100% Sénat diffuse et décrypte les moments forts de l'examen des textes dans l'Hémicycle, ainsi que des auditions d'experts et de personnalités politiques entendues par les commissions du Sénat. Année de Production :
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00:00:00 (Générique)
00:00:09 -Bonjour à tous. Nous sommes en direct.
00:00:13 Édition spéciale sur Public Sénat
00:00:15 pour suivre l'audition de Patrick Pouyanné.
00:00:17 Il est président et directeur général de Total Energy.
00:00:20 Il va être entendu dans les prochaines secondes
00:00:23 par la commission d'enquête du Sénat,
00:00:25 demandée par les écologistes
00:00:27 et consacrée aux activités de Total Energy.
00:00:31 Au moment où je vous parle, le PDG de Total Energy
00:00:34 s'installe en salle.
00:00:35 René Monnory, photographe,
00:00:37 prend quelques photos.
00:00:39 L'audition devrait commencer d'un instant à l'autre.
00:00:42 Une audition dont l'intitulé...
00:00:44 Une audition dans le cadre d'une commission
00:00:46 dont l'intitulé avait fait objet d'après-négociation.
00:00:49 Lors de son lancement en janvier,
00:00:51 le Sénat enquête sur les moyens mobilisables par l'Etat
00:00:56 pour assurer la prise en compte et le respect
00:00:58 par le groupe Total Energy
00:01:00 des obligations climatiques et des orientations
00:01:03 de la politique étrangère de la France.
00:01:05 Il fallait trouver cet intitulé
00:01:07 pour réconcilier écologistes et le groupe ALR du Sénat.
00:01:10 L'audition commence.
00:01:11 Direction la salle, René Monnory.
00:01:13 -Des orientations de la politique étrangère de la France.
00:01:17 Dans ce cadre, nous entendons aujourd'hui
00:01:19 Patrick Pouyanné, président et directeur général
00:01:22 de Total Energy.
00:01:23 Avant de vous laisser la parole
00:01:25 pour un propos introductif de 20 à 25 minutes,
00:01:28 il me revient de vous indiquer que cette audition
00:01:30 est diffusée en direct et en différé
00:01:32 sur le site Internet du Sénat et sur Public Sénat.
00:01:35 La vidéo sera le cas échéant diffusée
00:01:37 sur les réseaux sociaux, puis consultable.
00:01:40 Elle fera l'objet d'un compte-rendu publié.
00:01:43 Je me permets de vous rappeler
00:01:44 qu'un faux témoignage devant notre commission d'enquête
00:01:47 est passible des peines prévues aux articles 434, 13, 14, 15,
00:01:52 qui peuvent aller de 3 à 7 ans d'emprisonnement
00:01:54 et de 45 000 à 100 000 euros d'amende.
00:01:56 Je vous invite maintenant, M. le président,
00:01:59 à prêter serment de dire toute la vérité,
00:02:01 en levant la main droite et en disant "je le jure".
00:02:04 -Je le jure.
00:02:05 -Merci.
00:02:06 Votre réponse sera mentionnée au compte-rendu.
00:02:09 A l'issue, évidemment, de votre introduction,
00:02:12 nous vous poserons avec le rapporteur
00:02:14 une première série de questions,
00:02:15 puis l'ensemble des collègues vous interrogeront.
00:02:18 Il a été convenu, mes chers collègues,
00:02:20 évidemment un peu plus long que les auditions ordinaires,
00:02:23 environ 2 heures, donc jusqu'aux alentours de 19 heures,
00:02:27 que les sénateurs auraient, à la suite de leurs questions,
00:02:32 posé en un bloc le plus concise possible,
00:02:34 et toujours dans le cadre du périmètre
00:02:36 de la commission d'enquête,
00:02:37 je me permets de le rappeler à chacun.
00:02:39 Évidemment, il y aura les réponses du président Pouyanné
00:02:43 et une réplique éventuelle de la part des sénateurs
00:02:47 qui le souhaitent, étant entendu
00:02:49 qu'après la réponse du président Pouyanné à la réplique,
00:02:51 il n'y a pas de réplique à la réponse de la réplique,
00:02:53 sinon on ne s'en sort plus.
00:02:54 Donc on va essayer de tenir dans les temps.
00:02:58 Comme convenu, monsieur le président, c'est à vous.
00:03:01 -Merci. Pardon.
00:03:02 Merci, monsieur le président, monsieur le rapporteur,
00:03:05 mesdames et messieurs les sénatrices et sénateurs.
00:03:08 Je vais donc, puisque vous m'y avez invité,
00:03:12 vous faire le point sur TotalEnergie et sa stratégie
00:03:15 dans le cadre de la commission d'enquête.
00:03:17 Permettez-moi d'abord de vous rappeler
00:03:18 que cette année, nous avons cette entreprise à 100 ans.
00:03:22 Elle est née en 1924, le 28 mars 1924,
00:03:26 au sortir de la Première Guerre mondiale.
00:03:29 Les gouvernements français,
00:03:31 Georges Clemenceau puis Raymond Poincaré
00:03:33 ayant constaté que pendant la Première Guerre mondiale,
00:03:35 qui était la première guerre où les engins mécanisés
00:03:37 ont eu une importance,
00:03:39 la France dépendait pour son approvisionnement
00:03:41 à l'hydrocarbure de compagnies uniquement anglo-saxonnes.
00:03:43 Et dans le cadre du traité de San Remo,
00:03:45 la France a pris à la Deutsche Bank
00:03:48 les actions qu'elle détenait
00:03:49 dans l'Irak, pétrole et hommes compagnie.
00:03:51 C'est peut-être pour ça, d'ailleurs,
00:03:52 qu'il y a aujourd'hui un majeur pétrolier français
00:03:54 et pas allemand.
00:03:55 Donc, nous avons été créés pour détenir ces actions.
00:03:58 Nous sommes nés au Moyen-Orient, en Irak.
00:04:00 Nous avons fait la première découverte.
00:04:02 Et avec la mission d'assurer la sécurité
00:04:04 et l'approvisionnement de la France,
00:04:05 en lisant, en revenant sur l'histoire,
00:04:07 on se rend compte, d'ailleurs, qu'entre...
00:04:09 Ils ont découvert nos ancêtres,
00:04:10 les pionniers du pétrole en 1927,
00:04:14 et ils l'ont amené en France en moins de 9 ans, 10 ans,
00:04:16 en construisant un pipeline de 2 000 km à travers l'Irak,
00:04:19 la Syrie jusqu'à la Méditerranée,
00:04:21 et deux raffineries en France,
00:04:22 une en Normandie et l'autre à l'Amed.
00:04:25 Tout ça en moins de 10 ans.
00:04:26 Donc, ils avaient rempli leur mission.
00:04:28 Cet esprit a survécu,
00:04:29 puisque tout ça a été détruit par la Deuxième Guerre mondiale,
00:04:32 et ils ont dû reconstruire à nouveau les raffineries au-delà,
00:04:36 sachant qu'au sortir de la Seconde Guerre mondiale,
00:04:38 une autre société créait ses elfes,
00:04:41 pour les mêmes raisons, d'ailleurs,
00:04:43 non pas sur le Moyen-Orient, mais plutôt sur l'Afrique.
00:04:45 Tout ça ayant été combiné dans les années 2000,
00:04:48 au tournant des années 1000,
00:04:49 Petrofina, El Fakiten et Total
00:04:50 devenant le groupe que j'ai l'honneur de présider aujourd'hui
00:04:55 et qui s'appelle désormais Total Energy,
00:04:56 depuis que nous avons décidé de nous engager
00:04:59 dans une stratégie de transition
00:05:00 qui nous amène non seulement à produire des hydrocarbures,
00:05:02 mais également des énergies hypercarbones
00:05:05 et au premier titre, de l'électricité.
00:05:07 Je y reviendrai, mais avant d'aller sur l'entreprise,
00:05:09 je voudrais quand même donner le cadre
00:05:11 dans lequel nous évoluons,
00:05:13 et qui explique les fondamentaux de la stratégie que nous suivons.
00:05:17 D'abord, l'énergie, vous le savez,
00:05:20 c'est un bien qui est essentiel.
00:05:22 C'est essentiel pour la vie de tous les jours,
00:05:25 pour tout développement économique, social.
00:05:27 Et lorsqu'on parle d'énergie, il y a en fait un trilème,
00:05:31 nos trois piliers qui doivent piloter une politique d'énergie
00:05:33 ou une stratégie en matière d'énergie.
00:05:35 Le premier, c'est que l'énergie doit être disponible,
00:05:38 fiable, sûre.
00:05:39 Ça nous paraît évident à nous ici,
00:05:41 mais sur la planète, il y a 800 millions de personnes
00:05:43 qui n'ont pas accès à l'énergie.
00:05:45 Et d'ailleurs, en 2022, à Mont,
00:05:46 on a craint pour l'approvisionnement énergétique gazier
00:05:50 du continent européen,
00:05:51 suite au déclenchement de la guerre par Vladimir Poutine
00:05:55 et l'usage de l'énergie comme une arme de guerre.
00:05:59 Donc, c'est un premier caractère,
00:06:02 mais avoir une énergie fiable, sûre, disponible,
00:06:04 c'est la première caractéristique,
00:06:07 et ça revoit profondément
00:06:08 la notion de sécurité d'approvisionnement.
00:06:11 La deuxième caractéristique, c'est qu'il faut qu'elle soit durable.
00:06:14 J'aurais pu le mettre en premier,
00:06:15 puisque aujourd'hui,
00:06:16 la question de l'impératif climatique se pose à tous,
00:06:20 encore plus depuis l'accord de Paris,
00:06:22 même si c'est précédent à ça.
00:06:24 Et donc, cette énergie est pourquoi ?
00:06:26 Parce que l'objectif, maintenant, on le sait,
00:06:28 pour la planète et pour ses habitants,
00:06:30 il faut que nous limitions le réchauffement climatique
00:06:33 à moins de 2 degrés.
00:06:35 Et donc, la réduction des émissions est devenue un impératif,
00:06:37 l'énergie étant une des sources majeures d'émissions,
00:06:40 à peu près les deux tiers,
00:06:42 telle qu'elle est aujourd'hui, en tout cas, produite.
00:06:45 La troisième caractéristique, qui est, en fait,
00:06:47 après 25 ans dans ce monde-là, je dirais, c'est la principale,
00:06:50 c'est son caractère abordable.
00:06:52 Parce que, comme c'est un bien essentiel
00:06:54 et un bien à la source de tout développement économique,
00:06:57 eh bien, le caractère abordable,
00:06:59 voire, je dirais, parfois bon marché,
00:07:01 pilote de nombreuses politiques énergétiques.
00:07:05 Et en fait, encore une fois,
00:07:07 parce que tout le monde en a besoin pour se chauffer,
00:07:09 pour vivre, pour la mobilité.
00:07:12 C'est vrai dans nos pays, ce caractère abordable.
00:07:15 On l'a vu également en 2022,
00:07:17 on le voit aujourd'hui encore,
00:07:19 les réactions quand le prix de l'énergie monte.
00:07:21 C'est aussi vrai, bien évidemment,
00:07:22 dans les pays en voie de développement
00:07:25 qui ont besoin d'énergie pour accéder à la santé,
00:07:27 à l'éducation, à un meilleur niveau de vie.
00:07:31 Et en fait, lorsqu'on réfléchit bien,
00:07:32 l'homme a cherché, depuis des siècles,
00:07:35 à chercher une énergie qui soit la plus disponible,
00:07:38 la plus abordable, pas nécessairement la plus durable.
00:07:41 C'est un caractère nouveau.
00:07:42 Et on l'avait trouvé petit à petit,
00:07:44 parce que vous savez, on ne parle pas des éoliens,
00:07:46 mais l'éolien, il y a longtemps qu'on a trouvé des moulins avant.
00:07:49 On l'avait trouvé, on l'a trouvé quelque part dans le pétrole.
00:07:52 Le seul inconvénient qu'a le pétrole,
00:07:54 le seul inconvénient réel,
00:07:55 c'est que lorsqu'on fait sa combustion,
00:07:57 il émet du CO2,
00:07:58 ce qu'on ne savait pas quand on l'avait découvert.
00:08:00 Mais le pétrole est l'énergie, en fait, la plus dense.
00:08:02 C'est un liquide le plus facile à transporter.
00:08:05 Et en fait, la moins coûteuse à produire.
00:08:08 Le charbon à un prix plus bas,
00:08:10 mais profondément, en termes de coût de production, le pétrole.
00:08:12 Et donc, toute la transition énergétique,
00:08:15 ça va consister maintenant d'être capable
00:08:17 de construire un nouveau système énergétique
00:08:19 en sortant de ces énergies fossiles,
00:08:21 mais toujours en gardant en tête ces trois impératifs
00:08:24 que sont, comme je viens de le dire,
00:08:26 une énergie disponible, durable et abordable.
00:08:30 Alors ensuite, le deuxième élément, peut-être général,
00:08:33 et qui permet de comprendre le challenge
00:08:36 auquel nous faisons face,
00:08:37 c'est comment est fabriquée l'énergie aujourd'hui dans le monde ?
00:08:40 Aujourd'hui, en 1923, le système que je vais appeler le système A,
00:08:45 c'est celui dans lequel nous vivons,
00:08:46 il est constitué, il produit en énergie primaire
00:08:49 à 81 % d'énergie fossile.
00:08:51 80-81 %.
00:08:53 En gros, 30 % de charbon, 30 % de pétrole, 20 % de gaz.
00:08:57 Ça a bougé un peu.
00:08:58 Quand je suis rentré dans le monde de l'énergie,
00:09:00 il y a 25 ans, c'était 82 %.
00:09:03 Vous pouvez me dire qu'il ne s'est rien passé.
00:09:05 Et en fait, il s'est passé beaucoup de choses,
00:09:07 puisque dans l'intervalle, on a notamment eu l'avènement
00:09:10 des énergies renouvelables,
00:09:12 en partie liées parce que le prix du pétrole
00:09:14 est monté haut dans les années 2005-2010.
00:09:18 Mais qu'est-ce qui s'est passé ?
00:09:19 Il s'est passé qu'en fait, il y a un autre phénomène
00:09:21 qui fait que la demande d'énergie croît,
00:09:24 c'est la population mondiale.
00:09:25 La population croît en gros de 1,2 % par an
00:09:28 au cours des... depuis 2000,
00:09:31 et la demande d'énergie croît à peu près au même rythme.
00:09:34 Et comme cette demande d'énergie croît,
00:09:36 toutes les énergies renouvelables, par exemple, en 2023,
00:09:40 on a construit un record,
00:09:42 près de 600 gigawatts d'énergie renouvelable.
00:09:46 Ça n'a permis de couvrir que 40 %
00:09:49 de l'accroissement de la demande mondiale
00:09:51 au cours de l'année 2023.
00:09:52 Donc on n'est pas encore arrivé,
00:09:54 et c'est d'ailleurs pour ça que quand à Dubaï,
00:09:56 on lance un mot d'ordre qui est triplement
00:09:58 des énergies renouvelables, on en trouve là la raison,
00:10:01 il faut effectivement tripler pour espérer
00:10:04 couvrir par des énergies bas carbone,
00:10:06 j'utilise le mot "renouvelable" au sens large,
00:10:09 je ne mets pas le gaz dans le bas carbone, soyons très clairs.
00:10:11 Renouvelable, bas carbone, c'est-à-dire des énergies décarbonées,
00:10:14 mais elles ne sont pas toutes décarbonées à 100 %,
00:10:16 c'est pour ça que j'utilise "bas carbone".
00:10:18 Il faut effectivement tripler pour arriver à couvrir,
00:10:22 ne serait-ce que la croissance de demandes en énergie.
00:10:25 C'est aussi pour ça qu'à Dubaï, le 2e mot d'ordre
00:10:27 qui a été lancé, c'est doubler l'efficacité énergétique.
00:10:30 Parce qu'on voit bien que si on veut arriver à inverser
00:10:33 et avoir une chance d'arriver à inverser cette tendance,
00:10:36 eh bien si la demande énergétique croit moins
00:10:39 que la population ou que l'éclivation de niveau de vue,
00:10:42 elle s'est décorrélée du GDP depuis un moment,
00:10:44 eh bien on a plus de chances d'arriver à atteindre
00:10:47 l'objectif de décarboner le système.
00:10:49 Mais il faut bien voir, donc on a un système A,
00:10:51 80 % de l'énergie fossile,
00:10:53 c'est la réalité de notre monde aujourd'hui.
00:10:55 Et il faut qu'on construise ce que j'appelle le système B,
00:10:59 c'est-à-dire un système avec des énergies décarbonées.
00:11:02 Vous voyez que depuis à peu près 20 ans,
00:11:05 on a commencé à faire croître les énergies renouvelables,
00:11:08 notamment, et on en est encore aujourd'hui dans le mix,
00:11:12 elle représente à peu près une dizaine de pourcents,
00:11:14 sachant qu'il y a de l'hydroélectricité
00:11:16 qui existait depuis plus longtemps,
00:11:18 nucléaire fait à peu près une dizaine de pourcents,
00:11:19 mais à peu près 20 % d'énergie décarbonée
00:11:21 dans le mix mondial.
00:11:22 Il faut qu'on arrive à faire x5.
00:11:25 Et le débat auquel on est confrontés aujourd'hui,
00:11:27 c'est le débat de la capacité de cette transition,
00:11:31 pardon, du rythme de la transition.
00:11:33 À quel rythme pouvons-nous passer du système A au système B ?
00:11:38 Alors, certains pensent que pour accélérer la transition,
00:11:41 il faut abattre le système A.
00:11:44 Sans doute, faudra-t-il le faire un jour.
00:11:47 Le problème, c'est que si on abat le système A
00:11:49 qui nous fait vivre aujourd'hui,
00:11:50 sans avoir construit au préalable le système B,
00:11:54 ça ne marche pas.
00:11:55 Les consommateurs d'énergie et nos concitoyens
00:11:57 ne sont pas d'accord.
00:11:59 Ils veulent de l'énergie.
00:12:00 Ils ne sont pas prêts aujourd'hui
00:12:03 à accepter un manque d'énergie.
00:12:05 Encore une fois, regardons la réaction
00:12:07 que nous avons eue dans nos sociétés développées
00:12:09 en Europe, en France,
00:12:11 lorsqu'on a eu la crainte de manquer de gaz
00:12:14 à l'hiver 22-23, ce qui n'a pas été le cas.
00:12:17 Et donc, la priorité aujourd'hui
00:12:19 est effectivement de construire ce système décarboné,
00:12:23 le système B,
00:12:24 et il faut amasser les investissements.
00:12:27 C'est d'ailleurs pour ça que TotalEnergie,
00:12:28 je reviendrai, contribue à le construire.
00:12:31 Alors après, pourquoi, je dis,
00:12:34 certains pensent qu'il suffit d'arrêter d'investir
00:12:36 dans le système A pour tout mettre dans le système B ?
00:12:38 Ils ont tort. C'est qu'il y a une caractéristique physique
00:12:41 qu'il faut connaître sur le pétrole ou le gaz.
00:12:45 C'est qu'un gisement de pétrole,
00:12:46 le gisement mondial de pétrole,
00:12:48 chaque année, si on n'investit pas,
00:12:49 il perd 4 % par an de capacité de production.
00:12:53 Il y a un déclin naturel des champs de pétrole
00:12:55 et des champs gaziers.
00:12:57 C'est une donnée qui n'est pas connue de tout le monde,
00:12:59 mais qui est majeure.
00:13:01 En gros, si je suis les conseils
00:13:03 consistant à ne plus investir dans le pétrole et le gaz,
00:13:05 eh bien, les 100 millions de barils par jour
00:13:08 que nous avions en 2022
00:13:09 seraient devenus 96 millions de barils par jour,
00:13:11 alors que la demande est montée à 102.
00:13:14 À la fin, la demande est égale à l'offre,
00:13:15 et celui qui fait l'ajustement, c'est le prix.
00:13:18 Et donc, ce phénomène,
00:13:20 ce phénomène de perte naturelle du potentiel mondial du pétrole,
00:13:25 du gisement de pétrole mondial, de 4 % par an,
00:13:27 est majeur et explique pourquoi,
00:13:30 si nous voulons toujours même maintenir
00:13:32 100 millions de barils par jour,
00:13:33 alors que la demande a cru à 102
00:13:35 et sera sans doute, cette année, à 103,
00:13:37 eh bien, il faut qu'on investisse dans des nouveaux champs de pétrole,
00:13:40 ne serait-ce que pour lutter
00:13:42 contre le déclin naturel des champs de pétrole.
00:13:45 Ça, c'est une donnée physique
00:13:47 qui, dans le débat, est souvent omise,
00:13:50 qui fait d'ailleurs que, dans le débat,
00:13:52 lorsqu'on nous pose la question
00:13:53 de quand est-ce qu'on aura le pic du pétrole,
00:13:55 la question n'est pas quand est-ce qu'on aura le pic du pétrole,
00:13:58 c'est quand est-ce que le déclin de la demande de pétrole
00:14:00 sera plus que 4 % par an.
00:14:02 Parce qu'à ce moment-là, on pourra commencer à dire,
00:14:04 il ne faut plus investir dans des champs de pétrole.
00:14:07 Mais tant qu'on est entre -4 et, je dirais, +1,
00:14:09 comme aujourd'hui, +1, +1,2,
00:14:12 eh bien, si nous n'investissons pas dans le système pétrolier,
00:14:15 et c'est la même chose pour le gaz,
00:14:17 eh bien, on aura un déclin de l'offre,
00:14:20 et à ce moment-là, les prix montent au ciel.
00:14:22 Et peut-être que, finalement, c'est une stratégie
00:14:25 qui pourrait être confortable pour Total Energy,
00:14:26 elle ne le sera pas parce que tout le monde s'en plaindra
00:14:29 encore plus, on voit déjà les phénomènes
00:14:31 auxquels nous faisons face.
00:14:32 Donc ça, c'est le sujet pourquoi, quelque part,
00:14:36 j'explique, en fait, à travers ce qui se passe
00:14:37 sur le système mondial,
00:14:38 la stratégie de Total Energy,
00:14:41 comment je vais y venir.
00:14:43 Je ne voudrais pas... Voilà.
00:14:48 Et encore une fois, c'est aussi pour ça,
00:14:50 lorsque je reviens sur cette COP28 de Dubaï,
00:14:53 qui, pour moi, a eu une importance...
00:14:55 est très importante,
00:14:57 parce qu'elle a mis tout sur la table dans ses conclusions.
00:15:00 Lorsque l'on exprime l'expression
00:15:03 "transitioning away" des hydrocarbures,
00:15:06 c'est ajouté, selon une manière juste,
00:15:08 ordonnée et équitable,
00:15:10 parce qu'il faut qu'on arrive, effectivement,
00:15:11 à faire cette transition du système A au système B,
00:15:14 sans oublier tous les clients d'aujourd'hui
00:15:17 ou seuls ceux qui l'aspirent.
00:15:19 Je pense aux milliards et demi d'Indiens
00:15:22 qui, aujourd'hui, ont une consommation par habitant
00:15:24 qui est bien plus faible que la nôtre.
00:15:26 Alors, bien sûr, ça veut dire quoi ?
00:15:28 Et c'est tout le défi, c'est que le changement climatique
00:15:31 est un phénomène global,
00:15:33 mais qu'on voit bien qu'on aura du mal
00:15:34 à avoir une seule réponse globale.
00:15:36 Dans cette affaire, les pays développés
00:15:38 dans lesquels nous sommes ici présents,
00:15:40 qui ont, je dirais, une responsabilité historique,
00:15:42 parce qu'on a fondé notre développement
00:15:43 sur ces énergies fossiles, donc émis plus de carbone,
00:15:46 et parce qu'aujourd'hui, la consommation par habitant,
00:15:50 alors des Américains, est bien plus forte que des Européens,
00:15:52 et beaucoup plus forte que celle d'IPÉ émergente.
00:15:54 Bien évidemment, si nous ne faisons pas nos efforts
00:15:56 plus vite de notre côté,
00:15:57 on a peu de chances d'y arriver.
00:16:00 Et en même temps, on sait que faire que les efforts
00:16:02 chez nous, Français, Européens, sera insuffisant,
00:16:04 puisque c'est un phénomène global.
00:16:06 Si on n'arrive pas à trouver la solution
00:16:08 pour entraîner positivement dans la transition énergétique,
00:16:12 encore une fois, les Chinois, les Indiens, les Africains,
00:16:15 l'ensemble de ces populations des pays émergents.
00:16:17 Bon, une fois que j'ai posé ça,
00:16:19 le dernier sujet que je voudrais...
00:16:21 le dernier point de généralité
00:16:24 qui explique toute la stratégie de l'entreprise,
00:16:26 c'est qu'en fait, lorsqu'on réfléchit à l'évolution
00:16:29 du monde énergétique,
00:16:31 parce que je crois qu'on arrivera à faire cette transition,
00:16:35 on va bien avoir un ralentissement,
00:16:38 voire un plateau, puis un déclin de la demande de pétrole,
00:16:42 tout simplement parce qu'il y a des innovations.
00:16:43 L'innovation technologique arrive.
00:16:46 Au passage, l'innovation technologique,
00:16:48 par exemple, le véhicule électrique,
00:16:50 en Europe, on le planifie pour 2035,
00:16:52 pas pour 2025.
00:16:53 Donc, dans l'intervalle, on va continuer
00:16:56 à avoir une demande de produits pétroliers.
00:16:58 Et encore une fois, la croissance est à peu près
00:17:00 de 1 % par an, 1,2.
00:17:02 C'est la croissance de la population mondiale
00:17:03 qui est reflétée dans ce chiffre-là.
00:17:05 Donc, on va avoir clairement un marché pétrolier
00:17:11 qui va à un moment plafonner, puis décliner,
00:17:14 pour des bonnes raisons.
00:17:15 On aura le même phénomène sur le gaz,
00:17:18 j'y reviendrai sans doute un peu plus tard.
00:17:21 Et puis, donc, ça veut dire que Total Energy
00:17:24 était positionné sur des marchés
00:17:26 qui, profondément, à long terme, vont décliner.
