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100% Sénat diffuse et décrypte les moments forts de l'examen des textes dans l'Hémicycle, ainsi que des auditions d'experts et de personnalités politiques entendues par les commissions du Sénat.
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00:00:00 [Générique]
00:00:09 Un 100% consacré aux violences sexuelles dans le cinéma.
00:00:13 La délégation aux droits des femmes auditionnait hier des producteurs,
00:00:16 une actrice et des directeurs de casting.
00:00:19 C'était l'occasion de faire le point sur les mécanismes de prévention de ces violences
00:00:23 dans le milieu du ciné.
00:00:25 On file en audition, on en reparle juste après.
00:00:27 Je viens là tout d'abord en tant que citoyenne,
00:00:33 ensuite bien sûr je suis actrice, on parle de mon milieu.
00:00:42 Dans les spécificités qu'il a et qui concernent les violences sexistes et sexuelles,
00:00:48 je dirais que peut-être qu'il y a encore plus de cas dans la mesure où souvent
00:00:59 ce qui est recherché, en tout cas chez les artistes interprètes,
00:01:03 c'est une forme de vulnérabilité charismatique.
00:01:10 Et que cette vulnérabilité charismatique,
00:01:14 on la trouve souvent chez des personnes qui ont déjà été victimes.
00:01:18 Donc il y a beaucoup de personnes qui sont victimes à nouveau dans le cinéma.
00:01:24 Et la porte d'entrée, ça a été de repérer cette vulnérabilité.
00:01:28 C'est magnifique la vulnérabilité, c'est sûr.
00:01:32 Mais il ne faut pas que ce soit une fascination pour Prédateur.
00:01:38 C'est un milieu extrêmement hiérarchisé,
00:01:44 dans lequel il y a une omerta.
00:01:48 Je suis à l'initiative avec d'autres, d'un rassemblement
00:01:54 qui a rassemblé plein de femmes et d'hommes victimes de violences sexistes et sexuelles,
00:02:02 mais dans tous les milieux.
00:02:04 Pas spécifiquement le milieu du cinéma français,
00:02:08 parce qu'effectivement, ils peinent à prendre la parole ou à agir.
00:02:14 Ce rassemblement, on l'a fait pour dire déjà que c'est dans toute la société,
00:02:20 mais surtout revendiquer le fait que dans ces milieux professionnels
00:02:27 que les médias, mais bon, la société tout entière,
00:02:31 s'affaire à séparer pour systématiquement repérer la spécificité de ce milieu,
00:02:37 donc le cinéma, vraiment un milieu bizarre,
00:02:40 avec des gens qui ne font pas vraiment un métier,
00:02:43 ou la politique, des gens attirés par le pouvoir, ce n'est pas étonnant.
00:02:47 Avec les hommes de pouvoir, forcément, on va devenir victime.
00:02:50 En fait, dans tous les milieux, il y a ces spécificités,
00:02:53 et c'est ce qui permet à chaque fois de retomber dans le déni.
00:02:55 Pour autant, il existe des textes.
00:03:00 La France a ratifié la Convention de l'Organisation internationale du travail en 2019.
00:03:06 C'est censé être à l'œuvre depuis 2021.
00:03:09 J'ai l'impression que tout pourrait être là pour sanctionner,
00:03:17 pour ne pas écarter les personnes qui parlent,
00:03:20 comme ça a encore lieu dans énormément de milieux,
00:03:24 et dans le milieu du cinéma aussi.
00:03:27 Donc voilà, on est face à un problème de santé publique.
00:03:31 Je trouve que c'est très intéressant que ça avance dans le cinéma,
00:03:34 parce que c'est un microcosme et qu'il y a pas mal de personnes
00:03:38 qui ont accès à la parole, qui peuvent être médiatisées.
00:03:43 Ça a du point, c'est formidable que Gisèle Godrej ait pris la parole comme elle l'a fait,
00:03:48 qu'Adèle Haenel l'ait fait, qu'Isile Lebesco le fasse aujourd'hui aussi.
00:03:55 Mais tant qu'il n'y aura pas de volonté politique et de politique publique,
00:04:03 je vois pas, moi j'aimerais participer, faire des choses,
00:04:08 mais je ne vois pas encore, si je sais,
00:04:12 bon voilà, il y a ces formations obligatoires maintenant,
00:04:15 qui vont exister dans le cinéma.
00:04:16 Ça me semble très, très, très pertinent,
00:04:20 puisque penser que les générations futures seraient plus aptes à lutter contre ces violences,
00:04:27 à partir du moment où c'est nous qui les éduquons, j'y crois pas trop.
00:04:31 Donc on peut se former à n'importe quel âge.
00:04:35 Je pense que ces formations vont aussi permettre de découvrir plein de choses,
00:04:38 parce qu'une fois que des faits de violence par exemple remonteront jusqu'au producteur,
00:04:43 qu'est-ce que le producteur fera de cette information ?
00:04:48 Quels seront les aléas d'un producteur à l'autre ?
00:04:53 J'imagine qu'il faudra une ligne d'écoute permanente au CNC pour proposer des protocoles.
00:05:02 Parce qu'on ne peut pas dire qu'on ne sait pas.
00:05:04 Les violences sexistes et sexuelles, il y a une femme sur deux qui est victime,
00:05:11 dans le milieu du travail c'est une femme sur trois, c'est absolument colossal.
00:05:19 Quand on a décidé pour accompagner le lobby automobile qu'on voulait,
00:05:24 qu'il y ait moins de blessés, moins de morts sur les routes,
00:05:27 on a mis en place la sécurité routière.
00:05:30 Il y a eu toute une série de mesures, pas uniquement des mesures répressives,
00:05:35 mais des mesures préventives, un permis, le port obligatoire de la ceinture,
00:05:41 la limitation de vitesse, l'interdiction de l'alcool,
00:05:44 et d'ailleurs il y a eu des résultats.
00:05:46 Il faut le faire, mais il faut le faire partout.
00:05:50 Ces formations, c'est formidable qu'elles existent dans le cinéma,
00:05:52 il faudrait qu'elles existent absolument partout.
00:05:58 Je peux parler pendant des heures, je ne sais pas ce qu'on attend exactement de moi aujourd'hui.
00:06:05 - C'est déjà très bien, vous avez lancé le débat.
00:06:07 Maintenant je vais donner la parole à Olivier Enrare, justement,
00:06:10 puisque vous avez appellé le CNC qui présente les actions déjà menées.
00:06:14 Je vais un peu vous frustrer dans le temps de parole,
00:06:16 parce que comme vous êtes nombreux, vous m'avez demandé de parler 5 minutes, pas plus,
00:06:21 sachant bien sûr après nous échangerons les sénatrices et les sénateurs qui sont là.
00:06:25 Je n'en doute pas des questions à vous poser,
00:06:27 donc si vous n'avez pas le temps de tout dire dans le propos liminaire,
00:06:30 on y reviendra bien entendu. Monsieur Enrare.
00:06:32 - Merci Monsieur le Président, merci Madame la Présidente de séance.
00:06:35 Effectivement, ce qui va permettre de gagner du temps,
00:06:36 c'est que le débat vient d'être posé exactement au point de départ, qui est le bon.
00:06:41 C'est-à-dire qu'il faut agir dans ce secteur comme dans tous les secteurs de l'économie, en réalité.
00:06:47 Mais ce qui est vrai, c'est que dans le cinéma, la notoriété des personnes en cause
00:06:51 fait qu'on a une filière qui est objectivement beaucoup plus observée que les autres.
00:06:57 Alors c'est un fait qui est parfois ressenti comme inéquitable
00:07:01 par les milliers d'entreprises et de professionnels qui sont parfaitement responsables
00:07:06 et irréprochables et qui travaillent dans le secteur,
00:07:08 mais c'est un fait que la filière est beaucoup plus observée que les autres.
00:07:13 Et ce fait, il faut en tenir compte.
00:07:15 C'est-à-dire que l'action collective que tout le monde appelle de ses voeux,
00:07:20 que nous avons commencé à mener, elle devra être exemplaire
00:07:24 et en réalité, non seulement aboutir à normaliser la filière,
00:07:27 mais en réalité, en faire une filière exemplaire.
00:07:31 Le CNC pourrait revenir, évidemment, il va prendre toute sa part dans ce mouvement,
00:07:35 mais en réalité, on s'est engagé depuis à peu près cinq ans dans le rôle qui est le nôtre.
00:07:41 C'est-à-dire que, pardon de rappeler une évidence,
00:07:45 mais le CNC n'est pas l'administration du travail.
00:07:49 Je veux dire que le CNC ne dispose d'aucune prérogative pour modifier le droit du travail,
00:07:54 ni surtout pour contrôler son application.
00:07:56 C'est-à-dire que le CNC, ce n'est pas l'inspection du travail du cinéma.
00:08:00 Il y a une seule inspection du travail dans ce pays.
00:08:02 Pour toutes les entreprises de France et Navarre, le cinéma n'est pas une bulle
00:08:05 et en réalité, le cinéma n'a aucun intérêt à être une bulle, à aucun dégât.
00:08:10 Pour autant, nous disposons d'outils d'incitation puissants
00:08:15 pour agir sur le comportement des entreprises
00:08:18 et en réalité, les leviers dont on dispose, ils sont au nombre de deux.
00:08:22 Le premier levier, c'est les aides financières
00:08:25 et donc c'est en conditionnant l'accès à ces aides à un certain nombre de comportements
00:08:29 que nous avons obtenu des résultats.
00:08:32 Et le second levier, alors il est un petit peu plus diffus,
00:08:34 mais en fait, si le CNC est une administration de l'État,
00:08:38 on sait bien que nous entretenons des liens de travail très étroits
00:08:42 et très permanents avec tous les acteurs de la filière
00:08:45 et donc ça nous permet de jouer le rôle de maison commune de cette filière,
00:08:48 c'est-à-dire d'être un lieu d'échange, d'orientation sur les sujets de toute nature,
00:08:53 y compris sur lesquels on n'a pas nécessairement une prise directe.
00:08:57 Donc, nous n'avons pas à nous substituer aux partenaires sociaux,
00:09:01 mais en revanche, on peut les accompagner, on peut faciliter leur discussion
00:09:06 et c'est le deuxième axe selon lequel on a essayé de progresser.
00:09:11 Donc maintenant, un descriptif rapide mais précis
00:09:15 de ce qui a déjà été engagé sur ces deux axes.
00:09:18 Alors, le point d'appui commun à ces deux axes, c'est le droit du travail.
00:09:23 On est parti du droit du travail, il y a une obligation du chef d'entreprise
00:09:27 qui figure au Code du travail, l'article L1153-5.
00:09:31 L'employeur prend toute disposition nécessaire en vue de prévenir l'effet de harcèlement sexuel,
00:09:35 d'y mettre un terme et de les sanctionner et ça, ça vaut pour toutes les entreprises du cinéma comme ailleurs.
00:09:41 Et donc, pour renforcer l'effectivité de cette obligation,
00:09:46 le 1er juin 2021, nous avons conditionné l'accès à toutes nos aides
00:09:51 au respect justement de cette obligation par l'employeur.
00:09:54 Et pour anticiper cette échéance, depuis 2020, c'était quand même l'année du Covid,
00:10:01 nous avons imposé à tous les responsables d'entreprise de suivre une formation
00:10:06 donc de prévention et de lutte contre les violences, sauf à perdre l'accès aux aides du CNC.
00:10:11 Et donc, sur ce terrain-là, à ce jour, nous avons formé 5000 producteurs de cinéma,
00:10:17 mais aussi de l'audiovisuel, du jeu vidéo et 1200 exploitants de salles.
00:10:24 Ensuite, pour consolider notre pratique de retirer les aides justement
00:10:30 lorsque cette obligation n'est pas respectée, le gouvernement, comme vous le savez,
00:10:35 a approuvé l'amendement à la proposition de loi cinéma qui a été adoptée ici même le 14 février dernier.
00:10:42 Et la ministre, comme vous le savez, soutient vivement l'inscription de cette proposition de loi
00:10:47 à l'heure du jour de l'Assemblée nationale. On espère que ce sera fait dans les meilleurs délais.
00:10:51 Cet été, nous allons franchir deux étapes supplémentaires.
00:10:55 D'abord, la première étape va concerner tous les tournages.
