Les 3 et 4 décembre 1997, à Ottawa , 122 pays ont signé le traité d'interdiction des mines antipersonnel. Ils seront suivis dans les années suivantes par 42 autres nations.
Inédit et ambitieux, ce traité fut le résultat de longues tractations complexes entre ONG et autorités politiques et militaires de plusieurs gouvernements, entraînant dans leur sillage de nombreux pays. Inédit au regard de sa complexité, du périmètre qu'il couvre et du nombre de ses signataires. Malgré les obstacles évidents il a, sans aucun doute, permis de faire reculer la fabrication et la présence des mines ; à ce jour, 94 États ont, en effet, détruit plus de 55 millions de mines dans leurs stocks et se sont engagés à ne plus en fabriquer, ni à en importer.
En immersion avec des humanitaires, sur le terrain, mais aussi avec des responsables actuels d'ONG, en charge des plaidoyers ou du lobbying, ce documentaire fait le point sur le Traité d'Ottawa, 25 ans après son entrée en vigueur, le 1er mars 1999. Année de Production :
Inédit et ambitieux, ce traité fut le résultat de longues tractations complexes entre ONG et autorités politiques et militaires de plusieurs gouvernements, entraînant dans leur sillage de nombreux pays. Inédit au regard de sa complexité, du périmètre qu'il couvre et du nombre de ses signataires. Malgré les obstacles évidents il a, sans aucun doute, permis de faire reculer la fabrication et la présence des mines ; à ce jour, 94 États ont, en effet, détruit plus de 55 millions de mines dans leurs stocks et se sont engagés à ne plus en fabriquer, ni à en importer.
En immersion avec des humanitaires, sur le terrain, mais aussi avec des responsables actuels d'ONG, en charge des plaidoyers ou du lobbying, ce documentaire fait le point sur le Traité d'Ottawa, 25 ans après son entrée en vigueur, le 1er mars 1999. Année de Production :
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00:00 Le traité d'Ottawa contre les mines antipersonnelles a été signé dans la capitale canadienne
00:17 en 1997 par 122 pays, rapidement rejoints par 42 autres.
00:21 Pourtant, aujourd'hui, les conflits sont toujours plus meurtriers et les victimes sont en majorité
00:32 des civils.
00:33 En deux ans de guerre, les experts estiment que 30 à 40% du territoire ukrainien a été
00:41 pollué par toutes sortes d'explosifs.
00:42 En particulier, mines antipersonnelles et bombes à sous-munitions.
00:47 Mais alors, quel est l'impact réel du traité d'Ottawa dans les zones touchées par les
00:54 mines ? Et quel est le quotidien de ces démineurs qui, sans relâche, tentent de libérer la
00:58 terre de ces armes destructrices ?
01:00 Pour le savoir, nous nous rendrons en Colombie et au Sénégal, où des décennies de guerres
01:05 civiles ont laissé de nombreuses traces.
01:07 Tout commence à la charnière des années 70 et 80 dans le sud-est asiatique.
01:26 La région souffre de multiples conflits depuis la seconde guerre mondiale, frappant de plein
01:31 fouet autant les civils que les militaires.
01:33 En Indochine, en Corée, au Vietnam, pour finir par la répression sanglante d'Ekmer
01:40 Rouge au Cambodge de 1975 à 1979.
01:43 Pour la première fois, les belligérants utilisent massivement les mines antipersonnelles, ces
01:48 explosifs destinés à décimer les rangs adverses sans détruire le matériel.
01:52 Des communautés entières tentent de fuir les massacres, se réfugiant à la frontière
01:57 thaïlandaise.
01:59 C'est ça que je découvrais à la télévision et j'ai ouvert les yeux sur la tragédie
02:07 cambodgienne.
02:08 Littéralement, les Cambodgiens mouraient comme des mouches.
02:11 Et ça a duré comme ça pendant tout l'été 1979 et pendant toute la saison des pluies.
02:15 Et je vais proposer à Médecins sans frontières de partir comme obsétricien à Cahuedan.
02:22 Et ça a été le théâtre de la plus formidable armada humanitaire du siècle dernier.
02:27 Il y a eu jusqu'à 700 expatriés le long de cette frontière, tous au chevet de cette
02:31 population, avec des convois de camions pour apporter de l'eau, pour apporter des bambous,
02:37 pour construire les campements, pour apporter tout ce qui est indispensable pour couvrir
02:42 les besoins de base de 2 à 3 millions de gens le long de cette frontière.
02:47 Le début des années 80 correspond effectivement à l'explosion de ce concept d'aide humanitaire.
02:56 On a inventé un métier sans vraiment le savoir.
02:58 Ce n'est pas un métier humanitaire.
03:00 Ce sont des médecins, des infirmières, des prothésistes comme pour Handicap International.
03:03 Il y a des gens qui donnaient 2-3 ans de leur vie et qui après réintégraient leur
03:08 vie professionnelle.
03:09 Et puis il y en a d'autres qui passaient d'une ONG à une autre, qui commençaient
03:13 avec une ONG et qui continuaient avec une organisation internationale.
03:16 Donc on était vraiment dans une dynamique où il y avait de la place pour tout le monde.
03:19 On parle beaucoup du sens aujourd'hui du métier, mais c'était un besoin aussi dès
03:24 les années 80.
03:25 Et donc j'ai passé une année, probablement une des plus belles années de ma vie en termes
03:31 de sentiments d'utilité.
03:33 D'abord pour avoir cette gratification extraordinaire, d'avoir le sentiment de contribuer modestement
03:42 certes, mais de contribuer à la renaissance d'un peuple.
03:45 Parce que c'est comme ça qu'on le vivait.
03:47 Découvrons cette tragédie qui fait les gros titres.
03:52 Le grand public entend parler pour la première fois des terribles mines antipersonnelles
03:56 qui font des milliers de victimes civiles.
03:58 Il y avait un certain nombre de photographes qui attendaient avec une certaine impatience
04:06 la probable invasion de la Thaïlande par le Vietnam.
04:10 Mais un beau jour, l'un d'entre eux nous fait part de l'intention d'un petit organisme
04:15 parisien de mettre sur pied un programme d'appareillage d'urgence.
04:22 J'étais lessivé, mais j'avais envie de rester.
04:26 J'avais compris le besoin absolument impérieux de faire quelque chose.
04:32 Je n'avais pas le début du commencement d'une quelconque compétence en matière
04:37 de rééducation fonctionnelle.
04:39 Donc on s'est retrouvés dans cette espèce de situation abracadabrantesque avec 12 artisans
04:49 cambodgiens sélectionnés pour leurs compétences dans le travail du bois, le travail du fer,
04:54 la cordonnerie, qui au fond avaient un bagage de compétences supérieurs aux nôtres.
