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Lundi 10 juin 2024, SMART BOURSE reçoit Adil Amor (Directeur Général, Schelcher Prince Gestion) , Florent Delorme (Stratégiste, M&G; Investments) , Michaël Herskovich (Directeur de l'engagement et politique de votes, BNPP AM) et Gilles Bazy-Sire (Président, Equity GPS)

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00:00 [Générique]
00:08 Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart pour rester à l'écoute des marchés
00:12 chaque jour du lundi au vendredi à 17h si vous nous suivez en direct sur Bsmart TV,
00:17 émission que vous retrouvez chaque soir en replay sur bsmart.fr ou encore en podcast
00:21 sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:23 Au sommaire de cette édition ce soir, ce choc d'incertitude qui s'est emparé des marchés ce matin
00:28 au lendemain des résultats des élections européennes,
00:32 choc d'incertitude qui se traduit par une remontée assez généralisée,
00:36 il faut le dire, des primes de risque en Europe.
00:39 On regarde notamment les taux souverains qui se tendent un peu partout
00:42 avec un phénomène d'écartement par rapport aux taux historiquement sans risque.
00:48 Le taux allemand on le voit du côté des périphériques, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, la Grèce,
00:53 mais également autour d'un pays-coeur comme la France avec une situation spécifique
00:58 après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale.
01:02 Et donc cette séquence accélérée d'élections législatives qui viendra dans les prochaines semaines,
01:07 le 30 juin pour le premier tour et le 7 juillet pour le second tour.
01:10 On avait vu le même mouvement politique au Royaume-Uni il y a quelques semaines
01:14 avec là aussi l'accélération du calendrier qui avait été dicté par Richie Senac
01:18 et les élections britanniques qui auront lieu donc entre les deux tours de l'élection française.
01:22 Le 4 juillet prochain, le mois de juillet, sera donc un mois très politique sur les marchés.
01:27 Nous en discuterons bien sûr avec nos invités dans un instant.
01:30 Et puis au-delà de ce trouble, de ces perturbations politiques,
01:33 les marchés vont très vite se focaliser à nouveau sur les fondamentaux macroéconomiques
01:38 et en matière de politique monétaire avec la réunion de la FED qui se tiendra mardi et mercredi.
01:43 La communication est attendue mercredi soir, sachant que les banquiers centraux américains
01:47 prendront connaissance pendant leur réunion du dernier rapport mensuel sur l'inflation aux Etats-Unis
01:52 qui sera publié ce mercredi en début d'après-midi.
01:55 Une semaine donc importante de ce point de vue là.
01:58 Là aussi ce sera un point de discussion avec nos invités dans quelques instants.
02:01 Et puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse, le quart d'heure thématique,
02:03 nous dresserons un bilan des assemblées générales annuelles d'actionnaires qui sont en train de se terminer.
02:09 Et c'est le directeur de l'engagement et des politiques de vote de BNP Paribas,
02:12 le chef de cette management, Mikhaël Herskovitch, qui sera avec nous en plateau à partir de 17h45.
02:17 Avant d'accueillir nos invités, tendance mon ami, c'est chaque soir en ouverture de Smart Bourse
02:31 les infos clés du jour sur les marchés avec Pauline Grattel.
02:34 Bonsoir Pauline.
02:35 Bon évidemment c'est la politique qui est à la une aujourd'hui
02:38 et qui trouble et perturbe un petit peu les mouvements de marché
02:42 à la fois après les résultats des élections européennes
02:45 et les évolutions au sein du Parlement européen
02:48 et puis la situation spécifique de la France, je le disais avec Emmanuel Macron
02:52 qui a décidé d'accélérer le calendrier en convoquant des élections législatives
02:56 anticipées dans les prochaines semaines.
02:58 Quand on regarde les marchés, Pauline, comme vous l'avez fait,
03:01 quels sont les impacts les plus significatifs à relever
03:04 à la fois sur les marchés actions et sur les marchés de taux ?
03:07 Alors sur les marchés actions, les bourses européennes sont en baisse aujourd'hui.
03:12 En France, le CAC 40 perd jusqu'à plus de 2% au cours de la séance
03:17 pour s'ancrer sous le seuil des 7900 points, au plus bas depuis 4 mois.
03:22 L'euro est affaibli par rapport au dollar.
03:25 Le stress se fait aussi sentir sur les taux longs
03:28 avec un rendement de loathé à 10 ans en France
03:30 qui avance de plus de 10 points de base à 3,22% au plus haut de cette année.
03:36 Le rendement à 2 ans de loathé gagne 4 points de base à 3,23%.
03:42 Du côté du rendement du 10 ans allemand, il est autour de 2,65%.
03:47 Le spread entre ces deux obligations avance de presque 8 points de base.
03:51 A noter que les spreads des pays périphériques comme l'Italie ou l'Espagne
03:56 se tendent également après les résultats des élections européennes.
03:59 Vous le disiez, le CAC en baisse de 2%, c'est une baisse 2 fois plus lourde
04:04 que ce qu'on peut observer sur d'autres indices majeurs en Europe
04:06 comme l'Eurostox par exemple ou encore comme le DAX en Allemagne.
04:10 Quels sont les secteurs et les titres qui accusent les plus fortes baisses
04:13 au sein de l'indice parisien spécifiquement Pauline ?
04:15 On note notamment le fort repli des banques.
04:18 Société Générale lâche 8% au cours de la séance.
04:21 BNP Paribas et Crédit Agricole plus de 4%.
04:25 Il y a aussi les sociétés Eiffage et Vinci qui sont pénalisées.
04:29 Elles reculent de 5 à 6%.
04:31 Les investisseurs ont en tête le programme de Marine Le Pen en 2022
04:36 qui proposait notamment de nationaliser les sociétés d'autoroutes.
04:40 Du côté des marchés américains, l'événement du jour
04:43 c'est la division des actions Nvidia qui est entrée en vigueur.
04:47 Nvidia a divisé par 10 le prix nominal de son action.
04:51 C'est intervenu après la clôture de Wall Street vendredi
04:55 et cela veut donc dire qu'aujourd'hui les actions se négocient
04:58 à un prix d'environ 120$ contre 1200$ précédemment.
05:02 Le titre ouvrait tout à l'heure en léger repli à Wall Street.
05:05 L'autre actualité tech, c'est le début aujourd'hui
05:08 de la conférence développeur d'Apple.
05:10 La société devrait faire des annonces quant à son offre
05:13 en matière d'intelligence artificielle.
05:15 Du côté de la macroéconomie, l'agenda du jour n'était pas forcément très lourd
05:20 mais on notera quand même quelques révisions
05:22 dans les estimations de la croissance du Japon au premier trimestre.
05:26 Oui, sur les trois premiers mois, janvier, mars,
05:29 l'économie japonaise s'est contractée de 0,5%,
05:33 un chiffre conforme à l'estimation précédente.
05:36 Mais sur un an, le PIB ressort à -1,8%
05:40 contre une estimation de contraction plus élevée à -2%.
05:44 Toujours côté macro mais en zone euro,
05:46 le moral des investisseurs s'améliore pour le huitième mois consécutif.
05:51 Il est mesuré grâce à l'indice de l'institut Centix
05:54 qui repasse en terrain positif à 0,3% en juin
05:57 après -3,6% le mois précédent et c'est au-dessus des attentes.
06:02 Qu'est-ce qui marquera la journée de demain sur les marchés Pauline ?
06:05 Les investisseurs attendent les dernières statistiques
06:08 du marché du travail britannique pour le mois d'avril,
06:10 les rendez-vous majeurs de la semaine étant évidemment mercredi
06:14 avec la décision de la Fed et l'indice des prix à la consommation américain.
06:18 Tendance mon ami ! Chaque soir en ouverture de Smartbourse
06:21 avec Pauline Grattel, les infos clés du jour sur les marchés et c'est sur Bsmart.
06:25 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
06:39 Gilles Bazyssire est avec nous, le président d'Equity GPS. Bonsoir Gilles.
06:42 Merci d'être là. Adil Amor nous accompagne également. Bonsoir Adil.
06:46 Vous êtes directeur général de Shelcher Prince gestion
06:49 et à vos côtés Florent Delorme. Bonsoir Florent.
06:52 Ravi de vous retrouver. Vous êtes stratégiste chez MNG Investments.
06:56 Je le disais, les marchés qui réagissent aux résultats des élections européennes
07:00 dans leur ensemble et aux sorts spécifiques de quelques pays,
07:05 la France en tête peut-être Adil.
07:08 Quel est le rationnel des réactions de marché qu'on a décrits avec Pauline
07:11 il y a quelques instants ?
07:13 A quoi les investisseurs réagissent-ils spécifiquement en ce lundi ?