00:17:30 Donc, le choix que nous avons fait stratégiquement
00:17:32 est un choix profond, c'est-à-dire,
00:17:34 quelle est l'énergie qui va, elle, croître dans le futur ?
00:17:38 Il y en a une qui est claire.
00:17:40 L'énergie, je dirais, du XXIe siècle,
00:17:41 qui va avec la décarbonation de l'énergie,
00:17:45 c'est l'électricité.
00:17:46 L'électricité secondaire est une énergie secondaire.
00:17:48 L'électricité, principalement, a des énergies renouvelables.
00:17:50 Ça peut être du nucléaire, je dirais l'énergie décarbonée.
00:17:53 Après, comme tout ça est intermittent,
00:17:55 il faut mettre des phénomènes de stockage.
00:17:57 Mais le choix profond que nous avons fait,
00:17:59 qui n'était pas un choix évident, c'est de dire,
00:18:00 on va rentrer dans ce monde de l'électricité,
00:18:02 on va devenir un électricien,
00:18:04 sans abandonner nos hydrocarbures pour l'instant,
00:18:09 parce que c'est là qu'il y aura de la croissance
00:18:11 pour pouvoir, à grande échelle,
00:18:13 et pour pouvoir, quelque part, être un acteur significatif
00:18:17 de la transition énergétique.
00:18:19 Donc j'en viens maintenant à TotalEnergies.
00:18:21 Je viens de décrire les raisons de fond.
00:18:23 C'est une analyse de l'évolution de la demande.
00:18:26 Et puis, quel est le chemin que nous voulons emprunter
00:18:29 pour aller atteindre une ambition
00:18:32 d'aller vers la neutralité carbone
00:18:33 ensemble avec la société ?
00:18:35 Alors, il y a deux piliers dans cette stratégie.
00:18:37 Il y a le pilier des hydrocarbures.
00:18:40 Je ne le nie pas. C'est une stratégie qui est les deux,
00:18:43 parce qu'on est dans le système A encore aujourd'hui
00:18:45 et qu'on veut encore fournir nos clients,
00:18:48 et parce que, fondamentalement,
00:18:50 c'est ça qui nous rapporte aujourd'hui
00:18:52 des profits, des résultats,
00:18:54 et que si je veux investir dans le système B,
00:18:56 eh bien, il faut que je tire l'argent
00:18:58 de quelque part, je tire du système A.
00:19:00 Et donc, nous continuons à investir
00:19:02 dans ces hydrocarbures, et je vais revenir
00:19:05 pour expliquer dans quelles conditions.
00:19:07 Et puis, le deuxième pilier,
00:19:08 c'est les énergies bas carbone,
00:19:10 essentiellement l'électricité,
00:19:12 puisque nous construisons au sein de TotalEnergie,
00:19:16 nous avons l'ambition, en raison 2030,
00:19:17 d'être à peu près représenté 1 %
00:19:19 de l'électricité mondiale.
00:19:21 Dans le pétrole, on fait 1,5 % aujourd'hui,
00:19:23 donc ce n'est pas une si petite ambition que ça,
00:19:26 d'arriver à construire cet électricien.
00:19:28 Alors, dans le pétrole et dans le gaz,
00:19:30 qu'est-ce que nous faisons ?
00:19:31 Bien sûr, la première responsabilité
00:19:35 qui est la nôtre, à partir du moment
00:19:36 où nous continuons à produire du pétrole et du gaz,
00:19:38 c'est de le produire, je dirais, autrement,
00:19:39 en émettant moins de CO2,
00:19:41 ou moins de méthane pour le gaz,
00:19:43 puisque on sait que l'impératif que nous avons,
00:19:46 et c'est important, parce que c'est une notion
00:19:47 de transition, en fait,
00:19:49 dans la transition énergétique,
00:19:50 qu'on n'a... Il n'y aura pas de grand soir,
00:19:51 il ne faut pas rêver, le mot "transition" est important.
00:19:54 Et donc, tout ce qu'on peut faire
00:19:55 dans cette phase de transition,
00:19:56 pendant qu'on construit le système B
00:19:58 pour baisser les émissions actuelles,
00:20:01 il faut le faire.
00:20:03 Donc, l'engagement que nous avons au premier prix,
00:20:05 et les engagements qui sont avec des objectifs forts
00:20:08 que nous tiendrons, c'est d'arriver à réduire
00:20:10 les émissions lorsqu'on produit du pétrole ou du gaz,
00:20:14 on a dit 40 % entre 2015 et 2030.
00:20:17 Ce 40 % entre 2015 à 2030, sur le scope 1 et 2,
00:20:21 je pourrais répondre à des questions,
00:20:23 il est en ligne avec les objectifs
00:20:25 de l'Union européenne à cet horizon-là.
00:20:28 Ça veut dire quoi, produire autrement du pétrole ?
00:20:30 Ça veut dire concrètement
00:20:32 que les nouveaux projets pétroliers
00:20:33 que nous approuvons,
00:20:35 ils doivent avoir deux caractéristiques.
00:20:36 D'abord, pour qu'on ne veut pas avoir d'actifs échoués
00:20:39 dans notre bilan pour qu'ils soient à long terme,
00:20:41 ils ne doivent coûter pas cher.
00:20:42 Donc, on approuve des projets
00:20:44 que si on est capable de produire du pétrole
00:20:47 à moins de 20 $ du baril, en coûts techniques,
00:20:49 moins de 30 $ en points morts.
00:20:51 Point mort de total énergie, je vous dis, c'est à 23 $.
00:20:54 Donc, au-delà de 23 $,
00:20:55 total énergie, on gagne de l'argent.
00:20:58 Donc, notamment, si c'est à 80 $, on en gagne plus.
00:21:02 Ce n'est pas donné par "ça ne tombe pas du ciel".
00:21:06 Le point mort en question était en 2014 à 85 $.
00:21:10 Donc, c'est un énorme travail qui a été fait
00:21:11 par l'ensemble des équipes de l'entreprise,
00:21:13 des choix délibérés d'actifs.
00:21:15 Par exemple, quitter les sables mitubineux du Canada.
00:21:19 C'est ça l'explication. Ils coûtent trop cher.
00:21:21 Et donc, c'est des choix délibérés.
00:21:23 La deuxième caractéristique de tous les projets,
00:21:24 c'est qu'ils doivent avoir une intensité carbone,
00:21:26 c'est-à-dire des émissions de carbone par baril produit
00:21:30 qui sont moins que la moyenne de l'entreprise.
00:21:33 Alors, c'est vertueux, c'est-à-dire que c'est une limite
00:21:35 qui baisse chaque année.
00:21:36 Elle était à 20 kg du baril il y a trois ans.
00:21:38 Elle est maintenant à 18 kg du baril.
00:21:40 Et nos plans nous disent qu'on saurait être
00:21:42 autour de 13 kg du baril en 2028.
00:21:45 Donc, on produit du pétrole en émettant moins.
00:21:48 Alors, pour le gaz, j'ai parlé du gaz,
00:21:51 et je sais qu'on va pas mal parler de gaz.
00:21:54 Pourquoi, disons-nous, que le gaz, c'est partie de la transition,
00:21:58 même si c'est une énergie fossile,
00:22:00 donc elle devra quelque part disparaître, sortir, c'est clair ?
00:22:05 Et en quoi le gaz, dans cette transition,
00:22:07 a un rôle particulier à nos yeux ?
00:22:09 D'abord, parce que, encore une fois,
00:22:11 j'ai dit qu'on veut produire de l'électricité.
00:22:13 L'électricité avec des énergies renouvelables intermittentes,
00:22:16 il faut compenser son intermittence.
00:22:18 Les clients ne veulent pas de l'énergie intermittente.
00:22:23 Et ça, il faut donc le combiner avec des moyens flexibles
00:22:25 de production d'électricité.
00:22:27 Le moyen le plus flexible de production d'électricité,
00:22:29 c'est les centrales à gaz,
00:22:31 parce que ça s'arrête, puis ça s'allume comme un bouton.
00:22:34 C'est facile à démarrer, il faut une demi-heure,
00:22:36 les relancer, les arrêter, et donc c'est très flexible.
00:22:40 Et ça, c'est ce que, d'ailleurs, nos amis allemands ont compris,
00:22:43 puisque le modèle vers lequel ils vont,
00:22:45 c'est des renouvelables et des centrales à gaz,
00:22:47 qui deviendront plus tard centrales à hydrogène,
00:22:49 si les clients acceptent d'en payer le prix,
00:22:52 mais c'est un modèle de combinaison
00:22:55 d'énergie renouvelable intermittente
00:22:57 et de moyens flexibles d'énergie.
00:22:58 Bien sûr, on peut parler de stockage d'énergie,
00:23:00 mais le coût des batteries est encore très élevé,
00:23:02 et donc on n'arrivera pas à faire un système
00:23:04 uniquement de renouvelables et de batteries à court terme.
00:23:07 Donc ce gaz, il a une utilité.
00:23:10 Il a une deuxième utilité, c'est qu'il y a un autre moyen
00:23:13 de faire de l'énergie flexible de gaz,
00:23:15 de l'électricité flexible, c'est le charbon.
00:23:17 C'est-à-dire, au lieu de brûler du charbon
00:23:20 pour faire de l'électricité, on brûle du gaz.
00:23:23 Et ça, l'ensemble des études démontrent,
00:23:26 ce n'est pas nous qui le disons,
00:23:27 que lorsqu'on brûle du gaz plutôt que du charbon,
00:23:31 on émet deux fois moins de CO2.
00:23:33 Donc ça permet d'abattre du CO2.
00:23:35 C'est transitoire, ce n'est pas une solution ultime,
00:23:38 on n'a jamais dit ça,
00:23:40 mais dans la trajectoire, encore une fois,
00:23:42 si on se dit que la trajectoire, c'est moins d'émissions,
00:23:44 comme priorité, le gaz peut y contribuer.
00:23:46 Il y contribue à une condition, c'est le méthane,
00:23:49 puisque à Glasgow, on a révélé la question du méthane.
00:23:53 C'est une question qu'on a apprise à Bralcor.
00:23:55 Nous-mêmes, nous avons pris l'engagement
00:23:57 de réduire de 80 % nos émissions de méthane
00:23:59 entre 2020 et 2030.
00:24:00 Ça fera 90 entre 10 et 30.
00:24:03 On peut le faire.
00:24:04 À Dubaï, encore une fois, il y a eu une charte
00:24:06 qui a été signée par l'ensemble des compagnies pétrolières
00:24:08 pour dire qu'on visait, on tendait vers le zéro méthane.
00:24:13 On sait qu'on n'arrivera jamais à zéro, mais on peut le faire.
00:24:15 On a des moyens techniques.
00:24:16 Depuis qu'on a compris l'importance du méthane
00:24:18 et surtout son caractère, je dirais,
00:24:21 réchauffant à court terme dans le changement climatique,
00:24:24 il faut absolument, une priorité absolue,
00:24:25 c'est d'abattre les émissions de méthane.
00:24:27 C'est ce à quoi nous engageons.
00:24:28 Et en fait, depuis 2020 à 2024, on est déjà à 46 %.
00:24:32 Donc quand on prend le sujet, on s'est rendu compte
00:24:34 qu'il y avait un son de dévent qui existait sur nos plateformes
00:24:36 qu'il fallait arrêter et que ce n'était pas...
00:24:39 C'était finalement mettre le focus de nos ingénieurs dessus
00:24:42 pour arriver à traiter le sujet.
00:24:43 Il y a des fuites de méthane, on se donne des moyens
00:24:45 de les revenir.
00:24:47 Donc le gaz fait partie de la transition.
00:24:49 Ce n'est pas une solution ultime, mais il en fait partie.
00:24:52 Et c'est pour ça que TotalEnergie,
00:24:54 dans cette affaire, dans notre stratégie,
00:24:56 on est devenu un des plus grands acteurs
00:24:57 du gaz naturel liquéfié, puisqu'il permet de transporter
00:24:59 le gaz à travers le monde, puisqu'on est devenu
00:25:02 le numéro 3 mondial du gaz naturel liquéfié
00:25:05 après avoir acheté les actifs...
00:25:07 Nous-mêmes, on avait nos actifs et avoir consolidé
00:25:08 ceux d'ENGIE en 2018.
00:25:11 Donc on continue à investir dans des nouveaux projets
00:25:14 de pétrole et de gaz de façon à fournir cette demande,
00:25:17 contribuer à cette transition.
00:25:19 L'autre pilier, je l'ai dit, c'est l'électricité.
00:25:22 Sur l'électricité, on a commencé tout ça en 2020.
00:25:25 En l'espace de 4-5 ans, on a construit...
00:25:27 On a un électricien qui a à peu près
00:25:29 une vingtaine de milliards d'actifs,
00:25:31 qui va produire cette année
00:25:33 l'ordre de 45 TWh par an.
00:25:36 On vise plus de 100 TWh, 120 TWh à l'horizon 2030.
00:25:40 On a déjà une base d'énergie renouvelable
00:25:42 qu'on a de l'ordre de 23 GW.
00:25:46 On est parti de zéro, ce n'est pas si mal.
00:25:48 On en aura 35 et on y sera en 2025.
00:25:50 Et on vise une centaine à l'horizon de la fin de la décennie.
00:25:54 Donc pour faire ça, il faut investir.
00:25:56 Et donc on a des investissements qui font que,
00:25:59 là où on investissait 18 milliards dans les hydrocarbures,
00:26:01 maintenant, on investit en gros 12 milliards
00:26:04 dans le pétrole et dans le gaz,
00:26:06 et 5 milliards.
00:26:08 L'année dernière, c'était même 5,8,
00:26:09 parce que l'électricité prenait 5 milliards.
00:26:11 Mais par ailleurs, on investit aussi
00:26:13 dans des molécules bas carbone,
00:26:15 comme les carburants aériens durables,
00:26:17 où on transforme des raffinés en biogaz,
00:26:20 et donc on met à peu près 4-5 milliards
00:26:24 dans l'électricité et 1 milliard
00:26:25 dans les autres énergies bas carbone.
00:26:28 Donc voilà l'équation dans laquelle nous sommes
00:26:31 et dans laquelle nous sommes en train de démontrer.
00:26:34 Et même si souvent, l'avantage,
00:26:36 c'est que dans cette stratégie, on est critiqué par tout le monde,
00:26:39 entre ceux qui disent qu'on en fait trop
00:26:40 et ceux qui disent qu'on n'en fait pas assez.
00:26:42 On est en train de démontrer que ce modèle économique
00:26:45 fonctionne, puisque on a le plaisir de savoir
00:26:48 que depuis deux ans, nous sommes la major pétrolière
00:26:51 la plus rentable, plus rentable qu'Exxon,
00:26:53 alors que nous investissons, et nous avons de loin,
00:26:55 avec 20 milliards de capitaux dans des énergies bas carbone,
00:26:59 la partie, je dirais, dont on me dit qu'elles ne sont pas rentables,
00:27:03 elles font, on l'a démontré, on a un électricien
00:27:05 qui a à peu près 10 % de rentabilité,
00:27:06 ce qui n'est pas si mal pour l'instant.
00:27:08 Et donc, on a ce chemin, et ce chemin,
00:27:11 et on ne peut le tenir que bien évidemment,
00:27:13 parce qu'on a un portefeuille pétrolier-gasier
00:27:15 qu'on entretient et qui est d'excellente qualité.
00:27:17 Sinon, mes actionnaires ne me laisseraient pas faire
00:27:20 la double stratégie, à la fois de faire du pétrole et du gaz
00:27:24 et d'investir à ce niveau-là dans les énergies bas carbone,
00:27:28 mais c'est bien ce que nous considérons
00:27:29 comme bon pour l'entreprise.
00:27:31 Et pourquoi on s'y est engagé dès 2020 ?
00:27:32 Parce que l'énergie, c'est du temps long,
00:27:35 et qu'on ne pourrait pas prendre de décision,
00:27:37 mais ne pas la prendre, c'est le regretter plus tard.
00:27:39 Et que bâtir des bases d'actifs,
00:27:41 il faut en gros une dizaine d'années pour se donner,
00:27:44 pour arriver à faire en sorte que Total Energy
00:27:47 soit une réalité.
00:27:48 Aujourd'hui, dans nos ventes d'électricité,
00:27:50 c'est à peu près 8 à 10 % de nos ventes.
00:27:52 On veut que ça atteigne 20 % à la fin de la décennie.
00:27:55 Le gaz, il y aura plus de ventes de gaz, d'ailleurs,
00:27:58 que de ventes de pétrole.
00:27:59 Donc voilà un peu le cheminement que nous suivons.
00:28:02 Alors, je viens de le dire, d'ailleurs,
00:28:04 quelque part, à un moment, on est dans...
00:28:06 Je vais conclure là-dessus, on est un peu
00:28:07 dans une situation paradoxale.
00:28:10 D'ailleurs, je trouve que la Commission,
00:28:12 elle exprime elle-même ce paradoxe
00:28:14 par sa, je dirais, son existence même,
00:28:18 puisqu'on est à la fois perçu dans notre monde,
00:28:21 qu'elle note comme l'acteur ambitieux,
00:28:23 qui est pionnier.
00:28:25 On m'a demandé d'être un des trois champions
00:28:27 de la Oil & Gas et Carbolisation Charter,
00:28:30 aux côtés du patron d'Aramco et du patron de Atnok,
00:28:34 parce que les compagnies internationales considèrent
00:28:37 que nous montrons quelque part une voie originale.
00:28:40 Les médias anglo-saxons saluent, d'ailleurs,
00:28:42 notre performance.
00:28:44 Et puis, par ailleurs, je dois avouer
00:28:45 que cette transition, elle reste mal comprise en France.
00:28:48 Donc là, on n'est pas bon.
00:28:50 Ça, c'est clair.
00:28:52 On le constate.
00:28:54 C'est un phénomène de frustration,
00:28:55 mais quand je dis qu'on n'est pas bon,
00:28:56 c'est à nous aussi de trouver des remèdes.
00:28:58 Et j'espère, d'ailleurs, que cette Commission
00:29:00 permettra de réduire cet écart de perception.
00:29:03 En tout cas, moi, je suis convaincu
00:29:06 que TotalEnergie, c'est un atout pour la France,
00:29:11 je vous ai rappelé son histoire,
00:29:12 pour la compétitivité de son économie,
00:29:16 par sa présence dans le monde,
00:29:18 notamment dans beaucoup de pays, je dirais, du Sud.
00:29:22 Je suis moi-même, au fait de mon parcours personnel
00:29:25 attaché aux valeurs de la République,
00:29:28 comme d'ailleurs les quelques hauts fonctionnaires
00:29:31 qui nous rejoignent, qui ne sont pas si nombreux,
00:29:34 pour participer à la réussite d'une entreprise.
00:29:37 Je dois avouer que c'est aux fonctionnaires comme moi-même,
00:29:38 on porte quelque part de faire notre formation,
00:29:40 notre parcours, une vision, une ambition,
00:29:42 qui sont aussi celles de la France.
00:29:44 Et je pense que c'est un modèle qui fonctionnera,
00:29:46 en tout cas dont je suis personnellement fier.
00:29:49 Je vous l'ai dit, TotalEnergie est née il y a 100 ans
00:29:51 au conflit entre volonté, du monde politique,
00:29:54 de chef d'entreprise, visionnaire.
00:29:56 Elle s'est reconstruite en 1945,
00:29:59 comme l'ensemble de la France,
00:30:00 autour d'un nouveau pacte entre l'Etat,
00:30:01 les entreprises et les citoyens.
00:30:04 Et je pense que les défis stratégiques,
00:30:05 technologiques et climatiques du 21e siècle
00:30:07 appellent quelque part le même état d'esprit
00:30:10 et le même type de coopération.
00:30:11 En tout cas, c'est ce que j'appelle de mes voeux.
00:30:13 Merci pour votre attention.
00:30:15 -Merci, M. le président.
00:30:22 Il me revient de poser,
00:30:25 comme le feront ensuite nos collègues,
00:30:27 deux questions assez concises, d'ailleurs.
00:30:34 Nous étions, un certain nombre,
00:30:36 jeudi dernier auprès de la Commission européenne.
00:30:40 Et on a été quand même assez surpris
00:30:43 de voir qu'il y avait beaucoup d'objectifs,
00:30:47 beaucoup de définitions,
00:30:49 mais au final, très peu de règlements contraignants
00:30:54 sur la production de l'énergie en Europe.
00:31:00 Et ma première question, donc, est assez simple.
00:31:03 Dans une économie mondialisée,
00:31:06 on voit bien qu'il n'y a pas, en réalité,
00:31:11 d'organisation, ni mondiale, ni en réalité européenne,
00:31:14 de la production d'énergie.
00:31:17 En clair, est-ce que vous avez le sentiment
00:31:20 que si, par exemple, la France ou l'Europe
00:31:23 aboutissaient à des contraintes beaucoup plus lourdes,
00:31:27 est-ce que ce serait un gap de compétitivité
00:31:30 par rapport aux entreprises chinoises, américaines ou autres,
00:31:34 qui, elles, ne seraient sous aucune contrainte,
00:31:36 puisqu'il n'y a pas de régulation mondiale
00:31:39 de la production d'énergie ?
00:31:41 Ma deuxième question porte sur quelque chose...
00:31:45 Vous avez dit vous-même, à Davos,
00:31:48 que vous n'étiez pas hostile au fait que TotalEnergie
00:31:51 s'engage dans la relance du nucléaire en France.
00:31:55 Lors de son audition devant cette commission,
00:31:58 le ministre Bruno Le Maire a dit que, banco, si je puis dire,
00:32:02 et qu'il était extrêmement favorable
00:32:05 au fait que TotalEnergie rentre dans cette vision.
00:32:09 Vous avez dit récemment que, parmi les énergies renouvelables,
00:32:14 les énergies bas carbone,
00:32:16 vous pensiez que le nucléaire avait un rôle essentiel,
00:32:18 vous nous l'avez redit tout à l'heure.
00:32:20 Vous avez dit en même temps que vous ne croyez pas vraiment
00:32:23 à l'hydrogène vert, mais plus au biocarburant.
00:32:26 Est-ce que vous pouvez nous dire, par exemple,
00:32:29 si, effectivement, comme le dit le ministre,
00:32:32 ou comme vous l'avez dit vous-même à Davos,
00:32:34 est-ce que TotalEnergie envisage de s'engager,
00:32:37 d'une manière ou d'une autre, dans le nucléaire ?
00:32:40 Bien, merci, monsieur le président, pour ces deux questions.
00:32:45 Bon, la première question sur l'Europe.
00:32:50 L'Europe est un continent qui a, par rapport aux Etats-Unis,
00:32:54 un vrai déficit de ressources naturelles.
00:32:57 On constate que nous n'avons pas d'hydrocarbures
00:33:01 sur le sol européen, on en a en Norvège,
00:33:03 au Royaume-Uni, qui ne sont pas dans l'Union européenne,
00:33:06 et qu'en fait, profondément, nous dépendons,
00:33:09 pour notre approvisionnement énergétique actuel,
00:33:12 d'importations de tiers.
00:33:14 D'ailleurs, la seule stratégie possible dans ce cas-là,
00:33:16 c'est de diversifier les sources d'approvisionnement
00:33:18 pour ne pas être trop dépendants, on l'a vu à nos dépens,
00:33:21 d'un seul pays, dans ce sujet-là.
00:33:26 L'Europe, aujourd'hui, a clairement les ambitions les plus fortes.
00:33:31 Le Green Deal, c'est les ambitions les plus fortes,
00:33:33 en termes d'objectifs.
00:33:35 Quand vous dites qu'il n'y a pas de règles,
00:33:37 il n'y en a pas sur la façon de produire,
00:33:39 mais il y a quand même, vis-à-vis des Etats,
00:33:41 un certain nombre d'objectifs qui sont quantifiés,
00:33:43 en termes de parts d'énergie renouvelables, etc.,
00:33:47 et qu'il faut ensuite décliner.
00:33:49 Et il y a quand même aussi un système qui existe,
00:33:53 qu'ils appellent l'ETS, c'est-à-dire le prix du carbone en Europe,
00:33:55 est une réalité qui s'impose à nous tous,
00:33:58 nous, industriels, qu'on est consommateurs,
00:34:00 et qui pose, aujourd'hui, d'ores et déjà,
00:34:02 des questions de compétitivité.
00:34:03 Il est clair que la guerre en Ukraine
00:34:07 et ses conséquences dans l'approvisionnement européen,
00:34:10 puisque, quelque part, on avait oublié
00:34:12 qu'on était collectivement européens,
00:34:16 plus nos amis allemands que nous-mêmes,
00:34:19 je dirais, dopés aux gaz russes pas chers,
00:34:22 puisqu'ils arrivaient quasiment au prix du gaz américain,
00:34:24 sans être... et que la Russie n'était pas en Europe,
00:34:27 nous l'avons reconstaté,
00:34:28 eh bien, on a aujourd'hui un défi de compétitivité très clair
00:34:31 sur le domaine de l'énergie.
00:34:33 La question, c'est comment est-ce qu'on peut le combler ?
00:34:36 Ce que j'ai une grande conviction,
00:34:37 c'est qu'aujourd'hui, on n'a toujours pas fait,
00:34:40 s'il y a bien, en Union européenne, un domaine
00:34:42 où il faudrait arriver à faire une union plus forte,
00:34:44 c'est le mode de l'énergie.
00:34:46 Parce que laisser chaque État, comme ça se passe aujourd'hui,
00:34:48 organiser sa propre politique énergétique sans coopération,
00:34:51 c'est juste dépenser plus d'argent collectivement en Europe.
00:34:55 Si on était capable d'avoir une quarte de l'Europe
00:34:58 et qu'on voyait les centrales nucléaires en France,
00:35:00 les centrales solaires en Espagne,
00:35:01 les centrales éoliennes au nord de l'Allemagne,
00:35:03 et l'offshore à éolien,
00:35:04 et que tout ça ait été mis collectivement ensemble,
00:35:07 je peux vous dire qu'on pourrait aller plus vite
00:35:09 dans la transition, et sans doute, surtout,
00:35:11 économiquement, plus intelligemment.