04:59 Normalement, ça n'aurait jamais dû fonctionner.
05:01 Jean-Baptiste Richardier rejoint alors SOS Enfants Sans Frontières pour monter des ateliers
05:07 de prothèses.
05:08 Puis il créera l'ONG Handicap International en 1982.
05:12 Je m'appelle Émilie Watt.
05:15 Je suis née à Battambang au Cambodge.
05:17 J'ai eu mon accident quand j'avais 6 ans.
05:20 C'est à l'époque où les Khmer Rouges sont rentrés au Cambodge.
05:22 On a dû fuir notre village.
05:24 On a fui comme ça, sans rien.
05:26 Et je me suis retrouvée aux frontières entre la Thaïlande et le Cambodge.
05:31 Et là, un des messieurs qui venait de la Thaïlande m'a bousculé sur une mine antipersonnelle.
05:35 Tout ce que je me souviens, c'est que quand je me suis réveillée après l'accident,
05:41 j'ai juste vu ma jambe gauche qui était déchiquetée.
05:44 Ils m'ont portée sur une civière jusqu'au camp à Khaoudan en Thaïlande.
05:47 Là, quand on est arrivés, j'ai vu des médecins.
05:50 Ils ont enlevé le bandage alimentaire.
05:53 Et quand ils ont vu l'état de ma jambe, le médecin a suggéré à mes parents de m'endormir.
05:59 Je me suis réveillée au bout d'un mois.
06:01 Ils m'ont mis dans le coma pour m'avoir amputée.
06:04 À un moment donné, quand j'étais dans la hutte avec mes parents, j'entendais du bruit à côté.
06:10 J'ai voulu aller voir ce qu'ils faisaient.
06:12 J'ai demandé au monsieur ce qu'ils faisaient.
06:14 Il disait « On fait des jambes pour des enfants comme toi ».
06:18 Et c'est là que j'ai croisé Jean-Baptiste et Marie.
06:23 À partir du moment où cet atelier, qui regroupait jusqu'à 70 techniciens,
06:29 ça martelait de tous les côtés, c'était une ambiance extraordinaire
06:35 d'énergie, de créativité, d'humour, d'autodérision et de reconstruction individuelle.
06:43 Et la magie a opéré dès le moment où les premiers amputés ont commencé à sortir de l'atelier,
06:52 à jouer au foot, à jouer au volet, à jouer au jeu de la chaise vide.
06:57 [Musique]
07:10 - Ah, j'ai grandi depuis, hein !
07:13 Ça va ?
07:14 - Ah, je suis contente de vous voir.
07:15 - Moi aussi.
07:17 - Ça fait 40 ans.
07:18 - T'es aussi grande que moi !
07:20 - Eh ben !
07:24 - Ah oui, hein !
07:25 - À l'époque, attends, j'étais comme ça, moi.
07:26 - Ah oui ? - Oui.
07:28 - Je me souviens que vous me teniez la main, là.
07:30 Bon, ça faisait bizarre.
07:31 - Tu te souviens de cette photo qui a fait le tour du monde ?
07:33 - Ah !
07:33 Tu sais, ça faisait bizarre à l'époque quand vous voyiez des Blancs.
07:37 Comme on ne parlait pas la même langue, on s'est dit, mais...
07:39 vulgairement, mais qu'est-ce qu'ils foutaient là ?
07:41 À Cahuidan !
07:42 - Qu'est-ce qu'ils pouvaient faire là ?
07:44 - Au bout du monde !
07:45 - Ouais, mais sincèrement, c'est comme ça, hein.
07:47 Parce que nous, on fuyait à l'Ecmerouille.
07:49 Et là, au camp, on croise des étrangers, on dit "oui".
07:53 - Et qui viennent s'occuper de nous, en plus.
07:55 - Ouais. Franchement, ouais.
07:57 Bah, heureusement, hein.
08:00 - Ouais, en tout cas, pour nous, ça s'inscrit dans nos plus beaux souvenirs.
08:04 On a une petite surprise pour toi.
08:06 - Ah !
08:07 Ah oui.
08:09 J'ai vu le sac, à l'intérieur.
08:11 Tiens, il est beau, ce sac.
08:11 Ah !
08:13 Il nous faisait penser aux trois mousquetaires.
08:15 D'accord.
08:17 Ah !
08:19 - Tu es où, là ? - Moi ?
08:20 - Là. - Ben là, enfin...
08:22 - Non, c'est parce que j'ai pas mes lunettes, non.
08:24 Je fais la maligne, moi.
08:25 - Non, mais regarde cette bouille.
08:27 - Ça fait bizarre, hein.
08:28 [Rires]
08:30 Ah, là, là.
08:33 Ça, c'est quand on a joué au foot, ça.
08:35 - OK.
08:36 - Tu vois, Marie, elle a pas changé, je te dis.
08:41 - Ah.
08:42 Elle est jolie, cette photo.
08:43 - Ouais, je l'aime bien.
08:44 ♪ ♪ ♪
08:46 - Ah !
09:07 La fameuse photo.
09:08 - Voilà, la fameuse photo.
09:09 - C'est celle-là, tiens.
09:10 Ça, c'est la...
09:11 - La photo de Lelouch, ça.
09:12 - Oui.
09:13 - "Maman, regarde, je marche."
09:14 - Oui, c'est ça.
09:15 - Ah, ouais.
09:16 - T'as vu la tombe, qu'elle est trop grande ?
09:17 [Rires]
09:18 - J'adore cette photo.
09:20 - Ouais, j'adore cette photo.
09:21 - Elle est géniale.
09:22 ♪ ♪ ♪
09:23 - La décision...
09:29 de se mettre en danger
09:34 par un plaidoyer vocal, déterminé, rageur,
09:39 ça nous a pris 10 ans, quand même.
09:42 Ça n'a pas été instantané.
09:44 Les 10 premières années,
09:45 on était extrêmement soucieux de permettre à cet ONG
09:51 qu'on avait porté à bout de bras
09:54 d'avoir quelques fondements solides.
09:55 Ça nous a quand même bien occupés.
09:57 Mais en même temps, un beau jour,
09:58 on s'est rendu compte que...
10:00 En tout cas, on s'est posé la question
10:02 de savoir est-ce qu'on ne constituait pas
10:04 un formidable alibi
10:06 pour ne pas se confronter
10:10 à ce problème qui, à l'époque,
10:12 devenait véritablement majeur.
10:14 On appelait ça l'épidémie des mines antipersonnelles.
10:18 C'est une période où pratiquement tous les belligérants,
10:22 toutes les parties au conflit,
10:24 utilisaient massivement cette arme
10:28 de manière totalement incontrôlable.
10:31 Alors, le démilage, c'est grâce à une rencontre
10:35 avec un certain Ray Maguire.