07:19 Notre perception c'est qu'aujourd'hui, quand on voit un petit peu ce qui s'est passé sur l'OAT
07:24 donc à 10 ans ou sur le secteur bancaire français, BNP, Société Générale évidemment en tête de liste,
07:30 il y a une surréaction, ça c'est vraiment notre interprétation,
07:34 du résultat des scrutins de l'élection européenne.
07:37 Ça c'est quelque chose de fondamental avec encore une fois des aspects un peu techniques.
07:42 On va dire qu'il y a une nouvelle qui n'est pas très positive d'un point de vue cohésion de l'Europe,
07:46 on vend tout ce qui est actif, risqué ou semi-risqué en lien avec la France.
07:51 À mon sens, et en tout cas au niveau de chercheurs pour ingestion,
07:54 il y a un peu de surréaction, notamment sur le secteur bancaire.
07:57 Mécaniquement c'est le premier secteur qui est touché, pourquoi ?
08:00 Parce que c'est un secteur qui est régulé, qui est réglementé,
08:03 donc forcément on se dit qu'il pourrait y avoir des taxes sur les superdividendes,
08:07 ce type de choses comme il y a pu y avoir en Italie.
08:09 Et on en a parlé aussi, tout ce qui est BTP, les autoroutes, etc. et Fage-Vinci,
08:14 ça suit mécaniquement.
08:16 Donc c'est assez rationnel.
08:17 Il y a une surréaction mais la logique de marché,
08:20 elle n'est pas illégitime de ce point de vue-là.
08:23 Encore une fois, l'interprétation qu'on a, c'est qu'aujourd'hui,
08:27 le marché craint un risque géopolitique en termes de cohésion européenne.
08:32 Donc on vend.
08:33 Est-ce que l'amplitude est exagérée ?
08:35 À mon sens, sur les titres equity ou sur les spreads de crédit et non pas sur l'OAT,
08:41 à la limite ça peut justifier.
08:43 En tout cas sur la partie risquée, on va dire idiosyncratique,
08:45 là à mon sens, il y a un tout petit peu d'exagération, d'exacerbation des marchés.
08:49 Mais là vous décrivez quelque chose qui n'est pas juste le cas spécifique français.
08:55 C'est les résultats généraux et l'image renvoyée du nouveau Parlement européen
09:01 qui font que les investisseurs ont un peu plus de défiance en général
09:05 vis-à-vis de la cohésion européenne aujourd'hui.
09:08 En tout cas, c'est ce qu'on voit dans les marchés.
09:09 Parce que quand on regarde tous les ténors des courbes d'auto européennes,
09:13 l'Allemagne, la France, l'Italie, l'Espagne,
09:15 tout s'écarte par sympathie.
09:16 Et l'Italie d'ailleurs s'écarte plus que la France.
09:19 Donc on remet en cause le sujet de la cohésion.
09:22 Et on sait très bien que demain, une Italie avec quelques difficultés vis-à-vis de l'Europe,
09:27 en termes de refinancement et de la gestion d'aide sur PIB,
09:30 ce n'est pas la même histoire.
09:31 Concrètement, qu'est-ce que ça veut dire quand vous dites
09:33 "le marché remet en cause l'idée de la cohésion européenne" ?
09:38 Parce que quand on regarde quand même la big picture au Parlement européen,
09:41 alors oui, il y a un peu de mouvement,
09:44 il y a un peu de rebalancement à la hausse,
09:46 des droites dures, extrêmes, souverainistes, etc.
09:49 On les appelle comme on veut.
09:50 Mais au final, le bloc centriste majoritaire reste très largement majoritaire.
09:57 Et de ce point de vue-là, l'image n'a pas fondamentalement bougé.
10:01 Ça, je partage totalement.
10:02 C'est l'analyse très rationnelle des chiffres de la composition du Parlement.
10:05 Très bien.
10:06 Maintenant, le marché aujourd'hui, encore une fois, on était dans une phase,
10:10 un peu de complaisance si je puis dire, sur les actifs risqués,
10:12 même sur les taux, avec un focus très très marqué sur l'inflation,
10:16 sur la croissance, sur les politiques monétaires.
10:18 Le risque géopolitique revient.
10:20 Et si on se remémore un tout petit peu ce qui s'était passé en Italie
10:23 avec l'élection de Madame Melloni,
10:25 et bien in fine, on retrouve des patterns de marché très similaires.
10:29 Écartement fort des taux, généralisé sur les périphériques,
10:32 et le secteur bancaire très attaqué.
10:34 Voilà.
10:35 Donc, un peu de surréaction, mais encore une fois,
10:37 à mon sens, sans vouloir jouer la boule de cristal,
10:42 ça devrait se normaliser un tout petit peu quand même dans les semaines qui viennent.
10:45 Bon, on évoquera.
10:46 C'est vrai que le cas Melloni a été un cas intéressant.
10:48 Il y a eu le cas Truss aussi au Royaume-Uni.
10:50 Rappelons-le aussi, le Royaume-Uni votera le cas du Yeu.
10:53 Bon, visiblement, les élections générales anticipées au Royaume-Uni
10:56 n'ont pas l'air de provoquer les mêmes questionnements peut-être
11:00 que ce qui s'est passé en Europe et ce qui se passera en France dans les prochaines semaines.
11:04 Votre lecture chez MNG de la situation et de ces mouvements de marché.
11:07 Encore une fois, en tant qu'investisseur,
11:10 la question qu'on se pose, c'est de savoir quel est le rationnel
11:13 des réactions de marché qu'on observe depuis ce matin.
11:15 Florent.
11:16 Alors, effectivement, la lente montée en puissance de forces politiques
11:22 peu libérales et peu favorables au marché en général
11:26 semble expliquer ces réactions un peu spontanées de correction
11:32 à la fois sur les marchés à action et également sur le niveau de taux d'intérêt.
11:37 Après, pour ce qui nous concerne, effectivement,
11:41 si on en reste aux faits bruts tels que vous venez de les expliciter,
11:47 à savoir qu'on a certes un bloc de droit radical
11:52 qui prend un peu plus d'importance au Parlement européen
11:55 mais qui, dans les faits, aura une capacité d'action assez limitée,
12:00 il y a assez peu de chances que ça remodèle complètement la politique européenne,
12:05 d'autant plus que le Parlement lui-même n'est pas l'institution
12:09 la plus importante du dispositif européen, ça reste quand même la Commission européenne.
12:14 Donc, on a du mal à considérer qu'on est face à une menace réelle
12:22 quand on regarde à l'échelle européenne ce que représente politiquement
12:27 l'avènement un peu plus spectaculaire qu'auparavant de ces forces politiques.
12:33 Et puis, on peut ajouter aussi, effectivement, dans le cas français,
12:39 puisque vous l'indiquiez à l'instant, dans le cas français,
12:42 la législative anticipée accentue un peu la pression sur les actifs français.
12:47 Une élection européenne n'est pas une élection législative dans ses enjeux,
12:52 donc l'électeur n'a pas toujours le même comportement
12:56 dès lors que les enjeux ne sont pas les mêmes,
12:59 les scrutins ne sont pas les mêmes non plus,
13:02 la percée du Rassemblement national ne se réalisera pas,
13:08 ne se préditera pas sans doute dans les mêmes proportions
13:12 dès lors qu'on est sur des scrutins à deux tours.
13:16 Et quand bien même, dans les scénarios que le marché n'aimerait pas,
13:22 quand bien même on aurait effectivement une légère majorité
13:26 qui se dessinerait en faveur de ces forces d'opposition,
13:29 l'exemple italien avec l'arrivée de Meloni au pouvoir
13:34 montre que c'est une chose d'arriver en partie au pouvoir,
13:39 c'en est une autre de bouleverser les équilibres institutionnels et économiques en place.
13:45 - Qu'est-ce qu'il faut retenir concrètement de l'expérience Meloni
13:49 depuis son accession au pouvoir en Italie ?
13:52 Si ça doit être un template ou un schéma qu'il faut regarder aujourd'hui.
13:57 - Voilà, et puis je terminerai en disant que de toute façon
14:01 ces droites radicales sont elles-mêmes divisées à l'échelle européenne.
14:05 On voit bien que Marine Le Pen et Meloni ont des désaccords,
14:11 qu'elles ne sont pas forcément en phase sur la manière dont elles peuvent
14:16 accorder leur politique à l'échelle européenne.
14:18 Donc ça fait beaucoup d'éléments pour relativiser le scrutin d'hier.
14:23 Et pour nous, effectivement, ces risques géopolitiques, il y a,
14:27 il n'est pas vraiment de ce côté-là, il est plus du côté du conflit ukrainien
14:32 avec les bouleversements spectaculaires que ça occasionne
14:37 en termes de réindustrialisation, de réarmement, de commerce international.
14:42 - Oui, les sujets lourds et de fond sont toujours là, oui ça.
14:46 - Exactement, et ces sujets lourds et de fond, de notre point de vue,
14:50 dépassent la percée de ces forces d'opposition.
