Jean-Luc Lemaire a 47 ans et mène une existence apparemment très tranquille. Pourtant, cet employé modèle de l’hippodrome de Compiègne, dans l’Oise, disparait un jour de novembre 2008 sans laisser de traces…
35:47 à 1:03:10 : MÈRE MEURTRIÈRE, ÉPOUSE DIABOLIQUE
Geneviève Montilliet est une femme déterminée, et surtout, une mère diabolique. Pour toucher les assurances vie qu'elle avait contractées au nom de son compagnon, Eric de Vriendt, elle n'a pas hésité à demander à ses propres fils et à l'un de leur ami de l'assassiner.
1:03:11 à 1:25:18 : LE TUEUR SONNE TOUJOURS DEUX FOIS
Le 26 septembre 2011, Robert Etienne, un retraité, poignarde sa femme à 66 reprises. En 2002, il s'était acharné de la même façon sur sa précédente épouse, tuée de 73 coups de couteaux.
35:47 à 1:03:10 : MÈRE MEURTRIÈRE, ÉPOUSE DIABOLIQUE
Geneviève Montilliet est une femme déterminée, et surtout, une mère diabolique. Pour toucher les assurances vie qu'elle avait contractées au nom de son compagnon, Eric de Vriendt, elle n'a pas hésité à demander à ses propres fils et à l'un de leur ami de l'assassiner.
1:03:11 à 1:25:18 : LE TUEUR SONNE TOUJOURS DEUX FOIS
Le 26 septembre 2011, Robert Etienne, un retraité, poignarde sa femme à 66 reprises. En 2002, il s'était acharné de la même façon sur sa précédente épouse, tuée de 73 coups de couteaux.
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00:00:00 C'est un homme qui subitement, un soir, va disparaître.
00:00:04 Un homme à la vie rangée.
00:00:06 Jean-Luc, le maire, vivait près de Compiègne avec sa femme et ses 5 enfants.
00:00:11 A 47 ans, il était employé, chargé de l'entretien de l'hippodrome de la ville.
00:00:16 Jean-Luc menait une vie simple et sans heurts.
00:00:20 - Sa vie, c'était aller au travail, rentrer, regarder la télé,
00:00:25 faire les courses le samedi, regarder la télévision dimanche en chaussons.
00:00:30 Mais sa voiture est retrouvée entièrement calcinée.
00:00:34 Et sur les lieux de la découverte, aucune trace de lui.
00:00:37 - C'est sur un chemin forestier, pas très loin d'un petit village.
00:00:43 Et donc, il y a un véhicule qui est brûlé.
00:00:46 Ils font pas tout de suite le parallèle.
00:00:47 Mais en fait, rapidement, il s'avère que c'est le véhicule de Jean-Luc, le maire,
00:00:52 que c'est sa 806.
00:00:53 Qu'est-il arrivé à Jean-Luc Le Maire ?
00:00:56 Les gendarmes vont alors découvrir que, derrière les murs du pavillon de Jean-Luc,
00:01:01 se cachait une autre vie.
00:01:02 Au 2008, une femme blonde d'une trentaine d'années ouvre la porte de la brigade.
00:01:23 Elle s'appelle Isabelle Le Maire.
00:01:25 Elle est venue accompagnée d'un ami.
00:01:27 Il est midi.
00:01:28 Un gendarme invite Isabelle à s'asseoir et commence à l'écouter.
00:01:32 - Isabelle Le Maire va voir les gendarmes et leur signale que son mari n'est pas rentré
00:01:38 de la nuit, qu'il était parti des pas d'une voiture, etc.,
00:01:41 et qu'il devait rentrer par ses propres moyens, qu'il n'est jamais rentré.
00:01:44 C'est une femme inquiète, angoissée, qui fait face aux gendarmes.
00:01:50 Une épouse qui semble bouleversée par l'absence inhabituelle de son mari.
00:01:54 - Elle est paniquée, presque épouvantée.
00:01:59 Elle a des larmes qui coulent de ses yeux.
00:02:04 Mais elle s'englotte, en fait, plus qu'elle ne pleure.
00:02:07 Isabelle Le Maire explique que son mari a quitté le domicile la veille, à 19h,
00:02:14 avec Frédéric Rico, un ami.
00:02:16 Tous les 2 seraient partis rejoindre un 3e homme, Alain Lanternier,
00:02:22 pour dépanner sa voiture au camping de Carlepont.
00:02:24 Rico aurait aidé Lanternier.
00:02:29 Jean-Luc, lui, serait reparti en voiture, seul, de son côté.
00:02:33 Et plus personne ne l'aurait revu.
00:02:36 A 23h, n'ayant aucune nouvelle de lui, Isabelle est alors partie à sa recherche.
00:02:42 - Elle, ce qu'elle raconte, c'est qu'elle est allée à la recherche de Jean-Luc
00:02:47 avec Alain Lanternier, qu'ils ont...
00:02:50 Qu'ils sont fouillés partout, là où il aimait aller,
00:02:52 là où il avait l'habitude d'aller se promener, en forêt,
00:02:56 qu'ils ont fait un tour, qu'ils ont même épuisé un plein d'essence,
00:02:58 tellement ils ont cherché Jean-Luc.
00:03:00 Où est donc passé Jean-Luc Le Maire ?
00:03:04 Les gendarmes cherchent à savoir si le couple traverse des difficultés,
00:03:08 si Jean-Luc a pu prendre la poudre des scampettes.
00:03:12 - Alors, elle, elle commence par dire, bon, qu'ils avaient pas de problèmes particuliers,
00:03:17 sauf qu'ils avaient des difficultés financières et que son mari était dépressif.
00:03:26 En effet, les Le Maire ont du mal à boucler les fins de mois.
00:03:30 C'est une grande famille, avec 5 enfants à nourrir,
00:03:33 mais Jean-Luc est le seul à travailler et son emploi ne rapporte pas assez.
00:03:41 - Isabelle Le Maire, elle a été femme au foyer, elle travaillait pas.
00:03:43 Donc elle avait pas de revenus, mis à part les allocations qu'elle a pour ses enfants.
00:03:48 Et lui, Jean-Luc Le Maire, il avait un emploi d'homme à tout faire, en fait,
00:03:54 à l'hippodrome de Compiègne.
00:03:55 A l'hippodrome, Jean-Luc Le Maire gagne 1 800 euros.
00:04:01 Et depuis 6 mois, il est en arrêt maladie.
00:04:04 Il souffre d'une hernie et la situation de la famille s'est dégradée.
00:04:10 - Le couple Le Maire a des difficultés financières, parfois.
00:04:14 Et il est vrai que du témoignage de la collègue de Monsieur Le Maire,
00:04:20 on a appris que régulièrement, il demandait des accomptes sur sa paye à son employeur, etc.
00:04:26 D'après Isabelle Le Maire, fatiguée et préoccupée par ses soucis d'argent,
00:04:32 son mari n'aurait plus le moral.
00:04:34 Il aurait même des tendances suicidaires.
00:04:38 - Après sa femme, plusieurs fois, il a essayé de se jeter sous le train.
00:04:42 Voilà, qu'il en a parlé, mais qu'une fois, il a vraiment failli y aller.
00:04:46 Effectivement, un passage à niveau jouxte leur pavillon de Langueuil-Annelle.
00:04:52 La voie ferrée est seulement à quelques mètres de chez eux.
00:04:56 Au vu des déclarations d'Isabelle Le Maire, les gendarmes décident d'intervenir.
00:05:01 Ils ouvrent une enquête pour disparition inquiétante.
00:05:05 Et quelques heures plus tard seulement, une découverte vient donner immédiatement
00:05:09 une nouvelle tournure à cette affaire.
00:05:11 - Les gendarmes, eux, vont découvrir le véhicule en forêt.
00:05:16 Je crois que c'est sur un chemin forestier, pas très loin d'un petit village.
00:05:22 Et donc, il y a un véhicule qui est brûlé.
00:05:25 Ils ne font pas tout de suite le parallèle, mais en fait, rapidement,
00:05:29 il s'avère que c'est le véhicule de Jean-Luc Le Maire, que c'est sa 806.
00:05:34 La voiture de Jean-Luc Le Maire est donc retrouvée entièrement calcinée
00:05:38 au carrefour des Écuyers, à 15 kilomètres de chez lui.
00:05:41 Mais autour de la carcasse du véhicule, aucune trace de Jean-Luc
00:05:47 et un élément trouble les enquêteurs.
00:05:50 L'endroit où vient d'être retrouvé le véhicule est situé en pleine forêt de Compiègne.
00:05:55 Une direction totalement opposée à celle que Jean-Luc Le Maire
00:06:00 aurait dû emprunter le soir de sa disparition.
00:06:03 Des équipes cynophiles sont déployées dans les massifs forestiers de Compiègne,
00:06:07 là où la 806 a été retrouvée.
00:06:10 Des hommes grenouilles passent au peigne fin les étangs du secteur, mais en vain.
00:06:15 Aucune piste ne se profile.
00:06:19 Ce n'est qu'une semaine plus tard qu'un nouvel indice est retrouvé,
00:06:23 la carte d'identité de Jean-Luc Le Maire.
00:06:30 - C'est un promeneur qui les retrouve.
00:06:34 Ils ont été jetés d'un pont à Tourotte,
00:06:38 qui est une petite ville juste à côté de Longueuil-Hanel.
00:06:41 Et en fait, ils étaient en train de flotter dans le canal latéral à l'Oise.
00:06:45 Une voiture entièrement calcinée, des papiers éparpillés dans la nature
00:06:51 et toujours aucune trace de Jean-Luc Le Maire.
00:06:54 Les éléments sont trop troublants pour continuer à croire à une simple disparition
00:07:00 ou à l'hypothèse d'un suicide.
00:07:01 Le 17 novembre 2008, une procédure criminelle est lancée.
00:07:09 - Nous avons ouvert une information pour sequestration,
00:07:18 enlèvement de personnes, parce qu'à ce moment là, on ne sait pas.
00:07:24 Tout ce qu'on sait, c'est que ce monsieur a disparu.
00:07:28 Un juge d'instruction est alors saisi de l'affaire.
00:07:33 Les gendarmes vont pouvoir mettre sur écoute et perquisitionner le domicile du couple.
00:07:38 Ils vont alors découvrir l'histoire d'une famille singulière.
00:07:55 Derrière les murs du pavillon des Le Maire, les gendarmes vont découvrir
00:07:59 une famille peu ordinaire, car lorsqu'ils passent les portes de leur maison de Longueuil à Nel,
00:08:04 les enquêteurs s'aperçoivent que la veuve de Jean-Luc Le Maire ne vit pas seule.
00:08:09 Un certain Frédéric Ricot habite avec elle.
00:08:13 Il s'est installé chez les Le Maire il y a deux ans.
00:08:16 Cet homme serait une vieille connaissance d'Isabelle qu'elle aurait retrouvée par hasard.
00:08:21 - Ricot va rencontrer Madame Le Maire, en réalité, alors qu'il la connaît déjà,
00:08:27 puisqu'ils ont vécu dans des villages voisins.
00:08:30 Il la connaissait de vue et il va la rencontrer, tout simplement,
00:08:35 d'une manière très banale, en faisant ses courses dans un hypermarché.
00:08:38 Au milieu des rayons, les deux anciens amis discutent
00:08:43 et Frédéric aurait raconté ses difficultés à Isabelle.
00:08:46 - Donc là, ils prennent de leurs nouvelles.
00:08:48 Frédéric, comment vas-tu ?
00:08:50 - Bah voilà, en ce moment, j'ai une passe à vide.
00:08:53 Voilà, j'ai eu un accident de moto.
00:08:56 J'ai des problèmes de santé.
00:08:58 Je n'ai pas de boulot.
00:08:58 Et donc, dans sa grande bonté, Isabelle Le Maire propose à Frédéric
00:09:04 de venir loger à la maison.
00:09:07 Frédéric Ricot serait donc venu s'installer sur le canapé des Le Maire en dépannage.
00:09:15 - Elle dira à son mari que ça va rapprocher Ricot de son lieu de travail.