10:37 Un jour, j'ai reçu un étrange coup de fil
10:41 d'un homme qui parlait anglais
10:43 avec un fort accent français.
10:45 Il s'est présenté comme étant Jean-Baptiste Richardier.
10:50 Et nous avons parlé très longtemps au téléphone ce jour-là.
10:54 À la fin des années 80,
10:56 l'ancien militaire Ray Maguire se trouve en Afghanistan,
11:00 où il mène un projet sur les terres polluées
11:02 par les restes explosifs de guerre.
11:05 Il découvre alors que rien n'est vraiment fait pour les éradiquer.
11:09 Alors, il nous a raconté un petit peu tout son parcours,
11:13 notamment à quel point son rêve c'était de créer
11:17 une ONG spécialisée dans le déménage,
11:20 qu'il avait une liste interminable d'experts et de spécialistes
11:25 qui seraient prêts à se mobiliser.
11:27 Et là, on lui a dit, écoute Ray, arrête.
11:30 Arrête de faire des conférences, arrête de faire des rapports.
11:33 On va te salarier pendant un an et tu mets en route MAG.
11:39 Tu nous as dit que tu avais une multitude.
11:42 Alors non seulement tu mets en route MAG,
11:44 mais on va te trouver les financements des premiers projets.
11:48 Et grâce aux relations de Jean-Baptiste,
11:54 nous avons obtenu les fonds nécessaires pour déminer à Battambang.
12:00 Et ça a marqué le début de notre programme de déménage.
12:04 À travers leurs deux organisations respectives,
12:08 Handicap International et Minds Advisory Group,
12:11 Richardier et McGrath ont alors entamé des discussions avec d'autres ONG.
12:15 Une en Allemagne, Medico, et trois aux États-Unis,
12:19 la Fondation des Vétérans du Vietnam, Human Rights Watch
12:22 et Physicians for Human Rights.
12:24 Ces six ONG donneront naissance en 1992
12:27 à la campagne internationale pour l'interdiction des mines antipersonnelles.
12:31 Le plaidoyer, c'est à un moment donné la société civile qui s'est dit
12:37 qu'on voulait sortir de notre rôle d'action pour devenir témoin.
12:40 Et on va pour ça construire des stratégies d'influence politique
12:44 pour faire en sorte de déjà faire porter la voix
12:48 de celles et ceux qui n'en ont pas, parce qu'ils ont été victimes,
12:51 parce qu'ils sont survivants, parce qu'ils ont été
12:54 à un moment donné atteints par une catastrophe naturelle ou un conflit armé.
12:57 Et de dire, ensemble, on va construire des coalitions citoyennes,
13:01 on va professionnaliser cette parole politique
13:03 et on va faire en sorte de mettre un pied dans la porte
13:05 pour dire, nous aussi on a voix au chapitre,
13:07 et nous aussi on a une parole, une expertise donnée,
13:10 mais en plus de ça, nous aussi on veut une parole dans les négociations.
13:13 Et donc concrètement, c'est une première réunion
13:15 qui a lieu à New York en septembre 1992.
13:19 On a fait une belle déclaration en disant que c'était juste plus possible
13:23 et qu'il fallait interdire la fabrication, la vente
13:26 et la prolifération des mines antipersonnelles
13:29 et qu'il fallait travailler sur les deux victimes.
13:31 Et donc avec cette belle déclaration, chacun est rentré chez soi
13:35 et on a commencé, dans nos pays respectifs,
13:37 à essayer de comprendre comment ça fonctionnait,
13:40 quels étaient les différents acteurs de ce jeu international.
13:45 Dans le cadre de l'ONU, une convention sur certaines armes classiques
13:49 avait été signée en 1980.
13:53 Le protocole 2 de cette convention,
13:55 qui prévoyait la limitation de l'emploi des mines, pièges et autres dispositifs,
13:59 montrait de nombreuses faiblesses.
14:01 Peu de pays l'avaient ratifiée.
14:03 Il ne concernait que les conflits internationaux,
14:06 sans tenir compte des conflits internes ou guerres civiles.
14:09 Enfin, il n'intégrait pas les éventuelles avancées technologiques
14:12 en matière d'armement.
14:14 C'est là qu'est arrivé un boujour, un courrier du sénateur Leahy,
14:20 qui, depuis des années déjà, sénateur démocrate,
14:26 essayait de convaincre les administrations successives
14:30 de la nécessité que les États-Unis prennent en compte cette problématique.
14:36 Il nous écrit en nous disant que le protocole 2 est ouvert à révision.
14:43 Après, il est daté de 1980, donc on est dans les années 90.
14:49 Mais il faut qu'il soit convoqué par un membre permanent du Conseil de sécurité.
14:56 Or, il nous dit, dans son courrier, les États-Unis ne le feront pas,
15:00 donc les Russes ne le feront pas, les Chinois ne le feront pas,
15:05 les Anglais, c'est même pas la peine d'en parler,
15:08 reste la France socialiste.
15:12 Et il se trouve qu'on était en relation régulière avec Daniel Mitterrand,
15:17 qui, à l'époque, était président de sa fondation France Liberté.
15:21 Et on a pris le scooter de Philippe Chabas et on est partis rencontrer Daniel Mitterrand.
15:27 On lui a raconté notre histoire, on lui a montré le courrier de Leahy.
15:31 Et elle dit "je vais en parler à François, revenez me voir la semaine prochaine".
15:36 La semaine suivante, re-scooter, et elle nous dit très sobrement "François est d'accord".
15:45 Ça tombait avec la programmation du voyage de François Mitterrand à Phnom Penh.
15:52 Le ministère des Affaires étrangères avait décidé de scénariser l'annonce de la convocation
15:59 de la conférence de révision du protocole 2 par François Mitterrand, à Phnom Penh,
16:04 pays hautement symbolique de la tragédie, de la crise humanitaire engendrée par les mines antipersonnelles.
16:12 C'était pas mal vu.
16:15 De là, on est rentré, on, tous ensemble, à Handicap International en France,
16:20 mais les 6 ONG de 92 ont très rapidement devenu 100, 200, puis on était 700 ou 800 structures
16:29 sur le monde entier, qui chacune, dans leur capitale, faisaient pression sur leur gouvernement.
16:35 Nous regardions tous dans la même direction.
16:39 Pour moi, cela témoigne d'une non-hétérare dans les relations entre organisations comme les nôtres,
16:45 où tout le monde reste très poli, où personne ne veut fâcher l'autre, où tout se fait en douce.
16:52 Mais là, personne n'hésitait jamais à montrer son désaccord.
16:59 Dans beaucoup de réunions, organisées par la Croix-Rouge par exemple,
17:04 on faisait venir des experts militaires, et bien sûr, ces types du Pentagone et tout le reste,
17:10 qui s'asseyaient là et disaient "Vous savez, il n'y a pas de problème avec les mines terrestres.
