• l’année dernière
Auditionné par la Commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport, l'ancien champion du 400 mètres haies s'est alarmé du "retard" dans la prise en compte des enjeux sociétaux dans le milieu sportif, appelant de ses voeux à des changements "en profondeur".

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Transcription
00:00 La protection des pratiquants et des pratiquantes,
00:03 comme il a été évoqué sur les autres sujets,
00:07 il est assez clair qu'il y a un retard en la matière
00:11 de prise en compte de ces enjeux, de ces enjeux sociétaux,
00:15 au sein du mouvement sportif, que ce soit les fédérations, bien sûr,
00:19 le CNOSF, et le chemin à parcourir reste long.
00:23 Voilà, tant que certaines pratiques sont malheureusement,
00:26 parfois solidement ancrées dans le mouvement sportif,
00:30 pour les raisons qui ont déjà été évoquées,
00:33 un mouvement sportif essentiellement bénévole,
00:36 parfois peu sensibilisé par ces questions,
00:39 et puis un mouvement sportif qui avance seulement,
00:43 malheureusement, au gré des scandales.
00:44 Je dis malheureusement parce qu'il y a comme ça qu'il avance,
00:48 mais heureusement que ces scandales sont là pour le faire avancer,
00:51 aussi parce qu'on a beaucoup d'acteurs bénévoles
00:56 qui ne sont pas issus de milieux où ces problématiques
00:59 ont été davantage prises en compte,
01:01 et je parle des problématiques générales de responsabilité sociétale.
01:05 Le mouvement sportif est en retard sur ces sujets très clairement.
01:10 Donc, nous devons travailler à éradiquer les fléaux
01:14 qui jalonnent encore les vestiaires, les terrains, les stades et leurs abords,
01:17 que ce soit les insultes, les harcèlements, toutes les formes de harcèlement,
01:21 les cultures et méthodes d'entraînement nocives,
01:23 et là aussi, les maltraitances physiques ou psychologiques,
01:26 les violences sexuelles en font partie,
01:28 mais là aussi, c'est une question de rapport à la performance,
01:33 parce que bien souvent, pas toujours,
01:36 mais bien souvent, ces maltraitances se font dans le cadre de projets de performances.
01:41 Et donc, quels projets de performances ?
01:43 Comment le mouvement sportif doit produire,
01:47 avec beaucoup de guillemets autour de ce mot,
01:49 produire la performance sportive ?
01:51 Je pense que c'est une question qui ne s'est pas posée,
01:53 et je pense qu'il doit être accompagné et encadré aussi sur ces pratiques de performances
02:02 qui conduisent souvent à ces maltraitances constatées.
02:05 Alors, au cours de nos éditions, nous avons reçu des athlètes
02:07 qui ont pris la parole, toujours avec pudeur et dignité,
02:10 parfois aussi avec de la colère,
02:13 contre les instances qui sont restées muettes ou inactives en dépit des alertes,
02:16 laissant des bénévoles ou des sportifs et sportives démunis.
02:21 Or, les sportifs et les sportives sont d'abord et avant tout des individus,
02:25 il est important de le rappeler, et pas seulement des projets de performances.
02:28 Le sujet de leur bien-être physique et moral ne doit donc pas être abordé de manière secondaire,
02:33 mais en parallèle du projet d'épanouissement et de performances qu'ils peuvent poursuivre.
02:41 Le modèle doit donc évoluer en profondeur.
02:43 À la culture de la performance doit s'ajouter celle de la prévention et de la préservation
02:46 de la santé physique et morale des pratiquantes et des pratiquants.
02:50 À cet égard, le Comité propose donc que l'obligation pour les fédérations
02:53 de veiller à la santé de leurs pratiquants et pratiquantes
02:56 soit étendue aux aspects psychologiques, au-delà des seuls aspects physiques.
03:00 Il propose, ça c'est la proposition 27, qu'il le précise,
03:04 il propose également que la formation des encadrants, animateurs, entraîneurs,
03:08 fasse l'objet d'une refonte globale pour intégrer à tous les niveaux
03:11 la prise en compte de ces dimensions,
03:13 bien-être physique et moral des pratiquants et pratiquantes.
03:16 Cela doit comprendre aussi un cadre de contrôle
03:19 et de sanctions renforcées et effectives sur ce sujet.
03:22 C'est le sens de la proposition 36.
03:24 Concernant spécifiquement le sujet des violences sexistes et sexuelles,
03:30 il faut d'abord souligner tout ce qui a été fait ces dernières années.
03:33 Les pouvoirs publics, le ministre des Sports en particulier,
03:36 ne sont pas restés inactifs.
03:37 La mise en place de la cellule Signal Sport et de la fonction
03:41 de délégués ministériels à la lutte contre les violences dans le sport,
03:44 en 2020, apparaissent comme des avancées majeures dans l'engagement
03:47 dans une lutte résolue contre les violences sexuelles et sexistes dans le sport.
03:50 Cette cellule a constitué un premier pas déterminant pour libérer la parole,
03:56 recenser les cas et veiller à ce que soient traitées les situations signalées.
04:00 Les moyens humains supplémentaires annoncés sont également à saluer
04:03 pour élargir son action.
04:05 Cependant, force est de constater que les compétences de la cellule Signal Sport
04:10 sont limitées en ce qu'elle ne peut elle-même prendre des mesures
04:15 sans interdiction d'exercer ou de suspension de licence.
04:18 La compétence administrative et disciplinaire d'une fédération
04:21 est quant à elle limitée à son seul sport,
04:24 et le traitement de ces dossiers apparaît très hétérogène d'une fédération à l'autre.