00:09:21 Puisqu'à l'époque, il était un peu éloigné du site où il avait été embauché.
00:09:29 Mais en réalité, Isabelle Le Maire et Frédéric Ricot vont très rapidement entamer une liaison.
00:09:36 À partir de ce moment-là, le mari, la femme et l'amant vont cohabiter
00:09:42 l'air de rien sous le même toit.
00:09:45 - Dans la maison, le couple Le Maire dort dans la même chambre.
00:09:50 Les enfants dans leur chambre et M. Ricot dort en bas dans un canapé.
00:09:53 Et de ce que comprennent les enquêteurs, Jean-Luc Le Maire tolère cette situation sans broncher,
00:10:00 poussée par un amour quasi aveugle.
00:10:03 - Jean-Luc Le Maire, c'est quelqu'un qui n'a pas envie d'avoir de problèmes,
00:10:09 qui veut avoir sa vie tranquille, qui est attaché à sa femme.
00:10:13 Parce que lui, à partir du moment où il l'a déclaré en mariage, où il a eu des enfants d'elle,
00:10:18 voilà, lui, c'est comme ça.
00:10:20 C'est-à-dire qu'on se marie, on vit toute sa vie avec sa femme, quoi.
00:10:24 Jean-Luc Le Maire va même jusqu'à tolérer les grossesses adultères de son épouse.
00:10:30 - Au début de l'année 2007, donc, il y a Isabelle à couche d'une petite fille
00:10:38 qui s'appelle Louise et il s'avère très rapidement que c'est l'enfant d'Isabelle
00:10:46 et non pas de Jean-Luc Le Maire, mais de Frédéric Rico.
00:10:50 - On a croisé donc la fameuse famille sur une brocante à Langueuil-Annel,
00:10:55 là où il résidait, avec mon épouse et ma belle-mère.
00:10:57 Et là, c'était la cinquième dimension, puisque monsieur Le Maire poussait la poussette avec l'enfant,
00:11:02 qui est sorti d'une hospitalisation, avec madame Le Maire à côté et Frédéric avec eux.
00:11:07 Et on prend des nouvelles, alors ça va mieux, on est content, l'enfant est sorti, tant mieux.
00:11:10 Et là, on sentait Frédéric Rico très gêné, qui s'éloignait, qui revenait,
00:11:13 parce qu'on posait des questions légères.
00:11:14 Mais lorsqu'on posait des questions sur ce qui s'était passé, l'hospitalisation,
00:11:17 c'est monsieur Le Maire qui répondait.
00:11:18 On dit mais c'est lui le père ou quoi ?
00:11:21 Et les enquêteurs découvrent que cette naissance adultère n'est pas la seule.
00:11:27 Car quelques années auparavant, comme par miracle, les Le Maire ont eu un enfant métis,
00:11:32 sur lequel Isabelle a trouvé une explication plutôt hasardeuse.
00:11:38 À la naissance, on se rend bien compte qu'il n'y a aucune ressemblance avec Jean-Luc,
00:11:42 que l'enfant est métis.
00:11:43 Et donc elle fait oui, en fait je suis tombée, voilà, et ça c'est un bleu.
00:11:47 Mais le bleu va s'estomper, mais voilà, c'est un bleu,
00:11:52 c'est un bleu qui s'est étendu à tout le corps de l'enfant.
00:11:55 Donc bon, c'est un mensonge qui est un peu plus gros qu'elle.
00:11:59 Et puis un an passe, deux ans passent, trois ans passent,
00:12:03 et puis le gigantesque bleu qui recouvre tout l'enfant, elle est encore là, quoi.
00:12:08 Mais bon, Jean-Luc, qui est toujours conciliant, qui excuse toujours sa femme,
00:12:13 reconnaît l'enfant.
00:12:15 Sur les cinq enfants des Le Maire, trois au total ne seraient pas de Jean-Luc.
00:12:21 Mais malgré les mensonges apparents,
00:12:24 les enquêteurs comprennent que Jean-Luc Le Maire a préféré tout accepter.
00:12:28 - Il y a des fois où on leur met des œillères pour qu'ils courent à tout droit,
00:12:31 je pense que lui, il avait des œillères et il voulait pas les enlever.
00:12:37 Les premiers éléments de l'enquête démontrent rapidement
00:12:41 que derrière les rideaux du pavillon se cache un bien étrange ménage à trois.
00:12:46 Mais Jean-Luc Le Maire est-il vraiment aveuglé par l'amour
00:12:50 ou a-t-il peur de l'amant de sa femme ?
00:12:53 Une femme qui semble collectionner les hommes.
00:12:57 - Elle les a rencontrés par une plateforme téléphonique.
00:13:01 En fait, c'est l'opérateur qui vous met en relation avec les hommes de la région.
00:13:06 Et donc après, une fois qu'ils ont les numéros de téléphone,
00:13:10 que des deux côtés, ils sont d'accord pour se rencontrer,
00:13:12 c'est eux qui prennent contact.
00:13:14 Donc, ils se téléphonent mutuellement, ils s'envoient des SMS.
00:13:18 Et à ce moment-là, ils se donnent des rendez-vous.
00:13:20 Ces rendez-vous, Isabelle les multiplierait.
00:13:24 En marge de sa vie de femme au foyer,
00:13:26 Isabelle Le Maire a donc aussi une vie de séductrice.
00:13:29 Une attitude qui trouverait son origine dans son enfance.
00:13:33 Car la mère d'Isabelle a, elle aussi, collectionné les relations amoureuses.
00:13:38 Et l'une d'entre elles va d'ailleurs directement impacter la vie d'Isabelle.
00:13:43 - Dans son enfance, elle a été donc abusée sexuellement par le fils de son beau-père.
00:13:51 Et elle n'a jamais été crue. On ne l'a jamais crue.
00:13:56 Adulte, Isabelle Le Maire semble avoir développé un rapport aux hommes peu commun.
00:14:01 Un comportement proche de la consommation de masse.
00:14:04 D'ailleurs, dix jours avant la disparition de son mari,
00:14:08 Isabelle a jeté son dévolu sur un nouvel amant, Alain Lanternier.
00:14:12 L'homme qui l'a accompagné chez les gendarmes pour signaler la disparition de Jean-Luc.
00:14:18 Les gendarmes ont alors de plus en plus de mal à croire aux pleurs d'Isabelle Le Maire
00:14:23 lorsqu'elle parle de son mari.
00:14:26 Et ils décident de placer sur écoute cette épouse peut être moins éplorée qu'elle n'en a l'air.
00:14:32 Les lignes téléphoniques d'Isabelle Le Maire, de Frédéric Rico et d'Alain Lanternier sont placées sous surveillance.
00:14:49 Et deux semaines après la disparition de Jean-Luc,
00:14:52 les enquêteurs repèrent des messages suspects envoyés par Frédéric Rico à Isabelle Le Maire.
00:14:58 - Les enquêteurs vont découvrir certains SMS qui laissent peser,
00:15:06 laissent penser que peut être ils auraient voulu faire disparaître Monsieur Le Maire.
00:15:18 - Des SMS, oui, j'ai peur qu'il me retrouve, il y a mes empreintes dessus, j'ai enlevé la boîte à outils.
00:15:26 Enfin bon, des SMS, ils parlent d'empreintes digitales,
00:15:30 ils parlent qu'il a peur de se faire pincer par les gendarmes.
00:15:36 - Ils vont venir me chercher.
00:15:40 A tous les coups, il y a mes empreintes.
00:15:43 J'aurais su ça, je l'aurais laissé dans la voiture.
00:15:48 Dans la caisse à outils.
00:15:49 Les gendarmes s'aperçoivent aussi qu'Isabelle, Rico et Lanternier ont tous menti
00:15:57 sur le déroulement de la soirée où Jean-Luc a disparu.
00:16:00 - Les investigations ont permis de voir qu'il y avait quand même des contradictions
00:16:09 dans les déclarations des trois protagonistes et surtout par rapport à leur emploi du temps.
00:16:17 Les bandes de vidéosurveillance du camping où Frédéric Rico dit être allé avec Jean-Luc Le Maire ce soir là sont saisies.
00:16:28 Et sur les bandes, on ne les voit à aucun moment.
00:16:32 Rico a donc menti.
00:16:34 Cette soirée là, Isabelle Le Maire, elle, dit avoir cherché son mari pendant plusieurs heures.
00:16:44 Or, au lieu de le chercher, elle apparaît sur les vidéos du camping où habite Alain Lanternier,
00:16:50 son deuxième amant, avec qui elle va passer un moment dans son mobilhome.
00:16:55 - Preuve à l'appui, image à l'appui.
00:16:59 On voit Isabelle Le Maire qui rentre dans le camping et qui une heure et quart plus tard en ressort.
00:17:06 Donc Isabelle Le Maire, contrairement à ce qu'elle a dit, elle n'a pas cherché, voilà, totalement paniqué son mari.
00:17:16 Elle n'a pas cherché pendant des heures.
00:17:18 Elle est allée avec Alain Lanternier dans sa caravane.
00:17:21 Elle y a passé une heure et après, elle est ressortie et ils sont tous les deux rentrés à la maison et au domicile.
00:17:28 Il n'est alors plus possible pour les enquêteurs de se fier aux déclarations d'Isabelle et de ses deux amants.
00:17:36 La juge d'instruction les place tous les trois en garde à vue.
00:17:38 Nous sommes le 26 novembre, deux semaines après la disparition de Jean-Luc.
00:17:43 - Donc Isabelle et les deux amants sont placés en garde à vue et très rapidement, en fait, c'est Alain Lanternier qui va craquer, qui va dire voilà,
00:17:58 moi, j'ai été entraîné dans une affaire pas claire.
00:18:05 Frédéric Ricot a tué Jean-Luc Lemaire.
00:18:08 Il m'a forcé à l'aider.
00:18:09 Avant cette soirée fatale, Lanternier assure qu'il ne connaissait pas Ricot.
00:18:15 Selon ses déclarations, il aurait suivi en voiture Jean-Luc Lemaire et Frédéric Ricot, ce dernier prétextant une panne sur son véhicule stationné un peu plus loin.
00:18:26 Mais sur la route, Ricot se serait brusquement arrêté dans un virage.
00:18:33 Eh bien, M. Ricot a timé l'ordre manifestement à M. Lemaire de garer son véhicule.
00:18:39 Lanternier se garera derrière et il verra une dispute, une intercation dans la voiture.
00:18:45 Et il verra aussi M. Ricot descendre de ce véhicule et attraper à la gorge M. Lemaire et le sortir de la voiture.
00:18:54 Alors Lanternier, dans un premier temps, il est complètement pétrifié.
00:18:57 Selon l'intern, il va trouver le courage de sortir de son véhicule et de demander à Ricot d'arrêter.
00:19:02 Qu'est ce qu'il fait?
00:19:03 Qu'est ce qui se passe?
00:19:04 Et là, eh bien, Ricot lui a timé l'ordre de se mettre de côté, d'ailleurs, en le bousculant assez violemment au point de le faire chuter.
00:19:11 Et il ne pourra qu'assister à cette scène.
00:19:14 Jean-Luc Lemaire serait mort à ce moment là et Frédéric Ricot aurait alors caché le corps derrière un talus.
00:19:22 Il aurait ensuite forcé Alain Lanternier à le suivre à quelques kilomètres de là.
00:19:29 M. Ricot s'est emparé d'un tournevis et a percé le réservoir.
00:19:32 Le véhicule s'est embrasé.
00:19:34 Préalablement, il avait vidé le véhicule de ce qu'il pouvait contenir, notamment une caisse à outils, une barre de remorquage.
00:19:42 Et puis, semble t il, discussion à ce sujet là, d'ailleurs, les sièges enfants qui s'y trouvaient.
00:19:49 La voiture aurait pris feu et là, Ricot serait alors revenu chercher le corps caché derrière le talus et aurait forcé Alain Lanternier
00:19:59 à le transporter à la sablière de Bitry, qui se trouve juste à côté.
