• il y a 7 mois
¿1000 pays pour demain¿», le magazine présenté par Rebecca Fitoussi nous entraîne à la rencontre de ceux et celles , entrepreneurs , ingénieurs , artisans ou encore designers qui innovent ou remettent au goût du jour des savoir-faire ancestraux de nos territoires . Tous excellent dans leur domaine et contribuent au dynamisme de leur « pays » , tous se battent pour que vive le « made in France » . Dans chaque numéro de «¿1000 pays pour demain¿» ,nous irons à la rencontre de trois d'entre eux , à la découverte de leurs histoires . En plateau , dans un lieu itinérant choisi pour sa symbolique régionale , Rebecca Fitoussi reçoit un sénateur , élu de la région qui réagit aux reportages et met à l'honneur une entreprise de son choix . Année de Production : 2023

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Transcription
00:00Générique
00:02...
00:27Générique
00:29...
00:33Bonjour à tous, bienvenue sur Public Sénat,
00:35bienvenue à Roufac, pas très loin de Colmar.
00:391000 pays pour demain est dans le Haut-Rhin,
00:41en plein cœur de l'Alsace,
00:43au carrefour des grands centres urbains,
00:45Strasbourg et Mulhouse,
00:46mais aussi au carrefour des métropoles européennes,
00:49Fribourg en Allemagne,
00:50Bâle en Suisse.
00:51L'économie locale est donc très logiquement
00:53tournée vers l'international.
00:55Un tiers des entreprises
00:56compte une participation étrangère,
00:58allemande, suisse,
00:59mais aussi américaine et même japonaise.
01:02Et puis on est dans une région reconnue
01:04pour ses richesses historiques,
01:05culturelles,
01:06pour son patrimoine vinicole.
01:07Et les touristes ne s'y trompent pas,
01:09ils sont plus de 2 millions à venir chaque année.
01:12Mais nous on va s'intéresser à ceux et celles
01:14qui donnent un charme tout particulier à la région.
01:16Aux artisans qui travaillent dans l'ombre,
01:18aux chefs d'entreprise qui innovent
01:20et qui font rayonner le savoir-faire local.
01:22Une sénatrice va nous accompagner dans ce petit voyage.
01:24Ce territoire, elle le connaît très bien.
01:26Elle y est élue depuis 20 ans.
01:28Elle a choisi de nous accueillir dans un lycée agricole
01:30qui est derrière moi.
01:31On va voir pourquoi.
01:321000 pays pour demain depuis le Haut-Rhin.
01:34C'est parti.
01:36Bonjour Patricia Schilinger.
01:37D'abord je dois dire Schilinger ou Schilinger ?
01:39Schilinger.
01:40Schilinger, d'accord,
01:41parce qu'il y a un peu débat sur la question.
01:43Vous êtes sénatrice RDPI du Haut-Rhin.
01:45RDPI, je précise pour nos téléspectateurs,
01:47c'est le groupe de la majorité présidentielle.
01:49Vous êtes secrétaire du Sénat,
01:51membre de la commission des lois,
01:52vous avez été maire.
01:53Et puis je précise,
01:54parce que c'est aussi intéressant,
01:55que vous êtes aide-soignante de profession.
01:57Pourtant là, on n'est pas du tout dans un centre de soins.
01:59On est dans un lycée agricole, c'est ça ?
02:02C'est le lieu que vous avez choisi,
02:03c'est le CFA de Rouffak-Witzenheim, c'est ça ?
02:06C'est ça.
02:07C'est un grand lycée
02:08et qui rayonne au-delà du département du Haut-Rhin.
02:11Il rayonne en Alsace, mais bien plus loin aussi.
02:14Et vous êtes dans un caveau.
02:15Alors notre fleuron, c'est la viticulture.
02:18Il faut passer par là.
02:19Quand on est en Alsace, on a la route des vins.
02:22Donc on commence par là.
02:24Et c'est une grande fierté locale, j'imagine.
02:25C'est une grande fierté locale avec divers métiers.
02:28On connaît le patrimoine vinicole de l'Alsace.
02:31On connaît peut-être un petit peu moins l'économie du Haut-Rhin.
02:35Qu'est-ce que vous pouvez nous en dire ?
02:37Quels sont les points forts ?
02:38Peut-être aussi les points faibles ?