00:35:12 À mon avis, c'est la seule façon collectivement
00:35:14 de baisser le coût de l'énergie en Europe,
00:35:16 c'est d'optimiser ce que nous avons,
00:35:18 puisque je dis qu'on n'a pas de ressources,
00:35:20 mais on a quand même une ressource,
00:35:21 et qu'on a du vent, du soleil, comme les autres,
00:35:23 mais on a moins d'espace,
00:35:26 parce que les énergies renouvelables, c'est de l'espace.
00:35:28 Et même là-dessus, les Américains,
00:35:30 nous sommes investisseurs au Texas,
00:35:32 même là-dessus, ils ont plus de choses que nous,
00:35:34 puisqu'on peut coller des centaines d'hectares
00:35:37 de panneaux solaires dans le Texas,
00:35:39 on ne voit personne, on ne nous en est pas.
00:35:41 En un an, on construit des gigawatts,
00:35:44 tandis que chez nous, on construit quelques mégawatts,
00:35:46 et il faut généralement plusieurs années pour y arriver.
00:35:49 Donc il y a même cette ressource,
00:35:50 parce que c'est une ressource rare, l'espace,
00:35:52 et même l'optimisation de l'espace en Europe
00:35:54 mériterait une réflexion collective.
00:35:56 C'est bien que c'est éconoclaste de dire ça,
00:35:57 parce que chaque pays considère que la politique énergétique,
00:35:59 c'est sa souveraineté,
00:36:00 mais à un moment, la question est de savoir
00:36:02 s'il ne faut pas collectivement accepter
00:36:04 de perdre un peu sa souveraineté
00:36:05 pour être collectivement plus intelligent,
00:36:06 et c'est la seule façon, pour moi,
00:36:08 d'atteindre collectivement les objectifs
00:36:09 très ambitieux qu'on s'est donnés.
00:36:11 Parce que l'autre façon, c'est de faire des règles, des normes,
00:36:14 c'est l'autorité, c'est de l'interdit,
00:36:16 et là, on voit bien qu'il va falloir entraîner
00:36:19 nos concitoyens, parce que tout ça a un coût,
00:36:21 et comment on va rendre cette transition acceptable.
00:36:24 Donc moi, je vous dis, enfin, par rapport à votre question,
00:36:27 est-ce qu'on peut réglementer plus
00:36:29 la façon dont on produit de l'énergie en Europe ?
00:36:31 Je pense qu'on fait déjà beaucoup.
00:36:32 Je pense que quelque part,
00:36:34 je le redirai, j'ai vu qu'il y avait des questions à la fin,
00:36:37 quelles sont vos recommandations,
00:36:38 mais je ne sais pas si je les gardais à la fin,
00:36:39 je n'ai pas voulu les mettre au début,
00:36:41 parce que je suis sûr qu'elles viendront dans le débat,
00:36:43 mais il me paraît clair qu'il vaut mieux
00:36:45 que les décideurs politiques ne fixent pas les technologies,
00:36:48 mais fixent les objectifs et laissent les entreprises
00:36:50 trouver les moyens d'atteindre ces objectifs.
00:36:53 Décider d'une technologie a priori,
00:36:55 c'est faire un pari sur l'état de la connaissance
00:36:59 aujourd'hui en 2020,
00:37:00 sachant que l'homme innove dans ce monde,
00:37:02 moi, je suis très frappé,
00:37:03 de la capacité d'innovation dans le monde énergétique.
00:37:06 On ne parlait pas des solaires et d'éoliens en 2000,
00:37:08 quand je suis rentré dans le monde de l'énergie,
00:37:10 c'est apparu dans les 15 dernières années.
00:37:12 On ne parlait pas de dire qu'on allait faire
00:37:13 des systèmes de batteries lithium-ion aussi puissants,
00:37:16 on est en train de les inventer,
00:37:17 donc il faut croire à l'innovation,
00:37:19 et d'ailleurs, je pense que si on veut atteindre net zéro,
00:37:21 il ne faut surtout pas dire qu'on a tout entre nos mains
00:37:23 qui suffit de le faire, il faut au contraire,
00:37:25 bien sûr, ne pas attendre pour agir,
00:37:27 mais en même temps, continuer à chercher à innover.
00:37:30 Alors sur le nucléaire, je vais clarifier,
00:37:32 j'en profite de ma position,
00:37:34 ma position, TotalEnergie, n'est pas capable
00:37:36 d'être un producteur d'énergie nucléaire,
00:37:37 nous n'y connaissons rien, soyons très clairs.
00:37:39 La seule remarque est, être producteur d'énergie nucléaire,
00:37:42 c'est un vrai domaine de compétences,
00:37:45 ça s'acquiert, par ailleurs, j'ai une autre conviction profonde,
00:37:49 qui est que mettre des...
00:37:51 Comment on appelle ça en français ?
00:37:53 Des liabilities, des...
00:37:54 Non, des... Oui.
00:37:58 Les liabilities, en anglais, c'est des...
00:38:03 Ah, des... Non, pardon, des...
00:38:06 Ah, je ne parle qu'en anglais, décidément.
00:38:07 Des charges à long terme, alors pardon,
00:38:12 des charges à long terme que sont les déchets nucléaires
00:38:15 dans le bilan d'une entreprise privée,
00:38:17 c'est très compliqué, mon point de vue,
00:38:19 et donc, je n'ai pas envie de mettre dans le bilan de TotalEnergie
00:38:23 des éléments nucléaires,
00:38:24 parce qu'il n'y a pas seulement les déchets,
00:38:26 il y a aussi l'abandonnement des constructions, etc.
00:38:30 Donc, ça me paraît, de ce point de vue-là,
00:38:31 le mouvement français d'avoir une entreprise d'État,
00:38:34 je le comprends, et donc...
00:38:36 Par contre, qu'est-ce que j'ai dit ?
00:38:37 J'ai dit simplement que nous sommes...
00:38:39 Nous avons un portefeuille de clients en France,
00:38:43 et nous sommes... Nous avons des "électriciens",
00:38:45 nous vendons l'électricité,
00:38:46 nous en produisons nous-mêmes
00:38:48 à travers des centrales à gaz et des énergies renouvelables,
00:38:50 j'ai décrit notre modèle.
00:38:52 Eh bien, j'étais prêt à acheter à EDF,
00:38:55 dans un contrat long terme,
00:38:58 de l'électricité d'origine nucléaire.
00:39:00 Quand je dis "contrat long terme",
00:39:01 ça peut prendre un contrat de 15 à 20 ans.
00:39:03 Exactement ce que je fais aujourd'hui
00:39:05 avec des producteurs de gaz naturel liquéfié américains,
00:39:08 près de qui je me suis engagé à enlever,
00:39:12 pendant 20 ans, 5 millions de tonnes par an
00:39:14 de gaz naturel liquéfié.
00:39:15 Et qu'est-ce qu'ils font avec mon contrat ?
00:39:17 Ils vont voir les banquiers et ils disent
00:39:19 "Je vais lever de l'argent, et la signature,
00:39:21 c'est la garantie de totale énergie."
00:39:23 Et naturellement, les banquiers,
00:39:25 ils n'aiment peut-être pas le petit développeur
00:39:27 qui fait l'usine,
00:39:28 mais voir la signature de totale énergie,
00:39:29 ça les rassure.
00:39:30 C'est comme ça qu'on a lancé un projet au Texas
00:39:33 qui s'appelait Rio Grande LNG,
00:39:35 et c'est grâce à la signature, notamment, de totale énergie.
00:39:37 Donc l'idée que j'avais simplement,
00:39:39 c'était de dire, si EDF a envie de s'engager avec nous
00:39:43 dans une négociation de prix, effectivement,
00:39:45 d'un contrat long,
00:39:46 eh bien, on pourrait mettre en face
00:39:48 d'une, je ne sais pas, deux tranches nucléaires,
00:39:50 la signature de totale énergie,
00:39:51 ce qui aiderait également, sans doute,
00:39:53 le coût de la dette baisse, en général,
00:39:54 puisqu'il se trouve que le bilan de totale énergie,
00:39:57 lorsqu'on emprunte de l'argent,
00:39:59 j'emprunte à un taux beaucoup plus faible
00:40:00 que beaucoup, je dirais, d'autres entreprises.
00:40:03 Donc c'est ça, l'idée. Mais soyons clairs,
00:40:05 je ne prendrai pas un contrat...
00:40:07 Je ne signerai pas un contrat avec du risque nucléaire dedans.
00:40:09 Moi, je ne maîtrise pas les coûts du nucléaire.
00:40:12 Donc chacun son métier.
00:40:13 De même que quand je signe un contrat
00:40:15 sur du gaz à effet de serre et des cafés de 20 ans,
00:40:17 eh bien, on s'engage sur un prix
00:40:19 qui peut être parfois en mode des faveurs,
00:40:20 parfois en faveur du vendeur,
00:40:22 mais lui s'engage à gérer ses coûts
00:40:24 et donc à produire. Chacun son métier.
00:40:26 Voilà un peu l'idée.
00:40:28 Je réitère devant la Commission
00:40:29 le fait que je suis prêt à rentrer dans ces discussions.
00:40:31 J'ai entendu le ministre de l'Economie
00:40:33 le soutenir.
00:40:34 Je suis à la disposition du président de l'EDF
00:40:36 quand il le souhaitera pour discuter.
00:40:38 Voilà pour ce point-là.
00:40:41 Et encore une fois, d'ailleurs, quand je fais ça,
00:40:42 quelque part, je pense...
00:40:44 Vous savez, je n'ai pas évoqué ça,
00:40:45 mais c'est une façon aussi de contribuer
00:40:47 à la transition en France,
00:40:48 qui est quand même un sujet pour nous en France.
00:40:51 On est aussi un acteur de la transition.
00:40:53 On investit, juste pour avoir un chiffre,
00:40:56 on a investi l'an dernier 2 milliards de dollars en France,
00:41:00 dont 60 % dans de la transition énergétique.
00:41:04 On était le plus gros investisseur renouvelable,
00:41:06 400 millions,
00:41:07 mais on met aussi 300 millions
00:41:08 dans les carburants aériens duréables,
00:41:10 puisqu'on reconstruit une nouvelle bioraffinerie,
00:41:13 mais on a mis aussi plus de 100 millions
00:41:14 pour construire des bornes de recharge.
00:41:16 Maintenant, on a 20 000 bornes de recharge,
00:41:18 1 300 bornes de recharge très rapides,
00:41:20 dans du biogaz, etc.
00:41:21 Donc on est un investisseur de la transition
00:41:25 et même si je n'investirais pas dans le nucléaire,
00:41:27 encore une fois, offrir un contrat long terme
00:41:29 de contribuer au financement de nucléaires
00:41:33 à venir pour la nation.
00:41:35 Voilà.
00:41:36 -Merci, M. le Président. M. le rapporteur.
00:41:40 -Merci, M. le Président.
00:41:44 Vous l'avez compris, le point de départ
00:41:46 de notre commission d'enquête,
00:41:48 c'est évidemment le dérèglement climatique
00:41:52 et l'urgence à agir.
00:41:55 Le secrétaire général des Nations unies
00:41:57 le répète matin, midi et soir, il le dit,
00:42:01 l'effondrement climatique a commencé.
00:42:04 Il a ajouté il y a quelques semaines,
00:42:06 "l'addiction de l'humanité au pétrole
00:42:08 "a ouvert les portes de l'enfer."
00:42:09 Alors, c'est ni vous ni nous
00:42:11 qui avons commencé à ouvrir ces portes.
00:42:14 Notre responsabilité, c'est effectivement de les fermer.
00:42:18 Le président Macron, vous avez cité la COP 28 à Dubaï,
00:42:22 a fait un discours à l'ouverture en disant,
00:42:24 "Notre responsabilité, c'est de sortir des énergies fossiles
00:42:27 "et de la production de l'énergie."
00:42:29 Rien ne doit nous divertir de cette ambition.
00:42:32 Et c'est aussi sur cette base que les Nations unies,
00:42:36 je l'ai dit, évidemment les scientifiques du GIEC,
00:42:39 mais encore l'Agence internationale d'énergie,
00:42:42 dont l'histoire est très liée aux hydrocarbures,
00:42:46 qui a fait des scénarios,
00:42:50 et dont le principal,
00:42:53 le directeur général, Fatih Birol,
00:42:57 est très clairement un scénario zéro émissions nettes,
00:43:00 vous le savez,
00:43:02 et avec un slogan, avec une exigence,
00:43:05 qui est plus de nouveaux gisements en pétrole et en gaz.
00:43:10 J'ai bien entendu votre image
00:43:13 pour passer du système A au système B,
00:43:16 sauf que votre stratégie est en contradiction
00:43:20 avec celle revendiquée,
00:43:23 demandée par l'Agence internationale d'énergie,
00:43:25 puisque votre stratégie,
00:43:28 c'est de faire grossir le système A
00:43:31 en espérant qu'advienne le système B,
00:43:34 puisque finalement,
00:43:36 vos projections, vos investissements en pétrole et en gaz
00:43:41 font que vous allez augmenter votre production de pétrole et de gaz,
00:43:45 de 2 à 3 %, si je ne dis pas de bêtises,
00:43:47 sur les 5 prochaines années,
00:43:49 que Total Énergie est sur le podium
00:43:53 des majors du pétrole les plus expansionnistes,
00:43:57 qui investissent le plus dans le pétrole et dans le gaz,
00:44:00 vous connaissez le rapport sur les bombes climatiques.
00:44:03 Donc au fond, on entend votre stratégie,
00:44:06 mais elle ne correspond pas à ce que demandent,
00:44:11 ce que portent, y compris les grandes agences internationales
00:44:15 et y compris l'Agence internationale d'énergie.
00:44:18 Donc au fond, quand je dis que vous participez
00:44:21 à une vingtaine de bombes climatiques,
00:44:23 ça fait un équivalent, selon les experts,
00:44:26 de 60 milliards de tonnes de CO2.
00:44:30 Quand on écoute Mme Masson-Delmotte,
00:44:32 elle dit que si on veut rester dans l'accord de Paris,
00:44:35 on a un budget carbone de 250 milliards de tonnes de CO2.
00:44:39 Donc au fond, rien que ces bombes climatiques-là,
00:44:42 c'est 25 % de notre budget, si on veut éviter le chaos.
00:44:45 Donc ma 1re question, M. le Président,
00:44:48 c'est comment,
00:44:52 au-delà de l'intérêt économique,
00:44:54 vous justifiez cette trajectoire
00:44:57 et comment, au fond, on a encore une fois,
00:45:00 sur cette trajectoire carbone de totale,
00:45:02 on a eu beaucoup d'experts qui, vous le savez, la critiquent.
00:45:07 Je reprendrai simplement les conclusions
00:45:10 des experts de l'ONU, des experts de haut niveau,
00:45:13 qui disent, en vous occupant que de scopes 1 et 2,
00:45:16 vous omettez quand même largement votre responsabilité.
00:45:20 Deuxièmement, ils disent aussi
00:45:22 que si on veut tenir l'accord de Paris,
00:45:24 il ne faut pas de nouveaux gisements.
00:45:25 Troisièmement, ils attendent des précisions
00:45:28 sur votre trajectoire 2030.
00:45:30 Donc comment vous justifiez cette trajectoire,
00:45:32 encore une fois, qui est contestée ?
00:45:34 Ma 2e question, vous l'avez compris,
00:45:38 cette commission d'enquête est née sur le climat
00:45:40 et sur notre politique étrangère.
00:45:43 Quelques jours avant l'épuration ethnique
00:45:46 organisée par le président d'Azerbaïdjan
00:45:49 dans le Haut-Karabakh, contre les Arméniens,
00:45:52 vous étiez à Bakou, en train d'ouvrir un champ gazier.
00:45:55 Vous voulez et vous continuez à vouloir
00:46:01 réouvrir les champs gaziers au Mozambique.
00:46:05 Il ne vous a pas échappé que ces derniers mois,
00:46:07 il y a encore 100 000 personnes qui ont été déplacées
00:46:09 du fait des djihadistes islamistes,
00:46:13 des femmes, des enfants enlevés.
00:46:15 Et donc, j'aimerais savoir comment,
00:46:17 quelle est votre évaluation de la situation au Mozambique ?
00:46:19 Et enfin, en Ouganda, Tanzanie,
00:46:23 peut-être d'autres sénatrices, sénateurs
00:46:27 vous interrogeront sur les dégâts environnementaux,
00:46:31 mais là aussi, vous le savez,
00:46:33 vos collaborateurs qui sont venus nous ont dit
00:46:37 la répression des personnes qui refusent les déplacements,
00:46:41 qui refusent la mélédiction du pétrole.
00:46:44 Donc, au fond, comment vous placez
00:46:47 dans ce cadre de géopolitique qui contrevient
00:46:51 aux valeurs de la République, vous l'avez dit,
00:46:53 vous y êtes attaché,
00:46:55 et qui, de fait, nous met la France
00:46:58 aussi en difficulté du point de vue de ses valeurs
00:47:01 et de son pacte républicain ?
00:47:03 -M. le Président. -Merci, M. le rapporteur.
00:47:08 Pour ces trois questions,
00:47:09 je vais les prendre dans l'ordre.
00:47:12 D'abord, vous évoquez le fameux scénario net zéro de l'AIE.
00:47:16 Alors, je voudrais m'arrêter quelques minutes dessus
00:47:19 pour que tout le monde comprenne de quoi on parle.
00:47:21 Le scénario net zéro de l'AIE, d'abord,
00:47:23 est un scénario, comme l'est le réacteur, théorique,
00:47:26 qui dit qu'on veut être net zéro en 2050.
00:47:29 Il y a un point d'arrivée qui n'est d'ailleurs pas à zéro pétrole,
00:47:32 comme on l'y rapporte, et nous partageons ce point de vue.
00:47:35 Il prévoit qu'il faut produire en gros 20 millions de barils
00:47:38 par jour de pétrole en 2050.
00:47:40 C'est pas zéro, mais c'est pas 100 non plus, c'est 80 %.
00:47:43 Et qu'est-ce qu'a fait l'AIE ?
00:47:44 L'AIE a fait une régression linéaire.
00:47:47 Tout bêtement, ils ont fait une droite,
00:47:49 qui part 2020 et qui arrive en 2050,
00:47:51 et ils découvrent que la pente est 4 % par an.
00:47:54 Et donc, ils disent, voilà,
00:47:56 4 %, c'est le déclin naturel des champs,
00:47:58 donc il suffit qu'on arrête d'investir dans du pétrole.
00:48:02 Le problème, c'est que la même AIE,
00:48:05 chaque semaine, chaque mois,
00:48:08 nous explique que la demande de pétrole
00:48:10 de l'année suivante, elle augmente.
00:48:13 Ça, c'est pas moi, c'est l'AIE.
00:48:15 Et donc, le point de départ de 2020,
00:48:18 il est devenu, il était 88, on est passé à 100,
00:48:20 on est à 102, on sera à 103,
00:48:22 et la même AIE nous dit qu'en 2026,
00:48:26 on sera à 105,6 millions de barils par jour.
00:48:29 Donc, c'est pas à moi qu'il faut poser la question,
00:48:31 c'est à M. Fatih Birol qu'il faut poser la question.
00:48:33 Comment fait-il pour réconcilier
00:48:35 106 millions de barils par jour en 2026 ?
00:48:39 Et si on avait suivi sa trajectoire,
00:48:41 nous serions aujourd'hui à 80 millions de barils par jour.
00:48:44 Pour démontrer que c'est un scénario théorique.
00:48:48 Alors, je veux bien que tout le monde s'y raccroche
00:48:50 et que maintenant, on a un nouveau pape et une nouvelle Bible,
00:48:53 mais c'est pas la réalité, encore une fois,
00:48:55 de ce que nous vivons aujourd'hui,
00:48:57 parce que la demande de pétrole continue à monter,
00:49:00 pas à cause de nous, pays développés occidentaux,
00:49:02 mais parce que les pays émergents, la population croît,
00:49:05 aspiration à un meilleur niveau de vie.
00:49:07 Donc, la réponse, elle est ce que j'ai essayé
00:49:09 de vous expliquer dans mon introduction.
00:49:11 Le système A, c'est pas moi qui le fais croître,
00:49:13 et je vais revenir sur vos questions,
00:49:15 c'est la demande qui le fait croître.
00:49:17 Et aujourd'hui, la vérité,
00:49:18 c'est que le monde de l'industrie pétrolière,
00:49:20 nous investissons beaucoup moins qu'en 2015.
00:49:23 En 2015, on investissait 700 milliards
00:49:25 dans le pétrole et le gaz.
00:49:27 Cette année, c'est 500 milliards.
00:49:30 Pourquoi ? Parce qu'il y a la transition.
00:49:32 L'entreprise comme total, je vous l'ai dit,
00:49:33 je suis passé de 18, 20 à 12 milliards.
00:49:36 Et donc, on met plus d'argent dans les nouvelles énergies,
00:49:39 on en met moins dans le pétrole.
00:49:40 Il ne faut pas, d'ailleurs, lorsque les gens se demandent
00:49:41 pourquoi le prix du pétrole est élevé,
00:49:43 il ne faut pas chercher loin.
00:49:45 Dans ce que je viens de dire, vous trouvez une partie de la réponse.
00:49:48 Parce qu'en fait, comme on investit moins,
00:49:49 l'offre court un peu derrière la demande.
00:49:52 Donc, voilà ce que je réponds à votre premier point.
00:49:54 Je respecte ce scénario, c'est un scénario
00:49:56 dont nous sommes d'accord avec le point d'arrivée.
00:49:58 La question, c'est comment on y va.
00:50:00 Et l'idée que la société évolue linéairement
00:50:04 est une fausse idée dans ce monde-là.
00:50:05 Il est évident que non, il faut d'abord construire le système B,
00:50:08 puis à un moment, il faudra laisser effectivement
00:50:12 décliner les champs pétroliers et accélérer le déclin.
00:50:15 D'ailleurs, pour Total Énergie, lorsque j'ai une ambition
00:50:17 Net-Zéro 2050, comme je ne suis pas l'Arabie Saoudite,
00:50:21 nous ne sommes pas un gisement internel,
00:50:23 on a une durée de vie devant nous de 20 ans, 18 ans.
00:50:26 Donc, nous savons ce qu'il faut faire en 2035
00:50:28 si on voit la demande commencer à baisser,
00:50:30 atteindre 4 % de déclin.
00:50:31 On laissera baisser l'investissement
00:50:33 dans le monde du pétrole.
00:50:34 Et 4 % par an en 15 ans, ça fait 60 %.
00:50:37 Je peux vous dire, il ne me restera plus beaucoup
00:50:39 de production de pétrole en 2050.
00:50:40 Voilà ce que nous avons en tête chez Total Énergie,
00:50:42 d'ailleurs, ce que nous écrivons dans ce rapport,
00:50:44 dont je vous conseille la lecture,
00:50:45 qui décrit parfaitement la trajectoire jusqu'en 2030
00:50:49 et qui donne la vision 2050.
00:50:51 Pour 2030, sur cette période-là,
00:50:53 la production de pétrole, nous expliquons
00:50:55 qu'elle est globalement flatte.
00:50:56 On va essayer de ne pas l'augmenter, de la maintenir.
00:50:58 Ce qui croit chez nous, c'est le gaz naturel des kéfiers.
00:51:01 Le gaz, je l'assume, je l'ai dit tout à l'heure,
00:51:04 parce que ça fait partie, de notre point de vue,
00:51:06 d'une partie de la solution à la transition.
00:51:08 On peut avoir un débat, mais c'est ça,
00:51:10 la réconciliation que je fais.
00:51:11 Et d'ailleurs, nous l'assumons, puisque dans ce rapport,
00:51:14 il y a un graphique qui met notre trajectoire
00:51:16 telle qu'elle est estimée.
00:51:17 On ne dit pas qu'on est à 1,5°C.
00:51:19 On n'oserait pas dire ça.
00:51:21 On dit 1,7°C, 1,8°C.
00:51:22 D'ailleurs, une agence de notation qui s'appelle MSCI,
00:51:25 qui est la plus reconnue, a dit 1,8°C récemment.
00:51:27 On est en gros sur la trajectoire, non pas du NZ2 de l'AIE,
00:51:31 mais du scénario, parce que M. Birol,
00:51:33 il ne donne pas un, il en donne trois, scénario,
00:51:35 parce qu'il ne sait quand même pas où ça va aller.
00:51:36 Il donne le scénario idéal,
00:51:38 sauf qu'on n'est pas sur cette trajectoire
00:51:40 et on n'y sera pas.
00:51:42 On pourra peut-être la rejoindre un jour.
00:51:43 Et il donne un autre scénario qu'il appelle APS,
00:51:45 qui fait 1,7°C, 1,8°C,
00:51:47 qui reste dans moins de 2°C.
00:51:48 Et je trouve que nous évaluons notre trajectoire
00:51:51 plutôt de ce côté-là.
00:51:53 Mais ce sera déjà pas mal si la société collective
00:51:55 et la planète arrivent à être sous moins de 2°C.
00:51:57 On aura déjà fait un bel effort.
00:52:00 Voilà pour le premier point.
00:52:01 Alors, je vous tiens quand même sur les bombes climatiques,
00:52:02 parce que ça va me permettre quand même de répondre,
00:52:04 de tuer ce canard,
00:52:06 parce qu'on ne peut pas attaquer tous les rapports
00:52:07 chez Total Énergie, y compris les plus absurdes.
00:52:10 Comment croyez-vous qu'une entreprise
00:52:12 qui a une part de marge de 1,5% de pétrole
00:52:15 représente à elle toute seule
00:52:16 25% des projets pétroliers sur le monde ?
00:52:20 Alors, en fait, ce rapport, on a répondu à la commission.
00:52:23 Donc, vous pourrez lire la réponse.
00:52:25 Du coup, on a pris le temps de le lire.
00:52:26 Il est totalement faux, bien évidemment.
00:52:29 Il nous attribue 100% des champs qu'on en a à 15%.
00:52:32 Il nous attribue même des champs qu'on n'a pas.
00:52:34 Des permis, on n'y est pas.
00:52:35 Alors, il y a même des fantômes dans ce rapport.
00:52:38 Et donc, quand on fait le calcul,
00:52:39 alors, on n'y a pas compris pour combien c'est des heures,
00:52:41 simplement en corrigeant factuellement
00:52:45 les erreurs factuelles,
00:52:46 les champs où nous ne sommes pas
00:52:48 et ne pas nous attribuer 100% qu'on a 20% d'un champ,
00:52:50 on arrive, le 60 milliards devient 7,5 milliards.