00:20:04 Face à ces accusations, les gendarmes veulent connaître la version de Frédéric Ricot qu'Alain Lanternier vient de désigner comme le meurtrier.
00:20:13 - Ricot va dire non pas qu'il a assassiné M. Lemaire, non pas non plus qu'il a voulu le tuer.
00:20:21 Il va simplement dire qu'il y a eu une altercation entre eux au sujet des enfants
00:20:27 et qu'à l'occasion d'une dispute, ils ont échangé des coups.
00:20:31 Il va d'ailleurs indiquer que Lanternier est présent, que Lanternier ceinture M. Lemaire, qu'une dispute s'en suit et qu'à l'occasion de cette bagarre,
00:20:47 des coups échangés, des coups portés, M. Lemaire va décéder.
00:20:51 La mort de Jean-Luc serait donc un accident.
00:20:55 Une fois Jean-Luc Lemaire mort, Ricot dit qu'il a bien incendié la voiture et jeté les papiers d'identité du haut d'un pont.
00:21:02 Il explique également qu'il aurait prévenu Isabelle de cet événement seulement quelques jours avant cette guerre d'avu.
00:21:11 De son côté, Isabelle Lemaire assure qu'elle n'était pas là, mais elle avoue avoir été au courant de la mort de son mari.
00:21:18 Ricot lui aurait fait comprendre qu'il l'avait tué, mais elle aurait eu peur de parler.
00:21:25 Elle dit oui, mais il m'a menacé.
00:21:29 Il menaçait, menaçait mes enfants de mort et tout.
00:21:34 Voilà, Frédéric Ricot m'a déjà frappé.
00:21:37 Il a déjà frappé mes enfants.
00:21:39 Alain Lanternier et Frédéric Ricot sont mis en détention provisoire pour assassinat.
00:21:45 Isabelle Lemaire pour complicité d'assassinat.
00:21:48 Les enquêteurs se rendent alors sur les lieux désignés par Frédéric Ricot dans la sablelière de Bitrine.
00:21:55 Ils pensent trouver le corps de Jean-Luc Lemaire rapidement, mais les recherches vont durer plusieurs jours.
00:22:00 Il a fallu utiliser des plongeurs, des chiens policiers et véritablement creuser à différents endroits pour essayer de retrouver et localiser le corps.
00:22:11 Ça a été très pénible.
00:22:12 Le corps est finalement retrouvé deux semaines plus tard.
00:22:17 L'autopsie va alors révéler des marques de strangulation et plusieurs traces de coups.
00:22:23 La thèse de l'accident avancé par Ricot s'écroule.
00:22:26 C'est alors que Ricot se rétracte.
00:22:28 Non, il n'a pas tué Jean-Luc Lemaire.
00:22:31 Le meurtrier, c'est Lanternier.
00:22:33 Lui n'a rien fait, pas même enterré le corps.
00:22:36 Il explique que cette nuit là, il a été un spectateur impuissant de la scène.
00:22:42 - Il dira Lanternier m'a menacé.
00:22:47 Il venait de s'en prendre à monsieur Lemaire.
00:22:50 Il venait de le frapper.
00:22:51 Quasiment, il l'a tué.
00:22:53 Effrayé par les menaces du nouvel amant d'Isabelle, Ricot n'aurait donc fait qu'obéir aux ordres.
00:23:00 Chacun se renvoie la responsabilité du meurtre.
00:23:03 Et pour tenter de connaître leur rôle, les gendarmes vont alors s'intéresser à un élément capital, le mobile.
00:23:21 Jean-Luc Lemaire a-t-il été tué pour des raisons financières ?
00:23:24 Une histoire d'argent ?
00:23:26 Pour trouver des éléments qui étayent cette hypothèse, les enquêteurs perquisitionnent chez la mère de Frédéric Ricot.
00:23:33 Ils mettent alors la main sur de nombreux papiers qui proviennent des comptes bancaires de Jean-Luc Lemaire.
00:23:39 - En réalité, madame Lemaire est très dispendieuse.
00:23:44 Monsieur Lemaire est très peu compétent.
00:23:46 Et en réalité, dans le rôle qui est celui de monsieur Ricot,
00:23:51 il lui a été, parce qu'il était un peu plus, évidemment, entre guillemets, "évolué" que les deux autres,
00:23:57 sur le plan de la gestion, elle lui a demandé d'abord deux choses.
00:24:01 De cacher à son mari un certain nombre de dépenses qu'elle faisait,
00:24:06 et demander à monsieur Ricot de faire le monsieur bon office pour essayer de calmer les créanciers.
00:24:13 Et en approfondissant leur enquête, les gendarmes découvrent que, par le biais de son travail,
00:24:18 Jean-Luc Lemaire a mis de côté une somme plutôt conséquente.
00:24:22 - Jean-Luc a une assurance vie par son travail.
00:24:26 Il a à peu près 72 ou 73 000 euros.
00:24:30 À ça s'ajoute une somme par enfant.
00:24:34 Jean-Luc a 5 enfants.
00:24:36 Il a aussi une assurance vie par sa banque.
00:24:40 Et donc, en fait, tout cumulé, on se rend compte que Jean-Luc Lemaire, quelque part,
00:24:45 il vaut plus mort que vif.
00:24:49 C'est-à-dire qu'Isabelle, qui est l'unique destinataire de ses assurances vie,
00:24:53 pourrait hériter de 156 000 euros, à peu près.
00:24:56 Jean-Luc Lemaire serait-il alors devenu l'homme à abattre ?
00:25:01 D'autant que depuis qu'il est en arrêt maladie, cela fait maintenant 6 mois
00:25:07 qu'il ne ramène plus grand chose à la maison, juste des indemnités.
00:25:11 Isabelle et Rico, étaient-ils au courant de cette somme
00:25:15 qu'Isabelle pouvait toucher en cas de décès de son mari ?
00:25:17 Rico lui en aurait-il parlé ?
00:25:19 Un mobile financier se dessine.
00:25:22 Une thèse que rejette en bloc l'avocat de Frédéric Rico.
00:25:25 - Parce que cette histoire d'assurance vie, ça a été trouvé après coup
00:25:31 pour essayer d'habiller l'affaire en disant "ils ont tué Lemaire pour de l'argent".
00:25:35 Tu parles.
00:25:37 Chez la mère de Rico, les enquêteurs vont pourtant tomber
00:25:41 sur un élément qui tente à confirmer cette hypothèse.
00:25:43 - Au cours des perquisitions, les enquêteurs trouvent également
00:25:47 un bond de commande pour une voiture,
00:25:53 une petite coupée, une voiture décapotable.
00:25:55 Et en fait, bon, ils vont voir le garagiste.
00:25:59 Ils vont voir le garagiste qui lui dit "bah oui, bien sûr,
00:26:02 j'ai reçu la visite d'Isabelle et de Frédéric Rico".
00:26:06 C'est un petit couple, voilà, ils sont venus me voir.
00:26:10 Ils voulaient la voiture et m'ont dit qu'ils allaient avoir un apport d'argent
00:26:15 assez conséquent, très rapidement.
00:26:17 La voiture, je crois qu'elle devait coûter 17 000 euros, quelque chose comme ça.
00:26:20 Plusieurs témoins vont alors être entendus et deux d'entre eux
00:26:26 vont faire des déclarations étonnantes.
00:26:28 Frédéric Le Petre, ami de longue date de Rico,
00:26:32 va répéter aux gendarmes des propos tenus par ce dernier.
00:26:35 - C'est un ami de Rico qui s'appelle Frédéric aussi.
00:26:40 Et Frédéric, lui, il assure aussi que Isabelle lui a demandé,
00:26:48 s'il voulait participer, s'il voulait l'aider avec Frédéric Rico
00:26:54 à mettre fin au jour de Jean-Luc Lemaire, en fait.
00:27:01 Selon son ami, Rico aurait très exactement dit
00:27:04 "il n'en a plus pour longtemps" et Isabelle aurait répondu
00:27:07 "on va le flinguer, on a vu quelqu'un".
00:27:10 Ces propos menaçants, le couple les aurait tenus à une autre reprise.
00:27:15 Devant Julien Lemercier, un amant d'Isabelle.
00:27:18 - Une semaine avant, à peu près, il était au domicile de Jean-Luc Lemaire.
00:27:23 Et donc, en fait, Isabelle lui a dit voilà, est ce que moi, j'en peux plus.
00:27:30 Voilà, je suis avec Frédéric, il nous faut un troisième homme.
00:27:33 Il nous faut un deuxième homme, en fait, pour faire disparaître mon mari.
00:27:39 Voilà, est ce que tu es d'accord ?
00:27:41 Donc lui, oh là là, surtout pas.
00:27:42 Lui, il est paniqué, lui, il veut surtout pas avoir affaire à une histoire.
00:27:47 Je veux pas rentrer dans une histoire comme ça.
00:27:49 Ces nouvelles révélations dirigent les enquêteurs vers la thèse de la préméditation.
00:27:55 C'est Isabelle et Rico qui auraient agi ensemble pour se débarrasser de Jean-Luc.
00:28:01 Pour Alain Lanternier, en revanche, les gendarmes ne possèdent pas assez d'éléments
00:28:05 pour l'incriminer au même titre que les deux autres.
00:28:07 Le deuxième amant apparaît plus comme un pion, un homme fragile et influençable.
00:28:13 Un peu simple qu'Isabelle Lemaire aurait utilisé dès leur rencontre.
00:28:18 - Elle lui tient un discours qui est un discours amoureux.
00:28:23 Elle recherche l'amour, dit-elle.
00:28:26 Lui, recherche l'amour de son côté et elle lui promet dès le premier jour.
00:28:30 Elle lui promet le mariage, une vie ensemble et des enfants à venir.
00:28:36 Et visiblement, Alain Lanternier va croire tout ce que lui promet Isabelle Lemaire.
00:28:42 Il va même, malgré de grosses difficultés financières, prêter de l'argent à Isabelle.
00:28:48 Il lui aurait notamment signé un chèque de 1 500 euros pour son loyer.
00:28:54 - Monsieur Lanternier a été le dindon de la farce, le pigeon.
00:28:56 Monsieur Lanternier a été aveugle sur toute la ligne,
00:28:58 non seulement concernant sa relation avec Madame Lemaire,
00:29:03 mais plus généralement Madame Lemaire.
00:29:04 À la fin de l'instruction, la juge estime qu'il n'y a pas de charge suffisante contre Lanternier.
00:29:11 Elle décide alors qu'après 18 mois de détention, Lanternier peut quitter la prison
00:29:17 et être placé sous contrôle judiciaire en attente de son procès.
00:29:22 - C'est à dire que là, il n'est plus inculpé pour complicité de crime, quelque part,
00:29:29 mais juste pour dissimulation de cadavre et non dénonciation de crime.
00:29:37 L'enquête touche à sa fin.
00:29:40 La juge d'instruction ordonne le renvoi de l'affaire devant la cour d'assise
00:29:45 et décide donc que les deux amants ne seront pas jugés pour les mêmes chefs d'inculpation.
00:29:51 Alain Lanternier est seulement poursuivi pour destruction de véhicules,
00:29:54 non empêchement de crime et dissimulation de cadavre.
00:29:58 Frédéric Ricot, en plus, pour assassinat.
00:30:01 Isabelle Lemaire, quant à elle, semble avoir participé activement
00:30:06 à la mise en place d'un scénario macabre pour tuer son mari,
00:30:09 ce qu'elle dément formellement.
00:30:11 Elle est jugée pour complicité d'assassinat,
00:30:14 va alors s'ouvrir le procès des amants diaboliques de Compiègne.
00:30:18 *Musique*
00:30:30 Été 2012, quatre ans après la mort violente de Jean-Luc Lemaire,
00:30:34 le procès de son épouse et de ses deux amants s'ouvre devant la cour d'assise de Beauvais.
00:30:39 - Il y avait du monde parce qu'il y avait un côté croustillant dans l'affaire Lemaire,
00:30:46 la femme, les deux amants, le mari, un côté vaudeville qui fait que les articles avaient été très lus
00:30:51 quand l'affaire avait éclaté et que cette affaire était attendue.
