IVG dans la Constitution : Un moment de « haute importance » insiste François Patriat (Renaissance)

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l’année dernière

Le sénateur Renaissance, président du groupe RDPI, s'est exprimé ce 4 mars 2024 devant le Parlement réuni en congrès.

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00:00 Monsieur le Premier ministre, Madame la Présidente, pardon, Monsieur le Premier ministre, Monsieur le Président du Sénat, Monsieur le Secrétaire des Sceaux, Mesdames, Messieurs,

00:09 Chers collègues, Sénateurs et Parlementaires, Ce moment d'une haute importance nous rappelle qu'il est, sont rares, les moments d'unité en politique.

00:21 Et c'est donc avec nous aussi, avec fierté, que nous pourrons voter avec beaucoup d'émotion ce texte de loi qui inscrit dans la Constitution le droit à l'IVG.

00:31 Nulle part, les droits des femmes ne sont définitivement acquis. La liberté et l'égalité des femmes ne sont pas des droits acquis, ce sont des combats et qu'il faut sans cesse mener.

00:42 Le 8 mars, Journée internationale de la lutte des droits des femmes, est l'occasion de rappeler combien ce combat quotidien et universel mérite d'être poursuivi.

00:52 La liberté de recourir à l'IVG est souvent ciblée. L'actualité internationale nous rappelle que cette liberté fondamentale est aujourd'hui une fragilité inouïe,

01:00 alors même que le contrôle de la procréation entre les mains des femmes est la première marche vers l'égalité, écrivait François Verretier.

01:07 Beaucoup de propos d'une haute tenue que j'ai salué et que j'ai applaudi ont déjà été tenus, même si des répétitions doivent être dites, je voudrais moi aussi insister sur quelques points.

01:16 Or ce combat pour l'égalité des femmes n'avance pas, il recule même, sous les vents déchaînés des fondamentalistes religieux et des populistes.

01:24 L'ombre de la régression s'est étendue aux Etats-Unis avec la décision de la Cour suprême en 2022 qui a plongé l'opinion mondiale dans l'obscurantisme.

01:34 Depuis l'annulation de l'arrêt qui protégeait l'IVG au niveau fédéral, 12 Etats ne l'autorisent plus du tout, 5 autres en restreignent l'usage.

01:42 La contagion se propage, partout les opposants à l'avortement se réveillent, encouragés par le contexte américain et l'inquiétante progression des extrêmes droites conservatrices.

01:51 Réaction en chaîne, la porte de la régression s'est ouverte aussi à l'Europe, cela a déjà été cité.

01:56 Les menaces sur la liberté des femmes prennent de l'ampleur, surtout dans les pays de l'Est, particulièrement en Pologne,

02:02 ce pays qui avait interdit l'avortement en 1993, sauf exception l'encore restreinte en 2020, même s'il a depuis un peu reculé.

02:10 En Hongrie, le gouvernement de Viktor Orban mène une politique nataliste sans fard et la Constitution a été modifiée en 2011 pour inclure la protection de la vie du fœtus.

02:20 Dans ce prolongement, 28 hôpitaux ont alors d'emblée déclaré ne plus vouloir effectuer d'IVG.

02:26 En Slovaquie, pas moins de 11 propositions de loi visant à limiter l'accès de l'avortement ont été disposées en 2018.

02:33 Un schéma similaire a été observé en Lituanie, où des offensives ont rythmé la vie du Parlement de 2005 à 2018,

02:40 un projet proposant même d'aligner la législation sur celle de la Pologne.

02:44 S'ajoutent ainsi recul les résistances dans les pays où les droits des femmes semblent les mieux reconnus.

02:49 À défaut de pouvoir interdire l'avortement, des pays organisent son impossibilité.

02:54 Faute de médecins acceptant de le pratiquer, faute de prise en charge des patientes, faute de places avec la réduction des centres d'IVG.

03:02 D'autres pays, certains pays, où si la loi dit oui, le médecin dit non.

03:08 En Croatie, 60% des médecins sont objecteurs de conscience.

03:12 Dans certaines régions d'Italie, ce sont jusqu'à 70% des médecins qui recouvrent à la clause de conscience.

03:19 La situation est particulièrement dramatique à Naples, où seul un quart des établissements médicaux pratiquent l'IVG.

03:25 L'IVG s'avère difficile aussi en Bavière, avec moins d'une dizaine de cabinets accessibles en 2021.

03:31 Même les pays qui se croient à l'abri font l'objet d'offensives.

03:35 Les courants anti-choix ne renoncent jamais et font preuve de beaucoup d'imagination pour limiter l'IVG.

03:40 L'extrême droite européenne est à la manœuvre et la bataille fait rage.

03:44 N'ayons pas la naïveté de croire que ce vent mauvais s'arrêtera de souffler à nos frontières.

03:49 Ce serait une faute morale et politique.

03:51 Une faute vis-à-vis des Françaises et des Français qui soutiennent l'inscription de l'IVG dans la Constitution, dans une très grande majorité.

03:58 Et je tiens ici à saluer le combat magnifique et sincère rappelé par beaucoup d'entre vous,

04:03 courageux et sans faille des associations féministes et de tant de femmes célèbres et anonymes qui se sont battues pour faire respecter cette liberté pour les femmes de choisir leur vie.

04:12 Leur combat est plus que jamais d'actualité.

04:15 La chaîne des désinformations CNews a même osé affirmer que l'avortement était la première cause de mortalité dans le monde.

04:21 Les opposants à l'avortement n'ont jamais désarmé depuis un demi-siècle,

04:25 parce que fondamentalement c'est la liberté et l'égalité des femmes qu'ils refusent au nom d'un modèle social rétrograde.

04:32 Il revient à la France, qui reste aux yeux du monde le symbole de la liberté et de l'égalité,

04:37 d'en réaffirmer solennellement les principes et de garantir dans le texte sacré de la Constitution,

04:42 cette liberté fondamentale pour la femme de choisir sa maternité.

04:46 Oui, il faut protéger les femmes françaises des déséquilibres politiques,

04:50 ce partout où les extrêmes avancent et les droits régressent.

04:53 Par notre vote, mes chers collègues, la France devient le premier pays au monde à rendre irréversible la liberté des femmes à recourir à l'IVG

05:01 et à garantir la marche vers l'égalité.

05:04 C'est un signal universel.