14:56 En tout cas, la réaction des marchés aujourd'hui correspond effectivement
15:01 à ce signal, mais devrait s'amoindrir dans les jours qui viennent,
15:07 à mesure que l'analyse que je viens de développer sera assez largement partagée,
15:11 y compris par les investisseurs internationaux qui, au premier regard,
15:14 comprennent pas forcément la situation française ou européenne,
15:18 mais qui, les semaines passant, reviendront à des analyses.
15:21 - Mais la leçon de Mélanie, pour les investisseurs, c'est quoi justement, Florent ?
15:27 - La leçon de Mélanie, c'est qu'elle a été conseillée par des gens
15:31 qui venaient de la sphère de Mario Draghi, et qu'il y a plus effrayant pour les marchés,
15:38 et qu'elle est elle-même...
15:40 - Assez orthogonale avec un certain type de discours qu'elle pouvait tenir,
15:45 elle-même, son parti, etc., avant d'accéder au pouvoir, c'est ce que vous dites.
15:49 - Tout à fait, parce que le réel se rappelle aux mouvements d'opposition,
15:53 lorsqu'ils arrivent au pouvoir, il faut financer une économie.
15:58 Pour financer une économie, effectivement, il faut avoir un certain nombre d'indicateurs
16:04 financiers satisfaisants pour que le marché continue à vous soutenir,
16:08 sauf à engager un mouvement extrêmement difficile à réaliser de sortie de la zone euro,
16:13 mais qui lui-même comprend...
16:15 - J'ai l'impression que ça n'a pas été le sujet, là.
16:17 - Ça n'a pas été le sujet, et dans le cas de la France,
16:19 c'est définitivement pas le sujet du Rassemblement national qui a clarifié la question,
16:24 il y a déjà de nombreux mois, et en fait, cela aurait pu effrayer les marchés.
16:30 C'est-à-dire que si on avait un parti qui, explicitement, annonçait vouloir sortir de la zone euro,
16:38 on est dans un autre cadre.
16:39 Alors, ce n'est pas du tout le cas, et l'électorat du Rassemblement national n'en veut pas non plus.
16:43 Donc, tout ça borne quand même les craintes et les angoisses qu'on peut avoir.
16:47 - Sans compter, comme vous l'avez dit, effectivement, un cadre budgétaire,
16:50 ou une situation budgétaire en France qui limite, voire annile, toute marge de manœuvre, en tout cas à court terme.
16:57 Gilles, sur l'idée des marchés et de la politique, et notamment de la politique européenne,
17:04 c'est vrai qu'on a beaucoup décrit ces élections comme étant un non-événement attendu,
17:09 ce ne sera pas un market mover, la vraie élection c'est le 5 novembre, l'élection américaine.
17:13 Cela reste sans doute vrai. La grosse élection est encore peut-être devant nous de ce point de vue-là.
17:18 Mais on voit quand même qu'il n'y a pas d'absence de réaction de marché
17:22 aux résultats qu'on a vus hier soir, et au niveau européen, et en France.
17:26 - Alors, je concours à l'analyse qui a été faite sur les faits, sur les équilibres au Parlement européen.
17:33 Néanmoins, il y a quand même des conséquences qui sont inattendues sur un pays cœur en Europe,
17:43 et cœur à beaucoup de titres.
17:47 Parce que la France est considérée, à tort ou à raison,
17:53 comme ayant été un moteur actif de la construction européenne, de la construction de la zone euro.
18:01 Mais également par une forme de leadership politique que Emmanuel Macron a appris récemment,
18:11 avec une intensité croissante sur divers sujets de géopolitique mondiale.
18:16 Et je dirais que la dissolution de l'Assemblée vient, je dirais, affaiblir assez sensiblement, quand même,
18:26 la position institutionnelle de la France dans sa capacité à être prévisible, constante,
18:35 et donc, quant à la valeur de sa parole et de ses engagements.
18:40 Et il me semble que les conséquences qu'on a sur les marchés au global sont plutôt liées à cette incertitude française,
18:52 en fait, dans un contexte...
18:55 - Tu es en train de dire qu'il y a quand même une accumulation de petits signaux faibles
18:59 qui peuvent modifier la perception que les investisseurs globaux pourraient avoir de la France.
19:05 - Moi, je le pense. Alors, il ne s'agit pas de... On n'a pas une boule de cristal,
19:11 on n'est pas non plus ni payé, ni à avoir un historique d'expérience professionnelle
19:17 pour être un analyste géopolitique.
19:21 Mais par contre, ça ne vient pas à un très bon moment, je trouve, quant au niveau de l'attractivité des marchés européens,
19:32 des marchés américains, des marchés actions des pays développés,
19:37 et tout ce qui contribue à retendre les taux des obligations
19:45 et à introduire une forme d'incertitude dans le progrès vers des baisses de taux courts,
19:55 dans un contexte où, en effet, vous l'avez rappelé à juste titre,
20:00 au global, les marges de manœuvre, non seulement sont existantes, mais sont même plutôt négatives.
20:06 - Oui, ah oui, il faudrait consolider un peu, oui.
20:09 - En termes de finances publiques et en termes de...
20:12 - Ça dépend des pays dont on parle.
20:14 - Ça dépend des pays dont on parle, mais du principal dont on parle, la France, aujourd'hui.
20:17 - Oui, oui.
20:18 - Et donc, faire soulever des espoirs de modification du cap
20:24 au moment où les marges de manœuvre sont au mieux nulles,
20:31 eh bien, ça nous amène, en effet, dans un scénario potentiellement soit à l'atroce,
20:40 soit à une plus grande difficulté structurelle de gouverner la France.
20:46 Et ça, en tant que tel, c'est pas bon, pas seulement pour les actifs français,
20:49 mais pour les actifs de la zone euro, au moins de la zone euro en général.
20:53 - Ce qui est un peu perturbant aussi, si je puis dire, Adil,
20:57 c'est que, bon, cette prime politique qui s'exprime là, aujourd'hui,
21:02 elle intervient alors que la macro s'améliore, en zone euro, en Europe,
21:08 qu'on a un petit redécollage après deux ans de stagnation de l'activité économique,
21:13 qu'on a une banque centrale qui, après une phase d'hésitation,
21:17 a décidé d'initier son mouvement, la première, sans attendre la réserve fédérale américaine,
21:22 apportant là aussi l'espoir, en tout cas, d'un peu plus d'huile dans les rouages.
21:26 Donc c'est vrai qu'on se disait, sur le plan un peu fondamental, macro, monétaire,
21:30 on a le début d'un alignement de quelque chose, quand même,
21:33 qui pouvait redonner de l'intérêt aux actifs européens.
21:36 - Je partage totalement, et en fait, on était encore une fois,
21:40 c'est comme je disais tout à l'heure, c'est pas de la complaisance,
21:43 mais un petit peu quand même, avec des "tout allait bien",
21:46 la macro en plus qui s'améliore, la BCE qui baisse ses taux comme elle l'avait dit,
21:50 la Fed, on va voir, est-ce que c'est en septembre, décembre, etc.,
21:53 tout se mettait en place à peu près progressivement,
21:55 et on a encore une fois le risque géopolitique, qui rodait, à droite ou à gauche,
22:00 mais qui ressurgit de façon très factuelle.
22:02 C'est dommage, et c'est, on va dire, la tâche ne va pas être simple pour la BCE,
22:07 aussi par rapport à l'euro/dollar.
22:10 Encore une fois, un euro/dollar qui baisse, potentiellement c'est de l'inflation à apporter,
22:14 c'est quelque chose qui n'était pas "pricé" au niveau des projections de Mme Lagarde,
22:18 on va voir si c'est un update ou pas, sachant que, lors de la dernière réunion,
22:21 Mme Lagarde quand même a revu à la hausse les projections d'inflation en 2025,
22:26 très légèrement, mais quand même ça a été revu à la hausse,
22:29 bref, la donne n'est pas simple, aujourd'hui, à gérer,
22:33 surtout qu'on part d'un risque de politique monétaire,
22:36 on part d'un risque géopolitique, il y a la croissance,
22:39 mais tout ça c'est des vases communiquants, voilà.
22:41 Et c'est ça, aujourd'hui, on va dire, qui rappelle quand même au marché,
22:45 la prime de terme, elle existe, et il y a plein de facteurs qui permettent de la reconstituer,
22:50 et c'est quelque chose de fondamental.
22:52 C'est vrai que si l'euro devenait le réceptacle d'un risque politique accru en Europe,
22:59 ça deviendrait un problème pour la Banque Centrale Européenne, indépendant de sa volonté,
23:03 mais ça pourrait devenir une entrave ou un problème à la Banque Centrale Européenne
23:06 dans sa séquence de baisse de taux.
23:09 Encore une fois, la Banque Centrale Européenne, aujourd'hui,
23:13 l'objectif numéro un, c'est une maîtrise de l'inflation, voilà.
