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Transcription
00:00 Emmanuel Macron va présenter aujourd'hui à l'Elysée sa vision pour la réindustrialisation du pays,
00:04 avant un déplacement sur ce même thème demain à Dunkerque. Ce matin sur Europe 1, on vous révèle en exclusivité
00:10 le dernier baromètre EY Consulting sur l'attractivité de la France.
00:15 Votre invité Alexandre et Marc Lhermitte, associés du cabinet de conseil EY Consulting.
00:20 Bonjour Marc Lhermitte.
00:21 Bonjour.
00:21 Ce baromètre que vous nous dévoilez ce matin sur Europe 1 a été réalisé auprès de
00:26 204 dirigeants d'entreprises à capitaux étrangers bien sûr, mais c'est important de le préciser.
00:30 Les premières conclusions, elles se portent comment la France de 2023 sur le terrain de l'attractivité ?
00:35 Pas si mal que ça.
00:36 On poursuit la dynamique des quatre, cinq dernières années puisque la France est première en
00:41 destination des investissements étrangers en 2022.
00:44 On fait la course en tête en Europe.
00:45 On fait la course en tête, on fait la course en tête d'abord parce qu'on a fait le boulot,
00:48 les réformes de fiscalité, le droit social, le marché du travail, tout ça ça a payé, l'image de la France est quand même
00:54 plus positive aujourd'hui et puis il faut le dire on profite aussi un peu des déboires de notre gros concurrent britannique.
01:00 Alors oui, en creux, le Brexit nous aide.
01:02 Le Brexit nous aide aussi et puis l'Allemagne est un pays formidable, une économie exportatrice incroyable,
01:09 mais le plein emploi en Allemagne, une énergie très très carbonée,
01:13 c'est aujourd'hui pas ce que recherchent les industriels et les investisseurs intrangers en général.
01:17 1259 projets d'implantation ou d'extension, en tout cas annoncés l'année dernière pour la France,
01:24 si l'on parle justement d'attractivité à l'international, ce sont lesquels nos atouts pour nous français ?
01:30 Alors c'est d'abord qu'on est la deuxième économie européenne,
01:32 c'est pour ça que des entreprises viennent, pour retrouver leurs consommateurs, leurs industriels,
01:37 c'est un pays très central, pays d'infrastructures, de compétences, donc ça c'est la base et nos concurrents, les autres pays européens,
01:43 même la Pologne, l'Italie, l'Espagne qui font des parcours formidables cette année,
01:47 ont ces qualités. Ce que la France a en plus, et ce que nous disent les entreprises, à près de 50% c'est que
01:54 justement le fait d'avoir une énergie très décarbonée,
01:57 une énergie nucléaire très abondante, qui a connu quelques vicissitudes cet hiver,
02:02 mais quand même, par rapport à nos concurrents, ça c'est un formidable avantage.
02:05 Un gros avantage aussi, c'est que on donne finalement une forme de vision, de cap
02:11 à cette transformation économique de la France. Quand le Brexit est plutôt un recul,
02:15 la France dit "nous on cherche notre voie pour aller en avant, pour se réinventer, faire de l'innovation".
02:21 On regarde 2030, alors avec beaucoup de difficultés, on sait que c'est un
02:24 chemin difficile, et 2030 très loin, mais sur le quotidien
02:30 on sent à l'extérieur, en tout cas peut-être plus qu'à l'intérieur de nos frontières,
02:35 on sent à l'extérieur un regard assez bienveillant, vigilant sur la France.
02:40 - Des faiblesses quand même, que met en lumière votre étude pour EY
02:45 Consulting, et ce notamment sur les centres décision,
02:48 on n'est pas les champions sur ce terrain-là.
02:50 - Non, loin, loin, on est loin du compte même, puisque sur les centres de décision,
02:54 le Royaume-Uni se défend très très bien.
02:56 Les britanniques choisissent leur combat, ils ont choisi justement de garder les sièges sociaux européens,
03:01 des boîtes de la technologie, ils ont une formidable industrie digitale,
03:04 les banques finalement sont pour l'essentiel restées à Londres,
03:08 et continuent de faire de Londres la première place financière européenne.
03:11 Sur les centres de décision, finalement c'est une affaire compliquée,
03:14 parce qu'on avait fait du chemin avec un certain nombre de mesures fiscales,
03:17 mais nos concurrents, qui sont aussi le Pays-Bas, la Belgique, l'Irlande, ont beaucoup progressé.
03:22 Il faut probablement remettre ça au centre de la table,
03:24 avec des aménagements fiscaux pour les entreprises,
03:27 et aussi pour les équipes, les équipes de managers et les équipes de collaborateurs,
03:31 et il faut travailler ce sujet, parce que les sièges sociaux, les centres de coordination,
03:35 c'est l'avenir en fait, et c'est les décisions qui vont compter pour les dix ans qui viennent.
03:39 - Emmanuel Macron va donc prononcer aujourd'hui un discours à l'Elysée sur l'attractivité de la France.
