de libération de la Palestine, ou du djihad islamique palestinien. Il y a plusieurs branches pour chacun. Racontez-nous.
05:38— Écoutez, alors, on va commencer par Rima Hassan. Rima Hassan, quand même, a participé, si vous voulez, à des conférences, des colloques, notamment, en fait, au Maghreb,
05:48en présence, deux ans, du djihad islamique, qui est une organisation terroriste palestinienne, de cadre du Hamas, qui est une organisation terroriste palestinienne.
05:57Les mots ont un sens, encore une fois. Ces organisations, elles figurent sur la liste de l'Union européenne des organisations terroristes. Donc, c'est important.
06:07Vous parlez de Thomas Porte. Que faisait-il au Proche-Orient, 48 heures avant le pogrom qui a été lancé par le Hamas et le djihad islamique, si vous voulez, sur Israël ?
06:17Ce sont des vraies questions. Et encore une fois, je le dis, c'est important pour vos auditeurs. Tout ça est étayé par des photographies, c'est étayé par des témoignages.
06:26Vous savez, il y a une chose qui est assez intéressante. Vous aurez remarqué que, depuis 48 heures, on n'a pas eu de réaction de l'ADFI, sur le papier. Pourquoi ?
06:34Moi, j'aimerais qu'ils réagissent. J'aimerais qu'on aille devant...
06:38Evidemment, c'est documenté, ce que l'on a raconté. Et encore une fois, ils savent, aussi bien que moi, d'ailleurs, que d'autres journalistes dans d'autres pays font exactement la même chose.
06:47Prenez l'Espagne, par exemple, avec l'extrême gauche. C'est documenté. On a un de nos confrères, en fait, Francis Matteo, qui, il y a quelques mois, a sorti une enquête sur les liens entre la République islamique d'Iran,
06:56les 6 universités espagnoles et l'extrême gauche espagnole. Il faut comprendre une chose qui est importante. La République islamique d'Iran, au début des années 80, 1984 exactement,
07:09décide de lancer une opération d'influence en Europe, mais particulièrement en France, parce qu'elle considère que la France est le pays le plus influent de tous les pays européens.
07:19Elle va essayer d'approcher des élus du Parti socialiste. Et c'est ce que je raconte, d'ailleurs. Il y a une interview de Mathieu Radhiri, en français, qui est un ancien agent du contre-espionnage français,
07:29qui a infiltré le corps des gardiens de la Révolution, qui explique comment ces derniers veulent faire passer des messages à François Mitterrand, essaient d'approcher Régis Debré, etc.
07:41Cette opération a été relancée il y a une dizaine d'années, c'était en 2014 pour être précis, par le ministère des Affaires étrangères iranien avec les gardiens de la Révolution.
07:52Qu'est-ce qu'ils ont fait ? Ils ont décidé d'utiliser leur réseau d'ambassades en Europe pour approcher des partis politiques d'extrême gauche à chaque fois.
08:01C'est d'ailleurs ce qui est intéressant, ce que nous racontent des gens qui ont oeuvré à l'intérieur du régime iranien, y compris à l'intérieur des ambassades iraniennes,
08:08qui nous disent qu'on n'a jamais approché les élus de droite parce qu'on savait qu'on perdait du temps.
08:13Il fallait directement approcher les gens d'extrême gauche parce qu'il y avait un point de convergence qui était la question palestinienne avec eux,
08:21et qu'en plus ils sont à la fois très présents dans les milieux universitaires, parfois présents dans les milieux diplomatiques, voire médiatiques.
08:28Je vous parle d'un protocole qui a été mis en place par le ministère des Affaires étrangères iranien avec les gardiens de la Révolution pour approcher ces gens-là,
08:36parfois en les payant, dans certains pays.
08:38Ce qu'on a remarqué, ce qu'on a entendu de plusieurs témoignages, c'est que c'est en France qu'ils ont eu le moins à payer parce qu'il y avait vraiment cette convergence idéologique.
08:46Et encore une fois, je le dis pour vos lecteurs, il faut lire cette enquête parce qu'il y a le témoignage exclusif de Mathieu Gaderi, ancien espion.
08:53Oui, ancien espion qui effectivement commence à parler.
08:55Une dernière chose Emmanuel Razavi, parce que malheureusement c'est passionnant, mais le temps court.
08:59Vous avez proposé la création d'une commission d'enquête indépendante sur ce sujet.
09:04Quel écho et quelle réponse avez-vous eu à cette proposition ?
09:08Ce n'est pas moi qui ai proposé ça, c'est le maire de Châlons-sur-Saône.
09:12Exactement, Gilles Platré.
09:13Quel écho y a-t-il à cette commission ?
09:16Pour le moment, je n'ai pas de retour très sincèrement.
09:21En revanche, il faudra bien qu'on ait une à un moment donné.
09:23Gilles Platré, le maire de Châlons, depuis des années, dénonce l'infiltration islamiste dans sa région puisqu'il vit en Bourgogne.
09:29Il est aussi conseiller régional de Bourgogne.
09:31Il a été confronté à plusieurs opérations d'infiltration.
09:34Vous savez qu'en juillet a été expulsé un membre de la force Al-Qods iranienne.
09:39La force Al-Qods, c'est l'unité d'élite des gardiens de la Révolution.
09:42Il était à Dijon, capitale de la Bourgogne.
09:44Il était chargé de surveiller des opposants iraniens et de faire de l'infiltration en milieu universitaire.
09:49Aujourd'hui, Gilles Platré essaye de sensibiliser les pouvoirs publics au fait que cette infiltration se produit sur l'ensemble du territoire national.
10:00Je ne doute pas, parce qu'il y a eu le week-end, qu'il y aura forcément un retour de toutes façons à ces demandes.
10:04Parce que je vois que les réseaux sociaux sont très agités après la vidéo qu'il a publiée.
10:07Mais avec raison, Gilles Platré, absolument raison.
10:10Merci beaucoup en tout cas, c'est passionnant Emmanuel Razavi.
10:14Il faut lire cette enquête qui est taillée, c'est ce que vous dites, avec des témoignages, des photos également.
10:21Restez avec nous, on va en parler avec Rachel Khan et Raphaël Stainville qui vont réagir à ces propos.
10:27Il est 19h44 sur Europe 1.

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