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Le Premier ministre Gabriel Attal a pris la parole ce 4 mars 2024 devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles, pour la constitutionnalisation de l'IVG.

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Transcription
00:00 Car si peu après sa mort, on fleurit dans les rues des affiches, des portraits avec ses mots
00:04 "Merci Simone", cela n'a rien d'un hasard.
00:08 Le lec de Simone Veil est universel.
00:10 Son courage est un modèle et il nous inspire encore aujourd'hui collectivement.
00:16 La loi Veil marque un tournant, elle ouvre la voie enfin.
00:20 Mais il restait bien des batailles à emporter.
00:23 Nous sommes en 1982 et Yvette Roudy ouvre le remboursement de l'interruption volontaire de grossesse
00:29 par la sécurité sociale.
00:30 C'est la fin des inégalités sociales pour la liberté du corps.
00:34 Toutes les femmes peuvent être protégées.
00:36 Nous sommes en 2001 et avec Martine Aubry, il est désormais possible de recourir à l'interruption volontaire de grossesse
00:42 jusqu'à 12 semaines.
00:44 Nous sommes en 2013 et Marisol Touraine permet le remboursement total de l'IVG
00:48 et renforce son accès partout sur le territoire.
00:52 Nous sommes en 2014 et Najat Vallaud-Belkacem abolit la notion de détresse pour recourir à l'IVG.
00:59 Nous sommes en 2016 et Laurence Rossignol étend le délit d'entrave à l'IVG
01:03 au site internet militant qui diffuse de fausses informations sur l'avortement.
01:08 Nous sommes en 2022 et avec le soutien du président de la République et du gouvernement,
01:12 grâce au travail de parlementaires de divers bords politiques,
01:15 le délai pour recourir à l'IVG est allongé.
01:18 Certaines des entraves qui demeuraient sont enfin levées.
01:22 Nous sommes en 2024 et grâce aux médecins, aux associations féministes,
01:26 aux plannings familiales, aux éveilleurs de conscience, aux élus, aux parlementaires,
01:29 aux héritières et héritiers de ces combats passés mais jamais achevés,
01:33 la marche du progrès a fait son office.
01:36 Je veux rendre ici hommage à toutes les associations qui ont œuvré et œuvrent encore
01:40 pour les droits des femmes et en premier lieu pour leur droit à disposer de leur corps.
01:44 Elles sont les héritières de la voix des femmes, de choisir et bien sûr du MLF.
01:50 Elles portent un combat juste.
01:52 (Applaudissements)
02:15 Elles portent un combat juste et font rayonner chaque jour notre devise républicaine.
02:20 Grâce à elles, les mentalités ont changé.
02:23 Les Françaises et les Français soutiennent sans équivoque la liberté des femmes à disposer de leur corps.
02:28 Car je veux le dire, le combat des femmes a ses héroïnes mais il a aussi ses alliés.
02:34 Au manifeste des 343, ont répondu quelques mois plus tard 331 médecins, pour la plupart des hommes,
02:41 qui revendiquaient avoir pratiqué l'IVG et en demandaient la légalisation.
02:45 La lutte pour l'égalité entre les femmes et les hommes ne peut pas être la guerre des sexes,
02:49 elle ne doit jamais le devenir.
02:51 C'est un combat pour toute notre société, un combat universel,
02:55 un combat pour l'unité républicaine et ce combat nous le mènerons ensemble,
02:59 nous le gagnerons ensemble, femmes et hommes, hommes et femmes, côte à côte et rassemblés.
03:04 Et je le dis depuis ce congrès, présidé par une femme, la première de notre histoire,
03:08 chère Yael Broun-Pivet, je le dis face à un congrès rassemblant plus de femmes que jamais dans notre histoire,
03:15 je le dis depuis ce congrès comme chef d'un gouvernement paritaire,
03:18 je le dis comme chef d'un gouvernement déterminé à agir pour la cause de l'égalité.
03:24 Sous l'autorité du président de la République, qui a décidé de s'engager sur ce chemin,
03:29 nous œuvrons pour faire rimer égalité avec réalité.
03:33 Car cette révision s'inscrit dans cette année d'action continue et résolue pour les droits des femmes.
03:37 Un combat que le président de la République a porté dès 2017,
03:41 alors que ça n'était pas encore une évidence dans le débat politique.
03:44 Un combat qu'il a déployé dans tous les champs de la vie de la cité,
03:47 politique, économique, sociale et sociétale.
03:51 Un combat dont il n'a rien cédé et qui est par deux fois la grande cause de ces quinquennats,
03:55 parce que le féminisme est universalisme.
