• l’année dernière
"La dernière vision de mon oeil gauche, ça a été le flash-ball." Virgil, (@justicepourvirgil sur Instagram) ancien militaire de 24 ans, a reçu un tir injustifé de flash-ball de la part d'un policier, après une marche pacifique en soutien à Nahel à Nanterre, résultant à la perte de son oeil gauche. Il se bat aujourd'hui pour tous.tes les victimes de violences policières et est toujours à la recherche de témoins de son agression pour étayer son enquête.

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Transcription
00:00 Je marchais juste tranquillement dans la rue et j'ai reçu un tir de flashball en plein visage.
00:04 J'ai perdu totalement la vue de mon œil gauche.
00:06 Les médecins m'ont dit que je ne pourrais jamais revoir de ma vie.
00:08 Je m'appelle Virgile, j'ai 24 ans, je suis un ancien militaire, un chasseur alpin.
00:13 Et j'ai été agressé par des policiers dans la nuit du 29 au 30 juin.
00:17 Je suis allé à la marche de Naël pour soutenir la famille
00:20 et puis pour apporter ma petite pierre à l'édifice comme j'ai pu.
00:24 Plusieurs heures plus tard, quand les rues étaient désertes, les émeutes étaient terminées, etc.
00:28 Je suis sorti pour aller rejoindre des amis.
00:31 J'ai croisé dans cette petite ruelle une patrouille de 3 ou 4 policiers.
00:34 Je n'y ai pas particulièrement prêté attention.
00:36 J'ai continué à avancer dans ma direction et quand ils étaient relativement proches de moi,
00:41 il y en a un qui m'a dit "Eh oh toi là, casse-toi !"
00:43 Et quand j'ai levé la tête pour aller regarder, j'ai reçu un tir de flashball en plein visage.
00:49 Et donc la dernière vision que mon œil a eu, c'est le flash du LBD dans ma direction
00:57 et j'ai reçu un tir en plein visage.
00:59 Le choc est tellement violent que je me suis senti tombé à la renverse.
01:03 J'avais l'impression que je pouvais mourir à ce moment-là.
01:06 Donc du coup j'ai eu le réflexe de poser ma main par terre
01:09 et de prendre les forces que j'avais et de courir.
01:13 Et les policiers ne m'ont pas poursuivi puisque ce n'était pas un contrôle ou quelque chose comme ça.
01:18 C'était, on va dire, gratuit.
01:21 J'ai dû courir une dizaine de mètres
01:23 et j'ai croisé quelqu'un qui était assis
01:27 et je lui ai demandé si j'avais encore mon visage et mon œil
01:32 parce que j'avais l'impression que toute la partie gauche de mon visage était arrachée.
01:35 Et j'ai vu dans son regard et quand j'ai vu qu'il ne savait pas à quoi me répondre,
01:40 j'ai compris que j'étais gravement blessé et puis je voyais du sang qui coulait abondamment de mon visage.
01:46 Je me suis assis par terre, il me semble, et après j'ai dû perdre connaissance.
01:50 Quand j'ai repris mes esprits, j'étais sur un scooter.
01:52 Les jeunes hommes qui m'ont retrouvé dans un état critique
01:57 ont essayé d'appeler les secours apparemment, mais ils étaient indisponibles ce soir-là.
02:00 Du coup, pour tenter de me sauver la vie, ils ont essayé de m'emmener à l'hôpital le plus proche.
02:05 Mais ce n'était pas évident puisque les policiers avaient fait énormément de barrages dans Nanterre
02:11 et du coup, ils nous bloquaient l'accès à l'hôpital malgré que je sois dans un état critique.
02:14 Le chauffeur du scooter, il demandait s'il vous plaît, laissez-nous passer.
02:18 Et puis mon visage dégoulinait de sang.
02:20 Et les policiers disaient, on s'en bat les couilles, cassez-vous.
02:24 Ils nous pointaient avec les LBD pour nous faire fuir.
02:27 Ils ont pris plusieurs petits chemins qu'ils connaissaient sûrement
02:30 et ils ont tout tenté pour essayer de me sauver la vie.
02:33 Donc, ils m'ont d'abord emmené à l'hôpital de Nanterre, qui était visiblement fermé.
