Émeutes à Nouméa, synagogue visée à Rouen... L'interview de Mathilde Panot en intégralité

  • il y a 4 mois
Apolline de Malherbe recevait Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale dans "Face-à-Face" sur BFMTV et RMC, ce vendredi 17 mai 2024.

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00:00 [Générique]
00:09 Il est 8h32, vous êtes bien sûr à AMC et BFM TV. Bonjour Mathilde Pannot.
00:13 Bonjour.
00:13 Merci d'être dans ce studio ce matin. Vous êtes la présidente du groupe La France Insoumise à l'Assemblée Nationale.
00:18 Vous êtes députée du Val-de-Marne. On va parler bien sûr de la Nouvelle-Calédonie.
00:22 Vous faites partie de ceux qui estiment qu'il faut absolument retirer la loi qui a été adoptée cette semaine sur le corps électoral.
00:32 Vous estimez d'ailleurs que la France est un État colonialiste aujourd'hui en Nouvelle-Calédonie.
00:36 Mais je voudrais d'abord revenir sur ce qu'il s'est passé au petit matin aujourd'hui à Rouen.
00:42 Aux alentours de 6h45, les policiers sont requis pour de la fumée qui émane d'une synagogue.
00:48 Sur place, ils tombent nez à nez avec un homme porteur d'un couteau et d'une barre de fer qui s'avance vers eux.
00:54 L'un des policiers fait donc usage de son arme. L'homme est blessé mortellement. Votre réaction Mathilde Pannot ?
01:00 Je suis horrifiée comme je pense l'ensemble du pays d'apprendre ce matin, au petit matin, cette tentative d'acte antisémite.
01:09 Et je suis heureuse qu'il n'y ait eu aucune victime ni aucun incendie à la synagogue de Rouen.
01:14 Et je veux ici à ce micro réadresser l'ensemble de notre solidarité à l'ensemble de nos concitoyens de confession juive et notamment à la communauté de Rouen.
01:23 À la communauté de Rouen, il y a la question effectivement de l'antisémitisme où vous êtes souvent visé, vous et LFI, comme étant ceux qui soufflent sur les braises.
01:35 Est-ce que quand vous entendez cela, vous vous dites "oui, il y a aujourd'hui une montée de l'antisémitisme en France" ?
01:41 Nous l'avons toujours dit, Madame de Malherbe, et je le redis, nous nous sommes toujours opposés à ce qu'on prenne à partie des gens selon leur religion,
01:50 selon leur couleur de peau, selon leur orientation sexuelle ou selon leur genre. C'est le fil de l'humanisme que nous tenons dans le cours de l'histoire.
01:58 Et donc, je redis mon entière solidarité à mes concitoyens qui sont visés parce qu'ils sont juifs, qui sont visés parce qu'ils sont musulmans,
02:07 qui sont visés parce qu'ils ont telle ou telle couleur de peau, et je le redis, nous sommes pour l'égalité stricte entre les citoyens et les citoyennes,
02:14 et le fait qu'on respecte la dignité de chacun et chacune.
02:17 Et on reviendra évidemment sur la situation aussi à Gaza et la question internationale.
02:23 Sur ce qu'il se passe à Rouen, évidemment, je vous assure aussi, vous qui nous écoutez ou qui nous regardez, qu'à tout moment, dès que nous aurons davantage d'informations,
02:34 je vous les communiquerai. L'état d'urgence a donc été déclaré en Nouvelle-Calédonie, l'armée a été déployée, il y a eu cinq morts, dont deux gendarmes,
02:42 des scènes de chaos, d'affrontements et de pillages. La nuit a été un peu plus calme, même si l'état reconnaît qu'il y a des quartiers dont ils ont perdu complètement le contrôle.
02:54 En tant que présidente du groupe parlementaire Mathilde Panot, vous serez reçue à Matignon, aujourd'hui, à 18h30, par Gabriel Attal,
03:02 accompagnée de Yael Brown-Pivet et de Gérard Larcher, les présidents des deux assemblées. Qu'allez-vous dire au Premier ministre ?