00:10:58 Nous allons donc imposer la formation de la totalité de l'équipe de tournage sous peine de retrait de nos aides
00:11:05 puisqu'aujourd'hui, c'est le chef d'entreprise uniquement qui est soumis à cette obligation de se former.
00:11:10 Donc désormais, ce sera la totalité de l'équipe de tournage.
00:11:13 Donc on va toucher à la fois toutes les personnes potentiellement concernées,
00:11:17 c'est-à-dire à la fois les potentielles victimes et les potentiels agresseurs.
00:11:21 Et donc la mise en œuvre de cette formation sera une condition d'accès aux aides du CNC.
00:11:26 On vient de finaliser avec les partenaires sociaux la concertation pour définir le contenu de la formation
00:11:33 et les modalités selon lesquelles elle sera effectuée.
00:11:36 Le marché de formation est sur le point d'être notifié et donc les formations seront opérationnelles le 1er septembre.
00:11:43 Donc à partir du 1er septembre, la conditionnalité sera effective.
00:11:47 Ces formations, quand même un petit mot, elles seront financées intégralement par l'AFDAS,
00:11:52 qui est notre partenaire dans cette affaire et que je tiens à remercier très vivement.
00:11:58 Deuxième étape, elle va concerner spécifiquement la protection des mineurs sur les tournages
00:12:02 puisqu'on a identifié, je crois de façon évidente, un sujet particulier.
00:12:07 Donc conformément à l'annonce qui vous a été faite ici même, M. le Président, au mois de mars dernier par la ministre,
00:12:13 le Conseil d'administration du CNC, le 27 juin prochain, va voter l'obligation de recourir à un responsable enfant sur les tournages
00:12:22 sous peine de se voir retirer l'accès aux aides du CNC.
00:12:26 Et donc cette mesure, elle sera avec effet immédiat, c'est-à-dire dès la délibération exécutoire, c'est-à-dire un mois après son vote.
00:12:33 Tous les tournages postérieurs à cette date devront prévoir la présence d'un responsable enfant
00:12:38 sous peine de se voir priver des aides du CNC.
00:12:43 Mais donc comme je le disais, les aides du CNC, ça n'est qu'un levier indirect.
00:12:48 La relation de travail au premier chef, c'est l'affaire des partenaires sociaux. On ne peut pas se substituer à eux.
00:12:55 En revanche, on a essayé de les accompagner et de les encourager.
00:12:59 Et de ce point de vue-là, je crois qu'il faut saluer le travail collectif qui a été accompli dans des délais records
00:13:06 et qui a abouti le 17 mai dernier à la signature à Cannes de deux avenants à la Convention collective nationale du cinéma.
00:13:13 Alors comme ces signataires sont présents autour de la table, je vais les laisser eux-mêmes détailler la liste des avancées,
00:13:19 qui est assez impressionnante. Mais si je me borne à envisager chacun des points,
00:13:25 le recours au responsable enfant s'est devenu une obligation en droit du travail depuis le 1er juin.
00:13:31 Le recours au coordinateur d'intimité, il est désormais fortement incité.
00:13:35 Et on a dans la Convention collective une clause contractuelle type à insérer dans tous les contrats d'artistes
00:13:42 qui vont jouer des scènes d'intimité ou à caractère sexuel.
00:13:46 Lors des castings, obligation pour les mineurs d'être accompagnés par un adulte référent.
00:13:52 Lors des castings toujours, un certain nombre de scènes sont fortement encadrées,
00:13:59 c'est-à-dire prohibition des scènes de casting dans certains lieux,
00:14:03 prohibition de certains types de scènes, notamment scènes d'intimité ou scènes à caractère sexuel.
00:14:08 C'est désormais interdit dans les castings par le droit du travail, etc.
00:14:11 Mais donc je pense que les signataires en parleront mieux que moi.
00:14:15 Évidemment, ce n'est pas fini puisque l'ARDA qui est présente ici, je crois, travaille à une charte de bonne pratique.
00:14:22 Et le travail de coordinateur d'intimité, il fait l'objet désormais d'une fiche métier
00:14:27 qui a été élaborée par les partenaires sociaux et donc qui va permettre,
00:14:31 probablement à horizon 2025, de mettre en place une formation certifiante
00:14:37 pour développer considérablement le recrutement sur cette spécialité.
00:14:40 Donc voilà, j'ai été un petit peu long.
00:14:42 Et donc pour conclure, juste deux mots.
00:14:45 D'abord, un mot pour souligner quand même la complémentarité d'action des pouvoirs publics,
00:14:50 des partenaires sociaux, de l'AFDAS, d'audiences et des associations professionnelles dans cette affaire.
00:14:56 Ça témoigne quand même de la profondeur de la prise de conscience et de l'efficacité de la réponse.
00:15:03 Et quand même, deuxième point.
00:15:05 Alors, pardon, ça m'a frappé à Cannes parce que à Cannes,
00:15:09 moi je rencontre les 36 CNC de tous les pays du Conseil de l'Europe.
00:15:12 Et ce que j'ai pu constater, c'est le caractère absolument unique en Europe et au monde
00:15:18 de ce que nous avons réussi à mettre en place en termes de cadre en quelques mois.
00:15:23 Voilà, donc maintenant ce cadre, il faut le faire vivre.
00:15:25 Mais je tiens quand même à vous faire un retour sur ce point.
00:15:29 Mes 36 homologues, j'ai été totalement stupéfait et je suis bombardé de demandes
00:15:37 de venir faire des stages de CNC ou d'envoyer des missions d'expertise dans différents pays d'Europe
00:15:42 justement pour exporter ce que nous avons réussi à mettre au point ensemble ces derniers mois.
00:15:47 Merci, monsieur le directeur général, pour ces différents mots.
00:15:54 Nous allons maintenant entendre, et je me tourne vers les représentants du Collectif 50/50,
00:15:59 qui est une association dont le but est de promouvoir l'égalité, la parité et la diversité dans le cinéma et l'audiovisuel.
00:16:07 Je vous donne la parole dans l'ordre que vous souhaitez.
00:16:11 Merci beaucoup.
00:16:14 Donc effectivement, nous sommes trois représentants du Conseil d'administration du Collectif 50/50.
00:16:21 L'association s'est créée en 2018 dans la foulée du premier mouvement #MeToo,
00:16:27 avec l'idée qui était inscrite comme une espèce de manifeste pour lancer le Collectif,
00:16:34 qui disait notamment "Nous pensons que la parité réduit les rapports de force.
00:16:39 Nous pensons que la diversité change en profondeur les représentations.
00:16:42 Nous pensons qu'il faut saisir cette opportunité de travailler à l'égalité et la diversité
00:16:46 parce que nous avons la certitude qu'ouvrir le champ du pouvoir favorisera en profondeur le renouvellement de la création.
00:16:51 Nous pensons qu'il faut questionner la répartition du pouvoir."
00:16:54 Donc ce n'est qu'un extrait, mais c'est une base qui permet de nourrir nos réflexions au quotidien au sein du Collectif.
00:17:04 Donc le Collectif rassemble plus de 1000 adhérents chaque année, adhérents et adhérentes, avec une diversité de profils.
00:17:10 On est un conseil d'administration composé de 14 membres et il y a une équipe salariée permanente de 4 personnes.
00:17:17 Nos actions sont réparties en 4 axes principaux.
00:17:24 La production d'études chiffrées pour établir un état des lieux en matière de parité et de diversité,
00:17:29 qui sont un véritable levier d'action puisque ça permet d'objectiver des informations
00:17:33 et d'arrêter d'en faire des perceptions et de les transformer en informations.
00:17:37 La co-élaboration de mesures concrètes avec les pouvoirs publics.
00:17:42 On a notamment accompagné la création du bonus parité avec le CNC en 2019.
00:17:48 Et je pense qu'on peut dire qu'on a pas mal contribué à faire en sorte que la formation étendue à toutes les professions se mette en place.
00:18:00 Tout comme la première formation qui était destinée à la formation de 3 heures
00:18:04 à l'ensemble des gérants et gérantes d'entreprises de production, distribution et d'exploitation.
00:18:09 C'était aussi des mesures sur lesquelles on a travaillé avec le CNC notamment, le ministère de la Culture.
00:18:14 On fait un travail de sensibilisation et d'accompagnement de toute l'industrie.
00:18:17 D'une part auprès d'organismes type syndicats professionnels, les festivals, entreprises de cinéma, de l'audiovisuel, les institutions.
00:18:25 Mais aussi vraiment des personnes qui ne sont pas syndiquées et qui sont des personnes qu'on rencontre sur le terrain.
00:18:31 Et on essaie de créer des outils concrets qu'on met à disposition des professionnels pour changer leurs pratiques en matière de parité, d'inclusion et de lutte contre les violences.
00:18:40 Depuis sa création, la question des violences sexistes et sexuelles n'était pas inscrite dans l'intention initiale du collectif.
00:18:50 Le fait est que ça s'est imposé et que ça prend énormément de place.
00:18:56 En fait, ça prend beaucoup plus de place qu'on ne le souhaiterait.
00:19:01 Je tiens à préciser que, initialement, je pense que pour la plupart des personnes qui nous rassemblent ici, notre passion n'était pas les VSS, c'était le cinéma.
00:19:10 Et nous, on s'est retrouvés à s'emparer de ces questions qui nous semblent très importantes.
00:19:16 Mais on a vocation à se dissoudre quand on sera obsolète.
00:19:19 C'est vraiment une intention et on la pose fermement parce que moi, je suis ravie de m'engager pour cette cause.
00:19:27 Je pense qu'on est toutes dans le même cas, mais en réalité, je suis capable de passer mon temps libre à faire d'autres choses.
00:19:33 Et notamment regarder des films qui se seront faits dans de bonnes conditions.
00:19:36 Pour revenir au collectif 50/50, en 2020, le collectif a organisé les états généraux de lutte et prévention des VSS.
00:19:48 Et dans la continuité, a publié un livre blanc.
00:19:52 Et on a également participé à la création, à la rédaction du kit de prévention des VSS avec les syndicats de salariés et de producteurs et le CCHSCT.
00:20:00 On appelle à ce que l'ensemble des personnes qui composent l'industrie du cinéma se responsabilisent.
00:20:09 Et on essaie vraiment de garder ce cap, même si on attend des institutions, des pouvoirs publics, qu'un cadre soit posé parce qu'il est nécessaire.
00:20:21 On peut pas dire, on estime que lorsqu'un festival nous dit "non mais c'est parce qu'il n'y a pas tel endroit, nous on n'est pas responsable du fait qu'il y a eu des violences à tel endroit".
00:20:31 Toutes ces choses là, en fait, c'est pas une réponse.
00:20:35 En réalité, chaque personne, à chaque étape, doit se responsabiliser.
00:20:38 Et d'ailleurs, vous parliez de coordinateurs et coordonnatrices d'intimité.
00:20:42 Au sein de notre CA, il y a un distributeur qui lui a maintenant décidé d'imposer des coordinateurs ou des coordinatrices d'intimité quand ça s'avère nécessaire, quand il y a des scènes d'intimité.
00:20:55 Et en réalité, lui, en tant que distributeur, pouvait très bien se dire "moi, c'est la responsabilité des autres".
00:21:00 Mais non, il a décidé de prendre ses responsabilités.
00:21:02 Donc on appelle quand même chaque personne, à chaque étape, à prendre ses responsabilités.
00:21:08 Parce que dans le cinéma, il y a des moments qui sont à la fois très isolants et des moments qui sont des grands moments de collégialité.
00:21:14 Et en fait, il y a ces questions de hiérarchie et de pouvoir, comme l'expliquait Anna Mougladis, qui sont très présentes tout au long de la fabrication des films.
00:21:23 Et qu'on ne peut pas dissocier aussi des violences.
00:21:27 Donc on est sollicité, nous, régulièrement par des professionnels de l'industrie.
00:21:32 Mais on n'est pas une cellule d'écoute, on ne lance pas d'appel à témoignage, on n'est pas non plus des lanceuses d'alerte.
00:21:37 En fait, on est identifié, donc on nous sollicite.
00:21:41 Mais on redirige vers des instances qui sont compétentes et formées pour ça.
00:21:45 Après, en notre sein, on est plusieurs à être formés.
00:21:48 Mais, encore une fois, notre vocation, c'est vraiment de faire en sorte que les choses changent, que les pratiques changent.
00:21:55 Je voudrais aussi rappeler que les enjeux ne sont pas les mêmes selon les étapes et les interlocuteurs.