04:28 Face à cette situation, nous avons l'impérieuse nécessité de mettre en place
04:32 les outils qui permettront d'agir plus efficacement aux côtés des victimes
04:36 dans les clubs et les structures d'accès au sport de haut niveau
04:38 dans toutes les disciplines.
04:40 C'est impératif.
04:41 Effectivement, aujourd'hui, vous pouvez être sanctionné dans une discipline,
04:43 mais réexercé dans une autre.
04:45 Et ça, c'est quelque chose qui doit être pris en compte.
04:48 C'est pourquoi le Comité a acquis la conviction qu'il importe aujourd'hui
04:51 de prolonger et renforcer encore davantage l'action de l'État sur ce sujet
04:55 en confiant à une autorité administrative indépendante
04:58 la mission de gérer la prévention et le traitement des violences sexistes
05:01 et sexuelles dans le milieu sportif.
05:03 C'est le sens de notre proposition 29,
05:05 qui rejoint en effet les propositions de la commission d'enquête parlementaire
05:12 sur les mêmes sujets, à la différence que nous,
05:15 on la recommande, cette autorité administrative,
05:18 non pas pour l'ensemble des problèmes d'éthique,
05:20 mais bien spécifiquement pour la question des violences sexistes et sexuelles.
05:24 Il ne s'agit en aucun cas de remettre en cause l'action du Signal Sport
05:27 et du ministère des Sports dans ce domaine,
05:29 mais de lui conférer de nouveaux moyens pour prolonger et amplifier son action.
05:32 La création d'une structure externe et spécialisée est selon nous
05:35 une réponse attendue et nécessaire afin d'apporter des réponses expertes,
05:39 indépendantes et efficaces à l'ensemble des pratiquants
05:42 et pratiquantes sur le sujet des violences sexistes et sexuelles.
05:45 La création d'une structure administrative externe
05:47 et dédiée sur le modèle du CPLD, ancêtre de l'AFLD,
05:51 en matière de lutte anti-dopage, est très largement soutenue
05:54 par les acteurs et actrices auditionnés dans le cadre des travaux du comité.
05:58 En fait, notre condition est par du fait que ces problématiques sont assez similaires.
06:08 Il y a des enjeux tellement importants qu'il nous paraît essentiel de l'externaliser.
06:13 J'ai eu l'occasion de m'exprimer sur ce sujet.
06:16 Il peut y avoir une tentation par tous les acteurs au sein de la Fédération sportive,
06:19 ou en tout cas une pression, à préserver la vitrine plutôt que la victime.
06:25 Cette action pourra être prolongée au niveau territorial en réactivant les réseaux
06:31 des antennes médicales de prévention du dopage qui existent,
06:34 mais qui sont en état de mort clinique, on va dire,
06:37 en élargissant le champ d'intervention à l'accompagnement psychologique des sportives et des sportifs.
06:43 Par ailleurs, concernant le renforcement de la lutte contre toutes les formes de discrimination,
06:47 le rapport émet plusieurs propositions.
06:49 Nous souhaitons notamment que chaque fédération établisse un plan national d'éducation
06:53 et de lutte contre les discriminations liées à l'homophobie, au genre, au racisme,
06:57 et à l'antisémitisme, et à toutes celles relatives aux situations de handicap,
07:01 et qu'elle dresse un bilan annuel des discriminations constatées et des actions mises en œuvre.
07:06 Que toutes les attentes constatées à tous les niveaux fassent l'objet systématiquement
07:09 d'une procédure disciplinaire, et que des sanctions éducatives complémentaires
07:13 soient édictées plus fréquemment.
07:15 C'est le sens des propositions 31 et 32.
07:18 Enfin, je souhaite terminer en insistant sur un dernier point clé
07:21 pour gagner cette grande bataille de l'éthique, la formation.
07:24 On l'a déjà évoqué, mais ça nous paraît vraiment un point essentiel.
07:28 Le besoin de formation sur l'ensemble des sujets qui nous concernent est largement ressenti.
07:32 Exécutif fédéral, entraîneur, encadrant, bénévole, sportif.
07:37 On a souvent senti des acteurs volontaires mais démunis,
07:43 qui ne savaient pas comment prendre en charge,
07:46 comment se structurer correctement pour bien prendre en charge ces problématiques.
07:50 Nous devons là aussi faire beaucoup mieux.
07:52 C'est pourquoi le comité souhaite la création d'un nouvel institut de formation,
07:55 continu du mouvement sportif, porté par le CNESF et le CPSF,
07:59 afin de dispenser les formations en faveur des dirigeants du mouvement sportif dans son ensemble.
08:04 À cet égard, en 2006, le CNESF avait pris l'initiative de créer un institut,
08:09 Marie-Georges Buffet l'a évoqué en introduction,
08:13 un institut de formation du mouvement sportif, l'IFOMOS,
08:15 dissous en décembre 2016, après 10 ans d'activité.
08:18 Il nous semble urgent et essentiel de le réactiver, c'est le sens de la proposition 33.
08:22 La mise en place d'un tel institut pourrait notamment permettre
08:26 de constituer un catalogue de formations adaptées à destination du mouvement sportif
08:30 et de diffuser gratuitement ces formations en ligne auprès de l'ensemble des acteurs,
08:34 que ce soit au niveau fédéral ou régional.
08:36 Ces formations pourraient être assorties d'un label attestant leur suivi
08:40 qui pourrait ensuite être valorisé, c'est le sens des propositions 33 à 36.
08:44 Les contenus déployés par le comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques,
08:48 COJO, au sein de leur plateforme de formation,
08:51 l'académie pourrait, à cet égard, utilement, être réutilisée.
08:55 [Musique]

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