03:07 Il faut impérativement restaurer la paix civile. Nous n'avons eu de cesse d'alerter. Je veux que chacun et chacune comprenne, parce que je crois,
03:14 si on ne comprend pas l'histoire de la Nouvelle-Calédonie, alors on ne comprend pas ce qui est en train de se passer.
03:19 Il y a un fait colonial qui est non seulement acté depuis 1986 à l'ONU avec la Nouvelle-Calédonie, qui est un territoire à décoloniser,
03:28 dans ce qu'a montré l'ONU, mais qui a été, y compris, acté par le vote du peuple français lorsqu'ils ont enterriné les accords de Matignon-Oudinot,
03:37 en 1988, où, dans cet accord, était clairement indiqué qu'il y avait deux peuples en Nouvelle-Calédonie, et notamment les Kanaks.
03:45 Donc, ça fait 171 ans que la France a pris par la force le territoire de la Nouvelle-Calédonie kanaki, qui était occupé depuis trois millénaires par les Kanaks.
03:54 Et Michel Rocart lui-même, en 1988, parlait, je cite, de "décolonisation dans la République", donc le mot, en effet, était tout à fait acté.
04:00 Exactement, et c'est ce qu'on dit ensuite les accords de Nouméa. Il faut que chacun comprenne.
04:04 Entre 1984 et 1988, en Nouvelle-Calédonie, il y a ce qu'on appelle pudiquement des événements qui, en fait, ressemblent à une guerre civile.
04:13 Et c'est à partir de 1988, les accords de Matignon, puis de 1998, les accords de Nouméa, que est restaurée la paix civile,
04:21 qui perdure maintenant depuis 35 ans en Nouvelle-Calédonie.
04:25 Nous avons alerté le gouvernement et Emmanuel Macron à de nombreuses reprises sur le passage en force qu'ils effectuaient.
04:31 Qu'ont-ils fait qui a justement contribué à détruire cette paix civile ?
04:35 D'abord, le troisième référendum qui était acté par les accords de Matignon et de Nouméa.
04:40 Celui de 2021, après ceux de 2018 et de 2020.
04:43 Les partisans de l'indépendance demandaient à ce qu'il soit reporté en 2022, puisqu'il y avait à ce moment-là le Covid en Nouvelle-Calédonie,
04:50 et que pour respecter le deuil coutumier canaque, ils ont demandé à ce que les élections n'aient pas lieu à ce moment-là.
04:55 Et à ce moment-là, le gouvernement a refusé de reporter ce référendum.
05:00 Le résultat, c'est que les partisans de l'indépendance l'ont boycotté et qu'ils ne reconnaissent pas la légitimité.
05:05 Alors que jusqu'alors, justement, dans la marche...
05:08 Vous-même non plus, vous ne reconnaissez pas la légitimité de ce troisième référendum ?
05:11 Bah écoutez, en fait, tout ce qui s'est construit et tout ce qu'on a acté depuis 1988, c'était que la marche vers l'autonomie de l'émancipation de la Nouvelle-Calédonie,
05:22 comme c'est inscrit dans les accords de Nouméa, devait à chaque fois se faire à la fois par le dialogue et la construction d'un consensus.
05:28 Quand une des parties ne l'accepte plus, vous comprenez que derrière, vous avez un gros problème dans le processus que vous êtes en train de faire,
05:36 et donc que potentiellement, vous mettez en danger la paix civile qui a été gardée depuis 35 ans.
05:39 Si vous me répondez sur cette question des référendums, Mathilde Pannot, est-ce que les deux précédents, c'est-à-dire celui de 2018 et celui de 2020, vous les reconnaissez ?
05:47 Bien sûr, et les indépendantistes aussi.
05:49 Et ils ont obtenu, on le répète ici, le non à l'indépendance.