17:16 Il suffit qu'elles s'autodétruisent et tout ira bien."
17:21 Ils pensaient s'adresser à une bande d'ONG, des types qui font des câlins aux arbres,
17:28 et puis ils sont tombés sur des gens de terrain qui déminaient vraiment.
17:33 Et ils ont été forcés de faire face à la réalité.
17:37 Plusieurs conférences à Vienne et à Genève se soldent par des échecs.
17:41 Les grands pays concèdent au mieux une retenue sur la prolifération,
17:45 mais une interdiction totale des mines antipersonnelles n'est pas à l'ordre du jour.
17:49 Il y a eu cette rencontre à Ottawa,
17:54 une sorte de réunion en marge des conférences très formelles de Genève.
18:00 Et pour finir, ça a été beaucoup plus important que ce qu'on anticipait.
18:06 Il n'y avait pas 20, mais 120 personnes, incluant des ONG.
18:11 Le rendez-vous, qui a duré trois jours, avait pour but de sortir de l'impasse.
18:18 À la fin de la rencontre, je me suis levé et j'ai déclaré,
18:24 bon, il n'y a ni consensus ni accord, mais franchement, je m'en fiche.
18:29 Je vous invite à revenir l'année prochaine pour signer un traité.
18:34 Et tout le monde a cru que j'avais perdu la tête.
18:39 Moi, je faisais partie de la délégation officielle française.
18:44 Les diplomates français étaient outrés.
18:48 C'est pas comme ça qu'on fait de la négociation internationale.
18:52 C'est de la com', ils n'y arriveront jamais.
18:56 Les négociations semblent une fois de plus au point mort.
19:00 Mais la pression populaire redouble d'intensité, aidée en cela par l'intervention de personnalités,
19:05 comme la princesse Diana.
19:08 Elle affiche une position ferme contre les mines antipersonnelles
19:12 et ça a dérégulé un petit peu ces situations de blocs qui s'opposaient frontalement.
19:19 Et le traité d'Ottawa a été porté par un groupe de pays ramassés autour du Canada
19:26 qui était extrêmement représentatif de la diversité des problématiques mondiales.
19:31 Nous avons travaillé d'arrache-pied, remué ciel et terre,
19:35 sollicité chaque diplomate, chaque sénateur,
19:38 et nous avons réussi à faire venir 120 personnes à Ottawa pour signer un traité.
19:41 Et ce fut une avancée majeure.
19:44 La princesse Diana n'aura pas vu l'aboutissement de son engagement.
19:49 Le traité est ouvert à la signature les 3 et 4 décembre 1997,
19:53 trois mois après sa mort.
19:56 Il est immédiatement signé par 122 pays, bientôt suivi par 42 autres.
20:06 Ce dont je me souviens le plus de mon séjour à Ottawa les 2 et 3 décembre 1997,
20:12 c'est de marcher dans les rues avec 7 ou 8 survivants de mines.
20:17 Nous sommes allés au restaurant et nous avons parlé de l'assistance aux victimes
20:23 et de la manière dont elle allait figurer dans le premier traité sur les armes de l'histoire.
20:28 Et autour de la table, on a éprouvé un sentiment de pouvoir.
20:32 Nous n'étions plus des gamins victimes sur une affiche.
20:35 Nous étions partie prenante du processus.
20:38 Le 10 décembre de la même année, la coordination contre les mines antipersonnelles
20:43 et sa porte-parole Jody Williams reçoivent le prix Nobel de la paix,
20:47 récompensant ainsi 5 années d'un remarquable travail de collaboration
20:51 entre des centaines d'organisations dans le monde.
20:54 Après ratification par les pays signataires,
20:57 le traité d'Ottawa entre en vigueur le 1er mars 1999.
21:01 Il signe le début d'une campagne de destruction massive des stocks de mines.
21:05 Les enjeux sont colossaux au regard du nombre de pays concernés par la présence d'explosifs,
21:17 représentant un risque majeur pour les populations civiles.
21:27 Quand le traité d'Ottawa est entré en vigueur en Colombie,
21:31 le pays a vraiment pu s'organiser en commençant par identifier les victimes.
21:36 Nous avons d'abord créé un registre officiel de la contamination sur notre territoire,
21:43 puis nous avons établi une liste des victimes touchées par ce genre de situation.
21:48 La Colombie est un pays d'agriculture, un pays rural,
21:56 avec une population de paysans, d'Afro-Colombiens et de communautés autochtones.
22:02 L'exclusion de toute une partie de la société colombienne
22:09 a favorisé la naissance de groupes ou d'organisations politiques armées,
22:13 dont l'origine prend racine dans des revendications sociales et politiques
22:17 avec un but, au départ, disons, altruiste.
22:24 Ce sont des guerrillas composés de paysans sans terre, comme les Farc, par exemple,
22:29 ou des guerrillas étudiantes qui luttent pour une transformation de la société.
22:34 Et je crois que l'une des raisons principales de la transformation de ce conflit,
22:42 c'est l'émergence d'économies illégales, comme le narcotrafic,
22:47 l'extraction minière illégale ou la contrebande.
22:53 C'est dans le département d'Antioquia que nous accueillent les équipes de déminage
22:57 de handicap international dans le nord-ouest de la Colombie.
23:01 On pourrait croire à une journée ordinaire.
23:07 À Vegaci, le travail commence très tôt, vers 4h30.
23:11 Le soleil peut taper très fort, alors on travaille le matin
23:15 pour éviter ainsi la grosse chaleur.
23:22 La cuisinière arrive la première.
23:25 Petit déjeuner, ménage, préparation de l'équipement.
23:35 Au premier coup d'œil, on a du mal à croire que ces hommes et femmes vont risquer leur vie.
23:44 Après un rapide café, c'est l'heure du départ vers le terrain des opérations.
23:49 Chaque matin, on a un petit déjeuner.
23:52 On a des petits déjeuners, on a des petits repas,
23:55 on a des petits repas pour les enfants, pour les enfants.
23:58 On a des petits repas pour les enfants, pour les enfants.
24:01 On a des petits repas pour les enfants, pour les enfants.
24:04 On a des petits repas pour les enfants, pour les enfants.
24:07 On a des petits repas pour les enfants, pour les enfants.
24:10 On a des petits repas pour les enfants, pour les enfants.
24:13 On a des petits repas pour les enfants, pour les enfants.
24:16 Chaque matin, c'est le même rituel.
24:19 La répétition des mêmes gestes et des mêmes consignes peut paraître ennuyeuse pour des équipes rodées.
24:29 Mais elles contribuent à apprivoiser le danger et à maintenir une atmosphère sécuritaire.