00:52:54 Nous l'avons répondu à la commission.
00:52:55 Donc, on a vérifié ces calculs.
00:52:57 Déjà, le 60 milliards, je viens.
00:52:58 7,5 milliards, ça reste beaucoup.
00:53:00 Et pourquoi c'est beaucoup ?
00:53:01 Et ça revient à une des autres questions
00:53:03 que vous avez posées, qui est essentielle.
00:53:04 C'est le fameux SCOP1+2 versus SCOP3.
00:53:07 Qu'est-ce que c'est que le SCOP3
00:53:12 pour que tout le monde comprenne de quoi on parle ?
00:53:14 C'est les émissions de vous tous.
00:53:16 Quand vous utilisez votre voiture, quand vous prenez l'avion,
00:53:19 vous émettez, vous consommez de l'énergie.
00:53:22 Cette énergie peut être vendue par Total Energy,
00:53:24 mais c'est vous-même, c'est un client,
00:53:27 qui décide de la consommer.
00:53:28 Si je n'ai pas de client, il n'y aura pas de SCOP3.
00:53:30 D'ailleurs, j'ai trouvé que le ministre Bruno Le Maire
00:53:33 a eu une belle image.
00:53:34 Il vous a dit que, finalement, la meilleure décision
00:53:36 qu'on prenne pour baisser le SCOP3 de Total Energy,
00:53:38 c'est de passer les véhicules électriques en 2035,
00:53:41 ce qui prouve bien que ce n'est pas entre mes mains.
00:53:43 Ce n'est pas moi qui décide
00:53:45 que les véhicules électriques seront électriques en 2035.
00:53:49 Total Energy ne fabrique pas d'avions,
00:53:51 ne fabrique pas de voitures et ne fabrique pas de bateaux.
00:53:54 Or, le SCOP3, c'est essentiellement pour nous
00:53:57 un calcul de la consommation du pétrole que nous vendons
00:54:00 par nos clients, qui, eux, font, consomment,
00:54:03 vont prendre l'avion, les voitures, etc.
00:54:05 Ça ne veut pas dire que je dis que nous n'y participons pas.
00:54:08 Simplement, un, le SCOP3 Total Energy,
00:54:10 il n'est pas qu'à moi.
00:54:11 Vous savez que sur un avion,
00:54:13 le SCOP3 qu'on m'attribue quand je vends un litre de kérosène,
00:54:19 il va être aussi le SCOP3 d'Airbus,
00:54:21 il va être aussi le SCOP3 de Stecma,
00:54:22 il va être aussi le SCOP3 en partie d'Aéroports de Paris.
00:54:25 Le SCOP3, tout le monde le compte.
00:54:27 Mais vous voulez m'attribuer à nous, Total Energy,
00:54:29 parce qu'on est la source de tous les mots,
00:54:32 tout le SCOP3 de tout le monde.
00:54:33 Je suis désolé, ça, je ne peux pas l'accepter.
00:54:35 Et surtout, je ne peux pas prendre un engagement
00:54:37 à le baisser comme cela, en valeur absolue,
00:54:40 parce qu'encore une fois, si Airbus décide que demain,
00:54:43 les avions vont utiliser 100 % de biocarburant,
00:54:47 il va m'aider à faire baisser mon SCOP3.
00:54:49 Pour l'instant, il me dit que c'est maximum 50 %.
00:54:52 Moi, je peux lui livrer 100 % de biocarburant
00:54:54 s'il le souhaite demain matin.
00:54:55 Ce n'est pas moi qui décide comment on fait voler un avion.
00:54:59 Donc, le SCOP3, c'est une notion...
00:55:02 D'ailleurs, je note que les Américains
00:55:04 viennent de décider de ne pas la réguler,
00:55:06 contrairement à l'Europe.
00:55:08 C'est une notion dont tout le monde est responsable,
00:55:10 qui veut dire simplement qu'il faut s'occuper de nos clients,
00:55:12 ce que nous faisons.
00:55:12 Et nous le faisons à travers un autre indicateur
00:55:15 que nous promouvons dans ce rapport,
00:55:18 qui est majeur à mes yeux, parce qu'il traduit,
00:55:20 pour le coup, la transition stratégique que nous faisons.
00:55:24 On a un indicateur qu'on appelle l'intensité carbone
00:55:27 des produits que nous vendons.
00:55:28 Et en fait, nous calculons le SCOP1, le SCOP2 et le SCOP3,
00:55:31 des produits que nous mettons sur le marché,
00:55:33 et nous les divisons par unité d'énergie.
00:55:35 Et l'engagement que nous avons pris,
00:55:37 c'est de réduire entre 2020 et 2015-2030
00:55:40 de 25 % cette intensité carbone.
00:55:42 C'est-à-dire qu'on va vendre des produits énergétiques
00:55:45 qui seront en moyenne 25 % moins carbonés.
00:55:47 Pourquoi je peux prendre cet engagement ?
00:55:48 Parce que je mets de l'électricité dans mon mix énergétique.
00:55:52 Parce que je vais quand même mettre aussi
00:55:54 des carburants aériens durables.
00:55:55 Donc, en fait, on est dans la transition.
00:55:57 Cet indicateur qui intègre le SCOP3,
00:55:59 de l'analyse de l'intensité cycle de vie
00:56:02 des produits que je vends,
00:56:03 je suis prêt à le suivre et à m'engager dessus.
00:56:05 Ce que nous avons fait.
00:56:06 Mais nous demander de nous engager sur la valeur absolue du SCOP3
00:56:09 alors que ça dépend d'autres clients,
00:56:11 c'est une notion que je ne le ferais pas,
00:56:13 parce que la seule façon,
00:56:15 si je m'engage sur le SCOP3, de baisser mon SCOP3,
00:56:17 c'est de vendre mes actifs.
00:56:19 J'ai une seule façon, si vous voulez m'engager, bien sûr,
00:56:22 c'est de vendre mes stations-service.
00:56:23 Mes stations-service, je vends mes stations-service,
00:56:26 je vends mes raffineries, je n'aurai plus de SCOP3.
00:56:29 Il y en a un autre qui prendra mes raffineries
00:56:31 et mes stations-service.
00:56:33 Je n'aurai pas fait progresser le climat.
00:56:35 Mais c'est la seule façon de la valeur absolue de le faire baisser.
00:56:37 Après, on va aussi aller, parce que la demande va baisser,
00:56:42 parce qu'on agit chez nos clients, parce qu'on va chez eux,
00:56:44 parce qu'on leur propose des solutions,
00:56:46 et c'est là que je dis que je suis d'accord pour dire
00:56:48 qu'on doit agir, on ne doit pas simplement attendre
00:56:51 que les clients agissent.
00:56:52 Et moi, on a une équipe aujourd'hui,
00:56:54 qui est spécialisée par industrie, d'ingénieurs,
00:56:58 qui vont voir les aciéristes, qui vont voir les cimentiers,
00:57:00 pour leur proposer les solutions que nous avons,
00:57:03 qu'ils ne sont pas du pétrole et du gaz, bien évidemment,
00:57:06 proposer les panneaux solaires, etc.
00:57:07 Ça, c'est une démarche dans laquelle nous sommes montés.
00:57:09 Nous sommes prêts à nous engager.
00:57:11 Mais elle va dépendre du bon vouloir de ses clients,
00:57:15 et pas seulement de notre décision.
00:57:17 Donc, c'est une défiance essentielle.
00:57:19 Donc, scope 1 et 2, oui, nous nous engageons,
00:57:21 Froebel 3.
00:57:22 Scope 3, oui, en intensité carbone, je suis prêt à le faire,
00:57:25 parce que j'ai une stratégie pour baisser l'intensité
00:57:28 des produits que je vends, et là, je contribue
00:57:30 tout à fait directement.
00:57:31 Scope 3 en valeur absolue, non.
00:57:33 On a pris un engagement, simplement, qui est de dire
00:57:35 qu'il n'augmenterait pas au-dessus de 400 millions de tonnes.
00:57:38 On le fera, mais pas plus, parce que, quelque part,
00:57:42 ça voudrait dire, en fait, décider que l'entreprise
00:57:45 va décliner, et, encore une fois, si je fais ça,
00:57:48 je m'engage à vendre des actifs, ou enfermer,
00:57:51 ce qui n'est pas nécessairement la vocation
00:57:52 d'une entreprise comme la nôtre.
00:57:54 Donc, on le fera, par contre.
00:57:56 Ce scope 3, il déclinera, et, encore une fois,
00:57:58 notre ambition d'être zéro, elle est ensemble avec la société.
00:58:01 Quand la demande de pétrole va commencer à décliner,
00:58:04 on déclinera avec eux, et on verra le scope 3 décliner.
00:58:08 On n'a quand même pas dit qu'on ne ferait rien,
00:58:09 puisque, sur la période 2020-2030,
00:58:12 il se trouve que Total Énergie, aujourd'hui,
00:58:15 vend beaucoup plus de pétrole,
00:58:16 vend plus de pétrole que nous n'en produisons.
00:58:20 C'est un fait.
00:58:21 Et donc, l'engagement que nous avons pris,
00:58:22 qui n'est pas neutre, j'ai dû expliquer à toutes mes équipes
00:58:25 qui vendent des produits pétroliers,
00:58:27 qu'il fallait qu'ils réalisent leur vente,
00:58:29 et qu'à la fin de la décidée, nous ne vendrons pas plus de pétrole
00:58:32 que ce que nous produisons.
00:58:33 En faisant ça, on va réduire le scope 3 de la partie pétrole
00:58:37 de 2, je crois, 30 ou 40 %, c'est dans le rapport, etc.
00:58:41 Voilà. Donc, il y a quand même quelque chose qui est fait,
00:58:44 ce qui n'est pas facile, quand vous expliquez à des équipes
00:58:46 qui, depuis 50 ans, cherchent à vendre plus de produits que non,
00:58:49 il faut en vendre moins, et donc, on a été amenés
00:58:52 à sortir d'un certain nombre de secteurs.
00:58:53 On ne vend plus, par exemple, et ça me paraît cohérent,
00:58:57 nous ne vendons plus de fioul à des centrales électriques.
00:59:00 Parce qu'on peut faire des centrales électriques
00:59:01 avec des renouvelables ou avec du gaz,
00:59:03 et que faire des centrales électriques avec du fioul,
00:59:06 ça émet beaucoup plus.
00:59:07 Mais Total Energy ne vend plus de fioul pour faire de l'électricité.
00:59:11 Voilà, par exemple, des décisions que nous avons prises,
00:59:13 de même qu'on était sortis dès 2015, d'ailleurs,
00:59:15 de tout le business du charbon, lorsque j'en suis devenu le PDG,
00:59:18 parce qu'il était clair pour moi que je ne pouvais pas continuer
00:59:20 à gagner de l'argent avec du charbon, alors que j'expliquais
00:59:22 qu'il fallait promouvoir le gaz à la place du charbon.
00:59:26 Voilà un peu, sur le scope 3, ce débat.
00:59:27 Je suis sûr qu'on ne sera pas totalement d'accord,
00:59:29 j'en suis conscient.
00:59:30 Enfin, je voulais vous expliquer quels sont les fondamentaux
00:59:32 qui expliquent notre position.
00:59:34 Alors, après, vous allez sur le terrain plus diplomatique,
00:59:37 de l'Azerbaïdjan, du Mozambique, de l'Ouganda.
00:59:40 Bon, d'abord, je veux bien qu'on fasse la concordance des temps,
00:59:43 mais il se trouve que ce n'est pas la visite de Patrick Pouyanné
00:59:45 en Azerbaïdjan, début fin août, qui a déclenché la décision
00:59:49 du président Aliyev d'aller...
00:59:51 D'accord, mais je me permets de le corriger,
00:59:53 vous ne le parlez pas de le corriger,
00:59:54 je permets juste de le signaler.
00:59:56 Donc, il se trouve qu'en Azerbaïdjan,
00:59:58 on n'a pas beaucoup d'actifs, pour être clair.
00:59:59 On a fait une découverte de gaz dans les années 2000 et 2010.
01:00:03 Je crois que Nicolas Terraz, directeur général
01:00:05 d'exploration et production, est venu vous l'expliquer.
01:00:08 Ce champ est un champ dans la Caspienne,
01:00:10 qu'on a mis en production, il nous a fallu du temps.
01:00:13 Nous n'en possédons que 35 %,
01:00:15 on est au collège national et ad hoc,
01:00:17 la société Mérati, qui nous a rejoint l'an dernier.
01:00:20 On l'a mis en production, c'est une petite production de gaz,
01:00:22 ce n'est pas le gisement du siècle,
01:00:25 et qui est vendue sur le marché domestique.
01:00:27 C'est-à-dire la Caspienne, ça arrive à Bakou,
01:00:29 ça n'a rien à voir avec le Haut-Karabakh.
01:00:32 Et donc, voilà, il se trouve qu'on m'a demandé
01:00:35 d'aller inaugurer, comme ça se fait,
01:00:37 cette production de gaz.
01:00:39 Il y a potentiellement une phase 2,
01:00:41 pour l'instant, on n'en parle pas beaucoup.
01:00:43 Et donc, ce gaz ne va pas en Europe,
01:00:44 donc là, il reste sur le marché domestique, azéri.
01:00:48 Et voilà.
01:00:50 Par ailleurs, je note que, malgré tout, que l'Europe,
01:00:53 peu de temps avant moi, d'ailleurs, madame la maire d'Aliyel
01:00:54 est allée à Bakou pour signer un accord demandant
01:00:57 le doublement des exportations de gaz azéri sur l'Europe.
01:01:01 Donc, je n'étais pas dans la...
01:01:03 À ce moment-là, je ne me sentais pas complètement décalé.
01:01:05 Bon, voilà sur l'Azerbaïdjan.
01:01:07 Après, je veux dire, il ne faut pas nous demander à nous
01:01:09 de faire la morale à la place des pouvoirs publics.
01:01:11 Si l'Europe, les Nations unies, considèrent
01:01:14 qu'il faut prendre des sanctions contre l'Azerbaïdjan,
01:01:16 nous l'appliquerons.
01:01:17 Mais je ne vois pas en quoi, aujourd'hui,
01:01:19 cette production de gaz, nous voulions y renoncer,
01:01:22 alors qu'elle se passe dans des conditions,
01:01:24 encore une fois, qui respectent les lois, les règlements,
01:01:27 et par ailleurs, nous, nos codes de conduite,
01:01:29 la façon dont tout cela est produit.
01:01:31 Voilà pour l'Azerbaïdjan.
01:01:33 Le Mozambique.
01:01:34 Le Mozambique est une autre affaire.
01:01:37 Nous sommes arrivés au Mozambique, je pense, en 2019,
01:01:40 il me semble,
01:01:42 en rachetant des participations d'un acteur américain
01:01:45 dans des projets de gaz à essence urbaine liquéfié.
01:01:46 Il se trouve que le Mozambique a fait d'immenses découvertes de gaz.
01:01:49 C'est à peu près la taille de la moitié du Qatar.
01:01:52 Donc, c'est énorme.
01:01:54 C'est au nord du Mozambique.
01:01:56 Le Mozambique est un très grand pays,
01:01:57 dans la région du Cabo del Gado.
01:01:59 Cette région, mais encore une fois,
01:02:02 c'est pas le gisement de gaz qui est la cause et la source,
01:02:06 malheureusement, de ce qui s'est passé.
01:02:08 Il y a un certain nombre de mouvements islamistes,
01:02:10 djihadistes dans ce mouvement-là,
01:02:11 qui ont, pour des raisons, d'ailleurs,
01:02:15 il se trouve qu'on a confié, et ce rapport est public,
01:02:17 donc vous pouvez en prendre connaissance,
01:02:19 à Jean-Christophe Ruffin.
01:02:21 J'ai confié une mission.
01:02:22 Il se trouve qu'il connaissait le Mozambique.
01:02:23 Je voulais, quelque part, un tiers, un œil extérieur,
01:02:26 à nous, à mes équipes, pour vis-à-vis de moi,
01:02:28 me dire ce qu'ils voyaient,
01:02:30 dans quelles conditions nous pourrions,
01:02:31 ou non, développer ce projet.
01:02:34 Il est allé sur le terrain.
01:02:36 Il y a passé, d'ailleurs, beaucoup de temps sans nous,
01:02:38 librement, comme il sait l'être,
01:02:40 et il nous a rapporté un certain nombre de faits,
01:02:43 en nous rappelant, d'ailleurs, le premier pas...
01:02:45 Je vous invite, les premières pages à lire,
01:02:46 en expliquant qu'en fait, les racines, malheureusement,
01:02:49 de cette instruction islamiste, c'est la pauvreté,
01:02:51 l'extrême pauvreté de cette région,
01:02:53 qui est perdue au nord du Cabo del Gado,
01:02:57 et malheureusement, les jeunes se rallient
01:03:00 les rangs islamistes pour, je dirais,
01:03:03 contester l'ordre établi,
01:03:05 et il s'est passé des événements dramatiques,
01:03:07 puisque la ville de Palma a été attaquée
01:03:10 avec des centaines de milliers de réfugiés.
01:03:12 Mes équipes ont fait face...
01:03:14 Il se trouve qu'on avait, nous, un bateau sur place, un ferry,
01:03:16 et on a évacué tout ce qu'on pouvait, comme personnes,
01:03:19 aidant les femmes et les enfants à les évacuer.
01:03:21 Ce n'est pas des situations très simples.
01:03:22 Suite à tout ça, on a mis la force majeure, bien évidemment,
01:03:25 sachant que là, on est dans une situation qui est claire,
01:03:27 je veux dire, la sécurité du Cabo del Gado
01:03:30 n'est pas de la responsabilité de Total Énergie,
01:03:33 c'est la responsabilité de l'État du Mozambique.
01:03:36 Nous, nous sommes une entreprise privée.
01:03:38 Je peux assurer la sécurité de l'Onset industriel
01:03:41 dans lequel je pourrais opérer,
01:03:44 mais la sécurité publique du Cabo del Gado,
01:03:46 de cette région du nord, ce n'est pas nous qui sommes en charge.
01:03:48 Moi, je n'ai pas de moyens de sécurité,
01:03:51 ce n'est pas à notre job d'une entreprise privée,
01:03:53 on est évalué dans un cadre.
01:03:55 Donc, c'est aux autorités du Mozambique
01:03:57 qu'il faut d'abord poser la question de savoir
01:03:58 si aujourd'hui, la sécurité, ils la considèrent comme rétablie.
01:04:01 Après, on aura, nous, pas nous toutes seules, Total Énergie,
01:04:03 d'ailleurs, parce que nous ne sommes, dans cette affaire,
01:04:06 qu'un acteur à 26,5 % d'un consortium
01:04:09 qui réunit les entreprises essentiellement asiatiques,
01:04:11 thaïlandaises, japonaises.
01:04:12 Japonaises et indiennes, et nous-mêmes,
01:04:14 et c'est le consortium qui décidera ou non de redémarrer le préalable,
01:04:18 c'est que les autorités puissent nous affirmer
01:04:20 qu'on pourrait lever la force majeure
01:04:22 pour ce faire.
01:04:23 L'État du Mozambique, comme vous le savez,
01:04:25 est un État qui a une longue histoire,
01:04:27 qui n'a pas une grande armée,
01:04:29 est allé demander le soutien des autres pays de l'Afrique australe
01:04:33 à travers des forces, la SADEC et du Rwanda.
01:04:36 Ça, c'est une autre histoire.
01:04:37 Nous n'y sommes pour rien, nous ne faisons que regarder
01:04:39 ce qu'il se passe.
01:04:40 On constate aujourd'hui que la situation,
01:04:43 et j'ai revu Jean-Christophe Ruffin encore récemment
01:04:45 qui est repassé dans le nord du Cabo Delgado
01:04:47 et stabilisé, mais pas dans le sud.
01:04:50 Le sud, c'est à peu près 150-200 km,
01:04:53 puisqu'il y a encore eu récemment des troubles.
01:04:55 On le lit, vous savez, quand je lis une dépêche
01:04:58 qui me dit qu'il y a eu 50 000 personnes
01:04:59 qui ont fui des villages,
01:05:00 je ne reste pas insensible à ce genre de dépêches.
01:05:03 Et je me dis, qu'est-ce qui se passe ?
01:05:04 Et regardons de plus près.
01:05:06 Ce qui se passe, on le voit,
01:05:08 c'est qu'aujourd'hui, on est dans une phase transitoire
01:05:10 où les armées de la coalition de l'Afrique australe
01:05:13 sont en train de se retirer,
01:05:15 et les armées rwandaises qui doivent les remplacer
01:05:16 ne sont pas encore arrivées.
01:05:17 Ce qui se passe aussi, je dois vous l'avouer,
01:05:19 malheureusement, c'est que ce qui se passe
01:05:21 au Moyen-Orient a des impacts sur pas mal de cellules islamistes,
01:05:28 je dirais, qu'on voit en Afrique,
01:05:29 pas seulement au Mozambique,
01:05:31 on le voit dans d'autres pays, en Tanzanie, ailleurs,
01:05:33 où il y a un réveil, quelque part,
01:05:36 et où ils arrivent aujourd'hui à recruter des jeunes
01:05:40 qui, alors qu'ils avaient réduit leurs effectifs,
01:05:42 sont à la base de ce qui se passe au Moyen-Orient.
01:05:44 Donc tout ça est assez lié.
01:05:46 Malheureusement, la planète n'est pas une.
01:05:49 Voilà où on en est sur le Mozambique.
01:05:51 Donc je dois encore rencontrer prochainement
01:05:53 le président du Mozambique
01:05:54 pour qu'il me fasse part de son point de vue
01:05:56 sur est-ce qu'ils sont capables d'assurer, eux,
01:05:58 la sécurité dans cette région du nord du Cabo Delgado,
01:06:02 et puis après, avec nos partenaires,
01:06:03 on évaluera la situation.
01:06:05 Par ailleurs, toutes les recommandations du rapport EFIN,
01:06:08 qui nous disait finalement ce que vous pouvez faire,
01:06:10 ce n'est pas attendre, puisque dans ces projets-là,
01:06:12 ce sont des projets à long terme,
01:06:13 on ne produira pas de gaz avant 2028-2029,
01:06:16 c'est partager les dividendes des futurs profits
01:06:19 dès aujourd'hui en construisant,
01:06:21 et on a décidé de créer une fondation
01:06:23 avec tous les partenaires qu'on a dotés de 200 millions
01:06:24 pour développer une activité économique autour du projet,
01:06:27 pour essayer de partager un bout de prospérité
01:06:29 avec toutes ces populations, parce que finalement,
01:06:31 un des moyens de lutter, entre guillemets,
01:06:33 contre ces groupes islamistes,
01:06:34 c'est sans doute de faire des populations
01:06:38 alentours des alliés pour qu'elles voient partager
01:06:40 la prospérité sans attendre les profits.
01:06:42 Et ça, il faut le faire tout de suite.
01:06:43 Donc à son instigation, nous avons créé cette fondation
01:06:46 et maintenant, on crée des activités économiques,
01:06:48 on essaye d'en créer et de partager,
01:06:50 encore une fois, des futurs profits qu'on n'a pas encore
01:06:52 et qu'on ne rappelait d'ailleurs pas si on ne fait pas le projet.
01:06:55 Bon, pour l'Ouganda,
01:06:57 je pense que là aussi, Dicola Terraz
01:06:59 vous a longuement partagé le projet.
01:07:02 Je ne vais pas revenir.
01:07:02 Quand vous dites qu'on a fait beaucoup de répression,
01:07:04 écoutez, je veux bien, mais j'ai quand même,
01:07:06 en vue de perspective, j'ai relu moi-même les chiffres
01:07:09 pour voir, puisque là aussi, j'ai confié une mission à un tiers
01:07:12 qui est Yonez-Anzou pour aller voir sur le terrain,
01:07:14 puisque j'entends, vraiment, je ne suis pas sourd ni aveugle
01:07:17 de tous les papiers qui sortent sur l'Ouganda.
01:07:19 Est-ce que tout ce qu'on a pu faire aujourd'hui,
01:07:22 notamment concernant l'acquisition des terres,
01:07:24 puisque ça a été ça le principal défi pour nous,
01:07:27 est-ce que oui ou non, tout ça s'est fait correctement ?
01:07:30 Est-ce qu'il y a des situations à corriger ?
01:07:32 Moi, je ne considère pas qu'on ait des parfaits.
01:07:34 Mes équipes me disent que ça se passe bien,
01:07:35 mais je ne considère pas qu'on fait tout bien.
01:07:37 Surtout, c'était un défi, cette affaire de l'Ouganda.
01:07:40 Je cherche mon dossier.
01:07:42 Puisque pour la première fois, on est confrontés,
01:07:44 je pense que, de ce point de vue-là, à un projet important,
01:07:47 construire un pipe de 1 400 km à terre, c'est compliqué.
01:07:52 En fait, l'entreprise est plutôt habituée
01:07:53 à faire des projets en mer, c'est moins gênant.
01:07:56 Et donc, on a dû, effectivement, acquérir beaucoup de terrain.
01:07:59 Et donc, il vous a donné les chiffres.
01:08:01 Je pense qu'on a impacté 19 000 foyers.
01:08:03 C'est beaucoup, on en est conscient.
01:08:05 Moi, ce que je note, c'est qu'aujourd'hui,
01:08:07 il y en a 18 884 sur 19 844,
01:08:12 donc on est presque au bout,
01:08:13 qui ont signé des accords de compensation,
01:08:15 et 18 809 qui ont été réglés, donc 98 %.
01:08:19 J'ai regardé de plus près les références sectifs
01:08:21 pour comprendre les cas qui ne sont pas réglés,
01:08:23 qu'est-ce qu'il y a caché derrière.
01:08:24 J'ai pris le cas de la partie ougandaise.
01:08:27 Sur 41 cas qui, aujourd'hui, sont problématiques,
01:08:30 côté ougandais,
01:08:32 17, c'est parce que les propriétaires
01:08:34 ne sont pas d'accord avec la valeur.
01:08:35 Bon, je vois 17 en Ouganda sur 5 576.
