Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, participait ce samedi à la manifestation contre les mégabassines dans le Puy-de-Dôme.
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00:00 C'était vraiment une très très belle journée.
00:02 Je vois que même le préfet du Puy de Dôme est d'accord avec les organisateurs de la manif
00:06 pour dire que ça s'est extrêmement bien passé.
00:08 Et vous savez, quand vous êtes secrétaire nationale écologiste,
00:11 vous êtes amené à vous rendre comme ça sur des lieux de lutte, des lieux de contestation,
00:15 et vous en rentrez toujours avec des paysages imprimés dans la tête
00:19 de ceux pour quoi vous vous battez,
00:21 de ces plaines que vous défendez de l'artificialisation
00:23 parce qu'une méga bassine, c'est là en l'occurrence plus de 46 terrains de foot artificialisés.
00:27 C'est quoi une méga bassine, pardonnez-moi, mais rappelons à tous ceux qui nous regardent.
00:29 Une méga bassine, c'est des agriculteurs en général très très intensifs, productivistes,
00:34 qui ont besoin de beaucoup d'eau,
00:35 et qui du coup s'accaparent le peu d'eau qui reste sur un territoire
00:38 en le mettant dans une grande bassine.
00:40 On parlait de méga bassine, là c'est même des giga bassines,
00:43 c'est les deux plus grosses jamais envisagées en France.
00:47 Et donc c'est un volume total de 2 300 000 m3,
00:50 c'est l'équivalent de 613 piscines olympiques.
00:53 Alors je sais qu'on approche des JO, mais là c'est pas pour nager.
00:55 Là c'est un projet qui regroupe 36 agriculteurs.
00:58 C'est 36 agriculteurs, mais il faut savoir que dans le Puy de Dôme,
01:00 il y a plus de 5 000 agriculteurs.
01:02 C'est de l'accaparement d'eau par 0,6% des agriculteurs du Puy de Dôme.
01:07 Des agriculteurs qui ont une petite particularité,
01:09 c'est qu'ils ont les moyens de mettre sur la table, chacun,
01:12 300 à 400 000 euros par agriculteur.
01:15 C'est quand même pas le cas de tous les agriculteurs.
01:17 Ils ont la particularité aussi d'être des agriculteurs productivistes.
01:19 Il n'y a aucun bio, aucun non-conventionnel dans ces agriculteurs.
01:23 Ça veut dire que ces 36 agriculteurs, c'est des gros, des très gros,
01:27 des gens qui font ce qu'on appelle l'agriculture intensive,
01:29 celles qui épuisent la ressource en eau et qui tuent à petit feu les sols.
01:33 Vous savez, dans cette plaine de la Limagne, du coup, que j'ai découverte,
01:36 et une fois que vous l'avez vue, vous connaissez cette histoire,
01:39 dans le Puy de Dôme, les gens ont toujours pensé qu'ils étaient assis sur un château d'eau.
01:42 Il y a Volvic, la plaine de la Limagne, c'était des marécages à l'époque, pas de problème.
01:47 Et puis il y a le remembrement, des agrandissements des exploitations,
01:50 toujours plus d'agriculture intensive, de maïs, de céréales très gourmandes en eau,
01:54 qui ne sont même pas faits pour nourrir les Français et même pas faits pour nourrir les humains,
01:57 puisque ça nourrit des animaux partout ailleurs dans le monde pour faire de la viande dégueulasse.
02:03 Donc vous voyez, on a déjà un petit souci de modèle.
02:05 Et puis donc, ils ont abattu les haies, ils ont supprimé les arbres,
02:08 et ils ont toujours pompé plus d'eau.
02:09 Et donc aujourd'hui, ils s'accaparent le peu d'eau qu'il reste de leur faute,
02:13 et ils vont en priver les autres.
02:14 C'est-à-dire que quand il y aura un arrêté sécheresse l'été prochain,
02:17 vous, vous ne pourrez pas arroser votre potager ou vos fleurs,
02:19 vous ne pourrez pas laver votre voiture,
02:21 vous ne pourrez pas non plus remplir la petite piscine de vos enfants, de vos petits-enfants,
02:24 ce sera interdit.
02:26 Tout ça paraît accessoire comparé à la sécurité alimentaire,
02:28 que brandissent ceux qui promèvent ce projet.
02:32 Mais les 36 qui auront privatisé l'eau et qui auront accéléré du coup le problème de la sécheresse...
02:36 Qui permettent de nous nourrir ?
02:37 Non, je viens de vous dire que le maïs qu'ils produisaient
02:39 était exporté pour nourrir du métail ailleurs dans le monde.
02:42 Ces 36-là, c'est ça qu'ils font comme activité.
02:45 Et les 5000 autres, ils font autre chose, et eux, ils nous nourrissent aussi.
02:49 Vous voyez, ce n'est pas une guerre entre des écolos et des agriculteurs,
02:52 c'est aussi beaucoup d'injustice au sein même de la profession agricole.
02:56 C'est pour ça que beaucoup d'agriculteurs étaient avec nous aussi tout à l'heure.
02:59 Et vous voyez, là, on a quelques images, on a planté aussi des noisettes,
03:01 des noix, on a planté des frênes pour reconstituer des haies.
03:04 On est dans des manifs actifs, très symboliques et très conviviales et positifs.