24:36 Le matériel est débarqué, les tableaux installés, pour lancer le briefing du matin où l'on revoit la carte du travail à effectuer.
25:04 Les tenues qui s'apparentent à d'immenses gilets pare-balles sont lourdes et peu pratiques.
25:09 Mais elles constituent un rempart nécessaire à une éventuelle explosion.
25:13 Sans oublier la visière épaisse à effet de serre qui provoque de fortes transpirations.
25:19 Le déroulé d'une journée type commence par l'arrivée des opérateurs qui font descendre la machine.
25:29 Puis, ils procèdent à la révision quotidienne au cours de laquelle ils vérifient l'ajustement des pièces, le graissage des chenilles.
25:37 Ils vérifient que tout est bien en ordre de marche.
25:41 Puis, ils se dirigent vers le lieu de l'opération.
25:46 Nous arrivons à l'endroit où ils vont démarrer la journée.
26:09 Ils inspectent l'endroit où ils vont démarrer la journée.
26:12 En gros, là où on a une meilleure visibilité.
26:15 Là où les opérateurs peuvent le mieux contrôler l'évolution de la machine.
26:20 Parce qu'il faut savoir que la machine ne peut pas être utilisée sur un terrain avec un dénivelé de plus de 30 degrés.
26:27 Ni en montée, ni en descente.
26:30 Ni en coulisse, ni en hauteur.
26:33 Puis, ils vérifient qu'aucun explosif ne soit coincé dans la machine.
26:59 Parce que ça peut arriver dans les espaces vides.
27:02 Un explosif peut rester bloqué.
27:05 Et finalement, soit la machine l'expulse, soit il reste bloqué à l'intérieur.
27:11 Une fois que ces vérifications sont faites, ils attendent les instructions du chef d'équipe qui leur indique notamment la direction à prendre.
27:27 Le déménage humanitaire est vu comme un milieu extrêmement technique.
27:30 Ça l'est évidemment, le risque est inhérent à ce métier-là.
27:34 Et on ne s'invente pas des mineurs.
27:36 Il faut quand même comprendre qu'à Handicap International, la communauté de la réduction de la violence armée, c'est entre 700 et 800 personnes.
27:43 Et c'est à 97% des nationaux.
27:46 C'est des gens qui sont issus des communautés qu'on a formés d'abord à devenir enquêteurs, puis des mineurs, puis chef d'équipe, puis chef des opérations.
27:54 C'est le cas d'Ingrid, qui a été recrutée par Handicap International pour devenir démineuse à deux pas de son petit village, dans la commune de Segovia.
28:03 Je m'appelle Ingrid Mosquera, j'ai 28 ans, et actuellement je travaille dans le déménage humanitaire.
28:13 C'est un travail assez détendu, on fait 8 heures par jour, et puis le reste de la journée, c'est quartier libre.
28:20 En plus de ça, nous avons une pause de 15 minutes toutes les 45 minutes.
28:25 Il n'y a vraiment pas de pression.
28:28 Quand le soleil tape trop fort, on s'arrête toutes les 35 minutes, parce que le soleil tape dur dans le coin.
28:34 C'est pour éviter la fatigue ou les malaises.
28:45 Je suis contente parce que je vois ma fille tous les jours, je l'aide à faire ses devoirs.
28:51 Ça motive de pouvoir être proche de son enfant.
28:55 Et puis finalement, HAI nous offre une vraie opportunité, parce qu'ici, en tant que femme, c'est difficile de trouver du travail.
29:11 La communauté me voit un peu comme une bête curieuse.
29:15 Ils se disent "mais qu'est-ce qu'elle cherche, c'est quoi l'intérêt ?"
29:20 Il va lui arriver des histoires, un de ces quatre.
29:24 Et puis d'autres disent plutôt que je n'ai peur de rien.
29:27 Ils se disent "oh la vache, quel boulot !"
29:30 Toujours attentive aux autres.
29:33 Enfin, voilà.
29:35 Il y aura toujours des gens pour essayer de te décourager.
29:38 Et puis d'autres, au contraire, qui te poussent à aller de l'avant.
29:42 Un jour, en rentrant à la maison, ma mère m'a demandé en quoi consistait mon travail.
29:47 Alors je lui ai expliqué, et elle m'a demandé d'arrêter.
29:50 Elle m'a dit que ce serait mieux de renoncer à un travail aussi dangereux.
29:54 Mais je lui ai répondu "mais non, maman, ils nous apprennent vraiment bien notre travail.
30:00 Et si on fait bien les choses, alors il ne peut rien nous arriver."
30:05 Et du coup, tu peux devenir quelqu'un dans la vie.
30:10 C'est vraiment très motivant.
30:12 Moi, je pensais que j'allais rester coincée ici toute ma vie.
30:16 Maintenant, je sais que si je veux, je peux avancer.
30:20 Avec quelques efforts, si tu montres que tu as quelques capacités pour aller au-delà du simple démineur,
30:30 tu peux atteindre ton objectif.
30:33 Parce qu'ils te donnent la possibilité de prendre des cours pour monter en grade,
30:38 en devenant chef d'équipe ou bien superviseur.
30:42 Je m'appelle Maybata Sane.
30:57 Je suis démineur.
31:00 Je suis mère de quatre garçons.
31:04 J'ai 38 ans cette année.
31:07 La formation a duré quatre semaines.
31:12 Après la formation, on s'est déployé sur le terrain.
31:17 C'était le début du travail. C'était en 2010.
31:21 Mon époux a accepté que je fasse ce travail.
31:26 Après, j'ai cherché une aide-ménagère qui est là avec moi.
31:32 Elle passe la nuit. Elle habite pratiquement ici.
31:36 Des fois, on fait trois semaines en campagne et puis on revient.
31:41 C'est pourquoi j'ai jugé nécessaire de chercher un répétiteur à domicile.
31:47 Puisque j'ai quatre garçons, il n'y a que le plus petit qui est là avec moi.
31:51 Les autres sont au village avec mes frères.
31:55 À certains moments, vous êtes découragée devant l'ampleur du travail ?
32:00 Découragée, non.
32:03 Non, jamais.
32:06 Parce que moi, c'est vraiment une fierté de faire partie de cette équipe,
32:14 qui est l'équipe de déménage de handicap international ici en Casamance.
32:19 C'est vraiment une fierté.
32:22 Depuis plus de 40 ans, la Casamance vit un conflit entre l'État du Sénégal et des groupes armés
32:30 pour un mouvement indépendantiste qui s'appelle MFDC,
32:34 qui réclame l'indépendance de la Casamance.
32:36 Depuis 1982, cette guerre a commencé.
32:40 Elle a eu beaucoup de conséquences en vie humaine,
32:44 mais aussi en dégâts, en déplacement de population.