01:08:39 Je veux dire, en soi, ça ne me surprend pas
01:08:41 qu'on ne soit pas à 100 %.
01:08:42 Je trouve même que c'est assez faible.
01:08:45 Il y en a 18, c'est parce qu'en fait,
01:08:46 les propriétaires, on ne sait pas qui appartient au terrain,
01:08:48 ou plutôt, il y a deux propriétaires qui disent
01:08:49 que le terrain leur appartient, il faut les compenser les deux.
01:08:52 Et il y en a 7, on n'arrive pas à trouver
01:08:53 et mettre la main sur les propriétaires.
01:08:55 Donc, ça veut dire que c'est un long chemin,
01:08:56 ça a pris du temps.
01:08:58 Je ne dis pas que tout ça, ça a été parfait.
01:08:59 Encore une fois, Yonez Nzou va aller sur le terrain
01:09:01 et va me dire comment le ressentient les populations.
01:09:04 Pour y être allé moi-même, rencontrer des personnes,
01:09:06 c'est sûr que les personnes à qui on a construit
01:09:08 et reconstruit des maisons plutôt que les Utes traditionnelles
01:09:10 ne sont pas malheureuses.
01:09:12 Alors après, sur un projet de cette taille,
01:09:14 trouver des personnes qui ne sont pas d'accord
01:09:17 et qui ne sont pas contentes, je n'en sais pas.
01:09:19 Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas les écouter.
01:09:21 À la fin, notre objectif, c'est d'arriver
01:09:23 à satisfaire tout le monde.
01:09:24 On le fait soit par la négociation amiable,
01:09:27 soit éventuellement par des manières,
01:09:29 devant la justice, que c'est l'État de l'Ouganda,
01:09:31 l'État ougandais ou l'État tanzanien.
01:09:33 En Tanzanie, la terre appartient à l'État,
01:09:34 elle n'appartient pas aux propriétaires.
01:09:36 Donc, c'est l'État qui possède toutes les terres,
01:09:38 qui règle les sujets.
01:09:40 S'il y a répression, et si vous faites le mot "repression",
01:09:43 c'est sans doute parce que vous faites référence
01:09:46 au fait que le droit des ONG en Ouganda
01:09:49 n'était peut-être pas le même que celui qu'il y a en France.
01:09:51 Il y a eu un certain nombre d'actions.
01:09:52 Je l'ai dit, je suis intervenu moi-même
01:09:55 au président du Mosseveni pour lui dire,
01:09:56 écoutez, laissez-les aller sur notre zone.
01:09:59 Il n'y a pas de problème.
01:10:00 Nous les accueillerons.
01:10:02 Laissez-les.
01:10:03 Bon, après, je ne suis pas un État du Moulou-Ouganda.
01:10:06 L'État de l'Ouganda a ses lois, ses règlements,
01:10:09 qui, de ce point de vue-là,
01:10:10 ne sont pas de la même,
01:10:11 non pas la même, je dirais, liberté d'expression
01:10:14 qu'on peut l'avoir, ce qui ne veut pas dire pour autant
01:10:16 que nous ne participons pas.
01:10:18 Nous rencontrons les ONG qui veulent nous voir.
01:10:20 Et lorsque certains des éléments des ONG
01:10:24 ne participent pas en personne, pardon,
01:10:26 sont emprisonnés, nous intervenons,
01:10:29 mes équipes, ont mission, de ma part,
01:10:32 d'intervenir directement
01:10:34 pour aller auprès des autorités,
01:10:36 leur demander de traiter les cas
01:10:38 avec, je dirais, bienveillance
01:10:40 et de relâcher aussi vite que possible
01:10:42 les personnes en question.
01:10:43 Voilà ce que je peux vous dire sur l'Ouganda.
01:10:45 Encore une fois, j'aurais sans doute d'autres questions.
01:10:48 Voilà, je pense que j'ai fait le tour
01:10:50 de toutes vos questions.
01:10:51 -Monsieur le rapporteur, une réplique brève,
01:10:53 parce que je rappelle que nous avons après vous
01:10:55 10 intervenants à qui je ne pourrais donner
01:10:57 qu'une minute trente à deux minutes par personne.
01:10:59 -Je vais vous donner plus au rapporteur.
01:11:01 -Merci, merci.
01:11:02 -Je veux que le rapport de la semaine soit concis.
01:11:05 -Juste dans vos réponses,
01:11:08 vous sous-estimez quand même
01:11:11 le talent et l'importance de votre groupe.
01:11:14 Moi, j'ai dit que vous contribuiez
01:11:16 à 60 gigatonnes de CO2.
01:11:20 Je n'ai pas dit que vous étiez seul responsable,
01:11:22 mais reconnaissez aussi que le plus souvent,
01:11:26 même en partenaire minoritaire,
01:11:29 vous êtes une clé de ces projets-là
01:11:31 parce que Total a la compétence
01:11:33 et que beaucoup d'entreprises pétrolières
01:11:36 n'ont pas votre compétence
01:11:37 et ont besoin de vous pour cette compétence.
01:11:40 Là où vous vous sous-estimez aussi,
01:11:43 c'est sur la question de la demande.
01:11:45 Imaginons que Total,
01:11:47 avec y compris, par exemple, toutes les majors européennes,
01:11:51 qui ont quand même, normalement, cette sensibilité aux enjeux,
01:11:54 se mettaient à faire massivement des énergies renouvelables.
01:11:58 Vous savez qu'on va fermer
01:11:59 les dernières boîtes de photovoltaïques en France.
01:12:02 Plutôt que d'investir dans le gaz,
01:12:06 vous participez à une décarbonation de la demande
01:12:11 plutôt que de contribuer à son maintien en carbone.
01:12:15 Donc, vous avez, de fait, une responsabilité
01:12:17 dans ce que vous produisez comme énergie,
01:12:20 dans l'évolution de la demande
01:12:23 et donc dans son coût carbone.
01:12:26 Enfin, vous avez mentionné
01:12:28 cette agence de certification MSCI.
01:12:33 On a regardé un peu quelle était,
01:12:35 on a regardé un peu celles et ceux
01:12:37 qui regardent les agences de notation.
01:12:39 Bon, c'est une agence que vous rémunérez
01:12:41 pour faire ce travail de certification
01:12:43 qui est payé par les pétroliers
01:12:46 et qui n'est pas forcément
01:12:48 l'une des agences les plus importantes.
01:12:50 Mais ça n'enlève pas l'enjeu de la trajectoire
01:12:53 et du budget carbone.
01:12:55 Vous avez dit, l'Agence internationale de l'énergie
01:12:58 a un nouveau pape, une nouvelle Bible.
01:13:00 Moi, je veux bien. C'est quand même le patron
01:13:01 de l'Agence internationale de l'énergie.
01:13:03 On peut le disqualifier,
01:13:05 on peut disqualifier son scénario,
01:13:06 mais vous savez que son scénario,
01:13:08 ce n'était pas la baisse de la demande en 2019.
01:13:11 C'est la baisse de la demande sur la décennie.
01:13:13 Et au fond, le scénario que vous reprenez
01:13:16 comme groupe pétrolier,
01:13:18 c'est plutôt le scénario aujourd'hui de l'OPEP
01:13:20 qui vise à dire, finalement,
01:13:22 il y aura une demande permanente, longtemps,
01:13:25 et comme on n'arrivera pas à baisser la demande,
01:13:27 il faut toujours aller chercher plus de pétrole.
01:13:30 Donc, moi, je regrette qu'au fond,
01:13:32 Total ne soit pas un groupe.
01:13:34 Bien sûr, vous investissez sur les énergies renouvelables.
01:13:36 Alors, je ne sais pas quelle est la part exacte
01:13:38 d'énergie renouvelable dans votre portefeuille aujourd'hui
01:13:41 et dans votre production.
01:13:43 Parfois, on lit moins de 2 %
01:13:45 et dans votre portefeuille d'investissement.
01:13:49 Mais notre souhait, ce serait que Total
01:13:52 soit le grand groupe pionnier
01:13:54 qui peut être moins rentable,
01:13:57 et je ne pense pas qu'il le sera avec le nucléaire,
01:13:59 mais peut être moins rentable,
01:14:01 mais qui, de fait, nous emmène,
01:14:03 emmène ses ingénieurs,
01:14:05 en ces cas, prêtés d'investissement,
01:14:07 sur un autre chemin que celui que vous prenez.
01:14:11 Merci, je ne suis pas sûr que ça nécessite...
01:14:12 Non, je ne répondrai pas.
01:14:13 Je répondrai au cours des autres réponses.
01:14:16 Parce que sinon, ça va faire du ping-pong.
01:14:18 Je pense que ce n'est pas ce qu'on souhaite.
01:14:19 Ce n'est pas ce que vous souhaitez, j'ai compris.
01:14:22 Donc, je vais accorder généreusement 2 minutes
01:14:27 pour chacun, pas plus.
01:14:29 Et, M. le Président, si vous pouviez faire
01:14:31 des réponses concises également,
01:14:33 parce que sinon, on n'arrivera pas à passer tout le monde.
01:14:36 Je vous rappelle que la diffusion s'arrête pile-poil à 19h.
01:14:39 Ce n'est pas moi qui en décide. M. Tissot.
01:14:44 Monsieur le Président, M. le Général...
01:14:48 Merci. Votre entreprise a été historiquement
01:14:51 très implantée en Russie, et de ce fait,
01:14:54 une bonne connaissance de la situation énergétique
01:14:56 et politique russe. Ainsi, très concrètement,
01:14:59 pourquoi avez-vous poursuivi vos investissements en Russie
01:15:02 en 2014, notamment en renforçant le partenariat
01:15:06 avec Novatec sur Arctic LNG2,
01:15:09 alors que la Russie était déjà internationalement condamnée
01:15:12 à la suite de l'annexion de la Crimée ?
01:15:14 Nous savons que vous avez rencontré
01:15:16 le président Emmanuel Macron en 2022 et 2023.
01:15:18 Pour échanger notamment sur le gaz russe,
01:15:21 pouvez-vous nous préciser la teneur des échanges
01:15:24 de ces rencontres, notamment sur la position exprimée
01:15:26 par le président de la République sur la présence de Total en Russie ?
01:15:30 Enfin, nous avons également appris que l'un des actionnaires russes
01:15:32 de Novatec fait l'objet de sanctions de la part
01:15:35 de l'Union européenne, propos confirmés
01:15:37 par votre directeur général stratégie
01:15:39 et développement durable, Aurélien Hamel,
01:15:42 dans le cadre des auditions pour notre commission.
01:15:45 Et dans le contexte géopolitique actuel,
01:15:48 trouvez-vous sain de rester associé,
01:15:50 même indirectement via Novatec, à une personne sanctionnée
01:15:53 pour son rôle dans l'économie de guerre russe ?
01:15:56 Pour ces questions, monsieur le président directeur général,
01:15:58 je vous demanderai, si vous le voulez bien,
01:16:00 parce qu'on a eu à chaque fois ces réponses-là,
01:16:02 de ne pas vous limiter au cadre des sanctions européennes
01:16:05 que nous connaissons bien.
01:16:06 Il s'agit ici plus largement de la stratégie de votre entreprise,
01:16:10 de la vision à l'international que vous portez
01:16:12 pour votre entreprise.
01:16:14 Merci.
01:16:15 -Merci, monsieur le président.
01:16:17 -Je vous réponds tout de suite.
01:16:19 -Bien.
01:16:20 Pourquoi avons-nous continué en Russie en 2014 ?
01:16:24 D'abord, il n'y avait pas de sanctions contre la Russie.
01:16:26 Beaucoup d'entreprises ont continué à investir en Russie.
01:16:30 Parce que, profondément,
01:16:33 je poursuivais la politique de Christophe de Marjorie,
01:16:35 qui considérait que les entreprises
01:16:38 pouvaient créer des ponts plutôt que créer entre des nations.
01:16:43 On était tous engagés dans cette idée-là,
01:16:45 pas seulement TotalEnergie,
01:16:46 dans l'idée qu'on pouvait ancrer la Russie sur l'Europe
01:16:49 en développant les relations économiques.
01:16:52 C'était profondément ce qu'on a poursuivi
01:16:54 après la chute du mur.
01:16:55 On avait tort.
01:16:57 On a mal évalué ce que Vladimir Poutine avait en tête,
01:17:01 c'est clair,
01:17:02 mais j'aurais bien aimé entendre plus de voix
01:17:05 me dire que j'avais tort en 2014 ou 2015.
01:17:07 J'ai plutôt entendu des voix me poussant
01:17:10 à continuer à investir en Russie
01:17:13 et à faire du gaz naturel liquéfié en Russie.
01:17:15 Voilà, on a eu tort.
01:17:16 La vérité, c'est que TotalEnergie a quand même une politique,
01:17:19 puisqu'il se trouve qu'il n'y a pas d'hydrocarbures en France,
01:17:22 d'ailleurs, je n'aurais pas le droit de les chercher,
01:17:23 et c'est toute l'histoire de l'entreprise,
01:17:24 et qu'on a construit l'entreprise uniquement
01:17:26 dans des pays internationaux,
01:17:28 et que la politique que suit le PDG,
01:17:30 j'ai hérité de ça de mes prédécesseurs,
01:17:31 c'est qu'aucun pays ne doit représenter
01:17:32 plus de 10 % du portefeuille de l'entreprise,
01:17:35 ce qui fait que d'ailleurs, nous avons pu débrancher la Russie,
01:17:38 15 milliards, que nous avons dû faire disparaître de notre bilan
01:17:42 sans en voir profondément d'impact.
01:17:45 Voilà, et donc, ça s'est passé là,
01:17:47 ça se repassera peut-être ailleurs.
01:17:49 C'est clair qu'après tout ça, comme je l'ai dit,
01:17:51 c'est plus facile pour moi d'investir aux Etats-Unis plus
01:17:53 qu'en Russie.
01:17:55 C'est le choix sans doute stratégique
01:17:56 que nous sommes en train de faire,
01:17:58 ce qui ne veut pas dire d'ailleurs que...
01:17:59 Alors, rencontre avec Emmanuel Macron,
01:18:01 j'ai rencontré Emmanuel Macron, pas spécifiquement la Russie,
01:18:03 vous savez que le président de la République
01:18:05 ou la Première ministre demande au patron de Total Energy,
01:18:08 au moins il y a une crise énergétique majeure,
01:18:09 quel est son point de vue sur la crise énergétique,
01:18:13 sur l'approvisionnement en gaz de l'Europe ?
01:18:16 Ce n'est pas en soi très surprenant,
01:18:18 même de leur part, je pense.
01:18:20 Donc voilà, je n'irai pas plus loin pour révéler
01:18:22 le fond de toutes les discussions que j'ai pu avoir
01:18:24 avec les plus hautes autorités de l'Etat,
01:18:26 parce que je ne pense pas que ce soit le lieu de le faire,
01:18:30 et puis parce que d'ailleurs,
01:18:32 je pense que les deux personnes que je viens de citer
01:18:34 ne l'apprécieraient pas.
01:18:36 Donc voilà, on a parlé d'énergie,
01:18:38 et encore une fois, ils ont considéré
01:18:39 que le patron de Total Energy pouvait les aider
01:18:41 à comprendre et à éclairer la crise que nous visions.
01:18:45 Vous parliez de M. Timschenko,
01:18:47 M. Timschenko possède effectivement, je crois,
01:18:50 à peu près 23% de Novatec,
01:18:51 il était sous sanction américaine, pas européenne,
01:18:53 il est devenu sous sanction européenne après la guerre.
01:18:56 Et comme je l'ai déjà déclaré,
01:18:58 d'abord, comme vous le savez, Novatec,
01:19:00 on en est totalement sortis de la gouvernance,
01:19:02 on a totalement déconsolidé Novatec,
01:19:05 Novatec, j'ai tout, comment on dit, déclassé,
01:19:10 il n'y a plus d'actifs Novatec dans mon bilan,
01:19:11 donc vous voyez, quelque part,
01:19:13 simplement, il y a une difficulté pratique,
01:19:15 c'est que le pacte d'actionnaire que nous avons
01:19:17 m'obligerait à vendre à M. Timschenko.
01:19:20 Or, je n'ai pas le droit de vendre
01:19:21 et de faire une quelconque transaction financière
01:19:24 avec quelqu'un sous sanction.
01:19:25 Et lui abandonner mes actions pour zéro,
01:19:27 il n'en est pas question.
01:19:29 Il y a d'autres raisons qui vous comprendraient,
01:19:31 parce que ça aussi, on pourrait me dire,
01:19:32 voilà ce qui se passe, nous sommes dans un point.
01:19:34 Donc, comme d'ailleurs d'autres entreprises européennes,
01:19:36 je pense à mon concurrent britannique,
01:19:38 on est dans la même situation,
01:19:39 ces actions de Valpuriens,
01:19:42 il n'y a plus de dividendes qui nous reviennent,
01:19:44 bien évidemment, ils les gardent quelque part,
01:19:45 je ne sais pas quoi, sur un compte C,
01:19:46 ou je ne sais pas quoi, où ils sont cachés,
01:19:48 mais ils ne sont plus dans la gouvernance.
01:19:49 Voilà ce qui se fait, qu'aujourd'hui,
01:19:52 nous ne pouvons pas couper le lien,
01:19:53 c'est que je devrais, si je voulais le couper,
01:19:55 je devrais donner pour rien des actions
01:19:58 à quelqu'un qui est sous sanction,
01:19:59 et ça, ça ne marche pas, ça ne marche pas.
01:20:01 Voilà ce qui se passe.
01:20:02 -Très bien. -Voilà.
01:20:05 -Alors, vu le délai, 30 secondes.
01:20:08 -C'est bientôt fini.
01:20:16 M. le Président, directeur général,
01:20:17 notre récent déplacement de la semaine dernière à Bruxelles
01:20:19 dans le cadre de cette commission d'enquête,
01:20:21 où nous avons notamment pu rencontrer
01:20:22 les représentants de la direction générale énergie,
01:20:25 nous a permis de voir que le choix
01:20:27 de continuer d'importer du gaz russe est purement politique.
01:20:29 Nous voyons donc que vos activités sont intimement liées
01:20:32 avec les choix faits par les Etats, et sur ce point,
01:20:35 je me permets quelques questions complémentaires
01:20:37 sur la stratégie d'influence
01:20:38 que nous a présentée l'ancien ministre...
01:20:40 -Non, non, non, non. -M. Le Drian.
01:20:41 -Non, non, M. Tissot, ne détournez pas la procédure.
01:20:45 C'était une réplique à ce qu'avait dit le président,
01:20:47 c'est pas de nouvelles questions,
01:20:48 sinon la moitié de vos collègues
01:20:50 ne pourront pas poser de questions.
01:20:52 -C'est une question, c'est une réplique...
01:20:54 -Sur quoi ?
01:20:56 -La politique... -Non.
01:20:58 -Non, allez, M. Tissot.
01:21:00 M. Tissot, je vais bien répondre sur le GNL russe,
01:21:02 parce que je pense qu'il faut en parler 2 secondes.
01:21:04 2 secondes, je vais être très bref.
01:21:06 Il y a eu une importation de GNL russe en Europe.
01:21:08 Aujourd'hui, moi, je regardais les chiffres avant de venir,
01:21:10 15 millions de tonnes, 14 millions de tonnes
01:21:13 ont été importées en 22 et en 23 de Russie.
01:21:16 14 millions de tonnes, on importe en Europe,
01:21:19 en ce moment, à peu près 105 à 110 millions de tonnes.
01:21:22 C'est 12, 13 % des importations.
01:21:26 Si nous décidons, Européens, de bannir ce GNL russe,
01:21:29 ces 14 millions de tonnes, il faudra aller les chercher ailleurs
01:21:31 en payant plus cher.
01:21:33 Il n'y a pas 14 millions de tonnes de GNL
01:21:35 disponibles sur le marché mondial.
01:21:36 Ils vont être disponibles,
01:21:38 en les piquant aux Asiatiques, comme on l'a fait en 2022,
01:21:41 en payant plus cher qu'eux.
01:21:43 Donc, attendez, et je vais être très clair,
01:21:44 moi, patron de Total Energy, c'est pas un problème.
01:21:48 Il n'y a pas de stratégie d'influence.
01:21:50 Vu le portefeuille de gaz naturel liquéfié que j'ai,
01:21:52 qui est de 40 millions de tonnes,
01:21:54 si j'en perds, je n'en perdrai pas 14,
01:21:56 parce que moi, en fait, c'est 3 millions de tonnes
01:21:57 sur les 14 que j'amène en Europe, de Yamal,
01:22:00 3, je ne sais plus combien,
01:22:02 eh bien, la vérité, c'est que les prix du GNL
01:22:06 vont monter plus haut et je gagnerai plus d'argent
01:22:08 sur mon portefeuille mondial
01:22:10 qu'avoir perdu les 3 millions de tonnes de GNL.
01:22:11 Maintenant, je ne recommande pas.
01:22:13 Je ne recommande pas.
01:22:15 Oui, d'accord, mais je vous le dis clairement.
01:22:18 A part dire, d'ici 2027,
01:22:20 on est en train de construire des capacités
01:22:21 aux Etats-Unis et au Qatar.
01:22:23 Mais d'ici là, on n'a pas de capacités supplémentaires
01:22:25 de GNL. Donc, si on bannit le GNL russe,
01:22:27 les prix du gaz en Europe repartiront vers le haut,
01:22:31 alors qu'on a réussi à les ramener.
01:22:33 Après, c'est une décision que les autorités politiques
01:22:35 peuvent prendre, mais si elles le prennent,
01:22:37 encore une fois, dans le contrat que nous avons,
01:22:39 il y a une clause de force majeure que je peux exercer
01:22:41 en cas de sanction européenne,
01:22:43 et nous les exercerons sans aucun état d'âme.
01:22:46 Nous arrêterons les importations de GNL.
01:22:48 Dans l'intervalle, je ne peux pas le faire
01:22:49 parce que c'est un contrat qu'on appelle "tech or pay",
01:22:52 c'est-à-dire je prends ou je paye.
01:22:53 Plutôt que de payer les Russes,
01:22:55 je préfère au moins avoir le GNL
01:22:57 dont l'Europe a besoin en échange.
01:22:58 Voilà le cadre dans lequel on sort.
01:23:00 -Merci, M. le Président.
01:23:02 Et je demande à chacun de nos collègues
01:23:03 d'en rester sur la réplique à la question initiale,
01:23:06 sinon on l'arrête.
01:23:08 M. Barros.
01:23:09 C'est bien.
01:23:12 -Je blague à moitié.
01:23:16 Hop. Merci, M. le Président.
01:23:18 M. le président du directeur général,
01:23:20 plusieurs ministres ont été auditionnés
01:23:22 durant cette commission d'enquête.
01:23:23 Bruno Le Maire, Christophe Béchu ou Stéphane Sourgéné
01:23:25 ont présenté tour à tour TotalEnergie
01:23:28 comme une entreprise française qui est un atout pour la France,
01:23:31 un allié, le premier investisseur dans d'autres pays
01:23:35 et pour les énergies renouvelables.
01:23:38 Vous-même, vous exprimez tout à l'heure la fierté
01:23:41 qui était la vôtre de diriger cette très grande
01:23:44 et très belle entreprise.
01:23:45 D'ailleurs, à l'étranger, TotalEnergie,
01:23:47 c'est l'expression de la France.
01:23:49 Et on l'a encore vue dans les échanges tout de suite.
01:23:52 Être un atout pour la France, n'est-ce pas aussi contribuer
01:23:55 à l'effort national et y payer sa juste contribution,
01:23:58 ses impôts, en France ?
01:24:00 Les paradigmes Piper, en 2017, ont révélé
01:24:02 que votre entreprise avait des filiales
01:24:04 dans des paradis fiscaux, au Bahamas,
01:24:06 aux Pays-Bas et en Suisse.
01:24:08 Suisse, où deux filiales de négoces,
01:24:10 de pétrole et de gaz, TOTSA et TGP,
01:24:13 y sont domiciliées.
01:24:15 TOTSA a généré en 2023 un résultat net
01:24:17 de presque 3 milliards d'euros,
01:24:19 contribuant à hauteur de près de 14 %
01:24:22 aux bénéfices nets de l'entreprise.
01:24:24 Vous faites donc le choix de localiser
01:24:26 une partie de vos charges en France
01:24:27 et une bonne partie de vos recettes à l'étranger.
01:24:30 À plusieurs reprises, TotalEnergie n'a pas payé
01:24:33 d'impôts sur les sociétés.
01:24:35 TotalEnergie a reçu plus d'argent du fisc français
01:24:38 via le CICE, le Crédit d'impôt de recherche,
01:24:40 que l'entreprise ne lui en a versé.
01:24:42 Vous me corrigez si je me trompe.
01:24:44 La France représente 21 % de l'activité
01:24:46 de votre entreprise et 35 % de vos effectifs.
01:24:49 Les salariés français domiciliés
01:24:51 dans la tour Total à la Défense
01:24:52 travaillent pour faire rayonner
01:24:54 le groupe Total à l'international,
01:24:56 et pas seulement en France, évidemment.
01:24:59 Ne pensez-vous pas que ces pratiques
01:25:01 d'optimisation fiscale misent au dispositif porté
01:25:03 par l'Etat pour accompagner nos territoires
01:25:05 dans l'innovation énergétique ?
01:25:07 Je parle ici des moyens dédiés au fond vert, notamment.
01:25:10 Enfin, le média Bloomberg révèle que vous envisagez
01:25:12 de déplacer la cotation de l'entreprise
01:25:14 de Paris à New York.
01:25:15 Votre entreprise cherche-t-elle à attirer
01:25:17 des capitaux américains ou à quitter
01:25:19 une place boursière où des ambitions écologiques
01:25:21 commencent enfin à émerger ?
01:25:23 Quelles conséquences ce choix aura-t-il
01:25:25 sur la stratégie future de l'entreprise,
01:25:27 notamment en matière de développement
01:25:29 des énergies ne renouvelables ?
01:25:31 Cela n'explique-t-il pas une forme de rejet
01:25:35 et de défiance que rencontre votre entreprise
01:25:37 auprès des ingénieurs de demain ?
