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Ancien garde des Sceaux, ancien sénateur, père de l'abolition de la peine mort  est décédé ce vendredi 9 février. Portrait

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Transcription
00:00 J'ai l'honneur, au nom du gouvernement de la République, de demander à l'Assemblée
00:07 nationale l'abolition de la peine de mort en France.
00:12 Ce fut le combat de sa vie.
00:14 Une obsession née en 1972.
00:17 Avocat Robert Badinter défend Roger Bontemps, accusé de complicité d'un double meurtre
00:23 et reste impuissant face à la condamnation à mort de son client.
00:26 Marqué par cette affaire, Robert Badinter devient alors un fervent défenseur de l'abolition
00:32 de la peine de mort.
00:33 En 1977, il sauve la tête de Patrick Henry, accusé du meurtre d'un enfant lors d'un
00:40 procès très médiatique.
00:41 Homme de gauche, adhérent du Parti Socialiste, c'est à lui que François Mitterrand confie
00:46 le ministère de la Justice en 1981.
00:49 Devenu garde des Sceaux, l'avocat a désormais les clés en main pour mener à bout son combat.
00:54 Le 9 octobre 1981, la peine de mort est abolie en France.
00:59 Demain, voyez-vous, demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice
01:13 qui tue.
01:14 Demain, les pages sanglantes de notre justice seront tournées.
01:22 Au départ, l'Assemblée nationale est pourtant loin d'être acquise à sa cause.
01:26 Mais Robert Badinter sait convaincre les députés et fait ce jour-là son entrée dans l'histoire.
01:31 Quand je suis monté à la tribune, il y a eu un très bref instant où j'ai regardé,
01:38 il y avait beaucoup de monde dans l'hémicycle, beaucoup de députés présents, les tribunes
01:43 absolument pleines.
01:44 C'est très grand l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
01:48 Et pendant, pas une demi-seconde, j'ai eu ce sentiment si rare dans une vie humaine,
01:59 d'étonnement et de sentiment que c'était en effet dans ma vie un instant exceptionnel.
02:09 Après cinq ans au ministère de la Justice, il prend la présidence du Conseil constitutionnel
02:14 en 1986.
02:15 Un poste plus discret, mais Robert Badinter est un homme passionné, connu pour ses coups
02:21 de gueule mémorables et inattendus.
02:22 En 1992, il accompagne François Mitterrand, premier chef d'Etat, à se rendre à la commémoration
02:29 de la rafle du Veldiv.
02:30 Mais le président refuse de reconnaître la responsabilité de l'Etat français et
02:34 se fait huer par une partie du public.
02:37 Choqué, Robert Badinter prend le micro et laisse éclater sa colère contre les auteurs
02:42 des cris.
02:43 Je me serais attendu à tout éprouver, sauf le sentiment que j'ai ressenti il y a un
02:50 instant et que je vous livre avec toute ma force d'homme.
02:55 Vous m'avez fait honte.
02:56 Vous m'avez fait honte en pensant à ce qui s'est passé là.
03:01 Vous m'avez fait honte.
03:03 En 1995, il quitte le Conseil constitutionnel et devient sénateur des Hauts-de-Seine.
03:08 Il le restera pendant 16 ans.
03:11 En 2011, il quitte sans regret la vie politique sur un discours prononcé au Sénat, 30 ans
03:18 après la plus grande de ses victoires.
03:20 Heureux celui dont on pourra dire, en s'en allant, il emporta avec lui la peine de mort.
03:30 Mes chers collègues, de tout cœur, je vous remercie.
03:34 (Applaudissements)

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