02:40Les secteurs, les particularités de l'économie du coin ?
02:43Alors en Alsace, vous trouvez une belle économie.
02:46Donc on trouve autant la chimie, la pharma.
02:49On trouve l'agriculture.
02:51On trouve l'automobile.
02:53Donc on a vraiment une diversité qui est assez grande dans tous les domaines.
02:58Des secteurs un petit peu plus faibles ou pas ?
03:00Plus faibles, c'est-à-dire qu'on a peut-être aussi des choses qui nous manquent.
03:05C'est la santé, oui.
03:07Parce que quand on est frontalier et qu'on a la Suisse à côté,
03:10on a le personnel qui a tendance à traverser la frontière.
03:13Puisque c'est le change qui fait que les salaires sont importants.
03:18Les déserts médicaux, j'avais travaillé sur ce sujet-là.
03:22Alors on va commencer justement notre petit voyage dans le Haut-Rhin
03:25à la rencontre d'artisans et de chefs d'entreprise absolument remarquables.
03:29Le premier à avoir attiré notre attention s'appelle Anthony Leroux.
03:33Et il fait un métier dont j'ignorais même l'existence, je l'avoue.
03:36Il est murailler.
03:37En fait, il construit et restaure les murs que vous voyez justement autour des vignobles.
03:42Et il y en a pas mal dans le coin, on l'a dit.
03:44Sauf que c'est quand même un métier en voie de disparition.
03:46On regarde ensemble et on en parle après.
03:57Quand on passe la main, on sent qu'il y a des bosses.
04:00Deux fois on dit que c'est pas grand-chose, on enlève 3-4 millimètres.
04:04Même deux fois c'est un demi-millimètre.
04:07Et la pierre, elle est posée parfaitement au bon endroit.
04:12Elle a un bel équilibre.
04:15Mon métier, c'est murailler.
04:17Je construis un mur de soutènement sur la ville de Saint-Hippolyte pour des viticulteurs.
04:24C'est vraiment mon petit plaisir d'être dans ma région.
04:28Bonjour Anthony.
04:29Bonjour monsieur le maire.
04:30Ça va ?
04:31Comment ça va ?
04:32Je vois que ça avance.
04:33Ça avancerait bien.
04:34Super, super.
04:35On a quand même des belles pierres.
04:37On a des belles pierres, oui, oui.
04:39Il y a des secteurs où il y a eu des éboulements.
04:43C'est ça qui a déclenché un petit peu la volonté des viticulteurs de refaire ces murs.
04:49Je suis très content d'avoir fédéré tout le monde.
04:52Vous voyez Anthony aussi, un murailler qui fait ça dans toutes les règles de l'art.
05:01Les murs en pierre sèchent, c'est vraiment pour aider les viticulteurs à travailler les terrasses.
05:05Une pente qui est vraiment très raide, qui est à 45%, marcher dedans c'est vraiment très compliqué.
05:10En même temps ces terrasses avec les murs et relevés, ça adoucit un peu plus la pente.
05:15Alors c'est de la pierre vraiment locale, le grès des Vosges, la chaîne montagneuse.
05:19C'est de la pierre de récup d'anciens bâtiments.
05:22Alors réutiliser la pierre, en même temps c'est un honneur pour moi de cette pierre-là.
05:28Et en même temps le côté écologique de recycler la pierre locale.
05:36Après c'est le côté aussi environnemental, on respecte la nature.
05:40Sans chaux et sans ciment, construire des murs en pierre, il y a quand même de la vie qui se met dedans.
05:48On a des lézards, des soies, des serpents aussi.
05:51Mais on peut trouver aussi des oiseaux, voire même des hérissons.
05:55C'est prévu dans ce projet-là, on va mettre des lignes d'oiseaux à peu près tous les 10 ou 20 mètres, on va en mettre un.
06:00Mon métier, je l'ai appris vraiment sur le tas.
06:07J'ai eu la chance d'avoir grandi dans un petit village et appris à maçonner la maçonnerie classique.
06:12Il y a deux ans, j'ai passé mon diplôme, les artisans bâtisseurs en pierre sèche.
06:17C'est sûr, ce diplôme-là me met vachement en avant dans la région, comme je suis le seul diplômé actuellement en Alsace.
