BRUT A TESTÉ. Peut-on tomber malade en touchant cette fameuse barre de métro ? C'est la question que s'est posée notre journaliste Mina Soundiram. Sous le microscope de la microbiologiste Geneviève Héry-Arnaud, elle a jeté un œil sur les bactéries de notre quotidien.
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00:00 Sur la barre du métro, la première observation me fait dire
00:03 qu'il n'y a plutôt que des bactéries, en tout cas à 24 heures de culture.
00:06 Je vois qu'il y a différentes couleurs de bactéries,
00:10 donc je pense qu'il y aura différentes espèces bactériennes.
00:13 La dernière fois dans le métro, je me suis demandé
00:15 quels microbes on échangait en touchant tous la même barre.
00:17 Alors est-ce qu'on peut vraiment choper un virus ou une bactérie
00:20 en touchant cette fameuse barre du métro ?
00:21 Ou d'ailleurs d'autres choses du quotidien utilisées par de nombreuses personnes ?
00:25 Alors j'ai fait des prélèvements sur une chaise d'eau, un bouton d'ascenseur,
00:28 la fameuse barre du métro et même un smartphone,
00:31 et je les ai apportés à une chercheuse en bactériologie
00:33 qui a accepté de les passer au microscope.
00:35 Il a l'air d'avoir du monde.
00:37 Tous les petits ronds que vous observez,
00:39 en fait ça correspond à autant de colonies bactériennes,
00:43 ou fongiques, parce que là aussi, de ce que je vois,
00:45 vous voyez tout de suite, je vois une colonie qui a l'air d'être un petit peu plus filamenteuse,
00:49 comme ici d'ailleurs, elle n'est pas tout à fait ronde.
00:51 Ça pourrait être un champignon,
00:52 puisque dans l'environnement on retrouve des bactéries,
00:55 mais également des champignons.
00:57 Poignée de porte, ça je pense que c'est une porte où il y a pas mal de passages.
01:01 Alors là oui, vous voyez, les bactéries ont très très bien poussé.
01:05 Il y a une grosse colonie là, je ne sais pas si vous la voyez.
01:08 Elle est légèrement mate, légèrement irisée.
01:11 Et ça, je pense que ça pourrait être un bacillus,
01:15 qui est une bactérie typique de l'environnement.
01:17 Ah oui, la cuvette des toilettes,
01:18 on peut trouver du monde aussi sur la cuvette des toilettes.
01:21 On va se mettre à l'objectif 40.
01:23 On verra en tout petit, mais c'est suffisant
01:25 pour observer un mouvement de bactéries à l'étrafrais.
01:28 Alors après, il y a du monde.
01:31 On va attendre que tout ce petit monde là se stabilise.
01:34 Ça frétille là-dessous.
01:36 Là, elle bouge.
01:37 Là, elle bouge, là elle bouge.
01:38 Et puis après, quand on regarde bien,
01:40 on en voit certaines qui traversent le champ,
01:42 un peu comme ferait un petit spermatozoïde avec un flagelle.
01:45 C'est un petit peu comme une étoile filante en fait.
01:48 Et ça, ça peut correspondre à des bactéries de type pseudomonas,
01:51 qui sont des bactéries qu'on retrouve dans l'environnement,
01:54 notamment l'environnement un peu hydrique.
01:56 On va en retrouver par exemple dans l'eau des vases,
02:01 dans des flaques d'eau.
02:02 En fait, on découvre la barre de métro
02:05 sous son versant bactérien.
02:07 Ce que l'on observe, on appelle ça des coccies à graines positives.
02:10 Donc ça correspond aux petits bouts que vous voyez,
02:13 qui sont violet foncé,
02:15 qui sont très probablement du staphylococque
02:17 qui vient en fait de la paume des mains
02:20 des gens qui ont dû attraper la barre de métro.