00:30:54 Les jurés découvrent trois accusés qui se rejettent les fautes.
00:30:58 Les deux hommes se font face.
00:31:00 Chacun désigne l'autre comme le tueur.
00:31:02 L'avocat de Frédéric Ricot le présente comme une victime,
00:31:06 un homme apeuré par les menaces d'Alain Lanternier.
00:31:09 Ricot, lui, dans son box, ne bronche pas.
00:31:14 - C'est pas quelqu'un d'expressif et qui peut être mal interprété,
00:31:17 comme quelqu'un, je vous le dis, de froid ou d'insensitif, mais c'est vraiment pas le cas.
00:31:21 C'est quelqu'un qui est très, qui intérioreuse beaucoup.
00:31:23 De son côté, Alain Lanternier arrive libre, sous contrôle judiciaire,
00:31:29 présenté comme l'homme faible de l'affaire par ses défenseurs,
00:31:32 une sorte de pigeon tombé au mauvais endroit au mauvais moment.
00:31:37 - Monsieur Lanternier est quelqu'un de très faible psychologiquement
00:31:42 et qui ne supporte pas cette pression, cette angoisse, ces inquiétudes.
00:31:49 Et c'est ce qui m'a fait dire depuis le début que je ne vois pas comment cet homme,
00:31:54 qui est aussi fragile psychologiquement, qui a si peu de force, finalement,
00:31:59 ait pu commettre un crime pareil.
00:32:01 Tout le long du procès, Frédéric Ricot et Alain Lanternier
00:32:06 n'ont de cesse de s'accuser mutuellement.
00:32:09 Et puis, il y a Isabelle Lemaire, l'épouse du défunt,
00:32:12 la femme du procès qui martèle qu'elle n'y est pour rien.
00:32:15 Et dès le début, Isabelle apparaît comme une femme effondrée.
00:32:20 Dans le box des accusés, elle s'englote.
00:32:23 - On ne l'a pas beaucoup entendue lors du procès.
00:32:24 Elle pleurait beaucoup, elle se contentait de dire oui ou non,
00:32:29 ou je ne me souviens pas, mais quelquefois sur des sujets,
00:32:32 donner quelques détails, mais c'est très répétitif.
00:32:35 Elle a un discours qui est très répétitif et qui...
00:32:37 Elle ne se défend pas vraiment.
00:32:42 Son avocate veut convaincre les jurés.
00:32:46 Isabelle n'a jamais voulu la mort de son mari.
00:32:49 Elle n'est pas la commanditaire de ce meurtre.
00:32:52 Il n'y a pas eu préméditation.
00:32:53 Pourtant, un des témoins appelés à la barre va venir appuyer cette thèse.
00:32:59 Julien Lemercier est auditionné, l'amant auquel Ricot et Isabelle
00:33:04 auraient demandé de les aider à liquider Jean-Luc Lemer.
00:33:07 Et devant la cour, il explique que le soir du meurtre,
00:33:10 Isabelle Lemercier lui aurait téléphoné pour lui dire ça y est, c'est fait.
00:33:15 - Madame Lemer, entendue le premier jour du procès par le président,
00:33:20 vous avez eu le Mercier en ligne ?
00:33:21 - Je ne sais plus.
00:33:23 - Vous avez dit quoi, le Mercier, ce soir-là ?
00:33:26 Vous lui avez dit quoi au téléphone, madame ?
00:33:28 Vous n'en souvenez plus ou vous ne voulez pas le dire ?
00:33:31 - Je ne veux pas le dire.
00:33:34 - Ah, vous ne voulez pas le dire ?
00:33:36 Pourtant, c'est grave, parce que dites voir, l'anternier,
00:33:40 il a entendu, lui, quand il est arrivé que vous aviez le Mercier au téléphone.
00:33:45 Et il a dit quoi ?
00:33:46 Il a dit que vous lui avez dit ça y est, c'est fait.
00:33:49 Face à ces accusations, Isabelle reste muette.
00:33:53 Puis arrive le dernier jour du procès.
00:33:56 Il est 9h, ce vendredi, lorsque les accusés arrivent.
00:34:01 Il y a Isabelle Lemer, Frédéric Ricot, mais Alain Lanternier, lui, n'est pas là.
00:34:05 - Coup théâtre, eh bien, on lui a mis une telle pression que, finalement,
00:34:09 M. Lanternier, eh bien, eh bien, eh bien, pour décompresser,
00:34:14 commet, comme à son habitude, une tentative de suicide.
00:34:18 - Alors, on dit comme à son habitude, c'est fréquent chez lui ?
00:34:22 - C'est fréquent.
00:34:23 Il y a eu plus de 10 tentatives de suicide, plus de 13 même, certainement, oui.
00:34:29 Le président déclare qu'Alain Lanternier ne pourra pas revenir devant la cour.
00:34:33 Il décide alors de disjoindre les dossiers des trois accusés.
00:34:36 Alain Lanternier sera jugé plus tard, le lundi suivant.
00:34:41 30 ans sont requis pour Frédéric Ricot et Isabelle Lemer.
00:34:45 - C'est une image exceptionnelle.
00:34:48 Dans la salle réservée aux accusés, Isabelle Lemer attend son verdict.
00:34:52 - Je vis très mal la détention et surtout d'être appliquée à la prison.
00:34:57 Et surtout d'être appliquée à une complicité de meurtre que je ne suis pas.
00:35:01 Pour moi, ça reste très difficile.
00:35:04 Le verdict est plus clément que les réquisitions.
00:35:09 12 ans pour Isabelle, 18 ans pour Ricot.
00:35:12 - Isabelle Lemer, quand elle entend ça, elle baisse la tête.
00:35:16 Elle se lève, elle regarde son fils et son fils, son fils tout de suite va vers elle,
00:35:24 va vers elle en courant.
00:35:26 Et voilà, et en fait, c'est Isabelle Lemer, elle retrouve un peu son fils avant de partir,
00:35:32 repartir en détention.
00:35:33 L'avocat d'Isabelle Lemer a décidé de faire appel, tout comme celui de Frédéric Ricot.
00:35:40 Alain Lanternier, quant à lui, sera jugé le 27 novembre prochain.
00:35:45 C'est une femme assassine, surnommée la veuve diabolique.
00:36:04 Geneviève Montillet, une manipulatrice dotée d'une vénalité hors du commun.
00:36:11 Une cupidité sans limite qui la conduit à éliminer son concubin, Éric Devrien.
00:36:16 Une femme prête à tout pour assouvir sa soif de richesse, quitte à sacrifier les siens.
00:36:22 - Tout est comme ça dans sa vie.
00:36:24 L'appât du gain et puis une absence totale de moralité.
00:36:27 Et lorsqu'elle se sent acculée, sa volonté est simple, c'est tout simplement de faire reporter
00:36:32 la responsabilité pénale sur une autre personne, que ce soit son fils, que ce soient ses amis,
00:36:40 que ce soit ses proches.
00:36:41 Une mère qui n'a pas hésité à sacrifier ses propres enfants.
00:36:46 Une femme qui a tenté plusieurs fois d'assassiner les hommes qu'il aimait.
00:36:51 Une meurtrière dont le crime aurait pu rester secret à jamais.
00:37:06 L'inquiétude d'une mère, c'est la teneur d'un intriguant courrier que reçoit le procureur
00:37:12 de la République de Grasse en janvier 1993.
00:37:15 La lettre d'une mère inconsolable et pleine de soupçons.
00:37:20 Madame Topinka, elle vient de perdre son fils et a appris sa mort d'une façon surprenante.
00:37:26 Plusieurs jours après son décès et d'un simple coup de téléphone de sa belle-fille.
00:37:33 - Donc, non seulement elle apprend la mort de son fils, mais elle apprend également que
00:37:39 son fils a été incinéré, soi-disant en fonction de ses volontés, de ses dernières volontés.
00:37:44 Et donc, elle reste naturellement choquée et interloquée de cette nouvelle qui lui est
00:37:50 assénée par ce coup de téléphone un soir, coup de téléphone laconique.
00:37:55 Éric Devrien, son fils, est décédé quatre jours plus tôt dans son appartement d'Antibes.
00:38:02 À part sa concubine Geneviève Montillet, personne n'a assisté à son incinération.
00:38:07 D'après elle, Éric Devrien se serait étouffé en mangeant.
00:38:12 Mais Madame Topinka ne croit pas à cette version.
00:38:15 - Elle ignore quand, comment, pourquoi, mais elle a cette absolue conviction que son fils
00:38:23 est mort du fait de Geneviève Montillet.
00:38:27 La requête de cette mère éplorée aurait pu rester sans suite, sans un incroyable concours
00:38:33 de circonstances.
00:38:34 Car à quelques jours d'intervalle, le commissariat d'Antibes reçoit lui aussi un courrier.
00:38:39 Une lettre qui concerne elle aussi, Éric Devrien.
00:38:43 Cette fois, c'est une compagnie d'assurance qui veut des renseignements sur l'accident dont il a
00:38:49 été victime deux mois plus tôt.
00:38:50 - On reçoit un courrier d'une assurance qui demande de transmettre la procédure d'un accident
00:38:55 mortel et les recherches faites par la secrétaire font qu'aucun accident mortel n'est signalé à
00:39:01 cette période là. Donc des recherches sont faites.
00:39:02 On retrouve un dossier qui était justement un blessé avec un accident avec des glides fuite,
00:39:08 mais aucun accident mortel.
00:39:10 Ce dossier est bien celui d'Éric Devrien.
00:39:14 Il a été renversé par une voiture alors qu'il faisait du vélo et le chauffard n'a jamais été
00:39:20 retrouvé. Mais pour les policiers, il y a forcément une erreur.
00:39:25 Car Éric Devrien n'est pas mort dans cet accident.
00:39:28 Ils invitent l'assurance à vérifier que la personne est bien décédée.
00:39:32 Ils lui demandent également qui est à l'origine de cette requête.
00:39:37 - Ils nous informent donc que c'est la concubine qui demande à percevoir des assurances
00:39:44 vies qu'elle avait contractées auprès de ses assureurs.
00:39:47 Sa concubine, Geneviève Montillet.
00:39:52 A leur tour, les policiers sont intrigués par l'attitude de cette femme qui ne leur a pas fait
00:39:57 état du décès d'Éric Devrien.
00:39:59 Dès le lendemain, les policiers du service accident d'Antibes l'interrogent.
00:40:04 Immédiatement, elle fait part de son étonnement suite à cette convocation.
00:40:09 - Elle fait la personne surprise en disant je ne savais pas qu'il fallait venir en service de police
00:40:16 déclarer un décès.
00:40:18 Les policiers lui demandent des précisions sur les circonstances de la mort.
00:40:22 Elle explique qu'Éric Devrien s'est étouffé en mangeant chez lui il y a 10 jours et que cet
00:40:28 étouffement est conséquent à son accident de la route.
00:40:31 - On se dit c'est pas clair comme histoire.
00:40:34 Le fait qu'elle ne déclare pas le décès de M.
00:40:37 Devrien, qu'en plus de ça, elle le fasse incinérer, elle insulte tout le monde, de la famille,
00:40:41 de la police. Ça paraît gros.
00:40:43 Surtout que c'est pas une femme qui paraît assez intelligente.
00:40:46 Elle maîtrise assez bien.
00:40:47 Elle se maîtrise bien, elle est autoritaire, sûre d'elle.
00:40:50 Donc, c'est pas quelqu'un qui manque d'informations.
00:40:53 C'est quelqu'un qui, sciemment, sait ce qu'elle faisait.
00:40:56 Les policiers veulent alors inspecter le vélo d'Éric Devrien.
00:41:01 Peut-être porte-t-il des indices.
00:41:03 - À ce moment-là, lorsqu'elle a été interviewée par nos services, Mme Montiel lui déclare avoir
00:41:08 récupéré le vélo et l'avoir fait détruire.
00:41:09 Donc, ce vélo détruit, il ne nous restait plus grand chose.
00:41:15 Pour le moment, rien ne permet d'affirmer qu'Éric Devrien a été victime d'un assassinat.