05:54 Oui, mais il y avait trois référendums de prévus, Madame de Malherbe. Je vous explique.
05:58 Non mais ça, je le sais bien.
06:00 La paix civile est très fragile, elle est précieuse en Nouvelle-Calédonie.
06:03 Mais mettons qu'on ne reconnaisse pas le résultat du troisième. Il y a tout de même eu deux référendums qui, tous les deux, ont abouti au choix par la population locale du non à l'indépendance.
06:14 Oui, mais ça, les indépendantistes le reconnaissent.
06:17 Donc le problème, c'est le troisième référendum. C'est rajouter des mauvaises décisions dessus.
06:22 Juste après, en 2022, Sonia Baquès, chef de file des anti-indépendantistes, est nommée secrétaire d'État.
06:28 Et vous continuez comme ça.
06:30 C'est de la provocation pour vous.
06:31 Mais évidemment, en fait, vous savez, c'était un accord tripartite, nous met à.
06:35 Notamment avec l'État qui devait avoir un rôle d'impartialité, c'est-à-dire qui commandait à l'État de ne prendre partie pour aucun, justement, des deux parties.
06:43 Et de faire en sorte d'avoir un rôle, voilà, pour s'assurer que le processus se passe bien.
06:48 Sonia Baquès, pour vous, ils sortent de leur neutralité, en quelque sorte.
06:51 Oui, exactement.
06:52 L'État, le gouvernement sortent de leur neutralité.
06:54 Et vous rajoutez à cela le fait que jusqu'alors, le dossier a toujours été géré par Matignon et le premier ministre.
07:00 Et après Édouard Philippe, le dossier est passé ensuite du ministère des Outre-mer, puis au ministère de l'Intérieur.
07:07 Et enfin, vous avez ce projet de loi constitutionnelle qui touche au cœur du problème lorsque vous parlez d'une colonie de peuplement, c'est-à-dire le gel du corps, le dégel du corps électoral.
07:18 Donc, qui est unilatéralement fait sans que les partisans de l'indépendance soient d'accord avec ce qui est fait.
07:28 Donc, vous avez une série de mauvaises décisions comme ça qui font sortir l'État de son rôle de neutralité.
07:33 Et nous avons alerté à de nombreuses reprises qu'il mettait en danger la paix civile.
07:37 Nous avons alerté à de nombreuses reprises.
07:39 Vous avez alerté, et d'ailleurs, vous êtes quasiment les seuls à avoir en effet voté contre ce projet de réforme du corps électoral.
07:47 Mais là-dessus, j'ai quand même un point de contradiction qui me surprend.
07:52 Quand on regarde le programme de Jean-Luc Mélenchon aux dernières élections, il promet, je cite,
07:57 "de reconnaître le droit de vote aux élections locales pour les étrangers en situation régulière".
08:01 Pourquoi est-ce qu'en Nouvelle-Calédonie, vous refuseriez à ceux qui sont là depuis 25 ans de pouvoir voter ?
08:09 C'est-à-dire que c'est une rupture en plus de l'égalité ?
08:11 Madame, ça s'appelle le fait colonial.
08:13 Quand je vous disais qu'en 1988, le peuple a voté pour enteriner l'accord de Matignon et a reconnu l'existence de deux peuples,
08:20 et donc un fait de colonisation sur le territoire de Nouvelle-Calédonie…
08:23 Mais les accords de Nouméa, eux-mêmes, disaient que progressivement, ce sujet du corps électoral allait être ouvert.
08:30 Il y a deux questions. Laissez-moi juste répondre sur la première et ensuite je vais répondre sur la deuxième.
08:34 La grande différence entre le droit de vote des étrangers aux élections locales, ce que nous continuons de porter,
08:39 c'est que je ne crois pas que les étrangers viennent en hexagone pour coloniser la France,
08:43 c'est-à-dire que les Français n'ont pas été parqués dans des réserves, montrés dans des eaux, expropriés de leurs terres, etc.
