Samedi 6 mai 2023, B'INSPIRED reçoit Catherine Barba (Cofondatrice, Envi)
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00:00 [Musique]
00:02 [Sonnerie de téléphone]
00:02 Bismarck
00:03 En plus d'être une bionnette humaine à succès, Catherine Barbin est une femme engagée,
00:10 qui regorge d'idées et de convictions.
00:12 Madame Sommelibente, comme elle est affectuellement surnommée,
00:17 est là pour partager avec nous les secrets de sa belle énergie et ce qui la guide aujourd'hui.
00:24 Catherine, au CM2, tu écrivais déjà sur un carnet.
00:29 Je voudrais créer une société d'informatique, mais elle est vraiment à peu rapport.
00:35 Mais quand tu savais déjà, quand tu voulais parler.
00:38 C'est drôle que tu parles de ça.
00:41 C'était un devoir en fait, un devoir sur table.
00:45 J'avais eu 8,5 sur 10.
00:47 Oui, Madame Lecointre était très dure.
00:50 En fait, tu sais, j'avais oublié ce devoir.
00:53 C'est mon père qui l'a exhumé du fin fond de la cave et qui me l'a montré.
00:58 Et moi, je croyais que j'avais décidé d'entreprendre quand j'ai croisé des entrepreneurs.
01:05 Mais apparemment, il y avait une petite graine qui était déjà là.
01:09 Et je pense que c'est, tu sais, ça tient aux adultes qui t'entourent.
01:12 Moi, mes parents qui m'ont rendue très curieuse, qui me stimulaient beaucoup.
01:17 Tu vois, j'ai lu qu'en avril 83, parce que ça date de mai 1983, cette dissertation, ce devoir.
01:25 Microsoft lançait sa première souris.
01:28 Donc peut-être que l'actualité est dedans.
01:31 On en a parlé à table.
01:32 Mes parents m'ont parlé de Bill Gates et ça m'a donné envie.
01:37 Donc je l'avais oublié, mais je pense que la curiosité, tu vois, que mes parents m'ont transmise,
01:43 était déjà à l'œuvre.
01:44 D'ailleurs, c'est drôle au Belcourt, quand tu regardes ton parcours,
01:48 tu as créé ou tu es passé par plusieurs entreprises, mais vraiment très différentes.
01:53 Et justement, tu es parmi les deux explorateurs,
01:58 qui ont poussé avec audace et enthousiasme pour de nouveaux défis.
02:02 Assure-toi.
02:03 Oui, tu as raison.
02:04 J'en suis à ma quatrième entreprise, là, tu vois, donc ça ne s'arrête jamais, en fait.
02:08 Et c'est vrai que le fil conducteur de tout ça, ça reste quand même l'innovation.
02:13 C'est le digital, explorer, découvrir.
02:17 Et ça, apprendre, c'est un moteur chez moi, tu vois.
02:21 J'imagine chez toi aussi, c'est sans cesse apprendre des choses nouvelles.
02:25 Se remettre en question aussi.
02:27 Moi, je crois qu'il ne faut jamais croire qu'on est arrivé quelque part.
02:30 Tu vois, quand mon mari me dit, il y a quelques années, tout marchait bien pour toi,
02:36 tu avais vendu ta deuxième entreprise, on aurait pu tranquillement continuer.
02:41 Eh bien non, on est parti aux États-Unis et j'ai tout recommencé à zéro,
02:44 où personne ne me connaissait.
02:46 Et en fait, j'aime bien cette idée de défi.
02:48 J'aime bien me lancer des défis.
02:50 Et c'est drôle de voir que les femmes ont un rapport aussi complexe avec le risque.
02:57 Et toi, tu es des moteurs ou très ?
02:59 Je suis un homme, en fait.
03:01 Non, mais c'est pas...
03:02 Ah, comprenez !
03:03 Non, mais vraiment, tu pourrais nous partager par rapport à ça.
03:07 Bien sûr.
03:08 Moi, je crois que j'ai deux réservoirs en moi, mes ressources,
03:12 qui sont remplies à ras-bord.
03:14 J'ai un réservoir de confiance, de confiance en moi,
03:18 qui s'est construite avec le temps.
03:20 Ce n'est pas donné à la naissance.
03:22 Ça s'est construit au gré des expériences et des rencontres.
03:26 Des gens qui ont posé sur moi un regard de confiance,
03:29 qui m'ont rendu capable de faire.
03:31 Je suis sûre que c'est la même chose pour toi.
03:33 C'est la rencontre.
03:34 Et donc, aujourd'hui, je pense que j'ai cette confiance très forte,
03:39 qui fait que je n'ai pas peur.
