Après avoir dénoncé "l'emprise" de Benoît Jacquot sur elle quand elle était adolescente, Judith Godrèche porte plainte pour viols sur mineure de 15 ans, révèle Le Monde. De son côté, Benoît Jacquot nie auprès du média l’ensemble de ces accusations.
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00:00 Deux mois après la sortie de sa série, les révélations de Judith Godrech sur la relation qu'elle a entretenue très jeune avec Benoît Jacot,
00:08 deux mois après ces révélations, l'actrice porte plainte ce matin contre le réalisateur, plainte pour viol, avec violence sur mineurs de moins de 15 ans.
00:18 Le Monde a pu enquêter auprès de l'actrice et ses proches sur cette relation.
00:23 Oui, alors c'est une enquête édifiante et c'est une histoire d'enfant kidnappé qui n'arrive pas à penser du mal de son ravisseur.
00:30 C'est comme ça en réalité que résume l'actrice, elle résume ses années de cette façon-là, ses années passées avec le réalisateur.
00:37 Le déclic, il a mis du temps à venir, il y a eu le consentement de Vanessa Springora, comme pour d'autres victimes,
00:44 et puis les extraits plus récents qui ont tourné sur les réseaux de ce documentaire de Gerard Miller,
00:48 qui montre un Benoît Jacot qui assume son goût pour la chair fraîche et revendique un syndrome de barbe bleue.
00:54 Alors là, elle réalise pleinement, elle veut témoigner pour sa fille aussi qui vient d'avoir 18 ans et à qui elle écrit une très jolie lettre aussi dans le quotidien.
01:02 Alors elle, Judith, elle n'a que 14 ans quand elle passe ce premier casting pour les Mandjans avec Benoît Jacot.
01:08 Il lui demande tout de suite, dès la deuxième question, tu as un amoureux ?
01:12 Bon, à une jeune fille de 14 ans, c'est déjà très particulier. Sur le tournage, toute l'équipe sent qu'une relation très particulière est en train de se nouer.
01:19 Au retour, à la sortie du collège, il vient la chercher à la sortie du collège et lui demande, l'emmène au cinéma,
01:25 et lui demande de la tripoter, de le tripoter pardon, dans le noir. Il l'emmène aussi chez lui, la force à avoir des relations.
01:32 Elle est sur le lit, elle se décrit tétanisée sur ce lit, c'est comme s'il n'y avait aucune tendresse,
01:38 se souvient-elle dans un texte qu'elle a écrit à l'attention de la brigade des mineurs.
01:41 Et ce que l'on apprend ce matin dans cette enquête du Monde, c'est qu'il y a aussi eu des violences.
01:46 Oui, c'est effectivement quelque chose de nouveau qu'on apprend là. Elle raconte des jeux sexuels à base de coups de fouet, déjà.
01:53 Pour ses 15 ans également, il décide qu'elle doit jouir 15 fois "je fais semblant" le plus vite possible, explique-t-elle.
02:01 À 16 ans, elle accompagne le réalisateur à New York, ils tournent un documentaire, ils sont dans un bar pour un rendez-vous professionnel.
02:06 Elle boit un coca à la paille un peu bruyamment. Ceux qui auront vu la série se souviennent de cette scène aussi,
02:11 parce qu'elle décrit beaucoup de ces scènes finalement aussi dans la série.
02:14 Et en sortant, il lui donne un coup de poing dans le nez et la laisse là.
02:17 Ils vont pourtant vivre ensemble. C'est d'ailleurs elle qui va contribuer à acheter l'appartement qu'ils vont avoir.
02:23 Elle se fait émanciper de ses parents, elle quitte le lycée et là, il contrôle tout. Il devient le centre de son existence.
02:28 Son existence, il la coupe de sa vie sociale. Il la fait changer d'avant, d'agent, pour sa vie professionnelle, sa vie intime aussi.
02:34 Il lui interdit de prendre une contraception. Il la coupe de tout. Sa mère témoigne auprès du monde.
02:41 C'était comme si elle était enfermée. Il fallait demander la permission à Benoît pour tout, même pour qu'elle passe Noël avec moi.
02:48 Elle décrit leur relation comme tyrannique. C'était encore une petite fille, elle avait un doudou.
02:52 "Je pense qu'elle n'a jamais été heureuse", dit sa mère, qui reconnaît qu'elle n'a pas su la protéger.
02:59 La dernière année, décrit Judith Godrech, fut la plus violente selon l'actrice. Un enfer absolu avec des brutalités qui s'accumulent.
03:06 Il faut parler aussi de la réaction de Benoît Jacot aujourd'hui. Lui, il nie, il évoque une relation amoureuse.
03:12 Mais il y a autre chose, il admet quand même être fasciné par la violence.
03:15 Oui, c'est une rencontre assez folle qui est décrite dans le monde. Il a répondu aux journalistes.
03:24 Il nie en bloc toute violence, toute celle que décrit Judith Godrech, mais il admet quand même que la violence a une place centrale dans sa vie,
03:31 qu'il en a été l'auteur, parfois, notamment dans sa jeunesse.
03:36 Au sujet du récit de Judith Godrech, il est assez désinvolte. Il dit "cette histoire ne m'empêche pas de dormir, cela me fait même plutôt sourire, je ne me sens pas directement concernée".
03:45 Il ajoute "il me gêne beaucoup qu'un débat soit lancé à mes dépens à la faveur d'une promotion".
03:51 En gros, il sous-entend comme beaucoup dans ce cas-là.
03:54 Judith Godrech a fait sa pub.
03:56 Exactement, pour sortir sa série.
03:58 Alors, pourquoi ne s'est-il pas empêché, alors qu'il était l'adulte ?
04:02 C'est la question que posent les deux journalistes, Lorraine de Fouché et Jérôme Le Filiatre.
04:06 Et là, il répond "être responsable d'avoir été sous le charme d'une jeune fille à l'âge pas canonique".
04:12 Benoît Jacot concède tout de même un début de remords.
04:17 À 15 ans, on ne peut pas vraiment être consentante.
04:20 CQFD.
04:21 Et il y a donc cette plainte déposée par Judith Godrech.
04:24 Il faudra voir si cette plainte, s'il est faite, des crimes ne sont pas prescrits.
04:27 C'est l'une des questions qui va se poser, évidemment.