06:21Alors il y a une part de physique, mais comme Archimède le dit, un point d'appui et un bon levier, on peut déposer les montagnes.
06:30Et dans ce métier-là, on constate assez rapidement qu'avec une simple pince de dépose, on peut bouger plusieurs tonnes.
06:37Alors c'est quand même très intéressant de ce côté-là.
06:40Une pierre de celle-là, elle fait à peu près dans les 250 kg.
06:44Alors avec une pince, on pousse, et l'autre devant, on lève et on la fait briller pour la faire avancer.
06:53C'est vrai qu'on se serre de tous nos corps.
06:55On peut voir, même le genou, l'appui peut aider.
07:03Moi, dans dix ans, j'aimerais bien être moins sur le chantier et plus faire de la gestion, de l'accompagnement, des formations aussi.
07:14Je me vois mal à 64 ans.
07:17Encore faire ce métier-là, à bouger plusieurs tonnes par jour.
07:20Il faut vraiment que les politiciens mettent des lois en conséquence, qu'ils soient beaucoup plus adaptés.
07:27En tant que muraillé, physiquement, à 64 ans, on se les rotule.
07:32Alors moi, c'est vraiment un métier dont j'ignorais tout.
07:34Vous saviez, vous, que c'était si physique, si rare, si précis comme métier ?
07:38C'est un métier très dur, puisque c'est pierre par pierre qu'il faut nourrir.
07:42Puisque c'est une tradition qu'on a héritée et qui est efficace.
07:47Donc, il faudra vraiment s'engager dans cette filière-là.
07:52Oui, sauf qu'il dit que c'est physique, effectivement, et il interpelle un peu les responsables politiques
07:56sur l'idée qu'il ne pourra pas continuer à faire ce métier, en tout cas pas jusqu'à 64 ans,
08:00ce qui est évidemment l'âge de départ à la retraite.
08:02Qu'est-ce qu'on propose à ces gens dont le métier n'est pas compatible avec ce métier ?
08:06Alors, il y a des dispositions qui ont été mises en place lors du débat, lors de la retraite.
08:11Donc, c'est vrai de partir plus tôt, peut-être de se réorienter, de transmettre.
08:16Je pense qu'il faut anticiper.
08:18Je crois qu'aujourd'hui, le mot « anticiper » est important.
08:20La transmission, quand on a des jeunes qui reprennent,
08:23on ne peut plus partir plus facilement à la retraite.
08:26Et je crois que nous aussi, on ne peut plus partir plus facilement à la retraite.
08:31On ne peut plus partir plus facilement à la retraite.
08:34Et je crois que nous aussi, on est là, les parlementaires, à évoluer aussi dans la retraite.
08:41– En étant en contact de ces gens-là, justement, qui vous interpellent.
08:44– Tout à fait, à la découverte de ces métiers.
08:46Et puis, vraiment, il faut qu'il y ait plusieurs acteurs dans ce métier-là.
08:52– Anthony Leroux nous dit aussi qu'il est le seul diplômé dans toute l'Alsace.
08:56Et on découvre au fil de toutes ces émissions qui nous font connaître les métiers,
09:00les artisans dans le pays, qu'il y a quand même pas mal de métiers en voie de disparition.
09:05Comment on protège ces métiers qui sont en train de disparaître ?
09:08– Alors, ces métiers-là, oui, sont en disparition,
09:10mais il faut vraiment que tous les acteurs s'y mettent.
09:12C'est la Chambre des métiers, c'est au niveau du rectorat,
09:15c'est-à-dire de proposer dans différentes filières, les accompagner dans les filières.
09:20Il faut vraiment qu'on soit ensemble.
09:23Peut-être à travers la loi aussi, des aides financières.
09:27Et c'est le moment, je crois que vraiment,
09:29on doit tous s'y mettre pour qu'on garde ces métiers,
09:31parce qu'ils sont nécessaires, on en a besoin.
09:34– Alors, je vous propose à présent de faire la connaissance d'un couple d'entrepreneurs,
09:37et des couples, on n'en a pas beaucoup dans l'émission.
09:40Simon et Soumya ont créé la maison Luquet à Eschbach-Auval.
09:45– Oui, très bien.
09:46– Eschbach-Auval, c'est à une vingtaine de kilomètres de Colmar.
09:49C'est une entreprise de taillanderie.