03:58 Et sur ce chemin, depuis sept ans, aidé par beaucoup d'entre vous, nous avons avancé.
04:03 Pour offrir des droits nouveaux, notamment aux mères seules par exemple,
04:06 avec le versement automatique des pensions.
04:09 Pour la santé des femmes en brisant certains tabous, comme l'endométriose ou l'infertilité.
04:13 Pour l'égalité au travail, dans les carrières professionnelles, dans les salaires,
04:16 alors qu'à fonction égale, une femme gagne encore seulement les trois quarts de ce que gagne un homme.
04:22 C'est pourquoi nous continuerons à agir pour responsabiliser les entreprises,
04:26 pour que les femmes puissent obtenir les mêmes responsabilités que les hommes,
04:29 et bientôt pour la mise en place du congé de naissance.
04:32 Nous agissons contre toutes les formes de violence,
04:34 et pour que la parole se libère en renforçant notre droit,
04:37 en formant les forces de l'ordre et en protégeant davantage les victimes.
04:41 Nous sommes encore loin d'être au bout du chemin.
04:44 Mais pas à pas, l'égalité se rapproche.
04:47 Depuis ce congrès, je le dis,
04:49 aujourd'hui c'est une étape fondamentale que nous pouvons franchir.
04:53 Une étape qui restera dans l'histoire.
04:55 Une étape qui doit tout aux précédentes.
04:57 En garantissant la liberté de recourir à l'interruption volontaire de grossesse dans notre Constitution,
05:02 nous donnons une deuxième victoire à Simone Veil,
05:05 et à toutes celles qui ont ouvert la voie.
05:07 Nous adressons surtout un message à toutes les femmes.
05:10 Votre corps vous appartient et personne n'a le droit d'en disposer à votre place.
05:15 Mesdames et Messieurs les parlementaires,
05:17 le progrès est collectif, je l'ai dit,
05:20 car quand elle se met au service du progrès,
05:22 rien ne peut vaincre l'unité.
05:24 Le texte que nous examinons aujourd'hui en est la preuve.
05:27 C'est bien du Parlement qu'est venue l'initiative du changement porté
05:30 par des députés et des sénateurs, de la majorité comme des oppositions.
05:34 Et puis il y eut l'engagement du Président de la République,
05:37 voilà un an, de rendre cela possible.
05:39 Le travail a été long, minutieux.
05:42 Il a fait l'objet de débats importants à l'Assemblée nationale comme au Sénat.
05:46 Je veux saluer ma prédécesseure Elisabeth Borne pour son engagement.
05:49 Je veux saluer l'action déterminante menée par les membres de mon gouvernement,
05:53 je pense aux gardes des sceaux, Eric Dupond-Moretti,
05:56 infatigable artisan du compromis, qui, guidé par la force de ses valeurs,
06:00 n'a compté ni son temps, ni ses heures pour convaincre,
06:03 pour débattre, pour répondre et pour apaiser,
06:05 mais aussi à Aurore Berger.
06:07 Je sais quel aboutissement représente la réunion de ce congrès pour elle.
06:11 Je veux remercier ici tous les parlementaires,
06:13 de la majorité comme des oppositions, qui ont participé à ce travail.
06:17 Il est des moments dans la vie d'un pays où l'union, où le collectif,
06:21 où l'intérêt général doivent s'extraire des querelles quotidiennes.
06:26 Je voudrais, mesdames et messieurs,
06:28 que nous songions un instant au moment que nous vivons.
06:31 Combien de congrès du Parlement firent naître une telle unité ?
06:34 Combien de congrès du Parlement firent naître une telle émotion ?
06:38 Combien de congrès du Parlement permirent l'inscription
06:40 d'un droit essentiel pour les femmes ?
06:43 Combien de congrès furent le théâtre,
06:45 non de joutes politiques-politiciennes,
06:46 mais d'unité, de gratitude et de l'écriture d'un destin commun ?
06:50 Alors oui, mesdames et messieurs les parlementaires,
06:53 réformer la Constitution est une décision qui ne se prend pas à la légère.
06:57 La dernière réunion de ce congrès pour réviser la Constitution
07:00 date de 16 ans.
07:02 Et il faut toujours avoir la main qui tremble
07:04 dès lors que nous touchons à notre norme suprême.
07:07 Mais mesdames et messieurs les parlementaires,
07:10 nos libertés fondamentales sont inscrites dans notre Constitution.
07:12 Vous déciderez par votre vote d'adopter une disposition
07:16 qui consacrera comme inaliénable et fondamentale
07:19 la liberté des femmes à disposer de leur corps.