03:41 Je n'ai pas peur d'échouer, je n'ai pas peur du regard des autres,
03:45 je n'ai pas peur de me tromper.
03:46 Je n'aime pas ça, bien sûr, mais je n'ai pas peur.
03:49 Et mon autre réservoir, qui est très, très rempli,
03:52 là, tu l'as dit, c'est l'énergie.
03:54 C'est que je crois que j'ai une énergie débordante.
03:57 Il en faut pour entreprendre.
03:58 Il en faut pour porter des choses.
04:00 Comment tu peux avoir cette énergie ? D'où vient-elle ?
04:04 C'est bien.
04:05 En fait, je pense que tes ressources,
04:07 elles sont à la fois exogènes et tu les génères toi-même.
04:11 Il y a des choses qui te viennent de l'extérieur.
04:13 Tu vois, moi, c'est mon entourage.
04:15 C'est l'amour, évidemment.
04:17 Ce sont mes amis, ma famille qui me nourrissent de leur amour.
04:24 Ça, c'est un extraordinaire moteur.
04:26 Et puis, à l'intérieur, c'est une autre sorte d'amour.
04:29 C'est quelque chose dont je parle parfois.
04:31 C'est ma foi.
04:32 Ça fait partie de ma vie.
04:34 C'est quelque chose d'important dans ma vie, d'entrepreneur aussi.
04:36 Et je pense que cette connexion-là à quelqu'un de plus grand que toi,
04:41 en tout cas, moi, me donne beaucoup, beaucoup d'énergie.
04:45 Donc, voilà, c'est comme ça.
04:47 Et comme j'en ai beaucoup, je la partage.
04:50 Et d'ailleurs, par rapport aux premiers réservoirs,
04:54 comment pourrions-nous, toutes les deux,
04:58 nous remplir les réservoirs des autres
05:00 pour que ces personnes, alors, tu en puisses sur Greenwood ?
05:04 Bien sûr, j'essaye, tu vois, à ma mesure, et toi aussi,
05:08 à part ce que tu fais, tu vois, en invitant des personnes qui en ont
05:11 et ça peut inspirer les autres.
05:13 Moi, dans l'école, moi aussi, j'ai créé une école,
05:17 c'est ma dernière boîte, Envie, pour les indépendants.
05:20 Tous les lundis matins, à 8h30,
05:23 on a un rendez-vous qui s'appelle le Barbe à Boost.
05:26 Et c'est un moment de 15 minutes où on prend des sujets
05:30 comme la peur, comme surmonter ses peurs,
05:34 gérer les up and down de l'entrepreneur,
05:37 oser, et à chaque fois, il y a un partage d'expérience
05:41 qui est la mienne, et on l'illustre avec de l'art.
05:44 J'ai une associée qui a fait l'école du Louvre
05:47 et qui connaît très bien le sujet.
05:49 Donc, on fait ça, et je pense que c'est un bon moyen,
05:52 le retour que l'on a, c'est que c'est un bon moyen
05:55 pour les membres de la communauté de ressentir cette énergie
05:58 et de la vie, puisqu'il y a des petits exercices, tu vois.
06:01 Donc, ça passe par des rituels, je pense, par des rendez-vous,
06:04 et puis toute la bienveillance dont on entoure
06:07 les personnes qu'on accompagne pour devenir indépendant.
06:10 Tu vois, c'est quand quelqu'un ose te présenter une idée
06:14 et que tu reçois un feedback qui n'est pas forcément positif,
06:17 mais qui est dit avec beaucoup d'authenticité,
06:20 critique, mais bienveillant, tu te rends compte
06:23 que finalement, tu peux te tromper,
06:26 mais c'est juste que c'est une étape sur ton chemin.
06:30 Tu vois, donc c'est dans l'état d'esprit aussi
06:33 de l'entreprise qu'on le fait.
06:35 - Et tu peux me dire un petit peu plus sur ce projet en vie,
06:38 pourquoi le Léger des Pédales, quel est l'objectif ?
06:41 - Mais oui, c'est vrai que moi, j'ai vécu 25 ans
06:44 avec les start-upeurs, tu vois. Moi, c'était la Start-up Nation,
06:47 les levées de fonds, les licornes. Et en fait,
06:50 j'ai nourri la conviction il y a deux ans
06:53 que l'avenir du travail, c'était probablement
06:58 le travail indépendant. Enfin, c'est un secret pour personne,
07:02 de plus en plus de personnes en France et partout ailleurs
07:06 ont envie de se mettre à leur compte,
07:09 parce qu'ils l'associent à cette aspiration
07:13 à plus de sens, plus d'autonomie, plus d'équilibre de vie.