09:51Ils fabriquent et entretiennent des outils extrêmement anciens.
09:54Et leur savoir-faire est tellement rare et précieux
09:56qu'ils ont été mobilisés pour la reconstruction de Notre-Dame-de-Paris.
09:59Évidemment, ils en sont extrêmement fiers. On regarde.
10:01« Musique »
10:13– Moi ici, je suis le taillandier.
10:17Le taillandier, c'est avant tout un forgeron.
10:20Forgeron, c'est le mot générique.
10:22Après, il y a plein de spécialisations.
10:24Il y a le taillandier, il y a le cloutier, le ferronnier.
10:28Donc nous, on fabrique des outils à main,
10:30qu'on pouvait trouver il y a 1000, 2000 ans.
10:33Ils sont destinés à des professionnels, à des amateurs,
10:37qui ont envie de retrouver du sens,
10:39que ce soit pour travailler chez eux, dans leur potager,
10:42ou alors en forêt.
10:45Il y a des haches, des marteaux, des masses,
10:48des partoirs, comme ce que je suis en train de fabriquer.
10:51C'est un outil qui est traditionnellement utilisé
10:53pour faire les bardeaux ou les tavaillons.
10:55Ce sont des petites tuiles en bois
10:58qui sont sur les toitures ou les façades des maisons,
11:01dans les régions un peu humides et froides.
11:06Il y a deux ans, on a fait des haches
11:08pour la taille de la charpente de Notre-Dame de Paris.
11:11C'était très intense.
11:13« Musique »
11:17La charpente a été fabriquée avec des haches très spécifiques,
11:20qui laissent une trace bien spécifique.
11:23Et on nous a demandé de reforger des haches
11:25qui laissaient les mêmes traces.
11:32Moi, je suis la directrice de cet atelier.
11:35C'est-à-dire que c'est moi le capitaine du bateau,
11:38que j'ai à peu près 20% du temps ici à l'atelier.
11:41Et le reste, je suis au bureau.
11:44Ça va de la tâche administrative
11:47à celle de faire la communication.
11:50Et là, je vais préparer le repli de l'œil sur l'humain.
11:58Maintenant, on passe au plus rigolo.
12:00Tu les tires au pilon ?
12:02Oui.
12:04Tu veux que je te surveille la chausse ?
12:06Oui, carrément. Il faut que ce soit bien jaune.
12:09Encore.
12:10Encore ?
12:11Oui.
12:13Go !
12:17Go !
12:27Aujourd'hui, le métier est sous-représenté, on va dire.
12:30Ce métier a perdu de son sens,
12:32tout simplement parce qu'il y a eu
12:34une très grosse phase d'industrialisation de la France.
12:37Et puis, de pousser les portes d'un supermarché de bricolage
12:40et de trouver un but.
12:42Il faut faire beaucoup mieux que ça, je pense.
12:45Hum !
12:46Bon celui-là.
12:50On a la chance d'avoir mis en place ce duo-là,
12:53où chacun a un terrain de jeu
12:55dans lequel il laisse s'exprimer ses compétences.
12:58La perception, c'est que c'est compliqué de travailler en couple,
13:01mais je crois que dans la mesure où on communique pas mal
13:04et chacun a trouvé son terrain de jeu, c'est juste éclatant.
13:09C'est l'atelier bois,
13:10c'est là où on réalise tous les manches de nos outils.
13:15Un petit coup de cire d'abeille et puis on est pas mal !
13:23Maintenant, on va emmancher cet outil.
13:32Et c'est prêt à l'usage.
13:35Donc je me cale entre deux cernes,
13:39trois coups de marguerite,
13:41trois coups de marguerite,
13:44et c'est fendu.
13:46Je pense que ce que j'ai retrouvé le plus en Alsace,
13:49c'est la culture orale.
13:50Les gens ont ce truc de se transmettre à l'oral
13:53tout ce qui les passionne,
13:55tout ce qui leur tient à cœur.
13:57Et je pense que la taillerie a trouvé très naturellement sa place
14:00quand Simon a fait étudiant,
14:02puis il est passé forgeron
14:04et puis il a passé forgeron à l'écomusée d'Alsace.
14:07Les anciens qui étaient là, les autres artisans,
14:10ils lui ont raconté des histoires,
14:12ils lui racontent le parcours de chaque objet,
14:14comment il est né.