08:49 Donc ça n'a rien à voir. Il y a un fait de colonisation.
08:52 Or, l'ONU dit que…
08:54 Mais y compris ceux qui sont arrivés depuis 25 ans ? Pour vous, c'est des colonisateurs ?
08:58 Écoutez-moi.
08:59 Mais c'est à eux qu'on refuse de voter aujourd'hui.
09:00 Écoutez-moi, parce que c'est complexe.
09:02 La Nouvelle-Calédonie est reconnue par l'ONU comme un des 17 territoires encore à décoloniser.
09:07 Et il se trouve que si vous rajoutez du corps électoral sur une colonie de peuplement,
09:12 c'est évidemment un des cœurs du problème qui est fait.
09:15 Il se trouve que les partisans de l'indépendance sont d'accord pour faire en sorte que le corps électoral ne soit pas gelé jusqu'au bout,
09:21 y compris ça n'aurait aucun sens, ça voudrait dire qu'à la fin, on n'aurait presque plus personne dans ce corps électoral.
09:26 Ils sont d'accord pour que les natifs, ceux qui sont nés en Nouvelle-Calédonie, puissent rentrer dans ce corps électoral
09:31 et qu'ensuite on réfléchisse à un code de la citoyenneté.
09:35 Mais il faut que ça soit progressif.
09:37 Et le problème dans ce qui a été fait...
09:39 Mais ça l'est, parce que dans cette loi, c'est ceux qui sont là déjà depuis 10 ans.
09:42 Il faut quand même qu'ils puissent être là depuis 10 ans.
09:44 Oui, mais ça fait, pour que vous vous rendez compte, 25 000 personnes qui rentreraient d'un coup,
09:47 sans étude d'impact sur ce que ça fait sur le long terme.
09:49 C'est comme si en France hexagonale, on rajoutait d'un coup 7 millions d'électeurs.
09:53 Vous comprenez que ça change tout.
09:54 Et vous, il faut le faire quoi ? Une année par une année ?
09:56 Et bien ça, ça doit être dans la discussion justement.
09:58 Et c'est pourquoi nous demandons qu'on arrête de passer en force.
10:01 Parce que tout ce qui s'est passé cette semaine en Nouvelle-Calédonie a été prévisible.
10:05 Et nous l'avions dit, si vous continuez comme ça, vous aurez des morts.
10:08 Il y a 5 morts en Nouvelle-Calédonie.
10:10 Donc vous estimez aujourd'hui que le gouvernement est responsable de ces 5 morts ?
10:13 Mais bien sûr, et ça doit commencer par retirer le dossier à M. Darmanin,
10:16 qui doit démissionner parce qu'il doit exister un sens de la responsabilité dans ce pays.
10:20 Et lorsque vous avez 2 gendarmes morts, 3 canards qui sont morts,
10:24 et bien on doit enlever ce dossier-là des mains de M. Darmanin,
10:27 les remettre dans les mains de Maxime.
10:29 Et lui demander sa démission.
10:32 Mais évidemment, vous avez quand même un sens de la responsabilité.
10:35 Il est responsable de ce qui est en train de se passer, et ce n'est pas faute d'avoir alerté.
10:38 Et je vais vous dire, nous demandons comme un signe d'apaisement dans la situation,
10:42 d'abord d'enlever le projet de loi constitutionnel, pour dire qu'on relance les discussions.
10:46 Et de faire comme en 1988, comme en 1998, une mission du dialogue
10:51 qui aille directement sur le territoire de la Nouvelle-Calédonie.
10:53 Le problème c'est que là ils ne veulent pas se parler.
10:55 Et c'est pour ça que Emmanuel Macron a voulu pouvoir parler ensemble
11:00 avec les différentes parties, qui ont donc refusé.
11:02 Il va finalement avoir un échange avec les parties séparément.