23:16 Comme je l'ai dit, ça a été revu légèrement à la hausse,
23:19 la croissance, ça s'améliore avec une inflation qui baisse, une désinflation progressive.
23:23 Maintenant, si demain, les taux longs, et donc les primes de terme, se reconstituent massivement,
23:28 une baisse des taux courts, des courbes trop pentues,
23:31 on devient dans un domaine très restrictif pour le financement et le refinancement des entreprises,
23:35 ça, ça peut tuer la croissance.
23:37 - Oui, je comprends. - Voilà.
23:38 - La baisse des taux courts, c'est bien, mais si en face de ça,
23:41 on a une augmentation de la prime sur les taux longs,
23:43 ça annihile les efforts, d'une certaine manière, que peut faire la Banque Centrale Européenne.
23:47 Si la prime de terme augmente trop, ça peut être contre-productif,
23:51 parce qu'on va tuer la croissance, effectivement.
23:53 - Bon, sur le signal, on voyait, à part les banques centrales,
23:57 et à commencer par la Banque Centrale Européenne la semaine dernière,
24:00 quels ont été, là aussi, les enseignements que vous en avez tirés chez MNG ?
24:03 Florent, Christine Lagarde a du mal, officiellement, à nous dire
24:08 que c'est quand même le début de quelque chose,
24:10 mais, bon, imagine bien que s'il y a une première baisse de taux,
24:14 c'est au moins pour qu'il y en ait une deuxième, voire une troisième.
24:18 Enfin, de ce point de vue-là, il y a de la marge, quand même.
24:20 - Oui, pour nous, la tendance est quand même installée.
24:26 La baisse de taux qui a été effectuée annonce les suivantes,
24:30 même si la Banque Centrale, elle est dans son rôle,
24:34 ne peut pas, disons, donner trop d'énergie au marché, en lui,
24:40 et donc on s'engage dans un cycle assez significatif.
24:43 Donc qu'il y ait encore de la prudence dans la communication de la Banque Centrale
24:47 ne nous semble pas forcément surprenant.
24:50 Mais que la tendance soit à la baisse des taux,
24:53 ça nous semble, disons, un fait assez probable,
24:58 dans la mesure où on a quand même une inflation
25:01 qui s'est résorbée à des niveaux qui sont raisonnables.
25:05 Alors, à quel niveau l'inflation va se stabiliser ?
25:08 C'est effectivement encore difficile à dire.
25:11 Elle se stabilisera sans doute à des niveaux supérieurs
25:13 à ce qu'on a pu connaître avant l'épisode Covid et crise ukrainienne,
25:18 mais bon an, mal an, on sera sur des niveaux d'inflation entre 2 et 3 %,
25:22 ce qui autorise quand même de baisser les taux directeurs dans la zone euro.
25:30 Et ce, d'autant plus que la tendance longue,
25:34 c'est quand même de gérer cette contradiction entre, d'un côté,
25:39 la nécessité d'investir massivement sur les thématiques que j'évoquais tout à l'heure,
25:43 transition énergétique, réindustrialisation,
25:46 disons, défense au sens large,
25:51 et même protection sociale avec le vieillissement de la population.
25:55 On voit difficilement comment les politiques vont pouvoir, disons, y conduire ces projets.
26:00 Donc, il y a une seule variable d'ajustement,
26:03 c'est quand même globalement de piloter la courbe des taux en moyen long terme
26:08 afin de pouvoir permettre ces financements,
26:10 quand bien même l'inflation serait à des niveaux supérieurs à ce qu'on pourrait escompter.
26:15 Donc, il nous semble qu'au-delà des discours des banques centrales à horizon 3-4 mois,
26:21 il y a des tendances de fond qui, quelque part, là aussi, encadrent la politique des banques centrales,
26:27 parce que l'hypothèse d'un réduissement durable des banques centrales,
26:32 de politiques monétaires durablement au quiche pour terrasser une inflation
26:40 qui n'a pas que des inconvénients, puisqu'elle permet aussi de réduire le ratio dette sur PIB.
26:46 Ce deuxième scénario, qui serait celui, effectivement, de politiques très austéritaires,
26:51 nous semble politiquement peu probable dans la zone euro,
26:56 et donc la banque centrale européenne, de notre point de vue, n'a pas trop le choix,
27:01 baissera ses taux, quand bien même l'inflation resterait à des niveaux un peu supérieurs à ce qu'on avait.
27:08 Donc oui, la première baisse annonce les suivantes, et on a sans doute de bonnes nouvelles devant nous.
27:13 Et ça change quoi, stratégiquement, j'allais dire, pour les actifs européens,
27:17 au-delà de la période d'incertitude politique qui s'ouvre spécifiquement en France, là, pour quelques semaines, etc.
27:24 Mais le fait qu'on ait cette conviction, quand même, sur la capacité de la BCE,
27:29 et la nécessité pour la BCE d'aller un peu plus loin, quand même, dans le chemin des baisses de taux,
27:33 qu'est-ce que ça change pour le cas d'investissement européen ?
27:36 Ça peut donner une certaine confiance dans le fait qu'il n'y a pas d'incident de marché significatif possible, probable, dans les mois qui viennent.
27:46 Dès lors qu'on a une banque centrale qui réintroduit de la liquidité en baissant les taux directeurs,
27:52 ça constitue une sorte de filet de sécurité sur la valorisation des actifs, actions ou crédits,
27:58 quand bien même on pourrait avoir quelques corrections, quelques respirations,
28:02 mais l'idée qu'on soit en bulle sur ces actifs-là nous semble difficile à défendre,
28:10 dans un contexte où on va sortir du cadre de restrictions monétaires.
28:14 Donc ça donne quand même une certaine confiance dans le fait qu'on peut acheter du rendement au niveau actuel,
28:20 porter du rendement dans la durée sera sans doute une bonne opération.
28:27 Ça donne aussi confiance dans les actions européennes qui sont à des niveaux de valorisation,
28:33 certes dans la fourchette haute des moyens qu'on a pu observer,
28:38 mais pour ceux qui ont peur de la volatilité associée au secteur technologique,
28:45 en l'achetant le marché européen finalement on peut acheter le marché des actions
28:48 en s'affranchissant un peu peut-être de ce secteur de la techno qui nourrit tous les débats.
28:54 Donc oui, nous on est plutôt confiants dans le fait que les actifs européens sont finalement des solutions
29:03 pour des investisseurs qui veulent s'éviter les questionnements sur tech ou pas tech US.
29:10 Je comprends, c'est un bon univers effectivement pour des investisseurs qui auraient besoin de se diversifier un peu.
29:17 Se diversifier et qui soient plus conservateurs dans leur approche.
29:19 Plus conservateurs dans leur approche.
29:21 Justement, vous regardez les cas d'investissement, les grands cas d'investissement,
29:28 les Etats-Unis et donc la tech, l'Europe avec la BCE aujourd'hui, le reste du monde bien sûr avec les outils et coutilles GPS.
29:37 Qu'est-ce qui ressort là en ce quasi début de second semestre ?
29:41 On a actuellement des ratings faibles à très faibles sur les marchés à action des pays développés.
29:49 Donc Europe, zone euro, Etats-Unis, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande et Singapour.
29:57 Et on range encore Hong Kong dans les pays développés, enfin c'est pas nous, c'est la nomenclature visuelle.
30:04 À l'inverse, on a de très bons ratings mais sur des pays complexes à analyser et qui ne font pas l'unanimité comme la Chine et le Brésil.
30:20 Ah, intéressant.
30:22 Et là il y a des niveaux de valorisation avec la baisse des cours des actifs qui les rend très attractifs.
30:29 Et dans le cas du Brésil, c'est un mélange de baisse des cours et de légère instabilité politique quand même,
30:39 même après le retour de Lula au pouvoir qui rend le Brésil au global pas très attractif pour les investisseurs institutionnels mondiaux sensibles aux risques.
30:53 Mais du coup ça creuse des valorisations qui deviennent agressives.
30:57 Et ça se reflète dans les ratings.
30:59 Et ça coûte JPS.
31:01 Dans le rating de valorisation.
31:03 On a un cas particulier qui est l'Inde, qui là a un rating faible, donc de type de marché développé.
31:12 Parce que c'est cher.
31:13 Après la hausse fantastique, la performance excellente du marché indien.
31:17 Après nous on aime bien croiser cela avec des indicateurs de sentiment de marché.
31:25 Est-ce que l'ambiance est propice à avoir un retour massif des investisseurs sur des zones comme la Chine ou comme le Brésil par exemple ?
31:33 Ce sont deux classes d'actifs géographiques qui ont un sentiment de marché neutre.
31:39 Donc on ne perçoit pas à ce stade d'entrée massive, ou de début d'entrée en tout cas, par de très gros investisseurs institutionnels.
