Léo Ferré-Colloque sentimental (poème de Verlaine)

  • il y a 9 ans
Beaucoup plus tardivement en 1987 sort l’album « On est pas sérieux quand on a 17 ans » Ou Léo Ferré reprend un nouveau poème de Verlaine : « colloque sentimental » qui achevait le recueil « les fêtes galantes » (1869)
Un poème qui met en scène dans une sorte de dialogue un peu théâtral un couple de spectres dans un décor tout autant fantomatique
Deux silhouettes qui errent dans fin et se retrouvent pour parler de leur ancienne passion mais n’ont plus rien à échanger, sont devenus étrangers l’un à l’autre : le premier personnage est exalté et éprouve de la nostalgie vis-à-vis d’un passé heureux tandis que le second est froid, glacial!
Un poème de Verlaine sans doute inspiré par son vécu personnel (l'identité de ces deux personnages est une énigme) et qui reflète sa vision pessimiste de l’amour qui pour lui devient une chimère
Empreint d’une mélancolie grinçante, il reflète sans doute ses propres angoisses devant l’avenir : le faux dialogue entre les deux protagonistes présente comme une illusion l’ambition de vivre un amour éternel

Pour illustrer ce poème, Ferré a écrit une de ses plus belles musiques, une des plus inspirées sans doute: Une vraie pépite !
Philippe Jarrousky ne s’y est pas trompé, lui qui a repris tout récemment cette chanson sur le même plan que des mélodies de Fauré, Debussy et tant d’autres grands compositeurs qui ont mis en musique le poète
C’est dans le très beau double album « Green, mélodies françaises sur des poèmes de Verlaine »sur des arrangements particulièrement réussis de Jérome Ducros (il a bien respecté l’arrangement original de Ferré tout en l’adaptant à la tessiture du contreténor)

Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l'heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l'on entend à peine leurs paroles.
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.
- Te souvient-il de notre extase ancienne?
- Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne?
- Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom?
Toujours vois-tu mon âme en rêve? - Non.
Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches ! - C'est possible.
- Qu'il était bleu, le ciel, et grand, l'espoir !
- L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.

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