11:05 Oui, mais parce que les différentes parties, notamment les partisans de l'indépendance,
11:09 demandent à ce que ça se passe sur place.
11:11 Et qu'on réunisse sur place les gens, là où peut-être que l'ambiance est un petit peu différente
11:17 que lorsqu'ils viennent dans une visio avec le président de la République.
11:21 Je vais vous dire, nous devons absolument et impérativement restaurer l'esprit des accords de Nouméa
11:26 et restaurer un dialogue immédiatement.
11:28 Parce que c'est la seule manière de faire.
11:30 Nous sommes encore dans un cadre d'écolonisation.
11:32 Le rapporteur de cette fameuse loi sur le corps électoral,
11:36 qui est donc député, député macroniste,
11:39 dit être aujourd'hui menacé de mort, parce que je suis blanc.
11:43 Voilà ce qu'il dit.
11:45 Non, alors, c'est ce qu'il dit.
11:47 Je vais vous dire, nous, nous appelons à restaurer la paix civile.
11:51 Ça veut dire que nous ne sommes pas d'accord ni à la fois avec les atteintes sur les personnes,
11:55 ni sur les biens, et vous le savez, la situation est très grave,
11:58 notamment pour les personnes qui sont en EHPAD,
12:00 les personnes qui sont dialysées,
12:02 des personnes qui ne savent plus comment est-ce qu'ils vont nourrir leurs enfants.
12:04 Donc, d'où la nécessité de trouver des solutions d'urgence,
12:07 notamment pour approvisionner celles et ceux qui ont...
12:10 Mais vous étiez contre l'état d'urgence ?
12:11 Ah, nous sommes contre l'état d'urgence ?
12:13 Et il envoie de l'armée ?
12:14 Pourquoi ? Parce qu'on ne répond pas à une crise politique par plus de répression.
12:17 Et dans une situation coloniale...
12:19 Quand vous dites qu'il faut commencer par quand même retrouver l'ordre...
12:22 Le tronc aérien, c'est très bien.
12:24 Non, alors, ça commence...
12:25 Quand vous avez une crise politique qui a été déclenchée par le gouvernement,
12:29 ça commence par répondre par le gouvernement, justement, par un geste d'apaisement.
12:33 Et ça commence par reculer sur le passage en force qu'ils sont en train de faire.
12:37 Rendez-vous compte, c'est 10% du peuple kanak aujourd'hui
12:40 qui se retrouvent à être dans les rues, dans une situation,
12:42 nous leur avions dit, si vous allumez cet incendie, vous ne saurez pas l'éteindre.
12:46 Mathilde Panon, il y a eu non seulement l'état d'urgence,
12:48 mais aussi l'interdiction temporaire de TikTok, le réseau social.
12:51 Est-ce que vous estimez qu'il faut, en effet,
12:54 suspendre temporairement des réseaux sociaux comme TikTok ?
12:57 Pas du tout.
12:58 Et je vais vous dire, c'est inédit dans une démocratie européenne.
13:00 On n'a jamais vu ça.
13:01 Les pays qui ont déjà fait ça sont l'Azerbaïdjan,
13:04 la Somalie, la Jordanie,
13:07 et dans d'autres réseaux sociaux, lorsqu'il y avait comme ça des choses,
13:10 c'est la Russie et d'autres pays auxquels nous ne voulons absolument pas ressembler.
13:14 Mais si ça permet, pendant quelques jours, effectivement, de retrouver une forme de calme.
13:17 Par ailleurs, je précise que TikTok, c'est aussi un réseau social chinois.
13:22 Or, il y a l'Azerbaïdjan, il y a des ingérences étrangères,
13:26 comme le dit le ministre de l'Intérieur,
13:28 et sur le réseau TikTok, on pouvait voir avant-hier des montages vidéo
13:32 avec des images de policiers armés suivies d'images de kanaks morts,
13:35 laissant penser que les policiers avaient tué les kanaks.
