Vous avez la parole avec Félix Mathieu avec Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du DAL (association du Droit au Logement)
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NewsTranscription
00:00 La parole de Félix Mathieu.
00:02 Alors Félix Mathieu, vous avez la parole.
00:04 L'avant-projet de loi sur le logement abordable
00:07 suscite une certaine méfiance des associations.
00:09 Oui, un projet de loi censé apporter des réponses à la crise du logement,
00:12 mais dans les faits, l'association Droit au logement
00:14 redoute une forme de clientélisme.
00:16 Avec une plus grande latitude donnée au maire
00:18 pour les attributions de logements sociaux,
00:20 le DAL redoute aussi que les HLM soient de plus en plus remplacées
00:24 dans les faits par des logements pour cadres sup,
00:26 des logements locatifs intermédiaires.
00:28 Pour en parler, nous sommes avec justement le porte-parole
00:31 et fondateur du Droit au logement.
00:33 Bonsoir Jean-Baptiste Ayrault.
00:35 Oui, bonsoir.
00:36 Merci d'être avec nous dans les vraies voix sur Sud Radio.
00:38 Si on commence par les attributions de logements sociaux,
00:40 on a déjà entendu effectivement à l'antenne des maires
00:42 réclamer d'avoir davantage la main.
00:44 Ils disent qu'ils connaissent leur commune, le terrain, leurs habitants,
00:47 que c'est eux qui sont sollicités directement
00:49 par ceux qui ont des difficultés.
00:50 Pour vous, ça c'est une fausse bonne idée ?
00:54 Bon, on est sur des logiques un peu de préférence communale.
00:56 Bon, d'ailleurs le maire lui, il raisonne au niveau de son territoire.
00:59 L'État lui, il raisonne plutôt au niveau de l'intérêt général.
01:03 Donc si vous voulez, évidemment, une personne qui est sans abri,
01:07 qui n'a pas de lieu d'attache, si vous voulez,
01:10 qui va la reloger si ce n'est pas l'État ?
01:12 Bon, vous comprenez.
01:13 Et après, on a des risques de clientélisme,
01:16 je dirais un peu poussé, quoi.
01:19 C'est-à-dire, on va aider, on va loger plutôt les copains des copains.
01:22 Et on a vu ça, c'est une pratique relativement courante
01:25 puisque les maires ont déjà un peu de contingents,
01:27 un peu de droits de réservation sur les logements sociaux.
01:29 Ils ont 20% à peu près des attributions.
01:32 Donc il y a du clientélisme, c'est incontestable.
01:34 Ça peut même parfois, mais ça, ce n'est pas la partie,
01:37 où on a vu des maires qui ont été poursuivis pour corruption.
01:41 Bon, voilà, on pense, nous, que c'est plus l'intérêt général qu'il faut jouer
01:47 plutôt que l'intérêt communal, un peu limité,
01:50 je veux dire, aux frontières de la commune, quoi.
01:52 - On n'a pas d'ailleurs cette obligation, pour le moment,
01:55 de 20 à 20% de logements sociaux sur les communes.
01:58 Cet avant-projet de loi reviendrait vraiment là-dessus, selon vous,
02:00 ou ça se veut plus un assouplissement ?
02:03 - Ah ben, c'est un assouplissement, mais oui, c'est un assouplissement.
02:06 Un assouplissement, mais pour créer du logement, on va dire, pour 4 SUP.
02:10 Le LLI, ce qu'on appelle le logement locatif intermédiaire,
02:13 c'est pour les 4 SUP.
02:14 C'est niveau de revenu, par exemple, 4 000 euros pour un célibataire,
02:18 près de 8 000 euros pour un couple avec un enfant,
02:21 vous voyez, on est sur des niveaux de revenus très élevés, quoi.
02:24 On ne comprend pas, d'ailleurs, qu'on soit aujourd'hui dans une situation telle
02:27 que le gouvernement va aider les classes SUP à se loger.
02:30 On marche sur la tête, l'hypothèque du logement,
02:32 elle permet aux cadres et aux classes moyennes
02:35 de se loger normalement dans le secteur privé,
02:37 d'accéder à la propriété ou de louer des logements au secteur privé.
02:40 Or, aujourd'hui, le logement est devenu tellement cher que c'est impossible.
02:43 Et plutôt que d'aller chercher à réguler,
02:45 à faire en sorte que le logement redevienne accessible
02:48 aux jeunes, à la population, aux personnes qui changent de ville
02:52 parce qu'ils ont trouvé un job plus intéressant ou je ne sais pas,
02:56 si vous voulez, là, on est sur "on va aider les 4 SUP à se loger".
