Le 21 février 2024, 80 ans après sa mort, Missak Manouchian entre au Panthéon. Arménien qui avait choisi la France, il a dirigé les FTP-MOI parisiens, un groupe de résistants communistes étrangers qui luttaient contre l'occupant nazi. Membre du comité pour sa panthéonisation, Denis Peschanski revient sur les raisons de cette entrée au temple des grands hommes. Reportage de Jérôme Rabier
Année de Production : 2022
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00:00 Nous sommes ici dans la zone douanière, une éphémère église devenue nécropole républicaine,
00:11 avec au fronton une devise "Aux grands hommes la patrie reconnaissante".
00:16 Le Panthéon au cœur de Paris aura le 21 février deux nouveaux occupants, Méliné
00:22 et Missak Manouchian.
00:24 Missak, résistant arménien qui avait choisi la France et de la défendre jusqu'au bout
00:30 pendant la seconde guerre mondiale.
00:32 Sa panthéonisation était attendue de longue date, presque une réparation d'un oubli
00:38 pour les défenseurs du projet.
00:39 Mon problème c'est pas pourquoi il y rentre, c'est pourquoi il n'est pas rentré plus
00:43 tôt.
00:44 C'est quand même le premier résistant étranger à rentrer au Panthéon et le premier résistant
00:50 communiste.
00:51 Quand on sait l'importance et la résistance des étrangers et la résistance des communistes,
00:57 on peut quand même se dire que oui, c'est pas trop tôt.
01:00 A la tête du groupe des FTP MOI parisiens qui regroupait les militants communistes étrangers,
01:06 Missak Manouchian menait des attaques sur les occupants allemands dans la capitale.
01:10 Arrêté en novembre 1943, il est jugé, avec 22 autres camarades, et utilisé par la propagande
01:18 nazie qui placarde partout une affiche rouge dénonçant l'armée du crime, une propagande
01:24 qui, loin de les discréditer, en fit des héros et popularisa leur groupe de résistants.
01:29 Ça s'est aversé, ils ont voulu en faire des terroristes, ils en ont fait des héros.
01:35 Ils ont voulu en faire des criminels de droit commun, ils en ont fait des résistants.
01:41 Donc ils ont échoué et ça a participé évidemment de l'aura de Manouchian.
01:48 Rescapé du génocide arménien, Missak Manouchian avait choisi la France et demandé à deux
01:53 reprises sa naturalisation, sans succès, ce qui ne l'empêcha pas de combattre pour
01:59 elle et pour les valeurs qui y étaient attachées.
02:02 Il a un attachement à la France, mais pas évidemment la France de Pétain, la France
02:09 de Vichy, la France de la Révolution Française, la Convention Nationale, ça tombe bien, il
02:14 est bien au Panthéon, c'est la France des droits de l'homme, c'est la France des
02:18 Lumières, c'est ça sa France.
02:21 Dans la crypte du Panthéon, Missak Manouchian rejoindra notamment d'autres grands résistants,
02:27 Jean Moulin, Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Antonio ou encore Germaine Tillion,
02:33 le choix du caveau numéro 13 ayant été décidé en décembre dernier.
02:37 Il y avait en gros deux possibilités, soit on le mettait, lui, émêliné avec le groupe
02:46 des résistants qui avait été panthéonisé en 2015, l'autre choix possible étant,
02:54 moi historien de la mémoire, je trouvais ça tout à fait cohérent, de se dire, on
03:00 le met avec les autres choix du même président de la République, c'est-à-dire Maurice
03:06 Genevoix et Joséphine Bacquer.
03:10 80 ans jour pour jour après son exécution, le 21 février, Missak Manouchian reposera
03:16 donc aux côtés d'autres grands hommes et femmes qui ont marqué par leur engagement
03:20 la nation française.
03:22 Lui, l'arménien, l'étranger, le communiste, qui jusqu'à la mort lutta pour que les valeurs
03:28 qu'il défendait restent vivantes.
03:29 A bientôt.
03:30 [Musique]
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