31:48 Même si on peut penser que pour les occidentaux, il est probable que la baisse des allocations d'actifs sur la Chine ait été faite.
31:58 Pas les investisseurs l'ont.
32:00 Et que la baisse des allocations allouée à la Chine, à mon avis, est quelque chose qui est fait.
32:09 Mais maintenant, est-ce qu'il y a des ouvertures pour aller dans le sens inverse ?
32:14 À ce stade non, et en particulier sur les banques. Il faut bien reconnaître que maintenant on a eu des instructions assez importantes de chez Jinping
32:22 d'augmentation de l'influence du Parti Communiste sur la stratégie des banques chinoises.
32:28 Ce qui n'est pas une bonne nouvelle.
32:30 Ce qui est un petit peu un reflet d'ailleurs avec ce qui se passe aujourd'hui sur ce territoire financier.
32:37 Est-ce que Politik se retrouve généralement souvent dans un secteur comme le secteur bancaire et financier en premier ?
32:44 Pour ce qui concerne les secteurs, en fait les secteurs qui ont des ratings un peu au-dessus de la moyenne et constructifs au niveau mondial
32:54 sont des secteurs plutôt défensifs, avec notamment la santé, mais d'autres aussi.
33:01 Alors que la tech souffre pour nous d'un rating très faible.
33:08 Et quand on regarde les sous-secteurs au niveau de la tech, là c'est très contrasté.
33:14 Et on commence à voir déjà de fortes baisses sur certains sous-secteurs.
33:18 Pas les sémiconducteurs bien sûr.
33:20 Les logiciels ?
33:21 Absolument, les logiciels et les services informatiques.
33:24 C'est quoi, c'est un signal de prudence quand même, de méfiance ?
33:30 Au global oui, de toute façon sur ce secteur là où le monde de les investisseurs devient un peu, non pas bipolaire,
33:42 mais très contrasté dans leur appréciation de croissance quasiment infinie à partir du hardware et des sémiconducteurs de l'intelligence artificielle.
33:53 Alors même qu'on a encore à ce stade des preuves de concepts pour monétiser des applications réelles d'intelligence artificielle,
34:03 autant auprès des particuliers que des entreprises.
34:06 Qui sont loin d'être faites.
34:07 Qui sont encore à démontrer.
34:09 Oui, oui, c'est ça.
34:10 Qui demeurent encore à être produit.
34:13 Et on sait que les sémiconducteurs c'est quand même un bien d'équipement.
34:18 Donc ça réagit à la dérivée seconde et non pas à la croissance seule.
34:23 Et on peut très bien continuer d'avoir une croissance à terme avec une dérivée seconde qui devienne négative.
34:29 Auquel cas certaines sociétés pourraient commencer.
34:33 Et qui boursièrement pourraient être douloureuses effectivement.
34:35 Ah oui, très douloureuses.
34:36 Très douloureuses.
34:37 C'est un secteur qui est prone au risque.
34:39 Il y a une très grande volatilité en matière de cours.
34:44 Donc au global, nous on conseille à nos clients de bien vérifier à la lumière des derniers événements,
34:50 la tolérance au risque/action de leurs clients finaux et des prescripteurs de leurs clients finaux.
35:02 Il est utile de faire des points réguliers avec ces...
35:07 S'assurer que le client final a bien compris ce que c'était que le risque/action.
35:10 Non, mais qu'il est à l'aise avec ce qu'il a dans ses portefeuilles.
35:15 J'entends.
35:16 C'est un bon moment vous dites pour valider ça et revérifier ça auprès des clients finaux.
35:20 Oui, parce qu'on s'habitue insidieusement à la hausse des marchés actions.
35:24 Je vous rappelle il y a deux ans et demi quel niveau de marché action on avait.
35:28 Et quel était le niveau général d'optimisme des investisseurs sur le marché actions.
35:34 On est beaucoup, beaucoup, beaucoup plus haut.
35:36 Aujourd'hui.
35:38 Et donc est-ce qu'il n'est pas temps de 1) vérifier l'appétence et 2) de refaire tourner ses abecs
35:49 pour ce qui concerne sa propre allocation d'actifs conseillés auprès de ses clients
35:55 et de la constitution défensive et offensive de ses portefeuilles.
35:58 Adil, comment on se projette effectivement sur les prochains mois, sur la séquence estivale ?
36:02 On a parlé du risque politique mais il y a tout ce qui va nous accompagner encore.
36:07 Et toujours ce risque politique avec l'élection américaine du 5 novembre
36:10 qui sera quand même j'imagine un rendez-vous pour les investisseurs importants.
36:13 Dans quelle logique d'investissement vous avez envie d'être aujourd'hui chez Shareprince ?
36:18 Alors déjà évidemment, on vérifie que les clients ont bien compris le risque qu'ils portent.
36:23 Je répète, vous avez parfaitement raison.
36:25 Non mais Adil disait c'est un bon moment pour le faire.
36:28 Je partage, c'est au moment où on va dire qu'il y a quelques difficultés sur les marchés
36:33 qu'il faut bien vérifier que les porteurs comprennent le risque.
36:36 Ce n'est pas quand tout va bien en ligne droite de façon linéaire et affine.
36:39 Parenthèse fermée.
36:41 Alors effectivement, encore une fois là, ce qui s'est passé avec les élections européennes
36:47 et notamment le cas français, ça donne un peu les prémices de ce qui pourrait arriver
36:51 avec l'élection américaine.
36:52 Voilà, ça en tout cas aujourd'hui on a vu l'impact potentiel d'un risque géopolitique
36:57 et sa matérialité sur les marchés.
37:00 Ce que ça implique et ce que ça va faire en termes de positionnement,
37:04 il faut être protégé un petit peu.
37:06 Aujourd'hui, encore une fois, classe d'actifs par classe d'actifs.
37:10 Les taux, moi je reste convaincu et chez Shell, je le sais de façon assez marquée,
37:16 on est dans des ranges, dans des intervalles.
37:18 L'Allemagne c'est entre 2,30, 2,70, 2,75 ou 2,77 si on veut pousser l'épaisseur du trait.
37:25 Les Etats-Unis, 4,30, 4,70.
37:28 Il y a des espèces de paliers aujourd'hui qui ont été définis.
37:31 On n'est plus en terre inconnue de ce point de vue là.
37:33 C'est mon avis, à part un chiffre d'inflation qui ressort à 10% ou que sais-je,
37:37 que personne n'aura anticipé.
37:39 Maintenant, quand on regarde le marché du crédit, vous savez Grégoire,
37:43 c'est un marché qui nous est extrêmement cher.
37:46 En tout cas, historiquement, avec son fringestion bien sûr.
37:49 Donc le marché du crédit aujourd'hui, j'ai envie de dire, le lundi 10 juin,
37:53 c'est le jour où il faut se renforcer.
37:55 Je m'explique, on a des... Encore une fois, dans une logique de portage
37:58 et de constitution de portage, on a des spread qui s'écartent, des taux qui augmentent.
38:02 On a envie de reconstituer du portage en des dossiers, dans des noms qu'on aime bien.
38:06 Que ce soit les bancaires, que ce soit même des compagnies aériennes,
38:09 le secteur des cimenteries aussi.
38:11 Il y a vraiment aujourd'hui des boîtes, fondamentalement,
38:14 qui ont démontré leur résilience avec une macro-européenne aussi qui tient.
38:18 Forcément, on en profite pour se renforcer.
38:20 - Et vous dites là, aujourd'hui, ces boîtes-là, les souches qui sont sur le marché,
38:25 on parle de crédit, de dette, de ces entreprises,
38:28 elles souffrent injustement du résultat d'une élection avec laquelle elles n'ont rien à voir.
38:33 - En fait, prenons le cas de BNP Paribas.
38:36 Une souche, par exemple, BNP Paribas, même en dette subordonnée ou en dette senior.
38:41 Est-ce qu'aujourd'hui, moi, j'ai un doute sur la capacité à BNP Paribas
38:44 de se refinancer à horizon 3-4 ans ?
38:46 La réponse est strictement non.
38:48 Est-ce que le marché peut encore sur-réagir et faire que les spreads s'écartent ?
38:52 Peut-être, mais si j'embarque 6 de rendement ou 6,5 de rendement sur 3 mois,
38:57 même si les spreads s'écartent de 50 points de base, je ne perdrai jamais d'argent.
39:02 C'est cette logique-là qui est fondamentale sur le crédit.
39:05 Et encore une fois, sur le marché du crédit, en mettant de côté quelques dossiers très spécifiques,
39:10 les performances sont à rendez-vous.
39:12 Il y a eu des restructurations, mais on va dire nouvelles donnes.
39:15 Aujourd'hui, on ne fait plus d'effots.
39:17 On négocie avec les créanciers, comme ça a été le cas avec Altice,
39:20 enfin, c'est en cours, c'est en parenthèse.
39:23 Le marché du crédit, clairement, aujourd'hui, un vecteur fondamental.