14:15La taillerie, elle est dans la liste des métiers d'art,
14:18mais la filière de formation n'existe pas.
14:20Et aujourd'hui, le risque, c'est peut-être d'être dans une autoproclamation.
14:24Je peux être taillandier.
14:26On serait preneur peut-être d'une équipe
14:29ethnologie, scientifique,
14:31pour venir peut-être nous aider
14:33à mieux comprendre notre métier.
14:35Et pourquoi pas le faire entrer
14:37dans la liste des patrimoines culturels immatériels.
14:40Ça protégerait la discipline,
14:42ça protégerait ce savoir-faire.
14:44Quelles images magnifiques, que c'est beau quand même à regarder,
14:47ces images d'artisanat.
14:48C'est fou qu'il n'existe pas de filière de formation officielle.
14:51On peut s'autoproclamer taillandier,
14:53vous le saviez, c'est incroyable.
14:55Oui, c'est incroyable,
14:56mais heureusement qu'ils se sont autoproclamés.
14:59Et quelle fierté,
15:00fierté alsacienne,
15:02et puis fierté nationale,
15:03puisqu'on les retrouve à Paris
15:06et Notre-Dame est vraiment quelque chose d'attendu.
15:09Et sans eux, peut-être ils n'auraient pas pu évoluer
15:12dans la reconstruction.
15:14Et pour moi c'est vraiment une fierté.
15:16Dire qu'il faut les soutenir,
15:18j'ai entendu et je découvre aussi
15:20à travers ce reportage
15:22vraiment ce qu'ils font.
15:24Et la complicité entre couples,
15:26c'est ce qui m'a vraiment beaucoup plu.
15:28Oui, avec une immense passion.
15:29Ils demandent quand même à faire reconnaître
15:31ce savoir-faire comme patrimoine immatériel.
15:33Ça les protégerait ?
15:34Vous pensez que ce serait utile ?
15:35Alors, peut-être que oui, peut-être que non.
15:37Je crois qu'il faut travailler ensemble
15:39parce que je ne connais pas les finalités
15:41et puis les besoins aussi.
15:43Et comment est-ce qu'on évolue ?
15:45Donc je vais les rencontrer,
15:46naturellement travailler sur ce sujet-là.
15:48Mais franchement, exceptionnel.
15:51C'est beau aussi ce que dit Soumia
15:53sur la culture de l'oral en Alsace.
15:56Ça m'a beaucoup intéressée,
15:57ça m'a même beaucoup intriguée.
15:58Vous confirmez, il y a une culture de l'oral en Alsace ?
16:00Tout à fait, il y a une culture de l'oral.
16:01Pourquoi il y a cette culture de l'oral ?
16:03On parlait l'alsacien.
16:04L'alsacien, on ne l'écrit pas
16:06parce que dans chaque village,
16:07on le parle autrement,
16:09on s'exprime autrement.
16:11Et donc, ça se faisait à l'oral.
16:13C'est beau, c'est quelque chose
16:14qu'on ne sait pas forcément.
16:15On ne parle pas à Strasbourg
16:16de la même façon qu'on parle à Eichmann.
16:18Et je vous le disais,
16:19ils ont été mobilisés pour la reconstruction
16:21de Notre-Dame de Paris.
16:22Il a fallu faire appel à 6 ou 7 staillandiers
16:25pour fabriquer des dizaines de haches
16:27pour la nouvelle charpente.
16:28Parmi eux, un Suédois, un Canadien
16:30qu'ils ont eux-mêmes hébergé
16:31pendant 4 mois chez eux.
16:33Mais des staillandiers là aussi
16:34sans cursus officiel, ni CAP.
16:37Mais c'est un savoir-faire
16:38qui se transmet aussi à l'étranger.
16:39Alors je vais dire,
16:40c'est quand même exceptionnel
16:41parce qu'effectivement,
16:42ils sont passionnés.
16:43Ils sont passionnés d'histoire.
16:45Donc la transmission,
16:46c'est déjà au niveau de l'histoire.
16:48Ils ont fait des recherches.
16:49Et grâce à ces recherches,
16:50ils ont pu créer leur entreprise.
16:53Et je pense que dans les autres pays,
16:54c'est la même chose.