07:22 C'est le sens même du texte que nous vous proposons aujourd'hui d'adopter.
07:26 C'est le sens même de cette alinéa que nous vous proposons d'ajouter
07:29 à l'article 34 de notre Constitution.
07:32 La loi détermine les conditions dans lesquelles s'exerce
07:35 la liberté garantie à la femme d'avoir recours
07:38 à une interruption volontaire de grossesse.
07:40 Je le sais, les débats parlementaires ont soulevé plusieurs interrogations.
07:45 Ils ont soulevé aussi des débats auxquels je veux répondre à nouveau.
07:51 Beaucoup semblent dire que l'IVG ne serait pas menacée.
07:55 Comme si, au fond, le sens de l'histoire était inévitable.
07:59 Comme si le politique n'avait plus son mot à dire.
08:02 Comme si ce qui était acquis l'était pour toujours.
08:05 Je le réfute, clairement et formellement.
08:09 Et ce faisant, j'ose le dire, oui, la liberté d'avorter reste en danger,
08:14 consubstantiellement menacée.
08:17 Car tout dans notre histoire le prouve.
08:19 Nos libertés sont par essence menacées, par essence fragiles,
08:23 par essence à la merci de ceux qui en décident.
08:26 Et lorsqu'on veut s'en prendre aux libertés d'un peuple,
08:28 c'est toujours par celle des femmes qu'on commence.
08:31 Simone de Beauvoir, encore une fois, avait raison.
08:33 En une génération, en une année, en une semaine,
08:37 on peut passer du tout au tout.
08:39 De l'évidence à la lutte.
08:42 Parlez-en aux Américaines qui doivent se battre pour le droit à l'IVG.
08:45 De l'insouciance à l'angoisse.
08:48 Parlez-en aux Européennes, Hongroises et Polonaises,
08:50 pour qui l'interruption volontaire de grossesse n'est plus une liberté consacrée.
08:54 De la liberté à l'oppression.
08:56 En une génération, on a vu les Iraniennes passer du port de la jupe
09:00 à celui du voile obligatoire.
09:01 On a vu les Afghanes passer de la liberté d'aller à l'école
09:04 à l'interdiction de s'instruire.
09:06 On a vu tant et tant de femmes libres devenir des femmes tuées.
09:09 Oui, tuées, parce qu'elles refusent de se soumettre.
09:11 N'oublions jamais.
09:13 Depuis ces pays...
09:15 (Applaudissements)
09:27 Depuis ces pays, les femmes nous adressent un message.
09:30 Ne jamais s'endormir.
09:32 Ne jamais baisser la garde.
09:33 Ne jamais subir.
09:35 Alors, Mesdames et Messieurs les parlementaires,
09:37 gouverner, c'est faire obstacle aux tragiques de l'histoire.
09:41 C'est se dresser face au malheur du temps présent, bien sûr,
09:44 mais aussi faire obstacle de toutes nos forces
09:47 aux tragiques du temps à venir.
09:49 Et la politique, c'est faire obstacle à la folie des hommes.
09:52 C'est faire obstacle à ceux dont on dit
09:54 jamais ils ne gouverneront,
09:56 jamais ils n'oseront s'en prendre aux femmes,
09:58 à nos mères, à nos filles, à nos sœurs,
10:00 mais qui, par le jeu de l'histoire,
10:02 peuvent se retrouver à s'exprimer depuis sept tribunes
10:05 sans que personne n'ait jamais cru cela possible.
10:08 Alors oui, ce texte est un rempart aux faiseurs de malheurs,
10:12 à ceux pour qui tout était mieux avant,
10:14 à ceux qui oublient de dire que dans cet avant,
10:16 la femme n'était pas libre,
10:18 à ceux qui sont nostalgiques d'un temps
10:19 où la femme ne pouvait pas travailler
10:21 sans l'autorisation d'un homme,
10:22 d'un temps où la femme ne pouvait pas ouvrir un compte en banque
10:25 sans l'autorisation d'un homme,
10:26 d'un temps où la femme ne pouvait pas dépenser son argent
10:28 comme elle l'entendait,
10:29 d'un temps, enfin, où les femmes ne pouvaient pas avorter.
10:33 Alors, Mesdames et Messieurs,
10:35 inscrire ce droit dans notre Constitution,
10:38 c'est fermer la porte aux tragiques du passé
10:40 et à son long cortège de souffrances et de douleurs.
10:43 C'est empêcher davantage encore les réactionnaires
10:45 de s'en prendre aux femmes.
10:47 Mais légiférer, c'est aussi préparer l'avenir.