03:44 Il sera demain à Dunkerque sur le thème de la réindustrialisation.
03:47 Grosse séquence économique pour le chef de l'État,
03:50 alors y a-t-il la volonté de tourner la page des retraites ?
03:52 En tout cas, il y a un besoin de réaffirmer les fondamentaux du macronisme de la part du chef de l'État.
03:57 Il est contesté sur ses compétences économiques, Marc Lhermitte ?
04:00 - Il y a besoin de parler d'industrie, c'est le centre de cette conférence cet après-midi à l'Elysée.
04:07 Ça sera vraiment mise en discussion à Tchouz-France, 200 CIO lundi à Versailles,
04:12 autant que les années précédentes.
04:14 Ça veut dire que la France s'intéresse, on a besoin de la France,
04:16 on a besoin de comprendre ce qui s'y passe.
04:18 Oui, est-ce que cette séquence économique, comme on dit, permet de passer, de tourner une page ?
04:25 Sans doute.
04:26 Je pense que les entreprises gardent la tête froide, ont un cap à suivre,
04:31 ont besoin de savoir comment la deuxième économie européenne se comporte,
04:34 continuera sa transformation.
04:36 On a besoin de l'entendre de la voix du patron,
04:38 et c'est normal de le faire en ce moment.
04:41 Moi ce que je note, c'est qu'à court terme, les entreprises qu'on interroge,
04:45 qui voyaient interroger, sont assez, je dirais pas sereines,
04:48 mais sont assez fermes dans leurs intentions d'investir en France.
04:52 À moyen terme, elles ont plus d'inquiétudes.
04:54 Il va falloir les rassurer sur le fait que la France peut continuer
04:57 à accompagner leur transformation dans l'innovation, dans la transition énergétique.
05:02 Aujourd'hui, on voit qu'il y a un temps des procédures en France
05:05 qui s'est considérablement alourdi, on a plutôt reculé.
05:08 - Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que les promesses ne vont pas se transformer
05:11 nécessairement en usines, en implantations effectives ?
05:14 - Ça veut dire que localement, on a peut-être un peu plus de difficultés qu'avant
05:19 à implanter de l'activité industrielle, de l'activité logistique.
05:23 On a encore un chômage élevé en France, 7%,
05:25 et donc on a besoin de cette activité économique,
05:27 on a besoin de faire en sorte que la circulation de camions,
05:31 que le foncier soit préservé,
05:33 mais on a besoin aussi de faciliter,
05:35 peut-être même sans doute d'accélérer les procédures d'implantation.
05:38 - Vous parlez de chômage, Marc Lhermier,
05:40 une faiblesse que révèle également votre enquête,
05:42 c'est la traduction de ces investissements étrangers en emplois sur notre sol.
05:46 Et là, vous le dites dans votre enquête, on est loin du compte.
05:48 - Oui, parce que le coût du travail en France est élevé,
05:51 20% de celui de la moyenne européenne, 40% de celui du Royaume-Uni.
05:55 Donc ça se voit dans toutes les analyses de tous les bons consultants,
05:58 ça se voit que le coût de la France, le coût du travail est élevé.
06:00 On a une main d'oeuvre productive de très grande qualité,
06:03 mais finalement, à un moment, le prix, ça compte.
06:05 Et puis, on a un deuxième sujet, c'est que les réformes du droit du travail,
06:08 du marché du travail ont pesé,
06:11 mais pas suffisamment sur les procédures collectives.
06:13 Quand on se pose la question de, en cas de restructuration,
06:15 qu'est-ce qu'on fait dans tel ou tel pays,
06:17 en France, on a une petite croix un peu négative,
06:19 prudence sur notre climat social, le dialogue social,
06:22 ça aussi, là aussi, il faut rassurer.
06:24 - Oui, et pour être très concret, je cite les chiffres de votre enquête,
06:27 EY, Marc Lhermitte, 33 emplois créés en moyenne par projet en France.
06:31 - C'est deux fois moins que l'Allemagne en moyenne,
06:33 c'est-à-dire qu'en Allemagne, on va...
06:36 C'est très compliqué d'aller simplement à l'Allemagne,
06:37 c'est un pays qui est très resserré,
06:39 avec des entreprises formidablement puissantes,
06:42 mais quand on y va, on crée deux fois plus d'emplois qu'en France.
06:44 Donc ça, c'est un écart qu'il va falloir réussir à combler,
06:48 parce qu'on a besoin, besoin de créer de l'emploi dans tous les territoires,
06:51 dans les petites villes, les villes moyennes en France.
06:53 Et ça, c'est un sujet qu'il faut mettre sur la table,
06:56 aujourd'hui à l'Élysée et dans les mois qui viennent.
06:58 - Le dernier baromètre, EY Consulting,
07:00 sur l'attractivité de la France en exclusivité ce matin,
07:03 sur Europe 1. Merci Marc Lhermitte, associé du cabinet EY.

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