39:27 On est investi, exposé, de façon protégée.
39:30 Et sur le marché actions, là où on pouvait être avec un biais,
39:34 notamment sur les bancaires ou sur la tech, c'était la première partie de l'année.
39:38 Les deux meilleurs secteurs de l'année, toujours en Europe.
39:41 Tout à fait.
39:42 Là, maintenant, dans le contexte actuel, et avec les niveaux de valorisation,
39:45 et la performance, la trajectoire qui s'est matérialisée jusqu'à maintenant,
39:48 on est un peu plus équilibré.
39:50 On pense que les proxys obligataires...
39:52 D'accord.
39:53 Peut-être défensif dans les marchés actions, doit être un peu mieux valorisé, peut-être...
39:57 Défensif, et même le secteur immobilier.
39:59 Oui, d'accord.
40:00 Les bons proxys, quoi.
40:01 On les utilise aussi, il y a des choses à faire,
40:03 et à être plus équilibré en barbel dans les portefeuilles.
40:06 Florent, qu'est-ce qui vous intéresse en ce moment chez MNG,
40:10 dans l'idée d'une allocation, effectivement ?
40:12 Où est-ce que vous êtes le plus à l'aise pour investir ?
40:14 Où est-ce que vous êtes un peu plus méfiant, peut-être, que d'autres ?
40:18 La classe d'actifs qu'on privilégie, c'est d'abord la dette souveraine.
40:24 Ah, d'accord.
40:25 Puisqu'effectivement, on pense qu'au niveau du 10 ans américain,
40:29 ou même des 10 ans français, on a du portage assez confortable.
40:35 Donc, ce n'est pas effectivement la classe d'actifs la plus originale,
40:39 mais elle a le mérite d'offrir des taux d'intérêt qui nous semblent,
40:44 disons, cohérents avec la conjoncture actuelle.
40:47 Donc, on aime bien la duration.
40:50 Est-ce que c'est une forme d'appel, après, chaque cas particulier,
40:54 de dire "Attention, si vous êtes beaucoup investis en monétaire, regardez effectivement,
41:00 il y a peut-être un risque de duration intéressant à prendre aujourd'hui,
41:04 parce qu'il y a eu beaucoup de flux sur des produits très courts à terme, monétaires, etc.
41:09 Là, vous dites que c'est le moment peut-être d'anticiper le prochain mouvement, quoi.
41:13 Oui, puisque comme je l'ai indiqué tout à l'heure, nous on fait le pari que la tendance,
41:17 c'est quand même la baisse des taux directeurs,
41:19 et donc les niveaux de rendement qu'on peut avoir sur des maturités de 5, 7 ans,
41:24 nous semblent attractifs.
41:26 Après, si on regarde la composante spread,
41:30 on a toujours du crédit corporet, mais dans des proportions un peu moindres,
41:35 on est sous-pondérés, parce que les primes de risque pour les dettes corporettes
41:40 sont moins alléchantes qu'elles ne l'étaient il y a un peu plus d'un an.
41:44 Donc, on réduit un petit peu les positions sur cette classe d'actifs,
41:48 mais sans pour autant en sortir.
41:51 Et puis, dans l'univers action, conformément à ce que j'indiquais aussi tout à l'heure,
41:56 on a un style de gestion assez conservateur.
41:59 C'est un choix de maison,
42:02 et donc ça nous porte assez naturellement plutôt sur le marché des actions européennes.
42:07 Ça ne veut pas dire qu'on considère que la technologie américaine
42:12 est un secteur qu'il ne faut pas regarder.
42:16 Au contraire, il y a une rupture technologique certaine,
42:21 et loin de nous l'idée, en regardant les valorisations,
42:27 de dire qu'elles sont forcément excessives,
42:30 parce qu'encore une fois, les indicateurs de valorisation
42:33 sont basés sur des projections de bénéfices à 12 mois.
42:37 Et quand on achète une action technologique,
42:41 l'idée c'est de se projeter bien au-delà des 12 prochains mois.
42:44 Donc, ça peut paraître très cher sur un horizon court,
42:47 mais pas tellement.
42:48 Simplement, nous on essaye, pour reprendre ce que Monsieur disait tout à l'heure,
42:51 on essaie d'adapter les portefeuilles au profil des clients.
42:54 Donc, les clients qui ont un appétit pour le risque,
42:59 on va plus facilement les engager vers la technologie américaine.
43:04 On a des fonds spécifiques pour cela,
43:06 parce qu'on pense que ce n'est pas une bulle.
43:09 Il y a une rupture technologique réelle,
43:11 il y a une reconfiguration de l'hégémonie américaine autour de la technologie.
43:15 Et donc, ce serait passer complètement à côté du sujet
43:18 que de mettre en avant uniquement des indicateurs de valorisation
43:21 pour dire on n'achète pas.
43:22 Donc, pour les clients qui sont prêts à s'engager dans la durée,
43:25 avec des profils plus d'appétit au risque, on est prêt à y aller.
43:31 Et à l'inverse, dans nos fonds destinés à une clientèle
43:36 qui gère en bon père de famille,
43:38 pour le temps, la pression qui nous est donnée,
43:41 c'est vrai que l'univers des actions européennes nous semble plus approprié.
43:48 Même si, évidemment, les actions, ça constitue un risque néanmoins.
43:52 Loin de moi l'idée de dire qu'il n'y a pas de risque sur les actions européennes.
43:54 Mais en tout cas, voilà un petit peu la manière dont on construit les allocations.
43:58 Rapide tour de table, en quelques secondes chacun.
44:00 Qu'est-ce que vous attendez du message de la Fed cette semaine ?
44:03 Ça va être l'événement dans les prochains jours.
44:06 Pas de baisse d'auto.
44:08 Ce mois-ci, peut-être bientôt ?
44:13 Pas à horizon.
44:15 Avant la fin de l'année, sans doute une.
44:17 Mais pas maintenant.
44:19 Gilles ?
44:20 En effet, la confirmation d'un message, pour l'instant, d'immobilité
44:26 et une augmentation des questions ou des challenges par certains investisseurs
44:32 de savoir si la posture n'est pas trop restrictive en la matière
44:37 compte tenu de l'évolution actuelle et à venir de l'inflation.
44:41 Je rappelle, la Fed immobile, c'est une politique monétaire qui est toujours un peu plus restrictive
44:46 au fur et à mesure que l'inflation décélère.
44:49 Absolument, d'autant plus que le prix des commodities a été en forte baisse depuis quelques mois
44:56 ce qui favorise des taux d'inflation bas au global à court terme
45:00 et ce qui a notamment favorisé les marges des entreprises.
45:03 Le pétrole, effectivement, a pas mal rebaissé de 10-15 dollars au cours des dernières semaines.
45:08 Adil, sur la Fed ?
45:09 Immobilisme, oui, je pense que c'est consensuel.
45:12 Oui, pour ce mois-ci, même pour la réunion de juillet, il n'y a pas de raison que Powell ouvre quoi que ce soit
45:19 pour le prochain meeting également ?
45:21 Personnellement, je ne pense pas. Peut-être qu'il évoquera le sujet NFP encore et l'emploi, etc.
45:26 Mais je ne pense pas qu'il y aura d'ouverture.
45:28 Et, encore une fois, Data Dependent, c'est encore une fois le mot-clé qui va revenir.
45:34 Rendez-vous en septembre, ce sera un peu salivé.
45:37 On verra la prochaine élection.
45:38 Oui, 5 novembre, bien sûr, comment l'oublier ?
45:42 Merci beaucoup messieurs, merci d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
45:45 Adil Amor, directeur général de Shell Surprise Gestion,
45:48 Florent Delorme, stratégiste chez M&G Investments,
45:50 et Gilles Bazissière, le président d'Equity GPS.
45:53 Le dernier quart d'heure de Smart Bourg, chaque soir c'est le quart d'heure thématique.
46:06 Le thème ce soir, c'est celui des assemblées générales, annuelles, d'actionnaires.
46:11 La saison est en train de se terminer.
46:13 Et donc, comme nous avions évoqué les enjeux de cette saison
46:16 avec Mickaël Herscovitch de BNP Paribas Asset Management,
46:19 nous retrouvons Mickaël pour dresser un premier bilan de cette saison 2024.
46:24 Mickaël qui est le directeur de l'engagement et politique de vote de BNP Paribas Asset Management.
46:27 Bonsoir Mickaël.
46:28 Bonsoir Adil Amor.
46:29 Merci d'être là.
46:31 Il y a déjà un sujet industriel parce qu'on discute,
46:34 vous m'expliquez comment fonctionne effectivement l'engagement
46:37 chez un gros asset manager comme BNP Paribas Asset Management.
46:40 Vous me dites, on vote à plusieurs centaines, voire quelques milliers,
46:45 2000 assemblées générales d'actionnaires chaque année.