00:22:01 On le dit souvent, mais les enjeux de violence sont intrinsèquement liés aux questions de pouvoir.
00:22:08 Et qu'en fait, toutes ces questions se mêlent aussi à ce qui est, je parlais de notre passion pour le cinéma.
00:22:15 Et vraiment, c'est un point qu'on a évoqué quand on a été auditionné à l'Assemblée nationale la semaine dernière.
00:22:20 Mais la passion, c'est ce qui a fait initialement qu'on s'est toutes et tous tournés vers ce milieu.
00:22:26 C'est par passion qu'on s'est engagés dans ce domaine.
00:22:29 Et donc, pour beaucoup de personnes, on a l'impression que cette passion sous-entendrait que l'implication doit être totale.
00:22:35 Et qu'en fait, alors qu'on travaille au service d'un projet, on se met comme objectif de donner vie à ce que le réalisateur ou la réalisatrice a imaginé.
00:22:48 On est au service d'un projet et en fait, c'est comme si on devait complètement être dans l'abnégation.
00:22:54 Et au nom de l'art, on aura tendance à excuser des désagréments, des comportements abusifs, des comportements violents, comme si c'était des prix à payer.
00:23:01 Et par mon passé, moi, parce que je viens de la production initialement, j'ai entendu à plusieurs reprises des réalisateurs se dire entre eux,
00:23:08 parce qu'ils se parlaient d'un tournage qui se passait mal dans la violence, notamment, de toute façon, c'est les films qui restent.
00:23:15 Et en fait, ça, je pense que c'était d'ici il y a 12 ans. Je ne pense pas que ce soit encore le cas maintenant.
00:23:20 J'espère en tout cas que ce n'est plus le cas. Mais il y a quelque chose qu'il faut avoir en tête.
00:23:25 C'est que, OK, c'est les films qui restent, mais effectivement, notamment au sein du tournage auquel je fais référence, il y a des vies qui ont été brisées.
00:23:31 Personne, je crois, n'en est mort. Mais par contre, il y a des personnes qui ont des stress post-traumatiques qui ont duré très, très longtemps.
00:23:38 Et en fait, il faut avoir en tête que ce n'est pas anodin, les violences. C'est que certes, il y aura une œuvre à la fin, mais en fait,
00:23:47 parmi toutes les personnes qui travaillent, on dit toujours "ouais, c'est une équipe, c'est une équipe".
00:23:50 Mais en fait, parmi ces équipes, il y a des gens qui sont détruits au bout. Et autre chose que j'ai tendance à répéter souvent quand on m'interroge,
00:23:58 mais les amis des uns sont les abuseurs ou les abuseuses des autres. C'est-à-dire qu'une personne n'est pas abusive 100% du temps.
00:24:06 Donc en fait, quand on dit qu'il faut que tout ça arrête, il n'y a pas des gens qui sont méchants, désagréables et abusifs tout le temps.
00:24:14 Ce sont des gens qui sont sympas avec une personne, qui ne le sont pas avec d'autres, qui ont un rapport d'emprise avec certaines personnes.
00:24:20 En fait, on a potentiellement autour de nous, ou peut-être nous-mêmes le sommes, même si j'espère qu'on s'est suffisamment remis en question,
00:24:29 nous, au sein du collectif, pour ne pas l'être. Mais en tout cas, ces questions d'abus, en fait, ce n'est pas juste un monstre.
00:24:39 Ce sont des personnes qui sont abusives avec d'autres personnes. Et tout ça, c'est à chaque fois quand même lié au pouvoir que la personne a.
00:24:46 Il y a une vraie confusion entre la liberté de création et la liberté d'agir en toute impunité, sans limite, au détriment de celles et ceux qui travaillent pour cette œuvre.
00:24:55 Bon, voilà, je pense qu'on parlera aussi, j'espère, au sein de cette table ronde de ce qui est lié aussi à la consommation de substances psychoactives,
00:25:07 qui a un grand rôle, je pense, dans les questions d'abus dans notre industrie.
00:25:13 Il y a une culture de la fête qui est parfois très joyeuse, mais qui a parfois aussi des à-côtés qui peuvent être très violents.
00:25:22 Et l'idée n'est pas d'abolir les fêtes, mais l'idée est aussi de savoir poser des limites et aussi faire en sorte que chaque personne prenne conscience du fait que,
00:25:35 oui, la responsabilité d'une production est engagée quand il y a des débordements autour d'une fête de tournage, par exemple.
00:25:42 Je vais passer bientôt la parole à Marine.
00:25:52 Bonjour, je suis Marine Longuet, je suis assistante réalisatrice et je suis aussi responsable enfant, parce qu'il y a eu une annonce récemment qui dit que ce poste va être obligatoire.
00:26:04 Il existe dans la convention collective les responsables enfants.
00:26:07 Pour corroborer ce qui a été dit, compléter aussi ce qu'Anna Mouglalis a pu dire, tout à l'heure on s'est posé la question,
00:26:15 on s'est dit est-ce qu'on a fermé les yeux pendant des années ?
00:26:18 Moi je pense qu'en fait on en a beaucoup trop vu, c'est donc impossible, cela devient ensuite indicible, on ne peut pas parler.
00:26:23 Il est important de se dire aussi que ce n'est pas que nous ne voulions pas agir.
00:26:28 En fait, il ne faudrait pas penser que pendant des années, personne n'a voulu agir.
00:26:32 Cela c'est faux, je pense qu'il faut vraiment regarder le problème d'une toute autre manière.
00:26:37 Quand on ne peut pas agir, c'est qu'on sait qu'on n'a pas les outils.
00:26:40 Ne nous faisons pas croire et ne laissons pas croire que nous ne voulions pas agir, qu'il n'y a pas eu des révoltes, qu'il n'y a pas eu des tentatives, qu'il n'y a pas eu des mouvements.
00:26:49 Et en fait maintenant les outils sont là et quand nous allons agir et nous agissons, nous nous félicitons des outils déjà en place avec le collectif,
00:26:56 et bien maintenant il va y avoir des résultats.
00:26:59 Il y en aura d'autres et il y en a déjà eu, donc ça on s'en félicite.
00:27:04 Je rejoins Anna Mouglalis quand elle dit que c'est un problème de santé publique.
00:27:08 On se penche sur le cinéma, on nous observe, évidemment on est un laboratoire, il y a des spécificités à notre métier.
00:27:14 Mais si le cinéma va mal, c'est que la société va mal.
00:27:18 De la même manière, ne nous faisons pas croire que le cinéma, cette étrangeté, ce milieu intrigant, illisible.
00:27:26 En plus il faut arrêter de dire qu'on est illisible ou qu'on a des pratiques très particulières.
00:27:30 Ça, ça valide les gens qui pensent être en toute impunité.
00:27:33 Clémentine avait évoqué au Sénat sur ses particularités, le cinéma est un territoire, une industrie spécifique,
00:27:43 et les gens pensent que dans ce territoire, les lois ne sont pas les mêmes.
00:27:47 J'aimerais seulement que les lois de la République soient applicables dans les loges, dans les camions de régie,
00:27:54 dans les studios de post-production, en casting, en festival.
00:27:58 Je complète de cette manière-là.
00:28:03 N'hésitez pas, si vous avez des questions sur la question de l'accueil des mineurs sur les plateaux,
00:28:09 je suis prête à répondre dans la mesure de mes compétences et de mes connaissances.
00:28:13 Je voudrais juste dire quelque chose sur l'inspection du travail.
00:28:17 Elle a été réformée il y a quelques années et qu'elle est désormais cantonnée à un secteur géographique.
00:28:24 Ce qui rend la spécificité du cinéma, fait que c'est impossible de faire une manière efficace appel à l'inspection du travail,
00:28:35 puisque les tournages sont très souvent itinérants.
00:28:39 Les tournages bougent beaucoup.
00:28:45 Quand on fait appel à un inspecteur ou une inspectrice du travail,
00:28:49 si le tournage d'une semaine après est ailleurs, ce n'est plus possible.
00:28:53 Cette réforme est nécessaire pour s'adapter aux spécificités du cinéma.
00:29:00 Par rapport au fait qu'il y ait des référents anti-harcèlement mis en place,
00:29:09 qui est une mission que font les salariés de production de l'équipe du tournage,
00:29:17 on aimerait aussi qu'il y ait un référent externe à ça,
00:29:20 qui puisse soutenir ces gens qui s'impliquent dans les équipes,
00:29:24 et qui puisse avoir un soutien,
00:29:26 et que ce soit une personne externe qui soit apte à mener des enquêtes si besoin,
00:29:31 et qui soit un soutien pour la production et les salariés.
00:29:35 Merci. On va donner maintenant la parole aux représentants des associations de producteurs,
00:29:42 notamment peut-être par rapport à vos avenants passés dans le cadre de la Convention collective.
00:29:47 Qui commence, Mme Lépine ?
00:29:49 Pardon ? Ça marche ?
00:29:54 Excusez-moi. Les voilà. On va vous les donner.
00:29:59 Effectivement, Olivier Enrare en a parlé assez précisément.
00:30:04 Personnellement, je suis productrice de films.
00:30:12 Je fais ce métier parce que j'aime le cinéma, mais je suis aussi employeure,
00:30:16 et je suis donc responsable.
00:30:18 C'est vrai que quand on a eu cette formation au Centre national du cinéma de 3 heures,
00:30:25 ce qui a été absolument édifiant, c'est qu'on a appris vraiment des choses.
00:30:30 C'est-à-dire qu'on a appris qu'en tant qu'employeur,
00:30:33 comme nos tournages sont souvent délocalisés,
00:30:36 nos techniciens sont en mission pour nous,
00:30:40 et donc à ce titre, nous sommes responsables de leur santé et de leur sécurité,
00:30:44 non pas seulement pendant le tournage, pendant le temps de travail effectif,
00:30:49 mais aussi le soir, le week-end.
00:30:51 Je me rappelle de cette session au CNC,
00:30:55 où tout d'un coup on avait des juristes qui nous disaient "non, non, non, non,
00:30:59 un pot le soir où il se passe quelque chose, vous êtes responsable".
00:31:02 "Ah bon ? Mais c'est plus le travail."
00:31:04 Donc moi je pense très clairement que nous avons tous envie que les choses changent.
00:31:09 Je pense que personne n'a envie de dire que sur son film,
00:31:13 il y a des actes, comment dire, répréhensibles, moralement inacceptables.
00:31:21 Je pense que ce serait une erreur, et je vous rejoins Marine,
00:31:25 de dire que les producteurs et les productrices s'en fichent,
00:31:28 que seul leur intéresse, je dirais, la garantie de bonne fin du film,
00:31:33 même si c'est quand même une problématique très importante pour nous,
00:31:36 et si ça vous intéresse, je pourrais vous en parler.
00:31:39 Mais nous sommes...
00:31:41 D'ailleurs Clémentine a parlé du kit,
00:31:44 qui est un document que tout producteur ou productrice
00:31:50 peut se procurer via 50/50 ou les syndicats de producteurs,
00:31:55 et qui explique par fiches outils les situations dans lesquelles on peut se retrouver, etc.
00:32:01 Donc depuis 2019, 2020, j'essaye de faire un peu le...
00:32:08 Avec la FESAC, qui est la Fédération des entreprises du spectacle,
00:32:13 il a été monté une cellule d'écoute psychologique pour les victimes,
00:32:18 chez notre organisme Audiance, en fait, qui s'occupe de nos retraites.
00:32:25 En 2021, l'AFDAS, notre organisme compétent en formation,
00:32:32 a mis en place des formations à la fois pour les techniciens, techniciennes,
00:32:37 intermittents, permanents, encadrants.
00:32:40 Moi par exemple, j'ai complété ma formation de 3 heures au CNC par 3 jours de formation,
00:32:46 dans une formation qui est prodiguée par un institut qui s'appelle EGAE,
00:32:51 et qui m'a permis de compléter, d'approfondir, entre guillemets, ces questions.
00:32:59 Parce que pour moi, la prévention, la formation, l'éducation sont indispensables.
00:33:05 Je pense que les jeunes générations, que ce soit les jeunes générations...
00:33:10 (Bruit de sonnette)
00:33:13 Pardon, il y a une sonnette, je me demande si je suis trop longue.
00:33:17 Il y a une alerte.