03:02 Ça ne marche pas.
03:03 Et c'est un peu cette idée-là de les passer un peu aux chausse-pieds
03:06 dans les logements, dans les villes qui sont déficitaires en termes de logements sociaux.
03:12 - Vous ne trouvez pas, Jean-Baptiste Hérault, que ces logements intermédiaires
03:18 étaient une bonne chose pour les gens qui ne pouvaient pas bénéficier de logements sociaux
03:24 et qui n'avaient pas assez pour accéder au marché libre ?
03:28 Est-ce que ça n'était pas une bonne idée ?
03:31 - C'est une idée qui existe déjà depuis longtemps, si vous voulez.
03:34 Mais je vous dis, les niveaux de revenus
03:36 au-delà duquel on ne peut plus accéder à un logement locatif intermédiaire,
03:40 c'est un logement intermédiaire, comme vous dites,
03:41 c'est pour un couple avec un enfant, 8000 euros par mois,
03:45 près de 8000 euros par mois à Paris et dans les communes autour.
03:48 Vous voyez quand même là, si on ne peut pas se loger avec...
03:51 Quand on regarde ça, excusez-moi, il y a un problème, quoi.
03:54 - Vous voulez pas que ça se remonte du HLM, quoi ?
03:57 - Ah bah clairement oui, parce qu'il y a des aides...
04:00 Ah puis je vais vous dire une chose,
04:01 on va poursuivre les locataires en logement social
04:04 parce qu'ils ont des revenus qui dépassent les plafonds, bon, ok,
04:07 mais on va même les expulser s'ils dépassent les plafonds de plus de 20%,
04:11 les plafonds de revenus, hein.
04:13 Mais par contre pour les locataires LLI, rien du tout, pas de sanctions,
04:17 si on a un patrimoine, rien ne les empêche d'accéder à un LLI,
04:22 pas de surloyer si on dépasse les plafonds de loyer du LLI.
04:25 Non, il y a franchement...
04:26 - Pardonnez-moi, il y a Loïc Le Floque-Prigent qui veut réagir.
04:30 - Je crois que, puisqu'on parle d'intérêt général,
04:32 il faut regarder quelle est la situation du logement aujourd'hui
04:36 et de la fabrication de logement.
04:38 Donc on est tombé avec une industrie qui a perdu 20 à 30% de ses marchés,
04:45 il n'y a plus de création de logement.
04:47 Alors ça c'est l'intérêt général, c'est quand même qu'il y a du travail pour les gens
04:51 et qu'ils puissent justement avoir des salaires qui leur permettent d'avoir de logement.
04:55 Si jamais on a paupérisé l'ensemble du secteur de la construction à 30%,
05:03 c'est qu'il y a un problème.
05:04 Donc il faut changer quelque chose.
05:05 Alors, est-ce que ce qui ne marche pas, on doit le poursuivre en disant
05:10 "Puisque ça ne marche pas, on continue."
05:12 Et ce que sont en train de montrer les papiers que je lis de manière régulière
05:20 et qui émanent du gouvernement ou des institutions,
05:22 c'est de dire qu'il faut changer quelque chose
05:24 et il faut que les classes moyennes arrivent à se loger,
05:30 il faut qu'on regarde bien ce qui s'est passé avec le logement social,
05:36 avec le fait que les logements sociaux sont maintenant passés aux enfants, petits-enfants, et ainsi de suite.
05:43 Il y a un problème qu'il faut regarder parce que nous sommes en train de plomber complètement
05:49 notre industrie des travaux publics et du bâtiment
05:53 avec une diminution des nombres de logements absolument catastrophiques.
05:58 C'est ça le sujet de l'intérêt général pour moi.
06:00 Mais ça ce n'est pas la faute des locataires HLM, excusez-moi,
06:04 ce n'est pas la faute du logement social, c'est la faute du gouvernement.
06:07 Pardonnez-moi messieurs, c'est passionnant, mais on va être obligés d'arrêter cet échange passionnant.
06:14 Merci Jean-Baptiste Hérault, merci beaucoup.
06:17 Je rappelle que vous êtes porte-parole du DAL, l'association du droit au logement.
06:24 Merci pour votre témoignage.
06:25 Très intéressant, cher Félix Mathieu.
06:27 Merci Félix Mathieu.
06:28 Allez 0826 303 si vous voulez réagir.