01:25:39 Je pense aux 600 étudiants et personnels
01:25:41 de Polytechnique qui ont envoyé une lettre ouverte
01:25:44 à la direction de l'école pour lui demander
01:25:46 d'accorder plus de place à la transition écologique
01:25:48 dans ses formations et de cesser ses partenariats
01:25:50 avec TotalEnergie et d'autres acteurs
01:25:53 de l'énergie fossile.
01:25:55 Et je termine, n'est-ce pas le signe
01:25:57 que votre entreprise a perdu en crédibilité,
01:26:00 comme atout stratégique, pour sortir des énergies fossiles
01:26:03 et répondre ainsi aux objectifs du GIEC
01:26:05 et des accords de Paris ?
01:26:06 -C'est à peine irritant, ça.
01:26:08 -Alors, là, la question...
01:26:09 Je ne savais pas que la société était un paradis fiscal,
01:26:12 personnellement. Elle n'est pas reconnue comme ça.
01:26:14 Les fameuses filiales fiscales Bahamas,
01:26:18 il y en a quasiment plus du tout.
01:26:19 On les a éliminées toutes les unes des autres
01:26:21 sous ma direction.
01:26:22 Il y en avait une trentaine, je crois qu'il en reste 7 ou 8,
01:26:25 parce qu'on se trouve qu'on a des partenaires
01:26:26 qui, parfois, notamment américains,
01:26:28 ont des raisons d'être au Bahamas,
01:26:32 mais il y en a quasiment plus.
01:26:33 C'est une politique que je bannie systématiquement.
01:26:36 J'ai, par exemple, fait démanteler tout le système
01:26:38 qu'il y avait chez nous, aux Pays-Bas,
01:26:41 l'optimisation via les Pays-Bas,
01:26:42 parce que je considère que tout ça,
01:26:44 ce n'est pas bien, c'est marginal,
01:26:45 et finalement, ça leur porte plus embêtement
01:26:47 que le contraire. Alors, qu'est-ce qu'il y a en Suisse ?
01:26:48 Il y a des vraies équipes en Suisse.
01:26:50 Il se trouve qu'en Suisse, il y a une activité.
01:26:52 Pourquoi ils sont en Suisse ?
01:26:53 Parce que toutes les entreprises de négoces,
01:26:56 la grande majorité des entreprises de négoces
01:26:57 sont à Genève.
01:26:59 C'est là qu'ils sont basés.
01:27:00 Donc, on a plus de 1 000 employés en Suisse
01:27:02 qui font du négoce, du pétrole, du gaz, de l'électricité.
01:27:05 On en a aussi à Houston, on en a à Singapour.
01:27:09 Et que ces gens-là, effectivement,
01:27:10 ils ont une activité, ils gagnent de l'argent,
01:27:12 on paie l'impôt en Suisse.
01:27:13 Cet impôt, d'ailleurs, suite à la décision Globe,
01:27:18 l'accord de l'OCDE,
01:27:20 eh bien, il vient d'être remonté à 15 %,
01:27:22 parce que, bien évidemment, il était plus faible que 15 %,
01:27:25 mais les Suisses ont décidé qu'ils n'allaient pas nous laisser
01:27:27 payer le complément en France,
01:27:29 mais ont décidé que les 15 % étaient pour eux.
01:27:32 On le voit à peu près dans tous les pays, d'ailleurs.
01:27:34 On l'a aussi vu à Singapour, je peux vous dire.
01:27:35 On a vu les... Et pourquoi ?
01:27:37 Parce qu'effectivement, ces pays-là avaient une politique
01:27:40 pour attirer des équipes de, comment on dit, de traders,
01:27:43 qui sont des gens à forte rémunération à Genève.
01:27:49 Eh bien, ils avaient mis en place un système fiscal
01:27:51 très incitatif pour que les entreprises
01:27:53 localisent leur talent à Genève.
01:27:56 Et c'est la place mondiale
01:27:59 du négoce de matières premières au monde.
01:28:01 Elle est aujourd'hui largement à Genève.
01:28:03 Il y en a aussi un peu à Londres et aux Etats-Unis,
01:28:06 mais elle est là. Voilà.
01:28:07 Donc on a une activité et on y paie l'impôt.
01:28:09 L'impôt est de 15 % depuis 2023,
01:28:13 et tout ça sera totalement transparent
01:28:15 dans le cadre des CBCR et autres réglementations
01:28:19 qui nous induisent à montrer la transparence fiscale.
01:28:22 En France, je vous rassure,
01:28:25 toutes les équipes de Total Energy du siège
01:28:27 qui travaillent pour l'international
01:28:28 sont facturées à l'international.
01:28:29 Nous devons être l'entreprise la plus contrôlée par le fisc.
01:28:34 Je crois qu'on a en moyenne 30 à 40 agents du fisc
01:28:37 dans nos bureaux.
01:28:38 Avec Gérard Damanin, d'ailleurs, il m'avait dit,
01:28:40 "On a bien signé un accord de confiance."
01:28:42 Je lui ai dit, "Oui, il faut y aller des économies,
01:28:43 "parce que vous avez 30 à 40 personnes
01:28:45 "en permanence dans nos bureaux,
01:28:46 "et à la fin, des fois, ils nous rendent de l'argent."
01:28:48 Je ne suis pas tellement sûr,
01:28:49 parce que finalement, ils découvrent que nos déclarations,
01:28:50 des fois, on s'est trompé.
01:28:51 Et comme les fonctionnaires français sont honnêtes,
01:28:54 quand ils découvrent qu'on s'est trompé,
01:28:55 ils nous corrigent notre déclaration.
01:28:58 Donc pourquoi ?
01:28:59 Donc on charge, bien évidemment.
01:29:00 On répartit, tout ça est totalement contrôlé.
01:29:01 On répartit toutes les charges.
01:29:03 Et c'est de notre intérêt, parce qu'il se trouve
01:29:04 qu'à l'international, moi, j'ai des partenaires
01:29:06 à qui j'aime bien facturer mes services centraux, etc.
01:29:09 Donc tout ça est audité, contrôlé.
01:29:11 Et on a fait l'objet, d'ailleurs, d'une commission
01:29:14 sur la fiscalité chez vos collègues
01:29:17 de l'Assemblée nationale récemment.
01:29:19 Le CICE, on reçoit 50 millions d'euros par an
01:29:22 au titre de la recherche et développement.
01:29:24 Il se trouve que les équipes de recherche totale énergie
01:29:26 sont effectivement essentiellement localisées en France.
01:29:30 Parce qu'il se trouve qu'en France,
01:29:31 il y a pas mal d'ingénieurs.
01:29:32 Alors je dois vous rassurer, les ingénieurs,
01:29:34 il y en a peut-être 600 qui signent une lettre,
01:29:36 mais 600 sur 40 promotions de 400 ingénieurs,
01:29:41 ça va. Et aujourd'hui, la vérité,
01:29:42 c'est que nous recrutons des jeunes de toutes les écoles.
01:29:46 C'est plutôt nous qui choisissons que l'inverse.
01:29:48 Nous avons pour un poste d'ingénieur 150 candidatures.
01:29:52 Voilà ce qui se passe. Donc j'ai bien que...
01:29:54 Parce que 600 personnes signent une lettre,
01:29:57 ça deviendrait la une d'un centre de médias
01:29:59 qui ont déduit que nous n'étions pas attractifs.
01:30:01 Moi, j'ai pas l'impression de pas être attractif,
01:30:03 y compris d'ailleurs dans les énergies renouvelables.
01:30:06 Pourquoi ? Parce qu'ils voient une entreprise
01:30:09 qui investit beaucoup, qui fait des projets.
01:30:11 J'ai même un souci avec mes deux collègues français
01:30:14 chefs d'entreprises énergétiques,
01:30:15 c'est qu'ils ont la tendance à avoir des gens
01:30:16 qui viennent de chez eux vers nous.
01:30:18 Ils pensent que c'est nous qui allons les chercher,
01:30:19 on a besoin de le faire, en fait.
01:30:21 Donc voilà, j'ai pas de problème d'attractivité.
01:30:23 Et d'ailleurs, si Total est devenu Total Énergie,
01:30:27 c'est en partie à cause de notre personnel.
01:30:29 Parce que notre personnel, il se pose aussi des questions,
01:30:31 ce sont aussi des citoyens.
01:30:33 Et quand je m'étais rendu compte, en 2019, 2018,
01:30:36 dans des déjeuners avec des jeunes foreurs qui me disaient
01:30:38 "Mais qu'est-ce que je deviens dans 10 ans ?"
01:30:40 Le jour où on a exposé cette stratégie consistant à...
01:30:43 Oui, on continue aujourd'hui encore l'hydrocarbure,
01:30:45 mais on prépare et on investit lourdement
01:30:47 dans les énergies bas carbone,
01:30:49 et on investit 5 ou 6 milliards,
01:30:50 et maintenant, on a 10 000 personnes qui y travaillent,
01:30:53 eh bien, on leur a répondu à leur interrogation,
01:30:55 et aujourd'hui, ils adhèrent à 88 %
01:30:57 à la stratégie que nous suivons.
01:30:59 Et ça, c'est la réalité de notre entreprise,
01:31:01 une entreprise qui fonctionne bien,
01:31:03 qui a un cercle vertueux, y compris sur ses énergies nouvelles.
01:31:06 Alors New York, je vais New York, la cotation à New York.
01:31:10 Dès que Total Énergie fait quelque chose,
01:31:14 tout de suite, ça devient important.
01:31:15 On dit quelque chose. D'abord, c'est pas décidé,
01:31:17 comme je dis, on l'étudie.
01:31:18 On l'étudie pourquoi ?
01:31:20 Pour une raison simple, c'est que...
01:31:23 En partie, d'ailleurs, parce qu'effectivement,
01:31:26 les politiques, je dirais, au sens large,
01:31:28 ESG en Europe ont plus de poids.
01:31:30 Ce que j'observe, c'est que la base d'actionnaires européens
01:31:33 de Total Énergie diminue, notamment la base française.
01:31:37 Nous avons perdu 7 % d'actionnaires français
01:31:40 au cours des 4 dernières années,
01:31:42 largement à cause des réglementations,
01:31:44 de la pression qui est faite sur eux,
01:31:45 et à l'inverse, les actionnaires américains
01:31:48 achètent notre action.
01:31:50 Et la part de l'actionnariat institutionnel américain
01:31:52 est passée de 37 à 47 %.
01:31:54 C'est une observation.
01:31:57 Et les actionnaires américains, il se trouve que la société
01:31:59 est déjà cotée à New York.
01:32:00 C'est clair, on est primairement en France
01:32:02 et secondairement à New York,
01:32:03 mais à New York, c'est pas une action qu'on leur vend,
01:32:05 c'est un certificat de dépôt, donc ils aiment pas.
01:32:07 Enfin, je passe sur les détails techniques.
01:32:09 Et bien évidemment, je ne peux qu'observer
01:32:11 un transvestissement, quelque part,
01:32:14 les effets des politiques font qu'aujourd'hui,
01:32:16 on a moins d'actionnaires européens.
01:32:17 Les actionnaires européens n'achètent pas l'action.
01:32:19 J'ai un flux vendeur et un flux acheteur.
01:32:21 A priori, le devoir, l'intérêt social qui sont le nôtre,
01:32:24 c'est aussi de reprendre en considération cela.
01:32:28 Est-ce que ça changera quelque chose sur la stratégie ?
01:32:30 Non, la stratégie est arrêtée par un conseil d'administration.
01:32:33 Le conseil d'administration, ce qui compte,
01:32:35 c'est qui sont les membres de ce conseil d'administration.
01:32:37 Il est aujourd'hui à moitié français,
01:32:40 à moitié étranger, international, pardon.
01:32:44 Voilà la réalité de l'entreprise.
01:32:46 Par ailleurs, dans cette affaire,
01:32:48 on n'a pas parlé de bouger le siège social de l'entreprise.
01:32:51 D'ailleurs, ce serait compliqué,
01:32:52 puisqu'il y a des tas de textes et de lois
01:32:53 qui demandent l'accord dans un domaine
01:32:55 de sécurité énergétique du gouvernement.
01:32:57 Donc, aujourd'hui, on regarde la réalité de notre marché
01:33:01 et on se rend compte que les sociétés européennes,
01:33:03 et je ne suis pas le seul,
01:33:04 puisqu'en fait, la première personne
01:33:06 qui a parlé de cette idée-là, c'est le patron de Shell,
01:33:07 il y a peu de temps,
01:33:09 a constaté que les entreprises énergétiques européennes
01:33:12 sont très décotées
01:33:13 par rapport aux entreprises énergétiques américaines.
01:33:16 Si on publie nos résultats vendredi,
01:33:18 nous avons exactement les mêmes résultats trimestriels
01:33:21 qu'une entreprise comme Chevron.
01:33:23 Notre valorisation en bourse est de 200 milliards,
01:33:25 elle est de 300 milliards, 330 milliards pour Chevron.
01:33:28 C'est la différence entre le marché américain
01:33:29 et le marché européen.
01:33:30 Voilà, mais il ne faut pas y voir autre chose que quelque part.
01:33:34 Après, moi, je serais ravi, suite à ces échanges,
01:33:37 qu'il y ait plus d'actionnaires européens
01:33:39 qui rachètent du Total Energy,
01:33:40 ça me convaincra que garder l'action primaire,
01:33:43 la cotation primaire à Paris, c'est une bonne idée.
01:33:46 Pour l'instant, c'est pas ce que nous ferons.
01:33:47 On ne quittera pas la bourse de Paris,
01:33:49 on gardera de toute manière, si on fait le mouvement,
01:33:50 ce qui n'est pas encore décidé, je vous l'aurai dit,
01:33:53 on garderait une cotation secondaire à Paris.
01:33:56 -Merci. Alors, franchement, je supprime le droit de réplique
01:34:00 parce qu'on ne va pas y arriver,
01:34:02 il nous reste 25 minutes pour 8 interventions.
01:34:04 -Vous inquiétez pas.
01:34:06 -Faut que chacun y mette du sien.
01:34:09 Monsieur Foliot.
01:34:10 -Merci, monsieur le président, le directeur général.
01:34:15 Tout d'abord, par rapport aux éclaircissements
01:34:17 que vous nous avez apportés,
01:34:18 moi, je fais partie de ceux qui pensent
01:34:20 que le fait pour notre pays d'avoir une grande entreprise
01:34:23 à dimension internationale, c'est un atout
01:34:25 et c'est quelque chose de positif.
01:34:28 Et si vous me permettez une expression,
01:34:30 se tirer une balle dans le pied,
01:34:32 c'est pas forcément ce qui fera que nous marcherons mieux
01:34:36 et que nous irons plus vite.
01:34:37 Pour autant, il y a un certain nombre de points
01:34:41 et d'éléments que vous avez développés
01:34:43 concernant notamment l'engagement qui est le vôtre
01:34:46 pour les énergies renouvelables.
01:34:48 Nous ne pourrons que vous inciter à continuer,
01:34:50 aller plus loin, plus vite, plus fort en la matière.
01:34:54 Mais il y a un élément sur lequel je ne suis pas d'accord.
01:34:57 Quand vous avez dit en réplique tout à l'heure à mon collègue,
01:35:02 "Notre pays ne dispose pas de ressources
01:35:04 "en matière d'hydrocarbures", c'est pas vrai.
01:35:07 C'est pas vrai parce qu'il y a des ressources avérées
01:35:11 et il y a des ressources qui seraient putatives.
01:35:14 Putative, c'est sur le plateau d'Aiguillane.
01:35:16 Et avéré, c'est juste à côté du Mozambique,
01:35:19 c'est l'île française de Juan de Nova.
01:35:21 Donc je vais pas revenir sur des discussions
01:35:25 et des éléments que nous avions eus à l'époque
01:35:27 dans le cadre de la loi Hulot.
01:35:28 Alors c'est vrai, vous allez pouvoir me répondre,
01:35:30 qu'aujourd'hui, la loi vous interdit de faire des explorations
01:35:34 et des exploitations de produits pétroliers dans notre pays,
01:35:37 ce qui, à certains égards, est un élément un peu paradoxal
01:35:40 puisqu'on continue à importer.
01:35:41 Et vous avez dit que c'était quelque chose d'important
01:35:44 et d'essentiel en la matière.
01:35:46 Et donc, par rapport à ces enjeux
01:35:49 et ces éléments géostratégiques
01:35:53 et en matière, donc, de développement
01:35:55 des énergies renouvelables,
01:35:58 comment pourriez-vous faire pour continuer
01:36:01 à donner des signaux forts ?
01:36:03 Et notamment, est-ce qu'un investissement de votre part
01:36:07 dans le dernier fabricant français de photovoltaïques
01:36:11 peut être quelque chose d'envisageable ?
01:36:13 Bien.
01:36:15 Alors, bon, écoutez,
01:36:19 vous n'avez pas entendu beaucoup de TotalEnergies râler
01:36:23 quand il y a eu la loi Hulot.
01:36:25 Il n'y a pas d'hydrocarbures en Guyane.
01:36:27 Je peux vous le dire.
01:36:29 Je suis allé voir le président du Conseil régulier.
01:36:31 On a trouvé des hydrocarbures du pétrole au Suriname.
01:36:34 Je peux venir avec les cartes géologiques
01:36:36 et expliquer pourquoi le bassin du Suriname,
01:36:38 parce qu'on a trouvé tout ça à l'ouest du Suriname,
01:36:41 ne se prolonge pas à l'est du Suriname et en Guyane.
01:36:44 On a fait un jour une découverte en Guyane
01:36:47 qui a conduit à 5 puits d'appréciation négatifs.
01:36:50 D'ailleurs, je pense qu'on en a foré beaucoup
01:36:52 parce que c'était en France. Donc, voilà.
01:36:55 Et Rouen-de-Nova, honnêtement,
01:36:57 c'est pour le coup, il vaut mieux laisser les îles Éparses en paix
01:37:00 que d'aller forer à Rouen-de-Nova.
01:37:03 Rouen-de-Nova, c'est près de la Réunion.
01:37:06 Donc, voilà. Je maintiens mes propos
01:37:09 sur le fait qu'il n'y a pas d'aérocarbures en France.
01:37:11 Alors, sur les énergies renouvelables,
01:37:13 non, mais, objectivement, je pense que vous ne...
01:37:18 On veut toujours me demander plus,
01:37:19 mais nous investissons dans ces énergies.
01:37:22 On a construit un portefeuille déjà de 25 gigawatts.
01:37:24 On va être à 35 gigawatts.
01:37:26 Vous voyez, on est en train de construire en Inde
01:37:29 avec un partenaire indien,
01:37:31 un des plus grands champs solaires et éoliens au monde.
01:37:33 Il va faire 30 gigawatts sur 500 km carrés.
01:37:37 Je vais vous inviter, je pense que je vais inviter beaucoup de monde
01:37:39 à aller voir ce qu'on est en train de faire.
01:37:40 C'est dans le désert du Kouch, à la frontière du Pakistan.
01:37:44 On a 500 km carrés.
01:37:45 On est en train d'étaler des panneaux solaires.
01:37:48 On a déjà construit 2 gigawatts en 6 mois et on va partir.
01:37:51 Et dans 6 ans, on aura construit en Inde
01:37:53 l'équivalent de 7 réacteurs nucléaires
01:37:55 pour 20 milliards de dollars.
01:37:57 C'est en Inde qu'ils se connecteront.
01:37:59 Voilà ce qu'on est en train de faire.
01:38:00 Quand je fais des choses comme ça, et je suis très fier de le dire,
01:38:03 je pense que je contribue fortement à la transition écologique
01:38:05 en allant en Inde investir avec un partenaire indien
01:38:08 dans de l'énergie de cette taille-là et majeure.
01:38:11 Encore une fois, voilà ce qu'on fait.
01:38:14 Et ça, on peut le faire parce que Total Energy
01:38:16 a décidé de s'engager fortement.
01:38:18 Alors, ça monte en puissance.
01:38:20 Bien sûr que je ne fais pas tout du jour au lendemain.
01:38:21 Il y en a récupéré des équipes.
01:38:22 On trouve des partenaires, on trouve des projets.
01:38:24 Mais je rêverais de pouvoir faire ça en France.
01:38:26 Donc, si vous me trouvez 500 km carrés de disponibles,
01:38:29 je suis prêt à y aller. Il n'y a pas de souci.
01:38:32 D'ailleurs, plutôt qu'aujourd'hui en France de miter le paysage
01:38:34 avec trois éoliennes par trois,
01:38:36 on ferait mieux d'essayer de les rassembler toutes au même endroit
01:38:38 et d'en faire un vrai parc.
01:38:40 Ça serait plus utile et plus efficace.
01:38:42 Mais voilà, en fait, ce que je...
01:38:45 Donc, il y a un vrai engagement de notre part.
01:38:47 On atteindra les 100 gigawatts en capacité brute
01:38:51 et les plus de 120 TWh.
01:38:52 Donc, je sais bien que ça ne va jamais assez vite
01:38:55 parce qu'on est très exigeants vis-à-vis de nous.
01:38:57 Moi, si on m'avait dit en 2020 qu'on investissait 5 milliards
01:39:00 en 2024 dans ces énergies renouvelables,
01:39:02 je ne l'aurais pas signé.
01:39:03 Ce n'est pas ça, la trajectoire qu'on avait en tête.
01:39:05 Je trouve qu'on y arrive et qu'on déploie
01:39:07 et qu'on est en train de délivrer
01:39:10 là où on arrive à accélérer dans un pays comme l'Inde.
01:39:13 Et encore une fois, l'enjeu indien
01:39:15 pour le changement climatique est majeur.
01:39:17 Si on peut éviter que l'envie,
01:39:19 que ce soit encore plus de charbon en Inde,
01:39:21 tout ce qu'on pourra y faire à notre échelle sera utile.
01:39:24 -Madame Prima. Non, non.
01:39:27 Madame Prima.
01:39:29 -Pauvre collègue, pas le droit de réplique.
01:39:31 M. le président-directeur général, merci de vos réponses.
01:39:35 Je vais aller peut-être à l'essentiel
01:39:36 au regard des questions qui vous ont déjà été posées.
01:39:40 Moi, je voudrais comprendre le modèle économique, en fait,
01:39:42 qui est le vôtre aujourd'hui,
01:39:44 et peut-être nous dire quel écart de rentabilité
01:39:46 vous avez aujourd'hui entre les différentes énergies
01:39:48 et quelles sont les trajectoires que vous avez sur ces énergies,
01:39:52 la production de ces énergies,
01:39:54 pour qu'on comprenne si oui ou non, finalement,
01:39:56 la production d'énergie renouvelable,
01:39:58 elle rentre aussi dans une stratégie
01:40:00 qui est une stratégie de développement,
01:40:01 mais aussi de rentabilité.
01:40:04 Je voudrais également inverser la question
01:40:06 qui nous est posée dans cette commission d'enquête,
01:40:08 c'est-à-dire qu'on se demande si les politiques publiques
01:40:11 sont suivies par Total
01:40:13 dans le cadre de la transition climatique.
01:40:15 Moi, j'ai envie de vous demander
01:40:16 est-ce que finalement, l'Europe en particulier,
01:40:19 la France aussi, bien entendu,
01:40:21 est un terrain de jeu favorable aux énergies renouvelables ?
01:40:25 Vous venez de nous parler d'un gigaprojet d'énergie solaire en Inde.
01:40:30 Qu'est-ce qui vous empêche, vous, Total,
01:40:32 d'aller plus vite sur les énergies renouvelables,
01:40:34 pas uniquement du point de vue des investissements ?
01:40:38 Et puis, dernière question très rapide,
01:40:40 je voudrais également savoir comment vous vous situez vous-même
01:40:44 par rapport à vos concurrents mondiaux
01:40:47 dans à la fois le devoir de vigilance
01:40:51 dont on parle de plus en plus,
01:40:53 et également le virage climatique ?
01:40:56 -M. le président. -Les rentabilités.
01:40:58 En fait, les rentabilités des hydrocarbures
01:40:59 dépendent largement du prix du pétrole.
01:41:01 Aujourd'hui, la rentabilité du secteur pétrole,
01:41:03 chez nous, fait à peu près 20 % de rentabilité
01:41:06 sur capitaux employés.
01:41:07 L'électricité, on fait 10.
01:41:09 En fait, ça, c'est à 80 $, mais à 60 $ du baril,
01:41:13 mes hydrocarbures vont faire 12,
01:41:14 et on s'est donc fixé pour objectif,
01:41:17 sur la partie électricité, d'arriver à 12 %,
01:41:19 et j'ai dit aux actionnaires de telle énergie,
01:41:21 l'objectif, il vient évidemment de faire de l'électricité
01:41:24 renouvelable, rentable, et on se donne comme objectif
01:41:26 d'avoir la même rentabilité à 60 $ du baril,
01:41:28 les deux côtés.
01:41:29 En disant cela, et on publie maintenant,
01:41:31 depuis l'an dernier, nos résultats électricité,
01:41:33 ils ont vu qu'on faisait déjà 10 %,
01:41:35 c'est quand même un segment qui rapporte déjà...
01:41:37 Enfin, rapporté, c'est-à-dire entre 2,5 milliards
01:41:39 et 3 milliards en l'espace de 5 ans.
01:41:40 Donc, c'est pas un petit segment,
01:41:42 c'est pas un petit business qu'on est en train de créer.
01:41:46 Et donc, on a réussi à les rallier, effectivement.
01:41:49 Aujourd'hui, j'ai certains actionnaires,
01:41:50 je vais pas le cacher, qui me disent,
01:41:51 "Faites que du pétrole, c'est plus rentable."
01:41:53 Et je leur réponds, "Oui, mais c'est 80 ou 80 $."
01:41:55 Et je sais que ça va pas rester à ce niveau-là.
01:41:57 Il y aura des cycles.
01:41:58 Donc, on prend 60 $ du baril comme référence,
01:42:00 et voilà la trajectoire.
01:42:02 Donc, oui, je suis d'accord avec vous,
01:42:04 de toute manière, ce qui est durable est rentable.
01:42:06 On va pas être mécène, sinon, ça fonctionne pas.
01:42:08 Donc, les énergies, et c'est tout le débat que j'ai avec eux.