00:33:21 Du coup, j'en ai perdu un peu le fil.
00:33:23 Oui, les jeunes générations, moi j'ai des enfants qui sont jeunes adultes,
00:33:29 tout ce qui concerne les VSS, ils sont hyper impliqués.
00:33:34 Moi, ils m'ont dit, les films où il y a des problèmes de VSS,
00:33:39 pour nous, c'est des films ornés, c'est-à-dire on n'ira pas les voir.
00:33:43 Donc, en tant que producteur et productrice, c'est vraiment très important,
00:33:47 parce qu'on ne travaille pas pendant des années avec toutes ces équipes très compétentes,
00:33:52 très prêtes à faire beaucoup d'efforts pour le film,
00:33:57 de voir que ce film ne sera pas diffusé ou très mal diffusé,
00:34:02 et qu'il n'atteindra pas son public.
00:34:04 Donc, en 2020, il y a eu toutes ces formations organisées par l'AFDAS
00:34:09 à tous les publics de notre secteur.
00:34:12 En 2022, on a publié le kit qui a été fait en partenariat avec les CCHSCT.
00:34:19 Je pense que Valérie en parlera, du CCHSCT.
00:34:23 Et puis, nous travaillons de manière paritaire, parce que nous sommes des employeurs,
00:34:29 et donc nous travaillons avec des organisations de salariés.
00:34:33 Et nous travaillons depuis des années sur la question, effectivement,
00:34:37 on ne peut pas dire qu'on a anticipé, on accompagne,
00:34:39 c'est-à-dire qu'effectivement, les avenants que nous avons signés le 17 mai
00:34:43 concernent l'emploi des mineurs, concernent les VSS, concernent les référents,
00:34:47 concernent les coordinateurs et coordinatrices d'intimité.
00:34:51 Je pense que vraiment, c'est une révolution qui est en cours,
00:34:54 une révolution pacifique, j'espère, mais une révolution,
00:34:57 et que nous avons tous et toutes intérêt à ce que cela fonctionne.
00:35:02 Voilà.
00:35:04 Merci.
00:35:12 Oui, je pense que c'était, pardon, je suis donc Valérie Lépine,
00:35:15 et je ne suis pas ici présidente de l'UPC, puisque la présidente est un président,
00:35:21 c'est Marc Missonnier qui, par ailleurs, a produit un film qui s'appelle "Le consentement".
00:35:26 Donc, il a un engagement personnel autant que professionnel sur ces sujets.
00:35:32 On a souhaité effectivement prendre la parole toutes les trois,
00:35:36 parce que c'est un travail que nous menons de front entre les trois syndicats.
00:35:42 Nous représentons donc la HAPI, SPIE et UPC, à peu près 700 producteurs.
00:35:47 Donc, vous voyez qu'on ratisse large, et les actions qu'a indiquées Florence,
00:35:54 elles ont été engagées il y a déjà plus de cinq ans.
00:35:59 Et c'est heureux d'avoir des chambres d'écho aujourd'hui
00:36:03 pour pouvoir les rendre pleinement efficaces.
00:36:07 C'est le travail, c'est un travail paritaire, et ça, c'est vraiment très important.
00:36:12 On se répète sans doute, mais c'est important de dire qu'il y a une acceptabilité
00:36:15 de ces mesures par le biais de négociations avec les syndicats, de salariés,
00:36:20 et puis un accompagnement que nous saluons toutes et tous par le CNC.
00:36:27 Merci beaucoup les équipes du CNC, parce que vous avez fait un travail remarquable,
00:36:32 qui passe par la formation, et puis par la formation des producteurs,
00:36:37 qui a été un pas très important dans la prise de conscience,
00:36:41 et bientôt des artistes et des techniciens.
00:36:45 C'est pas rien, c'est vraiment pas rien.
00:36:50 Olivier l'a évoqué rapidement, mais c'est le fruit d'un travail de concertation important,
00:36:57 parce qu'il y aura donc une phase théorique par délinéarisé,
00:37:03 et puis aussi à chaque tournage, il y aura une session de deux heures, deux heures et demie,
00:37:09 qui précédera le tournage et qui sensibilisera toutes les équipes sur les spécificités du film.
00:37:19 Il peut y avoir des tournages avec des enfants, avec des personnes âgées, que sais-je.
00:37:24 Et ça sera vraiment du sur-mesure, film par film, avec l'accompagnement de l'AFDAS.
00:37:32 Donc ça c'est une avancée très importante.
00:37:35 Et notamment l'avenant qui a été signé à Cannes sur les enfants, sur l'accompagnement des enfants.
00:37:42 C'est très important.
00:37:44 Vous l'avez dit Marine, on part pas de rien, c'est pas "un terrae conita".
00:37:49 La France est très protectrice des enfants,
00:37:53 tant en termes de temps de travail que d'accompagnement normalement sur les tournages.
00:37:59 Et je veux dire que les producteurs, en toute responsabilité, en général ont une présence à côté de l'enfant.
00:38:10 La grande différence évidemment c'est qu'aujourd'hui c'est une présence obligatoire.
00:38:14 Et c'est une présence obligatoire jusqu'aux 16 ans de l'enfant.
00:38:18 C'est vrai qu'il faut admettre que probablement le recours à un responsable enfant était plus spontané
00:38:24 s'agissant d'enfants en bas âge ou un petit peu plus jeunes que 16 ans.
00:38:28 Voilà.
00:38:30 Je vais faire juste une petite insert sur le comité d'hygiène et de sécurité du cinéma et de l'audiovisuel,
00:38:37 qui est une spécificité, vraiment.
00:38:40 On y tient beaucoup parce que depuis quelques années,
00:38:46 c'est une organisation qui a à connaître de fait en rapport avec des souffrances psychologiques
00:38:54 ou des VHSS sur des tournages.
00:38:57 Il faut bien avouer que le préventeur et la préventrice,
00:39:01 c'est le nom que portent les personnes qui sont amenées à se déplacer sur les tournages pour vérifier les conditions des salariés,
00:39:06 n'étaient pas totalement ni sensibilisés à ces questions, ni formés à ces questions.
00:39:12 Ils le sont maintenant.
00:39:13 Et notre démarche, c'est de renforcer encore au sein de ces deux structures,
00:39:18 cette spécificité de l'accompagnement sur les questions VHSS.
00:39:25 Nous y travaillons actuellement.
00:39:27 Notre souhait, je pense, commun, c'est vraiment dire que nous travaillons en responsabilité avec le CNC,
00:39:39 avec les partenaires sociaux, avec 50/50.
00:39:42 Et nous sommes tous désireux de voir la situation bien évidemment s'améliorer.
00:39:47 Très rapidement, je profite de cette tribune pour vous dire que la commission des enfants du spectacle,
00:39:55 qui, comme vous le savez, a vocation à autoriser à certaines conditions les tournages des enfants,
00:40:01 depuis peu a une plateforme en ligne pour gérer l'ensemble des demandes d'autorisation.
00:40:10 Alors sur l'île de France, vous savez que la plupart des sociétés audiovisuelles et cinéma sont centralisées sur l'île de France.
00:40:15 Donc c'est la commission des enfants du spectacle de l'île de France qui connaît le plus de demandes d'autorisation,
00:40:22 4200 autorisations par an pour des tournages cinéma audiovisuels, c'est beaucoup.
00:40:27 Cette plateforme existait, avait l'intérêt de gérer ces demandes de façon assez fluide.
00:40:33 On a entendu dire que cette plateforme, qui est opérée par le ministère du Travail, si je ne me trompe pas,
00:40:40 pourrait disparaître à défaut de moyens. C'est un petit peu contre-intuitif.
00:40:46 C'est des dossiers extrêmement complexes. Je voudrais quand même dire une chose.
00:40:52 J'entends dire que les mineurs sont envoyés un peu au charbon.
00:40:58 Les conditions de travail depuis des dizaines d'années sont réglementées pour les enfants de moins de 16 ans dans le cinéma et dans la publicité.
00:41:08 Aucun enfant n'est engagé par une société de production sans une autorisation préalable du préfet du département
00:41:16 après examen d'un dossier de demande d'autorisation d'embauche par une commission qui associe un juge pour enfants,
00:41:23 un médecin, un directeur académique et des représentants du ministère du Travail et de la Culture.
00:41:28 Pour avoir pratiqué, puisque j'ai fait pas mal de films avec des enfants, c'est un dossier très lourd,
00:41:33 avec énormément d'autorisation à la fois des parents, du secteur scolaire si l'enfant est scolarisé.
00:41:40 Évidemment, c'est la plupart du temps le cas. Des parents, etc.
00:41:45 Si jamais dans votre scénario, il y a une scène qui pose problème, on vous le dit.
00:41:53 Moi, je sais qu'il a fallu que je renvoie un scénario en disant que c'était pas très grave,
00:41:59 mais en fait, c'était un enfant qui courait sur un toit d'un immeuble.
00:42:03 Donc, ils m'ont dit, voilà, bon ok, il y a peut-être de la sécurité, mais nous, ça nous va pas du tout.
00:42:09 Bon, on l'a fait courir sur un balcon. Voilà.
00:42:12 Alors, je donne cet exemple-là. Alors, où est le problème, en fait ?
00:42:16 Parce que vous allez me dire, si tout est si contrôlé, d'où vient le problème ?
00:42:21 Le problème, il vient du contrôle, effectivement.
00:42:24 On dépose des dossiers avec des plans de travail, des plans de travail qu'on est censés respecter.
00:42:29 Alors, moi, je suis très heurtée parce qu'on dit les producteurs en général.
00:42:33 Il y a beaucoup de producteurs qui font très bien leur travail.
00:42:35 Il y a certainement des producteurs qui sont parfois un peu des bruits galeuses
00:42:40 et qui ne font pas bien leur travail, mais ceux-là doivent être sanctionnés.
00:42:44 Et pour les sanctionner, qu'est-ce qu'il faut faire ?
00:42:46 Eh bien, il faut contrôler les tournages.
00:42:48 Pour contrôler les tournages, à qui doit-on faire appel ?
00:42:51 Aux inspecteurs du travail.
00:42:53 Si on limite le nombre d'inspecteurs du travail pour des raisons budgétaires,
00:42:58 si on supprime cette plateforme de la commission des enfants du spectacle
00:43:04 pour rendre le travail encore plus lourd pour à la fois les employeurs
00:43:09 et à la fois les gens qui gèrent ces dossiers au sein de cette commission,
00:43:14 pour moi, il y a un problème.
00:43:16 Et c'est là où je rejoins, c'est un problème de santé publique, Anna.
00:43:19 C'est un problème de santé publique, mais donc du coup,
00:43:21 l'État doit mettre en œuvre les moyens nécessaires au contrôle des engagements
00:43:27 des uns et des autres, au contrôle de la convention collective sur les plateaux de tournage.
00:43:31 Moi, je suis totalement d'accord.
00:43:33 Je suis prête à recevoir un inspecteur du travail sur mes plateaux de tournage.
00:43:37 Mais ils ne viennent pas, ils ne peuvent pas.
00:43:40 – Effectivement, il y a une spécificité quand même dans le cinéma,
00:43:44 c'est-à-dire que si on a un enfant, ça arrive aussi avec des personnes adultes,
00:43:50 la journée doit s'arrêter parce que voilà, on est arrivé,
00:43:57 on a fait toutes les heures qu'on avait, elle, le droit de faire, des heures rémunérées.
00:44:02 Et puis on veut absolument ce plan sur le toit au coucher du soleil.
00:44:07 Et tout le monde se met d'accord pour le tourner.
00:44:10 Je pense vraiment qu'il y a quelque chose de l'ordre d'une responsabilité collective
00:44:17 qu'il faut, grâce à ces formations, puisque toutes les personnes intervenant sur un tournage
00:44:23 vont maintenant être formées, il faut qu'il y ait cette responsabilité collective
00:44:28 et que ça passe des techniciens aux acteurs, que ce soit vraiment tout le monde qui protège,
00:44:35 tout le monde qui soit à l'affût des situations abusives.
00:44:40 Parce que c'est très très bien qu'il y ait des coordonnatrices d'intimité,
00:44:45 qu'il y ait des coachs enfants.
00:44:47 Alors si c'est comme dans le sport, les coachs, on sait que c'est les premiers agresseurs.
00:44:51 [Rires]
00:44:53 Donc je dis…
00:44:55 [Silence]
00:45:00 Je vais vous laisser répondre rapidement.