46:49 75% de ces AG ou de ces votes sont concentrés en quelques semaines,
46:54 quelques mois à peine.
46:56 C'est ça Mickaël ?
46:57 Oui, c'est très intense.
46:58 Et donc il y a un sujet à l'échelle quand même.
47:00 Je me dis, même si BNP a des grosses équipes, etc.,
47:02 je n'ai pas de doute là-dessus,
47:04 mais même pour un asset manager de cette taille-là,
47:06 il y a un sujet à l'échelle.
47:07 Oui, il y a un sujet à l'échelle parce que pour bien comprendre,
47:09 en effet, 1500 assemblées générales à traiter sur trois mois,
47:12 25 000 résolutions,
47:14 donc 25 000 résolutions des opérations financières,
47:17 des élections d'administrateurs, la rémunération des dirigeants,
47:20 ça fait à peu près 300 résolutions à voter tous les jours sur cette période-là.
47:27 Donc c'est vraiment une période très intense qui heureusement se termine là plutôt,
47:32 qui amène une équipe.
47:34 Alors il y a une dizaine de personnes, bien sûr, dans l'équipe,
47:37 qui est en charge de ces sujets-là
47:39 et qui est vraiment dédiée à 100% sur cette mission,
47:41 vu l'intensité.
47:43 Il y a aussi l'appel à de l'aide extérieure
47:45 avec ce qu'on appelle les agences de conseil en vote.
47:48 C'est un peu...
47:49 On a les agences financières sur l'analyse financière,
47:51 on a les agences de conseil en vote sur les assemblées générales
47:55 qui vont aider à analyser les résolutions,
47:58 aussi à tout analyser en une seule langue,
48:00 parce qu'on a beaucoup de langues en jeu.
48:03 Et derrière, par contre, nous ce qu'on a pris comme position,
48:06 c'est de se dire on va tout regarder en interne,
48:09 on ne va pas faire de délégation.
48:11 C'est quand même des décisions importantes,
48:13 donc ça amène cette dizaine de personnes qui vont analyser ces résolutions
48:17 grâce à l'aide des agences de conseil en vote,
48:19 mais pas de délégation à ces agences.
48:21 Oui, c'est ça, il y a besoin d'accéder à de l'information et de l'aide extérieure,
48:25 mais derrière, tout est internalisé
48:27 et la politique de vote est bien décidée chez vous en interne.
48:30 Exactement.
48:31 La politique de vote décidée une fois par an
48:34 et ensuite l'analyse des résolutions
48:36 et donc des 300 et quelques résolutions par jour à étudier sur la période.
48:40 Quel bilan ?
48:41 J'aime bien parce qu'il y a toujours ce bilan un peu quantitatif,
48:44 justement, avec des métrics que vous avez
48:47 qui sont des indicateurs clés pour vous,
48:49 notamment le niveau d'opposition.
48:51 C'est toujours quelque chose que vous mettez en avant, Michael.
48:53 Quels sont les résultats de cette saison ?
48:55 Tout à fait, on est sur un niveau d'opposition à date d'aujourd'hui à 35%,
49:01 donc un peu plus d'une résolution sur trois.
49:03 C'est à peu près équivalent à notre niveau d'opposition l'année dernière.
49:07 C'est quand même un marqueur assez important
49:10 qui est aussi quelque chose qu'on peut voir globalement sur le marché
49:14 se dessiner sur les acteurs plutôt français.
49:17 C'est-à-dire que c'est une particularité plutôt française,
49:20 ces niveaux d'opposition.
49:22 Quand on regarde la dernière étude de l'AFG qui est sortie il y a quelques mois,
49:25 donc sur base de 2023,
49:27 on était à 20% d'opposition pour les sociétés de gestion françaises en moyenne.
49:32 Quand on regarde plutôt les acteurs européens hors France ou américains,
49:37 on est en dessous de 10%.
49:39 C'est une forme de particularité du marché français
49:42 avec des acteurs qui utilisent l'outil du vote
49:45 et qui n'hésitent pas à s'opposer.
49:47 - Vous êtes aussi membre de l'AFG, vous présidez la commission environnement, c'est ça ?
49:51 - Je préside la commission gouvernement-entreprise de l'AFG.
49:54 - D'accord.
49:56 Comment vous expliquez cette caractéristique française ?
49:58 Ça, ça m'intéresse.
50:00 - Je pense que c'est vu, en tout cas,
50:02 on l'utilise comme ça,
50:04 et c'est un peu notre approche chez BNP PAM,
50:06 c'est de se dire que c'est par le vote, par l'opposition aussi,
50:09 qu'on peut obtenir des changements.
50:11 On voit bien que les entreprises,
50:13 même si la plupart des résolutions, à la fin, sont approuvées,
50:16 il y a des contestations,
50:18 les entreprises n'aiment pas trop qu'il y ait de la contestation,
50:20 qu'il y ait des taux faibles.
50:22 Le fait de s'opposer, ça permet aussi de se mettre autour de la table,
50:25 d'échanger, de dialoguer,
50:27 d'essayer d'expliquer ce qui gêne
50:29 et d'obtenir des modifications.
50:31 Ça est arrivé beaucoup de fois,
50:33 qu'il y ait des entreprises qui nous appellent,
50:35 qui disent "vous êtes opposées, pourquoi ? On veut comprendre, on veut parler".
50:38 Et je pense que c'est un outil qui est beaucoup utilisé
50:41 par les investisseurs français,
50:43 aussi à Bonne-Ession, pour essayer d'obtenir des changements
50:46 et donc de parler aussi, et d'avoir accès à ce qu'ils disent.
50:49 On met au cœur cette notion d'engagement,
50:51 quand on crée ce dialogue-là,
50:53 et y compris quand une entreprise
50:55 vient interroger un asset manager,
50:58 vous ou d'autres, sur les raisons de son opposition.
51:01 Ça aussi, ça crée, j'imagine, un dialogue
51:03 qui peut aboutir à des choses constructives.
51:05 Ça crée un dialogue, et c'est vrai qu'on voit bien,
51:07 par exemple, on sait très bien que les sujets
51:09 qui sont les plus contestés,
51:11 c'est souvent les sujets de rémunération.
51:13 Mais après, ce qui est intéressant, c'est qu'à travers la rémunération,
51:16 on parle de la stratégie de l'entreprise,
51:18 des objectifs, on peut ouvrir...
51:20 - C'est une porte d'entrée. - C'est une porte d'entrée, exactement.
51:22 Donc très souvent, c'est...
51:24 Vous êtes opposés sur cette résolution-là, sur les rémunérations,
51:26 on est à 55% d'opposition,
51:28 donc c'est très important,
51:30 mais ça nous permet aussi de dialoguer,
51:32 ça nous permet d'ouvrir une discussion,
51:34 d'essayer d'évoluer, et de parler bien sûr des rémunérations,
51:36 - Oui, oui, oui ! - parce que vous êtes des investisseurs,
51:38 mais pas uniquement, parler de la gouvernance,
51:40 de la composition, ça aide la stratégie.
51:42 - Mais ça veut dire qu'une entreprise qui voit arriver à son capital
51:44 des actionnaires ou des sociétés d'investissement
51:46 d'Asset Management française,
51:48 elle peut se dire "Ouh là là, je vais avoir les contestataires,
51:50 c'est la marque de fabrique",
51:52 mais en même temps, elle peut se dire aussi "Tiens, intéressant,
51:54 parce qu'on va pouvoir discuter peut-être
51:56 un peu sérieusement des sujets de contestation,
51:58 et voir si moi aussi, je ne peux pas peut-être
52:00 parfaire un petit peu
52:02 le fonctionnement
52:04 de mon entreprise, quoi. - Tout à fait, oui.
52:06 - Et ce qui est intéressant, on a une position qui est assez intéressante,
52:08 et quand elle est bien utilisée par les entreprises
52:10 qui sont dans le dialogue,
52:12 c'est qu'on a une vision globale.
52:14 On vote dans le monde entier,
52:16 on vote sur un énorme nombre de secteurs,
52:18 on peut voir aussi ce qui se fait chez les concurrents.
52:20 - D'autres pratiques. - Donc le dialogue aussi
52:22 peut être extrêmement vertueux, on voit que les entreprises
52:24 souvent cherchent à comprendre
52:26 bon déjà ce qu'on demande, mais aussi ce qu'on peut
52:28 voir chez les autres, chez leurs concurrents.
52:30 - Oui, bien sûr. - Qu'est-ce qu'on prône,
52:32 et donc on peut avoir
52:34 cette démarche vertueuse quand les entreprises
52:36 sont prêtes en effet à faire le changement.
52:38 - À ce dialogue. - À ce dialogue.
52:40 - Quels ont été, sur la saison 2024,
52:42 en tout cas la grande partie
52:44 de cette saison 2024, quels ont été les sujets
52:46 de contestation un peu clés pour vous ?