01:42:11 Et ils sont très surpris par la qualité
01:42:12 de ce qu'on arrive à produire aujourd'hui,
01:42:13 puisqu'ils étaient convaincus que c'était du 5 ou 6 %.
01:42:15 Les renouvelables ont de très mauvaises réputations.
01:42:17 La vérité, c'est qu'on parle pas seulement
01:42:19 d'énergie renouvelable, on parle d'une chaîne d'électricité,
01:42:22 on parle aussi de moyens flexibles de production du gaz,
01:42:25 on parle de batteries, on construit des batteries au Texas,
01:42:27 on parle aussi de trading, on parle aussi de clients.
01:42:30 C'est toute la chaîne.
01:42:31 Si on prend que le segment renouvelable production,
01:42:34 il va faire... Mais il faut être capable de voir au-delà.
01:42:37 Et un des atouts de Total Energy
01:42:38 par rapport aux développeurs renouvelables,
01:42:40 c'est que nous, on a un bilan sans dette,
01:42:42 et donc, gros bilan, on peut prendre des risques de marché.
01:42:46 Et donc, je cherche pas à couvrir mes renouvelables
01:42:49 par des subventions, des contrats couverts par les Etats.
01:42:53 C'est pas du tout mon but saisonnel,
01:42:54 je suis pas une fond d'infrastructure.
01:42:55 Moi, j'aime bien la volatilité.
01:42:57 J'ai pas envie de rendre, comme je l'ai fait à l'Etat français,
01:42:59 le surplus, le sur-profit en 2022,
01:43:03 je préfère le garder pour nous,
01:43:04 et donc, je vais pas leur demander de garantie.
01:43:05 C'est ça, le modèle qu'on développe,
01:43:06 et quand vous développez un modèle de cette nature,
01:43:08 vous êtes plus rentable.
01:43:10 En fait, il y a deux modèles dans les renouvelables.
01:43:11 Il y a le modèle des développeurs renouvelables
01:43:13 qui empruntent et qui ont pas beaucoup de capitaux
01:43:15 et qui sécurisent leur profit par des contrats avec les Etats.
01:43:20 Mais ça, ça m'intéresse pas.
01:43:21 On l'avait au début, on en sort.
01:43:23 Nous, ce qui nous intéresse, c'est,
01:43:24 oui, on peut couvrir une partie de nos projets,
01:43:27 mais après, on veut pouvoir jouer sur le marché de l'électricité.
01:43:30 Et c'est profondément l'ADN de Total Energy,
01:43:32 c'est qu'on est une entreprise
01:43:34 qui est capable de jouer la volatilité des marchés,
01:43:37 de résister quand les prix sont bas
01:43:38 et d'en profiter quand les prix sont hauts.
01:43:40 Et quand les prix sont hauts,
01:43:41 il faut que je le partage avec mes actionnaires,
01:43:44 parce qu'ils acceptent de prendre les risques
01:43:46 quand les prix vont bas.
01:43:47 Le terrain de jeu européen, la vitesse,
01:43:49 ce qui nous empêche, c'est l'espace en Europe.
01:43:51 On n'a pas beaucoup d'espace.
01:43:52 Moi, je sais pas trouver 500 km2.
01:43:55 J'ai un problème d'espace.
01:43:56 Et en fait, s'il y avait quelque chose à vous demander,
01:43:58 c'est que ce qui nous manque en Europe,
01:44:00 c'est planifier l'espace.
01:44:01 Où est-ce que j'ai le droit de faire...
01:44:03 C'est très compliqué aujourd'hui d'être entreprise privée,
01:44:05 d'aller convaincre tout un tas de partenariats,
01:44:07 des élus, des maires, des concitoyens,
01:44:09 de nous laisser implanter.
01:44:11 Plutôt que...
01:44:12 Les meilleures accélérations que vous pourriez faire,
01:44:14 c'est planifier.
01:44:15 Alors, éolien offshore, c'est plus facile à planifier.
01:44:18 Mais même à terre, on peut se poser la question.
01:44:20 Moi, je considère qu'il vaudrait sans doute mieux
01:44:22 concentrer des éoliennes à un endroit comme on l'a fait
01:44:25 autrefois avec des industries lourdes à Fosse ou à Dunkerque
01:44:29 que d'en mettre un peu partout
01:44:31 en mettant plein de gens pas contents.
01:44:32 Certains, comme moi, aiment bien les éoliennes,
01:44:33 d'autres, comme mon époux, se détestent.
01:44:35 Donc, je veux que... Voilà.
01:44:37 Mais je veux dire, c'est un vrai sujet, ça,
01:44:39 la planification de l'espace.
01:44:41 Et puis après, en Europe, tout est lent,
01:44:42 je suis désolé de vous le dire.
01:44:43 Tout est lent pour deux raisons.
01:44:45 Un, on n'a pas assez de fonctionnaires
01:44:47 pour s'occuper de ces projets-là.
01:44:49 Je le dis, ça paraît étonnant,
01:44:52 mais le guichet en face de nous,
01:44:53 parce que c'est beaucoup de projets,
01:44:55 alors pour le coup, ils sont pas gros, ils sont petits,
01:44:57 il faut qu'ils inscrisent des procédures,
01:44:58 ce qui est normal, biodiversité, archéologie, etc.
01:45:01 Il n'y a pas assez de monde, donc ça prend du temps.
01:45:03 Et puis, deuxièmement, il y a un deuxième sujet,
01:45:05 c'est que dans nos démocraties,
01:45:06 il y a des droits de recours importants.
01:45:08 Donc, les recours sont lents.
01:45:09 Je suis toujours d'ailleurs étonné de voir
01:45:11 que ce sont des ONG qui attaquent
01:45:12 les projets d'énergie renouvelable pour des raisons
01:45:14 et qui font qu'on n'avance pas.
01:45:16 Donc, à la fin, un projet d'énergie renouvelable en France,
01:45:18 à peu près 5 ans, au Texas, c'est un an.
01:45:21 Voilà.
01:45:22 Voilà où, à la fin, comment...
01:45:24 Et donc, aujourd'hui, je dois avoir
01:45:25 deux ou trois fois plus de personnes pour mégawatts
01:45:27 que dans d'autres pays pour les produire.
01:45:29 Donc, ça, c'est l'Europe, mais encore une fois,
01:45:31 ça ne veut pas dire qu'il faut y renoncer.
01:45:32 Devoir de vigilance.
01:45:34 Je veux dire, nous, vous savez, on respecte les lois
01:45:36 et règlements que vous décidez.
01:45:38 La France avait fixé un devoir de vigilance,
01:45:40 une loi d'initiative parlementaire.
01:45:42 Pour l'instant, les juges ont du mal à la mettre en oeuvre.
01:45:46 Pour diverses raisons de forme, elle est compliquée.
01:45:48 Il y a un texte européen.
01:45:50 Je pense que, quelque part, la France cherchait
01:45:52 à faire un "level playing field".
01:45:53 Le texte européen, à mon avis, va beaucoup plus loin
01:45:55 que le texte français.
01:45:57 Ce que j'espère, simplement, c'est que ce texte
01:45:58 ne va pas devenir un handicap pour les entreprises européennes
01:46:01 au détriment des entreprises américaines
01:46:03 et des concurrents. Voilà.
01:46:06 On verra ce qu'il en sera.
01:46:08 On ouvre un nouvel air.
01:46:11 Ce que je vois, c'est que, dans ce domaine-là,
01:46:13 on ouvre une ère de judiciarisation
01:46:15 de la vie des entreprises en Europe.
01:46:17 Aux Etats-Unis, ils le connaissent depuis longtemps.
01:46:19 Ils ont une industrie du droit.
01:46:24 On ne l'a pas. Il va peut-être falloir le faire,
01:46:26 mais visiblement, les tendances américaines
01:46:28 sont très présentes au Parlement à Bruxelles.
01:46:30 Ils fabriquent des textes qui vont être dénis à contentieux
01:46:33 et qui est sans doute, à mon avis,
01:46:35 une partie de la genèse de certains des promoteurs du texte.
01:46:39 C'est honnêtement pas...
01:46:41 Il va falloir combiner ces textes avec notre droit européen,
01:46:44 qui n'a pas la même base que le droit américain,
01:46:46 notamment dans la capacité qu'ont les Etats-Unis
01:46:48 de faire des transactions financières, à peu près,
01:46:50 sur tous les sujets. C'est pas vraiment notre savoir-faire.
01:46:53 C'est pour ça que les entreprises européennes
01:46:55 ont parfois du mal aux Etats-Unis.
01:46:57 -M. Weber.
01:47:00 -Oui, M. le président, le directeur général.
01:47:03 On a beaucoup parlé de performance,
01:47:04 de rentabilité, d'optimisation.
01:47:07 Et vous avez aussi parlé de Total comme un fleuron
01:47:10 qui contribue au rayonnement de la France.
01:47:12 Et puis on s'aperçoit, vous l'avez aussi expliqué,
01:47:14 que finalement, il y a peut-être une réaction de la société
01:47:17 qui est peut-être due à l'équilibre
01:47:20 entre en réalité les impacts qui sont ceux de l'exploitation
01:47:23 et parallèlement les investissements
01:47:26 qui sont faits pour les énergies renouvelables
01:47:27 et peut-être aussi sur les compensations
01:47:29 qui peuvent être faites.
01:47:30 Quand on parle de ces questions des compensations,
01:47:32 d'ailleurs, vous-même, vous avez dit
01:47:33 que ce qui coûte le moins cher
01:47:35 pour réduire les émissions nettes de carbone,
01:47:37 c'est de protéger la forêt et d'agir pour la reforestation.
01:47:40 Et je voudrais le mettre en équilibre
01:47:41 avec ce qu'on a dit tout à l'heure,
01:47:42 on a commencé à dire sur l'Ouganda.
01:47:44 Quand je vois que dans un parc national,
01:47:48 vous avez installé une route subitumée
01:47:51 pour 600 trajets de poids lourd qui sont prévus chaque mois,
01:47:54 avec 2 000 trajets de véhicules par jour,
01:47:57 que par ailleurs, sous le tuyau que vous avez évoqué,
01:48:00 2 500 kilomètres de long,
01:48:02 ce sont 16 aires naturelles protégées qui sont touchées,
01:48:06 dont des parcs nationaux,
01:48:07 qui sont quand même avec une biodiversité extraordinaire,
01:48:11 qu'il a fallu déboiser un couloir de 30 m de large
01:48:15 pour effectivement installer ce pipeline
01:48:17 et qu'en plus, il faut le chauffer à plus de 50 degrés
01:48:20 pour qu'il puisse effectivement transporter cette matière première.
01:48:23 Donc, et parallèlement, parlons de cette forêt,
01:48:28 parallèlement, il est question d'un projet de plantation
01:48:31 industrielle d'acacia au Congo,
01:48:33 alors même que cette essence-là
01:48:36 est constatée comme alloctone, envahissante
01:48:38 et même toxique à certains égards,
01:48:39 puisque je rappelle qu'elle est interdite
01:48:41 par la législation française.
01:48:43 Et la question que je me pose, c'est quelle est votre vision
01:48:45 de cette question de la compensation au carbone
01:48:47 et que finalement, il n'y a pas là une limite
01:48:50 à ce nouveau business et à cet équilibre-là
01:48:53 entre la compensation d'un côté
01:48:55 et l'exploitation de l'autre côté.
01:48:58 Comment est-ce qu'on peut considérer
01:48:59 que cette compensation, eh bien, elle répond
01:49:01 à l'impact environnemental qui a été évoqué ?
01:49:03 Et je reviendrai tout à l'heure sur ce que vous avez dit
01:49:04 sur les 19 000 foyers qui sont touchés.
01:49:07 Moi, j'étais un petit peu choqué par votre réaction
01:49:09 quand vous dites, finalement, on leur construit des maisons.
01:49:11 Je crois que c'est une forme de néocolonialisme.
01:49:13 Je suis désolé de le dire comme ça,
01:49:14 parce que... Ah bah si, quand même, je suis désolé,
01:49:16 mais monsieur le président. Non, mais on ne peut pas dire
01:49:18 d'un côté que par rapport à des gens qui vivent
01:49:20 peut-être de l'agriculture dans des huttes
01:49:22 qui n'ont pas le choix et qui n'ont pas eu le choix
01:49:24 effectivement que de changer peut-être leur mode de vie
01:49:27 ou de production, eh bien, finalement,
01:49:28 on les indemnise par la construction d'une maison.
01:49:32 Je ne suis pas certain que ce soit leur propre choix.
01:49:33 C'est une réponse qui a été apportée par l'entreprise
01:49:35 pour, effectivement, permettre cette exploitation.
01:49:38 Mais je suis quand même assez inquiet.
01:49:39 Je ne suis pas certain qu'en France,
01:49:40 nos concitoyens réagiraient aussi bien
01:49:44 face à cette proposition qui pourrait être faite.
01:49:46 - Bien. OK. Bon, d'abord, je reprends les questions.
01:49:48 Alors, la compensation par la nature,
01:49:51 ce n'est pas la priorité du programme
01:49:54 de la feuille de route de Total pour réduire les émissions.
01:49:57 C'est ultimement, notre politique,
01:49:59 c'est d'éviter de réduire et ultimement de compenser.
01:50:02 Ce n'est pas une chose en soi.
01:50:04 On n'a pas prévu d'abattre 300 millions de tonnes
01:50:07 ou 50 millions de tonnes.
01:50:08 Dans notre feuille de route, ça correspond potentiellement
01:50:10 à une dizaine de millions de tonnes à long terme
01:50:13 parce qu'il faut du long terme pour le faire.
01:50:15 Parce que c'est utile, oui, c'est vrai aujourd'hui.
01:50:17 Faire des puits de carbone, c'est indispensable.
01:50:19 Si on veut net zéro, ça, c'est d'ailleurs l'AIE
01:50:22 auquel vous vous référez qui le dit, monsieur le rapporteur,
01:50:25 il faudra des puits de carbone, il faut des émissions négatives
01:50:27 parce qu'il continuera à y avoir encore 20 millions de barils
01:50:29 par jour de pétrole dans le fameux scénario de l'AIE.
01:50:31 Donc, il faut investir dans des puits de carbone
01:50:34 et que préserver la forêt, aujourd'hui, la planète,
01:50:36 nous continuons, nous, l'humanité, à déforester chaque année,
01:50:40 c'est une des premières actions qu'il faudrait être capable de faire,
01:50:42 c'est d'arrêter de faire une déforestation nette.
01:50:45 Là, je peux vous dire qu'on commencerait
01:50:47 à se mettre une trajectoire.
01:50:48 De ce point de vue-là, ça peut être utile,
01:50:50 qu'un certain nombre d'entreprises aient investi,
01:50:51 ce n'est pas des dossiers simples.
01:50:53 Moi, je ne suis pas un spécialiste du tout.
01:50:54 Chez nous, on a recruté des équipes à l'extérieur
01:50:56 qui sont des agronomes, des agroforestiers.
01:50:59 C'est compliqué parce que ça ne peut se faire
01:51:01 qu'en liaison avec les communautés locales.
01:51:04 Et l'exemple du Congo que vous citez,
01:51:05 en l'occurrence, vous avez raison, l'acacia,
01:51:07 ce n'est pas nécessairement la meilleure essence pour le Congo,
01:51:08 de ce que je comprends.
01:51:10 Moi, je ne suis pas un spécialiste de tout ça,
01:51:12 mais c'est effectivement, la vérité, c'est que ça ne sera durable,
01:51:15 ça ne sera plus de carbone durable que si ça se fait intelligemment
01:51:17 avec les populations locales,
01:51:18 qu'on leur trouve une façon d'en vivre, etc.
01:51:21 C'est ça, le projet.
01:51:22 Ce sont des vrais projets sociétaux.
01:51:23 Ce n'est pas que des projets de ne pas planter des arbres,
01:51:25 pas du tout.
01:51:26 C'est plus compliqué que ça.
01:51:27 Et on en a quelques-uns sur lesquels on souhaite avoir
01:51:30 des vrais crédits carbone qui soient vraiment durables.
01:51:33 Donc ça, on a des spécialistes qui en parlaient mieux que moi.
01:51:36 Mais encore une fois, ça ne vient qu'ultimement.
01:51:38 La priorité, c'est d'éviter de plus être démètre,
01:51:41 de consommer moins d'énergie dans nos propres opérations,
01:51:43 de réduire ou de capter,
01:51:45 et puis après, éventuellement, de compenser.
01:51:48 Voilà la philosophie.
01:51:49 Alors, pour revenir sur l'Ouganda,
01:51:50 puisque dans votre question, vous avez traité deux sujets, je dirais.
01:51:54 Bon, d'abord, il n'y a pas de route gaudronnée
01:51:57 construite par Total Energy.
01:51:58 La route gaudronnée, c'est celle des touristes.
01:52:01 Celle de Total Energy, c'est une piste.
01:52:03 Parce qu'on ne fait pas passer nos camions
01:52:05 sur la route gaudronnée des touristes
01:52:06 qui visitent le parc des Merchants' All Falls.
01:52:08 Donc, ça fait partie aussi des sujets
01:52:11 que, grâce à votre commission, je peux corriger.
01:52:14 Deuxièmement, le tuyau, il est chauffé
01:52:15 parce que le vitrole est visqueux,
01:52:16 mais il est enterré, le tuyau.
01:52:19 Il n'est pas dangereux, le tuyau.
01:52:21 C'est un tuyau, il y a des tuyaux chauffés dans le monde.
01:52:23 Il y en a plein.
01:52:24 Ce n'est pas le premier tuyau chauffé au monde.
01:52:26 C'est une technologie totalement maîtrisée que de chauffer un tuyau.
01:52:28 Simplement, ça coûte un peu plus cher de chauffer un tuyau.
01:52:30 Je préfère le pétrole qui est liquide et qui s'écoule facilement.
01:52:34 Ça m'évite de dépenser de l'énergie.
01:52:35 Au passage, ce tuyau, l'énergie va être fournie par des panneaux solaires
01:52:39 qu'on installe le long du tuyau,
01:52:40 de façon à éviter des émissions liées au chauffage du tuyau.
01:52:44 C'est un tuyau enterré qui, oui, sur la plupart du temps,
01:52:48 alors de temps en temps, il y a des points qui sortent
01:52:51 parce qu'il faut quand même surveiller,
01:52:52 il faut des vannes au cas où il y a des fuites,
01:52:53 au cas où on constaterait des fuites.
01:52:56 C'est un tuyau, mais cette technologie,
01:52:58 je sais que tout le monde dit qu'il est chauffé,
01:52:59 donc il est dangereux.
01:53:01 Non, il n'est pas dangereux.
01:53:02 En l'occurrence, c'est une technologie qui est totalement maîtrisée
01:53:04 que de faire des tuyaux pour des bruits de visqueux.
01:53:07 Il y en a au Canada, il y en a au Venezuela.
01:53:09 C'est des technologies qui sont tout à fait maîtrisées.
01:53:12 Bon.
01:53:13 Ensuite, si j'ai pu dire ce que j'ai dit,
01:53:15 je suis désolé de vous avoir choqué,
01:53:17 c'est pas du néo-colonialisme.
01:53:18 D'abord, chaque personne a eu le droit de choisir,
01:53:20 lorsqu'on lui achetait son terrain,
01:53:22 entre une somme financière ou lui construire une maison.
01:53:26 Il se trouve que 95 %, à peu près, des personnes
01:53:29 ont choisi la maison.
01:53:31 Et moi, je souhaite vous inviter, M. Weber, avec nous,
01:53:33 pour aller rencontrer les gens
01:53:34 et pour voir s'ils sont malheureux d'être passés
01:53:37 de la hutte à leur maison,
01:53:40 et du champ qu'on leur a donné,
01:53:41 et de l'aide à faire de l'agronomie.
01:53:44 Parce qu'en général, ce qu'on a fait,
01:53:46 c'est qu'ils ont d'ailleurs choisi, la plupart du temps,
01:53:48 des maisons parfois un peu plus utiles,
01:53:49 mais on leur a quand même construit la maison,
01:53:50 et une aide, une partie de l'argent financier,
01:53:53 pour relancer une partie d'activité agricole,
01:53:56 et on fait de l'éducation, entre guillemets, auprès d'eux.
01:53:59 Moi, je suis prêt à vous y inviter à rencontrer
01:54:00 les personnes que j'ai pu rencontrer.
01:54:03 J'ai pas de problème. Et je ne considère pas
01:54:05 que c'est faire du colonialisme
01:54:06 que ce qu'on fait à ce moment-là.
01:54:09 C'est au contraire les aider, eux aussi, à profiter.
01:54:11 Alors, comme m'a dit une dame, c'est incroyable,
01:54:14 j'ai eu une chance dans ma vie,
01:54:15 qui avait 7 enfants et perdu son mari.
01:54:17 Elle m'a dit, la chance dans ma vie, c'est que, finalement,
01:54:19 votre tuyau traverse ma ferme.
01:54:22 Voilà.
01:54:23 Oui, il y en a peut-être plus comme ça
01:54:25 que ceux qui disent qu'ils ne sont pas contents.
01:54:27 -Vous n'avez pas la parole.
01:54:29 Monsieur le président.
01:54:31 -Bien. Monsieur le président, je suis contraint
01:54:32 de réduire au maximum la question et de la simplifier.
01:54:36 Donc la première sera très simple.
01:54:37 Vous avez dit tout à l'heure que le GNL
01:54:40 ne pouvait pas être considéré comme une énergie décarbonée,
01:54:43 ce qui va dans le bon sens.
01:54:44 En revanche, lorsque vous communiquez,
01:54:47 c'était le cas récemment, le 21 avril dernier,
01:54:49 à Masquat, dans le sultanat d'Oman,
01:54:52 vous avez déclaré être, je vous cite,
01:54:54 "particulièrement heureux de pouvoir déployer
01:54:56 "les deux piliers de la stratégie de transition de total,
01:54:59 "que sont le GNL et les renouvelables."
01:55:01 Vous les mettez donc à peu près au même niveau.
01:55:04 Vous investissez d'ailleurs massivement aux Etats-Unis,
01:55:06 aux Etats-Unis où vous avez aussi la problématique
01:55:08 du gaz de schiste. Tous les experts
01:55:10 que nous avons pu auditer, tous,
01:55:12 que ce soit madame Masson-Delmotte,
01:55:14 que ce soit monsieur Jankowski,
01:55:16 qui n'est pas, je dirais, un écologiste radical,
01:55:20 voire même Louis Gallois,
01:55:22 qui préconisait dans un rapport de 2012
01:55:24 de poursuivre la recherche sur les techniques d'exploitation
01:55:26 des gaz de schiste. Il nous a affirmé,
01:55:28 je le cite, que le GNL est, sur le plan environnemental,
01:55:31 "un véritable problème. Il est pratiquement plus mauvais
01:55:34 "que le pétrole à cause des fuites."
01:55:35 Donc peut-on considérer aujourd'hui
01:55:37 que le GNL est encore une énergie de transition ?
01:55:40 Et puis une question, je dirais, plus spontanée,
01:55:44 voilà, plus sincère. Moi, je n'étais pas de ceux
01:55:46 qui avaient un a priori sur Total.
01:55:49 On est aussi heureux d'avoir une grande entreprise,
01:55:51 mais je rappelle que cette commission d'enquête
01:55:53 avait vocation à pouvoir mesurer
01:55:56 si la politique, la stratégie de Total
01:55:58 était en adéquation avec des engagements
01:56:01 de la France et des engagements des COP,
01:56:02 qui étaient de limiter le réchauffement climatique
01:56:04 à 1,5 degré, ce qui suppose de baisser de manière drastique
01:56:09 les émissions de gaz à effet de serre.
01:56:11 Donc vous nous avez expliqué vos difficultés,
01:56:14 que je peux partager, sur le développement
01:56:16 des énergies renouvelables, sur une demande qui progresse,
01:56:19 et même un coût social qui serait important
01:56:21 si on avait une économie peu chère.
01:56:24 Mais donc j'ai envie de vous poser une question assez simple,
01:56:27 c'est est-ce que vous croyez, encore vous,
01:56:29 que l'on peut limiter le réchauffement climatique
01:56:31 à 1,5 degré ?
01:56:32 -Si j'ai dit que j'étais heureux,
01:56:40 vous avez pris la moitié de ma phrase,
01:56:42 mais pas la dernière moitié de ma phrase,
01:56:43 ou les personnes qui vous ont aidé.
01:56:45 -C'est dans la communication.
01:56:46 -Non, mais bien sûr, je connais que j'y étais dimanche dernier,
01:56:48 donc je sais ce que j'ai dit,
01:56:49 et ce que j'ai dit, c'est que j'étais particulièrement heureux
01:56:51 parce que ce projet de gaz à effet de serre et liquéfié
01:56:53 est une première dans notre industrie.
01:56:56 Il aura des émissions de 3 kg par baril,
01:56:58 3 kg par baril,
01:56:59 alors qu'une usine normale de gaz à effet de serre et liquéfié,
01:57:01 c'est 35 kg par baril.
01:57:03 D'accord ?
01:57:04 Et donc, 10 fois moins, oui,
01:57:05 je considère qu'il contribue vraiment à la transition,
01:57:08 et que la totale énergie aide l'ensemble de l'industrie pédrolière.
01:57:11 On est pionniers, parce qu'on a décidé
01:57:13 de totalement électrifier l'usine de gaz à effet de serre et liquéfié,
01:57:16 au lieu d'utiliser le gaz pour faire fonctionner
01:57:18 les trains de compression et de liquéfaction du gaz,
01:57:22 et en plus, cette électricité sera d'origine renouvelable,
01:57:25 en accord avec les autorités de l'humanité.
01:57:26 Donc c'est pour ça que je dis, oui, on peut combiner les deux,
01:57:29 et donc c'est bien la stratégie,
01:57:30 et 3 kg par baril,
01:57:33 je pense que c'est le record de très loin,
01:57:34 et avec ça, si on faisait tout à 3 kg par baril,
01:57:37 la transition s'accélérait.
01:57:38 Donc de ce point de vue-là, le projet Auman est un très bel exemple
01:57:41 dont nous sommes, effectivement, je suis fier et heureux
01:57:45 de pouvoir l'investir dedans.
01:57:47 La deuxième question, la réponse est oui.
01:57:50 On peut.