00:45:03 Il y a plusieurs sénateurs qui veulent intervenir aussi.
00:45:05 Alors si c'est juste court, votre remarque, Madame Langeais ?
00:45:10 Oui, c'est très court, d'où la nécessité, cette annonce de cette obligation des encadrants enfants sur les plateaux
00:45:15 de définir le poste avec une grande précision pour éviter d'aller dans les problématiques de coach
00:45:20 ou d'encadrant enfant, parce que les enjeux ne sont pas les mêmes.
00:45:23 Je précise que sur les plateaux, les violences ont aussi lieu parce qu'il y a à la fois
00:45:27 une obligation de bonne fin, de terminer le film, donc on va aller voler le plan sur le toit.
00:45:32 Et il y a aussi des enjeux de donne, c'est une organisation pyramidale.
00:45:38 Je souligne que ce qui est très important aussi, c'est qu'en fait, on met en mesure, en place des choses,
00:45:45 il faut apprendre à les faire et il faut qu'on se parle de ce qu'on est en train de faire,
00:45:48 mais il faut que le haut discute avec le bas.
00:45:50 Il faudrait que le PDG de Renaud discute avec la personne qui est dans l'usine.
00:45:55 Dans le cinéma, c'est ce qui est en train de se passer.
00:45:57 Nous avons les gens qui vont chercher l'argent pour faire les films, qui discutent avec les techniciens,
00:46:00 les techniciennes, mais il faut aller tout au bout de la démarche, tout au bout de l'équipe.
00:46:04 Et je pense qu'il faut encore descendre un peu plus bas dans les échelons,
00:46:07 et je dis un peu plus bas sans mépris aucun, mais il faut aller tout au bout des démarches
00:46:11 pour comprendre ce qui se passe, tout comme en politique, quand on met en place quelque chose,
00:46:15 il faut aller voir au bout si ça fonctionne, s'il y a toujours des timbres dans la machine,
00:46:18 un timbre à la poste. En vrai, on en est là aussi dans le cinéma.
00:46:22 Il y a des choses en place, on pense que ça fonctionne et on arrive au bout, on fait
00:46:25 "Ah mais non, le médecin de la driette, en fait, il n'était pas là, car son poste a été supprimé,
00:46:30 que le remplaçant est là, mais que le remplaçant n'est pas là."
00:46:33 Voilà.
00:46:34 – Est-ce que je peux juste ajouter quelque chose ?
00:46:37 – Oui, rapidement, parce que j'ai plusieurs sénateurs qui veulent vous poser des questions.
00:46:41 – Avec plaisir, je veux juste dire quelque chose, parce que c'est vrai que,
00:46:46 tout à l'heure, dans ce qu'on dénonçait d'une certaine manière du système de fonctionnement,
00:46:51 ça donnait l'impression qu'on trouvait que tout dysfonctionnait.
00:46:54 Et les productrices que vous êtes nous avaient rappelé qu'il y a plein de gens de bonne volonté.
00:46:58 Effectivement, c'est le cas. Mais je veux quand même rappeler qu'ici, autour de la table,
00:47:02 on est toutes et tous des personnes qui parlons le même langage.
00:47:06 Florence, on s'est à plusieurs reprises rencontrées autour de réunions,
00:47:09 parce que vous êtes une productrice qui avait à cœur que les choses changent.
00:47:14 C'est la première fois que je rencontre ici Donny Dumas autour d'une réunion comme ça,
00:47:17 en tout cas. Valérie, on a régulièrement échangé également.
00:47:21 Je suis d'accord avec cette idée de responsabilité collective à prendre,
00:47:27 parce que justement, l'idée d'étendre les formations,
00:47:31 c'est justement parce que ces formations existent depuis un certain temps.
00:47:34 Elles étaient déjà à disposition gratuitement, sans histoire de carence, etc.
00:47:40 mais qu'elles étaient suivies que par des personnes qui étaient extrêmement motivées.
00:47:43 Bien sûr qu'il y a des personnes extrêmement motivées,
00:47:45 c'est pour ça que nous on est ravis de cette obligation maintenant,
00:47:48 parce que l'obligation fait que tout le monde, même les personnes qui sont très réticentes,
00:47:52 vont devoir suivre ces formations.
00:47:54 Néanmoins, je veux quand même dire que c'est vrai que vous, vous représentez un engagement,
00:48:01 mais on est quand même obligés, nous, de rappeler que ce n'est pas le cas de tout l'ensemble de l'industrie.
00:48:07 La cellule d'écoute d'audience, déjà c'est du conseil psychologique et juridique,
00:48:12 ce n'est pas de l'accompagnement, on n'en est pas là malheureusement,
00:48:14 ce serait formidable qu'ils puissent accompagner, mais pour le moment ils sont juste à conseiller.
00:48:18 Par contre, effectivement, les appels ont augmenté de 75% depuis février,
00:48:23 grâce à la parole de Judith Godrech.
00:48:26 Le cinéma et l'audiovisuel, ce n'est pas le spectacle vivant.
00:48:30 Je vais peut-être répondre un peu en vrac à plusieurs questions,
00:48:35 et je laisserai mes deux camarades compléter ce que je n'ai pas dit.
00:48:38 Mais en fait, oui, l'école, en fait, l'école, elle ne forme que les techniciens
00:48:44 qui vont toucher du matériel qui n'est pas humain.
00:48:48 Tous les métiers liés à l'humain, en fait, on ne nous forme pas.
00:48:53 Ce qui est le cas effectivement de moi et mon collègue casting ou des encadrants enfants,
00:48:58 parce qu'il y a toujours eu ces postes-là quand même qui existaient quand même la plupart du temps sur les tournages,
00:49:04 en fait, on ne nous apprend pas à gérer l'humain dans nos métiers du cinéma,
00:49:07 alors que c'est des métiers collectifs et que nos diplômes, c'est les stages.
00:49:12 Et ceux qui nous forment, ce sont nos supérieurs hiérarchiques, nos chefs de poste.
00:49:17 Moi, j'ai formé mon assistante par le stage et l'assistana,
00:49:21 et j'espère que j'ai fait du bon boulot, en fait, parce que c'est ça son diplôme.
00:49:25 Et c'est moi ce que je reproche.
00:49:28 Alors, heureusement, le CPNEF est en train de travailler à la formation des coordonnées d'intimité des responsables enfants,
00:49:37 parce qu'effectivement, et j'aimerais bien aussi qu'on parle des coachs, je, enfant et adulte,
00:49:44 parce que c'est des métiers effectivement qui n'ont aucun cadre.
00:49:47 Et pareil pour la direction de casting.
00:49:49 Moi, je n'ai aucun problème à me certifier, même après 20 ans de travail.
00:49:53 C'est qu'en fait, effectivement, on ne nous apprend pas à travailler avec l'humain dans ces métiers,
00:49:58 alors que c'est ce qui se passe tout le temps.
00:50:00 Donc, j'espère qu'avec le CPNEF, on va réussir à créer des formations, des certifiantes,
00:50:06 pour que tout le monde ne puisse pas faire ces métiers qui ne sont liés qu'au travail de l'humain
00:50:12 et qui font qu'ils peuvent totalement détruire les personnes.
00:50:16 Et je voulais aussi parler de l'OMERTA que j'ai entendu tout à l'heure.
00:50:19 En fait, c'est aussi parce qu'il y a de l'impunité.
00:50:23 Enfin, je pense que c'est même la justice et la réforme de la justice.
00:50:27 Mais si les gens se permettent d'agir comme ils agissent, c'est parce qu'en fait, ils savent qu'il ne leur arrivera rien.
00:50:33 Et si les personnes se sentent dans une OMERTA et ne parlent pas, c'est parce qu'elles savent déjà la réponse à leur parole.
00:50:41 C'est qu'elles arrêteront de travailler, et par contre, leurs abuseurs continueront, eux, de travailler
00:50:48 et continueront à être cooptés.
00:50:51 Donc ça, c'est la réalité de nos métiers jusqu'à aujourd'hui.
00:50:55 Alors effectivement, depuis 40 ans, ça a évolué, ça s'est amélioré.
00:50:59 On ne sexualisera plus des mineurs de 14 ans comme on a pu les sexualiser il y a 40 ans.
00:51:06 Mais pour autant, il y a encore énormément de travail à faire.
00:51:11 Et l'argent, en fait, parce que les obligations, c'est bien.
00:51:15 On est en train de mettre des formations parce qu'on nous oblige à des choses.
00:51:18 On a dit « obligation du responsable enfant », je suis à premier ravi.
00:51:24 Mais personne ne s'est demandé si on avait formé ces gens et s'ils étaient compétents et aptes à travailler demain.
00:51:29 Donc des fois, on fait un peu les choses dans le désordre.
00:51:33 Et c'est vrai que là, je m'appelle un peu à vous, les politiques, des fois, à faire les choses quand même dans un bon ordre.
00:51:40 Et l'argent, en fait, parce que tous ces postes-là, c'est des postes supplémentaires pour les producteurs et productrices.
00:51:46 Et pour qu'ils puissent faire bien leur travail, il faut qu'ils aient l'argent d'employer des salaires et des postes supplémentaires dans les équipes.
00:51:55 Parce que coordination d'intimité, encadrant enfant, responsable enfant, coach jeu enfant,
00:52:01 parce que ce n'est pas la même personne et ce n'est pas le même métier.
00:52:04 Tout ça, c'est des postes et que certaines productions, effectivement, certaines et pas toutes, encore heureux,
00:52:12 sacrifiaient des postes pour d'autres et disaient à un coach jeu enfant « tu seras aussi la nounou ».
00:52:20 Et du coup, ça fait un boulot qui tire en longueur.
00:52:25 Ça fait faire n'importe quoi et c'est difficile aussi le lien de subordination.
00:52:30 Quand un coach enfant qui est aussi censé être le référent, mais qui n'a pas vraiment ce poste-là officiel,
00:52:36 c'est dur de dire non, stop, là, il est en heures suples, enfant, il faut arrêter de le faire travailler.
00:52:41 Donc c'est plein de choses comme ça.
00:52:43 Et tout à l'heure aussi, vous parliez de la censure.
00:52:49 Non, il n'y a pas de censure dans la liberté de création.
00:52:53 On veut juste être sûr que la fabrication de cette création, elle, soit par contre sous contrôle et cadrée.
00:52:59 Et je rejoins ce que disait Florence, on a mis plein d'outils en place.
00:53:03 Il n'y a que des bonnes volontés autour de cette table, mais il n'y a aucun suivi de ces mises en place.
00:53:08 Et effectivement, s'il n'y a pas d'inspecteur du travail, des gens compétents,
00:53:12 et des inspecteurs du travail qui connaissent nos métiers, ce qui n'est pas le cas des inspecteurs du travail qui viennent nous voir.
00:53:18 Donc ils ne connaissent pas un tournage, ils ne savent pas ce que ça veut dire,
00:53:22 et ils sont là pour inspecter, savoir comment ça travaille.
00:53:24 Alors que la question qu'ils posent en premier, c'est « ça se passe comment un tournage ? ».
00:53:28 Donc en fait, on peut leur dire ce qu'on veut, parce qu'ils n'ont pas l'information par eux-mêmes.
00:53:33 Et voilà. Et l'argent, parce qu'il va falloir de l'argent à la driette, au CNC, j'en sais rien,
00:53:38 mais en tout cas, il va falloir mettre de l'argent sur la table pour qu'on puisse mieux travailler.
00:53:42 Je vous laisse continuer.
00:53:44 - Je complète brièvement et je laisserai Clémentine conclure.
00:53:48 J'essaie de reprendre les questions dans l'ordre.
00:53:50 Les VHSS, pardon, dans le cinéma, doivent-elles être traitées de la même manière que dans la société ?
00:53:56 - Donc on a dit oui et un petit non pour les spécificités qui sont évidemment...
00:54:01 Comment nous retrouver pour un inspecteur du travail s'il ne sait pas lire une feuille de service,
00:54:04 s'il ne sait pas où nous trouver ?
00:54:06 Parce que nous ne tournons pas forcément que dans des studios, on est en décor naturel.
00:54:09 Et déjà, rien que ça, l'obligation de l'envoi des feuilles de service,
00:54:13 qui sont en fait l'ordre du tournage de chaque jour, n'est plus obligatoire auprès de la driette.
00:54:19 Non.
