Pour une amourette, hommage à Monsieur Leny Escudero

  • il y a 9 ans
Il est des hommes qui toute leur vie, portent une chanson accrochée à leur nom. Tel était Leny Escudero, depuis cette année 1962 où son Pour une amourette était entrée au panthéon des refrains populaires – doublée d'un autre succès, Ballade à Sylvie. Ce timide au regard triste, romantique mélancolique, s’invitait en pleine vague yéyé, mais allait déjà à contre-courant des airs insouciants de l’époque. Car insouciant, Leny ne l’était pas.
Fils d’immigrés qui avaient fui l’Espagne de la guerre civile, à demi gitan par son père, il avait vécu une vie d’ouvrier en bâtiment avant de monter sur scène. Aux paillettes, il préférait la discrétion et l’engagement. Auteur d’une extraordinaire chanson sur la Passion du Christ (La Grande Farce, en 1978), il avait boudé les feux médiatiques pour parcourir le monde, bâtir une école au Dahomey, et chanter pour un public certes restreint, mais toujours fidèle. En concert, sa silhouette longiligne et sa fougue inaltérée, lui conférait un charisme théâtre rappelant, parfois, celui de Brel.
Lui qui voulait encore croire en la possibilité d’un monde qui échapperait au consumérisme, avait publié en 2013 le tome un de ses Mémoires (Ma vie n’a pas commencé, au Cherche Midi). Il venait à peine d’achever le tome deux, dont on découvre aujourd'hui le titre, la gorge un peu serrée : Le début... la suite... la fin. Il s'est éteint, il avait 82 ans.