13:38 Et ces images ont été relayées par des milliers de comptes sur TikTok, actionnés par Bakou.
13:44 Et malgré tout, on laisse ?
13:46 Non, mais en fait, il y a plusieurs choses.
13:48 Oui, mais regardez, tous les réseaux sociaux sont détenus par des puissances.
13:51 Donc, moi, je vais vous dire, on est en train de faire exactement pareil que l'Azerbaïdjan,
13:57 c'est-à-dire interdire TikTok.
13:59 Moi, je ne suis pas d'accord avec cela, et je ne suis pas d'accord parce que ce qui se fait
14:02 généralement dans des territoires dits d'outre-mer se fait ensuite dans l'Hexagone.
14:06 Et d'ailleurs, on peut même préciser que cette demande de supprimer TikTok,
14:11 ça fait partie des possibilités évoquées en cas de terrorisme ou même d'émeute.
14:16 Ça avait été envisagé au moment des émeutes de juillet.
14:18 Mais nous ne sommes pas face ni à un mouvement social aussi d'ampleur soit-il,
14:22 nous sommes face à un peuple entier.
14:24 C'est ça qu'il faut que le gouvernement comprenne.
14:26 Nous sommes dans un fait colonial, et je ne suis pas d'accord avec les restrictions
14:30 de liberté et de la situation.
14:32 La solution est politique, Madame de Malherbe.
14:34 Je veux qu'on l'entende, elle est politique, et c'est parce qu'ils ont rempli
14:38 un processus de paix civile pendant 35 ans.
14:41 En passant en force, en trois jours, ils ont réussi à détruire des années
14:44 et des années de consensus construit avec un objectif de destin commun.
14:48 Et ça me permet de répondre à quelque chose que vous disiez tout à l'heure.
14:51 Eh bien, je ne connais pas un autre exemple de décolonisation qui se passe
14:56 où le peuple premier, c'est-à-dire les Kanaks, a proposé à ceux qu'ils ont appelés
15:01 les victimes de l'histoire, c'est-à-dire les Banyars qui ont été envoyés,
15:04 les descendants de Banyars, etc.
15:06 Donc les descendants de colons, bien souvent malgré eux,
15:09 de participer à l'objectif d'autodétermination.
15:12 Ça s'est passé à Nainville-sur-Roche en 1983, et je crois que ça n'est jamais
15:17 arrivé dans l'histoire.
15:18 Donc ce que veulent les Calédoniens, c'est construire un objectif de destin commun.
15:23 Et ils ne sont pas en train d'essayer d'exclure des gens comme essaieraient
15:26 de le faire croire certains loyalistes.
15:28 Jules, ils veulent qu'on respecte le fait qu'il y a un fait colonial
15:32 qui ne doit pas être nié et donc qui doit marcher avec un consensus
15:35 et des discussions, pas du passage en force.
15:37 Mais vous continuez à dire qu'il y a un fait colonial, le fait même d'avoir
15:40 une liberté à déterminer son propre destin par des élections.
15:45 Encore une fois, Jules Redy, il y a eu quand même trois référendums,
15:48 oublions le dernier.
15:49 Mais les deux précédents, est-ce que vous considérez, vous,
15:53 que l'État français est toujours colonisateur alors qu'il organise
15:56 main dans la main avec la population, des référendums ?
16:00 Oui, la décolonisation n'est pas terminée.
16:02 Et je vais vous dire, elle n'emmènera pas forcément à l'indépendance.
16:04 Mais il faut la faire malgré le résultat.
16:06 Je vais vous dire, ce qui était dans les accords de Nouméa,
16:09 c'était donc les trois référendums, et il disait à l'issue des trois référendums,
16:13 si les trois référendums sont négatifs, nous nous contestons le dernier,
16:16 mais je passe dessus, eh bien il faudra un accord global
16:20 qui permette de mettre en place de nouvelles institutions.