02:38 Et du coup, ils m'ont finalement déposé à l'hôpital de Colombes.
02:40 Je n'ai même pas eu besoin de parler.
02:42 Quand je suis arrivé, j'ai retiré ma main de mon oeil gauche.
02:45 Le personnel qui était à l'accueil du service hospitalier s'est affolé tout de suite.
02:49 Ils se sont tous levés.
02:52 Tout le monde a fait son maximum pour me faire les premiers soins.
02:56 Et puis, je posais la question, est-ce que j'ai encore mon visage ?
03:00 Parce que j'avais l'impression de ne plus avoir de partie gauche au niveau de mon visage.
03:04 Tout le monde baissait la tête.
03:06 Personne ne voulait me regarder dans les yeux.
03:09 Personne ne me répondait.
03:10 Donc, j'ai vite compris que j'avais quelque chose de très grave.
03:13 Je lui disais, mais s'il vous plaît, dites-moi ce que j'ai au niveau du visage.
03:17 Dites-le-moi.
03:17 Il y a une dame qui m'a dit, vu le choc que tu as reçu, tu vas sûrement perdre ton oeil.
03:21 Au fond de moi, je le savais déjà, vu la violence du choc.
03:23 Mais je voulais qu'on me le dise parce que je ne voyais pas mon visage.
03:28 Eux, ils m'ont vite dit qu'ils ne pouvaient rien faire pour moi,
03:31 vu que mes blessures étaient graves.
03:32 Et du coup, ils m'ont transféré d'urgence à l'hôpital Cochin à Paris.
03:36 Ils m'ont opéré le plus rapidement possible pour essayer de limiter les dégâts.
03:40 Voilà, ils ont fait ce qu'ils ont pu pour essayer que j'ai le moins de séquelles possible.
03:45 À l'heure actuelle, j'ai perdu totalement la vue de mon oeil gauche.
03:48 Les médecins m'ont dit que je ne pourrais jamais revoir de ma vie.
03:52 J'ai des multiples fractures, j'ai eu des gros problèmes à la mâchoire.
03:56 J'ai perdu l'audition à l'oreille gauche également.
03:59 Mon oeil droit qui fait le travail pour deux, qui me déclenche de grosses migraines.
04:02 En plus des migraines déjà que j'ai à cause du choc reçu au niveau de mon crâne.
04:07 Toute ma perception du monde qui m'entoure a changé.
04:10 C'est-à-dire que même pour me verser un verre d'eau, c'est compliqué.
04:13 M'asseoir, toucher des objets.
04:16 En fait, je perçois comme si j'avais mes deux yeux encore.
04:19 C'est vraiment compliqué.
04:20 J'ai porté plainte auprès de l'IGPN contre X
04:25 pour violences volontaires par dépositaire de l'autorité publique.
04:28 Je ne sais pas qui sont les policiers puisqu'ils n'étaient pas visage découvert.
04:32 Ils avaient des casques.
04:34 Et du coup, je n'ai pas pu voir leur visage et les décrire.
04:38 Donc, si vous avez des informations, si vous avez vu la scène
04:42 ou vous filmez la scène avec votre téléphone dans la nuit du 29 au 30 juin,
04:47 n'hésitez pas à me contacter.
04:49 C'était rue Criova à Nanterre.
04:51 Et voilà, ça pourrait faire avancer la quête.
04:53 Je voudrais remercier le personnel soignant qui a été très réactif
04:56 et qui m'a pris en charge de manière efficace.
04:59 Et surtout, je voudrais remercier les deux jeunes
05:02 parce qu'ils ne se rendent peut-être pas compte, mais ils m'ont sauvé la vie.
05:05 Donc, si jamais vous voyez cette vidéo,
05:09 n'hésitez pas à me contacter sur Justice pour Virgile
05:12 parce que vous serez éternellement reconnaissants.
05:15 J'ai une perception de mon avenir qui est totalement différente.
05:19 Il y a une liste incalculable de choses que je ne pourrais plus faire
05:22 ou que je devrais faire différemment.
05:24 Mais voilà, je ne vais pas laisser la perte de mon œil définir ma vie.
05:28 Donc, je vais quand même tout faire pour réaliser mes rêves
05:32 malgré la perte de mon œil.
05:34 Merci.

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