16:55Et maintenant,
16:56ils ont déjà créé une communauté.
16:58Un réseau.
16:59Un réseau.
17:00Et je trouve ça vraiment
17:01exceptionnel et formidable.
17:03Alors, c'est le moment
17:04de nous faire partager
17:05votre entreprise coup de cœur à vous.
17:07Je crois que vous avez choisi
17:08les maisons Boas,
17:09constructeurs de maisons en bois,
17:11c'est ça ?
17:12Alors, j'ai fait partie des assises
17:13de la forêt du bois
17:14qui a été mise en place
17:16par Julien Denormandie.
17:18Donc moi, la forêt et le bois,
17:19c'est quelque chose de vivant.
17:21Et donc en Alsace,
17:22on a une chance terrible.
17:24C'est qu'on a des entreprises
17:25qui travaillent le bois.
17:27La famille Burget,
17:28c'est six générations.
17:30Donc vous imaginez la transmission.
17:32Mais aussi, c'est l'innovation.
17:34Et donc, les maisons Boas,
17:35c'est vraiment l'innovation.
17:36C'est un besoin qu'on a.
17:38Aussi, des constructions rapides,
17:40isolantes.
17:41Éco-responsables.
17:42Éco-responsables.
17:43Et je crois qu'autant les élus
17:45ou les personnes privées
17:47sont très, très attentives.
17:48Et puis, on souhaite aussi,
17:50et elles sont à la recherche
17:51de l'innovation.
17:52Et puis là, c'est un bel exemple.
17:54Eh bien, c'est dit.
17:55On va maintenant partir
17:56à la rencontre d'une passionnée.
17:57Encore une.
17:58Une passionnée de chevaux
17:59et de travail manuel.
18:01Elle était partie pour faire
18:02complètement autre chose
18:03dans sa vie.
18:04Et puis, un jour,
18:05elle s'est dit qu'elle pouvait
18:06allier ses deux passions
18:07pour en faire un métier.
18:08Résultat, elle est aujourd'hui
18:09artisan cellier-arnacheur.
18:11Alors, dit comme ça,
18:12ça ne vous dit peut-être pas grand-chose.
18:14Mais on va tout découvrir
18:15dans le reportage.
18:22On est vraiment au plein cœur
18:23des Perles du Vignoble.
18:24C'est le village alsacien
18:26assez connu pour leur caractère
18:28et leur stupicité.
18:32Dans les vignes, en ce moment,
18:33se développe beaucoup
18:34l'attraction animale.
18:35Donc, j'ai eu de la demande
18:37au niveau des harnais.
18:39Voilà.
18:40De l'entretien, de la réparation,
18:41mais aussi de la fabrication
18:42des harnais pour travailler
18:43justement dans les vignes
18:44avec des chevaux de trait.
18:47Viens là, viens.
18:48Là, je vais prendre les mesures
18:49pour lui faire un harnais.
18:50Déjà, la circonférence
18:52de la bestiole.
18:56Et ensuite, ce que je vais faire,
18:58c'est que je vais dessiner
18:59les emplacements du harnais
19:00à la craie.
19:01En gros, la scellette
19:05va venir là.
19:10Ensuite, on va avoir
19:12la ligne de dos.
19:17Donc là,
19:18la sept-cent.
19:27J'ai beaucoup d'outils anciens.
19:28Mon couteau à pied,
19:29c'est un couteau
19:30qui date du début
19:31du XXe siècle.
19:32Je suis en train
19:33de réaffûter mon couteau.
19:34C'est mon affûtage quotidien
19:37pour pouvoir découper ma peau.
19:40Et donc là, je travaille
19:41sur un harnais
19:42qui va lui servir
19:43à dessiner les emplacements
19:44de la craie.
19:45Donc là, j'ai un couteau
19:46à pied,
19:47c'est un couteau
19:48qui date du début
19:49du XXe siècle.
19:50Je suis en train
19:51de réaffûter mon couteau.
19:52C'est mon affûtage quotidien
19:54pour pouvoir découper
19:55ma peau.
19:56Il va lui servir
19:57à descendre une charge
19:58assez lourde
19:59sur une pente
20:00assez forte.
20:03J'utilise un compas
20:04à pointe sèche.