32:48 Parce que parallèlement à cette guerre,
32:50 il y a eu des conséquences qui ont fait qu'il y a eu une insécurité totale
32:55 qui s'est installée dans certaines zones,
32:57 avec la présence de mines,
33:00 et aussi des combats,
33:03 mais aussi des coups de route parfois.
33:06 Donc vraiment, c'est une insécurité.
33:08 Beaucoup de personnes, pour sauver leur vie, ont décidé de quitter leur localité.
33:12 Depuis 1990, les premiers villages se sont déplacés.
33:15 Ce sont ces mêmes villages jusqu'à Noshu qui ne sont pas en coup de retour.
33:18 En l'occurrence, Badem et Baga.
33:20 Donc c'est en 1990 que les maisons ont été brûlées et que les populations se sont déplacées.
33:24 Toutes ces zones sont minées, donc sont susceptibles d'être minées.
33:27 C'est pourquoi on a pensé que c'est vraiment d'une importance capitale
33:31 que le déménage humanitaire soit déployé dans cette commune.
33:34 Badem, c'est un village qui bouge au Sénégal.
33:38 À cause de ces événements, on a quitté en 1991.
33:43 Depuis 1991 jusqu'à nos jours, on n'est plus retourné.
33:48 Avant de partir, la communauté vivait de l'agriculture.
33:52 Les maniocs, les rigères, la rachide...
33:55 - Et vous viviez bien ? - Oui, nous vivions très bien.
33:58 Vous ne pouvez pas imaginer comment nous vivons en ville, hors de nos villages.
34:03 C'est grâce à l'État que les déménages ont pu arriver ici.
34:07 Depuis que HD et HI ont commencé à nous approcher.
34:12 On a vraiment commencé à avoir espoir.
34:15 Quelqu'un qui est né là-bas, grandit là-bas, arrive là-bas et il a envie de pleurer.
34:20 On a tout fait.
34:22 Il faut recommencer à débourser.
34:26 On ne peut pas retourner.
34:28 Il faut que chacun retourne à sa place où il habite.
34:31 Tous ceux qui vont repartir, nous allons habiter dans le même lieu.
34:35 Au fur et à mesure que le déménage continue,
34:38 chacun va repartir pour aller retrouver sa propre terre.
34:42 C'est important pour nous de stimuler le retour de nos habitants.
34:47 Non seulement ils souffrent, mais aussi la commune.
34:51 Si les espaces sont exploités, ça permet à la commune et à ses populations d'y gagner.
34:56 Et ça permet aussi aux ONG qui nous viennent en appui
34:59 de pouvoir aider les populations avec des activités génération de revenus
35:03 qui leur permettent de survivre en attendant de récupérer leur terre et de pouvoir s'installer.
35:08 Bonjour à tout le monde.
35:15 Heureux de savoir que tout le monde se porte bien et qu'on est bien revenus sur le site.
35:19 Je vais laisser Charles me faire le point.
35:22 Actuellement, on est à la zone numéro 3.
35:25 À la zone numéro 3, on travaille en excavation.
35:29 On a débuté d'abord sur 2 mètres du milieu de la piste.
35:34 Donc on ne pouvait pas mettre beaucoup d'éléments.
35:37 Atteint à 30 mètres, on a pu ouvrir un autre couloir à gauche.
35:43 C'est comme ça qu'on a progressé.
35:46 Actuellement, on est à 150 mètres du début de la piste.
35:51 Depuis 17 jours, on n'a que 227 mètres carrés en excavation complète.
35:58 Donc actuellement, aujourd'hui, on est dans le secteur-là.
36:02 On va mettre tout en vert pour vraiment montrer la progression au niveau de la zone.
36:08 Nous, en tant qu'organisation humanitaire, on ne s'intéresse pas trop à savoir qui les a posés.
36:15 Mais on sait que les deux parties au conflit ont posé effectivement des mines.
36:21 On sait qu'avec la porosité de nos frontières, c'est très facile en cette période de faire entrer des mines.
36:28 De raison pour laquelle on trouve des mines d'origine belge, espagnole, portugaise, russe.
36:35 Donc tout ça, des gens explosifs d'origine française, on les trouve en Casamance.
36:40 Comment ils ont atterri ici ? C'est la grande question que tout le monde se pose.
36:45 Tous ces pays, à part la Russie, ont arrêté la production et l'exportation des mines antipersonnelles,
36:51 parfois même avant l'entrée en vigueur du traité d'Ottawa en 1999.
36:55 Celles que l'on trouve encore aujourd'hui dans le sol casamancé ont été posées avant cette date.
37:00 Donc là, c'est les différents types de mines que nous avons en Casamance.
37:06 Ça, c'est des mines "free from explosive".
37:09 On les a démilitarisées, ce qui veut dire rien en termes de quantité d'explosifs.
37:14 Ça nous permet non seulement pour les exercices, leur déformation,
37:19 mais pour des expositions à des cas parisiens, on a des visiteurs,
37:23 pour qu'ils puissent voir de manière concrète comment ces mines ressemblent.
37:27 Donc c'est des mines antipersonnelles et anti-charges qu'on a,
37:30 donc avec des dates de découverte posées dessus.
37:34 Mais la particularité de la Casamance, c'est qu'on a des mines indétectables,
37:39 avec nos détecteurs de métaux.
37:41 Et ça, c'est un problème, et ce qui a fait qu'aujourd'hui,
37:46 on est obligé de combiner les méthodes.
37:49 Il est très difficile d'utiliser le moyen manuel avec que du détecteur,
37:54 parce qu'on peut rencontrer ce type de mine,
37:57 et là, comme c'est indétectable, ça peut être fatal aux démineurs.
38:00 Donc du coup, pour la sécurité du personnel opérationnel,
38:03 on met en avant d'abord la machine, qui va retourner la terre,
38:08 et tout ce qui est mine indétectable,
38:12 vous trouvez dans la zone, va être retourné ou fracassé.
38:16 Et là, le démineur va passer en deuxième position.
38:21 Donc ça, c'est indétectable parce que c'est qu'en plastique ?
38:24 C'est qu'en plastique, effectivement, ce qui fait que la mine n'est pas détectable.
38:28 Donc ce qui nous amène aujourd'hui, pour accélérer le processus de déménage,
38:34 on a fait appel à des chiens qui s'intéressent à l'explosif.
38:38 Donc les chiens ne s'intéressant pas à la matière de la mine,
38:42 mais plutôt à l'explosif, la détection va être beaucoup plus facile et beaucoup plus sûre.
38:47 Toutes ces mines sont fabriquées industriellement.
38:51 Et tout ce que vous voyez ici, ce que vous faites photo,
38:53 c'est des mines qui ont été trouvées sur ces sites.
38:55 Engagement de la machine.