00:54:20 - Oh ! Zut !
00:54:22 - Alors, où nous trouver ? La liste des décors, avec les adresses de là où on tourne,
00:54:28 ça n'est plus obligatoire sur cette plateforme.
00:54:30 Tout à l'heure, quand j'évoquais le fait qu'on se demande s'il y a encore des timbres dans la machine automatique à la poste,
00:54:34 là, on est là et on se rend compte qu'en fait la liste des décors n'est pas envoyée,
00:54:38 n'est pas obligatoirement envoyée à la driette.
00:54:41 Comment voulez-vous nous retrouver ?
00:54:43 Eh bien nous, je vais vous le dire, on sait que vous n'allez pas nous trouver.
00:54:46 Voilà.
00:54:47 Je continue.
00:54:48 Quelles contraintes supplémentaires sur les instances dirigeantes ?
00:54:52 Contraintes, contraintes.
00:54:53 Déjà, laissons le temps peut-être à ce qui a été mis en place de faire effet.
00:54:57 On a une obligation de protection, on entend des horreurs, on se dit qu'il faut tout de suite protéger les gens.
00:55:02 Mais comme dit souvent Sophie, 3 000 ans de patriarcat, ça ne se démonte pas comme ça en quelques jours.
00:55:08 Donc le patriarcat est un élément de ces violences, mais il n'y a pas que ça.
00:55:12 Il y a aussi le capitalisme.
00:55:13 À partir du moment où on doit faire des films, c'est une industrie.
00:55:17 Les industries, c'est violent avec les corps, c'est violent avec les personnes.
00:55:20 Et même si le cinéma a un côté glamour, ça reste une industrie.
00:55:23 Il y a des corps pressurisés, il y a des corps violentés, il y a des corps qui sont montrés de mauvaise manière.
00:55:28 Comment fait-on pour les encadrants enfants ?
00:55:30 Il y a-t-il, dans l'avenant, je crois, qui a été signé ?
00:55:34 Dites-moi si je me trompe la question du casier judiciaire, parce que je n'ai pas forcément le bon terme.
00:55:38 Voilà, normalement...
00:55:39 Le B3, il y a le figé.
00:55:41 Alors, je ne sais pas ce qui doit être vérifié dans l'avenant.
00:55:44 Le B3, je crois.
00:55:45 Oui, donc ce n'est pas le figé.
00:55:46 Ça a été remis en place, ça, tant mieux, on s'en félicite, parce que ça a été...
00:55:50 Moi, je travaille avec des enfants, on ne m'a jamais demandé un extrait de casier judiciaire.
00:55:53 Voilà, donc s'il faut le présenter, je le présenterai, il n'y a pas de souci.
00:55:57 Les données chiffrées, c'est la cellule audience qui peut...
00:56:01 Il y a les outils, il faut s'adresser à la cellule d'audience.
00:56:04 Après, il est difficile de chiffrer, de donner une photographie exacte de quel type de violence on vit.
00:56:10 Il y a beaucoup de paroles des actrices, qui sont des actrices particulièrement
00:56:14 qui ont ce courage d'exposer, de raconter plusieurs fois.
00:56:19 Mais il y a d'autres types de violences, les régisseuses, pardon.
00:56:23 Il y a multiples violences, mais il est difficile de faire une photographie exacte.
00:56:26 Dans aucun milieu de la société, on ne peut faire une photographie exacte.
00:56:30 Si vous voulez avoir un détail des violences, en fait, une violence sexuelle au cinéma
00:56:35 est la même qu'à l'usine, au sport et dans la politique.
00:56:39 J'ai l'impression qu'il y a des questions, je me permets, que vous vous posez
00:56:41 sur les violences sexistes et sexuelles qui, en fait, se posent à d'autres endroits de la société.
00:56:45 Peut-être le soir, en rentrant chez soi, il faut interroger sa fille, sa femme, son compagnon,
00:56:51 appeler sa mère, appeler son grand-père.
00:56:53 Voilà, la société doit se questionner de cette manière-là.
00:56:56 Une dernière petite chose, les victimes sont-elles accompagnées ?
00:57:01 Est-ce qu'il y a un protocole d'accompagnement des victimes des violences sexistes et sexuelles dans la société ?
00:57:08 Pourquoi est-ce qu'il existerait au cinéma s'il n'existe pas dans la société ?
00:57:12 Alors, dans le milieu militant, et nous, au 50/50, on a découvert ça,
00:57:16 c'est-à-dire qu'heureusement, il y a des militantes féministes
00:57:18 qui travaillent sur comment est-ce qu'on recueille la parole.
00:57:21 Je vous donne un petit exemple.
00:57:22 Aujourd'hui, il était sûr que nous allions parler de violences sexistes et sexuelles.
00:57:26 Normalement, quand on fait une réunion, un collectif 50/50,
00:57:29 quand on sait qu'on va prononcer des mots qui peuvent réactiver des traumatismes,
00:57:32 on appelle ça les "trigger warnings", on dit "attention, au cours de cette réunion,
00:57:36 des mots vont être prononcés, des mots violents, des mots qui peuvent réactiver des stress post-traumatiques".
00:57:43 Voilà. Pareil, je ne sais pas si vous le faites vous aussi au niveau politique,
00:57:49 si vous mettez en place ce genre de choses,
00:57:52 l'accompagnement des victimes de violences sexistes et sexuelles,
00:57:55 c'est une société qu'il faut baliser dès les premiers pas dans la société, en réalité.
00:58:03 Il faut aussi un système de santé qui soit viable, qui fonctionne très très bien.
00:58:08 Là, par exemple, si demain on veut prendre un téléphone pour avoir un soutien, un accompagnement, je ne l'ai pas.
00:58:17 Les mêmes problèmes quand on porte plainte auprès de la police, les délais sont très longs.
00:58:21 Donc dans le cinéma, on n'a pas un dispositif particulier.
00:58:23 En revanche, on a la chance, quelque part, comme tout ça est très questionné,
00:58:27 et qu'on est aidé notamment par le milieu militant féministe,
00:58:30 on a des outils qui sont mis à notre disposition.
00:58:33 Mais ça ne vient pas du gouvernement, je ne sais pas comment dire,
00:58:39 c'est plutôt une aide qui vient des associations, qui font un travail énorme, il faut le dire,
00:58:44 et des personnes à partir du moment où on est concerné par la lutte contre les violences sexistes et sexuelles,
00:58:48 on apprend à faire ce genre de choses et on prend soin les uns des autres.
00:58:52 Et ça, c'est très important.
00:58:54 Voilà, et donc, hop, je refais un petit tour des questions.
00:59:02 Oui, je te laisse.
00:59:04 Oui, par rapport, je voulais juste rappeler par rapport aux formations pour toutes aussi,
00:59:11 elles étaient justement, elles ont été là pour que tout le monde ait le même vocabulaire,
00:59:15 je ne sais plus qui parlait de ça aussi.
00:59:17 C'est-à-dire qu'en fait, c'est un rappel à la loi et c'est un rappel aux définitions justement
00:59:21 de ce qu'est les violences sexistes et sexuelles,
00:59:24 qu'en fait, on ne parle pas de drague lourde, mais on parle d'harcèlement sexuel,
00:59:27 qu'on ne parle pas de blague graveleuse, mais qu'on parle d'agissement sexiste ou discriminatoire,
00:59:33 et qu'en fait, quand tout le monde parle déjà, utilise le même vocabulaire,
00:59:37 déjà, il y a moins de conflits et il y a une meilleure compréhension.
00:59:41 C'est pour ça qu'il était très important de commencer par la base, en fait,
00:59:45 c'était de sensibiliser tout le monde, parce que former, ce n'est pas une formation pour moi,
00:59:48 c'est de la sensibilisation pour toutes et tous, et effectivement,
00:59:52 le rappel à la loi pour toutes et tous, et le rappel aux définitions pour toutes et tous,
00:59:56 pour que tout le monde sache de quoi on parle.
00:59:58 Et ça, ça permet aussi de rééquilibrer un peu plus d'égalité au sein d'une équipe
01:00:03 qui n'est pas toujours équilibrée dans les pouvoirs,
01:00:07 parce que, comme on le rappelait, c'était très hiérarchisé.
01:00:10 Et après, en ce qui concerne les protocoles, enfin, il y a les employeurs
01:00:13 qui ont quand même, en tant que responsable, une enquête interne à faire.
01:00:18 Donc ça, c'est un protocole à mettre en place quand on est employeur et employeuse.
01:00:22 C'est de, quand on reçoit un signalement, en fait, c'est de procéder à une enquête interne.
01:00:28 Et nous, on aimerait qu'elle puisse être également externalisée, cette enquête.
01:00:32 Donc après, voir avec le CHCCT ou d'autres choses comme ça,
01:00:36 pour que, justement, il n'y ait pas de défiance entre les salariés et les employeurs,
01:00:40 parce qu'une enquête interne, malheureusement, parce qu'il y a des historiques
01:00:45 dans nos métiers de défiance entre salariés et employeurs,
01:00:50 ou parce que, très longtemps, on a plutôt préféré protéger les films que les gens.
01:00:55 Donc, en fait, pour moi, pour rassurer tout le monde,
01:00:59 il faut que l'employeur fasse son enquête interne, parce que c'est son devoir d'employeur,
01:01:03 enfin, c'est son obligation même.
01:01:05 Mais par contre, une enquête externe, pour moi, c'est essentiel pour rassurer toute une équipe,
01:01:09 parce que les tensions que ça crée quand il y a une crise,
01:01:13 parce qu'il y a eu des violences, un signalement de violence,
01:01:17 ça crée des tensions extrêmes au sein d'une équipe,
01:01:20 qui crée des fois des vendettas, même.
01:01:23 Et donc, pour ça, il faut pouvoir assainir les gens,
01:01:28 en tout cas, leur confiance.
01:01:30 Et c'est une enquête externe qui doit, pour moi, être soutenue par cette enquête interne.
01:01:35 Donc, moi, j'appelle ça des protocoles. Et je laisse Anna, juste.
01:01:39 - Non, je voulais, ouplie, juste parler quand même d'une spécificité du cinéma
01:01:46 par rapport à ces enquêtes internes.
01:01:49 C'est la très courte durée d'emploi dans le cinéma.
01:01:53 Un tournage, ça dure très peu de temps.
01:01:56 Il faut connaître la réalité aussi de ces violences,
01:02:00 qui fait qu'éventuellement, on ne les révèle pas tout de suite.
01:02:04 Le trauma fait que, on essaye de taire, on sait que le silence ne protège pas.
01:02:11 Mais il peut y avoir nécessité à dénoncer, à porter plainte.
01:02:16 Et le tournage est déjà terminé.
01:02:18 Et ces équipes n'existent déjà plus.
01:02:21 Donc, ça, c'est une spécificité.
01:02:23 Après, pour le reste, moi, je suis persuadée
01:02:27 que c'est la même chose qui traverse toute la société.
01:02:32 On a la chance d'avoir des groupes de parole,
01:02:37 des groupes de travail avec des gens compétents,
01:02:41 avec plein de bonnes intentions.
01:02:43 Je remarque qu'on n'est pas 50/50 dans le cinéma à cette table.
01:02:47 Je retiens, on n'est presque que des femmes.
01:02:49 Bravo, en tout cas, David.
01:02:51 Mais donc, voilà, on voit que les bonnes intentions ne sont pas forcément...
01:02:56 Je sais que Marc Missionnier travaille,
01:02:59 mais il n'y a quand même pas beaucoup d'hommes qui nous accompagnent.
01:03:03 En revanche, quand j'évoquais le travail formidable
01:03:06 qui est fait par des vraies personnes
01:03:09 qui luttent contre les violences sexistes et sexuelles et le harcèlement,
01:03:13 il y a eu des commissions formidables.
01:03:15 Il faut rappeler le travail fait par la CIVIS.
01:03:18 C'est un travail conséquent, énorme.
01:03:22 82 préconisations réalistes, réalisables,
01:03:25 qu'on peut mettre en place dans le cinéma.
01:03:29 Pour protéger les enfants, il suffit de lire le rapport de la CIVIS.
01:03:33 La commission qui a eu lieu dans le sport
01:03:36 a aussi produit des conclusions réalistes, réalisables.
01:03:42 Je ne sais pas combien de fois il va falloir multiplier
01:03:45 les commissions et les groupes de parole.