00:41:21 Pourtant, grâce aux informations de la compagnie d'assurance,
00:41:25 les policiers vont découvrir un mobile idéal.
00:41:28 Déjà intrigués par le comportement de cette veuve,
00:41:41 les policiers le sont encore plus lorsque la compagnie d'assurance
00:41:45 leur apporte de nouveaux éléments.
00:41:47 - Eh bien là, on se rend compte que nous n'avons pas un seul contrat,
00:41:51 mais nous en avons 8 et qu'on parle de capitaux allant de 200 000 francs français
00:41:57 jusqu'à 1 million de francs pour le plus important.
00:42:00 Le montant total de ces contrats se chiffre à 10 millions de francs,
00:42:04 soit 1,5 million d'euros.
00:42:06 Autant de contrats d'assurance vie pour un homme qui n'avait même pas 40 ans.
00:42:11 Pour les policiers, c'est plutôt inhabituel.
00:42:15 Mais ce qui leur paraît encore plus étrange,
00:42:17 ce sont les clauses très particulières de certains contrats.
00:42:21 - Si l'accident survient un jour férié, le capital est doublé.
00:42:27 Et en plus, si sur certains contrats, nous sommes en présence d'un accident de la route,
00:42:32 le capital est triplé.
00:42:33 Or, coïncidence troublante,
00:42:37 Éric Devrien a bien été victime d'un accident de la route
00:42:41 le 1er novembre 1992, un jour férié.
00:42:44 Plus grave, certains de ces contrats ne semblent pas avoir été signés
00:42:49 de la main d'Éric Devrien.
00:42:51 - À partir du moment où vous avez les 8 contrats devant vous,
00:42:55 vous constatez, en regardant attentivement,
00:42:59 que la signature d'Éric Devrien est un peu différente
00:43:02 sur certains contrats par rapport à d'autres.
00:43:05 Suspicieuse elle aussi, la compagnie d'assurance
00:43:09 décide de faire appel à un expert graphologue.
00:43:12 - L'expert judiciaire que nous choisissons, qui est expert devant la cour,
00:43:17 la cour de cassation, étudie les documents
00:43:21 et constate que ce n'est pas la même signature.
00:43:26 Il confirme notre, notre analyse.
00:43:28 Mais plus intéressant, comme il a la totalité des éléments du dossier,
00:43:33 donc y compris la déclaration d'accident qui est rédigée par Mme Montillet,
00:43:37 il nous dit, mais attendez, la signature que je vois là sur ces contrats
00:43:40 et qui est théoriquement Éric Devrien, en fait,
00:43:43 ça semble être de la main de cette personne
00:43:45 qui a rédigé la déclaration d'accident, c'est-à-dire de Mme Montillet.
00:43:48 Avec ces nouveaux éléments, le procureur de la République
00:43:52 ouvre une information judiciaire pour assassinat.
00:43:55 Interrogée, Geneviève Montillet présente un alibi.
00:43:59 Le jour du décès de son concubin, elle était avec une amie,
00:44:02 Étienne Bernadin.
00:44:05 Elles ont toutes les deux découvert Éric Devrien mort à leur retour vers 18h.
00:44:10 Cet ami confirme l'alibi.
00:44:12 Éric Devrien est-il décédé des suites de son accident ?
00:44:17 Pour le savoir, les enquêteurs interrogent les médecins qui l'ont soigné juste après.
00:44:21 Ils découvrent alors qu'il a été sorti de l'hôpital d'une manière étrange.
00:44:27 - À ce moment-là, son état s'est amélioré,
00:44:32 mais qu'il doit impérativement, selon les médecins,
00:44:35 rejoindre un centre de rééducation.
00:44:36 Il a été très gravement blessé et sa sortie est prévue
00:44:42 quelques jours avant le 11 janvier vers un centre de rééducation.
00:44:47 Cette sortie va être annulée sans raison par Mme Montillet.
00:44:52 Geneviève Montillet refuse systématiquement les admissions
00:44:58 d'Éric Devrien en centre de rééducation,
00:45:01 prétextant qu'elle souhaite s'occuper de lui.
00:45:03 - Ils vont, dans cette hypothèse, à ce moment-là,
00:45:06 mettre en place une hospitalisation à domicile
00:45:09 qui est prévue vers le 20 janvier et contre toute attente,
00:45:14 sans prévenir personne, elle le fait sortir de l'hôpital,
00:45:18 d'ailleurs, à une heure inhabituelle.
00:45:20 Sans attendre, Geneviève Montillet a appelé une ambulance privée
00:45:25 pour ramener Éric Devrien chez lui, hors des horaires de sortie de l'hôpital.
00:45:30 Les soupçons s'accumulent, mais les preuves matérielles, elles, font défaut.
00:45:34 Deux ans après le début de l'enquête,
00:45:37 le dossier Éric Devrien sommeille déjà dans un tiroir.
00:45:40 Pour pouvoir toucher le montant des assurances vie,
00:45:45 Geneviève Montillet attend de bénéficier d'un non-lieu,
00:45:48 avec impatience, peut-être un peu trop.
00:45:51 La veuve va même jusqu'à écrire au ministère de la Justice.
00:45:55 - Comme ce non-lieu, elle l'attendait depuis des années,
00:46:00 on va dire que dans la dernière ligne droite,
00:46:02 elle a manifesté une impatience certaine qui a interpellé le magistrat instructeur.
00:46:07 Alors que le dossier était sur le point d'être classé,
00:46:10 l'attention est à nouveau portée sur cette affaire.
00:46:13 Une nouvelle juge d'instruction reprend alors l'enquête depuis le début.
00:46:17 Une enquête qui, cette fois, va aboutir.
00:46:20 Musique douce
00:46:22 - Cinq ans après la mort suspecte d'Éric Devrien,
00:46:33 l'enquête repart de zéro.
00:46:35 Et c'est la police judiciaire de Nice qui en a maintenant la charge.
00:46:38 Les enquêteurs décident de placer à nouveau Geneviève Montillet
00:46:42 et son entourage sur écoute téléphonique.
00:46:44 Ils interceptent alors une conversation
00:46:48 entre la veuve et Étienne Bernardin, son ami,
00:46:51 qui lui a fourni son alibi.
00:46:52 - Geneviève lui disait, et la conversation téléphonique est très idéfiante là-dessus,
00:46:59 "Vous vous souvenez, Étienne, vous étiez monté à mon domicile.
00:47:03 C'est ce qu'il faudra dire aux policiers, même s'ils ne vous interrogent pas dessus.
00:47:06 Vous aviez vu Éric Devrien...
00:47:09 Vous aviez vu Éric, il était couché.
00:47:12 Il vous a même souri, il vous a fait un signe.
00:47:14 Il faudra le dire aux policiers.
00:47:16 Ensuite, nous étions partis ensemble à l'hôpital.
00:47:19 Et lorsque nous étions revenus ensemble,
00:47:22 vous étiez monté au domicile et il était mort."
00:47:25 Les fils jumeaux de Geneviève Montillet, Valéry et Fabrice, 23 ans,
00:47:31 issus de son premier mariage, sont eux aussi placés sous surveillance.
00:47:36 Après quatre mois d'écoute téléphonique,
00:47:39 la preuve surgit enfin dans une conversation.
00:47:42 Valéry parle à son père, René Desmuliers.
00:47:47 Tous deux évoquent Fabrice et soudain, une phrase va tout faire basculer.
00:47:51 - René dit à Valéry, j'avais eu une discussion avec ton frère Fabrice,
00:48:00 et il est toujours perturbé par ce qui s'est passé.
00:48:02 Et notamment lorsque sa mère lui avait demandé de brancher quelqu'un
00:48:09 pour provoquer l'accident d'Éric Devrien.
00:48:13 Avec ces quelques mots, les enquêteurs pensent alors tenir
00:48:16 le scénario d'une tentative d'assassinat.
00:48:19 - On avait l'élément qui nous permettait de savoir que Fabrice,
00:48:24 que Valéry était au courant de cette tentative d'assassinat d'Éric Devrien,
00:48:30 que Fabrice y était impliqué, que quelqu'un avait piloté un véhicule
00:48:36 pour renverser Éric Devrien et que c'était Geneviève Montillet
00:48:39 qui était le responsable de l'accident.
00:48:42 Geneviève Montillet qui était à l'origine de cette provocation.
00:48:47 Alors que les enquêteurs seraient en mesure d'interpeller Geneviève Montillet,
00:48:52 ils décident d'attendre.
00:48:54 Ils veulent réinterroger d'autres témoins, notamment le médecin
00:48:59 qui a établi le certificat de décès d'Éric Devrien.
00:49:02 Il a inscrit fausse route alimentaire comme cause de sa mort.
00:49:07 Mais face aux enquêteurs, il n'est plus très sûr de lui.
00:49:11 On va réinterroger le docteur, qui va dire, je dirais presque reconnaître
00:49:18 qu'il ne peut pas affirmer que c'était une fausse route alimentaire.
00:49:23 En réalité, c'est sur les indications de Mme Montillet qu'il fait ce certificat.
00:49:26 Voilà, donc il le fait de façon imprudente.
00:49:31 Le lendemain ou deux jours après, Geneviève Montillet leur appelle
00:49:36 et elle lui demande d'indiquer que Éric Devrien
00:49:40 est le mien des morts d'une fausse route qui est consécutive
00:49:43 à un accident de la circulation qui a eu lieu le 1er novembre 1992.
00:49:48 Et c'est ce que va retranscrire le docteur dans un nouveau certificat
00:49:54 médical pour qu'elle puisse l'utiliser pour les assurances.
00:49:58 Cette fois, les policiers ont suffisamment d'éléments pour agir.
00:50:03 En janvier 99, ils interpellent au même moment Geneviève Montillet,
00:50:08 ses fils jumeaux, ainsi que son ex mari, René Desmuliers.
00:50:12 Confrontés aux écoutes téléphoniques, Valéry passe aux aveux le premier.
00:50:17 - Il a été le premier à avoir été sollicité par Geneviève Montillet,
00:50:24 sollicité pour trouver quelqu'un qui irait renverser.
00:50:28 Ce sont les faits du 1er novembre 1992, renverser Éric Devrien
00:50:32 alors qu'il faisait du vélo au Cap d'Antibes.
00:50:36 - Il révèle que lorsqu'Éric Devrien était renversé par une automobile
00:50:41 le 1er novembre, il fait le lien avec la demande qui lui avait été
00:50:44 faite par sa mère et qu'à ce moment là, son frère Fabrice lui avoue
00:50:49 son expression qu'il a fait une grosse connerie.
00:50:51 Après les révélations de son frère, Fabrice craque à son tour.
00:50:56 Lui a bien accepté la proposition de sa mère.
00:51:00 - Il avait contacté à l'époque l'un de ses copains, également drogué
00:51:07 comme lui, qui était mineur et qu'il nous citait, à savoir Yann Baudet,
00:51:14 qui devait utiliser une voiture que Fabrice s'était chargé de voler,
00:51:19 de renverser Éric Devrien et de le tuer.
00:51:23 Fabrice raconte qu'il présente rapidement son ami Yann Baudet à sa mère.
00:51:29 Geneviève Montillet va alors s'empresser de le mettre en confiance.
00:51:33 - Et tout de suite, elle comprend en voyant Yann qu'il s'agit d'une bonne cible,
00:51:38 parce que c'est un être en état de précarité, moral, financière, toxicomane,
00:51:47 qui manifestement est en état de détresse à ce moment là.
00:51:55 Et elle sait faire et elle le place un peu sous sa soi-disante aile protectrice
00:52:02 pour lui promettre monts et merveilles et notamment de l'argent.
00:52:06 L'argent, argument suprême de Geneviève Montillet pour convaincre cet adolescent
00:52:13 de commettre le pire.
00:52:14 L'argent des assurances vie, celle alors, le pacte.
00:52:18 - Elle lui avait promis 500 000 francs, ce qui est énorme pour un gamin
00:52:23 qui n'avait pas trois sous.
00:52:25 Et elle avait promis un million de francs.
00:52:28 C'était des francs à l'époque.