02:23 Il y avait un article qui avait fait grand bruit
02:26 parce qu'en fait, ils avaient écouvillonnés dans le métro à New York
02:29 et ils avaient trouvé Yersinia pestis.
02:32 En fait, ils avaient fait les grands titres de la presse en disant
02:35 "De la peste dans le métro new-yorkais, donc panique à bord".
02:38 Sauf qu'en fait, leur technique n'était pas encore tout à fait au point.
02:42 Et il y a plusieurs espèces de Yersinia,
02:44 mais en fait, ce n'était pas une Yersinia pestis,
02:46 c'était une Yersinia enterocolitica.
02:49 Ce n'est pas très sympathique comme germe, ça donne des gastroentérites,
02:52 mais ce n'est quand même rien à voir avec la peste.
02:54 Donc ils étaient un peu,
02:55 elles étaient un peu vite en besogne.
02:56 Alors là, on arrive à une très jolie composition
03:01 qui nous vient du prélèvement de chasse d'eau.
03:03 Et donc vous voyez tout de suite ces frappants,
03:05 ces gros points violets
03:07 qui correspondent à des grosses coques à grammes positifs.
03:11 Donc probablement là aussi du staphylococque ou du microcoque,
03:14 peut-être de la flore cutanée.
03:16 Les deux formes les plus courantes,
03:17 c'est les bacilles et les coccies.
03:20 Et donc après, le métier du bactériologue,
03:22 ça va être aussi de commencer à décrire l'examen microscopique
03:26 et qui est riche d'enseignements.
03:28 Et on peut faire déjà des débuts de diagnostic
03:30 rien qu'avec l'observation microscopique.
03:32 Nous, ce qu'on cherche ici à l'hôpital,
03:34 c'est à déterminer donc quels bactéries c'est,
03:37 avec leur nom spécifiquement.
03:40 Et pour ça, on va utiliser un outil qu'on appelle un spectromètre.
03:47 Je vais tomber sur une bactérie typiquement humaine.
03:50 Elle s'appelle Staphylococcus hominis.
03:52 Donc on ne pouvait pas trouver mieux comme nom.
03:54 Donc c'est un staphylococque
03:56 qui a trouvé pour habitant essentiel l'homme.
03:59 Et donc effectivement, avec son smartphone,
04:01 on le touche avec ses mains.
04:02 Donc on a mis dedans un staphylococque
04:05 qui n'est pas du staphylococque doré,
04:07 qui est un staphylococque blanc classique
04:09 qu'on retrouve chez les hommes.
04:10 L'immense majorité des bactéries
04:12 sont totalement à minima neutres sur nous,
04:15 ou même mieux, elles nous font plutôt
04:17 des choses positives pour notre santé.
04:20 Donc en fait, celles qui nous rendent vraiment malades,
04:21 elles se comptent quasiment sur les doigts d'une main.
04:25 Donc on pourrait imaginer,
04:26 alors je ne pense pas qu'on l'aurait eu sur la barre du métro,
04:28 mais on pourrait imaginer que dans un métro,
04:31 quelqu'un qui a la tuberculose,
04:33 qui est ce qu'on appelle bacillifère,
04:35 c'est-à-dire que quand il tousse,
04:37 il envoie dans l'air ambiant du bacille de la tuberculose.
04:40 Et si on est à côté de lui,
04:42 on pourrait effectivement se contaminer comme ça.
04:45 Donc finalement, la barre du métro,
04:46 ce n'est pas assez sale qu'on l'imagine.
04:48 Non, mais de toute façon, les bactéries,
04:49 ce n'est pas sale, je le dis souvent.
04:52 Il n'y a aucune saleté dans la bactérie.
04:53 Et en fait, en elle-même, intrinsèquement,
04:55 une bactérie n'est pas sale.
04:56 Il faut juste admettre qu'elle fait partie
04:58 de notre quotidien, de notre environnement.
04:59 [Générique de fin]
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