Sophie Vénétitay (Snes-FSU) fait le bilan du passage éclair de Gabriel Attal au ministère de l'Education Nationale.
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00:00 C'est un ministre de l'Éducation nationale que les enseignants ont beaucoup entendu parler.
00:04 Ils ont pu reconnaître qu'on parlait éducation nationale dans les médias,
00:10 en politique, dans l'opinion publique,
00:12 mais c'est aussi des enseignants qui se sont très vite aperçus
00:15 que ces grands discours n'étaient pas suivis des faits dans leur quotidien
00:19 et que leur quotidien restait extrêmement difficile.
00:23 Et c'est vrai que c'est notamment ça qui montait au mois de décembre,
00:27 de plus en plus de collègues qui nous disaient
00:29 "mais est-ce que ce ministre est vraiment le ministre de notre quotidien ?"
00:32 C'était une question, mais quelque part poser la question c'est déjà y répondre.
00:36 C'est même très difficile de faire un bilan en cinq mois.
00:40 On a du mal à trouver une trace très concrète
00:44 du passage de Gabriel Attal aux rues de Grenelle.
00:46 Certes, il y a eu beaucoup d'annonces.
00:48 C'est finalement Gabriel Attal a été le ministre de l'opinion publique
00:54 plus que le ministre des enseignants,
00:56 puisqu'il a pu nous parler de l'uniforme,
01:00 il a pu nous parler de l'autorité des enseignants,
01:03 il a pu nous parler de la lutte contre le harcèlement en milieu scolaire.
01:05 Mais dans les faits, concrètement, sur le terrain,
01:08 on est toujours aussi démuni sur la question de la lutte
01:11 contre le harcèlement au milieu scolaire.
01:13 On a des professeurs qui continuent de se faire menacer, remettre en cause.
01:18 On manque toujours de professeurs dans les classes.
01:23 Au mois de décembre, on avait encore des classes où il manquait des professeurs.
01:27 Bref, le quotidien des enseignants n'a pas changé avec Gabriel Attal.
01:30 Il y a eu beaucoup d'annonces qui sont cohérentes dans l'idée de transformer le collège,
01:36 d'en faire un lieu où, finalement,
01:39 on pourrait séparer les élèves en fonction de leur niveau.
01:43 C'était quand même un sacré retour en arrière.
01:47 C'était finalement tourner le dos à une forme de démocratisation
01:52 du système éducatif par le collège.
01:54 Les groupes de niveau, nous, on y est farouchement opposés,
01:57 comme d'autres organisations syndicales d'ailleurs,
01:59 et malgré tout, Gabriel Attal a avancé.
02:02 On y est opposés parce qu'il y a cette idée que,
02:04 finalement, on ne mélange plus les élèves,
02:06 on ne fait plus du commun, on n'apprend plus ensemble,
02:09 alors qu'on sait que l'éducation nationale, le collège, le lycée,
02:13 ce sont quand même des lieux où on apprend ensemble.
02:15 L'uniforme, c'est le symbole du passage de Gabriel Attal aux rues de Grenelle.
02:21 C'est une annonce très médiatique.
02:23 C'est une annonce qui parle certainement à l'électorat conservateur
02:27 d'Emmanuel Macron, mais ce n'est pas une annonce qui parle aux enseignants.
02:29 Aujourd'hui, quand on est professeur,
02:31 le problème, ce n'est pas de savoir si l'élève porte un polo bleu ou un polo rouge.
02:35 Le problème, c'est de savoir s'il va avoir les bonnes conditions pour progresser,
02:39 s'il va être dans une classe où il n'y a pas trop d'élèves
02:41 et surtout, s'il a un professeur formé en face de lui.
02:44 À notre sens, la question mérite d'être posée.
02:47 C'est vrai que ça a été un passage éclair
02:51 qui lui a permis d'aller plus vite, plus haut.
02:54 On se rend bien compte qu'il a fait beaucoup d'annonces
02:58 qui servaient à se construire une stature politique,
03:01 la stature politique d'un homme qui parle à l'opinion publique.
03:06 Ça lui a permis de sortir du relatif anonymat des comptes publics à Bercy.
03:11 Et forcément, on se pose la question de savoir si ce tourbillon d'annonces,
03:16 il n'était pas aussi et d'abord destiné à se construire cette stature politique
03:21 pour aller plus haut et plus loin.
03:23 [Musique]