00:52:29 Un million de francs à Fabrice.
00:52:32 Interpellé à son tour, Yann Baudet révèle presque immédiatement
00:52:38 le scénario machiavélique de l'accident organisé d'Eric Devrien.
00:52:42 Le 1er novembre 1992, vers 18 heures, Geneviève Montillet convainc son compagnon
00:52:48 d'aller faire un tour en vélo.
00:52:51 Garé devant la maison et seul à bord du véhicule volé par Fabrice,
00:52:55 Yann Baudet prend Eric Devrien en filature.
00:52:58 Au bout de 20 minutes, ils atteignent une petite route déserte.
00:53:02 - Il va accélérer, nous dit-il, et renverser Eric Devrien de façon très,
00:53:07 très violente.
00:53:08 Il va être projeté.
00:53:11 Il vient meurtrer sur le pare-brise et le toit de la voiture.
00:53:17 Et ensuite, il va prendre la fuite, contrairement à ce que lui a demandé
00:53:22 Geneviève Montillet.
00:53:23 Car Geneviève Montillet avait exigé qu'il s'assure d'avoir terminé le travail.
00:53:29 - Il lui précise et même, c'est lui qui nous le dit, qu'il faut absolument
00:53:34 l'achever, c'est-à-dire il faut qu'il s'arrête.
00:53:36 Il nous dit-il qu'il fasse marche arrière, qu'il lui roule dessus pour être sûr de le tuer.
00:53:40 Devant les révélations de ses fils et de Yann, Geneviève Montillet finit par
00:53:46 avouer à son tour la tentative d'assassinat du 1er novembre.
00:53:50 Mais elle se pose en victime.
00:53:52 - Elle mettra en évidence la dangerosité potentielle d'Eric Devrien à l'égard de ses enfants,
00:54:01 c'est-à-dire les deux enfants nés de sa première union avec René Desmuliers,
00:54:07 et également la dangerosité potentielle d'Eric Devrien à l'égard de leur fille.
00:54:14 Pour les enquêteurs, ce mobile ne vaut rien.
00:54:16 Ni les jumeaux, ni la fille qu'elle a eue avec Eric Devrien ne confirment des violences de sa part.
00:54:22 Pour eux, le seul mobile est l'argent des assurances vie.
00:54:26 Quand ils l'interrogent à ce sujet, la réponse de la veuve les glace.
00:54:31 - Elle lira quand même jusqu'à préciser que finalement, la mort d'Eric Devrien lui permettrait
00:54:38 de toucher le prix des assurances vie.
00:54:40 Et là, cette expression assez étonnante, surtout dans ce cadre,
00:54:43 finalement, c'était de faire d'une pierre deux coups.
00:54:46 Mise en examen, Geneviève Montillet a reconnu l'organisation de l'accident,
00:54:52 mais elle maintient qu'Eric Devrien est mort d'une fausse route alimentaire à son domicile.
00:54:57 Ce n'est pas elle qui a mis fin à ses jours.
00:55:00 Pourtant, Yann Baudet va faire une révélation qui laisse entendre le contraire.
00:55:04 Il raconte que deux mois après l'accident, Geneviève Montillet l'a fait venir au chevet
00:55:10 de son compagnon à l'hôpital.
00:55:12 - Et elle lui propose d'introduire dans la perfusion qui alimente Eric Devrien,
00:55:17 les bulles d'air qui devraient provoquer, pense-t-elle, un arrêt cardiaque.
00:55:22 Il nous dit ne pas avoir eu le courage de le faire et que c'est elle qui a deux reprises
00:55:27 à essayer avec une seringue de rentrer de l'air dans la perfusion.
00:55:32 Mais Geneviève Montillet nie farouchement et elle décide de faire porter toute la culpabilité
00:55:39 sur ses propres enfants, les jetant en pâture au pire soupçon.
00:55:44 Les enquêteurs découvrent alors le vrai visage de cette femme diabolique.
00:55:48 Geneviève Montillet est non seulement désignée comme l'instigatrice d'une double tentative
00:56:04 d'assassinat, mais désormais aussi comme la potentielle meurtrière d'Eric Devrien.
00:56:09 Pour se défendre, elle va alors tout tenter, même l'impensable.
00:56:15 Et en premier lieu, l'aveuve revient sur ses déclarations.
00:56:19 - Lorsque Geneviève Montillet rétracte les aveux qu'elle a passés dans le temps de la guerre d'Avue,
00:56:24 elle indique que ses aveux ont été passés dans le dessin, dans le souhait de protéger
00:56:33 ses enfants.
00:56:35 Une confrontation entre Fabrice et sa mère est donc organisée dans le bureau de la juge d'instruction.
00:56:42 Geneviève Montillet n'hésite pas à désigner son fils comme instigateur du complot.
00:56:47 Elle affirme qu'il a imaginé l'accident du 1er novembre avec Yann Baudet.
00:56:52 Les policiers retiennent alors le fils indigné qui se jette sur sa mère.
00:56:57 - Je crois qu'il serait tombé du 50e étage, ça lui aurait fait le même effet.
00:57:03 C'était quand même la dernière chose à laquelle il s'attendait.
00:57:08 Mais l'aveuve ne s'arrête pas là.
00:57:10 Pour la mort d'Eric Devrien, Geneviève Montillet accuse cette fois son autre fils, Valéry,
00:57:16 et parvient à convaincre.
00:57:18 Le jour du décès, il se trouvait dans l'appartement.
00:57:21 Il est alors mis en examen, mais clame son innocence.
00:57:24 - Il n'était jamais au domicile de sa mère, jamais.
00:57:27 Il vivait dans un squat.
00:57:28 Et c'est vrai que ce jour là, elle l'a fait venir le 15 janvier.
00:57:33 De façon tout à fait exceptionnelle.
00:57:36 Et c'est ce qui fera dire à Valéry qu'elle l'a fait venir pour tenter de lui faire porter le chapeau.
00:57:41 Quelques semaines plus tard, Valéry retrouve la liberté quand l'alibi de sa mère s'effondre.
00:57:47 Placé en garde à vue, Etienne Bernardin est confronté aux écoutes téléphoniques.
00:57:52 - Bernardin s'effondre en disant c'est mon ami qui m'a dit de dire ça.
00:57:55 Voilà, je vous l'ai dit, mais ce n'est pas la vérité.
00:57:59 Geneviève Montillet s'est donc retrouvée seule avec Éric Devrien ce jour là.
00:58:04 Les enquêteurs sont alors convaincus que c'est elle qui l'a assassinée.
00:58:09 Et petit à petit, ils découvrent le visage d'une femme calculatrice et perverse,
00:58:15 obsédée par l'argent, utilisant ses proches comme des marionnettes depuis bien longtemps.
00:58:20 C'est ce que révèlent les jumeaux.
00:58:22 11 ans plus tôt, elle a déjà tenté de les manipuler pour se débarrasser d'Éric Devrien.
00:58:29 - Le prétexte est une partie de chasse et à l'occasion de cette partie de chasse,
00:58:33 elle dit à Fabrice tu lui tireras avec ta carabine en pleine tête.
00:58:36 A l'époque, Fabrice et Valérie sont âgés de 12 ans à peine.
00:58:40 Tout le monde croit alors à un accident de chasse.
00:58:43 - Et c'est Fabrice qui avait utilisé cette carabine pour lui tirer dans la tête.
00:58:50 Éric Devrien avait été hospitalisé et n'avait été que blessé à la suite de ces faits.
00:58:58 Après le portrait de la mère manipulatrice dressée par les frères jumeaux,
00:59:02 René Desmuliers, l'ex mari de Geneviève Montillet,
00:59:05 va quant à lui révéler une autre facette de sa personnalité.
00:59:09 Celle d'une femme assassine.
00:59:12 Au cours de son audition, il affirme que Geneviève Montillet avait tenté de l'éliminer lui aussi,
00:59:18 par peur qu'il ne refuse le divorce au moment de sa rencontre avec Éric Devrien.
00:59:23 - Elle avait fait paraître une petite annonce.
00:59:26 Cette petite annonce parlait simplement d'un coursier.
00:59:31 Elle lui avait demandé s'il était susceptible de faire certaines choses.
00:59:36 S'il était susceptible d'avoir une arme au départ.
00:59:38 Et ensuite, elle lui avait expliqué qu'il fallait, avait-elle dit, se débarrasser d'une crapule.
00:59:44 Le jeune homme avait finalement reculé et prévenu la police.
00:59:49 À l'époque, le couple vit dans le Nord et le commissariat de Roubaix est chargé de l'enquête.
00:59:55 - C'est René Desmuliers qui a été convoqué à la police pour lui dire,
01:00:00 voilà, vous avez failli être la victime d'un assassinat qui était commandité par votre épouse.
01:00:08 Pour protéger ses enfants, René Desmuliers refuse de porter plainte.
01:00:13 Geneviève Montillet n'est jamais inquiétée.
01:00:16 Mais pour le meurtre d'Éric Devrien, cette fois, Geneviève Montillet doit faire face à la justice.
01:00:23 Avant même d'être jugée, la veuve est surnommée par la presse la diabolique.
01:00:28 - Le procès s'ouvre dans une ambiance d'une lourdeur extrême.
01:00:36 Les faits dont il s'agit et la personnalité de Geneviève Montillet ont fait l'objet,
01:00:45 au jour de l'ouverture du procès, mais dès avant le procès lui-même, d'une forme de médiatisation.
01:00:52 Le procès se tient à Nice, devant la cour d'assises des mineurs,
01:00:58 car Fabrice Eyan n'avait que 17 ans à l'époque des faits.
01:01:01 Geneviève Montillet doit répondre de deux tentatives d'assassinat sur Éric Devrien
01:01:07 et de son meurtre avec préméditation.
01:01:09 Mais face à la cour, elle reste stoïque.
01:01:13 - Je considère que c'est un animal à sang froid.
01:01:15 C'est à dire qu'elle vous regardez avec une absence totale de sentiments dans le regard.
01:01:21 L'impression d'avoir fait le travail accompli.
01:01:26 Et puis toujours une volonté de se sauver, un peu comme un animal.
01:01:30 Quand un animal est acculé, de toute façon, tous les moyens sont bons pour se sauver.
01:01:34 Se sauver, quitte à mentir et à rejeter l'entière responsabilité sur son fils Fabrice et sur Yann Baudet.
01:01:43 Eux sont accusés de complicité de tentative d'assassinat.
01:01:47 Mais les avocats s'appliquent à dresser le portrait d'un monstre dont les deux garçons ont été les victimes.
01:01:53 - Même du côté des partis civils, on voulait aussi les défendre.
01:01:57 C'est pas question d'accabler deux jeunes mineurs, 17 ans à l'époque des faits, manipulés comme ils l'ont été.
01:02:07 Chaque témoignage noircite un peu plus l'image de Geneviève Montillet.
01:02:13 Et lorsque son ex mari se présente à la barre, c'est le coup de grâce.
01:02:17 - On nous dit que c'est quelqu'un qui est cupide, que c'est quelqu'un qui ne regrette jamais.
01:02:23 C'est quelqu'un qui est toujours persuadé de détenir la vérité.
01:02:32 Ce qui nous a certainement le plus surpris et qui a surpris les gens qui la connaissent,
01:02:36 c'est qu'elle ait pu avouer un moment, en tout cas une partie des faits.
01:02:41 A l'égard de Yann et Fabrice, le tribunal se montre clément et les condamne à cinq ans de prison.
01:02:50 La diabolique d'Antibes, elle, échappe tout de même à la peine maximale.
01:02:55 Éric Devrien ayant été incinéré, il n'existera jamais de preuves formelles de son assassinat.
01:03:02 Geneviève Montillet écope d'une peine de 25 ans.
01:03:06 Sept ans plus tard, gravement malade, elle décède en prison.
01:03:11 C'est un homme qui va tuer sa femme deux fois, sa première épouse, puis sa seconde.
01:03:17 Deux meurtres d'une rare violence à neuf ans d'écart.
01:03:21 Les mêmes faits, les mêmes circonstances, c'est la réplique exactement à l'identique de ce qui s'était passé neuf ans auparavant.