38:58 (bruit de moteur)
39:01 Créée en 1998, la fondation suisse Digger a mis au point différents modèles de machines à déminer,
39:15 de tailles différentes, selon les besoins et les possibilités laissés par la configuration du terrain.
39:24 Depuis 25 ans, elle identifie les bailleurs de fonds institutionnels ou privés
39:29 qui financent les machines ainsi mises à la disposition gracieuse des ONG.
39:34 (bruit de moteur)
39:38 (bruit de moteur)
39:41 - Donc là, on a une deminaise qui fait de l'excavation complète.
40:02 Donc, sur une profondeur de 20 cm, vous allez voir devant elle, elle a les jalons de profondeur.
40:09 Donc, ce qui permet de maintenir la profondeur continue graduellement.
40:14 Donc là, elle va excaver, d'autant plus que c'est le seul moyen que l'on peut utiliser sur cette zone,
40:21 dû au fait des mines indétectables qu'on a identifiées dans cette partie.
40:27 Donc, le seul outil qu'elle aura à utiliser, c'est la sonde, comme vous le voyez ici,
40:33 ainsi que sa perle d'excavation, donc la cisaille pour couper les arbres.
40:39 Donc, c'est le seul outil qu'elle va utiliser pour excaver à une profondeur de 20 cm,
40:45 sur une largeur de 1 mètre.
40:48 La sonde a une manière d'être positionnée, donc c'est 30 degrés.
40:53 Donc, pour les mines, ça fait qu'elles ne tapent pas sur le plateau de pression.
40:58 Donc là, avec l'angle de la sonde, si tu touches quelque chose et qu'on sent qu'il y a de la résistance,
41:07 là, tu arrêtes et puis tu vas prendre la perle d'excavation pour voir de quoi il s'agit.
41:14 Là, vous pouvez voir, on a deux binômes qui sont positionnés sur cette piste.
41:20 Donc, les deux binômes vont aller à un sens de sécurité assez important,
41:25 tout est suivi à une explosion non contrôlée, que l'autre binôme ne soit pas affecté.
41:30 Le premier binôme va ouvrir sur un couloir de 2 mètres de largeur,
41:34 ce qui va permettre, en cas d'accident, de pouvoir accéder au premier binôme
41:38 et de procéder au premier saut.
41:41 Pour la journée d'aujourd'hui, ça va commencer à partir de ce picket bleu,
41:45 qui sert à matérialiser le début de la journée.
41:48 On est déployé, ça fait à peine 45 minutes,
41:52 donc la progression est vraiment lente.
41:55 Il n'y a pas de binôme fixe, donc selon le chef d'équipe,
41:58 c'est la planification et selon la performance des uns et des autres.
42:03 Il veut que quelqu'un de plus expérimenté soit avec quelqu'un d'autre
42:07 qui vient d'intégrer l'équipe pour lui donner beaucoup plus d'éléments techniques,
42:13 donc il est obligé de les mixer.
42:16 (musique)
42:19 La première fois que tu trouvais une mine, qu'est-ce que ça t'a fait ?
42:31 Il y a la peur qui est là, et la joie aussi,
42:35 parce que pourquoi avoir peur ?
42:37 C'est quelque chose qu'on découvre pour la première fois
42:40 et qu'on connaît ce que ça fait.
42:43 La joie, c'est parce que tu as sauvé des vies.
42:47 Si ce n'était pas cette découverte,
42:50 il devait peut-être y avoir une explosion sur quelqu'un
42:54 qui va peut-être aussi tuer la personne ou bien l'amputer.
43:00 Donc c'est une famille encore qui est dans des problèmes.
43:03 Je ne sais pas si c'est le bébé que ça fait.
43:06 (bruits de chien)
43:09 (bruits de chien)
43:12 (radio)
43:37 - OK, à ce niveau, qu'est-ce que vous avez fait ?
43:40 - À ce niveau, j'ai sondé pour voir
43:42 s'il n'y a pas un système de piégeage tout autour.
43:46 Mais c'est bon, donc j'ai barré, quoi.
43:50 Donc on va attendre les dernières instructions.
43:53 - OK, prends-moi juste une photo et puis remonte à la zone de vie.
43:57 Après, on donnera les consignes pour le traitement de l'ammunition.
44:01 - OK, terminé.
44:06 - Guy, tu prends les photos.
44:09 - En bas, j'ai sondé tout autour.
44:12 Donc j'ai excavé, donc je n'ai rien trouvé.
44:16 - OK, donc là, effectivement, c'est une terre de roquettes.
44:19 Donc comme on est en excavation complète, on peut détruire sur place.
44:24 Ce qu'on va faire pour que ça ne ralentisse pas le travail,
44:27 on va fermer ce couloir et continuer à progresser sur l'autre couloir.
44:32 Après, le temps qu'Elisabeth fasse une liaison communautaire
44:35 et avertir la population qu'à peu près avant la descente,
44:39 on va détruire.
44:41 Et là, s'ils entendent une détonation, ils ne seront pas surpris.
44:45 - Elisabeth est en charge de la liaison communautaire.
44:49 Elle intervient avant, pendant et après un chantier de déminage.
45:04 Avant l'ouverture d'un chantier, il s'agit avant tout
45:07 d'établir une relation de confiance avec les populations locales
45:10 pour obtenir des habitants des informations fiables
45:13 sur les lieux potentiellement à risque.
45:15 C'est ce qu'on appelle une enquête non technique.
45:18 - Qui est-ce que tu veux?
45:21 Qui est-ce que tu veux?
45:24 Qui est-ce que tu veux?
45:27 Où est-ce que tu veux?
45:30 Adrien Ousmane!
45:33 - Pendant le déminage, elle les renseigne sur le travail en cours
45:36 et sur les événements inhabituels, comme la destruction
45:39 de la roquette découverte le matin même.
45:42 Et à la fin du chantier, la confiance établie permet
45:45 de certifier aux habitants qu'on leur rend un territoire dépollué,
45:48 qu'ils peuvent sans danger se réapproprier soit en le cultivant,
45:51 soit en remettant en service une piste.
45:54 - Ça va? - Ça va très bien.
45:57 - Ça va bien? - Ça va, ça va.
46:00 - Tout en sûre, là? - Oui, oui, vraiment, il fait chaud.
46:03 - D'accord. Ça va bien, merci. - Merci, merci.
46:06 - On a une découverte. - Ah, ça va, voilà. Merci, merci.
46:09 - On a une découverte. - Deux?
46:12 - Là-bas, c'est la piste là-bas. - Oui.
46:15 - Est-ce que c'est pas juste à l'intersection? - Euh, non, je sais pas trop.
46:18 Mais je pense qu'à l'intérieur, là où ils sont en train de travailler,
46:21 parce qu'on était rentrés la dernière fois, tu avais vu?