01:03:48 Je pense qu'il faut vraiment décider de les mettre en œuvre.
01:03:54 Il y a une volonté politique.
01:03:56 Les textes existent aussi dans le code du travail.
01:03:59 Il faut maintenant y aller, quoi.
01:04:02 Y aller sans se féliciter,
01:04:04 nous dire "c'est formidable ce qu'on fait, on est très impliqués".
01:04:09 Il faut que ça devienne une réalité,
01:04:12 il faut qu'il y ait un changement de société.
01:04:15 Parce que d'un côté, on a la politique la plus punitive,
01:04:20 la plus lourde en Europe en termes de viol.
01:04:24 Mais on trouve que c'est jamais assez grave
01:04:27 quand on est face à une victime pour condamner le violeur
01:04:31 à ses 15 ou 20 ans qu'impose la loi française.
01:04:36 Donc il va falloir, je pense, vraiment...
01:04:40 La parole des victimes permet de prendre conscience
01:04:44 de l'ampleur du désastre, le psychotrauma aussi.
01:04:49 Effectivement, il faut soigner les gens.
01:04:51 La société est complètement malade de ces violences.
01:04:55 Et allons-y dans le cinéma, bien sûr.
01:05:00 Et en travaillant aussi sur les récits,
01:05:02 puisqu'on parlait des films de femmes
01:05:04 qui sont effectivement effacés, invisibilisés.
01:05:08 On a toujours l'impression, en tant que femme dans ce métier,
01:05:10 qu'on est orpheline.
01:05:12 On n'est pas orpheline.
01:05:13 Ces films, ils existent.
01:05:15 Ils ont été effacés.
01:05:16 Et je pense que ce serait très très important
01:05:18 dans les écoles qu'il y ait une parité.
01:05:21 Une parité, une diversité.
01:05:23 Parce que là, on ne parle pas de ça,
01:05:25 mais c'est aussi un des gros leviers de la domination,
01:05:28 l'effacement.
01:05:29 Il y a un universel masculin et blanc.
01:05:34 Et à partir du moment où on va travailler sur ces récits,
01:05:37 se réapproprier des récits qui ont été invisibilisés,
01:05:41 on va pouvoir changer beaucoup de choses.
01:05:46 Florence Borrelli.
01:05:48 - Pardon, est-ce que je pouvais conclure pour le collectif ?
01:05:50 A moins que Florence, tu souhaites réagir à ce qu'a dit Anna.
01:05:55 - Vas-y Clémentine, parce qu'il y a tellement de questions diverses et variées.
01:06:01 J'essaierai de construire un peu un discours après toi.
01:06:04 - Merci. Désolée.
01:06:06 Mais je me dis, on finit et puis on essaiera de vous laisser tranquille après.
01:06:10 Bon, évidemment, oui, il y a plein de choses à dire.
01:06:15 Je voulais mettre en avant aussi la création de LADAR,
01:06:23 qui s'est créée il y a un certain nombre de mois.
01:06:25 Je crois dont vous faites partie Anna.
01:06:30 C'est l'association des actrices qui a mis en place une cellule d'écoute.
01:06:37 Des actrices et acteurs, mais je crois que c'est essentiellement des actrices,
01:06:43 prennent en charge elles-mêmes, justement parce que cette écoute n'est pas possible ailleurs.
01:06:50 Et moi, je dois dire quand même que du côté du collectif 50/50,
01:06:54 depuis que LADAR s'est structurée de façon assez concrète il y a un certain nombre de mois,
01:06:59 et depuis qu'elles ont pris la parole publiquement, un peu avant Judith Gaudrech,
01:07:03 on a senti un premier souffle qui a été vraiment dans notre sens.
01:07:07 Et ça a été vraiment une véritable vague, une fois qu'effectivement Judith a pris la parole.
01:07:16 Donc, ce que je veux dire, c'est que ce que je souhaite mettre en avant,
01:07:21 c'est aussi que le fait que ces personnes soient entendues,
01:07:24 c'est aussi parce qu'elles sont aussi dans une certaine position.
01:07:27 Elles sont dans une position de grande vulnérabilité,
01:07:30 elles sont aussi dans une position de pouvoir parce qu'elles sont comédiennes,
01:07:33 elles sont reconnues et elles ont enfin, je ne sais pas pourquoi on ne les avait pas entendues avant,
01:07:38 mais en tout cas, on a enfin pu les entendre.
01:07:41 Et je les remercie, je vous remercie vraiment d'avoir pris ce risque,
01:07:48 parce qu'en fait, nous on voit bien qu'en travaillant derrière,
01:07:54 effectivement, le fait d'être, l'écoute est aussi un peu corrélée à la célébrité.
01:08:01 Et dans toutes les questions de pouvoir et de domination,
01:08:07 en fait, tout ça, on ne peut jamais dissocier les questions de violence des questions de pouvoir.
01:08:13 Et en fait, c'est quand on se dit, ah, une personne qui était en position de pouvoir,
01:08:17 elle-même était abusée, que là, on se dit, il y a peut-être vraiment quelque chose.
01:08:22 Et donc, merci vraiment parce que c'est déjà, d'une part, je trouve que c'est historique,
01:08:27 ça, parce que ça n'existe nulle part dans le monde qu'il y ait une telle sororité qui se soit mise en place.
01:08:34 Et pour moi, c'est quelque chose qui devrait être, enfin, se répandre partout dans les mondes du cinéma,
01:08:39 du monde entier, parce que c'est très, très fort et que c'est une belle énergie.
01:08:43 Mais ce que je veux dire, c'est que je ne suis pas en train de raconter une anecdote.
01:08:46 C'est vraiment quelque chose qui a un peu fait basculer les choses, selon moi, enfin, selon nous, je pense.
01:08:55 Ensuite, je suis complètement d'accord, c'est politique.
01:09:00 Si on veut que les choses changent, il faut que politiquement, il y ait une volonté.
01:09:04 En fait, on ne peut pas se dire que les choses vont changer parce qu'on aura mis en place plein de petits protocoles.
01:09:10 Si vraiment, initialement, il n'y a pas de volonté, évidemment.
01:09:13 Mais on est favorable à ce qu'il y ait une modification profonde de la loi
01:09:18 pour faire en sorte que la justice soit plus adaptée aux questions de VSS.
01:09:22 Et ce qu'il faut aussi savoir, c'est que les référents harcèlement qui ont jusqu'à présent opéré sur les plateaux
01:09:29 n'avaient pas l'obligation d'être formés au fait d'être référents harcèlement.
01:09:32 C'est-à-dire que la formation référents, c'est une formation de trois jours.
01:09:34 Ce n'était pas le cas jusqu'à présent.
01:09:36 Là, dans le Nouvel Avenant, c'est signé.
01:09:39 Mais il faut vraiment avoir conscience de la méconnaissance qui règne.
01:09:44 C'est d'ailleurs une discussion qu'on a eu quelques fois avec le CNC.
01:09:48 Nous, on disait qu'on ne pouvait pas s'en tenir à une case cochée de "il y a un référent".
01:09:53 Il faut que les référents soient formés.
01:09:54 Et c'est vraiment important de se rendre compte de combien aussi les assurances ont un rôle à jouer là-dessus.
01:10:00 C'est-à-dire que si les assurances ont des clauses qui sont intenables pour les interruptions de tournage,
01:10:06 par exemple en cas de situation d'une agression ou de choses comme ça,
01:10:11 quand on attend que pour déclencher l'interruption des trois jours de tournage,
01:10:15 il faut avoir porté plainte.
01:10:17 Mais qui porte plainte dans la minute où il ou elle s'est fait agresser ?
01:10:21 Personne ne fait ça.
01:10:23 Il y a le temps de sidération.
01:10:25 Je ne vais pas dérouler tout ça.
01:10:29 Mais ce qui est sûr, c'est qu'on était super fiers de se dire que les assureurs s'associaient à ça.
01:10:36 Et finalement, ce sont des clauses qui sont faites intenables.
01:10:38 Donc ça, ce sont des choses qui sont vraiment à revoir en profondeur.
01:10:41 Florence Borrelli.
01:10:43 Juste pour compléter ce qu'a dit Olivier sur la cellule audience,
01:10:49 et par rapport à une question qui a été posée, 86% des appels viennent de femmes.
01:10:55 Voilà. C'est quand même... On ne va pas se voiler la face.
01:11:00 Ce sont particulièrement les femmes qui sont dans des positions de domination sur les plateaux,
01:11:06 parce qu'on peut parler de bonus parité, mais il faut savoir que moi,
01:11:09 je siège à la commission d'agrément du CNC,
01:11:11 et je suis effectivement très heureuse de voir que le bonus parité fonctionne,
01:11:17 parce qu'il y a de plus en plus de filles qui l'obtiennent.
01:11:19 Mais par contre, il y a un indice intéressant,
01:11:21 c'est le rapport "financier", le poids que pèse sur un film le travail des hommes et celui des femmes.
01:11:29 Et bien, même si nous avons un bonus parité, comme par hasard,
01:11:33 ce sont les hommes qui ont la masse salariale la plus importante par rapport aux femmes.
01:11:38 Ce qui sous-entend, en fait, que, et je pense que vous allez me rejoindre au 50/50,
01:11:43 c'est que les postes tenus par des femmes sont souvent des postes qui sont moins rémunérés.
01:11:51 Donc ça, c'est très important.
01:11:53 - Par ailleurs, les films les plus financés sont des films réalisés par des hommes.
01:11:56 - Oui. - En fait.
01:11:57 - Il y a une étude en approche. - On a produit des études à ce sujet.
01:12:00 - Voilà. Par rapport à la cellule audience, ce qui est intéressant,
01:12:02 c'est de savoir qu'il y a 52% des appels qui viennent des victimes,
01:12:06 17% qui viennent des témoins, et 4% des référents.
01:12:12 Alors, ça ne fait pas 100%, donc je me tourne vers Louise.
01:12:15 Mais en tout cas, voilà, c'est un élément important.
01:12:19 Donc on a beaucoup parlé de prévention, de formation.
01:12:22 Moi, je suis intimement persuadée, parce que c'est aussi ma vision du monde et de la vie,
01:12:28 c'est que l'éducation, éducation, éducation, éducation.
01:12:31 Si on faisait de l'éducation dans les écoles, pour expliquer qu'il y a des gestes qui sont très mal placés,
01:12:37 si on disait aux jeunes gens qui vont grandir et qui vont être des citoyens du futur
01:12:43 que faire une remarque sexiste, ça ne se fait pas,
01:12:47 peut-être qu'on aurait moins de mal à imposer ça dans le milieu du travail.
01:12:52 Je pense que la formation et la prévention, ça va être très intéressant,
01:12:55 parce que je crois que les gens ne savent pas, en fait,
01:12:58 ce que représente un agissement sexiste, ce que représente une agression,
01:13:03 ce que représente un crime et les degrés, entre guillemets, qu'est-ce que ça implique.
01:13:09 Et moi, quand on a discuté avec l'AFDAS et le CNC sur cette formation,
01:13:15 moi, j'ai fortement insisté sur deux choses.
01:13:17 D'une part, qu'il faut faire très attention, parce que nous, on est aussi, par exemple,
01:13:23 en tant qu'employeur, lié à cette question de présomption d'innocence,
01:13:26 c'est-à-dire que c'est souvent parole contre parole,
01:13:29 et je parlerai ensuite de la gestion de crise, qui est une gestion compliquée.
01:13:32 Du fait de l'urgence dont vous avez parlé, Anna, sur le fait que c'est des temps très concentrés.
01:13:39 Donc, en gros, on va s'améliorer, je pense, avec l'éducation,
01:13:46 avec le fait de la prise de conscience, avec la libération de la parole.
01:13:50 Ça ne va pas arriver en six mois, un an, deux ans,
01:13:53 mais je pense qu'avec le temps, de plus en plus de gens seront conscients
01:13:57 de ce que c'est que la manière dont on "agit" dans ces questions de VSS.
01:14:04 Mais aussi, attention, moi, j'y tiens aussi, c'est qu'on me rapporte,
01:14:10 souvent les syndicats de salariés nous rapportent aussi,
01:14:12 le fait qu'il y a des gens qui ont été accusés de violence.
01:14:17 Est-ce qu'ils sont coupables, pas coupables ?
01:14:19 Ce n'est pas à l'employeur de le décider, c'est à la justice.