01:03:28 Cet homme ne tue personne d'autre que les amours de sa vie.
01:03:32 À chaque fois, il va avouer son crime à son voisin de palier.
01:03:37 Ce matin-là, à l'aube, ce sont des cris qui alertent les voisins.
01:03:41 Dans cette résidence sur les hauteurs de Sedan, au deuxième étage de cet immeuble, un couple se dispute.
01:03:48 C'est Brigitte Oudry et Robert Etienne qui sont en train de se quereller.
01:03:52 En fait, il semblerait qu'ils soient en train de se quereller.
01:03:55 C'est un couple qui se dispute.
01:03:57 C'est un couple qui se dispute.
01:03:59 C'est un couple qui se dispute.
01:03:59 C'est un couple qui se dispute.
01:04:00 C'est un couple qui se dispute.
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01:04:41 C'est un couple qui se dispute.
01:04:42 C'est un couple qui se dispute.
01:04:43 Les vieilles rancœurs ressurgissent.
01:04:45 Par la suite, on a appris, cette fois-ci par les enquêteurs de Reims, qu'il y aurait
01:04:55 eu des discussions d'ordre pécuniaire.
01:05:00 Une histoire aussi de vacances et de frais occasionnés par les vacances qui les nervent.
01:05:08 Brigitte voudrait plus de loisirs, plus de vacances, plus de sorties.
01:05:13 Mais Robert, visiblement, serait plutôt du genre à garder son argent au chaud.
01:05:18 - Elle vivait pas sur un train de vie extraordinaire.
01:05:21 Elle avait une voiture qui date de 21 ans.
01:05:25 Bon, elle prenait des vacances, elle allait en Normandie.
01:05:28 C'est pas comme si elle faisait des voyages autour du monde.
01:05:30 Bon, enfin, bon, je pense pas que c'était essentiel, ça, pour elle.
01:05:36 Une chose est certaine, entre Robert et Brigitte, l'échange est très vif et la querelle tourne
01:05:42 à l'affrontement.
01:05:43 - Brigitte Audrey dit de toute façon, je m'emmerde avec toi ou quelque chose d'approchant.
01:05:49 Et en tout cas, qu'est-ce qui se passe dans sa tête ? Mais il pète les plombs.
01:05:53 Le ton monte, la colère aussi, les insultes fusent et subitement, Robert Etienne, 66 ans,
01:06:01 bascule dans la violence.
01:06:02 - On sait que brusquement, il a explosé.
01:06:07 Il a pris un couteau de cuisine.
01:06:10 - Il voit rouge, il pète les plombs.
01:06:12 Elle va dans le couloir, il lui fait une prise de...
01:06:17 Il la fait tomber par terre et après, il s'acharne avec elle, avec son couteau de cuisine.
01:06:24 Et là, Robert Etienne ne s'arrête plus.
01:06:26 Il s'acharne sur Brigitte.
01:06:28 - Il lui porte au total 66 coups de couteau.
01:06:30 Elle a crié, elle a appelé au secours.
01:06:35 Certains voisins l'ont entendu.
01:06:36 Mais il semblerait que tout soit allé très vite.
01:06:41 Et donc, il lui est porté plusieurs coups fatals.
01:06:46 66 coups de couteau, un acharnement inouï.
01:06:52 Les cris de Brigitte alertent les voisins.
01:06:55 Et puis, plus rien.
01:06:57 Il est 6h30 du matin.
01:07:00 Il n'y a plus un seul bruit dans la résidence,
01:07:04 jusqu'au moment où une sonnette retentit.
01:07:07 C'est Robert Etienne qui sonne chez son voisin.
01:07:10 - Il est très tôt.
01:07:16 Le voisin doit emmener son fils au travail.
01:07:19 Donc, il est un peu pressé.
01:07:21 Il le voit débarquer.
01:07:23 Donc, déjà, il se demande qui vient sonner à sa porte
01:07:26 au dépôt trombiné.
01:07:29 - Lorsque le voisin du dessous a ouvert la porte,
01:07:31 Robert Etienne a l'air complètement perdu.
01:07:36 Il est hébété.
01:07:38 - Robert Etienne est là, face à son voisin, les mains en sang.
01:07:43 Robert lui annonce "j'ai tué ma femme".
01:07:46 - Le voisin lui dit "bon, à ce moment-là,
01:07:52 qu'est-ce qu'on fait ? On appelle la police ?"
01:07:55 Et Robert Etienne lui dit "oui, je crois qu'il faut appeler la police".
01:07:58 - Il lui a dit de s'asseoir dans le couloir.
01:08:00 Il y a une petite chaise dans le couloir juste devant lui,
01:08:02 pendant que lui appelait les policiers.
01:08:05 Les deux hommes attendent les secours.
01:08:07 Robert Etienne, abasourdi par ce qu'il vient de faire,
01:08:11 reste assis dans le couloir.
01:08:13 - Robert Etienne a les mains couvertes de sang.
01:08:16 Donc, il se dirige vers la salle de bain.
01:08:18 Il se lave les mains.
01:08:21 Et le voisin lui propose un verre, propose un verre d'eau,
01:08:25 parce qu'il était vraiment dans un état...
01:08:29 Un état de...
01:08:32 Il était ailleurs, il avait l'air complètement ailleurs.
01:08:35 Et il lui tend un verre d'eau.
01:08:37 Et Robert Etienne tremblait tellement
01:08:39 qu'il est obligé de prendre le verre à 2 mains pour pouvoir boire.
01:08:42 Donc, il tremble de la tête aux pieds.
01:08:44 Rapidement, plusieurs voitures de police arrivent à la résidence Sainte-Claire,
01:08:49 où Robert Etienne attend toujours chez son voisin.
01:08:52 - Et là, il lui a dit, "Bah, écoutez, monsieur Etienne,
01:08:54 "il y a des gens, je pense qu'il faut que vous descendiez."
01:08:56 Et il se rappelle de monsieur Etienne allant se rendre au policier
01:09:01 avec toujours le torchon à la main
01:09:04 qui lui a permis de s'essuyer les mains qu'il attachait du sang de ce crime.
01:09:11 Robert Etienne se rend sans difficulté.
01:09:15 Il conduit lui-même les forces de l'ordre jusqu'à son appartement,
01:09:18 où les policiers découvrent un carnage.
01:09:21 Le corps de Brigitte est là, derrière la porte d'entrée,
01:09:25 lardé de coups de couteau.
01:09:27 Le commissaire est stupéfait,
01:09:29 car ce n'est pas la première fois que ce policier vient chez Robert Etienne.
01:09:33 Il l'a déjà arrêté 9 ans plus tôt pour la même raison,
01:09:37 dans ce même immeuble.
01:09:39 (Musique)
01:09:49 Robert Etienne n'en est pas à son premier meurtre.
01:09:52 En novembre 2002, il a tué sa précédente compagne dans les mêmes circonstances.
01:09:58 Et à l'époque, Robert Etienne est déjà venu sonner à la même porte,
01:10:02 chez ce même voisin, pour lui annoncer hébété.
01:10:06 - "Ben, voilà, j'ai tué ma femme."
01:10:08 - "Ah ben, je dis bravo. À votre avis, qu'est-ce qu'on fait ?
01:10:11 Si on appelle la police ?"
01:10:14 - "Ah oui, puis alors, d'un temps tout peinot..."
01:10:18 - "Donc là, on est en 2002."
01:10:19 - "On est en 2002, et hier matin, j'étais en train de finir de prendre mon petit déjeuner,
01:10:24 quand ça a sonné, je vais voir, le même voisin,
01:10:29 il me dit, je vais tuer ma femme.
01:10:31 Oh, je dis, pas possible, j'ai failli lui dire encore."
01:10:35 Deux meurtres au même endroit.
01:10:38 Deux victimes, poignardées avec le même acharnement.
01:10:41 En 2002, la victime s'appelle Marie-Odile Gilles.
01:10:45 Elle venait d'épouser Robert Etienne 4 mois plus tôt.
01:10:48 - "Ça se passe à l'heure du déjeuner.
01:10:53 Donc là encore, Robert Etienne est un compagnon attentif,
01:10:59 plutôt dévoué, puisqu'il avait préparé le repas de Marie-Odile.
01:11:02 Il y avait du poulet dans le micro-ondes.
01:11:05 Il lui avait préparé son appareil d'un lasso de massage pour les pieds,
01:11:09 la petite bassine pour qu'elle se relaxe."
01:11:12 Marie-Odile vient de rentrer du marché.
01:11:14 Robert est là, il a préparé le déjeuner.
01:11:17 Marie-Odile s'installe.
01:11:18 Quelques minutes plus tard, il la tue avec un couteau.
01:11:22 - "Il y avait des coups de couteau sur l'ensemble du corps.
01:11:24 Je me souviens que Mme Gilles était assise dans un fauteuil.
01:11:30 Et donc, M. Robert l'a frappée essentiellement de haut en bas."
01:11:37 - "Il s'acharne.
01:11:38 Et s'acharne sur cette femme.
01:11:41 Il lui porte au total 73 coups de couteau dans un accès de...
01:11:45 Dans un accès véritablement de rage."
01:11:48 Des dizaines de coups de couteau.
01:11:50 Près de 2 minutes de supplice.
01:11:52 Robert Etienne frappe Marie-Odile avec une bouteille de champagne.
01:11:56 Il l'égorge, la poignarde.
01:11:59 Au bout de 2 minutes, Robert Etienne cesse de s'acharner sur Marie-Odile.
01:12:03 Il est face au corps de sa compagne qui baigne dans son sang.
01:12:09 - "Il était hors de lui.
01:12:11 C'est ce qu'il a dit.
01:12:14 Et qu'il se rappelle...
01:12:15 Lui dit qu'il se rappelle plus très bien même de ce qui s'est passé
01:12:18 pendant ce moment où il s'est acharné sur elle les 74 couteaux.
01:12:23 Et après, il s'est rendu compte de ce qu'il a fait.
01:12:24 Mais que sur le moment, il a totalement...
01:12:29 Il a perdu le contrôle de lui-même."
01:12:31 Agar, il sonne chez son voisin pour se rendre à la police.
01:12:36 Robert Etienne vient de commettre son premier meurtre.
01:12:40 Un meurtre pour une dispute.
01:12:42 - "Visiblement, monsieur Etienne est quelqu'un qui est très économe.
01:12:47 L'économie, ça a toujours été quelque chose qui a été important pour lui.
01:12:53 Il a un profit, après ce que disent les experts,
01:12:55 plutôt de quelqu'un d'obsessionnel, donc de très rangé.
01:12:59 Et donc, elle a des découvertes et un mode de vie plus libre et moins rigoureux."
01:13:05 Marie-Odile aurait réservé des vacances au Maroc sans prévenir Robert.
01:13:11 Elle voudrait aussi de l'argent pour payer un voyage en Autriche à son fils.
01:13:16 Ces dépenses horripilent Robert Etienne,
01:13:18 car Marie-Odile est déjà interdite bancaire,
01:13:22 mais elle lui tient tête.
01:13:23 Le ton monte, la discussion dérable.
01:13:27 - En gros, elle dit qu'elle... Là aussi, elle s'emmerde avec lui.
01:13:30 Elle lui fait des remarques d'ordre sexuel.
01:13:35 Donc lui, il se sent comme quoi elle s'ennuie avec lui,
01:13:39 qui lui donne pas satisfaction.
01:13:40 - Elle lui avait dit "mais tu es nul, enfin, tu es pas digne".
01:13:45 Elle lui reprochait son peu de dynamisme, son peu d'appétit sexuel, son impuissance.
01:13:50 Marie-Odile a une sexualité plus libre que celle de Robert,
01:13:54 une sexualité qui, visiblement, pose problème à son compagnon.
01:13:57 - Elle apparemment l'entraîne à fréquenter un établissement pour couples échangistes.
01:14:04 Il la suit, mais il semblerait que ce soit pas exactement son truc à lui.
01:14:15 Donc il est plutôt en retrait, il reste sur la réserve.