46:24 - Oui. - Voilà, c'est à l'intérieur. - Ils sont arrivés?
46:27 - Non, non, ils sont pas encore arrivés. - C'est là où je disais,
46:30 à la fin de l'année, il y a une intersection. - Non, ils sont pas encore arrivés.
46:33 C'est juste là où on a dessouché le quinquéliba.
46:36 - Oui. - Je pense que c'est à ce niveau-là.
46:39 - C'est une terre de récoltes qu'on a trouvée là-bas. - D'accord.
46:42 - Et donc, on va la détruire. C'est à 14h, oui.
46:45 Avant cela, peut-être que... Oui, comme ça, peut-être que tu auras...
46:50 Ou bien on va te montrer la photo.
46:53 - On te laisse? - D'accord, merci.
46:56 - Allez, merci beaucoup. Bon courage.
46:59 - Tchô!
47:07 Tchô!
47:10 De retour!
47:13 - C'est bon? - C'est bon.
47:16 - C'est bon.
47:19 - C'est bon.
47:22 (paroles inaudibles)
47:25 (paroles inaudibles)
47:32 - L'aménushon a été protégée de sorte qu'elle ne décolle pas
47:41 avec le choc de l'explosion.
47:44 Donc là, tout est fait en plaie.
47:47 L'explosif est là.
47:50 On a le sac à terre en place.
47:53 Donc on va retourner tous à la zone de vie.
47:56 Et l'artificier seul va rester ici,
47:59 accompagné d'une personne pour faire le dernier amorçage.
48:02 Donc voilà les étapes pour la destruction sur place.
48:07 (bruit de la mer)
48:10 - Elle va être détruite.
48:20 C'est pas une mine, une roquette.
48:23 - Retour!
48:26 - OK, terminé pour 77.
48:29 - Est-ce que tous les personnages sont à la zone de vie?
48:32 Je suis pas là.
48:35 (bruit de la mer)
48:38 (paroles en anglais)
48:43 (paroles en anglais)
48:49 - À toutes les unités,
48:56 au début de la détonation.
48:59 (paroles en anglais)
49:03 - C'est parti.
49:06 (explosion)
49:09 (soupir)
49:17 - Ça a saupillé jusqu'ici, va.
49:20 Donc là, il faut attendre 5 minutes.
49:23 Les gaz vont se poser, après on va les vérifier.
49:26 Mais vu le son qu'on a entendu et ce qu'on a ressenti,
49:29 on s'est dit que tout est parti.
49:32 (soupir)
49:35 (paroles en anglais)
49:43 - Terminé.
49:55 - Félicitations à tout le monde.
49:58 On a passé une belle journée
50:01 et avec un résultat à ne pas minimiser.
50:04 On a sauvé des vies quand même.
50:07 Ce qui est important, vous l'avez sans doute ressenti
50:10 avec le témoignage de l'adjoint au chef du village
50:13 qui était là tantôt.
50:16 Très fier, très content de ce que nous sommes en train de faire.
50:19 Il faut continuer sur cette lancée.
50:22 (paroles en anglais)
50:25 - Le déménage humanitaire, ça fait partie
50:28 d'un mandat de protection des civils.
50:31 Ce mandat de protection des civils, c'est à la fois
50:34 de le plus rapidement possible sauver des vies,
50:37 mais aussi le plus rapidement possible voir reconnaître
50:40 tous les droits de ces gens-là.
50:43 Un droit au service de base, un droit à des projets personnels,
50:46 un droit à la paix, à la participation économique
50:49 et sociale dans la communauté.
50:52 C'est ce que nous, on va appeler la réduction de la violence armée
50:55 dans son ensemble.
50:58 - Le plaidoyer repose sur une contradiction dès l'origine.
51:01 C'est l'instantanéité d'une crise
51:04 et l'urgence humanitaire qu'elle peut représenter.
51:07 Et la notion de temps long que nécessite une campagne
51:10 de plaidoyer pour arriver jusqu'à un changement de loi,
51:13 un changement de normes, un changement de comportement.
51:16 Du moment où tu as une personne qui a sauté sur une mine antipersonnelle
51:19 au Cambodge, au Mozambique ou en Angola
51:22 jusqu'au traité d'Ottawa en 1997, il s'est passé 15 ans.
51:25 Et la difficulté de notre métier,
51:28 c'est d'embarquer les gens sur cet espace-temps.
51:31 C'est difficile de lutter contre le pessimisme aujourd'hui
51:34 et l'amorosité ambiante quand tu vois les images de bombardements
51:37 en Ukraine ou en Syrie ou au Yémen.
51:40 Mais lorsque tu travailles intelligemment par la recherche de terrain,
51:43 par la mobilisation citoyenne, par le dialogue direct
51:46 avec les décideurs sur les causes structurelles
51:49 d'un problème donné, ça revient à baisser le nombre de victimes
51:52 et à réduire la somme des souffrances humaines.
51:55 Je pense que nous sommes confrontés à de nouveaux défis
51:58 qui prennent de l'ampleur chaque jour.
52:01 Je ne les considère pas vraiment comme des échecs
52:04 du traité à proprement parler,
52:07 mais ils mettent certainement en cause son efficacité.
52:10 Nous ne pouvons pas dire "Génial ce traité !
52:13 Nous avons interdit les mines antipersonnelles"
52:16 alors que des mines sont posées aujourd'hui encore
52:19 un peu partout dans le monde.
52:22 25 ans après la signature du traité d'Ottawa,
52:28 le nombre de pays déclarés libres de mines
52:31 semble bien modeste face à l'ampleur du travail qui reste à effectuer.
52:34 Le retour des mines antipersonnelles,
52:37 aujourd'hui on est passé à 5 000-6 000 victimes par an
52:40 et on est passé à 5 000 il y a quelques années.
52:43 C'est une petite culture de rappel pour dire
52:46 que le traité d'Ottawa c'est une richesse mais ce n'est pas un acquis.
52:49 Ça signifie que tant qu'il restera un Etat
52:52 qui utilise ou produit des mines antipersonnelles,
52:55 tant qu'il restera encore des victimes de mines antipersonnelles,
52:58 ça veut dire que le boulot ne sera pas terminé.
53:01 Et c'est ça aussi qui fait la spécificité du plaidoyer,
53:04 c'est que ces combats-là au final ne sont jamais finis.
53:07 Ils mettent en jeu un déferlement d'armes et de munitions sans précédent
53:10 et laisseront derrière eux toutes sortes de restes explosifs de guerre.
53:13 En réaffectant la totalité des moyens de déminage
53:16 déployés actuellement dans le monde,
53:19 il faudrait plusieurs dizaines d'années pour dépolluer le seul territoire ukrainien.
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54:07 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org