01:14:22 La justice est lente.
01:14:24 - L'employeur, il est quand même censé agir.
01:14:27 - Oui, j'y viens, mais en tout cas, il y a aussi cette histoire de "blacklist",
01:14:34 qui peut aussi avoir des effets sur les gens qui sont accusés.
01:14:38 - Moins souvent.
01:14:39 - Moins souvent, mais il faut aussi en tenir compte.
01:14:41 Sur la gestion de crise, notre problème, c'est ce que j'explique tout le temps,
01:14:46 un tournage, c'est une sorte de microcosme très particulier.
01:14:50 Comme je le disais tout à l'heure, on déplace des équipes,
01:14:52 souvent loin de chez elles.
01:14:54 Donc on assure la nourriture, l'hébergement, les équipes.
01:14:58 Moi, j'appelle ça souvent le tournage chez la colonie de vacances.
01:15:00 C'est-à-dire que tout d'un coup, tout le monde est copain avec tout le monde.
01:15:03 Les frontières entre le privé et le professionnel s'effacent.
01:15:09 Il faudrait répéter sans cesse à tous les acteurs du tournage
01:15:14 que nous sommes sur un lieu de travail.
01:15:16 Un lieu de travail.
01:15:19 C'est-à-dire avec les règles du droit social et du droit du travail qui s'appliquent.
01:15:24 Or, c'est vrai que nous ne travaillons pas sur la fabrication de chaussettes
01:15:29 ou je ne sais pas quoi.
01:15:31 Nous travaillons sur ce qu'on appelle, nous, des œuvres d'art.
01:15:34 D'une certaine manière, nous sommes dans un secteur très particulier
01:15:37 qui n'est pas tout le temps facile à gérer.
01:15:40 Par exemple, je vous donne un exemple, les pots de production.
01:15:43 Les pots de début de tournage, de fin de tournage.
01:15:45 Tu as parlé, Clémentine, d'une chose qui me semble extrêmement importante,
01:15:48 c'est la sélection.
01:15:49 L'alcool, la drogue sur les plateaux.
01:15:51 Et en dehors des plateaux.
01:15:53 Est-ce que nous, employeurs, on doit vérifier que nos salariés
01:15:56 ne prennent pas de la drogue le soir
01:15:58 ou ne prennent pas de l'alcool pendant la nuit qui précède la journée de tournage ?
01:16:04 Donc tout ça, c'est quand même assez complexe.
01:16:06 On n'est pas non plus, on ne va pas mettre un policier derrière chaque technicien,
01:16:09 chaque artiste et derrière chaque employeur.
01:16:12 Parce que là, on ne va pas s'en sortir.
01:16:15 Par contre, on a un vrai travail à mettre en œuvre sur la gestion de crise.
01:16:19 C'est-à-dire à partir du moment où il y a un signalement,
01:16:22 comment est-ce qu'on protège la victime ?
01:16:24 Alors moi, par expérience, je peux dire qu'en tant que productrice,
01:16:27 si c'est un agissement sexiste, genre, t'as un joli petit cul.
01:16:32 Excusez-moi de l'expression, je donne une expression,
01:16:35 et que ça, ça se dit sans arrêt.
01:16:37 Ah, t'as une jolie robe. Ah, bah dis donc, t'as jupé courte, etc.
01:16:41 Ça, on peut, le référent, on peut en parler,
01:16:44 ou la victime de cet agissement sexiste, de cette parole sexiste,
01:16:47 peut se plaindre auprès du directeur de production, de la directrice de production.
01:16:51 Et souvent, ça peut se régler facilement par,
01:16:54 bon, on ne parle pas comme ça.
01:16:56 Les choses ne s'expriment pas comme ça.
01:16:59 Tu ne peux pas parler comme ça à ta régisseuse adjointe, ou, voilà.
01:17:04 Plus on est haut dans la gravité, en fait, des faits,
01:17:10 plus on est, je dirais, dans une situation compliquée.
01:17:14 Il y a des tas de choses qui peuvent se régler en interne,
01:17:17 et puis ensuite, quand il y a un agissement qui est de l'ordre de l'agression sexuelle,
01:17:20 ou du crime, c'est-à-dire du viol, alors là, c'est une autre affaire.
01:17:24 Et nous avons un problème, nous, producteurs et productrices,
01:17:28 qui est que nous sommes dans un espace-temps extrêmement resserré,
01:17:33 extrêmement coûteux, c'est-à-dire que, effectivement,
01:17:36 chaque jour de tournage qui se tourne, évidemment, coûte une somme importante,
01:17:41 mais celui qui ne se tourne pas coûte aussi une somme importante.
01:17:44 Donc, en gros, il y a une omerta aussi, parce que tout le monde pense que,
01:17:48 s'il est responsable du fait que la production peut être mise en difficulté
01:17:53 par rapport à la fabrication du film, on n'ose pas parler.
01:17:57 Et donc, nous, nous voulons travailler vraiment,
01:18:00 et nous avons besoin des pouvoirs publics, et nous avons besoin du CNC,
01:18:03 qui s'y attelle, d'une certaine manière, en parlant avec les assureurs,
01:18:06 de cette fameuse clause assurancielle.
01:18:09 En quoi elle consiste-t-elle actuellement ?
01:18:11 Elle consiste en permettre à un producteur d'arrêter son tournage,
01:18:15 une productrice, d'arrêter son tournage pendant 5 jours.
01:18:18 Parce que, qu'est-ce qui guette un producteur ou une productrice,
01:18:21 je parle de mon point de vue, c'est la panique.
01:18:24 Mon réalisateur a fait, mon acteur principal a fait,
01:18:28 qu'est-ce que je fais ? J'arrête le tournage,
01:18:31 je ne peux pas tourner sans mon réalisateur,
01:18:33 je ne peux pas tourner sans mon acteur principal,
01:18:36 donc j'arrête mon tournage.
01:18:38 Et là, c'est "gling, gling, gling, gling", les sommes, etc.
01:18:41 En 5 jours, on ne peut pas gérer une situation.
01:18:43 Quand on a fait notre formation, ils parlent de 1 mois, 2 mois,
01:18:47 où ils disent, pour avoir vraiment le temps de gérer la situation,
01:18:50 il nous faut tout ce temps-là.
01:18:52 Mais nous, dans notre métier, on est sur des durées de tournage
01:18:54 qui font 6 semaines, 7 semaines, 8 semaines maximum.
01:18:57 Donc, en fait, il faut réagir très vite.
01:19:00 Et nous voulons travailler sur une clause assurancielle
01:19:03 qui permette, non pas parce qu'il faut porter plainte,
01:19:06 c'est pas nous qui portons plainte, un signalement au procureur,
01:19:09 qui va signaler au procureur, etc.
01:19:12 Et comme c'est des conditions cumulatives,
01:19:14 il faut qu'on trouve des clauses assurancielles
01:19:16 qui soient moins difficiles à mettre en œuvre
01:19:19 pour qu'on puisse arrêter les tournages,
01:19:23 même peut-être les arrêter définitivement.
01:19:26 Quand il s'agit d'un réalisateur ou d'une réalisatrice
01:19:30 qui, j'emploie le mot, est soupçonnée de viol,
01:19:35 qu'est-ce qu'on fait avec ce film
01:19:38 où le réalisateur et la réalisatrice
01:19:41 est peut-être violeur ?
01:19:44 Qu'est-ce qu'on fait ?
01:19:46 Moi, je dirais, franchement, si je pouvais,
01:19:49 j'arrêterais la production.
01:19:51 - Florence, je peux te couper un instant ?
01:19:53 - Oui. - On est maître du temps,
01:19:55 du coup, on va vous laisser juste comme ça
01:19:57 pour les deux derniers interveneurs.
01:19:59 - C'est juste pour revenir sur cette question assurancielle.
01:20:02 Aujourd'hui, le dispositif qui existe
01:20:04 est un dispositif gratuit.
01:20:06 Et on en revient au coût.
01:20:10 Certes, il est incomplet, il est insuffisant,
01:20:13 on ne peut pas l'exercer,
01:20:14 il ne suffit pas à couvrir le coût
01:20:16 d'une situation de ce type.
01:20:18 Ce dont les assureurs discutent aujourd'hui,
01:20:21 c'est d'une clause qui soit vraiment efficace,
01:20:24 mais qui sera vraiment coûteuse aussi.
01:20:26 Parce que, comme l'a dit Florence,
01:20:28 arrêter une production, une semaine, deux semaines, trois semaines,
01:20:31 c'est beaucoup d'argent.
01:20:33 Juste un petit point, parce que là, je survole.
01:20:35 On parlait de parité tout à l'heure.
01:20:37 Hier, pas plus tard qu'hier,
01:20:39 on a eu un bilan de la production chez Canal+.
01:20:41 Et une très bonne nouvelle,
01:20:43 pour 2023,
01:20:45 la moitié des films,
01:20:47 les premiers films financés par Canal+
01:20:49 sont à parité.
01:20:51 Autant de femmes que d'hommes, réalisatrices.
01:20:53 Voilà, petite...
01:20:55 Pour les premiers films. C'est pas mal.
01:20:57 Il faut bien commencer par quelque chose, mesdames.
01:21:00 - On adore qu'on commence.
01:21:02 - Merci.
01:21:04 Notre dernier intervenant, du coup, de la table ronde.
01:21:07 - C'est bien vaste.
01:21:11 Effectivement, je suis tout à fait d'accord.
01:21:13 On prône à l'ARDA, sous divers aspects,
01:21:15 l'idée de formation.
01:21:17 Ne serait-ce que là, on va préconiser
01:21:19 à chaque membre de l'ARDA qui va intervenir
01:21:21 au conservatoire, puisque nous intervenons au conservatoire,
01:21:23 mais nous aimerions intervenir auprès d'autres écoles
01:21:26 qui, effectivement, sont plus techniques
01:21:28 et qui ne touchent pas à l'acteur ou à l'actrice,
01:21:32 ou en tout cas, qui ne savent pas comment ça fonctionne.
01:21:36 On peut leur apporter, effectivement, je pense, nous,
01:21:38 faire le lien et les former, peut-être,
01:21:40 parce que beaucoup d'acteurs et d'actrices nous disent,
01:21:43 par exemple, sur des courts-métrages,
01:21:45 peut-être de la Fémis ou d'autres,
01:21:47 ils ne savent pas nous parler.
01:21:49 Donc, on aimerait bien intervenir
01:21:51 et pour chaque stage, même, quel qu'il soit,
01:21:55 présenter en même temps que les séquences
01:21:58 que nous allons travailler, le kit 50/50, par exemple,
01:22:01 pour que ce soit l'objet du début du stage,
01:22:06 afin que tout le monde soit OK
01:22:08 sur le monde dans lequel on veut vivre
01:22:10 et que nous avons choisi.
01:22:13 Donc, c'est une histoire de prévention.
01:22:15 On va obliger nos membres, nous aussi,
01:22:17 à avoir fait la formation,
01:22:19 alors pas la formation de 2h30 et 2h30,
01:22:21 une formation d'une journée, deux journées, trois journées,
01:22:24 telle qu'elle est préconisée aujourd'hui,
01:22:26 parce que nous sommes fondamentaux, aujourd'hui,
01:22:28 de nous réunir autour de cette idée de connaissance,
01:22:31 de savoir, comme vous le dites,
01:22:33 ce que c'est qu'un agissement, un harcèlement, un viol,
01:22:36 de parler le même langage.
01:22:37 - Voilà, donc, pour cette audition consacrée
01:22:39 aux violences sexuelles dans le cinéma.
01:22:41 La délégation Androits des femmes et le Sénat
01:22:43 vont poursuivre leurs travaux consacrés à ce sujet,
01:22:46 sur lequel la Haute Assemblée s'investit pleinement,
01:22:49 puisqu'une proposition de loi a été adoptée au mois de février
01:22:52 pour responsabiliser davantage les producteurs.
01:22:55 Mais vous l'avez entendu lors de l'audition,
01:22:57 beaucoup de choses restent encore à faire.
01:23:00 C'est un sujet sur lequel on reviendra,
01:23:01 bien évidemment, sur Public Sénat.
01:23:03 Voilà, c'est la fin de cette émission.
01:23:04 Merci de l'avoir suivie.
01:23:05 Restez avec nous.
01:23:06 L'information politique continue sur notre antenne.
01:23:09 ♪ ♪ ♪

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