07:17 Et donc, cette aspiration à vouloir se mettre
07:20 à son compte est très noble, et j'ai envie
07:23 de la valoriser, mais ça devient un cauchemar
07:26 si tu n'es pas rentable. Donc, on a créé Envie,
07:29 l'école des indépendants qui réussissent
07:32 pour aider, pour transformer cette aspiration
07:35 en revenus durables. C'est mieux.
07:38 - Complètement d'accord.
07:41 Et par ailleurs, par rapport à ces indépendants,
07:44 quels sont les points que tu constates le plus suivant
07:48 qui te permettent avec ton école
07:51 de créer un vrai effet de vie ?
07:54 - Il y a une très grande variété. Tu sais, indépendance,
07:57 ça regroupe énormément de métiers,
08:00 de services. Certains vendent en B2B, B2C,
08:04 des produits, des services. Donc, c'est très disparate.
08:07 Mais il y a un point commun, c'est quand même
08:10 qu'on se vend soi-même quand on est indépendant.
08:13 On est, on incarne son offre.
08:16 Et donc, je me rends compte que si tu as un talent,
08:20 tu l'as nourri pendant ton expérience professionnelle
08:24 et que tu te sens capable, à un moment de ta vie,
08:27 de le monétiser, tu vois, pour en faire
08:30 ta source principale de revenus, principale ou pas d'ailleurs,
08:34 c'est formidable de le faire accompagner.
08:37 C'est mieux, c'est toujours mieux.
08:40 - Et par rapport aux autres prix,
08:43 je sais que tu travailles aussi bien avec les indépendants
08:46 qu'avec les autres prix. Et tu es passionnée par, justement,
08:49 l'avenir du travail. - Bien sûr.
08:52 - Qu'est-ce que tu partages, justement, avec les autres prix
08:55 qui voient leur scénario partir peu à peu ?
08:58 - Oui, il y a une peur de désagrégation, en fait, du corps social.
09:01 - C'est ça. - Les meilleurs éléments ou autres
09:04 vont partir, se mettre à leur compte, et qu'en est-il
09:07 de l'entreprise, tu vois ? Et je pense que c'est
09:10 une opportunité, en fait, pour les entreprises.
09:13 - C'est-à-dire ? - C'est qu'on a créé une sorte
09:16 de collectif qui s'appelle le "do tank", tu vois,
09:19 qui est un collectif pour agir, pour expérimenter les pratiques
09:22 du futur du travail. Et en fait, on se rend compte
09:25 que reconnaître qu'un collaborateur a besoin
09:30 ou envie d'avoir un "side project",
09:33 donc ce qu'on appelle le "slashing", en fait,
09:36 que de mots anglais, mon Dieu, mais c'est d'avoir un autre job
09:39 que son job de salarié, c'est pas une façon de le perdre,
09:42 c'est une façon de le garder, en fait. Il faut laisser la cage
09:45 ouverte pour que l'oiseau revienne, dit-on.
09:48 - En pratique. - Et en pratique, ça demande
09:51 d'être très encadré, en fait. Il y a plusieurs entreprises
09:54 qui en sont déjà là, aujourd'hui, des grandes entreprises du CAC 40
09:57 avec lesquelles on travaille, qui font une charte du "slashing"
10:00 et qui reconnaissent que tel salarié apporte un autre projet,
10:05 alors qu'il, évidemment, n'est pas concurrent
10:08 de son "core business", mais ça fonctionne un peu
10:11 comme une permaculture de l'entreprise, en fait.
10:14 C'est comme quand la terre se régénère,
10:17 quand on fait pousser plusieurs espèces au même endroit.
10:20 Là, c'est une façon, finalement, de faire grandir
10:22 pour chaque collaborateur sa capacité d'adaptation,
10:25 son agilité, et ça vient faire rentrer un souffle neuf.
10:30 Donc, il faut que ce soit encadré. Il y a des chartes,
10:33 et puis avec un "onboarding" particulier,
10:36 avec un accueil, avec des rituels, avec une reconnaissance,
10:39 mais je pense que c'est quelque chose qui peut être bénéfique
10:42 à chacun, parce qu'au fond, l'enjeu, c'est quoi ?
10:45 C'est toi, en tant qu'individu, te réaliser pleinement,
10:48 alors après, attention au surmenage, quand même,
10:50 et puis pour l'entreprise, c'est garder des gens
10:54 extrêmement... qui ont envie, qui ont envie de s'engager.
10:57 Manager l'engagement, c'est difficile, ça.
