Participation à l’émission RuPaul’s Drag Race, maîtresse de cérémonie pour Drag Race France, sortie de son dernier titre « Fashion Freak », sans oublier sa docu-série « Les voyages de Nicky » : Nicky Doll est sur tous les fronts ! Mais au-delà de sa carrière professionnelle, elle est également une voix importante pour la communauté LGBTQIA+. Elle nous explique comment elle utilise sa notoriété pour promouvoir l'acceptation, la diversité et l'égalité ️️⚧️
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00:00 des gens comme moi qui ont maintenant 16 ans ou 17 ans et qui ont besoin d'avoir des personnes
00:04 comme moi à la télé pour pouvoir se sentir en sécurité, pour ne pas mettre fin à leur
00:09 jour.
00:10 J'ai commencé à faire du drag en 2010 à la Pride de Paris parce que j'avais envie
00:14 d'explorer un peu le genre et me libérer du fardeau que la société essaie de mettre
00:20 sur le dos, à suivre des codes de genre qui sont complètement subjectifs parce qu'au
00:24 final, je ne correspondais pas à ça, peu importe que je le veuille ou pas.
00:27 Après, me rendre compte de l'art du drag, ça, c'est venu plus tard avec Drag Race.
00:32 J'ai du coup découvert une communauté artistique en plus d'être queer.
00:36 J'ai toujours eu envie de performer sur scène et là, je me rendais compte enfin que j'avais
00:40 un moyen de le faire et qui réunissait un peu tout ce que j'aimais, c'est-à-dire la
00:43 féminité, mais aussi je pouvais créer un avatar et injecter tous les ingrédients qui
00:48 font qui je suis.
00:49 La définition du drag, elle évolue tout le temps parce qu'en fait, le drag, c'est un
00:52 art qui existe depuis la nuit des temps, mais depuis la mainstreamisation du phénomène,
00:58 ça évolue encore plus parce que du coup, les gens le voient vraiment comme un art,
01:01 le voient comme quelque chose que beaucoup de gens apprécient et donc il y a encore
01:04 plus de moyens qui sont injectés à l'intérieur et une économie vraiment se crée en France.
01:08 Maintenant, je pense que l'art du drag en France, il est hyper intéressant, encore
01:12 hyper underground.
01:13 Il tire des références dans le cabaret, dans le burlesque, dans tout ce qui fait la France.
01:17 C'est encore plus excitant maintenant en France qu'aux États-Unis parce que c'est
01:20 en plein boom ici alors que là-bas, c'est devenu quelque chose de tellement commun et
01:24 il y a plein de queens qui naissent de chaque côté et surtout des queens qui existent
01:28 depuis longtemps, qui ont enfin un projet dans lequel elles peuvent se consacrer à
01:31 100 % parce qu'il faut savoir que les queens, il n'y a pas si longtemps, ne pouvaient pas
01:35 vivre de leur art alors que maintenant, c'est le cas.
01:36 C'était hyper important pour moi de participer à la version américaine de Drag Race.
01:40 Je devenais la première française à le faire.
01:42 Je me suis dit que du coup, j'allais avoir une plateforme qui me permettait de prendre
01:45 la parole, créer une conversation sur comment améliorer les conditions de travail des queens
01:49 en France.
01:50 On a eu la chance d'avoir une famille derrière nous.
01:52 Il y a plein de gens qui sont mis à la porte pour juste essayer d'être authentique avec
01:54 les gens qu'on pense nous aimer.
01:56 Et du coup, notre communauté, c'est souvent un regroupement de gens qui se sont recréé
02:00 une famille entre eux.
02:01 Il y a des gens comme moi qui ont maintenant 16 ans ou 17 ans et qui ont besoin d'avoir
02:06 des personnes comme moi à la télé pour pouvoir se sentir en sécurité, pour ne pas
02:10 mettre fin à leur jour.
02:11 Il y a toujours besoin de nouvelles générations qui vont pouvoir continuer à faire ce que
02:14 d'autres ont fait.
02:15 Aux États-Unis, qui est quand même le berceau de Drag Race, il y a eu des États qui ont
02:19 essayé de bannir le drag sur la place publique.
02:21 Donc, il faut toujours faire attention parce que si on prend le présent pour acquis, on
02:24 peut vite se retrouver dans le passé.
02:25 On n'a pas que des gens de la communauté.
02:27 On a aussi des alliés.
02:28 On a des grands-parents, on a des enfants, on a des parents, on a des personnes cis,
02:32 transgenres, binaires, etc.
02:33 Et en fait, on vient juste célébrer un art qui, au-delà d'être principalement fait
02:38 par des personnes queers, un art qui fait rire, qui fait rêver, qui inspire.
02:42 Et en fait, c'est un art qui essaie de générer, de véhiculer des valeurs qui ne sont pas
02:46 juste queers, qui sont juste humaines et qui permettent de vivre ensemble sans pour autant
02:51 se juger.
02:52 C'était important pour moi de continuer encore plus loin que le côté sulfureux,
02:55 le côté compétition et le glamour du drag, mais aussi de continuer à explorer ce que
03:00 c'est que d'être une personne queer dans le monde.
03:01 Et du coup, je me suis dit pourquoi pas aller à la rencontre d'autres cultures, à la
03:05 rencontre d'autres personnes queers qui n'habitent pas en France, qui n'habitent pas aux États-Unis,
03:09 qui ne sont pas forcément quelque chose de récent, ce n'est pas un phénomène de mode.
03:11 Et dans certaines religions, dans certaines cultures, on a une toute autre approche de
03:15 ça.
03:16 Et après, quand je suis arrivé sur le terrain, je me suis rendu compte que je ne connaissais
03:18 pas du tout ou encore très peu le sujet et j'ai découvert encore plus de choses.
03:23 On n'est pas si différent, même si des fois on avait une barrière de la langue.
03:25 On peut aussi apprendre beaucoup des autres.
03:27 Si on a pu apprendre les chiffres d'une certaine culture et d'apprendre à cuisiner d'une autre,
03:35 il faut aussi apprendre à tolérer.
03:36 Une communauté du troisième genre au Mexique ou alors les two-spirit au Canada, peut-être
03:40 qu'on peut avoir de l'ambinard en France.
03:41 Tout simplement.
03:43 Avec Fashion Flic, c'était un moyen de véhiculer ce que j'aime avec la mode et à quel point
04:01 ça peut inspirer certains et ça peut effrayer d'autres.
04:03 Quand on se balade dans Paris, il y en a qui vont se dire « Oh là là, ce look, il est
04:05 trop cool, il est hyper inspirant » et d'autres qui vont t'insulter.
04:08 La mode et l'aspect visuel que tu peux partager peut déranger ou peut inspirer.
04:14 Parce qu'en fait, la mode m'anime et ça me permet justement de changer de visage tout
04:17 le temps.
04:18 Et c'est fun.
04:19 On va tous mourir les gars.
04:20 Donc amusez-vous, éclatez-vous, portez ce que vous voulez.