01:14:19 Il reste assis dans un coin.
01:14:20 Il a l'impression que sa virilité est diminuée.
01:14:24 Je crois qu'il prend du Viagra.
01:14:27 Bref, en tout cas, il y a un problème d'ordre intime entre deux,
01:14:31 qui fait qu'ils sont pas du tout sur le même rythme, pas du tout sur les mêmes attentes.
01:14:35 Le couple ne fonctionne pas bien.
01:14:37 Robert et Marie-Odile sont aussi dépressifs, tous les deux.
01:14:41 - Monsieur Etienne voulait se faire hospitaliser, je sais, avant.
01:14:45 Et je sais qu'à un moment donné, elle s'y opposait,
01:14:47 parce qu'elle voulait pas rester tout seul.
01:14:48 Au moment du drame, Robert Etienne est particulièrement fragile et instable.
01:14:53 - Il est à ce moment-là soigné pour dépression.
01:14:55 Et il est amené à faire un ou plusieurs séjours en hôpital psychiatrique.
01:15:02 Robert Etienne se fait hospitaliser, mais peut-être pas suffisamment longtemps.
01:15:08 Il reste seulement 3 jours, puis sort contre l'avis des médecins.
01:15:12 Le lendemain, il poignarde Marie-Odile de plusieurs dizaines de coups de couteau.
01:15:17 Pour ce meurtre, Robert Etienne est condamné à 12 ans de prison.
01:15:20 Les experts ne l'ont pas déclaré irresponsable.
01:15:24 - C'est pas du registre d'une perversion, c'est pas du registre d'une paranoïa,
01:15:28 c'est pas du registre d'une psychose grave, s'il vous plaît.
01:15:31 Mais s'il n'est pas fou, alors pourquoi Robert Etienne assassine-t-il ses compagnes ?
01:15:37 Lors du procès de Robert Etienne pour le meurtre de son épouse Marie-Odile,
01:15:52 les experts vont diagnostiquer chez lui un deuil pathologique.
01:15:57 La mort d'une femme l'aurait profondément marqué.
01:16:00 Cette femme, c'est Evelyne, sa toute première épouse.
01:16:04 Robert Etienne est resté marié avec elle pendant 32 ans.
01:16:08 - Il avait eu une vie, disait-il, très heureuse dans son premier mariage.
01:16:12 Il décrit son mariage comme le mariage parfait.
01:16:16 - Il insistait beaucoup sur "il n'y a jamais eu de problème avec ma première femme, on s'aimait beaucoup".
01:16:23 Robert et Evelyne ont une fille, une famille heureuse.
01:16:29 Mais au bout de 27 ans de mariage, les médecins diagnostiquent un cancer des jambes chez Evelyne.
01:16:35 - Je me souviens que quand cette femme avait le cancer, elle se levait la nuit, elle allait aux toilettes, elle faisait le sang comme ça.
01:16:42 C'est lui qui ramassait.
01:16:43 Et il ramassait le sang, il a eu une grande maladie qui se vivait.
01:16:50 Il ramassait tout.
01:16:51 - Je crois que c'était son dernier souffle.
01:16:54 - Je pense que ça, ça lui a fait peur.
01:17:01 Robert Etienne ne peut rien faire face à la maladie, si ce n'est penser les plaies de son épouse.
01:17:07 Pendant plusieurs années, il va soigner ce corps blessé, meurtri par la maladie.
01:17:13 Un corps en sang que Robert ne peut sauver.
01:17:16 Selon les psychiatres, cette mort aurait traumatisé Robert Etienne et déclenché chez lui un deuil pathologique.
01:17:24 - Le deuil pathologique, c'est quand à un moment donné, on perd quelqu'un et qu'on est déjà dans une relation compliquée avec cette personne-là.
01:17:33 Une relation où on se sent coupable, par exemple.
01:17:37 Et ça, c'est très fréquent.
01:17:38 Quand on commence à se sentir coupable, on aurait besoin de mourir à la place de cette personne-là.
01:17:47 Donc, on va vivre quelque chose, une dépression assez prolongée.
01:17:51 D'autres formes de deuil pathologique, c'est quand on est resté sur un conflit avec cette personne.
01:17:54 Et ce conflit n'est pas dénoué.
01:17:56 Donc, on a encore une charge agressive vis-à-vis de cette personne.
01:17:59 Mais qu'en faire ?
01:18:00 - Alors, on a tous des circonstances atténuantes.
01:18:02 Vous savez, bon, là, c'est vrai qu'il y a un deuil.
01:18:05 Mais si tous les gens qui perdent un être cher commençaient à assassiner les autres, moi, je pense que ce n'est pas un argument qui tient la route, tout ça.
01:18:14 Robert Etienne serait donc un homme sous tension, en profonde dépression, mais même traumatisé.
01:18:21 Robert Etienne a tout de même fait preuve d'une rage, d'une violence inouïe contre Mario Dille.
01:18:27 - Cet acharnement, il se retrouve aussi dans les crimes passionnels.
01:18:30 C'est-à-dire qu'il y a, à un moment donné, quelque chose qu'on détruit, presque qu'on détruit de soi à travers l'autre.
01:18:37 Et c'est relativement fréquent dans ces crimes qui sont heureusement rares, mais dans lesquels ça va très loin parfois.
01:18:45 Mais pas sur un registre sadique, sur un registre d'un acharnement immédiat, c'est-à-dire ce pas là-là, qui va jusqu'à se noyer, finalement, dans le sang de l'autre et noyer quelque chose d'une détresse en même temps.
01:18:59 Cet acharnement, les experts l'expliquent peut-être en partie par un effet médicamenteux.
01:19:06 Au moment du meurtre de Mario Dille, Robert Etienne était sous antidépresseur et prenait en particulier un médicament qui peut avoir des effets désinhibants.
01:19:15 Rien qui puisse expliquer un meurtre, mais qui aurait pu exacerber la violence dont il a fait preuve.
01:19:22 - C'est dans le rapport des psychiatres qui, effectivement, ont décrit le traitement qui était suivi à cette époque-là par M. Etienne
01:19:33 et qui ont considéré que ce traitement avait pu avoir une incidence sur le geste de M. Etienne.
01:19:44 Par la suite, les blessures laissées par les coups de couteau sur le corps de Brigitte lors du second meurtre amènent aussi à s'interroger sur la relation de Robert avec les femmes.
01:19:55 - Brigitte Audry a eu 66 coups de couteau, dont visiblement beaucoup seraient portés à la poitrine et au bas-ventre.
01:20:03 Est-ce qu'il y a une signification par rapport à cela ? Pour l'instant, il faudra attendre les experts psychologiques.
01:20:12 - C'est pas la même chose, effectivement, de s'acharner à étrangler quelqu'un ou de taper sur le ventre ou de donner des coups de couteau dans le ventre d'une femme.
01:20:20 C'est quand même tout un symbole.
01:20:21 C'est pour ça que tout à l'heure j'évoquais cette dimension qui va très loin dans les limbes de M. Etienne,
01:20:28 et qui certainement touche à quelque chose du maternel, d'une souffrance par rapport à ça.
01:20:33 - Une mère qui visiblement "driveait" un petit peu le foyer, un père un peu moins...
01:20:42 Pas absent, mais un père un peu plus faible. Donc c'était visiblement plus la femme qui, dans la famille de M. Etienne, te portait la culotte, comme on dit.
01:20:54 - Robert Etienne aurait-il mal supporté une femme castratrice ?
01:20:58 En tout cas, à chaque dispute avant les meurtres, les compagnes de Robert Etienne se sont opposées à lui.
01:21:04 Elles lui reprochaient de s'ennuyer, de ne pas faire l'amour.
01:21:08 Des reproches qui auraient pu déclencher une rage incontrôlée chez cet homme.
01:21:13 - Si on a une hypothèse, et on verra après, c'est celle qui a un très vieux compte douloureux à régler,
01:21:22 qui est passé à travers ces femmes, et qui a un moment donné une maladresse de l'une ou de l'autre,
01:21:29 mais simplement une maladresse, et est venue réveiller quelque chose d'énorme et d'incontrôlable.
01:21:36 Quelque chose a submergé M. Etienne, quelque chose qu'il n'a pas réussi à contrôler,
01:21:41 et qui l'a conduit, une pulsion qui l'a conduit à commettre ces faits-là,
01:21:45 sans qu'il ne puisse véritablement fournir d'explications pour le moment, puisque lui-même n'a pas compris.
01:21:52 Jugé responsable de ses actes pour le meurtre de Marie-Odile, Robert Etienne est condamné à 12 ans de prison pour avoir tué sa première compagne.
01:22:01 Robert Etienne est un prisonnier modèle, calme, qui sait se faire oublier.
01:22:06 Et au bout de 7 ans, le mari au couteau sort de prison.
01:22:10 - C'était quelqu'un qui avait pendant 30 ans aucune histoire, aucun problème,
01:22:16 et on analysait son geste par plus un concours de circonstances, une rencontre un petit peu déséquilibrée,
01:22:24 qui lui avait complètement fait péter les plombs, pour parler vulgairement.
01:22:27 Il n'y avait pas de violence particulière dans son comportement, il n'y avait pas de traces dans sa vie, c'est pas un père violent.
01:22:38 Détenu exemplaire avec un faible risque de récidive, Robert Etienne sort de prison,
01:22:44 et 2 ans après sa libération, il tue Brigitte, sa dernière compagne.
01:22:50 - Un meurtre violent, c'était déjà pas un meurtre ordinaire, 12 ans si j'ai bonne mémoire,
01:22:58 et 12 ans il est ressorti, il a fait un peu plus de la moitié de sa peine.
01:23:03 La vie des hommes compte vraiment pour peu de choses aux yeux de certains, tellement qu'on puisse dire.
01:23:14 Alors messieurs les assassins, n'avouez jamais pas.
01:23:17 Je ne sais qu'une chose, il a tué ma fille, et que je l'avais grippée, c'est tout.
01:23:22 Les experts ont-ils minimisé la dangerosité d'un homme visiblement complexe et malade ?
01:23:31 Un regret émerge chez ce psychiatre qui a examiné, Robert Etienne.
01:23:36 - Le problème des expertises, et c'est d'ailleurs pour ça que j'ai arrêté les expertises,
01:23:40 c'est que souvent nos conclusions sont entendues à moitié.
01:23:45 Chez ces hommes-là, nous avons des conclusions où il y a en même temps
01:23:49 très peu de risques de récidive, c'est évident, c'est vraiment exceptionnel ce qui se passe là,
01:23:56 mais en même temps on prend la précaution de dire "il faut un soin".
01:23:59 Sauf qu'il y a une seule partie des conclusions qui sont prises en compte,
01:24:03 c'est celle de l'absence de récidive, et tout le monde va dans ce sens-là.
01:24:07 Donc voilà, je crois que si on écoute les experts dans l'ensemble des conclusions,
01:24:11 peut-être on évitera ce genre de problème.
01:24:13 À sa sortie de prison, Robert Etienne n'avait donc bénéficié d'aucune prise en charge,
01:24:18 aucun traitement, aucun suivi psychologique.
01:24:21 Et deux ans après sa libération, il tue sa seconde compagne, Brigitte.
01:24:26 Un nouveau procès doit s'ouvrir pour ce deuxième meurtre.
01:24:29 - Parce qu'on espère déjà qu'il va être condamné à perpétue et puis qu'on le reverra plus,
01:24:33 parce que je crois que si on... alors là on va mettre encore une deuxième fois en liberté,
01:24:37 je pense que là ce serait plus de la justice, ce serait de l'inconscience.
01:24:42 C'est tout le mal que je lui souhaite, c'est qu'il meure en prison.
01:24:45 Je suis polie quand je dis meurt, parce que je pourrais dire qu'il crève.
01:24:49 C'est tout ce que je peux vous dire.
01:24:51 Un procès où les experts auront une nouvelle fois la lourde tâche
01:24:55 de comprendre les insondables pulsions de Robert Etienne
01:24:59 et d'évaluer la dangerosité réelle de cet homme.
01:25:03 ♪ ♪ ♪