16:23 Donc, en attendant, ce sont toujours les accords de Nouméa
16:27 qui doivent continuer de s'appliquer.
16:28 Donc ce n'était pas du tout, trois référendums, on dit non,
16:31 vous êtes dans la République française et c'est terminé.
16:33 Ce n'est pas ça, l'esprit des accords de Nouméa.
16:35 Quand vous voyez Marine Le Pen qui hier dit qu'il faut s'inscrire
16:38 dans un temps encore plus long, et qui dit dans 40 ans,
16:41 si j'arrive au pouvoir, dans 40 ans, il y aura à nouveau,
16:44 j'inscrirai dans la loi que dans 40 ans, il y aura à nouveau un référendum.
16:47 Oui, et pourquoi pas dans 100 ans, pendant qu'on y est.
16:49 Mais je crois que Marine Le Pen a hérité de la mentalité coloniale de son père,
16:52 mais il faut quand même se rendre compte,
16:54 Marine Le Pen était celle, j'ai retrouvé cet extrait,
16:56 qui en 2012 disait sur une télé que si elle était élue en 2012,
17:02 elle dégeulerait immédiatement le corps électoral,
17:05 donc elle ferait le dégel immédiatement,
17:06 et qu'elle sortirait des accords de Nouméa.
17:08 Ce qui est en train d'être fait, donc, par la loi.
17:10 Madame Le Pen fait partie des irresponsables,
17:12 dont j'espère qu'ils n'arriveront jamais au pouvoir,
17:14 et nous ferons tout pour que jamais ils n'arrivent au pouvoir,
17:16 parce qu'elle est aussi responsable de cette situation.
17:19 Marine Le Pen n'a pas passé une minute en hémicycle,
17:22 les lundis et les mardis où nous avons discuté de ce texte.
17:24 Et Marine Le Pen, qui n'était pas physiquement présente,
17:27 mais son groupe parlementaire, a voté pour le projet de loi constitutionnelle.
17:31 Je vais le préciser, vous êtes le seul groupe, la nupèce,
17:33 dans son ensemble, à avoir voté pour.
17:34 Alors que tout le monde y savait ce qui allait se passer derrière,
17:36 et l'explosion, et le retour dans un cycle de violence que ça allait amener.
17:40 Donc, Madame Le Pen était une irresponsable
17:42 qui ne cesse de mettre de l'huile sur le feu,
17:44 et qui sort des choses de son chapeau,
17:46 qui ne correspondent à rien et à aucune cohérence dans son programme.
17:48 Mathilde Panot, gérale de Darmanin, je le disais,
17:50 dénonce l'ingérence de l'Azerbaïdjan,
17:52 et derrière l'Azerbaïdjan, sans doute, la Russie,
17:55 qui soufflerait sur les braises.
17:57 Comment vous réagissez à ça ?
17:58 Bah écoutez, moi j'ai entendu le haut-commissaire qui dit le contraire,
18:02 mais moi je n'ai pas les moyens de l'État pour savoir,
18:05 et pour avoir ces informations-là.
18:07 Je dis juste que je trouve extrêmement suspect de penser
18:09 que l'Azerbaïdjan pourrait mettre 10% du peuple kanak dans la rue.
18:12 Donc, je crois qu'il faut arrêter à chaque fois qu'il y a des grands mouvements d'ampleur,
18:17 lorsque c'était les Gilets jaunes, c'était avec les Russes,
18:19 lorsque ce sont des universités ou des lycées qui sont bloqués
18:23 contre le génocide à Gaza, et bien ce sont les États-Unis, etc.
18:26 Je crois qu'il faut arrêter de voir des ingérences partout
18:29 et traiter les problèmes politiquement,
18:31 c'est ce que nous demandons à ce gouvernement.
18:33 Et vous le demanderez directement, puisque vous serez à 18h30 tout à l'heure à Matignon.
18:37 Je le disais, merci Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale.

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