10:59 Donc, ce n'est pas la contrainte, la rétention
11:01 qui va faire la différence. C'est très difficile comme sujet.
11:03 Mais la seule réponse, pour moi, elle est dans l'expérimentation,
11:07 et c'est ce qu'on fait avec le "do-tank".
11:09 D'accord. Et d'ailleurs, au-delà de garder cet engagement
11:14 du collaborateur, qu'est-ce que, d'après toi, les autres
11:18 avantage pour l'entreprise ? Pourquoi a-t-elle vraiment
11:21 intérêt, au-delà de garder simplement ses collaborateurs,
11:24 de nourrir ce côté science dans le profession ?
11:29 Tu dois le voir comme moi, tu sais, le rapport au travail
11:33 change partout. Tu vois, et ce n'est pas simplement
11:36 la façon de travailler qui change, mais c'est la place
11:39 du travail dans nos vies, c'est le sens du travail
11:41 dans nos vies. Et donc, nécessairement, ta façon
11:44 de manager une équipe, quand tu es manager,
11:47 il faut s'interroger sur qu'est-ce qui fait
11:50 l'excellence managériale, tu vois. Et qu'est-ce qui fait
11:53 que quelqu'un va être durablement engagé,
11:56 va tout donner. La visée, c'est la performance, évidemment.
11:59 Une autre forme de croissance qui reste à inventer.
12:02 Mais dans une entreprise où on n'est plus dans des monolithes
12:04 fermés très, très pyramidaux, mais où les entreprises
12:07 souffrent, tu vois, deviennent des hubs de compétences,
12:09 des sortes d'écosystèmes. Et l'enjeu, c'est comment
12:12 je crée de la valeur autrement, comment je donne confiance
12:14 aux gens, comment je les responsabilise,
12:17 comment je fais grandir l'employabilité en même temps
12:20 que la personne. Enfin, c'est des questions qui ne sont
12:22 pas simples, mais qui, je crois, on est en train
12:26 d'inventer des communautés, en fait, des entreprises
12:30 qui deviennent des communautés avec une forte fraternité,
12:33 peut-être, parce qu'il y a quand même des valeurs communes
12:35 qui nous lient dans l'entreprise aujourd'hui.
12:37 Tu vois, la raison d'être, on en parle beaucoup aujourd'hui.
12:40 Et il me semble, et je le vois chez Renaud, tu vois,
12:42 de l'intérieur, combien la raison d'être a été travaillée
12:45 et combien les collaborateurs en prennent conscience
12:48 et ça, petit à petit, ça vient colorer ta façon de travailler.
12:52 On réinvente un corps social et tout ça, c'est comme,
12:55 tu sais, c'est comme il y a 25 ans, quand j'ai commencé
12:58 dans le digital, où le digital transformait complètement
13:01 l'entreprise autour des clients.
13:04 Aujourd'hui, c'est la même chose, c'est une coeur de jouvence.
13:07 Le futur du travail transforme complètement l'entreprise,
13:11 mais autour du travailleur, du collaborateur.
13:14 Merci beaucoup, Catherine.
13:16 Et que dirait-on justement aux personnes qui veulent
13:19 créer une entreprise, se mettre à leur coût,
13:22 mais qui apprennent ?
13:24 Alors, je ne dirais pas de n'ayez pas peur,
13:27 comme Jean-Paul II, mais je vais rester quand même
13:29 dans la métaphore un peu religieuse, je t'ai dit,
13:32 j'aime ça. J'aime bien cette phrase de Mère Thérésa,
13:35 quand je fais des conférences, je fais souvent des conférences
13:38 pour les entreprises, j'aime bien finir avec ça,
13:40 c'est "Ne laissez personne venir à vous et repartir
13:44 sans être plus heureux."
13:46 Ne laissez personne venir à vous et repartir
13:49 sans être plus heureux. Pour moi, ça, c'est cet amour
13:52 du client, ça veut dire, quand tu es entrepreneur,
13:55 c'est quelles que soient les personnes que tu croises
13:57 sur ta route, des alliés, des coéquipiers,
14:00 des collaborateurs, des médias, c'est qu'est-ce qui fait
14:03 que dans l'interaction, au-delà de ta compétence,
14:06 tu vas créer ce lien unique qui va faire grandir
14:09 les autres et toi aussi, et avec un peu de chance,
14:12 si tu arrives à monétiser tout ça, tu vas être
14:14 durablement rentable.
14:16 J'adore cette phrase, elle me brève un peu.
14:19 Merci à tous les membres.
14:20 Merci à toi, Virginie, c'était super.
14:22 C'était un plaisir.
14:23 Partagée.