20:06Et maintenant,
20:07du coup,
20:08je vais pouvoir
20:09la couper
20:10avec mon couteau à pied.
20:15Avant,
20:16j'avais fait un master
20:17en archéologie
20:18et histoire contemporaine.
20:19J'ai pas pu faire
20:20la thèse que je voulais faire
20:21et je me suis laissé
20:22un an pour réfléchir
20:23à un sujet de thèse
20:24et là, j'avais
20:25de toute façon découvert
20:26le métier de scellier
20:27et ce CAP,
20:28donc j'ai tenté
20:29le concours d'entrée.
20:30Et puis finalement,
20:31je suis restée
20:32en scellerie.
20:39Là, je passe la baccar.
20:40C'est un outil
20:41qui me permet
20:42d'enlever les arrêtes
20:43du cuir
20:44qui sont un petit peu abrasives.
20:46Alors, ça permet
20:47pour les pièces
20:48qui vont être en contact
20:49direct avec le cheval
20:50d'éviter les blessures.
20:51Donc, ce que je suis
20:52en train de faire,
20:53à la fin,
20:54quelques petits détails près,
20:56c'est en fait la sangle
20:58qui va passer
20:59sous le ventre du cheval
21:00et qui va permettre
21:01de maintenir la scellette
21:02en place
21:03ou là, en l'occurrence,
21:04le surfait.
21:06C'est une pièce
21:07assez simple
21:08mais qui est super importante
21:09puisque c'est elle
21:10qui maintient
21:11tout le harnais en place
21:12sur le cheval.
21:15Alors, ça,
21:16c'est un corps de collier
21:17pour un collier de culture.
21:18C'est la pièce
21:19qui va permettre au cheval
21:20de tracter quelque chose
21:21de lourd.
21:22C'est de la peau de mouton
21:23qui se travaille
21:24toujours mouillée.
21:26Ça lui donne
21:27beaucoup plus de souplesse,
21:28en fait.
21:29Ça, ce sont des rangs bourroirs
21:31qui me permettent
21:32de rentrer la paille
21:33à l'intérieur du collier.
21:44Donc là, le but du jeu,
21:45c'est d'essayer d'emmener
21:46la paille jusqu'au milieu
21:47du collier, là-bas.
21:48Aujourd'hui,
21:49on les fait aussi
21:50en métal et en mousse.
21:53Mais finalement,
21:55on a un savoir-faire ancien
21:56qui est intéressant
21:57et qui est en train
21:58de se perdre.
21:59Donc moi, je préfère
22:00travailler encore
22:01avec des matériaux
22:02à l'ancienne
22:03et me réapproprier
22:04des gestes
22:05qu'on est en train
22:06d'oublier totalement.
22:11Et en tant qu'ancienne
22:12archéologue et historienne,
22:14ce qu'est archéologie,
22:15c'est vraiment
22:17Ce qu'est archéologie
22:18expérimentale, ça me parle.
22:19Donc, voir comment c'était fait,
22:20comprendre le geste,
22:21comprendre pourquoi
22:22c'était fait comme ça,
22:23ça m'intéresse énormément.
22:26Et puis, j'aime le patrimoine,
22:27donc ça en fait partie aussi.
22:29Et je tiens à le préserver.
22:34Là encore,
22:35une chouette activité,
22:36encore un métier
22:37qu'on connaissait peu ou pas.
22:38C'est beau,
22:39cette découpe du cuir,
22:40ce geste.
22:41Moi, j'ai trouvé ça magnifique
22:42dans le reportage.
22:43Mais voilà aussi
22:44un cas de reconversion.
22:45J'ai trouvé ça intéressant
22:46chez cette femme
22:47qui était partie
22:48pour faire complètement autre chose.
22:49Comment on peut aider
22:50les gens aussi
22:51à s'offrir une deuxième vie
22:52professionnelle,
22:53une reconversion ?
22:54Déjà, elle a du courage.
22:55Je tiens vraiment
22:56à la féliciter.
22:57C'est pas la seule
22:58qui s'engage
22:59dans un autre métier.
23:00Et je pense que vraiment,
23:01elle a choisi un métier
23:02qui...
23:03On en aura
23:04de plus en plus besoin.
23:05Vous savez,
23:06dans le vignoble,
23:07aujourd'hui,
23:08on utilise le cheval.