52:48 Est-ce qu'on est toujours autour du climat des rémunérations ?
52:50 Est-ce que ça reste les
52:52 chevaux de bataille les plus importants pour vous,
52:54 Michel ? - Ça reste les principales thématiques.
52:56 On a la rémunération, le taux de contestation
52:58 le plus important, il y a les sujets
53:00 de la gouvernance, qu'il ne faut pas oublier que l'Assemblée Générale
53:02 c'est d'abord l'organe de gouvernance.
53:04 On est des actionnaires, des investisseurs,
53:06 on va élire des
53:08 administrateurs au conseil d'administration
53:10 qui vont être là pour établir la stratégie,
53:12 pour nommer des dirigeants,
53:14 pour révoquer le dirigeant si ça se passe mal.
53:16 Donc c'est vraiment l'organe clé,
53:18 donc l'Assemblée Générale va voter sur des administrateurs,
53:20 donc la gouvernance, ça a toujours été
53:22 au cœur de l'Assemblée Générale, du dialogue
53:24 et du vote, c'est les principales résolutions
53:26 en volume d'ailleurs, on peut dire les administrateurs.
53:28 La rémunération aussi,
53:30 avec des résolutions spécifiques.
53:32 Ce qui est intéressant sur tout ce qui est
53:34 climat, tout ce qui est environnement, tout ce qui est social,
53:36 en fait, c'est des sujets
53:38 extrêmement importants, en volume ils représentent
53:40 très peu, ils représentent moins d'un pour cent
53:42 des 25 000 résolutions, ça reste à la marge.
53:44 - Ça fait beaucoup de bruit, par contre
53:46 ça peut faire beaucoup de bruit dans certains cas.
53:48 - Ça peut faire beaucoup de bruit. - Non mais oui, je vous le dis sérieusement.
53:50 - Et ça ne veut pas dire
53:52 que ce n'est pas parce qu'on n'a pas
53:54 de résolution spécifique, que ce ne sont pas des éléments
53:56 qu'on ne doit pas prendre en compte, et c'est ce qu'on fait
53:58 et comme je disais, notamment élire
54:00 des administrateurs, réélire du
54:02 conseil d'administration qui établisse la stratégie,
54:04 en cas de désaccord avec la stratégie,
54:06 en cas de problème sur des questions
54:08 environnementales, sociales, pour nous,
54:10 c'est aussi à travers ces votes-là,
54:12 là, je regardais depuis... - C'est aussi un levier
54:14 qui permet aussi d'influencer, pourquoi pas, la stratégie
54:16 climatique de l'entreprise. - Exactement,
54:18 on s'est opposé à près de 1 600 résolutions
54:20 depuis le début de l'année pour des considérations
54:22 environnementales, biodiversité,
54:24 climat, notamment pour
54:26 les réélections d'administrateurs, donc là encore,
54:28 comme le dialogue,
54:30 c'est un outil qui est utilisé
54:32 et essayé d'obtenir des évolutions
54:34 aussi sur ces considérations,
54:36 même si on n'a pas forcément de résolution
54:38 spécifique dédiée, oui, effectivement.
54:40 Là aussi, c'est un point de discussion
54:42 qu'on a régulièrement avec vous, Miquel,
54:44 l'idée que dans ce dialogue,
54:46 qui est aussi un rapport de force,
54:48 des asset managers,
54:50 y compris comme BNP PAM,
54:54 peuvent s'allier ou se coaliser
54:56 avec d'autres grands asset managers.
54:58 C'est une pratique de plus en plus courante,
55:00 ces coalitions, comme on les appelle.
55:04 Concrètement, ça vous sert à quoi,
55:06 à l'issue d'une saison comme celle des AG 2024 ?
55:08 Est-ce qu'il y a des votes,
55:10 j'allais dire, collectifs,
55:12 de ce point de vue-là ? Et à quoi
55:14 serrent ces coalitions
55:16 que vous pouvez former avec d'autres
55:18 confrères et concurrents ?
55:20 - Le vote, il reste individuel, parce que
55:22 chaque société de gestion a sa propre approche,
55:24 a sa propre décision,
55:26 parce que sinon, après, on serait en action de concert
55:28 si on votait collectivement.
55:30 Néanmoins, en effet, l'engagement
55:32 collectif est extrêmement intéressant,
55:34 notamment sur des questions
55:36 de risque systémique, des questions
55:38 climatiques, des questions de biodiversité.
55:40 Il y a une organisation qu'on a pu parler
55:42 par le passé qui s'appelle Climate Action 101+,
55:44 700 investisseurs
55:46 qui se sont regroupés,
55:48 qui engagent ensemble 170 entreprises
55:50 dans le monde,
55:52 68 trillions de dollars,
55:54 donc c'est une masse extrêmement
55:56 importante. Ce qui est intéressant,
55:58 c'est de montrer, bon, déjà, l'évolution
56:00 sur ces sujets. Il y a
56:02 6 ans, 7 ans, quand cette initiative
56:04 a commencé, elle a
56:06 d'abord traité des sujets de gouvernance.
56:08 Il faut prendre en compte les questions climatiques
56:10 dans la gouvernance des entreprises.
56:12 Aujourd'hui, 93% de ces entreprises,
56:14 elles ont pris en compte
56:16 dans leur gouvernance le risque climatique
56:18 à travers le conseil d'administration,
56:20 le contrôle interne, etc.
56:22 Ensuite, il y avait l'idée de prendre
56:24 une ambition climatique, des ambitions
56:26 notamment d'être net zéro. Aujourd'hui,
56:28 c'est 3 entreprises sur 4
56:30 de Climate Action 101+,
56:32 qui ont pris ces engagements.
56:34 Donc on voit que ça évolue positivement.
56:36 - Ça infuse.
56:38 - Ça infuse. On parle maintenant
56:40 vraiment aussi d'engagement
56:42 en plus concret, court terme,
56:44 moyen terme, d'objectifs de réduction
56:46 des émissions.
56:48 Ce qui est intéressant aussi, c'est le lien avec le vote.
56:50 Aujourd'hui, nous,
56:52 dans notre politique de vote depuis quelques années,
56:54 on demande à ce que les entreprises prennent
56:56 des engagements d'être net zéro.
56:58 On s'inspire, on prend
57:00 comme source d'information Climate Action
57:02 et on sanctionne avec le vote
57:04 lorsque ces entreprises
57:06 n'ont pas pris ces ambitions.
57:08 Ces engagements collaboratifs, ils informent
57:10 quand même le vote, mais il reste individuel.
57:12 Ils ont une source d'information qui est publie
57:14 parce qu'elle marche souvent
57:16 avec un benchmark,
57:18 des indicateurs qui sont publics,
57:20 qui sont réévalués tous les ans et qui peuvent être une source
57:22 d'information et d'éléments
57:24 intéressants aussi pour le vote
57:26 en Assemblée Générale.
57:28 - Et là aussi, gouvernant ces climats,
57:30 restent les principaux sujets
57:32 de ces engagements collectifs ou de ces coalitions
57:34 aujourd'hui ?
57:36 - Le climat, beaucoup, en effet.
57:38 - Parce que, risques systémiques,
57:40 complexes, etc.
57:42 - Oui, après, il y a eu beaucoup aussi
57:44 de... il y a eu Climate Action
57:46 100 Place, il y a eu d'autres initiatives plus concentrées
57:48 sur d'autres secteurs et les entreprises qui n'étaient pas
57:50 concernées, mais sur cette thématique-là.
57:52 Je dirais que la thématique
57:54 plutôt récente, nouvelle, qu'on a essayé de structurer
57:56 de la même façon, c'est plutôt sur les sujets de biodiversité.
57:58 - Oui, bien sûr. - Donc on a créé
58:00 avec d'autres investisseurs
58:02 Nature Action 100.
58:04 Donc on est quelques années
58:06 après Climate Action. Là, on va publier
58:08 un benchmark aussi avec
58:10 6 indicateurs d'ici la fin de l'année.
58:12 Il y a eu 100 entreprises qui ont été choisies.
58:14 Alors maintenant, on est à 200 investisseurs.
58:16 Donc ça grandit de la même façon.
58:18 Et donc on voit qu'il y a cette thématique
58:20 qui prend de l'ampleur. - C'est la nouvelle frontière
58:22 de diversité. On a déjà parlé avec vous.
58:24 On en reparlera sans doute, mais effectivement,
58:26 c'est la nouvelle bataille,
58:28 le nouveau combat. Merci beaucoup,
58:30 Michael Erskovitch, directeur de l'engagement
58:32 et politique de vote de BNP Paris-Bas
58:34 Asset Management, qui était l'invité de ce quart d'heure
58:36 thématique de Smart Bonds. - Merci.
58:38 (indicatif musical)
58:40 Sous-titrage Société Radio-Canada
58:42 (indicatif musical)
58:44 ♪ ♪ ♪

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