01:57:51 On peut, et moi, j'ai une moitié, c'est vouloir ses pouvoirs.
01:57:54 On peut, mais à condition d'être réaliste,
01:57:57 de sortir des dogmes et de regarder ensemble
01:58:00 comment on fait pour avancer concrètement.
01:58:03 Et c'est ce que je veux faire avec TotalEnergie,
01:58:05 c'est ce que nous faisons.
01:58:06 TotalEnergie a une trajectoire, et en 2050,
01:58:09 dans ce rapport, nous partageons notre vision,
01:58:12 est une entreprise qui, avec une accélération, effectivement,
01:58:16 que nous engageons dans cette décennie,
01:58:18 est une entreprise qui devrait produire seulement,
01:58:20 à cet horizon-là, 20-25 % d'hydrocarbures,
01:58:22 plutôt du gaz que des pétroles,
01:58:24 plus de 50 % d'électricité
01:58:26 et 25 % d'autres molécules,
01:58:29 fuels synthétiques, carburants aériens durables,
01:58:32 biogaz, etc.
01:58:33 C'est ça, la vision qu'on porte.
01:58:35 Après, il faut que tout le monde s'engage
01:58:37 et qu'on trouve le chemin pragmatique
01:58:40 pour engager les consommateurs, les citoyens dans la trajectoire.
01:58:44 C'est ça, le défi que nous avons.
01:58:46 -M. Bury-Ki.
01:58:49 -Merci, M. le Président, M. le Président-Directeur général.
01:58:52 Je voudrais vous remercier pour la clarté
01:58:54 de vos propos.
01:58:55 J'avais une question, mais vous y avez déjà répondu
01:58:57 à travers la réponse que vous avez apportée
01:58:59 à mon collègue Barros
01:59:00 sur le départ éventuel de la Bourse de Paris,
01:59:02 donc je n'y reviendrai pas.
01:59:04 J'aurais une simple question en reprenant
01:59:05 la conclusion de mon collègue Folio,
01:59:08 à laquelle vous n'avez pas répondu.
01:59:09 Pourriez-vous envisager une aide
01:59:11 aux fabricants de panneaux solaires, éventuellement,
01:59:13 et sous quelle forme ?
01:59:15 -Il se trouve qu'on a été, nous, fabricants de panneaux solaires
01:59:18 dans une entreprise qui s'appelle Sunpower.
01:59:19 Donc on a vécu le cycle
01:59:21 d'investir dans des gines de panneaux solaires en Europe
01:59:23 et de devoir toutes les fermer.
01:59:25 Je l'ai vécu.
01:59:26 Et vous savez pourquoi je les ai fermés ?
01:59:29 Parce qu'en 2016 ou 2017,
01:59:31 l'Europe a décidé d'enlever toutes les barrières
01:59:34 qu'il y avait sur les panneaux chinois.
01:59:37 Je suis allé à Bruxelles, je suis allé voir
01:59:39 le ministre de l'Economie pour lui dire,
01:59:40 "Si vous levez ces barrières douanières,
01:59:42 "nous devrons fermer ces usines
01:59:44 "que nous avions à Toulouse et à Carlin."
01:59:46 Comme tous mes collègues.
01:59:48 Et à la fin, le choix a été fait.
01:59:49 Quel choix a été fait par l'Europe ?
01:59:51 On nous a dit, "On laissera les panneaux chinois rentrer,
01:59:54 "vous fermerez vos usines."
01:59:55 Parce que le choix que nous faisons,
01:59:56 c'est que le coût de l'énergie solaire
01:59:58 soit la plus basse possible.
02:00:00 Et nous ne savons pas fabriquer en Europe
02:00:02 des panneaux aussi peu chers que les panneaux chinois.
02:00:05 Ça, c'est un choix politique.
02:00:06 C'est le choix qui a été fait en 2017.
02:00:09 J'ai été amené, malheureusement, à fermer des usines
02:00:11 après les avoir installées.
02:00:13 Je ne vais pas recommencer.
02:00:14 Donc la réponse à votre question est non.
02:00:17 Je préfère investir.
02:00:18 Oui, j'investis dans des fermes solaires.
02:00:20 Et si les réglementations françaises
02:00:22 font qu'on nous demande d'utiliser 30 % de panneaux français,
02:00:27 c'est ce qui se passe aux Etats-Unis.
02:00:29 Aujourd'hui, aux Etats-Unis, il y a un système fiscal.
02:00:31 Si j'utilise des panneaux américains,
02:00:33 j'ai un avantage fiscal qui fait 10 à 20 %
02:00:37 par rapport à des panneaux chinois.
02:00:39 Voilà. Donc il faut nous inciter à le faire,
02:00:41 il faut mettre un cadre.
02:00:42 Si on nous dit, c'est la libre concurrence
02:00:45 et l'objectif, c'est de faire les panneaux...
02:00:47 Enfin, l'énergie solaire la moins chère possible
02:00:50 en prenant des panneaux chinois, nous prendrons des panneaux chinois.
02:00:52 Il se trouve que, par ailleurs, nous, maintenant,
02:00:53 on prend aussi des panneaux indiens
02:00:54 parce qu'on a décidé qu'il fallait diversifier les sources
02:00:59 et pas ne se retrouver que totalement dépendant
02:01:01 de panneaux chinois parce qu'on a vu à un moment les prix monter.
02:01:04 Voilà un peu l'histoire.
02:01:05 Et malheureusement, j'ai été assez surpris
02:01:08 de voir des alusquelles se relancer
02:01:10 dans ces panneaux solaires il y a 2-3 ans.
02:01:12 Chaque fois qu'ils m'ont interrogé,
02:01:13 je leur ai fait part de notre expérience.
02:01:15 J'ai peur que l'histoire ne se répète aujourd'hui.
02:01:19 -Mme Karerge.
02:01:20 -Merci beaucoup. 2 petites questions.
02:01:24 Vous avez dit dans la 1re partie de votre propos
02:01:26 en réponse aux questions de Roselyne Karutzi
02:01:29 qu'il ne fallait pas que ce soit les autorités européennes
02:01:32 qui choisissent les futurs énergies,
02:01:34 qu'il fallait faire confiance aux privés, etc.
02:01:37 Mais compte tenu du paysage d'incertitude
02:01:42 dans lequel on vit,
02:01:44 qui doit payer le coût de la recherche,
02:01:48 le coût du tâtonnement ?
02:01:50 Si on prend le transport routier,
02:01:53 le transport maritime,
02:01:55 les aéroports et les Airbus,
02:02:00 enfin, qui, les compagnies aériennes,
02:02:02 qui doit payer ?
02:02:03 Est-ce que c'est l'utilisateur final ?
02:02:06 Est-ce que ce tâtonnement-là,
02:02:07 qui s'ajoute, en fait, au fait que la transition,
02:02:11 elle est déjà difficile et chère,
02:02:14 quelle serait la bonne répartition optimale
02:02:18 du point de vue de la décision publique des financements ?
02:02:21 Ensuite, une autre réponse à Roselyne Karutzi.
02:02:26 Vous avez quand même écarté,
02:02:28 on a compris les conditions,
02:02:30 vous préférez les contrats à long terme avec UDF,
02:02:32 les contrats d'achat,
02:02:33 que l'investissement dans le nucléaire.
02:02:37 Je comprends la question
02:02:41 de porter les responsabilités du risque nucléaire.
02:02:44 Je comprends cet argument un peu moins,
02:02:46 celui des compétences.
02:02:47 Mais dans ces conditions-là,
02:02:50 est-ce que le gaz que vous présentez
02:02:52 comme une énergie de transition,
02:02:55 avec un objectif de totale énergie,
02:02:57 qui est de devenir un fabricant d'électricité,
02:03:00 est-ce que cette transition,
02:03:02 si vous refusez le nucléaire,
02:03:04 est-ce qu'elle ne va pas être un peu longue ?
02:03:07 -Non, parce qu'il ne faut pas se tromper.
02:03:09 Dans notre schéma, c'est 70-80 % de renouvelables
02:03:12 et 20-25 % de gaz.
02:03:14 Mais encore une fois, ce n'est jamais que le modèle allemand.
02:03:17 Parce que le gaz, la centrale à gaz,
02:03:19 ne sera pas nécessairement gaz naturel éternellement.
02:03:20 Il peut devenir du biomethane,
02:03:22 il peut devenir de l'hydrogène.
02:03:23 Donc il ne faut pas voir ça comme nécessairement
02:03:24 que du gaz naturel.
02:03:26 D'ailleurs, objectivement, aujourd'hui,
02:03:28 on va construire des nouveaux réacteurs en France,
02:03:29 mais il va falloir du temps pour les construire.
02:03:31 On peut avoir des soucis
02:03:33 dans l'intervalle de disponibilité.
02:03:35 On aurait quelques centrales à gaz,
02:03:36 ça ne ferait pas de mal, si je puis me permettre.
02:03:38 Moi, je serais en charge de la politique d'ergie.
02:03:40 Je pense que je mettrais quelques centrales de gaz
02:03:42 en plus dans le pays pour assurer la sécurité du système.
02:03:45 Mais ça, c'est un débat qui est sans doute un peu tabou.
02:03:49 Première question, elle est compliquée.
02:03:51 À la fin, il ne faut pas rêver.
02:03:52 C'est le consommateur qui paye.
02:03:54 Dans toutes ces affaires-là, dans l'économie, le marché.
02:03:57 Alors après, la question est à quel rythme faisons-nous parcher
02:04:00 et quelle est la part de recherche et développement qu'on porte,
02:04:02 qu'on soutient, mais elle va peut-être impacter...
02:04:05 On ne va peut-être pas la refacturer tout entière
02:04:07 aux consommateurs, mais c'est quand même l'idée de base.
02:04:09 Après, c'est un débat entre pouvoir public,
02:04:11 mais même si les pouvoirs publics interviennent,
02:04:13 c'est les pouvoirs publics qui interviennent par l'impôt.
02:04:15 L'impôt, c'est quelque part le consommateur.
02:04:18 Ce n'est pas le même consommateur, c'est le payeur d'impôts
02:04:21 au lieu d'être le consommateur d'énergie.
02:04:23 Mais quelque part, c'est quand même à la fin
02:04:25 le consommateur final d'une façon ou d'une autre qui va payer.
02:04:28 Donc là-dessus, ce qu'il faut éviter, c'est les tâtonnements.
02:04:30 Et vous avez raison, c'est compliqué.
02:04:32 La transition, c'est compliqué. Par exemple,
02:04:34 autant nous, on a les idées très claires sur l'aérien,
02:04:36 parce que carabérien, aérien d'ivrable,
02:04:37 on voit quelle est la trajectoire.
02:04:39 D'abord, on fait du biocarburant, etc.
02:04:41 Les bateaux, c'est très compliqué.
02:04:43 Moi, quand on me parle aujourd'hui de faire de l'ammoniaque,
02:04:45 je ne fais rien.
02:04:47 Et je l'ai dit, d'ailleurs, et je suis intervenu à l'AIE
02:04:50 au dernier congrès en disant,
02:04:51 s'il n'y a pas un standard défini, rapidement,
02:04:55 je ne sais pas si c'est de l'ammoniaque
02:04:56 ou si c'est du méthanol,
02:04:58 mais on ne va pas investir dans plusieurs infrastructures
02:05:00 de méthanol, d'ammoniaque, dans tous les ports du monde
02:05:02 pour arriver à transiter.
02:05:04 Donc, il va falloir qu'on arrive...
02:05:06 Alors, comment on y converge ?
02:05:07 Il faut que les professionnels du maritime et énergéticien
02:05:11 arrivent à se mettre autour d'une table,
02:05:13 on s'échange les prix.
02:05:14 La grande difficulté, je pourrais dire, dans ces débats,
02:05:16 c'est le coût de tout ça,
02:05:18 c'est que ce que rêve le transporteur maritime,
02:05:20 c'est d'avoir du méthanol vert ou du méthanol décarboné
02:05:24 au coût du fioul lourd.
02:05:26 Il ne l'aura jamais. Il ne l'aura pas.
02:05:28 Et donc, la vraie difficulté,
02:05:30 c'est comment on arrive à mettre d'accord profondément
02:05:32 des secteurs qui doivent être ensemble
02:05:35 en acceptant que ça va coûter plus cher
02:05:36 et trouver après l'équation qui va rendre tout cela possible.
02:05:39 Mais les poids lourds,
02:05:41 moi, je pense que les poids lourds, aujourd'hui,
02:05:43 on est dans les deux voies.
02:05:44 On a décidé d'investir les carres liquides
02:05:47 dans un réseau européen de stations de poids lourds hydrogène.
02:05:51 Je ne suis pas sûr qu'on ait totalement raison.
02:05:52 Donc, on va déployer...
02:05:53 Moi, je pense que l'électrique va l'emporter
02:05:55 parce que les progrès à cause du véhicule léger,
02:05:57 les progrès que nous faisons dans les batteries,
02:06:00 sont massifs, vont très vite.
02:06:02 Et puis, il faut savoir qu'en fait,
02:06:04 80 % des poids lourds en Europe,
02:06:06 ils font moins de 500 km par jour.
02:06:07 Donc, une fois que vous avez dit ça,
02:06:09 se dire qu'ils vont être électrifiés,
02:06:10 ça paraît presque évident.
02:06:12 Et par ailleurs, les lois sociales européennes
02:06:15 font que même si vous faites Varsovie-Lisbonne
02:06:19 en poids lourds,
02:06:20 vous vous arrêtez toutes les deux heures,
02:06:21 donc vous pouvez imaginer recharger.
02:06:22 Donc, aujourd'hui, on avance d'un côté.
02:06:24 On a décidé de voir un peu ce qui se passerait
02:06:27 parce qu'il peut y avoir quand même sur l'hydrogène des flottes
02:06:30 de bus dans des communes,
02:06:31 enfin, des flottes captives.
02:06:33 Les poids lourds à longue distance,
02:06:34 moi, si j'ai un pari à faire aujourd'hui,
02:06:36 je pense qu'ils seront plus électriques qu'hydrogènes.
02:06:38 Je peux me tromper, donc encore une fois là-dessus,
02:06:41 mais on travaille des deux côtés,
02:06:42 plus fortement côté borne de recharge hyper rapide,
02:06:45 enfin, pour poids lourds,
02:06:47 mais on a aussi une JV avec un liquide de l'autre côté
02:06:50 qui pourrait se réorienter sur des flottes captives,
02:06:51 notamment en déport.
02:06:53 -M. Roiron.
02:06:55 -Oui, M. le Président, directeur général.
02:06:57 J'ai quelques minutes de plus,
02:06:58 comme il n'y a plus la télévision, donc on peut prendre plus de temps.
02:07:02 -Deux minutes.
02:07:03 Parce que l'engagement pris auprès du président
02:07:06 en bouillalait était très clair.
02:07:07 -Je plaisantais.
02:07:08 Vous avez évoqué, M. le Président,
02:07:10 que TotalEnergie était un atout pour la France.
02:07:13 Je pense qu'on peut le penser globalement.
02:07:18 Comment expliquez-vous, vous qui avez fait Polytechnique,
02:07:22 qu'il y a quelques années, sur le plateau de Sark-Clay,
02:07:26 on s'est opposé à ce que TotalEnergie vienne investir ?
02:07:31 Vous avez évoqué le fait qu'il y avait 600 étudiants,
02:07:36 mais vous savez, en disant cela,
02:07:38 vous avez reconnu que quelque part,
02:07:41 peut-être à tort ou peut-être à raison,
02:07:45 des étudiants ou des personnes,
02:07:50 pas forcément des ayatollahs de l'écologie,
02:07:54 on pourrait dire, avaient notamment manifesté l'an dernier
02:07:59 lors de l'Assemblée générale à la salle Playel.
02:08:03 Je crois que c'est un aspect quand même qu'il faut...
02:08:05 Ça veut dire... La question, c'est pourquoi votre entreprise,
02:08:09 que vous nous indiquez avoir fait des efforts,
02:08:12 qui veut le faire dans le temps,
02:08:14 n'a pas l'image que vous voulez lui donner ?
02:08:17 Donc ça, c'est une question qui, à mon avis,
02:08:19 est fondamentale pour vous et pour l'avenir de l'entreprise.
02:08:23 Ça, c'est une question...
02:08:24 Et puis, deuxième toute petite question,
02:08:26 pourquoi, dès maintenant, dans un territoire
02:08:30 qui, on le sait, aura beaucoup besoin d'énergie
02:08:32 dans les années qui viennent, c'est l'Afrique,
02:08:35 vous n'investissez pas, dès maintenant,
02:08:37 très fortement sur l'aspect solaire ?
02:08:41 S'il y a bien un continent qui peut avoir,
02:08:44 avec des grands espaces,
02:08:45 vous l'avez évoqué, évidemment, en Europe,
02:08:48 et je pense qu'il est important qu'il puisse y avoir
02:08:51 un aspect juridique, et tout le monde le sait,
02:08:54 sur des recours et autres,
02:08:55 même si on peut entendre et qu'on peut comprendre
02:08:57 quelquefois que cela puisse raccourcir,
02:09:01 rallonger plutôt les délais,
02:09:03 il me semble que sur l'Afrique, il y aurait quelque chose...
02:09:06 Vous pourriez notamment porter cette parole
02:09:08 sur l'énergie renouvelable et notamment l'énergie solaire.
02:09:12 Bien.
02:09:13 L'image de l'entreprise, bon, d'abord,
02:09:15 ce qui nous est arrivé à Polytechnique
02:09:16 n'est pas arrivé qu'à Total Energy,
02:09:19 c'est arrivé à une autre très grande entreprise
02:09:21 qui s'appelle LVMH.
02:09:23 Et le fondamental caché derrière n'était pas,
02:09:26 même si un certain nombre d'ONG ont essayé de s'emparer du sujet,
02:09:29 la vraie raison de fond qui a fait de l'opposition,
02:09:31 c'est un sujet public-privé.
02:09:33 Un sujet, à mon avis, d'ailleurs, plus grave
02:09:34 que simplement la transition énergétique,
02:09:36 c'est que vous aviez un certain nombre,
02:09:38 et moi, je respecte, dans une démocratie,
02:09:39 on respecte l'avis de tout le monde,
02:09:40 moi, je ne dis pas qu'on a raison.
02:09:42 Bien sûr qu'il y a le droit de penser différemment,
02:09:44 il se trouve qu'en l'occurrence,
02:09:46 il y avait un certain nombre de partis prenants
02:09:48 de l'école polytechnique qui continuent à penser
02:09:50 que ce qui est pur, c'est le public,
02:09:53 et ce qui est impur, c'est le privé,
02:09:55 et que la cohabitation des deux est dangereuse
02:09:58 pour les futurs cerveaux de la nation.
02:10:00 C'est un peu inquiétant, parce que mon modèle, à moi,
02:10:03 c'est plutôt, même si j'étais élève de cette école,
02:10:05 donc j'en suis très fier,
02:10:07 et d'ailleurs, je suis sans doute venu en partie
02:10:09 ce que je suis aujourd'hui, grâce à cette école,
02:10:11 donc je ne vais pas la renier.
02:10:12 Mais moi, j'avais un autre modèle, en fait,
02:10:14 vous savez, quand on a créé Saclay,
02:10:16 on avait tout en tête, on a le MIT en tête,
02:10:18 on a une cohabitation publique-privée,
02:10:20 on a la fertilisation croisée,
02:10:22 et le but, ce n'est pas d'aller pervertir
02:10:23 les esprits des polytechniciens.
02:10:24 D'ailleurs, je pense qu'on m'aurait dit ça,
02:10:26 j'aurais été assez vexé quand j'étais élève dans cette école,
02:10:28 parce que je pensais, justement, que mon éducation
02:10:30 me permettait d'avoir moi-même mon libre arbitre
02:10:32 par rapport à l'envahisseur total énergie.
02:10:35 Donc, en fait, il y a un débat public-privé
02:10:37 qui s'est, nous, doublé du sujet transition,
02:10:41 mais en fait, une autre entreprise,
02:10:42 grande entreprise française, a subi les mêmes défauts.
02:10:46 C'est un choix.
02:10:47 Aujourd'hui, mes équipes de recherche,
02:10:49 elles sont assacées ailleurs, pas à l'école publique,
02:10:51 ce n'est pas très grave, nous, on voulait les implanter
02:10:53 dans cet écosystème, elles y sont, elles travaillent,
02:10:55 sans faire de bruit, et notamment sur la transition énergétique.
02:10:59 Alors, pourquoi l'Afrique ?
02:11:00 L'Afrique, c'est un vrai sujet compliqué,
02:11:01 c'est un problème de contrepartie financière.
02:11:05 Il n'y a personne...
02:11:06 En Afrique, l'électricité n'est pas structurée,
02:11:08 vous avez un problème de garantie de paiement.
02:11:11 Donc, quand vous voulez développer
02:11:12 les centrales solaires en Afrique,
02:11:14 vous voulez être payé, quand même.
02:11:15 Et alors, vous faites quoi ?
02:11:16 Vous vous frappez à la porte de l'État du Nigeria
02:11:19 ou de l'État qui vous demandait des garanties.
02:11:22 Il n'a pas la capacité à donner des garanties,
02:11:24 parce que, par exemple, la Banque mondiale, etc.,
02:11:26 lui dit qu'il ne faut pas qu'il les donne.
02:11:27 Alors, nous, on a réussi à monter des systèmes plus risqués
02:11:30 dans les pays pétroliers, où on leur dit,
02:11:33 on prend le risque de construire la centrale solaire,
02:11:35 on l'a fait en Irak, d'ailleurs, on est en train de le faire,
02:11:37 on l'a fait en Angola, on va le faire en Mozambique,
02:11:39 et, en fait, si on ne reçoit pas l'argent de l'électricité,
02:11:42 on prendra une partie du pétrole, une partie du...
02:11:45 On va se payer, on prend le risque, entre guillemets,
02:11:47 mais on sait qu'on a des monnaies d'échange.
02:11:49 Mais un développeur renouvelable classique ne l'a pas.
02:11:52 Et, en fait, c'est pour ça que, dans beaucoup d'instances,
02:11:53 moi, je pense qu'une des réformes qu'il faut faire
02:11:55 enjamment des instances financières internationales,
02:11:58 c'est simplement donner des moyens de garantie.
02:12:00 Parce que la garantie, ça ne veut pas dire qu'on ne sera pas payé.
02:12:03 C'est simplement, quand vous êtes un développeur,
02:12:04 vous voulez quand même quelque part...
02:12:05 Vous savez que vous vous faites face à un système électrique
02:12:07 où tout le monde ne paye pas son électricité.
02:12:09 Donc, il ne s'est pas financé.
02:12:11 Or, aujourd'hui, Banque mondiale et autres institutions
02:12:14 se comportent comme des banques commerciales.
02:12:16 Et donc, elles n'apportent pas des solutions,
02:12:17 elles vous compliquent la vie, en fait.
02:12:19 Donc, voilà ce qui se passe concrètement.
02:12:20 Une des réformes émergentes, c'est simplement donner,
02:12:22 créer quelque part un véhicule financier international
02:12:25 qui, simplement, apporterait des garanties,
02:12:27 notamment dans ces pays-là.
02:12:29 Et on progresserait très vite si on avait cet outil-là.
02:12:32 Il y a des missions.
02:12:34 Je sais que la représentante française à l'OCDE
02:12:37 a une mission sur ce compte.
02:12:39 Voilà un peu le sujet sur lequel...
02:12:41 Voilà ce qui me coince aujourd'hui.
02:12:42 On a bien envie d'y aller.
02:12:43 Donc, on y va, mais doucement,
02:12:46 au fur et à mesure des projets,
02:12:47 et nous-mêmes, cherchant à trouver des garanties
02:12:49 entre nos...
02:12:51 C'est-à-dire, un des avantages de notre business model,
02:12:53 c'est qu'on est dans ces pays-là, on essaie de faire les deux,
02:12:55 parce que j'ai bien envie, quelque part...
02:12:57 En Afrique, c'est très frustrant.
02:12:58 On est exportateur de leur énergie.
02:13:00 On aimerait bien que les Africains aient aussi de l'énergie
02:13:02 et donc, de leur apporter.
02:13:03 Et de ce point de vue-là, les énergies revenables
02:13:04 nous permettent d'investir dans les pays en question.
02:13:09 -Très bien, M. le Président.
02:13:11 Il me revient de vous remercier
02:13:14 pour ces deux heures et quart de réunion
02:13:16 de la commission d'enquête.
02:13:17 Merci, même s'il y a des divergences,
02:13:20 merci de votre engagement.
02:13:22 Merci d'abord pour cette maîtrise absolue des dossiers
02:13:25 et de votre compétence.
02:13:27 Nous nous retrouvons, quant à nous,
02:13:29 jeudi prochain à 10h30.
02:13:30 Merci infiniment, M. le Président.
02:13:32 -Merci, M. le Président. Et j'espère, encore une fois,
02:13:33 que la convention nous aidera
02:13:36 à régler une partie de cette écarté d'image,
02:13:38 dont je suis bien conscient.
02:13:40 On ne fait pas toujours tout bien,
02:13:42 mais merci à vous pour votre écoute.
02:13:43 -Merci.
02:13:44 -Voilà pour l'audition de Patrick Pouyanné,
02:13:50 le PDG de TotalEnergie,
02:13:51 une audition que vous avez pu suivre en direct, en intégralité,
02:13:54 depuis 17 heures sur Public Sénat.
02:13:56 Le PDG de TotalEnergie qui a dit
02:13:58 que la priorité de son groupe
02:14:00 est aujourd'hui de construire un système décarboné,
02:14:03 mais qui a assumé de dire également qu'en attendant,
02:14:06 il fallait continuer à investir dans le pétrole
02:14:08 pour éviter que les prix de l'énergie n'explosent.
02:14:11 Il a parlé d'une hausse de la demande des produits pétroliers
02:14:15 d'encore 1 %, voire même plus, pendant plusieurs années,
02:14:18 avant que le marché ne décline.
02:14:21 Voilà pour l'analyse du PDG de TotalEnergie.
02:14:24 N'hésitez pas à lire le décryptage sur notre site web,
02:14:26 c'est publicsenat.fr.
02:14:28 Très belle suite des programmes sur Public Sénat.
02:14:30 (Générique)
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