23:09Et je trouve que là,
23:10elle a trouvé vraiment
23:11une ouverture
23:12et puis aussi une tradition.
23:14Donc, travailler le cuir,
23:15travailler peut-être le bois,
23:17travailler beaucoup de choses
23:19à côté, en parallèle.
23:21Et elle a fait un CAP
23:23d'une année.
23:24C'est magnifique.
23:25Et elle l'a voulu.
23:26Et je crois que
23:27quand on est passionné,
23:28on fait les choses
23:29encore beaucoup mieux.
23:31Et je pense vraiment,
23:32elle a de l'avenir
23:33et c'est magnifique.
23:35Franchement,
23:36le reportage y dit tout.
23:37Oui, on sent
23:38qu'il vous a plu.
23:39Elle nous interpelle aussi
23:40sur le fait que le CAP
23:41soit passé de 3 ans
23:42à 1 an.
23:43Elle trouve que
23:44c'est peut-être trop court.
23:45C'est vrai que c'est assez récent
23:46aussi comme réforme.
23:47Beaucoup nous disent
23:48que c'est trop court.
23:49Qu'est-ce qu'on peut leur répondre ?
23:50C'est trop court,
23:51mais je pense qu'elle peut
23:52encore se former.
23:53Je pense qu'il y aura
23:54des formules
23:55où elle pourra se former.
23:56Moi, je vais le faire
23:57remonter naturellement
23:58en tant que parlementaire.
23:59C'est notre rôle de dire
24:00attendez,
24:01on a mis quelque chose
24:02en place,
24:03ça ne fonctionne pas
24:04peut-être de la meilleure façon.
24:05Mais franchement,
24:06elle a été volontaire
24:07et puis elle travaille.
24:08Elle a vraiment une chance.
24:10Mais elle est bien.
24:12Elle est bien.
24:13Un dernier rituel
24:14avant de se quitter.
24:15Patricia Chilinger,
24:163 bonnes raisons
24:17de venir s'installer
24:18dans le coin,
24:19s'implanter,
24:20implanter son entreprise.
24:21L'Alsace.
24:24L'Alsace.
24:25On a tout.
24:26C'est-à-dire que
24:27autant au niveau,
24:28je vous l'ai dit,
24:29accessibilité,
24:30la logistique,
24:31on a les transports,
24:32le ferroviaire,
24:33l'aéroport,
24:34le fluvial,
24:35on a le transfrontalier,
24:36on a l'Allemagne
24:37et la Suisse,
24:38on a les Vosges.
24:39On a vraiment
24:40une économie
24:41qui est belle.
24:42Vraiment,
24:43on a les paysages,
24:44on a le tourisme,
24:45le tourisme gastronomique,
24:46on a la route des Vins,
24:47on a la route de la Carpe,
24:48on a le tourisme mémoriel,
24:49aussi,
24:50parce qu'on a vécu
24:51des guerres.
24:52Donc on a aussi,
24:53vraiment,
24:54on a de belles écoles,
24:55on a des...
24:563 bonnes raisons,
24:57c'est 1 000 bonnes raisons.
24:58C'est plus 1 000 pays pour demain,
24:59c'est 1 000 raisons
25:00de s'installer
25:01dans le Haut-Rhin.
25:02Voilà.
25:03Eh bien, merci.
25:04Merci.
25:05Oui, encore un mot ?
25:06Oui, encore un mot.
25:07Merci.
25:08Merci.
25:09Merci.
25:10Oui, encore un mot ?
25:11Oui.
25:12Oui.
25:13Il nous manque quelque chose,
25:14c'est la mer.
25:15Eh bien,
25:16on y travaille.
25:17Merci beaucoup,
25:18Patricia Chiragé,
25:19de nous avoir accueillies
25:20chez vous,
25:21dans cette belle région.
25:22Merci aux artisans
25:23et aux chefs d'entreprise
25:24qui ont aussi accueilli
25:25nos caméras.
25:26Et puis, merci
25:27au Centre de formation
25:28d'apprentis
25:29de RUFAC Vitsenheim
25:30qui nous a accueillies
25:31dans ce lieu magnifique.
25:32Merci encore.
25:33Merci.
25:34À très bientôt
25:35sur Public Sénat.
25:36Merci à vous.
25:37Sous-titrage ST' 501

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