10:50 Cet avenir que l'on aborde bien souvent
10:52 comme une marche en avant pétrie de certitude
10:54 et notamment de celle que le progrès serait un aller sans retour
10:58 et que demain, donc, jamais,
11:00 jamais nous ne répéterons les erreurs du passé.
11:03 Mais n'oublions pas que le train de l'oppression peut repasser.
11:06 En ce jour, agissons pour que cela n'advienne pas,
11:09 que cela n'advienne jamais.
11:11 Ce jour, c'est un pas dans la longue marche du progrès
11:13 que nous avons entamé, que la France a entamé dès 1789
11:17 lorsqu'elle cria à l'Europe et au monde
11:19 « Nous laissons libres et égaux en droit ».
11:22 Mesdames et Messieurs les parlementaires,
11:25 aujourd'hui, la France est pionnière.
11:27 Aujourd'hui, vous direz au monde que oui,
11:29 la France est fidèle à son héritage,
11:31 à son identité de nation à nul autre pareil,
11:34 pays phare de l'humanité,
11:35 patrie des droits de l'homme
11:36 et aussi et surtout des droits de la femme.
11:40 Aujourd'hui, à travers votre vote,
11:42 c'est la nation toute entière qui prend en main son destin
11:44 et qui ose être le premier peuple au monde
11:47 à graver dans son texte suprême
11:48 « La liberté des femmes à recourir à l'interruption volontaire de grossesse ».
11:52 Par ce geste, ce n'est pas seulement les femmes que vous honorez,
11:56 c'est la France,
11:57 cette France de 2024 plus ouverte qu'elle ne le pense,
12:01 cette France de 2024 qui ose ce qu'aucun peuple au monde
12:04 n'a encore envisagé,
12:05 cette France de 2024 qui sait se réunir,
12:08 se mobiliser, se lever
12:10 pour ce qui est à la fois un droit, une liberté et un honneur,
12:13 cette France de 2024 qui change sa constitution
12:16 et scellera ainsi la consécration d'une liberté fondamentale,
12:20 cette France de 2024 qui peut dire avec fierté au monde entier
12:23 « Oui, en ce jour, la liberté est française ».
12:27 Bien sûr, beaucoup reste à accomplir.
12:30 Mais mesdames et messieurs, si vous le décidez,
12:33 notre loi fondamentale sera modifiée pour la première fois depuis 16 ans.
12:37 Le président de la République présidera alors une cérémonie de scellement
12:40 de la loi constitutionnelle
12:41 pour y rappeler les racines de cet engagement ainsi consacré.
12:45 Si vous le décidez,
12:46 un nouveau sceau sera alors apposé sur le livre de notre constitution.
12:50 Ce sceau, il sera fait de larmes et de sang.
12:54 Il sera fait des larmes qui ont coulé sur les joues des femmes
12:57 qui ont souffert pour exercer ce droit
12:59 ou qui ont souffert de ne pas pouvoir y accéder.
13:02 Il sera fait du sang de ce long cortège de femmes
13:04 qui ont payé de leur souffrance physique
13:06 et parfois de leur vie
13:07 pour permettre que vous votiez aujourd'hui pour la liberté des femmes.
13:11 Alors mesdames et messieurs les parlementaires,
13:14 voilà 60 ans, la jeune Annie Ernaud connaissait son événement.
13:19 Combien de générations en ont connu des événements ?
13:23 L'événement, c'était un matin froid,
13:27 un regard goguenard,
13:29 une réprimande paternaliste, la douleur d'une aiguille,
13:32 l'argent collecté par tous les moyens,
13:34 les séquelles, la honte, la clandestinité.
13:38 Le nouvel événement, c'est aujourd'hui,
13:41 celui qui doit clore une fois pour toutes le monde d'hier.
13:45 Notre génération, une génération de femmes, de filles, de mères,
13:48 aura dans son calendrier intime et politique,
13:51 dans le décompte de ces années, une date marquée à jamais,
13:55 qui ne sera pas leur événement de douleur,
13:57 mais un événement de fierté.
13:59 Cet événement, c'est ce vote du Congrès aujourd'hui
14:02 et je l'espère le saut du 8 mars 2024.
14:05 « L'ère d'un monde fini commence »,
14:07 concluait Gisèle Halimi à son procès de Bobigny.
14:10 Eh bien, je dis à toutes les femmes,
14:12 au sein de nos frontières et au-delà,
14:14 qu'aujourd'hui, l'ère d'un monde d'espoir commence.
14:17 Je vous remercie.
14:19 (Applaudissements)
14:42 (Générique)

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